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30 avril 2025
Economie
VAINCRE NOS VULNÉRABILITÉS POUR POURSUIVRE NOTRE MARCHE VERS L’ÉMERGENCE
L’ancien Premier ministre du Sénégal, et actuel ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République, Mahammed Boun Abdallah Dionne livre ici sa lecture de l’économie de guerre et de la dette publique
Depuis le déclenchement de la crise liée à la pandémie de la covid19, plusieurs pays, africains notamment, ont lancé des appels pour une annulation de leurs dettes. Il faut reconnaitre que le contexte particulier, marqué par le ralentissement, voir l’arrêt de l’activité économique, demande des mesures spéciales pour permettre aux économies africaines de s’en sortir. Connu pour ses analyses économiques pertinentes, l’ancien Premier ministre du Sénégal, et actuel ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République, Mahammed Boun Abdallah Dionne livre ici sa lecture de l’économie de guerre et de la dette publique.
En 1820, l’économiste et philosophe britannique, David Ricardo, disait qu’en cas d’éclatement d’une guerre et qui implique un supplément de dépenses de vingt millions par an, un pays libre de toute dette disposait de trois moyens pour fournir à ces dépenses :
« En premier lieu, les impôts pourraient être augmentés d’un montant de vingt millions par an, dont le pays serait totalement libéré au retour de la paix.
En second lieu, l’argent pourrait être emprunté chaque année et la dette consolidée ; dans ce cas, si l’on admet un intérêt de 5 pour cent, la première année de dépense entraînerait une charge perpétuelle d’un million ; une deuxième année de guerre entraînerait à nouveau la charge perpétuelle d’un million et ainsi de suite pour chaque année supplémentaire.
Le troisième moyen de financer la guerre serait d’emprunter chaque année les vingt millions nécessaires, comme ci-dessus, mais de constituer en outre un fonds d’amortissement, par l’impôt, qui, augmenté des intérêts composés, permettrait finalement de rembourser la dette.
De ces trois moyens, nous sommes résolument en faveur du premier. Alors, le fardeau de la guerre est sans doute très lourd tant qu’elle dure, mais il disparaît en même temps qu’elle. Du point de vue économique, il n’y a pas de réelle différence entre les trois moyens. Mais les personnes qui paient l’impôt ne raisonnent pas ainsi. Nous ne sommes que trop enclins à estimer le coût de la guerre à ce que nous payons comme taxes sur le moment, sans réfléchir à la durée probable de l’imposition ».
Selon le ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République du Sénégal, Mahammed Boun Abdallah Dionne, « ce texte éclaire notre compréhension des rapports politiques et économiques que les générations de citoyens d’un même pays entretiennent entre elles au fil du temps».
Dans une tribune publiée récemment, l’ancien premier ministre du Sénégal explique que pour Ricardo, toute augmentation de la dette aujourd’hui se traduit demain par une augmentation de l’impôt, pour rembourser cette dette. Plus tard, Barro complétera le travail de Ricardo et de cette réflexion, naîtra le théorème d’équivalence de Ricardo-Barro. « Ce théorème établit qu’il n’y a, d’un point de vue macroéconomique, pas de différence significative entre un financement par l’impôt et un financement par l’emprunt d’un montant donné de dépenses publiques ». explique l’économiste sénégalais.
Poursuivant son introduction, M. Dionne rappelle que Solow avait démontré par la suite, pour sa part, que le théorème de neutralité ricardienne ne se vérifie que dans des situations très particulières. Solow en conclut que l’Etat ne peut se contenter d’un rôle économique neutre. « Et il eut bien raison ».
Revenant sur le sujet de la dette et du déficit publics, M.Dionne affirme que la pertinence des politiques budgétaires ne se discute plus vraiment. « Par contre et surtout en temps de crise, ce qui est déterminant pour provoquer l’effet multiplicateur de Keynes sur les agents économiques déprimés, reste la qualité de la dépense publique » écrit-il en affirmant que s’endetter pour couvrir prioritairement des dépenses courantes sans impact sur la croissance économique ne paraît pas « raisonnable ».
Exemple à l’appui, l’économiste et homme d’Etat sénégalais confire que dans tous les pays du monde, le risque sur la dette est tributaire de plusieurs facteurs comme la nature de celle-ci, sa viabilité telle que perçue par les marchés financiers et les épargnants, sa dénomination, son taux d’intérêt, sa maturité, la réputation du pays, son niveau d’épargne intérieure et l’usage qui est fait des ressources qui sont tirées de la dette. « C’est pourquoi la dette publique de l’Italie ou du Japon qui se situent entre 150 et 200% du PIB, ne suscitent pas de débat particulier », souligne-t-il.
Pour expliquer cette situation, il affirme que « de tels pays ont atteint un palier qui leur permette de rembourser leurs emprunts passés par l’émission de nouveaux titres de dette, de plus en plus libellée dans leur propre devise. Ce renouvellement infini de la dette publique des Etats fait qu’en pratique elle n’est jamais remboursée ».
Comment reconquérir la capacité d’endettement des pays africains
« Imaginons à présent un pays endetté, aux capacités financières limitées, et qu’une guerre éclate qui implique un supplément important de dépenses, comment financer cette dépense de guerre qui lui est imposée ?
En instaurant un nouvel impôt pour gagner cette guerre, le pays court le risque d’une crise sociale intérieure et d’une récession dont les effets, se cumulant à celui de la guerre, entraîneraient la perte à court terme de celle-ci.
En second lieu, en réussissant à emprunter pour couvrir cet effort de guerre, le pays court toutefois à moyen terme le risque d’un défaut sur sa dette et la perte de la guerre surtout si elle devait perdurer.
Le troisième moyen pour financer la guerre est le renouvellement de la capacité d’endettement du pays. Ce renouvellement peut s’opérer grâce à la conversion du stock de dette du pays en rente perpétuelle ; plus la rente perpétuelle se rapprochera du taux zéro, plus vite le pays financera sa guerre surtout si les intérêts de ses créditeurs sont intriqués aux siens, partageant avec lui le même intérêt pour la victoire.
De ces trois moyens, nous sommes en faveur du troisième car l’emprunt perpétuel est une obligation sans date d’échéance, dont seuls les intérêts sont exigibles. Si le taux d’intérêt de la rente est nul, l’emprunteur n’a donc plus rien à payer. »
Se référant de nouveau à ce texte de Ricardo, Mahammed Boun Abdallah Dionne opte lui aussi pour le le renouvellement de la capacité d’endettement du pays. Selon lui, il s’agit la du meilleur moyen pour sauvegarder la réputation financière de l’Etat. « Il réduit significativement le service de sa dette, soulage sa trésorerie immédiate et renouvelle sa capacité d’investissement, en annulant de facto la dette publique, même si celle-ci continue d’exister perpétuellement de jure sur le papier », estime t-il.
