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30 avril 2025
Economie
par Babacar Diop
L'ECO DE LA SERVITUDE
Le destin de l’Afrique se joue encore au XXIe siècle à la table de conférence des ministres de Paris. Décidément, les chaînes de la conférence de Berlin (1884-1885) restent longues et solides
Le conseil des ministres de France, en sa dernière séance, a officialisé le changement de nom du franc Cfa qui devient l’« Eco ». L’image constitue une humiliation pour les peuples africains dont la dignité a été bafouée pour une nouvelle fois. Le destin de l’Afrique se joue encore au XXIe siècle à la table de conférence des ministres de Paris. Décidément, les chaînes de la conférence de Berlin (1884-1885) restent longues et solides. Nous avons besoin de la volonté inaltérable des peuples pour les rompre définitivement.
Le changement de nom du franc Cfa, sans mesures substantielles, est la preuve la plus éloquente que nous sommes toujours victimes d’une violente domination et exploitation néocoloniales. En réalité, l’Eco constitue le symbole d’une nouvelle répression et aliénation monétaires de l’Afrique. Pourquoi toujours la France et l’Europe et pas nous-mêmes ? Pourquoi la France garantit notre monnaie ? Pourquoi la parité devrait rester fixe à l’Euro ? Pourquoi la Banque de France devrait imprimer les nouveaux billets Eco ? Voilà ce qu’on appelle la répression et l’autorépression monétaires.
Les pays de l’UEMOA et de la CEMAC sont les seuls au monde dont la monnaie dépend toujours et encore de l’ancienne puissance coloniale. Les peuples de l’Amérique latine et de l’Asie progressent à pas de géant avec dignité vers la pleine libération. En Afrique, nous refusons d’assumer notre responsabilité collective et historique devant notre destin.
Le projet de monnaie commune régionale des 15 pays de la CEDEAO, avec un régime de change flexible, annoncé avec enthousiasme, s’est transformé en une illusion. Les dirigeants africains ont préféré protéger les intérêts de la France, que d’entendre la saine et juste colère de la jeunesse africaine. Alassane Ouattara et Macky Sall, les valets de pied de la France en Afrique, doivent comprendre que la jeunesse africaine revendique plus qu’un changement de nom. Elle réclame la fin de la domination et de l’exploitation du continent africain par les pays développés. Elle revendique la pleine souveraineté en vue de la promotion d’un monde plus humain pour tous.
La Seconde émancipation des peuples africains à laquelle j’appelle à plein cœur passera nécessairement et impérativement par une libération monétaire. En vérité, le destin de l’Afrique se joue inexorablement sur la monnaie.
La jeunesse africaine, épuisée par la violence de la domination et de l’exploitation de la France, consciente de ses droits, mais également de ses responsabilités historiques, et en tant que force vive de notre peuple, organisera et dirigera les luttes populaires, patriotiques et démocratiques pour la conquête de la souveraineté de nos Etats.
La dignité de l’Afrique n’est pas matière à commerce.
«IDY THIAM A TRAHI LES COMMERÇANTS DU PAYS !»
Dans cet entretien accordé au «Témoin», M. Dieng fustige, dans le cadre de l’aide alimentaire, le marché de l’huile et de sucre attribué à l’homme d’affaires Idy Thiam, leader de l’Unacois rivale, qu’il accuse de trahison vis-à-vis des commerçants du pays
Directeur exécutif de l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois) Yessal, Alla Dieng s’est penché sur la décision du chef de l’Etat de rouvrir les lieux de commerce et la lancinante question relative à l’approvisionnement du marché en denrées alimentaires durant cette fête de Korité intervenant dans un contexte de pandémie du covid19. Dans cet entretien accordé au «Témoin», M. Dieng fustige, dans le cadre de l’aide alimentaire, le marché de l’huile et de sucre attribué à l’homme d’affaires Idy Thiam, leader de l’Unacois rivale, qu’il accuse de trahison vis-à-vis des commerçants du pays.
La décision du chef de l’Etat Macky Sall de rouvrir les lieux de commerce fermés dans le cadre de la pandémie a été très critiquée. Ceci, du fait qu’en plus des craintes liées aux rassemblements publics dans les marchés, au Sénégal, ces lieux sont aussi réputés désordonnés avec un manque criard d’hygiène. Est-ce qu’il n’est pas temps, pour vous commerçants, de songer à la modernité ?
D’abord nous, commerçants, saluons cette décision prise par le président de la République. C’est un ouf de soulagement pour nous et particulièrement les commerçants qui s’activent dans l’économie informelle. Car, avec la pandémie du Covid19, ils sont les plus impactés.
«Il y a une grande pagaille dans les marchés »
Donc la fermeture des marchés avait sonné comme le dernier coup fatal à leurs activités économiques. D’autres part, je reconnais qu’il y a une grande pagaille dans les marchés. Les cantines et les boutiques sont dans une promiscuité telle qu’elle entrave même la circulation des personnes dans ces lieux de commerce. Des vendeurs de produits alimentaires y sont mêlés à des vendeurs de vêtements ou même de produits cosmétiques. Par ailleurs, l’hygiène y fait défaut alors que ce sont des endroits qui accueillent énormément de monde surtout à l’approche des évènements comme la korité. D’ailleurs, je comprends que c’est pour cette raison que les gens redoutent de voir les marchés constituer des lieux de propagation du coronavirus. Mais il faut noter que c’est une responsabilité partagée car, au-delà de celui des commerçants, c’est aussi un domaine de compétence des municipalités. Il y a aussi des structures de l’Etat comme le Service d’Hygiène qui sont censés apporter leur contribution afin que les marchés puissent répondre aux exigences de l’heure.
Justement, si votre responsabilité est engagée dans cette pagaille, n’est-ce pas vous-mêmes, commerçants du pays, qui avez balisé le chemin pour l’implantation des grandes surfaces comme Auchan dont vous fustigez souvent la concurrence ?
C’est vrai ! Et comme j’ai l’habitude de le dire à mes camarades commerçants, au lieu de fustiger ces grandes surfaces, nous devons beaucoup copier leur modèle de business. Certains d’entre nous l’ont même compris. Vous voyez qu’aujourd’hui, il commence à y avoir une prolifération de grandes boutiques bien aménagées et qui répondent aux normes d’hygiène et de qualité du service. D’ailleurs moi, en tant que commerçant, je ne suis pas contre cette concurrence imposée par les grandes surfaces. Parce que nous sommes dans un monde libéral. Et tout consommateur est libre d’aller faire ses achats dans n’importe quel lieu de commerce dont la qualité du service lu convient.
« Il faut privatiser la gestion des marchés au Sénégal »
Cela va même contribuer à améliorer de façon positive la situation hygiénique et l’organisation dans les grands lieux de commerce. Pour cela, j’estime qu’il faut privatiser la gestion des marchés au Sénégal. Par contre, il faut savoir que les grandes surfaces comme Auchan ne ciblent pas tous les Sénégalais mais juste une certaine clientèle. Donc, elles ne peuvent prendre la place des boutiquiers et autres commerçants de l’informel.
Ce même secteur informel qui pourtant domine largement l’activité économique dans notre pays a été le plus affecté par la crise sanitaire en cours. Comment aider des entreprises non identifiées dans un contexte où l’Etat parle de relance de l’économie ?
