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1 mai 2025
Economie
par Madiambal Diagne
MACKY A PRIS LES RISQUES DU CHEF
L'ignorance et l’irresponsabilité de nombreuses élites constituent un handicap pour le développement du pays. L’attitude des populations durant cet épisode doit convaincre de faire de l’éducation une nécessité impérieuse
On ignore les circonstances ou les paramètres sur lesquels le Président Macky Sall a fondé ses décisions, annoncées le 11 mai 2020, allégeant le dispositif de prévention contre le Covid-19. L’exercice a pu être très délicat, au moment où la propagation de la pandémie s’est accélérée (le 11 mai 2020, le record journalier de 177 nouveaux tests positifs au Covid-19 a été révélé). Mais pour diverses raisons, on peut trouver l’allégement du dispositif approprié dans le contexte.
1. La létalité du Covid-19 est assez marginale au Sénégal
On peut observer que pour la période du 2 mars 2020 (date de recensement du premier cas de malade du Covid-19) au 11 mai 2020 (soit 71 jours), le Sénégal a enregistré un nombre de 19 personnes malheureusement décédées de la pandémie. Trois nouveaux décès se sont ajoutés à ce bilan deux jours après. Cela équivaudrait à un ratio de moins de 2 morts par semaine. L’extrapolation donnerait un nombre de morts sur l’année de l’ordre de 100 cas. Le scénario le plus pessimiste, la situation la plus catastrophique, si on en juge par les méthodes de projection utilisées par les experts sur les statistiques du Covid-19 à travers le monde, serait la multiplication des cas par 3. Cette situation catastrophe nous amènerait à un nombre total de 300 morts sur l’année. On conviendrait que c’est beaucoup car toute mort de personne constitue une catastrophe, un drame pour les familles, les proches et la société de façon générale. En effet, «rien ne vaut une vie», mais on ne perdra pas de vue qu’il y aura fatalement des morts de personnes tous les jours que Dieu fait. Il reste que les statistiques montrent que le taux de mortalité au Sénégal est de 7,9 pour 1000, soit quelque 118 mille morts par an, sur une population moyenne de 15 millions d’habitants. Chaque année on recense plus de 13 mille cas de tuberculose avec plus de 300 décès. Quelque 750 mille personnes souffrent annuellement du paludisme avec des centaines de morts. C’est dire que le Covid-19 tue beaucoup moins que les autres causes de décès. 3000 enfants meurent chaque année de pneumonie. On remarquera pour l’anecdote, que le taux d’homicides au Sénégal est de 3 morts pour 100 mille habitants, soit une moyenne annuelle de 450 morts par homicide. Ce bilan macabre dépasse largement les projections les plus sombres pour le Covid-19. On retiendra également que les accidents de la route provoquent plus de 600 morts par an au Sénégal. Pour autant, le Sénégal n’a pas empêché la circulation des véhicules et autres engins sur les routes, encore moins décrété un couvre-feu permanent pour empêcher d’éventuels homicides ou fermé les marchés et les lieux de culte pour barrer la route à la propagation de la tuberculose.
2. L’Etat a commis l’erreur de prendre des mesures dont il ne peut assurer l’observance
On peut comprendre qu’à l’arrivée de la pandémie au Sénégal, le gouvernement ne pouvait pas ne pas s’inscrire dans le sillage des autres pays infectés et a alors préconisé des mesures de restriction des déplacements des populations et de leurs activités sociales. La maladie étant toute nouvelle et la vitesse de sa propagation, stupéfiante. Aussi, le grand nombre de décès, provoqués dans les premiers pays touchés, a pris tout le monde de court, qu’aucun protocole de riposte n’est encore jugé suffisamment efficace. Il n’y avait pas de leçon apprise, il fallait faire comme tout le monde et adapter la situation, au fur et à mesure. La peur était légitime et la psychose s’est installée car, même s’il était annoncé que ce serait une seule personne qui devrait mourir du Covid-19, chacun voudrait éviter d’être cette victime ou de voir son proche succomber. Le gouvernement n’aurait-il pas pris de telles mesures qu’il ne serait pas excusable. Seulement, était-il très vite apparu que les populations violaient allègrement le dispositif du couvre-feu ou de l’interdiction de rassemblement dans des lieux de culte, sans pour autant que les forces de sécurité, préposées à la mission de veiller à son application, n’arrivassent à empêcher cela. Il demeure qu’a posteriori, on peut considérer que les autorités de l’Etat avaient fait une mauvaise évaluation de la situation (c’est le sort ingrat de tout gouvernement), pour prendre des mesures de police dont elles ne pouvaient pas garantir ou assurer le respect. On a observé des situations qui pourraient engendrer des drames et de graves périls. Des populations ont bravé les Forces de l’ordre pour ouvrir certains lieux de culte. Fallait-il faire usage de la force armée pour faire appliquer la mesure ? Sans doute pas, car le remède aurait été pire que le mal. L’Etat n’avait aucun intérêt à déclencher une escalade qui pouvait être violente meurtrière même, quand on sait la détermination des groupes de populations à en découdre avec les éléments de police et de gendarmerie. Il y avait donc une grave menace à la paix et la sécurité publiques, avec des risques de confrontation et des actions manifestes de provocation. Encore