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30 avril 2025
Economie
par Siré Sy
ABDOU DIOUF, DÉSILLUSION ET RENONCEMENT (2/4)
EXCLUSIF SENEPLUS - L'ancien président s’est toujours contenté d’administrer les crises jusqu’à ce que le feu devienne cendre. Il aura présidé le pays contre lui-même - PRÉSIDENT ET GESTION DE CRISE, ‘’QUAND L’HEURE EST GRAVE !’’
L’adage dit que c’est au pied du mur que l’on reconnaît le maître-maçon. Dans la même temporalité, c’est par et dans la gestion de crise(s) de magnitude ‘’secousse du régime’’ sur l’échelle d’une Nation-État, que l’on apprécie les choix, les décisions et le leadership d’un chef d’Etat dans sa fonction de président de la République. Le Think Tank Africa WorldWide Group en partenariat avec SenePlus vous propose Feuilleton managérial : Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave !’’.
Pour cette deuxième épisode de votre Feuilleton managérial ''Président et Gestion de crise ‘’quand l’heure est grave’’, Style et Méthode de gestion de crise du président Abdou Diouf, ‘’Abdou, le technocrate rénovateur”.
Le président Abdou Diouf, sous sa présidence (1981-2000), a eu à faire lui aussi, face à trois crises d’amplitude ‘’secousse du régime’’ sous l’échelle d’une Nation-État : une crise politico-électorale, une crise scolaire et une crise économico-sociale. Au chapitre de sa gestion de sa crise politico-électorale de 1988, avec l’élection présidentielle de 88, le président Abdou Diouf, va reprendre la situation en main, en élargissant Me Wade et compagnons de prison (sous la facilitation de l’Ambassade des USA au Sénégal), avec à la clé, le code consensuel de 1992 qui en sera la résultante. Au chapitre de sa gestion de la crise scolaire, le président Abdou Diouf n’aura pas pu empêcher une année blanche, celle de 88. C’est d’ailleurs cette génération d’écoliers et de collégiens des années 88, qui vont réaliser démocratiquement, l'alternance en 2000. Au chapitre de sa gestion de sa crise économico-sociale aiguë, celle des Ajustements structurels (1980), le président Diouf n’aura pas pu empêcher la dévaluation du Franc CFA survenue en 1994. Cette crise de la dévaluation du Franc CFA allait rendre le front social et syndical en ébullition qui depuis lors, n’a jamais connu une stabilité durable. Abdou Diouf a présidé le Sénégal durant 19 ans (1981-2000).
L’étudiant Abdou à l’ENFOM, aux idées progressistes (il a fait son mémoire à l’ENFOM sur le sujet ‘’L'islam et la société wolof), devenu le président Diouf en 1981, s’est vite mis dans les habits du Rénovateur. A peine installé dans ses nouvelles fonctions, Abdou Diouf instaure le multipartisme intégral, supprime les délits de presse, libéralise le secteur des médias, permet à Cheikh Anta Diop de devenir professeur d'université et donne son nom à l'université de Dakar (Ucad).
La postérité peut retenir du président Abdou Diouf, à l’origine de l’anarchie politique (multipartisme intégral), l'échec de son modèle démocratique (1981-1993), la privatisation-offre de l'économie sénégalaise, les ajustements structurels (moins d’Etat), l’austérité tous azimut (Plan Sakho-Loum) et la décentralisation-régionalisation plutôt politicienne qu’administrative.
Et pourtant, dès son avènement à la magistrature suprême, le président Abdou Diouf s’est voulu un Réformateur avant de se rétracter pour demeurer et rester Rénovateur. En réussissant avec brio la ‘’désenghorisation’’, le président Abdou Diouf s’est heurté contre une farouche résistance aussi bien dans son propre camp (le PS) que dans l’opposition et les syndicats. Et le président Diouf va abdiquer devant l’adversité et se retrancher dans son tour d’ivoire, et deviendra très déconnecté des réalités de son peuple. C’est comme qui dirait, une sorte de ‘’gentleman agreement’’ entre lui Diouf et son camp le PS, un accord diffus qui consisterait à lui assurer à lui le président Diouf, son pouvoir (ses réélections) et à son camp, de gérer le pays et de faire ce qu’ils veulent.
Dans son Style et sa Méthode de gestion de crise ‘’quand l’heure est grave !’’, contrairement à son prédécesseur Senghor, le président Abdou Diouf a été plus ‘’le commis d’Etat’’, ‘’un Administrateur de crise’’, plus qu’un redoutable homme politique, un fin stratège. Parce qu'il n’avait (peut-être) pas cette légitimité politique tant au niveau du PS qu’au niveau des masses, le président Abdou Diouf s’est reconverti en homme de dialogue, de compromis et de consensus. Toujours un Rénovateur mais jamais un Réformateur. A partir de 1983, jamais le président Diouf n’a cherché à influer, ni à peser sur le cours de l’histoire et sur la trajectoire historique du Sénégal. Le président Diouf s’est toujours contenté d’administrer les crises jusqu’à ce que le feu devienne cendre (présidentielle 88, année blanche en 88) ou alors, rester et demeurer un gentil spectateur des événements jusqu’à ce que la Case de Birima brûle (Congrès sans débat, PAS). Le président Abdou Diouf aura présidé et gouverné le Sénégal, contre lui-même – hélas - et s’est plus tourné vers l’extérieur, plus préoccupé par son image personnel que par une véritable mutation-transformation du Sénégal. La preuve par la Francophonie (OIF). Avec Diouf, le Sénégal aura connu une parenthèse (économique, sociale et politique) douloureuse de vingt ans. Toute une génération perdue.
Jeudi 4 Juin 2020, l’épisode (3/4) de votre feuilleton managérial ''Président et Gestion de crise, ‘’quand l’heure est grave!’’, portera sur le président Me Ablaye Wade.
"BOUN DIONNE NE DOIT PAS ASSISTER AU CONSEIL DES MINISTRES"
L’ancien ministre Mamadou Abdoulaye Sow a disséqué les deux décrets à l’origine de la polémique autour de l’honorariat. Ancien ministre du Budget (2008-2009), il a fait un sévère réquisitoire contre les tenants du pouvoir
Mamadou Abdoulaye Sow, vient de rajouter une couche au débat autour du décret portant honorariat des anciens présidents du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE). En effet, pour Mamadou Abdoulaye Sow, le faux décret et le décret authentique ont été fabriqués dans le même service. Haut fonctionnaire blanchi sous le harnais, il sert une leçon au gouvernement en indiquant que le secrétaire général de la présidence ne doit pas assister aux réunions du conseil des ministres.