En évoquant le cas de l’Afrique, continent qui a encore besoin d’emprunter massivement pour financer l’investissement productif et son industrialisation, M. Dionne explique que l’annulation directe de la dette reste la meilleure solution. C’est d’ailleurs cette solution qu’avait proposé le président de la République du Sénégal, Macky Sall et à juste raison. Sa proposition est appuyée par M. Dionne qui estime que le chef d’Etat « ne s’y est pas trompé en portant le plaidoyer de l’annulation de la dette publique africaine auprès de ses pairs du continent et du monde ».
Plus en détails, l’expert en économie précise qu’une annulation du stock de la dette ouvrirait la voie à la poursuite dans les meilleures conditions de l’investissement, dans les secteurs essentiels (i) de la santé et de l’éducation, (ii) des infrastructures, (iii) de l’agriculture, et (iv) des services d’appui à l’industrialisation.
Toutefois, si cette solution n’est pas envisageable, M. Dionne propose une voie médiane. Celle de l’allongement de la durée de la dette à cent (100) ans au minimum, voire sa perpétualisation, à un taux voisin de zéro. « Certains diront, comme en droit judiciaire, que la perpétuité évoque une contrainte dont on ne se libère jamais. Nous leur répondrons que comme s’agissant de la grâce, même si celle-ci entraîne la non-mise à exécution d’une peine, et qu’elle n’entraîne point son oubli que seule l’amnistie accorde, l’essentiel pour le condamné est de reconquérir sa liberté de mouvement », a-t-il expliqué. Il affirme dans ce sens que « l’essentiel pour l’emprunteur est qu’il n’ait plus rien à payer afin de reconquérir sa capacité d’endettement ».
Appelant les partenaires du G20, du Club de Paris, mais également les grands pays partenaires comme la Chine et ceux du Moyen Orient à travailler de concert avec les leaders africains afin que l’annulation du stock actuel de la dette publique extérieure du continent soit une réalité, M. Dionne rappelle que « c’est à ce prix que nous pourrons vaincre nos vulnérabilités exacerbées par la crise sanitaire et que nous serons en position de poursuivre notre marche victorieuse vers l’émergence »
SORTIE DU FCFA, CE QUE DIT LE PROJET DE LOI FRANÇAIS
Si les représentants de la France ne siègeront plus au sein des instances monétaires, Paris conservera un droit de regard, notamment en cas de crise, sur la gestion de la nouvelle monnaie
Jeune Afrique |
Alain Faujas |
Publication 22/05/2020
Deuxième étape vers la disparition du franc CFA et son remplacement par une monnaie unique baptisée Eco, le Parlement français devrait adopter avant la fin du troisième trimestre le projet de loi paraphé le 20 mai en conseil des ministres et destiné à ratifier l’accord de coopération monétaire conclu à Abidjan le 21 décembre 2019 avec les gouvernements des États membres de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa).
Deux changements majeurs y sont prévus : d’une part, il n’y aura plus de représentants de la France dans les instances techniques de gouvernance de la zone – où ils disposaient de voix non prépondérantes. D’autre part, la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ne sera plus obligée de déposer au moins 50 % de ses réserves en devises sur des comptes d’opérations du Trésor français. Deux points qui cristallisaient particulièrement les tensions autour de la monnaie ouest-africaine.
Le gouvernement français semble pressé de s’écarter de la mauvaise réputation du CFA. Paris a déjà cessé d’envoyer des représentants du Trésor et de la Banque de France dans les instances monétaires de l’Umoa.
La France deviendra « un strict garant financier de la zone », précise la note explicative publiée par le gouvernement. Deux piliers demeurent : « le régime de change, avec un maintien de la parité fixe avec l’euro [et] la garantie illimitée et inconditionnelle de convertibilité assurée par la France ».
Quel successeur aux comptes d’opérations ?
Bien qu’absente des instances monétaires, la France sera informée de l’état de santé de la nouvelle monnaie, précise le nouvel accord de coopération, qui prévoit qu’en cas de crise « sévère » (si le taux de couverture de la monnaie descendait en-dessous de 20 %, contre plus de 70 % en ce moment), « la France pourra désigner, à titre exceptionnel et pour la durée nécessaire à la gestion de la crise, un représentant au comité de politique monétaire de la BCEAO ».
« Il était illusoire de penser que le Sénégal gagne grand-chose du pétrole avant 2030. Et cela va encore être retardé »
Le rêve pétrolier et gazier s’éloigne encore un peu plus pour les Sénégalais. Initialement prévue en 2020, l’exploitation des deux principaux projets d’hydrocarbures, le champ pétrolier offshore Sangomar et le gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) partagé avec la Mauritanie – tous deux découverts en 2014 – avait déjà été retardée à trois reprises.
La pandémie due au Covid-19 vient à nouveau de repousser d’un an, à la fin de 2023, le lancement de la production commerciale. Un coup dur pour le pays qui compte sur ces ressources pour dynamiser son économie, créer des emplois et développer les infrastructures.
« L’effondrement des prix du pétrole brut ainsi que le ralentissement des activités du secteur (…) ont amené certains de nos partenaires à évoquer le cas de force majeure qui pourrait impacter les délais de livraison », indique un communiqué de Petrosen datant du 10 avril. La compagnie nationale sénégalaise reste tributaire des majors du pétrole et de leurs sous-traitants pour exploiter les 500 millions de barils de pétrole en réserve.
Ainsi, c’est un consortium de compagnies australiennes et britanniques qui détient près de 90 % des parts du projet Sangomar. Fin avril, l’australien Far, dont la participation s’élève à 15 %, a fini par se retirer du financement.
« Cas de force majeure »
Quant au gisement gazier GTA, le géant pétrolier britannique BP, qui en détient 60 %, a lui aussi brandi un « cas de force majeure » pour retarder d’un an l’installation de sa plate-forme offshore aux larges des côtes sénégalo-mauritaniennes.
Ce énième report inquiète Ndèye Fatou Ndiaye Diop, co-coordonnatrice de la plate-forme citoyenne Aar Linu Bokk (« Préserver nos biens communs », en wolof), mobilisée pour une gestion plus transparente des ressources pétrolières. « Malgré les incertitudes liées à ce projet, le Sénégal avait tout misé sur le pétrole. Il a perdu », estime la militante.
De fait, les conséquences économiques de ces nouveaux délais pourraient être lourdes. « Cette crise est un avertissement pour le Sénégal qui a emprunté une trajectoire d’endettement en se basant sur l’exploitation à venir des hydrocarbures », explique Luc Désiré Omgba, chercheur associé au laboratoire BETA-CNRS et spécialiste en économie de l’énergie. Le pays a d’ailleurs été parmi les premiers, au début de la pandémie, à faire campagne pour réclamer un allègement de la dette du continent africain.
Depuis 2012 et l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, la dette publique du Sénégal est passée de 42,9 % à 67 % du PIB en 2020, selon le Fonds monétaire international (FMI). Cet accroissement s’explique d’abord par les investissements massifs dans des projets d’infrastructures et de développement réalisés dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE), mais pas seulement. « Le pays a augmenté les salaires des fonctionnaires dès 2018. Il a aussi mis en place des subventions en faveur du secteur énergétique, malgré une hausse des cours », précise M. Omgba.