Au Sénégal, il y a un réel problème au niveau de la formalisation des entreprises. C’est un long processus à suivre. C’est cette problématique qui va rattraper avec cet appui de l’Etat destiné aux entreprises du secteur privé dans le cadre du plan de résilience économique et sociale. Par exemple, sur la ligne de financement de 200 milliards dégagée en ce sens, il y a énormément de points à éclaircir. Certains critères sont très contraignants et beaucoup d’entreprises risquent d’être laissées en rade. Car si les autorités disent que les entreprises éligibles sont celles dont le chiffre d’affaires fait moins de 100 millions, là il va y avoir un large bassin au profit des entreprises informelles. Cependant, les autres critères sont déplorables. Le ministre de l’Economie nous dit également que pour bénéficier de cet appui, il va falloir que l’entreprise ait au moins 5 ans d’existence, avec une création d’au moins cinq emplois en plus de la présentation des états financiers pour les trois dernières années, l’IPRES etc. Or, dans ce pays, plus de 95 % des entreprises au Sénégal évoluent dans l’économie informelle. Et ces entreprises n’attendent que d’être financées pour se développer.
Nous constatons que l’attribution des marchés relatifs à l’aide alimentaire que le Gouvernement entend apporter aux couches vulnérables continue de soulever des polémiques. Par exemple, l’appel d’offres lancé pour l’huile et le sucre a été remporté par l’homme d’affaires Idy thiam. Qu’estce qui explique ces déchirements récurrents entre entrepreneurs du pays à chaque appel d’offres lancé par l’Etat ?
Il faut que les acteurs du secteur privé soient sérieux sinon il y aura toujours des dissensions après chaque attribution d’appels d’offres. Si je n’étais pas dans un journal aussi sérieux que « Le Témoin », j’allais utiliser des mots crus et durs pour qualifier le comportement irresponsable d’Idy Thiam. Car ce qui s’est passé avec le marché de l’huile et du sucre qui lui a été octroyé est un exemple patent de ce manque de sérieux et de professionnalisme. Idy Thiam est plus actif dans le business de la friperie et le foncier à Mbour que le commerce de denrées alimentaires. Donc, pourquoi lui octroie-t-on un tel marché ?
« Pour gagner le marché, Idy Thiam s’est présenté sous le couvert de l’Unacois »
C’est parce que, pour gagner le marché, il s’est présenté sous le couvert de l’Unacois. Or, Il n’est pas spécialisé dans le domaine de l’huile et du sucre. Il a été trop gourmand. C’est même une trahison à l’encontre des commerçants du pays. C’est pourquoi après avoir remporté l’appel d’offres, pour livrer la commande, des problèmes ont surgi. Aujourd’hui, c’est la responsabilité de ceux qui lui ont attribué ce marché qui est engagée. Et tant que l’attribution des appels d’offres sera exécutée de telle manière, il y aura toujours des polémiques.
Par Mamadou Mbakhé NDIAYE
ABDOURAHMANE DIOUF DANS L’ŒIL DU CYCLONE
Manifestement, les départs au sein du CIS résultent aussi d’un malaise provenant du salaire exorbitant et «contesté» du directeur exécutif de la structure. Ce dernier est cité en boucle dans cette affaire
La crise qui oppose l’entreprise Akilee et la Senelec a eu de graves répercussions sur le Club des Investisseurs du Sénégal (CIS) touché de plein fouet pour avoir apporté son soutien à la start-up. Ce qui a débouché sur une vague de démissions au sein du CIS au point de pousser le président, le fondateur de Sedima, Babacar Ngom à faire son mea culpa.
Mais manifestement, ces départs au sein du CIS résultent aussi d’un malaise provenant du salaire exorbitant et «contesté» du directeur exécutif de la structure, Dr Abdourahmane Diouf. Ce dernier est cité en boucle dans cette affaire. Ce qui l’a remis sur la sellette, lui qui s’était retiré du monde politique, tout en décidant de revenir s’installer au Sénégal après plusieurs années passées en Suisse.
«Le CIS est pris dans une tempête. La cause : une motion de soutien à une jeune entreprise sénégalaise dont les principaux acteurs sont membres du CIS. Erreur sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, je ne connais pas les termes du contrat liant Akilee à la Senelec. Et sur la forme, nous n’avions pas consulté tous les membres. Je voudrais humblement, sincèrement reconnaître, ici et maintenant, mon erreur et présenter mes excuses à tous ceux que cela a dérangé, déplu ou agacé. Mea culpa, maxima culpa !
L’erreur est humaine, je reconnais la mienne», avait confessé en substance le fondateur de la société avicole Sedima et non moins président du Club des Investisseurs du Sénégal, après une polémique née du soutien du CIS à l’entreprise Akilee qui est en bras de fer avec la Senelec. Mais apparemment, la crise au sein du Cis serait beaucoup plus profonde qu’on ne le pense. Et elle résulterait d’un malaise dû aux émoluments faramineux du cabinet du directeur exécutif qui n’est personne d’autre que Dr Abdourahamane Diouf. «Le comportement du président du Club Babacar Ngom est aussi mis en cause.
Mais selon des informations reçues à Dakaractu, le problème est tout autre. En effet, ce qui a réellement mis le feu aux poudres estle recrutement et le traitement salarial du Directeur Général exécutif du Club en la personne d’Abdourahmane Diouf, ancien du parti Rewmi», renseigne le site Dakaractu avant d’ajouter : «Le Club s’est retrouvé avec un capital de 800 millions Fcfa. Seulement, la plus grosse partie de cette enveloppe a servi à payer les salaires du cabinet d’Abdourahmane Diouf, rémunéré à hauteur de 18 millions par mois, pour une étude qui compte pas moins de quatre employés».
Et même si jusqu’à présent, l’intéressé n’a pipé mot pour confirmer ou infirmer ces critiques, il va s’en dire qu’il est à un tournant dans sa carrière. D’autant que dans l’affaire Akilee, certains membres du CIS lui reprochent d’avoir imposé ses directives sans consulter le conseil. Une polémique qui n’a pas encore livré tous ses secrets, mais qui «égratigne» quelqu’un qui est qualifié par plusieurs observateurs d’enfant prodiges et qui était longtemps considéré comme une embellie dans la grisaille politique.
Il s’agit de Dr Abdourahmane Diouf, un homme dont le cursus, l’intelligence, l’éloquence et la courtoisie ont fini par faire l’unanimité tout en portant la politique sénégalaise ces dernières années à ses plus hauts firmaments. Né à Rufisque en 1970, cet ancien pensionnaire de l’université Gaston Berger où il a obtenu une maîtrise en droit public avant de s’envoler pour la Suisse, a été déniché en 2011 par Idrissa Seck à la veille de la campagne présidentielle de 2012 comme il s’en rappelle sourire aux lèvres, lors d’une interview : «Mon entrée en politique est une continuation intellectuelle de ma relation avec Idy. Tout est parti aussi d’une émission que j’ai faite en 2011 avec Fabrice Nguema qui me connaissait déjà comme docteur en droit sur les évènements du 23 juin. La tendance à l’époque, c’était de dire qu’Idrissa Seck a raté un très grand rendez-vous. Moi, j’ai développé un argument contraire pour dire qu’il a été toujours cohérent avec lui-même et on ne peut pas lui opposer le fait qu’il n’était pas présent à cette date historique dans la mesure où les combats tournaient autour de la dévolution monarchique et de la candidature d’Abdoulaye Wade, et il a été le premier à les mener», se souvenait-il.