L’ancien ministre Mamadou Abdoulaye Sow a disséqué les deux décrets à l’origine de la polémique autour de l’honorariat. Ancien ministre du Budget (2008-2009), il a fait un sévère réquisitoire contre les tenants du pouvoir. «Par curiosité intellectuelle, j’ai procédé à l’analyse comparée du faux décret et du décret authentique publié dans un site web. Ce que j’ai relevé, c’est qu’il y a des indices concordants qui me permettent de dire que le faux décret etle décret authentique, tous les deux ayant le même numéro, ont été intimement fabriqués dans le même service. C’est ma conviction», révèle l’inspecteur du Trésor. Manifestement rompu à la tâche car ayant occupé les fonctions de directeur de cabinet adjoint auprès du ministre de l’Economie et des Finances, il soutient : ‘’Dans les visas, le faux décret vise la loi constitutionnelle qui est relative à la révision constitutionnelle du 28 septembre 2012. Visa qu’on ne considère pas comme superfétatoire dans le faux décret, parce qu’on avait visé déjà la Constitution ; on n’a pas besoin de revenir viser. Ce qui est étonnant, c’est que dans l’authentique décret publié dans Dakaractu, ce visa n’existe pas dans ce décret-là. Mais qu’est-ce qui fait que cette loi-là figure comme visa sur le décret du 21 avril qui accorde l’honorariat à Mme Aminata Tall et qui est publié dans le Journal officiel ? Pourquoi un décret pris le 21 avril reconduit cette bourde commise au niveau du supposé faux décret. Si vous prenez le supposé faux décret, selon l’ancien directeur de la comptabilité publique, le décret authentique publié dans Dakaractu et le décret publié dans le Journal officiel, tous les trois décrets ont commis une erreur sur la date de la loi organique relative à l’organisation et le fonctionnement du Conseil économique, social et environnemental.’’ Si les deux derniers décrets sont authentiques, argue-t-il, comment ont-ils pu reconduire une erreur de date commise dans le faux décret ?On a dit que cette loi organique est datée du 28 septembre, alors que la date réelle, c’est le 28 décembre. Mettant à nu les incohérences dans la publication du ‘’faux‘’ et du ‘’vrai’’ décret, il a mis en exergue un autre fait ‘’troublant’’. ‘’Le Secrétaire général de la Présidence a le monopole de la tenue à jour du fichier chronologique des enregistrements des actes réglementaires, informe-til. Comment l’auteur du faux décret a-t-il pu savoir qu’à la date du 17 avril, son décret devait porter le n°2020-964, soit le même numéro que celui du décret dit authentique’’, s’interroget-il avec stupéfaction.
Passant au peigne fin ces décrets, il a estimé en outre qu’au niveau de l’article final du faux décret et l’article final du décret estampillé ‘Authentique’ publié par Dakaractu, vous verrez qu’après ministre d’Etat, il y a virgule avant secrétaire général de la présidence de la République. Se demandant dans la foulée commentle rédacteur de l’authentique décret a pu omettre la virgule, comme c’est le cas dans le faux décret. C’est comme si, pense-t-il, on s’était basé sur le faux décret pour faire l’authentique décret.
Par ailleurs, se prononçant sur le fonctionnement des institutions du Sénégal, l’ancien ministre du Budget n’a pas manqué de relever des incongruités. A l’heure actuelle, rappelle-t-il, dans les institutions de la République, le ministre d’Etat secrétaire général de la Présidence Mahammad Boun Abdoulaye Dionne n’est pas membre du gouvernement. ‘’Dans la tradition administrative, il ne doit pas siéger au Conseil des ministres’’, renseigne le ministre Mamadou Abdoulaye Sow. Il signale que le président de la République peut l’inviter à venir siéger. Mais, déplore-t-il, je constate que l’ancien premier ministre a la possibilité d’exposer au Conseil des ministres. Pire, il y a des décrets où c’est lui-même qui fait le rapport de présentation et dans l’ordre protocolaire, il est cité avant les ministres. ‘’Dans la tradition administrative, cela ne doit pas exister. N’étant pas membre du gouvernement, c’est un problème’’, s’alarme l’énarque dans l’émission ‘’Objection‘’ sur Sud Fm.
PAR NDEYE FATOU NDIAYE
COVID-19, CHRONIQUE D'UN ÉCHEC ANNONCÉ
Comment ce pays qui, aux lendemains des indépendances bénéficiait de tant d’atouts a pu produire autant de richesses et dans le même temps laisser se déliter ses secteurs vitaux et créer autant de pauvres ?
«Spécialiste en rien mais intéressée par tout, je me dois de contribuer à la vie de la cité ; en particulier, ce que vivent ses composantes collectives et individuelles m’interpellent à chaque instant» (Vincent Lindon) ; tel est l’état d’esprit qui motive mon engagement.
QUELQUES ÉVIDENCES QUE LA PANDÉMIE VIENT NOUS RAPPELER
A propos des occupants de la terre : l’humain n’est qu’un maillon de l’ensemble des espèces présentes sur terre et il doit arrêter de se penser supérieure aux autres. Illustration : Boris Johnson, la vendeuse de café Touba du Rond Point Keur Massar et le pangolin de Wuhan sont des voisins sur terre. A propos d’idéologie : nous vivons un grand moment de l’histoire de la civilisation mondiale avec une remise en question profonde de la mondialisation adossée au capitalisme triomphant. A propos d’économie : le PIB et le taux de croissance ne sont qu’utopie lorsqu’ils ne traduisent que les profits des entreprises étrangères et des chiffres à présenter aux partenaires institutionnels. A propos des priorités : s’il faut une route pour aller à l’hôpital, mieux vaut construire l’hôpital avant la route et enfin, produire les biens de consommation de première nécessité est une question de souveraineté nationale. A propos de politique : soixante ans après les indépendances nous cherchons encore notre voie.
SÉNÉGAL, UN PAYS ÉMERGENT IMAGINAIRE ET UN PEUPLE ABANDONNÉ À LUI-MÊME
La situation du Sénégal n’est guère le fruit du hasard ; c’est le résultat de choix de gouvernances politiques, économiques, mais aussi des systèmes religieux et sociaux. Comment ce pays qui, aux lendemains des indépendances bénéficiait de tant d’atouts, contrairement à ses voisins, a pu produire autant de richesses et dans le même temps laisser se déliter ses secteurs vitaux et créer autant de pauvres. L’échec de l’éducation publique est le plus symbolique de toutes les régressions. Dakar était la destination privilégiée pour former l’élite africaine dans des institutions publiques ; aujourd’hui, le public ne forme plus des citoyens capables d’affronter les enjeux de notre monde.
Cela se perçoit, par exemple, à travers l’inadéquation entre les diplômes décernés par les universités et les profils recherchés par les entreprises. Le pays se gausse de ce qu’on appelle « l’exception sénégalaise », de ses atours en infrastructures financées par des emprunts à tour de bras, mais ses statistiques peignent un fort taux de pauvreté et des régions régulièrement menacées par la famine et dépourvues de système d’assainissement et sanitaire aux normes, des villages sans eau ni électricité, encore moins d’accès à internet et une bonne place parmi les PPTE. Même l’espace d’expression de la démocratie est chahuté par un nombre pléthorique de partis politiques, de mouvements citoyens et de syndicats, tandis que chaque régime invente des astuces pour déconstruire le peu de dignité démocratique que les combats du peuple ont permis d’obtenir.
L’espace religieux n’est pas en reste avec la multiplication des cérémonies et la constante sollicitation d’aide de l’état pour la communauté. En 2012, nous avons naïvement cru avoir élu un système qui avait cerné tous nos avatars collectés depuis des décennies pour en tirer les correctifs desquels allait germer un véritable renouveau national. Comment décrire la déception qui nous habite quand on passe en revue les scandales politiques, financiers, économiques, fonciers et bien d’autres qui ont marqué ces huit dernières années, sans compter la déconfiture de nos institutions ?