Subir les contrecoups de la récession
Des dépenses engagées immédiatement alors que les retombées du pétrole sur l’économie ne sont pas prévues avant plusieurs années. « Il était illusoire de penser que le Sénégal gagne grand-chose du pétrole avant 2030. Et cela va encore être retardé », insiste Ousmane Sonko, président du parti d’opposition le Pastef.
EXCLUSIF SENEPLUS - Il n’existe pas de pays pauvres très endettés pour la bonne raison que ce sont les riches qui prêtent et ils ne prêtent pas aux pauvres. Quand ils le peuvent, ils les rançonnent
Tu sais jusqu’à quel point je te tiens en estime. Tu es, à n’en pas douter, un homme d’une grande stature intellectuelle et il m’est arrivé souventes fois, de faire appel à ton jugement en des matières relevant de ton domaine, l’Economie. Je pense que tu as été, de nous tous - n’en déplaise à tes contempteurs - celui qui a le plus influencé et donné de la crédibilité à notre marche vers une souveraineté monétaire, dont les premiers jalons viennent d’être posés.
Nous avons eu de longs échanges sur ces points qui longent ton curriculum. Je me suis rendu en ta résidence pour te les voir évoquer et j’en suis toujours revenu comblé, comme une abeille savourant son nectar.
En revanche, je te trouve, sur la question de la dette, d’un absolutisme qui frise l’arrogance et qui trahit ce que tu es vraiment : un homme à qui il a parfois manqué de la nuance, mais un homme ouvert quand même. Or, de la nuance, c’est ce que tu devrais apporter au jugement sévère que tu portes sur le texte de l’ancien Premier ministre Mohamed Dionne.
Que dit-il finalement ? Que nous sommes dans une crise (une guerre pour d’autres) et qu’il nous faudrait trouver le moyen de relancer nos économies par l’investissement public, après avoir financé cette sale guerre qui nous prend nos vies. En somme, nous devons faire du keynesianisme en 2020, dans un contexte de décapitalisation (les investisseurs ont retiré 90 milliards de dollars des marchés émergents). Nous ne pouvons le faire jusqu’ici (ou avons pensé pouvoir le faire) qu’en empruntant aux autres ou en taxant nos propres concitoyens. Leur reprendre par une main ce que nous leur avons donné par l’autre, au risque de soulèvements populaires, de licenciements massifs et de crises sociales. Cette dernière hypothèse nous semble inacceptable, parce qu’elle est injuste. Or donc, si les conditions de l’emprunt (que les citoyens paieront en dernier ressort par des impôts futurs) n’ont jamais été aussi favorables, nous ne pouvons y recourir sans remettre en cause nos grands équilibres et dégrader notre notation.
Au demeurant, les pays de notre espace économique et monétaire ne pourront plus respecter les critères de convergence hérités arbitrairement, tu le sais bien, de Maastricht. Y aurait-il une troisième voie ? C’est ce que Mohamed Dionne appelle « un troisième moyen terme ». Son inférence est donc nouvelle, tout comme la conclusion à laquelle il parvient. Il nous faut, dans un premier temps, accorder un moratoire aux pays africains pour que les ressources allouées traditionnellement au service de la dette servent à des besoins urgents dans les secteurs de la Santé, en soutien aux entreprises et aux ménages.
Ensuite, requalifier cette dette pour qu’elle ne devienne pas un frein à la relance de notre Economie. Il est devenu évident, pas seulement pour le Sénégal, mais pour le monde entier, mon cher Abdourahmane, qu’une réponse définitive doit être apportée à la question de la dette. En 2008, beaucoup de pays se sont endettés pour renflouer les banques et les grandes entreprises. Ce sont les contribuables qui ont finalement payé à la place des financiers, économistes qui ont promu et théorisé le laissez-faire dévastateur. En France, des acteurs politiques de premier plan posent avec pertinence la problématique d'une dette, de toutes les façons, impossible à payer par les Etats !
Les dettes des pays vont à nouveau exploser parce qu’il faut financer la « guerre » et financer la reprise. Bien avant la pandémie, le monde avait déjà un niveau d’endettement qui dépassait largement le PIB mondial. De nombreux pays ont dépassé les 100% de leur dette rapportée à leur PIB. Le Japon a dépassé les 200% suivi de pays comme l’Italie (150%), la France (115), les Etats-Unis dans les mêmes proportions.
Le débat sur la dette, mon cher Abdourahmane, devrait être abordé autrement. C’est une réflexion qui m’est venue quand Idrissa Seck, dont j’étais le conseiller, s’est félicité fièrement il y a bientôt 20 ans, du « point d’achèvement de l’initiative Pays pauvres très endetté. Il n’existe pas de pays pauvres très endettés pour la bonne raison que ce sont les riches qui prêtent et ils ne prêtent pas aux pauvres. Quand ils le peuvent, ils les rançonnent. Tous les pays très endettés sont des pays riches, figure-toi. Ensuite, aucun pays riche, en dehors de ceux qui vivent de rente pétrolière comme la Norvège, les pays du Golfe, qui sont créditeurs, ne s’est développé sans avoir eu recours à la dette.
A ce sujet, ton jugement selon lequel notre pays a accumulé un stock de dette sans résultats n’est pas juste : malgré les critiques bien justifiées sur nos choix en matière d’orientation, d’investissement, nous sommes plus riches que nous l’étions en 1960. Alors que nous n’étions qu’un million et que nous en faisons maintenant 15, nous sommes devenus plus riches en routes, en autoroutes, en infrastructure, en outils de production, en écoles, en universités, centres de formation, en entreprises, en entrepreneurs prospères et bientôt en rente gazière et pétrolière. En 1960, le goudron était une rareté et la voiture, un luxe réservé à de riches hommes.
Pour en revenir au sujet qui nous occupe, il va de soi que les Etats ne pourront jamais payer leurs dettes. Que faudrait-il faire ? Entrer dans un cycle de son remboursement par l’émission de nouveaux titres de dette ? Ou préconiser une solution durable comme celle qu’expose fort éloquemment Mohamed Dionne ?
Le vrai débat, celui qui doit nous occuper a été bien posé dans le cadre du PSE. Il nous faut créer les conditions d’une transformation structurelle de notre Economie, générer assez de valeur ajoutée dans nos secteurs les plus productifs, pour produire plus de richesse, taxer cette richesse pour faire face à nos besoins en développement et payer nos dettes.
Ce que la proposition de Mohamed Dionne a de pertinent, et il me semble que tu le restitues de manière injustement biaisée, c’est qu’elle apporte une réponse à une situation de pure aporie : les besoins urgents sont là, il faut les financer ; les intérêts de la dette sont échus, il faut les payer.
En ce qui me concerne, mon point de vue sur la question n’est pas d’ordre économique, il est moral. La dette des pays africains s’est constituée à partir du début des années 70, avec ce que Senghor a appelé « la détérioration des termes de l’échange ». Les règles imposées par les grandes puissances ont appauvri nos paysans et réduit au quart nos capacités budgétaires. Nous étions peu industrialisés, peu monétarisés pour faire face à une situation qui nous était imposée après trois siècles d’esclavage et un siècle de colonisation. Ensuite, les plus grandes victimes ont été les populations, pendant une longue période dite d’ajustement, qui a été une longue période de crises politiques et syndicales successives, parce que les populations ont légitimement refusé de se voir imposer le dictat du Club de Paris. Pourquoi les populations devraient-elles payer une dette à laquelle elles n’ont pas consenti et qui compromet tous leurs moyens de vivre ? Et en quoi demander son annulation peut-elle à ce point irriter ?