Jamais discourtois à l’encontre du leader de Rewmi dans ses différentes interventions publiques, le «Genevois» tape ainsi dans l’œil de l’ancien Premier ministre. L’idylle entre les deux hommes va durer près de 8 ans. «Nous ne demandons pas la détestation des autres, mais l’amour de soi, de nous-mêmes et du Sénégal» Un compagnonnage qui a permis à Dr Diouf de diriger, dès l’élection de Macky Sall à la tête du pays, la Sones pendant 6 mois avant d’en être éjecté.
Après la dernière élection présidentielle au cours de laquelle il était le directeur de campagne de la coalition dirigée par Idrissa Seck, le Rufisquois décide de rompre les amarres avec le leader de Rewmi. Il met tout bonnement un trait sur la politique.
Entre-temps, il décide de rentrer définitivement au Sénégal pour servir son pays en apportant son expertise et son expérience emmagasinées au cours de ses nombreuses pérégrinations en Europe et à travers le monde sur le plan économique. Le CIS en profite pour l’enrôler en le nommant directeur exécutif. Défenseur acharné du patriotisme économique, ce diplômé en communication va tenir un discours mémorable, 24h après, sur la préférence nationale, lors des concertations sur le contenu local, au Cicad : «Dans les marchés internationaux, au niveau de l’Omc et partout où on débat des marchés, il y a ce qu’on appelle le traitement spécial et différencié. Le protectionnisme économique, tel que nous le comprenons au niveau du Club des investisseurs, ce n’est pas la détestation des autres mais l’amour de soi, l’amour de nous-mêmes, l’amour du Sénégal du point de vue économique.
Vous êtes membres de l’Omc et de l’Uemoa, cela veut dire que vous ne pouvez pas prendre des règles nationales discriminatoires mais il y a toujours des petites clauses et des niches de droit qui vous permettent de nous protéger», lance-t-il devant le Président Macky Sall avant d’ajouter sans ambages : « Achaque fois que nous sommes forts dans un domaine, dans une activité, s’il vous plaît, croisez les doigts, laissez le marché faire, laissez-nous prendre le maximum de marchés possibles parce que c’est là où nous sommes forts et personne ne va vous reprocher d’être un mauvais arbitre. Quand vous verrez que nous sommes moyens, agissez d’une seule main et essayer de nous protéger. Faites en sorte que nos entreprises prennent le maximum de parts de marché en sachant que vous êtes tenus par les règlementations. Mais M. le Président, quand nous sommes faibles, quand nous sommes vraiment faibles, nous comptons sur le chef de l’Etat du Sénégal parce c’est lui qui doit avoir la capacité de dire : j’ai des industries naissantes, j’ai des problèmes de développement rural, j’ai des problèmes de chômage et j’ai la latitude de protéger mon économie en tenant compte de toutes les protections existantes dans le droit de l’OMC et dans le droit communautaire ».
Ses missions bien définies au CIS sont l’accès au marché, la promotion et la protection de l’investissement et la recherche dans le domaine économique car, dit-il, «le CIS veut être au cœur du débat économique ». Le voilà éclaboussé par cette affaire Akilee. Une situation qui a poussé le journaliste Abdoulaye Thiam à se poser cette question : « Abdourahmane Diouf, Tête de Turc ou Bouc émissaire ? »
L’APRAPAM REPOND AUX AUTORITES
«Les hommes et les femmes de la pêche artisanale ne sont pas des enfants à qui on dit ce qu’ils doivent faire ou penser»,
«Les hommes et les femmes de la pêche artisanale ne sont pas des enfants à qui on dit ce qu’ils doivent faire ou penser». C’est ainsi que l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (Aprapam) réagit suite à des «accusations portées contre eux» dans un communiqué public hier, mardi 26 mai et dont nous avons reçu copie.
«Dans plusieurs articles de journaux récemment parus, les acteurs de la pêche artisanale, pêcheurs artisans, mareyeurs et femmes transformatrices, sont présentés par les autorités comme ayant été manipulés par d’autres acteurs de la pêche industrielle pour faire entendre leur voix contre l’attribution de licences à des bateaux d’origine chinoise et turque, en voie de «sénégalisation». Comme si les acteurs de la pêche artisanale étaient incapables de discerner ce qui représente une menace supplémentaire sur l’avenir de leurs activités et de leurs communautés», ont déploré Gaoussou Guèye et ses camarades.
En effet, selon eux, la pêche artisanale a toujours œuvré pour la transparence dans le secteur. «En 2011, c’est la pêche artisanale sénégalaise qui a organisé une première rencontre sur la transparence dans le secteur de la pêche maritime, et qui n’a cessé ensuite de militer pour cette transparence. Qu’ont fait les autorités pendant ce temps ? L’audit de la flotte sénégalaise, élément essentiel pour la transparence, si souvent promis, n’a jamais été publié. C’est toujours le règne de l’opacité dans les sociétés mixtes», lit-on dans le communiqué. La même source d’ajouter, «c’est la pêche artisanale également qui a mené, avec l’appui de la société civile, la mobilisation contre la surexploitation des petits pélagiques, qui sont notre filet de sécurité alimentaire, que ça soit par les bateaux russes en 2012, ou par les usines de farine de poisson ensuite».
Toujours selon l’Aprapam, «c’est la pêche artisanale qui a pris des mesures pour diminuer la pression de pêche des artisans sur les petits pélagiques, comme augmenter la taille de capture des sardinelles». A en croire l’Aprapam, «la recherche sur l’état des stocks de petits pélagiques est laminée par le manque de moyens, alors qu’elle est la pierre angulaire d’une gestion durable des ressources». «Le Sénégal n’a fait que peu d’efforts pour aller vers une gestion régionale de ces stocks partagés, qui est pourtant la clé pour assurer leur bonne gestion et l’avenir des communautés qui en dépendent», a indiqué l’Aprapam.
par Djess Dia Moungouansi
COMMENT MACRON ET OUATTARA ONT SABOTÉ LE PROJET ÉCO DE LA CEDEAO
En dépit de toute vraisemblance, les changements majeurs qui vont accompagner la mise en place de la nouvelle monnaie sont trompeurs
«Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va.» Sénèque
Le projet de création d’une monnaie unique Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) est sur les rails depuis le début des années 1980. Dans ce projet, huit pays devraient abandonner le F Cfa et sept autres leur monnaie nationale. Comme toute œuvre humaine, ce projet était en perpétuel ajustement. Lors de la 55e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en juillet 2019, une approche graduée pour l’adoption de cette monnaie unique «Eco», en commençant par les pays qui atteignent les critères de convergence, était réaffirmée. Sans compter sur les velléités de sabotage de la Françafrique.