Nous avons gagné nos lettres de noblesses dans le bas des tableaux de Transparency International et d’Amnesty International. Le ministère de l’intérieur est devenu la pierre angulaire de la politique publique du pays. L’institution, loin d’assurer la quiétude dans les quartiers, a été transformée en concepteur d’outils comme le parrainage, la carte et le fichier électoraux qui génèrent des résultats préfabriqués qu’on finit par tenir pour certifiés et acquis. Organiser des élections ne sert dès lors que d’accessoires et de folklore d’une vitrine démocratique. Des médias, en mal de recettes, sont chargés de relayer la propagande construite depuis le palais. Le peuple privé de nourritures sous toutes ses formes et sevré de rêve d’un autre Sénégal, se tourne vers le gain facile et le spirituel obscur espérant y trouver la force de résilience pour survivre.
Alors quand un séisme tel que le covid-19 entre dans de tels pays, il est normal que ceux qui observent comment ils sont gouvernés prédisent le pire tandis qu’une bonne frange de leur population, abonnée aux mensonges éhontés d’état, pense que c’est une invention pour servir des plans ourdis dans des salons tapissés de lambris et préfère les prières et décoctions dont l’efficacité n’est pas prouvée, plutôt que l’adoption des gestes barrières.
A y bien réfléchir, c’est quoi cette maladie pour le peuple ? Après tout, paludisme, hypertension, diabète, hémorragies, accoucher et même une simple diarrhée tue tous les jours des milliers de personnes alors que leurs remèdes existent ! Que voit-il de ce nouveau covid ? Un président qui a demandé la mise à disposition de tous les moyens pour gagner la guerre et qui diffuse une photo où il joue tranquillement avec ses enfants pendant que les troupes se font encercler par l’ennemi? Un rendez-vous ministériel protocolaire pour égrener le nombre d’infectés, les cas communautaires, graves et les morts ? Des distributions de denrées alimentaires par des politiciens sur fond d’attribution controversée de marchés, de mise en scène du président prenant des photos où il apparaît seul avec des milliers de sacs de riz (images de future campagne)?
Des rafles aux heures de couvre-feu et des vidéos de policiers qui poursuivent des récalcitrants jusque dans leur demeure, donnant l’air que tout leur est dorénavant permis? Des interdictions de rassemblements? Des mesures dans les transports et déplacements? Une économie à l’arrêt entrainant de massives pertes d’emplois ? Le port obligatoire de masque (non fourni) par les autorités et après avoir dit que cela était réservé aux personnels soignant? La famille et les camarades de parti en première ligne pour gérer les fonds collectés auprès des citoyens ? Des distributions de prébendes à coup de millions aux camarades du parti, déjà casés dans les institutions, pour qu’ils « suivent » la fourniture à des familles entières de kits alimentaires dont la valeur ne dépasse pas 70.000F ?
Et pour finir des allègements des mesures de lutte contre la propagation du virus avec reprise des cours au moment où la maladie progresse et se dissémine dans des contrées reculées ? Cela s’appelle : amateurisme, mode d’emploi !! Inquiétant !! Mais où est la réalité de la maladie sournoise et insidieuse, qui surprend, terrasse et tue de plus en plus de personnes vulnérables entrainant la surcharge de travail des équipes médicales et la saturation des structures d’accueil? Le travail de sensibilisation communautaire, relais essentiel vu notre sociologie, a été négligé par des autorités tentées de centraliser la gestion des problèmes. Ne devrait-on pas mettre les forces de sécurité au service du respect des gestes barrières que les citoyens doivent adopter et proposer un protocole à adapter à chaque secteur d’activité ?
Huit ans de règne auront produit des dirigeants qui vivent dans la brume des sommets au point d’obscurcir peu à peu le semblant d’empathie pour les populations qu’ils avaient au départ. A ce stade, profitant de la réputation de mémoire courte des sénégalais ils semblent dire: « vous êtes râleurs et jamais satisfaits ; nous nous sommes occupés des marchés ; pour le reste, débrouillez-vous car nous avons atteint nos limites». Non M. le Président, vous portez la totale et absolue responsabilité de ce fiasco ! La déclaration du ministre de la santé le 30 mai sonne comme un appel au secours et constitue un aveu d’échec patent face au navire qui prend l’eau de toute part. Visez donc, au bout de trois mois nous comptons plus de trois mille cas de contamination, une vingtaine de patients en réanimation et une quarantaine de décès mais aussi une bonne partie des populations toujours dans l’attente de la distribution des denrées promises.
Le constat d’échec et d’abandon est bien perçu par les citoyens qui n’ont d’autre choix que de prendre acte mais aussi leur destin et leur vie en main tandis que les foyers épidémiques restent non maitrisés. Aujourd’hui, la pertinence du maintien du couvre-feu, de l’état d’urgence et des prérogatives exceptionnelles accordées par la loi d’habilitation se pose. A quoi ont-ils réellement servi ?
Quels ordonnances scélérates et vrai-faux décrets ont été pris durant cette période? Prolonger l’état d’urgence semble relever de motifs qui n’ont rien à voir avec la lutte contre la pandémie mais sert opportunément à donner au gouvernement l’exclusivité de l’expression publique de la politique. En tout état de cause, il est temps de mettre fin à cette république d’exception afin que la démocratie reprenne ses droits dans la cité.
MONDE POST PANDÉMIE, QUELLE PLACE POUR LES PAYS AFRICAINS
La pandémie aura révélé toutes les insuffisances des pays africains. Des lendemains difficiles nous attendent, il faudra reconstruire un tissu économique voire les pays qui seront à terre. Cependant, cette crise est aussi l’opportunité de revoir notre modèle de développement et poser les jalons de notre souveraineté en brisant des chaînes de dépendances « cancérigènes ». Hasard malicieux du calendrier, la fin du franc CFA vient d’être actée par la France dans un silence assourdissant des chefs d’état de l’UEMOA. La pandémie aura aussi écorné l’image de l’occident indestructible et maître du monde.
Le basculement des rapports de force entre la Chine et l’Amérique, commencé depuis une décennie, semble être accéléré par les conséquences du covid19. L’Afrique se doit d’être prête à imposer sa place dans le schéma qui se dessinera. La perpétuation du modèle de « l’ancien monde » avec un débat autour de la dette et la quête solitaire de sortie de crise de nos micro états ne nous mènera nulle part ! Nous voulons voir dès maintenant nos institutions sous-régionales et continentales mettre sur pied un plan de « déconfinement » politique, économique et géopolitique de l’Afrique. C’est notre seul salut. Et pour ce faire, il nous faudra inéluctablement des leaders charismatiques et visionnaires libres de toute aliénation à l’égard de l’occident de la Chine.
Diop Blondin Ndèye Fatou Ndiaye est coordinatrice adjointe de la Plateforme Avenir Senegal Bii Nu Begg
LE POIDS DE LA VIE EST INCALCULABLE
La vie a-t-elle un poids, et si oui, comment la peser ? Achille Mbembe, politiste et historien, analyse l'expression et les conséquences de la crise sur le monde, son mouvement et sa direction. Qui mène la barque entre le capitalisme et le vivant ?