Mon cher Abdourahmane, il ne s’agit donc pas se ré-endetter comme tu sembles l’indiquer (ce sur quoi je suis d’accord avec toi). Il s’agit de se ré-endetter dans des conditions plus équitables pour des investissements dans des secteurs porteurs de notre économie, et rompre ainsi la chaîne de la dépendance aux facteurs exogènes qui nous inhibent.
Des économistes de votre trempe devraient justement faire preuve de courage en imaginant le monde d’après Covid, qui ne peut plus être celui d’avant, en rompant avec les paradigmes anciens. C’était le génie de Keynes de créer les conditions de la mise en place de l’Etat providence après la seconde guerre.
Le monde que nous imaginons doit être plus juste. Le PSE nouveau doit garder pour principale ligne directrice la réduction du gap entre riches et pauvres, villes et campagnes, réinventer les modalités de son financement, avec un rôle plus assumé de l’Etat dans ce domaine. C’est ce que nous avons voulu faire avec ce que j’ai appelé les 5P : Pse, Pudc, Promoville, Pumaf, Ppdc.
Et si le philosophe que je suis se mêle à ce débat d’initiés, c’est que vous êtes, Mohamed et toi, adeptes d’une discipline dont je conteste la dignité scientifique. Plus qu’une science qui a élaboré ses mécanismes de validation et de transmission, l’Economie est une pensée. Il existe chez vous comme chez les philosophes, des débats d’écoles et de pensée toujours remises en question.
Il s’y ajoute que les deux contemporains qui ont le plus marqué et infléchi vos méthodes d’analyse et vos moyens d’intervention n’ont rien à voir avec l’Economie. L’un est chimiste de formation, c’est Margaret Tatcher ; l’autre acteur de cinéma, c’est Ronald Reagan. Ils sont les deux parents de la « New Public Governement », que tu as dû approfondir lors de ton passage remarqué à Harvard. Nous sommes, Mohamed Dionne et moi, disciples d’un homme qui y a enseigné la philosophie politique jusqu’à sa mort en 2002. Il s’appelait John Rawls, auteur de « Justice as equity ».
par Moustapha Boye
L’ECO, LA FAUSSE SORTIE DE LA FRANCE
La fin du Franc CFA annoncée par la France n’est qu’un faux affranchissement puisque l’ancienne puissance coloniale continuera en réalité à entretenir de très fortes relations monétaires avec les quinze pays de la CEDEAO
Ce mercredi 20 mai 2020 devait rester dans l’Histoire comme la date de la vraie indépendance économique des pays africains d’expression française utilisant le franc CFA. Ces pays se trouvent en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale en plus des Comores. Hélas, la fin du Franc CFA annoncée par la France n’est qu’un faux affranchissement puisque l’ancienne puissance coloniale continuera en réalité à entretenir de très fortes relations monétaires avec les quinze pays de la CEDEAO qui ont décidé de lancer en juillet 2020 une monnaie unique dénommée ECO.
La décision du gouvernement français qui va être soumise à son Parlement s’inscrit dans un calendrier global mis en œuvre par les 15 chefs d’Etat de la CEDEAO lors du sommet d’Abuja du 29 juin dernier. A cette occasion, les dirigeants de la zone étaient tombés d’accord pour mettre sur pied une monnaie unique, l’ECO, en juillet 2020.
Les discussions entre la France et ses « partenaires » africains de l’Umoa ont abouti à une proposition commune de réforme des instances et du fonctionnement de la coopération suivant quatre axes :
(i) le changement de nom de la devise, les autorités de l’Umoa indiquant leur souhait de passer du « franc CFA » à l’« ECO7 » ;
(ii) la suppression de l’obligation de centralisation des réserves de change sur le compte d’opérations au Trésor ;
(iii) le retrait de la France des instances de gouvernance de la Zone et
(iv) la mise en place concomitante de mécanismes ad hoc de dialogue et de suivi des risques (notamment reporting, échanges et rencontres techniques).
La signature le 21 décembre 2019 de l’accord de coopération entre les états membres de l’Umoa et la France, est la concrétisation de cette proposition. Cet accord viendra remplacer l’accord existant de 1973. Cet accord doit être complété courant 2020 par une convention de garantie, texte technique d’application, conclue avec la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Deux mois restant à la France pour prononcer la mort du FCFA, il fallait arranger les deux agendas du FCFA et de l’ECO qui n’avaient pas les mêmes paramètres monétaires. Le facteur handicapant, le Franc CFA est imprimé en France (Chamalières et Pessac), 50% des réserves de l’Uemoa étaient gardées par la France, la politique monétaire de nos pays était aussi décidée depuis Paris. Or dans le schéma d’Abuja, dans un premier temps, les 8 pays membres de l’Uemoa doivent commencer en juillet à utiliser l’ECO du fait qu’ils sont proches des critères de convergence (déficit inférieur à 3%, inflation inférieure à 3%, endettement inférieur à 70 %).
Ensuite, les deux grandes puissances de la zone Cedeao, notamment le Nigéria et le Ghana, deux pays anglophones il est bon de le préciser, ont conditionné leur adhésion à la monnaie unique à la coupure par la France du cordon ombilical la liant à ses anciennes colonies. Ce de manière à ce puisse être mise en place une banque centrale fédérale. La dernière étape devait consister en la mise en place d’une politique économique et commerciale, la signature des traités et du statut de la Banque centrale.
Seulement à deux mois de la date de juillet 2020, les dirigeants de la CEDEAO n’ont pas encore défini la politique monétaire à mener, encore moins le statut de la Banque centrale de la CEDEAO. A deux mois de l’échéance de juillet 2020, il ne sera pas possible d’opérer toutes ces ruptures qui devraient accompagner l’avènement de l’Eco. La servitude monétaire avec la France va alors continuer puisque le seul changement opéré sera celui du nom de la monnaie.
Divorce officiel d’un mariage de 47 ans
La coopération monétaire actuelle entre la France et l’Umoa repose sur un accord de coopération monétaire signé le 4 décembre 1973 par les ministres des Finances de l’Umoa et de la France, qui posait le cadre général de la coopération. Cet accord est complété par une convention de compte d’opérations, signée en décembre 1973 et modifiée par deux avenants de 2005 et 2014.
Sous ce régime (accord de coopération, complété par la convention de compte d’opérations et ses deux avenants), la France est représentée dans des instances techniques de gouvernance de la zone (Conseil d’Administration et Comité de politique monétaire de la Banque centrale des états de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Commission bancaire de l’Umoa). La BCEAO est l’institut d’émission commun aux états membres de l’Umoa et jouit du privilège exclusif de l’émission monétaire sur l’ensemble de ces états membres.