Un sabotage en règle du projet initial
Face aux opinions africaines de plus en plus hostiles à la pérennisation d’un des vestiges de la colonisation qu’est le F Cfa, le Président ivoirien Alassane Ouattara réaffirmait, dans une démarche à contre-rebours de toute logique, en février 2019 sur le perron de l’Elysée, son soutien à cette monnaie dans les termes suivants : «Le F Cfa est une monnaie solide, bien gérée et appréciée, (….) je ne comprends pas ce faux débat.» D’où vient-il que ce chantre du statu quo se transforme en grand réformateur ? Dans cette métamorphose, où sont passés l’esprit et à la lettre du projet de 1983 ?
En date du 16 janvier 2020, les ministres des Finances et gouverneurs de Banque centrale de cinq pays anglophones (Nigeria, Ghana, Sierra-Leone, Liberia, Gambie) et de Guinée ont rejeté la nouvelle monnaie commune de l’espace, telle que proposé le 21 janvier 2019 à Abidjan en marge de la rencontre bilatérale entre Alassane Ouattara et Emmanuel Macron.
Ces pays se sont vigoureusement opposés à la décision «unilatérale» de Ouattara, sous les fourches caudines de la France, de renommer le franc Cfa en «Eco» à l’horizon de juillet 2020 sans leur avis.
Par sa puissance économique, le Nigeria tient une place importante dans ce projet initial (le Pib représente environ deux tiers du Pib de la Cedeao (670 milliards $, soit 5 fois celui de tout l’Uemoa, avec ses 130 milliards).
Alors que le projet initial avait comme pierre angulaire la déconnexion monétaire totale avec la France, le 21 décembre 2019 à Abidjan, Ouattara et son homologue Macron ont acté ce qu’ils ont appelé «réforme historique majeure» qui est en réalité un véritable sabotage du projet laborieux initial de 1983.
De toute évidence, l’esprit du projet initial qui visait la rupture totale avec la France a été dévoyé par l’accord d’Abidjan. Il est insultant pour le Nigeria et le Ghana d’être infantilisés par la garantie de la nouvelle monnaie qui continuera à être assurée par la France.
Ensuite, en gardant le régime de parité fixe entre la nouvelle monnaie Eco et l’Euro (1Euro=655.56 Eco), cela prive les pays membres de la zone de manipuler souverainement à leur avantage le taux de change entre la nouvelle monnaie et l’Euro.
En effet, pour des pays en développement ou en quête d’émergence, il est indispensable de maîtriser la politique de change que l’on peut utiliser comme un levier de politique économique. La parité fixe prive ainsi les pays concernés d’un maniement souverain du taux de change, dans le sens de leurs propres intérêts bien définis, qu’il s’agisse d’une politique de monnaie forte ou de monnaie faible.
En maintenant la fixité des parités entre la nouvelle monnaie Eco et l’Euro, on ne voit pas comment les pays membres de la zone Uemoa pourraient éviter d’être à la merci de la politique monétaire européenne qui ne correspond pas du tout aux réalités objectives des pays africains.
Une réforme en trompe-l’œil
En dépit de toute vraisemblance, les changements majeurs qui vont accompagner la mise en place de l’Eco (Changement du nom du F Cfa à l’Eco, fin du dépôt des réserves de change en France, fin de représentants français dans les instances de gouvernance de l’Union) sont trompeurs.
On voit bien qu’avec la garantie accordée par la France pour cette nouvelle monnaie, l’un des grands défauts qui ravivaient toutes les critiques sur le système précédent n’est pas réglé. Il s’agit soit de la «servitude volontaire» (Cf. Nubukpo) ou de «l’état d’esprit de facilité et d’irresponsabilité» (Cf. Diarra) de certains décideurs de la zone franc, qui se reposent sur l’assurance de convertibilité illimitée de leur monnaie pour ne pas chercher à équilibrer leurs balances extérieures ou conduire les réformes nécessaires au parachèvement de leur intégration économique régionale.
Cette nouvelle monnaie ne pourrait être un instrument au service des économies africaines que si cette union monétaire ainsi créée est doublée d’une union économique permettant la création d’un marché commun unifié dans lequel la monnaie pourrait agir comme moteur. Force est de constater que le projet d’intégration régionale de l’Uemoa, fondé en 1994, s’est considérablement essoufflé. Comment peut-on dans ces conditions envisager l’élargissement à d’autres Etats membres de la Cedeao ?
A contre-sens d’une véritable indépendance monétaire des pays membres de la zone vis-à-vis de la France, la mise en place de l’Eco renforcera la dépendance financière envers la France qui se trouvera plus que jamais garante de leurs déficits et soupçonnée de contribuer à nouveau à l’affaiblissement d’une partie de l’Afrique.
Le problème de solvabilité des demandeurs de prêts et du manque de confiance des institutions financières à leur égard ne sera pas du tout résolu par la réforme de la monnaie ni par les éventuelles réserves disponibles. Et pour cause, en 2014 par exemple, le niveau des réserves légales détenues par la Bceao était de 30% supérieur à celui exigé par les traités, ce qui n’a pas entraîné un effet substantiel sur le financement des économies.
Nonobstant toute réflexion superfétatoire, la volonté des pays de l’Afrique de l’Ouest (anglophones et francophones) qui se battent pour leur souveraineté monétaire contraste de la paresse qui inhibe chez les pays de la Cemac (Communauté économique monétaire de l’Afrique centrale) toute volonté d’affranchissement de cette servitude monétaire, sapant en même temps leur fierté.
En donnant un coup d’arrêt à l’ambitieux projet de création d’une monnaie unique de la Cedeao, les Présidents Ouattara et Macron seront manifestement les seuls à tirer leur épingle du jeu. L’un et l’autre vont récolter de cette réforme économique des retombées politiques. En donnant l’impression d’avoir pris à bras-le-corps les revendications toujours plus pressantes et plus exacerbées des opinions africaines qui luttent pour la mise à mort de ce vestige du colonialisme, le Président ivoirien pourra en faire un argument électoral massif lors des futures élections qui se profilent à l’horizon dans son pays. Tout au moins pour ses partisans, puisqu’il ne pourra plus être candidat. Quant au Président Français Emmanuel Macron, en faisant tomber ce symbole anti-français, tout en conservant insidieusement la coopération monétaire franco-africaine, il réalise une double prouesse qui fera monter son image dans l’estime de ses compatriotes. Et l’Afrique dans tout ça ?
par Demba Moussa Dembélé
LA FIN DU FRANC CFA, BON DÉBARRAS
En fait, ce que la France cherche avec ce nouvel accord c’est de saboter le projet de monnaie unique de la CEDEAO, avec la complicité de certains dirigeants de l’UEMOA
Le mercredi 20 mai 2020, le gouvernement français a adopté un projet de loi visant à mettre fin au franc CFA, conformément à l’accord passé entre Macron et Ouattara en décembre 2019.
Le franc CFA est bien la monnaie de la France !
Certains se sont étonnés que ce soit la France qui annonce « la fin du franc CFA », qui est supposé être « une monnaie africaine » ! Mais pour ceux qui connaissent l’histoire du franc CFA, cela n’a rien d’étonnant. Au contraire, l’annonce du gouvernement français ne fait que confirmer ce que des critiques n’ont cessé de dire : que le franc CFA c’est bien la monnaie de la France et non celle des pays africains. Joseph Tchundjang Pouémi a dû bien rire du fond de sa tombe, lui qui était le premier à affirmer il y a bientôt 40 ans : « la France est le seul pays au monde à avoir réussi l’extraordinaire exploit de faire circuler sa monnaie- rien que sa monnaie- dans des pays politiquement libres ». L’histoire lui a amplement donné raison !