France Culture |
Emmanuel Laurentin et Rémi Baille |
Publication 01/06/2020
Face à la pandémie de coronavirus, Le Temps du Débat avait prévu en mars une série d’émissions spéciales « Coronavirus : une conversation mondiale » pour réfléchir aux enjeux de cette épidémie, en convoquant les savoirs et les créations des intellectuels, artistes et écrivains du monde entier. Cette série a dû prendre fin malheureusementaprès le premier épisode : « Qu'est-ce-que nous fait l'enfermement ? ». Nous avons donc décidé de continuer cette conversation mondiale en ligne en vous proposant chaque jour sur le site de France Culture le regard inédit d’un intellectuel étranger sur la crise que nous traversons. Depuis le 24 avril,Le Temps du débatest de retour à l'antenne, mais la conversation se poursuit, aussi, ici.
Achille Mbembeenseigne l'histoire et les sciences politiques a l'Universite du Witwatersrand, Johannesburg, Afrique du Sud. Il est l'auteur de nombreux ouvrages traduits en plusieurs langues. Son dernier livre, Brutalisme (Paris, Editions La Decouverte, 2020), a été écrit avant l'actuelle pandémie qu'il anticipe néanmoins sous maints aspects.
Peser les vies : De l’économie et du vivant
Qu’elle soit ou non le résultat d’un acte intentionnel ou qu’elle relève entièrement du hasard, la Covid-19 aura confirmé un certain nombre d’intuitions que beaucoup n’auront eu cesse de répéter au cours du dernier demi-siècle, souvent sans pouvoir être entendu.
La première concerne le statut et la position de l’espèce humaine dans le vaste univers. En effet, nous ne sommes ni les seuls habitants de la Terre, ni placés au-dessus des autres êtres.
Nous sommes horizontalement traversés par des interactions fondamentales avec les microbes, les virus, les forces végétales, minérales et organiques. Mieux, nous sommes composés en partie de ces autres êtres. Mais ils nous décomposent et nous recomposent aussi. Ils nous font et nous défont, à commencer par nos corps, nos habitats et nos manières d’exister.
Ce faisant, ils ne révèlent pas seulement à quel point la structure et le contenu des civilisations humaines reposent sur des fondations à la fois complexes et éminemment fragiles. C’est aussi le vivant lui-même, dans son anarchie et dans toutes ses formes, qui est vulnérable, à commencer par les corps qui l’abritent, le souffle qui le répand, et toutes les subsistances sans lesquelles il finit par s’étioler.
Cette vulnérabilité de principe est le propre de l’espèce humaine. Mais elle est aussi partagée, à des degrés divers, par tout ce qui peuple cette planète que de puissantes forces menacent de rendre sinon inhabitable, du moins inhospitalière pour le plus grand nombre.
Une chaine planétaire
Pour ceux et celles qui avaient tendance à l’oublier, l’épidémie aura également mis à nu la part de désordre, de violence et des iniquités qui structurent le monde.
En dépit des progrès accomplis ici et là, “la paix perpétuelle” que le philosophe allemand Immanuel Kant appelait de ses vœux demeure, pour beaucoup de peuples, un mirage.
Aujourd’hui comme hier, la souveraineté et l’indépendance de maintes nations sont, in fine, protégées et garanties par le mécanisme de la guerre, c’est-à-dire la possibilité toujours déjà-la de verser du sang de façon disproportionnée. C’est ce que, pudiquement, l’on entend par “l’équilibre des puissances”.
Nous sommes en effet loin d’avoir établi un ordre international solidaire, doté d’une puissance organisée, qui transcenderait les souverainetés nationales. En même temps, le retour a des empires autarciques relève de l’illusion.
Par contre, la technologie, les médias, la finance, bref une constellation de forces aussi bien physiques, naturelles qu’organiques et mécaniques sont en train de tisser des mailles et des fractures entre toutes les régions du monde.
Faisant fi des frontières étatiques ou, paradoxalement, en s’y appuyant, une chaineplanétaire fort différente des cartographies officielles est en train d’émerger et de se consolider.
Faite d’entrecroisements et d’interdépendances, elle n’est pas l’équivalent de la “mondialisation”, du moins dans le sens que l’on donne à ce terme depuis la chute de l’Union Soviétique.
Il s’agit plutôt d’un Tout éclaté, entrelacs de réseaux, de flux et de circuits qui se recomposent sans cesse a des vitesses variables et sur des échelles multiples.
Ce Tout est le résultat d’enchevêtrements divers, à commencer par les territoires humains et sauvages et leurs bordures respectives. Il dessine une trame du monde faite de multiples extrémités et d’une multitude de grands et petits noyaux. Aucun n’est à part. Tous servent, a un moment ou à un autre, de relais à la circulation rapide de toutes sortes de flux.
Certes, tout ne bouge pas au même rythme. Mais mobilité et vélocité régissent désormais l’existence planétaire sous ses multiples déclinaisons (terrestre, maritime, aérienne, satellitaire ou filaire).
En mouvement ne sont pas seulement les flux de capitaux. Les humains, les animaux, les pathogènes et les objets bougent aussi. La mobilité affecte par ailleurs toutes sortes de marchandises, de données ou d’informations.
Extraites ici, les matières premières font, là-bas, l’objet d’une première émondation. Plus loin, a lieu l’assemblage des composants. Mais aussi discontinues qu’elles puissent en avoir l’air, les filières souvent sont les mêmes, qui vont du concret le plus brut a l’abstraction la plus éthérée. Bref, émergent petit a petit des complexes planétaires dont le propre est de varier les échelles et d’opérer en réseaux plus ou moins spatialement discontinus.
Il y a une part de chaos dans le mode d’apparition de ces chaines. Faute d’être maîtrisés, leur développement et leur expansion risquent d’accélérer les brutalités et de déboucher sur une crise irrémédiable des relations entre l’humanité, ses instruments, et le reste du vivant.
Le sang interdit
La Covid-19 aura, enfin, mis en relief l’un des tragiques soubassements de tout ordre politique, sans doute celui que nous sommes le plus enclins à oublier. Afin d’assurer la continuité de la communauté politique, quelles vies peuvent être sacrifiées ? Par qui, à quel moment, pourquoi et dans quelles conditions ?
Il n’existe en effet aucune communauté d’êtres humains qui ne repose, en son fondement, sur une conception ou une autre du “sang interdit”, celui qui ne saurait être versé qu’a certaines conditions.
Qu’elle soit d’origine, de religion ou de race, toute communauté est en réalité faite non point de semblables, mais de dissemblables. L’interdit du sang a pour fonction de conjurer la division interne. Il permet d’éviter que les membres de la même communauté en arrivent à se tuer les uns les autres.
Au demeurant, les communautés humaines se distinguent les unes des autres par la manière dont, menacées dans leur existence, elles répondent à ce dilemme, à savoir, de qui sommes-nous autorisés à nous débarrasser afin que le cours de la vie ne s’arrête point, et que le plus grand nombre de vies soient épargnées ? Est-il possible d’accomplir un tel sacrifice d’une manière qui ne débouche ni sur une aggravation des affrontements intérieurs, ni sur la dissolution du lien social et la destruction pure et simple de l’unité politique ?