La Commission bancaire de l’Umoa, présidée par le Gouverneur de la BCEAO, est l’autorité de supervision bancaire de l’Union. Les représentants de la France y disposent d’un droit de vote sans voix prépondérante. Il est à noter que la France ne participe pas aux instances politiques (Conférence des chefs d’état, Conseil des ministres). « Le positionnement de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la Zone. Les paramètres fondamentaux de la coopération ne sont toutefois pas modifiés : le régime de change demeure inchangé, avec un maintien de la parité fixe entre l’euro et la devise de l’Union tout comme la garantie illimitée et inconditionnelle de convertibilité assurée par la France » souligne « le projet de loi autorisant l’approbation de l’accord de coopération entre le Gouvernement de la République française et les Gouvernements des Etats membres de l’Union monétaire ouest-africaine » déposé à l’Assemblée nationale française par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et le ministère de l’Economie et des finances. « La transformation du rôle de la France en celui d’un strict garant financier se traduit ainsi par la fin de sa représentation dans les instances techniques de gouvernance de la Zone où elle ne disposera plus, hors cas de crise, de droit de vote.
La réforme maintient inchangés les paramètres essentiels à la stabilité macroéconomique et monétaire de l’UMOA : maintien de la parité fixe de la monnaie commune de l’UMOA avec l’euro et de la garantie illimitée et inconditionnelle de convertibilité assurée par la France. La garantie apportée par la France fonctionnera sur le même principe qu’aujourd’hui : si la BCEAO fait face à un manque de disponibilités pour couvrir ses engagements en devises, elle pourra se procurer les euros nécessaires auprès de la France.
La crédibilité de l’ancrage de la monnaie de l’Union sur l’euro est donc préservée. La fin de l’obligation de dépôt des réserves de change de la BCEAO permettra à la Banque centrale de disposer de la totalité de ses réserves et de décider de leur allocation et de leur placement, avec, dans l’environnement de taux actuel, un impact probable sur la rémunération de ces avoirs » indiquent les auteurs du projet de loi.
«LE SEVRAGE BRUSQUE AVEC LA FRANCE SERAIT EXTREMEMENT DANGEREUX POUR NOS ECONOMIES ASSEZ VULNERABLES»
Dr cheikh Ahmadou Bamba Diagne économiste , est formel sur le passage du FCFA à l'Eco
La fin annoncée du FCFA ce mercredi par la France n’est pas un événement extraordinaire. Elle est une nouvelle étape du processus de divorce entre la France et les pays de l’UMOA lancé le 21 décembre 2019. Un processus qui devait aboutir à la création de la monnaie ECO en juillet 2020. Comme il y a des représentants de la France au Conseil d’administration de la BCEAO, elle devait préparer le départ de ces membres, tout comme il fallait régler aussi la fermeture du compte d’opérations. On est en train de dérouler les décisions du 21 décembre 2019. Il reste que deux choses fondamentales n’ont pas bougé en l’occurrence la garantie française, et la parité » souligne l’économiste Cheikh Ahmadou Bamba Diagne.
Cet enseignant à la Faculté des sciences économiques et de Gestion de l’Université de Dakar ajoute que « ce que les gens ne savent pas, c’est que ce sont les 8 pays de l’Uemoa qui feront leur ECO dans un premier temps en changeant de parité, puis ils vont aller avec le Nigéria et le Ghana pour changer encore de parités. Donc sous peu, il y aura des changements de parité alors pourquoi anticiper ou bousculer les choses pour changer ou rechanger encore ? Cela va déstabiliser les consommateurs. Il vaut mieux garder la parité au sein de l’Uemoa pour attendre la proposition des autres avant de mettre en place l’ECO de la CEDEAO. C’est plus logique » estime l’universitaire. Poursuivant, il indique que « la garantie de convertibilité avec l’EURO, c’est transitoire. Le sevrage brusque, c’est extrêmement dangereux pour nos économies aussi vulnérables. Ceux qui continuent de théoriser l’asservissement de la zone Franc à la France ne font que de l’activisme. Cela n’a pas de sens.
Les gens ont soutenu que la France gagnait de l’argent avec notre compte d’opérations. Ils racontaient du n’importe quoi. Les activistes ont mobilisé des combats, aujourd’hui que la gestion de la réserve nous revient, ils vont savoir ce que c’est une réserve. Cet argent pris à la France, qui est un avoir extérieur net ne pourra être logé à la BCEAO, mais à la Banque centrale européenne ou dans une autre grande banque européenne. La fin du FCFA, c’est le FCFA sorti de la France.
Pour aller vers une union monétaire dans l’espace CEDEAO, on ne pouvait pas continuer à avoir notre compte d’opérations en France. Il fallait créer une monnaie transitoire. L’ECO, c’est juste une monnaie transitoire » conclut le Pr Cheikh Ahmadou Bamba Diagne.
Par Séraphin PRAO
LA FRANCE MAINTIENT L'UEMOA DANS LA SERVITUDE
Sous l’ère Macron, la France est décidée à maintenir ses positions sans toutefois apparaître impérialiste. L’adoption du projet de loi entérinant la transformation du franc CFA en ECO est un coup de maître du gouvernement français
Le grand Sun Tzu disait que «la meilleure stratégie est celle qui permet d’atteindre ses objectifs sans avoir à se battre». En tout cas, tout porte à croire que sous l’ère Macron, la France est décidée à maintenir ses positions sans toutefois apparaître impérialiste. L’adoption du projet de loi entérinant la transformation du franc CFA en ECO est un coup de maitre du gouvernement français.
En réalité, c’est la suite logique de l’accord signé le 21 décembre 2019, entre le président Alassane Ouattara, au nom des pays de l’UEMOA et le président français, Emmanuel Macron, à Abidjan. Les ‘’ennemis du développement’’ du continent africain veulent faire croire qu’il s’agit d’une révolution copernicienne alors que dans les faits, c’est une simple stratégie pour contrôler indirectement les économies de l’UEMOA sans paraître impérialiste. Nous montrons à travers ces quelques lignes, que le nouvel accord est purement symbolique puisque la France continuera de contrôler les économies africaines au profit de ses entreprises. Le projet de loi du 20 mai 2020 est purement symbolique
Depuis 1945, la France pille les fabuleuses ressources des Pays africains de la Zone Franc (PAZF), par le truchement de plusieurs canaux, dont le canal monétaire de l’accord de coopération monétaire. Avec l’accord du 21 décembre 2019, rien ne change sinon un aménagement de l’ancien accord pour briser l’élan patriotique des Africains quant à la reconquête de leur souveraineté monétaire. Pour ce faire, Macron n’a pas oublié la célèbre pensée de Léopold Sédar Senghor, qui disait que « l’émotion est nègre mais la raison est hellène ».
Changer le nom et quelques dispositions marginales suffiront par calmer ces pauvres africains, telle était l’idée qui a milité en faveur de la signature de l’accord du 21 décembre 2019, du côté de la France. D’ailleurs, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur le perron de l’Elysée, est précise sur le sujet : « cette fin symbolique devait s’inscrire dans un renouvellement de la relation entre la France et l’Afrique et écrire une nouvelle page de notre histoire ». Pour celui qui a un minimum d’ingrédient intellectuel comprend sans effort, qu’il s’agit d’une arnaque monétaire de la France.