En vérité, la décision du 20 mai 2020 par le gouvernement français s’inscrit dans la longue liste des réaménagements pris par la France sur le franc CFA pour mieux renforcer sa domination sur ses anciennes colonies. Rappelons que c’est le 26 décembre 1945, il y a bientôt 75 ans, que le général de Gaulle décida de créer le franc des colonies françaises d’Afrique (CFA) pour réaffirmer le contrôle de son pays sur ses colonies, à la fin de la deuxième guerre mondiale.
Depuis lors, il y a eu plusieurs réaménagements sans pour autant atténuer la tutelle de la France sur ses colonies. Il y eut le transfert du siège de la BCEAO en Afrique (au Sénégal) et la nomination d’un gouverneur africain. Il y eut des accords sur le montant des réserves déposé au Trésor français, passant de 100% à 65 et enfin à 50%. En dépit de ces changements, la France a toujours conservé sa souveraineté sur le franc CFA. Cela est illustré par sa décision unilatérale de dévaluer le franc CFA en janvier 1994. Et pour montrer le peu de respect qu’elle avait pour les « présidents » africains, elle envoya, son ministre de la Coopération – en fait le ministre des anciennes colonies- pour informer 14 « chefs d’Etat » et de gouvernement enfermés dans un grand hôtel à Dakar, au Sénégal !
L’annonce du 20 mai 2020 prouve une fois de plus que le sort du franc CFA se décide en France et non en Afrique.
1 Joseph Tchundjang Pouémi, Monnaie, servitude et liberté : la répression monétaire de l’Afrique, Yaoundé, Ménaibuc, 1981/Paris, 2000
Vers une servitude monétaire « rénovée »
Même si le franc CFA devait être remplacé par l’ECO, la tutelle de la France sur les anciennes colonies va se poursuivre, voire se renforcer. Car, selon les stratèges français et leurs pions africains, il fallait enlever les symboles qui fâchent, ce qu’ils appellent les « irritants », pour essayer de couper l’herbe sous les pieds des critiques opposés au franc CFA. Donc, que la monnaie s’appelle CFA ou ECO, peu importe ! Les relations entre la France et ses anciennes colonies ne changeront pas fondamentalement. Certains fondamentaux sont préservés, comme le taux de change fixe avec l’euro et la liberté de transfert de capitaux entre les pays africains et l’ancienne métropole. Le taux de change fixe va obliger la BCEAO à calquer sa politique monétaire sur celle de la Banque centrale européenne (BCE), en donnant la priorité à la lutte contre l’inflation. Quant à la liberté de circulation des capitaux elle permettra des transferts massifs de capitaux, sous diverses formes, privant ainsi les pays africains d’une bonne partie de leur épargne.
Par ailleurs, à propos du départ des représentants de la France, pourquoi les remplacer par des « experts internationaux » ? Les pays de l’UEMOA n’auraient-ils pas assez d’experts capables de conduire les politiques monétaires de leurs pays sans avoir besoin de tuteurs ? Il est clair maintenant que si ses propres représentants doivent quitter les instances de la BCEAO, la France aura son mot à dire dans le choix des « experts » qui vont les remplacer pour s’assurer qu’ils joueront le même rôle. En ce qui concerne les réserves de change, la fin de l’obligation de dépôt auprès du Trésor français ne signifie pas que ces réserves reviendront en Afrique, comme le croient naïvement certains citoyens. La BCEAO aura toujours la possibilité de les laisser en France ou dans d’autres pays membres de la Banque centrale européenne (BCE).
Enfin, la France va jouer le rôle de « garant », ce qui lui permettra ainsi de continuer d’exercer un droit de regard sur les politiques des pays africains.
En vérité, on fait croire au « changement » alors qu’il s’agit de quelques réaménagements destinés à atténuer les critiques tout en préservant l’essentiel, à savoir la poursuite de la servitude monétaire, sous une forme « rénovée ».
Torpiller le processus vers la monnaie unique de la CEDEAO
En fait, ce que la France cherche avec ce nouvel accord c’est de saboter le projet de monnaie unique de la CEDEAO, avec la complicité de certains dirigeants de l’UEMOA. En effet, le Sommet de la CEDEAO du 29 juin 2019 à Abuja, au Nigeria, avait décidé de l’adoption d’une monnaie unique pour les 15 pays membres, sous le nom ECO. En optant pour un système de change flexible et une Banque centrale de type fédéral. Dix jours après ce Sommet, Alassane Ouattara se rendait à Paris le 9 juillet 2019 pour rencontrer Emmanuel Macron.
A sa sortie d’audience, il déclarait que le franc CFA prendrait le nom ECO en 2020 et que les pays de l’UEMOA seraient les premiers à utiliser le nom ECO parce qu’ils remplissent les critères de convergence. Ce qui est archi-faux, bien sûr. Le but de cette visite était de rassurer le président français et surtout les milieux d’affaires qui voient d’un très mauvais œil la fin du franc CFA instrument privilégié de prédation des anciennes colonies.
La France n’a jamais envisagé l’indépendance réelle et la souveraineté de ses anciennes colonies. Or elle sait que le succès du projet de monnaie unique de la CEDEAO pourrait ouvrir la voie à la fin définitive de sa tutelle sur ses anciennes colonies. C’est un secret de Polichinelle que c’est cette tutelle qui permet à la France de jouir d’un statut de « grande puissance » en Europe et dans une moindre mesure dans le monde. Dans un monde en plein bouleversement, perdre cette influence précipiterait inéluctablement son déclin.
Elargir l’UEMOA aux pays « anglophones »
C’est pour conjurer un tel sort, qu’elle cherche à maintenir sa tutelle sur ses anciennes colonies. Mais pour donner plus de crédibilité, voire de « légitimité » à sa stratégie d’empêcher ou de retarder l’avènement de la monnaie unique de la CEDEAO, il fallait chercher à élargir le cercle des pays de l’UEMOA en y adjoignant quelques pays « anglophones ». Cette stratégie a fait l’objet d’études en France depuis plusieurs années, avant même l’arrivée au pouvoir de Macron. Ces initiatives visent à « rénover » les relations de la France avec l’Afrique. Sous la présidence de François Hollande, la Commission Védrine, qui comprenait notamment Lionel Zinsou et Tidiane Thiam, avait publié un rapport rendu public le 4 décembre 2013, qui exhortait la France à prendre des initiatives nouvelles et... décomplexées et appelait à l’élargissement de la zone CFA au Ghana, au Liberia et à la Sierra Leone.