Dans un passé proche et à intervalles plus ou moins réguliers, épidémies et famines faisaient remonter ce dilemme au premier rang des décisions souveraines.
Les guerres en particulier étaient le prototype de ces événements historiques qui, pensait-on, exigeaient que certaines vies soient sacrifiées pour que d’autres puissent être protégées, voire, s’épanouir.
Conflagrations dévastatrices, elles requéraient l’usage impitoyable de la force. Il s’agissait alors de donner la mort a des ennemis accusés de mettre en danger l’existence de la communauté et sa continuité dans le temps.
Mais la guerre étant ce qu’elle est, c’est-a-dire un échange généralisé de la mort, qui se lançait a la poursuite d’un ennemi s’exposait, ce faisant, a la possibilité de tomber en retour sous les armes d’autrui.
Karl Polanyi rappelle à ce propos que l’économie, et en particulier le commerce, n’a pas toujours été lié à la paix. Dans le passé, précise-t-il , “l’organisation du commerce avait été militaire et guerrière. C’était un auxiliaire du pirate, du corsaire, de la caravane armée, du chasseur et du trappeur, des marchands porteurs de l’épée, de la bourgeoisie urbaine en armes, des aventuriers et des explorateurs, des planteurs et des conquistadores, des chasseurs d’hommes et des trafiquants d’esclaves, et des armées coloniales des compagnies a charte” (Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, 52).
De nos jours, la pesée des vies ne se fait pas en fonction de la part de dette, de justice et d’obligation morale que représente l’appartenance de chacun a la société. Elle s’effectue sur la base d’une série de calculs.
Ces calculs découlent d’une même foi et d’une même croyance. La société n’a plus d’autonomie en tant que telle. Elle est devenue un simple appendice du marché. Tel est désormais et le grand dogme, et le grand pari.
Selon ce pari, le gain et le profit tiré des échanges (ou parfois aussi de la conquête) prévalent en toutes circonstances sur tous les autres mobiles humains. Tout gain est le résultat de la vente d’une chose ou d’une autre. Les prix du marché gouvernent l’existence.
COVID-19, L'OPPORTUNITÉ D'UNE POLITIQUE ALIMENTAIRE INCLUSIVE ET DURABLE
Pour l’éradication de la faim, le Sénégal fait des contreperformances sur l’anémie et le retard de croissance des enfants. La réduction de moitié de la pauvreté ne semble pas à portée de main
Pour faire face à la Covid-19, le Sénégal, à l’instar des autres pays d’Afrique de l’Ouest, a pris des mesures draconiennes de limitation de la mobilité afin de circonscrire la propagation du virus et rompre ses canaux de transmission. Le gouvernement a en même temps mis en place des mesures économiques et sociales pour atténuer les effets de la pandémie sur les secteurs les plus exposés et les couches de la population les plus vulnérables. En attendant de réaliser une étude exhaustive des impacts de ces mesures, des leçons préliminaires peuvent être tirées de notre récent vécu. La pandémie est une crise multiforme, en même temps qu’elle pourrait constituer une fenêtre d’opportunité, un véritable point d’inflexion, si des actions idoines sont engagées dès maintenant. Aujourd’hui, la question alimentaire interpelle l’État, les organisations professionnelles agricoles, le secteur privé et les citoyens et sa résolution requiert un repositionnement de notre agriculture, en mettant la priorité sur le marché intérieur. Comment la politique agricole du Sénégal a-t-elle jusque-là répondu à la demande alimentaire en constante évolution ? Quels changements insuffler pour répondre aux défis actuels et futurs ?
Le réveil de 2008 et les quelques acquis engrangés
En 2008, la hausse des prix des principaux produits alimentaires notamment le riz avait déclenché des émeutes dans toute la région ouest-africaine. Face à la menace, les gouvernements ont d’abord pris des mesures fiscales et douanières pour atténuer la hausse des prix. En plus de la suspension de la TVA et des droits de douanes, un contrôle des prix a été institué avec une fixation des marges commerciales à tous les échelons de la chaine de distribution. Ces mesures se sont révélées coûteuses, peu efficaces et surtout pas viables. En même temps, les Etats ont lancé des politiques de soutien à l’offre en investissant massivement dans l’agriculture. Au Sénégal, ce fut la grande offensive agricole pour la nourriture et l’alimentation (GOANA) et une de ses composantes le Plan national d’autosuffisance en riz (PNAR).
Grâce à ces initiatives, des progrès notables furent enregistrés, notamment la hausse des superficies emblavées et des niveaux de production. Le riz est un exemple emblématique. Avec l’avènement de la seconde alternance politique au Sénégal, en 2012, les nouvelles autorités ont renouvelé leur engagement pour une autosuffisance en riz en 2017. Même si les statistiques officielles publiées sont souvent controversées, il est indéniable que des progrès substantiels ont été réalisés. Il existe des modèles de bonnes pratiques qui ont fait leur preuve. C’est le cas par exemple de réseaux de producteurs qui sont capables, en plus de la vulgarisation d’itinéraires techniques pour une productivité durable, de fournir des services à leurs membres grâce à une bonne maitrise de l’information économique à travers des bases de données sur les performances de leurs membres. Ces réseaux ont également établi des liens solides avec les banques qui leur octroient des crédits de campagne sous forme groupée et le développement de capacités de consolidation de la production pour une commercialisation groupée au profit des membres. Toutes les principales filières vivrières (mil, maïs, riz) disposent de ces types de réseaux, engagés dans différents modèles de contractualisation avec l’aval notamment les transformateurs et les commerçants.
Au nord du Sénégal, la banque agricole a initié un système de financement intégré entre producteurs de riz paddy, transformateurs et acheteurs du riz blanc, sur la base des remboursements en nature par les producteurs et du nantissement des stocks. En peu de temps, le niveau des crédits octroyés a triplé passant de 3,5 milliards en 2011 à 10 milliards FCFA en 2018 avec des taux de remboursement dépassant 95%. Les innovations majeures notées ces dernières années en termes de bonnes pratiques agricoles, de gestion de la qualité, de gestion de l’information, de contractualisation et de financement innovants, constituent des bases d’un développement à long terme de nos principales chaines de valeurs agroalimentaires si des politiques cohérentes soutiennent ces initiatives. Sans surprise, les options stratégiques actuelles ne génèrent pas des résultats flatteurs.
Limites des options passées, résultats mitigés des politiques agricoles en cours
L’absence d’articulation, voire l’incohérence des politiques agricoles et commerciales et la faiblesse de la politique agro-industrielle, sont des caractéristiques marquantes de ces deux dernières décennies. Au moment où le Sénégal affichait un engagement résolu à gagner la bataille de l’autosuffisance en riz, par l’aménagement de surfaces additionnelles destinées à la culture irriguée et l’octroi de subventions aux intrants et aux équipements, le ministre du commerce allait en Inde pour négocier l’importation de riz à bas prix pour satisfaire les consommateurs urbains. Cette incohérence transparait aussi dans la position du Sénégal lors des négociations sur le tarif extérieur commun (TEC) de la CEDEAO appliqué au riz. A la demande de certaines parties prenantes, telles que les organisations de producteurs, de protéger le riz local par un tarif à 35%, est opposé le maintien, par un groupe de pays dont le Sénégal, du TEC UEMOA de 10%.