Dans les faits, les trois changements dans cette réforme sont : le nom de FCFA qui devient ECO, l’arrêt des dépôts de la moitié de nos réserves de change auprès du Trésor français et le retrait des instances de gouvernance, des fonctionnaires français. En quoi est-ce que la décision de retrait d’un intrus de votre maison, doit constituer une prouesse de sa part ? Bien au contraire, de façon honteuse, la France reconnait qu’elle s’est immiscée dans les affaires monétaires des pays africains sans invitation. De même, avec la pression des pays africains et mêmes occidentaux (l’Italie et la Russie), la France est obligée de mettre fin à ce honteux pillage de nos réserves de change, à travers le dépôt de la moitié de nos réserves de change auprès du Trésor français. Cependant, la France va toujours contrôler les économies des pays de l’UEMOA avec l’accord du 21 décembre 2019.
Le contrôle indirect des économies de la zone UEMOA par la France La France se retire des instances de gouvernance de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) sans retirer son influence sur les économies des pays Africains. Rappelons que jusqu’à présent, le ministre des Finances et le gouverneur de la Banque de France participaient aux deux réunions annuelles, dont l’une se déroulait à Paris. Comme pour interdire aux Africains, tout excès d’enthousiasme, le ministre des Affaires étrangères, de la France, Jean-Yves Le Drian, rappelle ceci : « le rôle de la France évolue pour devenir celui d’un strict garant financier de la zone ».
Qui peut nous convaincre de ce qu’un pays tiers peut apporter sa garantie à un autre sans contrepartie. C’est donc une façon subtile pour la France de contrôler les économies africaines. D’ailleurs, le concept de « garantie » de convertibilité employé par les officiels français et les partisans de la relique coloniale est d’autant plus absurde que nous vivons depuis les années 1970 une ère post Etalon or, où la monnaie émise par les États est de nature essentiellement fiduciaire. La valeur de la monnaie dépend du dynamisme de son économie et de l’acceptabilité des agents économiques. La France est supposée fournir toutes les devises nécessaires aux pays de la zone franc, pour leurs importations. Or, le fonctionnement de la BCEAO (et de la BEAC) est paramétré pour qu’une situation de manque de devises arrive le plus rarement possible, voire jamais. Dès que ses réserves de change atteignent un niveau critique, la banque centrale prend des mesures restrictives, comme la limitation des possibilités de financement des économies de la zone – pour reconstituer ses avoirs extérieurs. Grâce à ce mode de gestion, la garantie a été rarement activée pour les pays de l’UEMOA entre 1960 et aujourd’hui.
En dehors de cette supposée garantie, la parité fixe pose encore un problème car la France continuera de jouer son rôle de garant pour cette monnaie qui maintiendra également une parité fixe avec l’euro (1 euro = 655,96 francs CFA). Cette parité fixe permet aux entreprises françaises en zone franc, d’éviter un risque de change, c’est-à-dire, une perte liée à une variation du taux de change. Etant donné que les pays africains constituent un déversoir de produits manufacturés et un réservoir de matières premières, il faut créer les arrangements monétaires qui sécurisent les investissements français en Afrique. C’est donc l’objet du maintien de la parité fixe.
Du moment que la parité fixe avec l’euro est maintenue, les réserves de change, serviront d’abord et avant tout à la défense de cette parité. Ces réformes ne rendent donc pas la BCEAO plus autonome : elle demeure une annexe de la Banque de France, rivée à la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Par-dessus tout, le projet de loi du 20 mai, en France, vise à saboter le projet monétaire souverainiste des pays de la CEDEAO. La vérité est que la France a peur de ce vaste projet des pays de la CEDEAO. On sait que le Nigeria, un pays anglophone est la première économie de la zone et le succès du projet est synonyme de la perte du pré carré français en Afrique de l’Ouest. En court-circuitant le projet d’intégration monétaire des pays de la CEDEAO, la France sait que les pays anglophones n’accepteront jamais cette vassalisation monétaire. Du coup, les pays de l’UEMOA resteront les seuls pays à utiliser l’ECO tout en restant dans une servitude monétaire sous le joug français. La preuve est que le franc CFA ne disparaît pas complètement : les six pays d’Afrique centrale (Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad), qui forment une zone monétaire distincte, continueront à l’utiliser.
En définitive, le projet de loi français est un épiphénomène et une reconnaissance honteuse du pillage des économies africaines par la France. La crise du Covid-19 a montré la fragilité des Etats qui n’ont pas adopté une vision stratégique de l’industrialisation. Or, les pays africains ne sont même pas au stade de l’industrialisation. Il est urgent que ces pays utilisent pleinement tous les instruments à leur disposition pour aller très vite à l’industrialisation.
La monnaie a sans aucun doute, un rôle primordial à jouer dans tout processus de développement. Les pays de l’UEMOA n’ont rien compris à ce niveau et c’est dommage. Entre le franc CFA et l’ECO version Macron, la différence n’est pas nette car, entre le cochon et le sanglier, la seule différence notable est que le premier est au village et le second en brousse. D’ailleurs, lorsqu’on a un litige avec le cochon, il ne faut pas appeler le sanglier comme témoin»
Séraphin Prao est économiste, enseignant chercheur spécialisé en Théorie Monétaire
POUR DISSIPER L'ÉCRAN DE FUMÉE D'UN ANCIEN VENDEUR DE CIGARETTES
Quand nous apprenons que dans la liste des bénéficiaires du fonds d’aide à la presse, figure Mame Gor Diazaka, notre sang n’a fait qu’un tour. Nous donnons rendez-vous au ministre de la Communication de même qu’à ses ouailles devant les tribunaux
Au nom de votre journal préféré, Le P’tit Railleur Sénégalais, nous avons déposé plainte hier, contre les membres du comité d’attribution de l’aide à la presse pour détournements de fonds publics, contre le ministre de la Culture et de la Communication, pour complicité, contre Mame Gor « Diazaka » pour complicité, enrichissement sans cause, et contre X, visant tout individu qui aurait perçu indûment de l’argent dans cette nébuleuse fumisterie.
L’affaire est simple : Le P’tit Railleur existe depuis sept ans maintenant et n’a jamais hanté les couloirs de la commission d’aide à la presse depuis tout ce temps. Une année, accidentellement, il nous a été remis un colossal chèque de cinq cent mille francs CFA… Nous n’avions rien demandé.
Et puis cette année, parce que depuis une année, il n’est pas paru, nous sommes allés nous renseigner, à toutes fins utiles. Lorsqu’au ministère, il nous a été affirmé qu’il ne figurait pas sur cette fameuse liste dont tout le monde parle mais que personne ne voit, c’était logique dans notre petit cerveau. On ne remplissait pas les critères.