En avril 2018, Dominique Strauss-Kahn, ancien Directeur général du FMI et ancien ministre français de l’Economie et des Finances, publiait un papier sur le même sujet,2 en allant plus loin que les propositions de la Commission Védrine, sur le franc CFA, en proposant ce qui suit :
Changer le nom de la monnaie, à cause du sigle CFA, trop chargé
Rattacher la monnaie à un panier de devises en lieu et place de l’euro
Enlever les représentants de la France des instances de la BCEAO
Les remplacer par des experts recommandés par la BCEAO, la Banque de France et la Banque centrale européenne
Transférer les comptes d’opérations à la Banque des règlements internationaux (BRI) en Suisse Confirmer la « garantie » de la France
Elargir l’UEMOA aux autres pays d’Afrique de l’Ouest, en excluant le Nigeria
L’accord Macron-Ouattara reprend l’essentiel des propositions de Strauss-Kahn, sauf en ce qui concerne le taux de change. Lors de son séjour à Abidjan, Emmanuel Macron avait fait des appels du pied à certains pays de la CEDEAO pour soutenir l’accord : « j’espère que des pays comme la Guinée, le Ghana, la Sierra Leone, le Liberia, la Gambie poursuivront ce mouvement avec cette nouvelle monnaie, cette gouvernance nouvelle ».
Les critiques contre l’accord Ouattara-Macron
Comme il fallait s’y attendre, l’accord a suscité des réactions négatives de la part des pays non- CFA de la CEDEAO. Le Nigeria et les cinq autres pays membres de la Zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) avaient dénoncé le 16 janvier 2020 la décision de remplacer le franc CFA par l’ECO, en soulignant avoir « noté avec préoccupation la déclaration visant à renommer unilatéralement le franc CFA en Éco d’ici à 2020 ». Ces pays estimaient que cette décision « n’est pas conforme aux décisions » de la CDEAO en vue de « l’adoption de l’Éco
2 Zone Franc, pour une émancipation au service de tous, avril 2018 comme nom de la monnaie unique » de toute la région. En conclusion, ils « réitèrent l’importance pour tous les membres de la Cedeao d’adhérer aux décisions de l’autorité des chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao concernant la mise en œuvre de la feuille de route révisée du programme de monnaie unique ».
En dehors des pays de la ZMAO, le président nigérien, Issoufou, avait exprimé une opinion similaire, dans une interview à Jeune Afrique, dans le numéro daté 14 août 2019, dans laquelle il disait ceci : « Soyons clairs. La création de l’Eco signifie la sortie du franc CFA. Cette monnaie sera liée à un panier de monnaies, constitué des principales devises – euro, dollar, yuan... – avec lesquelles nous commerçons. Ce ne sera donc pas le CFA sous un autre nom, ainsi que je l’entends parfois.... J’ajoute que toutes ces décisions ont été prises à l’unanimité des 15 États membres de la Cedeao, francophones et anglophones. » Cette déclaration est une critique à peine voilée de la démarche de Ouattara.
Quel avenir pour l’accord Ouattara-Macron ?
Le projet de loi adopté par la France intervient dans un contexte mondial et africain complètement différent de celui qui prévalait en décembre 2019. Les bouleversements causés par la pandémie du coronavirus ont profondément changé la donne pour les pays de l’UEMOA, à tel point qu’ils se voient obligés de suspendre le Pacte de convergence macroéconomique, qui contient les fameux critères de convergence qui conditionnent le lancement de la nouvelle monnaie. Mais surtout le rappel à l’ordre exprimé par le Nigeria et les autres pays de la ZMAO constitue un obstacle de taille aux manœuvres de Ouattara-Macron.
Dans ces conditions, on voit mal comment les pays de l’UEMOA pourraient changer le CFA en ECO dans un avenir prévisible. Ceci d’autant plus qu’il est évident que le but de l’Accord Ouattara-Macron est d’essayer d’isoler le Nigeria, en débauchant éventuellement d’autres pays de la CEDEAO. Le but ultime d’une telle démarche est de saboter le processus d’intégration régionale. Car il ne peut y avoir d’intégration en Afrique de l’Ouest, et même en Afrique, sans le Nigeria, qui commande 70% du PIB de la région.
Mais cette manœuvre est sûrement vouée à l’échec, car des pays d’Afrique de l’Ouest qui accepteraient de faire échouer le processus d’intégration de la CEDEAO, initié depuis 1978, porteraient une très lourde responsabilité devant l’histoire. Surtout dans le nouveau contexte mondial post-COVID en gestation, dans lequel les appels se multiplient pour que l’Afrique prenne enfin son destin en main, en comptant d’abord sur ses propres forces, en élaborant son propre modèle de développement, en renforçant son unité sur le plan politique et en accélérant son processus d’intégration à tous les niveaux.
Par conséquent, les dirigeants de l’UEMOA doivent respecter la feuille de route de la CEDEAO qui mène à la monnaie unique. Ils doivent refuser de jouer les seconds rôles dans les manœuvres et combines mesquines de Monsieur Emmanuel Macron et le laisser clore le chapitre ouvert il y a bientôt 75 ans par le général de Gaulle, en enterrant leur monnaie, le franc CFA.
L’ECO, LA FAUSSE SORTIE DE LA FRANCE
Le mercredi 20 mai 2020 devait rester dans l’Histoire comme la date de la vraie indépendance économique des pays africains d’expression française utilisant le franc CFA.
Le mercredi 20 mai 2020 devait rester dans l’Histoire comme la date de la vraie indépendance économique des pays africains d’expression française utilisant le franc CFA. Ces pays se trouvent en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale en plus des Comores. Hélas, la fin du Franc CFA annoncée par la France n’est qu’un faux affranchissement puisque l’ancienne puissance coloniale continuera en réalité à entretenir de très fortes relations monétaires avec les quinze pays de la CEDEAO qui ont décidé de lancer en juillet 2020 une monnaie unique dénommée ECO.
La décision du gouvernement français qui va être soumise à son Parlement s’inscrit dans un calendrier global mis en œuvre par les 15 chefs d’Etat de la Cédéao lors du sommet d’Abuja du 29 juin dernier. a cette occasion, les dirigeants de la zone étaient tombés d’accord pour mettre sur pied une monnaie unique, l’ECO, en juillet 2020.
Les discussions entre la France et ses « partenaires » africains de l’Umoa ont abouti à une proposition commune de réforme des instances et du fonctionnement de la coopération suivant quatre axes :
le changement de nom de la devise, les autorités de l’Umoa indiquant leur souhait de passer du « franc Cfa » à l’« ECO7 » ;
la suppression de l’obligation de centralisation des réserves de change sur le compte d’opérations au Trésor ;
le retrait de la France des instances de gouvernance de la Zone et
la mise en place concomitante de mécanismes ad hoc de dialogue et de suivi des risques (notamment reporting, échanges et rencontres techniques).
La signature le 21 décembre 2019 de l’accord de coopération entre les états membres de l’Umoa et la France, est la concrétisation de cette proposition. Cet accord viendra remplacer l’accord existant de 1973. Cet accord doit être complété courant 2020 par une convention de garantie, texte technique d’application, conclue avec la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (Bceao).
Deux mois restant à la France pour prononcer la mort du FCFA, il fallait arranger les deux agendas du FCFA et de l’ECO qui n’avaient pas les mêmes paramètres monétaires. Le facteur handicapant, le franc Cfa est imprimé en France (Chamalières et Pessac), 50% des réserves de l’Uemoa étaient gardées par la France, la politique monétaire de nos pays était aussi décidée depuis Paris. Or dans le schéma d’Abuja, dans un premier temps, les 8 pays membres de l’Uemoa doivent commencer en juillet à utiliser l’ECO du fait qu’ils sont proches des critères de convergence (déficit inférieur à 3%, inflation inférieure à 3%, endettement inférieur à 70 %).