Par ailleurs, la politique industrielle n’a pas encore pris la mesure des énormes potentiels d’un développement de la transformation locale des produits primaires des chaines de valeurs agricoles. Les céréales, les fruits et les légumes sont souvent passés à la trappe/ou négligés du fait de l’absence d’une stratégie claire de transformation adossée à des investissements structurants dans la logistique. Les initiatives récentes de mise en place des agropoles, appuyées par l’ONUDI, seraient un pas à encourager.
Le deuxième rapport d’examen biennal de la Commission de l’Union africaine sur la mise en œuvre de la Déclaration de Malabo publié en Février 2020 constitue un avertissement à prendre très au sérieux. En effet, en 2014, les chefs d’Etats africains avaient pris sept (7) engagements visant, entre autres, à renforcer le financement des investissements dans l’agriculture, l’éradication de la faim en Afrique d’ici 2025, la réduction de moitié de la pauvreté d’ici 2025 grâce à la croissance et à la transformation agricoles inclusives, la stimulation du commerce intra-africain des produits de base agricoles, le renforcement de la résilience des moyens de subsistance et des systèmes de production au changement climatique et aux autres risques connexes. Selon le rapport d’examen, le Sénégal, bien qu’ayant fait des progrès, n’est pas sur la bonne voie pour atteindre en 2025 les engagements de Malabo. Seuls le Rwanda, le Maroc, le Mali et le Ghana affichent des résultats satisfaisants à mi-parcours.
De façon spécifique, le Sénégal ne remplit pas les conditions requises par les indicateurs sur les investissements agricoles. Pour les intrants, en particulier l’utilisation d’engrais, le pays est loin des 50 kg/ha de nutriments exigés. Les niveaux de financement, pour la recherche et pour le conseil agricole, sont également insatisfaisants. Pour l’éradication de la faim, le Sénégal fait des contreperformances sur l’anémie et le retard de croissance des enfants. La réduction de moitié de la pauvreté ne semble pas à portée de main tandis que les efforts d’investissement dans la résilience face au changement climatique sont encore timides. La stimulation du commerce intra-africain des produits de base agricoles est l’une des rares satisfactions.
Pour une politique alimentaire inclusive et durable
La pandémie a mis en exergue la vulnérabilité du pays, en particulier sa dépendance alimentaire. Certes les efforts pour une autosuffisance en riz sont louables compte tenu des caractéristiques résiduelles du marché mondial du riz (7% de la production mondiale) et de l’expérience des restrictions sur les exportations de riz imposées par les pays asiatiques durant la période 2008. Mais cette stratégie comporte de nombreuses limites dont la principale est l’imposition d’une spécialisation alors que la diversification comporte plus de vertus aussi bien pour les producteurs que la nation entière. Se fixer des objectifs d’autosuffisance alimentaire en valorisant toutes nos opportunités et nos forces présente plus de garantie d’équilibre, d’efficacité, d’efficience et de durabilité. La réussite d’une telle entreprise nécessite une vision claire sous-tendue par une politique alimentaire consensuelle, inclusive et durable. Quelles devraient être les principales caractéristiques de cette politique alimentaire ?
Une priorisation des chaines de valeurs alimentaires. Sur la base d’une analyse rigoureuse, l’Etat devrait choisir des chaines de valeurs alimentaires et y investir massivement. Le mil est un exemple de produit mobilisant des superficies importantes et une population large avec un potentiel énorme de marché urbain et rural si des investissements adéquats sont réalisés. En agissant sur la productivité et en développant les maillons transformation et distribution, le mil constituerait un formidable apport de diversification des aliments consommés par les populations urbaines. Une articulation avec l’industrie laitière telle que pratiquée par certains agro-industriels constitue une autre source d’inspiration. Les mêmes recommandations peuvent être faites sur les fruits et légumes qui sont peu transformés et dont une partie pourrit avant consommation. Un des critères de choix de ces chaines alimentaires doit être leur intégration des petits producteurs et des petites et moyennes entreprises de valorisation post production (conservation, conditionnement, transformation, services…).
Le financement de la recherche en appui au développement de ces chaines de valeurs. Pour assurer la rentabilité des chaines de valeurs, il est indispensable d’accompagner le processus par une recherche répondant à la demande. Cela suppose un financement adéquat de la recherche, de préférence sur la base de ressources endogènes. Qui finance commande ! Si l’Etat veut mettre la recherche au service de ses priorités, il doit renforcer directement le financement de certaines recherches stratégiques afin qu’elles fournissent des technologies appropriées aux différents maillons des chaines de valeurs (production, transformation, logistiques…). L’ISRA et l’ITA ont déjà le cadre adéquat et l’expérience requise pour conduire de telles ruptures, pourvu qu’un cahier de charges rigoureux leur soit imputé avec des moyens appropriés.
Un appui conséquent au conseil agricole et rural pour l’accompagnement des producteurs. L’appropriation des innovations par les producteurs suppose un bon accompagnement par des conseillers agricoles au fait des réalités et dotés de moyens pour assumer leurs responsabilités. Ces conseillers doivent aussi bénéficier d’un lifting leur permettant d’aller au-delà des apports techniques, en mettant en exergue leur rôle de facilitation, d’appui à la résolution des problèmes et de mise en relation.
L’appui à la formation des exploitants familiaux, des entrepreneurs agricoles, des techniciens, et des ingénieurs. La formation devrait être au cœur de la stratégie de développement des chaines de valeurs alimentaires. Elle devrait néanmoins avoir une forme pyramidale avec une formation de masse destinée aux exploitants familiaux et aux entrepreneurs agricoles. Les champs écoles et autres formes de dissémination du savoir ont besoin d’une forte présence de techniciens agricoles bien formés et soutenus par des ingénieurs.
L’affirmation de certaines options agroécologiques. Le développement durable des chaines de valeurs alimentaires suppose une bonne intégration de l’agroécologie. Celle-ci pourrait ainsi permettre une régénération des terres et favoriser la biodiversité. Elle requiert une politique de gestion des ressources en eau adaptée.
La gouvernance multi-sectorielle. Une véritable politique alimentaire ne peut être l’apanage du seul ministère en charge de l’agriculture. Elle intègre fortement les secteurs de l’élevage et de la pêche. Elle ne peut réussir sans que le ministère en charge de l’industrie et celui du commerce ne soient au cœur des activités. Elle commande la participation du ministère en charge de l’hydraulique et celui des infrastructures. Elle nécessite l’intervention du ministère des finances. La santé et la nutrition doivent être au centre de ses finalités. Dès lors, la politique alimentaire devrait être pilotée sous une gouvernance multisectorielle avec une autorité en charge de fédérer toutes ces entités précitées. Le succès et la durabilité de la politique en dépendent fortement.