On nous a cependant dit qu’il pouvait y avoir un recours… Pourquoi pas ? Nous avons déposé des dossiers de financement et un appui des fonds publics nous mettrait en meilleure posture. Donc, courrier a été envoyé pour plaider la cause de votre journal préféré.
Mais quand nous apprenons que dans la liste des bénéficiaires du fonds d’aide, figure Mame Gor Diazaka, notre sang n’a fait qu’un tour. Ce n’était plus la même perspective pour nous : le ton ne pouvait plus être le même… C’est ainsi que nous avons déposé une plainte chez le procureur pour détournement de fonds publics et enrichissement sans cause des auteurs, complices et bénéficiaires illégitimes. Mieux, nous avons adressé des courriers aux autorités afin que la lumière soit faite sur cette nébuleuse qui coûte 1,4 milliard de francs CFA au contribuable.
Le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et la présidente du CESE ont été saisis.
Nous espérons que les limiers de l’Inspection d’Etat se pencheront sur cette sulfureuse affaire, de même qu’une commission d’enquête parlementaire sera mise sur pied ou alors, une commission spéciale des conseillers du CESE. Bref, nous donnons rendez-vous au ministre de la Communication et de la Culture de même qu’à ses ouailles devant les tribunaux.
Il se dit d’Abdoulaye Diop, ministre de la Culture et de la Communication, qu’il a été dans une autre vie, vendeur de cigarettes. De l’excellence, il ne connait sans doute qu’une marque de tabac… On comprend mieux l’écran de fumée qui entoure la gestion des fonds de l’aide à la presse et sans doute d’autres secteurs de son département. Il sponsorisait, à la belle époque des cigarettes Excellence, les élections de Miss et les coladéras de Chez Iba. Pour vous donner une idée du profil et de la grande idée qu’il se fait de la Culture… Face à l’ancien boucher de Tilène que je suis, je peux vous garantir au moins une chose : ça risque de saigner !
PAR Babacar Ngom
À CE PAYS QUI M'A TOUT DONNÉ
Sur le fond, je ne connais pas les termes du contrat liant Akilee à la Senelec et sur la forme nous n’avions pas consulté tous les membres du CIS avant la motion de soutien. Je voudrais sincèrement présenter mes excuses à tous ceux que cela a dérangé
Le vendredi est pour les jours de la semaine ce qu’est le Ramadan parmi les autres mois de l’année, ai-je appris d’un Saint Homme.
Ce vendredi 22 mai 2020 est le dernier de ce mois béni qui, dans quelques jours, in chaa Allah, nous offrira l’heureuse opportunité d’unir nos cœurs dans la paix de la Korité.
Le mois béni du Ramadan, et spécialement le jour de l’Aïd, est toujours une occasion de nous tourner vers Allah (SWT), Lumière des Cieux et de la Terre, pour implorer Sa Miséricorde et clamer Ses Bienfaits. Il est le Maître de l’Univers et du Temps.
Aussi, réfugié auprès de Lui, je saisis l’occasion pour demander pardon aux membres de ma famille, à mes amis, à mes collaborateurs, à mes interlocuteurs de chaque jour, à mes compagnons de route dans la vie sociale et dans les affaires et à tous mes compatriotes.
La main sur le cœur, je vous dis à toutes et tous « Bal lenn ma akh » !
Le Club des Investisseur Sénégalais a défrayé la chronique ces derniers jours. Permettez-moi quelques mots sur ce sujet.
Pour rappel, le CIS est né du besoin de fédérer un large pan de forces vives de l’entreprenariat sénégalais afin d’impulser une dynamique capable de définir et de porter les idéaux d’une nouvelle approche du patriotisme économique. Son objectif est d’apporter sa contribution au combat national pour l’émergence d’un Sénégal nouveau. Ce besoin et cette démarche sont inscrits dans la légitime aspiration de faire du secteur privé national le socle et le fer de lance de notre politique de développement.
Et voici qu’au moment où il ambitionne de déployer ses ailes dans le ciel des affaires du pays, le CIS est pris dans une tempête.
La cause : une motion de soutien à une jeune entreprise sénégalaise dont les principaux acteurs sont membres du CIS.
Erreur sur le fond comme sur la forme. Sur le fond, je ne connais pas les termes du contrat liant AKILEE à la SENELEC et sur la forme nous n’avions pas consulté tous les membres.
Je voudrais, humblement, sincèrement reconnaitre, ici et maintenant, mon erreur et présenter mes excuses à tous ceux que cela a dérangé, déplu ou agacé. Mea culpa, maxima culpa ! L’erreur est humaine, je reconnais la mienne et saisis l’occasion de ce mois de pardon pour présenter mes excuses et solliciter le pardon de tous.
Ai-je besoin d’expliquer ce qui m’a motivé dans ce soutien ? J’ai juste voulu apporter un appui à des jeunes compatriotes qui sont des cadres dont la compétence est reconnue par tous ceux qui les connaissent et qui ont eu l’occasion de les pratiquer.
Parler de soi n’est pas chose aisée. Ce n’est pas un exercice où j’excelle mais la circonstance et le contexte m’y obligent. Ces jeunes me rappellent à la fois le pari audacieux et le parcours difficile qui ont été les miens : Porter toujours plus haut et plus loin le projet d une vie, dans la douleur, l’abnégation, la foi en des lendemains meilleurs pour notre pays et enfin la conviction inaltérable que l’avenir, avec l’aide de Dieu, est entre nos mains.
Comme tant d’autres membres éminents du CIS ou non, j ai crée des emplois, produit de la valeur ajoutée, développé des filières ouvertes à de nombreux compatriotes, à des familles entières.
Au soir de ma carrière professionnelle et au moment de passer le flambeau à une nouvelle génération, c’est une solide éthique comportementale fondée sur la droiture et le sens permanent de l’effort que j’espère - de tout mon cœur- leur laisser en viatique dans un monde ou les repères ont beaucoup changé et changent nombre d’entre nous.
Je demeure convaincu que tant d’amis, frères et sœurs Sénégalais partagent cette conviction et cette espérance.
Quand sonnera l’heure de la retraite (très prochainement s’il plaît à Dieu), je partirai, plus que jamais, profondément convaincu que c’est un secteur privé, porté et incarné, par d’authentiques patriotes, un secteur privé fort, dynamique et uni, qui sera un des artisans majeurs de l’émergence de ce pays que j’aime tant et qui m’a tout donné.
Encore une fois, en ce mois béni du Ramadan, je demande pardon à tous et pardonne aussi à tous.
par Bosse Ndoye
LA FRANCE RESTE FIDÈLE À SA STRATÉGIE DU LÂCHER POUR MIEUX TENIR
La stratégie a merveilleusement fonctionné avec le tour de passe-passe de changement du CFA en ECO. L’ancienne métropole est restée cohérente avec elle-même depuis le début de sa longue odyssée coloniale
Dans les rapports de domination qu’elle a entretenus et qu’elle continue d’entretenir avec la majorité de ses anciennes colonies d’Afrique en général, et d’Afrique subsaharienne en particulier, la France a souvent adopté la stratégie dite du lâcher pour mieux tenir. Celle-ci consiste à faire semblant de faire certaines réformes et/ou « concessions» afin de préserver les avantages et privilèges qu’elle tire des relations (néo)coloniales avec les pays de son pré carré africain. C’est aussi une façon de calmer les ardeurs de ceux qui réclament la souveraineté totale de leurs pays en exigeant une révision complète des rapports souvent léonins les liant à l’ancienne puissance coloniale. L’histoire recèle d’exemples pouvant étayer ces propos.