Ensuite, les deux grandes puissances de la zone Cédéao, notamment le Nigéria et le Ghana, deux pays anglophones il est bon de le préciser, ont conditionné leur adhésion à la monnaie unique à la coupure par la France du cordon ombilical la liant à ses anciennes colonies. Ce de manière à ce puisse être mise en place une banque centrale fédérale.
La dernière étape devait consister en la mise en place d’une politique économique et commerciale, la signature des traités et du statut de la Banque centrale. Seulement à deux mois de la date de juillet 2020, les dirigeants de la Cédéao n’ont pas encore défini la politique monétaire à mener, encore moins le statut de la Banque centrale de la Cédéao. a deux mois de l’échéance de juillet 2020, il ne sera pas possible d’opérer toutes ces ruptures qui devraient accompagner l’avènement de l’Eco. La servitude monétaire avec la France va alors continuer puisque le seul changement opéré sera celui du nom de la monnaie.
Divorce officiel d’un mariage de 47 ans
La coopération monétaire actuelle entre la France et l’Umoa repose sur un accord de coopération monétaire signé le 4 décembre 1973 par les ministres des finances de l’Umoa et de la France, qui posait le cadre général de la coopération. Cet accord est complété par une convention de compte d’opérations, signée en décembre 1973 et modifiée par deux avenants de 2005 et 2014. Sous ce régime (accord de coopération, complété par la convention de compte d’opérations et ses deux avenants), la France est représentée dans des instances techniques de gouvernance de la zone (Conseil d’administration et Comité de politique monétaire de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), Commission bancaire de l’Umoa). La Bceao est l’institut d’émission commun aux états membres de l’Umoa et jouit du privilège exclusif de l’émission monétaire sur l’ensemble de ces états membres. La Commission bancaire de l’Umoa, présidée par le Gouverneur de la Bceao, est l’autorité de supervision bancaire de l’Union.
Les représentants de la France y disposent d’un droit de vote sans voix prépondérante. Il est à noter que la France ne participe pas aux instances politiques (Conférence des chefs d’état, Conseil des Ministres). « Le positionnement de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la Zone. Les paramètres fondamentaux de la coopération ne sont toutefois pas modifiés : le régime de change demeure inchangé, avec un maintien de la parité fixe entre l’euro et la devise de l’Union tout comme la garantie illimitée et inconditionnelle de convertibilité assurée par la France » souligne « le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération entre le Gouvernement de la République française et les Gouvernements des Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine » déposé à l’assemblée nationale française par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères et le ministère de l’Economie et des finances. « La transformation du rôle de la France en celui d’un strict garant financier se traduit ainsi par la fin de sa représentation dans les instances techniques de gouvernance de la Zone où elle ne disposera plus, hors cas de crise, de droit de vote. La réforme maintient inchangés les paramètres essentiels à la stabilité macroéconomique et monétaire de l’UMOA : maintien de la parité fixe de la monnaie commune de l’UMOA avec l’euro et de la garantie illimitée et inconditionnelle de convertibilité assurée par la France.
La garantie apportée par la France fonctionnera sur le même principe qu’aujourd’hui : si la BCEAO fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France. La crédibilité de l’ancrage de la monnaie de l’Union sur l’euro est donc préservée.
La fin de l’obligation de dépôt des réserves de change de la BCEAO permettra à la Banque centrale de disposer de la totalité de ses réserves et de décider de leur allocation et de leur placement, avec, dans l’environnement de taux actuel, un impact probable sur la rémunération de ces avoirs » indiquent les auteurs du projet de loi.
«LE SEVRAGE BRUSQUE AVEC LA FRANCE SERAIT EXTREMEMENT DANGEREUX POUR NOS ECONOMIES ASSEZ VULNERABLES»
La fin annoncée du FCFA le mercredi 20 mai 2020 par la France n’est pas un événement extraordinaire. Elle est une nouvelle étape du processus de divorce entre la France et les pays de l’UMOA lancé le 21 décembre 2019
« La fin annoncée du FCFA le mercredi 20 mai 2020 par la France n’est pas un événement extraordinaire. Elle est une nouvelle étape du processus de divorce entre la France et les pays de l’UMOA lancé le 21 décembre 2019. Un processus qui devait aboutir à la création de la monnaie ECO en juillet 2020. Comme il y a des représentants de la France au Conseil d’administration de la BCEAO, elle devait préparer le départ de ces membres, tout comme il fallait régler aussi la fermeture du compte d’opérations. On est en train de dérouler les décisions du 21 décembre 2019. Il reste que deux choses fondamentales n’ont pas bougé en l’occurrence la garantie française, et la parité » souligne l’économiste Cheikh ahmadou Bamba Diagne. Cet enseignant à la faculté des Sciences économiques et de Gestion de l’Université de Dakar ajoute que « ce que les gens ne savent pas, c’est que ce sont les 8 pays de l’Uemoa qui feront leur ECO dans un premier temps en changeant de parité, puis ils vont aller avec le Nigéria et le Ghana pour changer encore de parités. Donc sous peu, il y aura des changements de parité alors pourquoi anticiper ou bousculer les choses pour changer ou rechanger encore ? Cela va déstabiliser les consommateurs. Il vaut mieux garder la parité au sein de l’Uemoa pour attendre la proposition des autres avant de mettre en place l’ECO de la CEDEAO. C’est plus logique » estime l’universitaire.
Poursuivant, il indique que « la garantie de convertibilité avec l’EURO, c’est transitoire. Le sevrage brusque, c’est extrêmement dangereux pour nos économies aussi vulnérables. Ceux qui continuent de théoriser l’asservissement de la zone Franc à la France ne font que de l’activisme. Cela n’a pas de sens. Les gens ont soutenu que la France gagnait de l’argent avec notre compte d’opérations. Ils racontaient du n’importe quoi.
Les activistes ont mobilisé des combats, aujourd’hui que la gestion de la réserve nous revient, ils vont savoir ce que c’est une réserve. Cet argent pris à la France, qui est un avoir extérieur net ne pourra être logé à la BCEAO, mais à la Banque centrale européenne ou dans une autre grande banque européenne. La fin du FCFA, c’est le FCFA sorti de la France. Pour aller vers une union monétaire dans l’espace CEDEAO, on ne pouvait pas continuer à avoir notre compte d’opérations en France. Il fallait créer une monnaie transitoire. L’ECO, c’est juste une monnaie transitoire » conclut le Pr Cheikh Ahmadou Bamba Diagne
LES CHEMINS DE FER DU SÉNÉGAL CRÉÉS
Le Sénégal dispose depuis le vendredi 22 mai 2020 d’une société nationale dénommée les Chemins de Fer du Sénégal (CFS)
Le Sénégal dispose depuis le vendredi 22 mai 2020 d’une société nationale dénommée les Chemins de Fer du Sénégal (CFS). La loi qui a été votée à cette date par l’Assemblée Nationale dissout aussi l’Agence nationale des Chemins de Fer (ANCF) et le personnel et l’actif de Dakar Bamako ferroviaire (DBF) seront versés dans les CFS, qui seront chargés en conséquence de la liquidation de DBF.