Les effets et impacts attendus de la politique alimentaire
La mise en œuvre d’une politique alimentaire vigoureuse centrée sur nos potentialités agroécologiques, socioéconomiques et culturelles devrait générer des résultats tangibles dans plusieurs domaines.
Un développement industriel adossé sur le volet transformation des chaines de valeur agroalimentaires. En améliorant la transformation locale, les microentreprises ainsi que les petites et moyennes entreprises pourraient développer des produits semi-finis qui serviraient de matières premières à l’industrie.
Le développement des terroirs. En mettant l’accent sur les produits locaux et en renforçant les systèmes alimentaires locaux, la politique alimentaire contribue à une bonne structuration des terroirs en facilitant l’emboitement entre villages, petites bourgades et villes secondaires, fixant ainsi les populations dans leurs terroirs.
L’amélioration de la santé et de la nutrition. L’augmentation des productions de légumes, de fruits et de céréales et le développement de filières courtes vont favoriser une alimentation plus saine des populations. Cette option pourrait réduire la prévalence des maladies non transmissibles dont la prolifération résulte en partie des habitudes de consommations alimentaires. Ainsi, en termes de prévention, une valorisation de notre patrimoine culturel dans le domaine culinaire serait salutaire.
La création d’emplois décents et en quantité pour les jeunes et les femmes. La transformation des chaines agroalimentaires peut être source de création de nombreux emplois pour les jeunes et les femmes qui constituent la majorité de la population en milieu rural. Le positionnement des femmes dans le maillon de la transformation est largement documenté. Il s’agit de le renforcer tout en leur permettant d’augmenter leurs marges. Les innovations technologiques offrent aux jeunes, notamment ceux instruits, de proposer des services à haute valeur ajoutée et qui renforcent la rentabilité de l’ensemble de la chaine de valeur.
On le voit, autant la politique alimentaire exige une gouvernance multisectorielle, autant elle interpelle le monde de la recherche. L’intervention des économistes, des socio-anthropologues, des historiens, des nutritionnistes, … est indispensable si nous voulons réussir la rupture indispensable dans nos façons de faire et semer les graines d’une souveraineté alimentaire que les organisations paysannes appellent de leurs vœux depuis plusieurs décennies.
Dr. Ibrahima Hathie est Directeur de recherche, IPAR (ihathie@ipar.sn)
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ENQUÊTE SUR L'EVOLUTION DU CORONAVIRUS EN AFRIQUE
Du Cameroun à l'Afrique du Sud, en passant par la Tunisie, le Sénégal et Madagascar, comment se passe le déconfinement ? Enfin, qu'en est-il de la distanciation sociale ?
Alors que la pandémie de Covid-19 poursuit lentement sa progression en Afrique, nos correspondants ont réalisé une série de reportages et d'entretiens à travers le continent. Du Cameroun à l'Afrique du Sud, en passant par la Tunisie, le Sénégal et Madagascar, ils ont enquêté sur l’évolution de la pandémie. Les pays africains résistent-t-ils mieux que les autres au coronavirus ? Comment se passe le déconfinement ? Enfin, qu'en est-il de la distanciation sociale ?
- Au Cameroun, l’impossible distanciation sociale dans les bus bondés de Yaoundé, la capitale. Reportage de Marcel Amoko
- En Afrique du Sud, pays sans marchés à ciel ouvert, les supermarchés sont au cœur de la propagation du Covid-19. Reportage de Caroline Dumay
- Au Sénégal, rencontre avec le docteur Abdoulaye Bousso, directeur des opérations d’urgences sanitaires. Il fait le point sur l’évolution de la maladie dans son pays et à travers le continent. Entretien réalisé par Sarah Sakho.
- En Tunisie, l’heure est au déconfinement. Notre correspondante Lilia Blaise s’est rendue à Bizerte, Sousse et Tunis, la capitale.
- A Madagascar, le virus et les mesures restrictives affectent les petits commerçants et font plonger leurs revenus. Reportage de Gaëlle Borgia.
«AU SÉNÉGAL, 65% DES ENTREPRISES SONT AFFECTÉES PAR LA CRISE DE COVID-19»
Si l’on en croit le directeur générale de l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (Adepme), Idrissa Diabira, après une enquête menée sur 800 entreprises
La Direction générale de la recherche et de l’innovation (Dgri) du ministère de l'Enseignement Supérieur de la recherche et de l’innovation (Mesri) a tenu un panel en ligne sur la plateforme Blackboard Collaborate. Organisée en collaboration avec l’université Virtuelle du Sénégal (Uvs), cette rencontre était animée par des enseignants chercheurs et des chefs d’entreprises dont Idrissa Diabira, directeur général de l’Agence de Développement et d’Encadrement des petites et Moyennes Entreprises (Adepme). A cette occasion, le Dg de l’Adepme révélé que 65% des entreprises au Sénégal sont affectées par la crise de covid-19.
Si l’on en croit le directeur générale de l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (Adepme), Idrissa Diabira, une enquête menée sur 800 entreprises a révélé que 65% de celles-ci ont été affectées par le Covid-19 de 60% de leurs chiffres d’affaires.
Sur ces 800 entreprises, les 40% ont même arrêté leurs activités en raison des différentes mesures prises dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus. Il a fait cette révélation hier lors du 7ème panel initié par la Direction générale de la Recherche et de l’Innovation (Dgri) du Mesri, en collaboration avec l’Uvs.
Selon le sieur Diabira, cette situation résulte de l’absence de mécanismes d’accompagnement des entreprises leur permettant de bénéficier des financements auprès de certaines institutions financières. Il ajoute en outre que «75% de ces entreprises ne connaissent pas les mesures mises en place par le gouvernement et par les banques pour accéder à des financements ou à un quelconque fonds de roulement». C’est pourquoi, il juge nécessaire de mettre en place des services d’information de qualité pouvant servir de lieux d’échanges entre acteurs pour faire bénéficier les entreprises de l’accompagnement ou accéder à des marchés pour permettant de se développer.
Par ailleurs, il renseigne que sur les 408.000 entreprises localisées par l’Agence Nationale des Statistiques et de la Démographie (Ansd), seules 0,2% d’entre elles, soit une représentation de 700 entreprises, font plus de 2 milliards Fcfa de chiffres d’affaires. «Les 97% de ces entreprises sont dites informelles, c’est-à-dire ne disposent pas de système de comptabilité pouvant leur permettre d’appréhender le rythme d’évolution de leurs activités», dit-il.
Mais Idrissa Diabira rappelle que seules 3% de ces entreprises ont un système approprié leur permettant de mettre en valeur un chiffre d’affaire. Pour étayer son argumentaire, il explique également que 81,8% des entreprises ou des entreprenants répertoriés ne pèsent que 8,6% du chiffre d’affaires de l’ensemble de ces entreprises. «Si on fait la somme des grandes entreprises, moyennes entreprises et petites entreprises, on n’aura au total que 85% de l’ensemble de la richesse produite au Sénégal par 4 à 5.000 entreprises».
Pour le Directeur de l’Adepme, cette situation incite à s’interroger sur la qualité des entreprises au Sénégal qui ont conduit à un si très faible taux de bancarisation et à un problème d’impôt et de taxes.