Humiliée, traumatisée et épuisée par la guerre d’Indochine à laquelle mirent fin les Accords de Genève de juillet 1954 - l’année où commença à couver le feu algérien -, l’ancienne métropole, tout en espérant garder son ex-colonie de peuplement devenue département français au fil des années, préféra se séparer, à son corps défendant, du Maroc et de la Tunisie en leur accordant l’indépendance respectivement le 2 mars et le 20 mars 1956. Ainsi choisit-elle de lâcher ces deux pays pour s’accrocher à celui qui était sans doute le plus important à ses yeux afin d’éviter l’embrasement général de la région. D’autant que celui-ci pouvait entraîner la perte totale du Maghreb francophone, et avec lui ses nombreuses ressources naturelles et son bel emplacement stratégique.
Craignant que la lutte armée en Algérie ne fît des émules dans ses colonies de l’Afrique noire par effet de contagion, la France y desserra un peu l’étau de la domination avec l’adoption de la Loi-cadre Defferre en 1956. Celle-ci élargit les pouvoir locaux avec la création de Conseils de gouvernement élus suffrage universel. Mieux valait lâcher un peu de lest en octroyant quelques libertés pour toujours tenir les colonies que de faire face à de multiples soulèvements populaires déstabilisateurs pouvant être engendrés par les désirs d’autonomie qui devenaient de plus en plus grands après la seconde guerre mondiale et aussi avec l’accession à l’indépendance d’autres pays africains.
Le Général de Gaulle abonda dans le sens des réformes que la Loi-Cadre Deferre avec la Communauté franco-africaine. Bien que plus d’autonomie fût accordée aux colonies, les véritables manettes du pouvoir restaient entre les mains de la France, qui fit de son mieux pour préserver son empire, tout en évitant d’aborder la question d’indépendance et menaçait même ceux qui seraient tentés de la réclamer. La Guinée en fit les frais par son Non en 1958, même si le choix lui en avait été donné. Au final, l’Union française de 1946, la Loi-cadre de 1956 et la Communauté franco-africaine de 1958 n’ont été que des formes différentes de la mise en application de la stratégie du lâcher pour mieux tenir permettant à la France de s’adapter aux réalités sociales, économiques et politiques des temps changeants afin de préserver son empire colonial.
Lorsque les indépendances devinrent inévitables au début des années 60, la France consentit à les accorder à la plupart des territoires sous sa domination, non sans les avoir corsetées par différents accords politiques, économiques et de défense… qui jetèrent les bases des relations néocoloniales entre elle et ses futures ex-colonies. Ces mots de Michel Debré, tirés de sa lettre adressée à Léon Mba, futur président du Gabon, constituent une preuve irréfutable de la stratégie de Paris du lâcher pour mieux tenir : « On donne l'indépendance à condition que l'État s'engage une fois indépendant à respecter les accords de coopération signés antérieurement : il y a deux systèmes qui entrent en vigueur en même temps : l’indépendance et les accords de coopération.. L’un ne va pas sans l’autre[1].» Cela était valable pour presque toutes les colonies qui allaient accéder à l’indépendance. Ce qui a fait dire, à juste titre, à François-Xavier Verschave que : « Les pays francophones au sud du Sahara ont été, à leur indépendance, emmaillotés dans un ensemble d’accords de coopération politique, militaire et financières qui les ont placés sous tutelles[2].»
Dans l’Archipel des Comores – Anjouan, Grande Comores, Mohéli, Mayotte –, alors que le référendum d’autodétermination du 22 décembre 1974 a vu massivement triompher le oui en faveur de l’indépendance (94,5%), l’État français décida unilatéralement de prendre en compte les résultats île par île et non pour l’ensemble de l’Archipel. Cette décision était en porte-à-faux avec la position de l’ONU et était surtout en contradiction avec la loi française du 23 novembre 1974, qui énonce dans son article 5 : « que si le classement des résultats se fera île par île, la proclamation en sera globale[3].» C’est ainsi que l’île de Mayotte, où le non l’avait emporté à 63.22%, est restée dans l’escarcelle française à la suite d’une « élection à la Naegelen» qui y avait été organisée plus tard et qui avait conforté la volonté française. C’est dire que la France n’accepte presque jamais de perdre totalement les avantages qu’elle tire de la plupart de ses anciennes colonies africaines. Elle peut consentir à lâcher du lest, mais jamais à lâcher prise.
Cette stratégie multi-décennale, sinon séculaire, du lâcher pour mieux tenir - qui pourrait être l’autre nom du refus viscéral de Paris de décoloniser -, est en droite ligne avec l’adoption par la France du projet de loi entérinant la fin du franc CFA ce 20 mai 2020… Car avec l’ECO, bien que l’appellation CFA change, les comptes d’opérations et les représentants français dans les trois différents Conseils d’administration des 3 Banques Centrales vont disparaître, la France reste grandement présente dans cette monnaie et garde de nombreux avantages puisque c’est elle qui la garantit et qu’ il y aura entre autres toujours le principe de la convertibilité illimitée – qui fait mal aux pays membres de la zone franc -, et celui de la parité fixe avec l’Euro, sans oublier le fait qu’elle « se réserve le droit de revenir dans une instance de décision, en l’occurrence le conseil de politique monétaire[4]». Il importe aussi de mentionner que l’ancienne puissance coloniale a « courcircuité» la CEDEAO en compromettant son vieux projet de monnaie commune et surtout qu’elle refuse de voir le Nigéria menacer son emprise sur ses ex-colonies d’Afrique de l’ouest en devenant leur leader dans une organisation monétaire sous-régionale. La stratégie du lâcher pour mieux tenir a merveilleusement fonctionné avec le tour de passe-passe de changement du CFA en ECO.
La France est prête à tout mettre en œuvre pour défendre ses intérêts sur le continent. Elle doit par conséquent trouver sur sa route une réponse à la hauteur de ses ambitions. Mais celle-ci ne pourra lui être apportée que par un ensemble fort et d’après une stratégie bien définie et bien réfléchie. L’ancienne métropole est restée cohérente avec elle-même depuis le début de sa longue odyssée coloniale. Maintenant, c’est à nous de l’être avec nous-mêmes et avec nos revendications.
[1] Michel Debré, lettre adressée à Léon Mba, datée du 15 juillet 1960… cité par Said Bouamama, Planter du blanc, Chronique du (néo)colonialisme français, p.14
[2] François-Xavier Verschave, La Françafrique : le plus grand scandale de la République, p.86
[3][3] André Oraison, Quelques réflexions critiques sur la conception française du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à la lumière du différent franco-comorien sur l’île de Mayotte, Cité par Said Bouamama, Ibid p.113