La mutation du secteur des transports ferroviaires au Sénégal a connu le vendredi 22 Mai 2020 une importante phase de son évolution. Le projet de loi portant création d’une société nationale dénommée les Chemins de fer du Sénégal, en abrégé (Cfs), a été voté, sans débat, à l’unanimité par l’ensemble des députés présents lors de la séance plénière.
C’était sous la Présidence de M. Moustapha Niasse, en présence du Ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, El Hadji Omar Youm, et du secrétaire d’Etat au réseau ferroviaire, M. Mayacine Camara souligne une notre du ministère des Infrastructures. Le rapport de l’inter commission des lois, de la décentralisation, du travail et des droits humains et celui de l’aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat, des infrastructures et des transports de l’assemblée nationale, tenue le lundi 18 Mai, explique les détails de ce projet de loi. La création des Cfs entre dans le cadre de la politique de revitalisation des chemins de fer au Sénégal, la lutte contre l’insécurité routière et la dégradation prématurée des routes du Sénégal.
La société aura pour mission d’assurer la gestion du patrimoine ferroviaire de l’Etat du Sénégal, excepté celui du Train express régional (Ter) par la réalisation de toutes les opérations se rattachent directement ou indirectement à son objet selon le document parvenu à la rédaction. Pour éviter des doublons, précise la même source, les Cfs vont se subroger à l’agence nationale des Chemins de fer (aNCf) dans ses droits et obligations découlant des activités qu’il exerce pour le compte de l’Etat. Tous les agents et biens de l’aNCf seront versés aux Cfs. Ce n’est pas tout, les actifs de l’ex régie des Chemins de fer du Sénégal (Rcfs) et de la Société Nationale des Chemins de fer du Sénégal (SNCS) seront aussi dévolues aux Cfs. Le personnel et l’actif de Dakar Bamako ferroviaire (DBf) seront versés dans les CfS qui seront chargés en conséquence de la liquidation de DBf.
Par ailleurs, avec plus de flexibilité dans sa gestion financière, Cfs sera chargé de la recherche de financements pour la reconstruction et la modernisation du patrimoine ferroviaire national. Mais aussi du suivi et du contrôle des conditions d’exploitation des chemins de fer du Sénégal par les sociétés minières et autres. Le Petit train de banlieue (Ptb) quant à lui chargé du transport de passagers sera redéployé à l’intérieur du pays.
Par Amadou BA
DE L’ANOMIE RÉPUBLICAINE
Quelle est donc l’opportunité du décret brandi par Yakham Mbaye qui, aux yeux de l’opinion, n’a pas plus de dignité que le premier décret «faux» du même numéro comportant les émoluments du président honoraire ?
Le chef de l’Etat a accordé le titre de présidente honoraire du Conseil économique social et environnemental (Cese) à Aminata Tall qui a dirigé l’institution depuis sa création en 2013 jusqu’à son remplacement par Mme Aminata Touré. Avec Famara Ibrahima Sagna, ils sont désormais deux à porter le titre et à disposer de ce statut particulier.
Est-il besoin de rappeler que Famara Ibrahima Sagna est président honoraire du Cese depuis l’arrivée de Me Wade au pouvoir et à ce titre, il bénéficie déjà de tous les avantages tant pécuniaires qu’honorifiques qui vont avec le statut. On sait depuis le philosophe français Montesquieu que la République a ses convenances, ses logiques souvent guidées par la politique et donc forcément ses mystères difficiles à dénouer et inaccessibles à la compréhension du citoyen lambda.
Des sources dignes de foi recoupées à plusieurs strates confirment que Famara Ibrahima Sagna jouit bel et bien de son statut de président honoraire du Conseil économique, social et environnemental (Cese) que lui avait conféré Me Abdoulaye Wade et bénéficie en conséquence, de tous les avantages liés à ce statut.
II en sera désormais ainsi pour Aminata Tall qui dispose, en plus de ses pensions diverses, d’un traitement gargantuesque, après avoir été pendant plus de 40 ans au sommet de l’Etat, d’abord comme député, ensuite comme ministre, maire, ministre d’Etat et présidente du Cese. Telle est la volonté du président de la République, chef de l’Etat, chef suprême des armées.
S’il est vrai qu’en vertu du pouvoir que lui confère la Constitution, il peut nommer à tous les pouvoirs civils et militaires, il se pose tout de même un sérieux débat de fond et de forme sur l’opportunité d’une telle mesure dans un contexte où les Sénégalais ont décidé de consentir des efforts énormes dans la lutte contre le covid-19. Elles sont en effet nombreuses les catégories socioprofessionnelles à endurer la souffrance au quotidien du fait des restrictions de leur liberté. Le secteur informel est dans son ensemble paralysé, les gorgolou résignés, mais républicains dans leur attitude qui consiste à accepter toutes les mesures édictées, quitte à se nourrir d’eau et de pain.
Sur la forme, il se trouve que le décret 2020-964 visé dans l’acte de nomination de Aminata Tall est une erreur administrative et donne l’impression d’une anomie républicaine. Et pour cause, le Journal Officiel (JO) ne fait toujours pas mention de ce décret. Même celui qui a été exhibé par le directeur du quotidien «Le Soleil» et responsable Apr, Yakham Mbaye dans son entretien avec Dakaractu quoique quasiment identique à celui démenti auparavant par Mohamed Dionne et Seydou Guèye dans le communiqué de la présidence, n’est pas dans le JO. Seul l’alinéa relatif aux avantages du président honoraire les différencie.
Dans le fond, pourquoi viser un décret non encore officiel (2020-964) alors que le règlement intérieur du Cese approuvé par le décret 2013-732 prévoit la nomination d’un ancien président au titre de président honoraire. Quelle est donc l’opportunité du décret brandi par Yakham Mbaye qui, aux yeux de l’opinion, n’a pas plus de dignité que le premier décret «faux» du même numéro comportant les émoluments du président honoraire ? Autant dire que nous sommes en face d’un imbroglio qui ajoute à la confusion. Aujourd’hui, beaucoup de Sénégalais sont convaincus qu’avec sa nomination, Aminata Tall aura droit à 4,5 millions Fcfa de salaire net, un garde-du-corps, un véhicule, du carburant, etc. Au nom de quoi doit-elle bénéficier d’un tel traitement auquel aura sans doute droit l’actuel président du comité d’initiative du Dialogue national, lui aussi président honoraire du Conseil économique et social ? Qu’ont-ils de mieux que les anciens présidents de l’Assemblée : Mamadou Seck, Pape Diop, Youssou Diagne.
Autre incongruité, d’après des sources sûres, le bureau du Cese n’a jamais été saisi pour valider en plénière la désignation de Aminata Tall comme présidente honoraire tel que prévu par le règlement intérieur. Visiblement, cette mesure a été faite à l’insu du Cese et conforte beaucoup de son caractère inique et scélérat de portée personnelle dont le dessein est d’assouvir les désidérata d’un individu : Aminata Tall. Les mystères de la Républiques sont certes insondables, mais Macky Sall devrait mesurer la portée d’une telle mesure qui déchaine des passions et désole même ses plus grands thuriféraires.