UNE ÉMISSION DE MAME LIKA SIDIBÉ
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AVIDITÉ ET CONVOITISE AUTOUR DU LITTORAL SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Quelle est la responsabilité de l'Etat dans cette situation qui n'a que trop duré ? Les citoyens sont-ils au fait des dangers de ce phénomène ? Quelle politique de gestion et de préservation ? - AU FOND DES CHOSES AVEC MOCTAR BA
Des constructions en cours sur les terres du Phare des Mamelles suscitent l'indignation des activistes et organisations de la société civile qui ont lancé une pétition contre cette agression sauvage du littoral. Cette initiative précédée par la publication sur SenePlus, d'un appel pour la préservation de cet espace, est portée entre autres, par Moctar Ba, président de la Plateforme pour l'Environnement et la Réappropriation du Littoral (PERL).
Au micro de "Au fond des choses", animée par Mame Lika Sidibé, il revient propositions à l'appui, sur son combat pour la préservation du littoral sénégalais bientôt complètement défiguré.
DE FAUSSES REPRISES DES VOLS AIR FRANCE ANNONCÉES EN AFRIQUE
Depuis le 10 mai, des articles de presse et publications internet annoncent la reprise des vols Air France vers les principales capitales d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale à partir du 3 juin, en se basant sur un visuel qui circule sur les réseaux
Depuis le 10 mai, des articles de presse et publications internet annoncent la reprise des vols Air France vers les principales capitales d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale à partir du 3 juin, en se basant sur un visuel qui circule sur les réseaux sociaux. Contactée par l’AFP, la compagnie française a démenti ce planning: si elle compte pouvoir desservir plusieurs de ces aéroports au 30 juin, aucune date de reprise n’est connue et elle se fera au cas par cas, selon les autorisations données par les pays. Les vols depuis et vers le Cameroun ont d’ailleurs déjà repris.
Un tableau annonçant les dates de reprise des vols d’Air France vers les capitales des principaux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale (Abidjan, Cotonou, Niamey, Lomé, Nouakchott, Yaoundé, Kinshasa...) a fait le tour d’internet ces dernières semaines.
Il a été largement reproduit dans diverses publications de médias locaux (1, 2, 3), de sites d’information continentale et d’internautes des différents pays concernés.
Un site gabonais a ainsi annoncé la reprise des vols d’Air France pour Libreville au 21 juin, assurant que la compagnie aérienne française "a déjà officialisé son programme de vols vers l’Afrique".
L’information a été rapidement démentie par un communiqué du ministre gabonais des Transports lu le 13 mai à la télévision. "Aucun vol de compagnie régulière transportant des passagers n’est autorisé sur le Gabon jusqu’à nouvel ordre", assure le ministère.
Selon nos recherches, ce planning est apparu en premier le 8 mai sur un compte Facebook intitulé Qui-go.
Il a suscité une avalanche de réactions d’internautes indignés de voir la compagnie française reprendre son activité alors que les frontières de ces pays sont censées être fermées depuis le mois de mars pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus (1, 2, 3).
Démenti d'Air France
"Le visuel circulant sur internet et attribué à Qui-Go ne provient pas d’Air France et les informations (qu’il contient, ndlr) sont incorrectes", a affirmé le 19 mai à l’AFP un porte-parole de la compagnie, Mathieu Guillot.
PODOR PRONE DES CONDITIONS DE RECOLTE ET DE STOCKAGE ADAPTEES
Le Dg de la Saed a surtout exhorté les producteurs à se concentrer dès à présent sur la préparation de la campagne d’hivernage 2020/21 qui constitue à ces yeux le véritable challenge dans ce contexte de Covid-19
La Direction Générale de la Société Nationale d’Aménagement et d’Exploitation des Terres du Delta du Fleuve Sénégal et des Vallées du Fleuve Sénégal et de la Falémé – (SAED) a reçu dernièrement une forte délégation de producteurs du département de Podor. Ces derniers ont longuement échangé avec le Directeur Général, Aboubacry Sow, sur la nécessité aujourd'hui de sécuriser la production agricole notamment celle de la saison sèche chaude 2020. D’autres attentes des producteurs ont été aussi passées en revue.
Au cours de la rencontre, les producteurs de Podor ont en effet attiré l’attention sur la nécessité de sécuriser la production attendue en garantissant une bonne lutte contre les oiseaux granivores et en créant les conditions de récolte et de stockage adaptées à la physionomie prévue de l'hivernage. Ils ont également rappelé les difficultés du département de Podor dans le domaine agricole particulièrement le domaine de l’agriculture irriguée, notamment dans les aménagements hydro-agricoles (le périmètre de Nianga aménagé depuis 1974 et réhabilité en 1984), les périmètres du Projet Madina Pété et le casier de Diawara; du parc de matériel agricole et équipement rural pour faciliter la logistique de la double, voire la triple campagne agricole à savoir l'hivernage, la contre saison froide et la contre saison chaude. La mise en place des équipements adaptés notamment des Groupes Motos Pompes, tracteurs, entre autres et la disponibilité des pièces de rechange ont été aussi évoquées. A cela s'ajoute la perturbation de la commercialisation de certaines spéculations spécialement les oignons avec des paysans qui ont vécu les contre coups de restrictions et de fermeture des Loumas hebdomadaires.
Très au fait du potentiel agricole du département de Podor, les producteurs ont longuement échangé avec le DG de la SAED, Aboubacry Sow, sur les importants défis relatifs à la mise en valeur agricole, au renforcement des capacités des acteurs pour la gestion durable des équipements et aux retombées de la production sur les revenus générés. Ils ont parlé aussi des réalisations et activités prévues des projets exécutés par la Saed dans le département de Podor dont la finalité est d'assurer la sécurité alimentaire notamment le projet Aidep pour 2600 hectares; la réhabilitation des 3000 hectares du projet Prepiv; des 1200 hectares du Projet Pariis et aussi la réhabilitation et l'extension pour 602 hectares de la coopération Coréenne.
Pour terminer, les producteurs de Podor se sont engagés à faire une bonne et meilleure campagne d’hivernage en continuant d’élever le niveau des emblavures, surtout avec ce contexte de Covid-19 et ont remis au Dg un document de plaidoyer pour une bonne activité agricole signé par des organisations de producteurs.
Dans son intervention, le Dg a surtout exhorté les producteurs à se concentrer dès à présent sur la préparation de la campagne d’hivernage 2020/21 qui constitue à ces yeux le véritable challenge dans ce contexte de Covid-19. Il s’est engagé à les appuyer pour une large sensibilisation de tous les producteurs du département de Podor pour un engagement total dans ce combat noble et exaltant de nourrir la population sénégalaise et d’être indépendant pour notre sécurité alimentaire. "En effet avec les potentialités de la vallée du fleuve Sénégal et surtout celles du département de Podor et de la région de Matam, nous devons nous orienter dans une logique d’exploiter toutes les superficies aménagées en double culture mais aussi continuer à aménager le potentiel disponible. Et pour cela, nous avons la volonté politique qui a été manifestée par le Président de la République et mise en œuvre par le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural", a dit le Dg Aboubacry Sow tout en indiquant que la campagne d’hivernage 2020/21 constitue le véritable challenge dans ce contexte de Covid-19.