une fois, l’Etat aura fait montre de sagesse en évitant de tomber dans une escalade. Il était illusoire de chercher à maintenir des mesures qui ouvriraient la porte à toutes les formes de défiance. On peut se rappeler qu’en 1999, les Forces de l’ordre s’étaient gardées de charger des hordes de «Baye Fall» qui assiégeaient la prison de Rebeuss, exigeant la libération de leurs condisciples emprisonnés pour avoir incendié la mosquée Ibadou de Niary Tally à Dakar. Le régime du Président Abdou Diouf avait convaincu le juge de prendre une ordonnance de main-levée pour élargir de prison les personnes mises en cause pour éviter que la situation ne dégénérât. La même attitude de retenue des Forces de l’ordre a été observée en France les mois derniers, quand des occupants de l’aire du projet de nouvel aéroport de Notre Dame des Landes de Nantes ou quand des manifestants «gilets jaunes» cherchaient à en découdre violemment avec l’autorité de l’Etat. Aux Etats-Unis, le Président John F. Kennedy avait ordonné, le 11 juin 1963, le retrait des troupes pour ne pas charger le Gouverneur George Wallace et ses affidés qui bloquaient l’entrée de l’université d’Alabama à des étudiants noirs. On ne manquera pas de regretter qu’avec l’épisode des fortes résistances enregistrées contre les mesures édictées par le gouvernement pour barrer la route au Covid-19, l’autorité de l’Etat en a encore pris un sacré coup, mais notre gouvernement devra apprendre qu’un Etat ne doit pas prendre des mesures qu’il ne peut pas faire observer. L’Etat devait bien savoir à quoi s’attendre car, des actes de rébellion provenant des mêmes milieux religieux ont été constatés plus d’une fois. C’est une désinvolture coupable de s’imaginer que les mêmes causes ne produiraient pas les mêmes effets et qu’il fallait mieux se préparer à faire accepter ou faire passer les mesures.
3. L’économie ne pourrait vivre en autarcie
Tous les pays ont pu mesurer que la pandémie du Covid-19 a déjà engendré une situation de régression économique jamais connue. En conséquence, on cherche partout à arrêter l’hémorragie. Après plus de trois mois de blocage des activités économiques, les pays cherchent à rouvrir leurs économies, à les faire redémarrer. Les mesures de limitation de la circulation des personnes et des biens ont freiné les activités économiques, le Sénégal ne pouvait donc continuer de fermer son économie, qu’on sait assez faible et fragile. Des pays voisins comme le Ghana, le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou le Bénin, tout aussi touchés (ou parfois plus touchés) par la pandémie, ont desserré les vis pour permettre aux populations de reprendre le travail. Comment dans un tel contexte, le Sénégal pourrait-il aller à contre-courant et s’obstiner à chercher à renforcer davantage les mesures ? On a entendu des voix continuer de préconiser le confinement total des populations !
4. Impératif d’éducation
Tout le monde peut convenir que les difficultés constatées au Sénégal dans la mise en œuvre des mesures prophylactiques et d’hygiène contre le Covid-19 sont dues à l’obscurantisme. La situation d’ignorance des populations et l’irresponsabilité de nombreuses élites religieuses et sociales constituent un véritable handicap pour le développement économique et social du pays. Il faudrait investir et investir encore dans l’éducation, la seule panacée pour libérer les esprits. L’attitude des populations durant cet épisode doit convaincre davantage de faire de l’éducation une nécessité impérieuse. Il semble donc utile de rouvrir les écoles et permettre aux enfants de retourner en classe pour ne pas continuer de grossir les bataillons d’ignares. Il n’en demeure pas moins que l’allégement du dispositif de riposte ne devrait procéder d’un laisser-aller mais constituerait une volonté de permettre aux citoyens de pouvoir vaquer à leurs occupations essentielles, tout en gardant, encore une fois, des mesures de précaution individuelle. Le travail de discussion, de sensibilisation et de persuasion ne devrait pas être relâché. On jugera à l’heure du bilan si le chef de l’Etat s’était fourvoyé ou pas, quand il a décidé d’alléger son dispositif contre le Covid19. Mais il aura fait montre d’un certain courage. «Il est toujours facile de dire ou d’exiger quelque chose lorsque les gens autour de soi sont d’accord avec ce que l’on affirme. C’est à la portée de tous. C’est tout à fait autre chose lorsque ce que l’on déclare soulève l’hostilité dans son propre entourage.»
par Ibrahima Cheikh Diong
PARTAGEONS DANS LA DIGNITÉ
Alors que certains d’entre nous ont encore la chance de pouvoir s’approvisionner dans des chers supermarchés du coin, des gens autour de nous (sans-abri, petits commerçants, handicapés, mendiants, etc.) qui sont dans le besoin
Le coronavirus est là, espérons qu’il disparaîtra un jour, pour ne plus jamais revenir afin que nous reprenions nos vies et nos activités. Mais, quelques belles histoires humaines et inspirantes qui en sortiront laisseront des souvenirs gravés en nous, pour toujours.
Voici la mienne en 10 points, l’histoire et les leçons de politiques publiques:
1. J’ai observé…
Alors que je faisais ma marche quotidienne dans les rues de mon quartier à Dakar (Les Almadies) pour préserver ma santé mentale et physique malgré le confinement partiel et le couvre-feu national au Sénégal, j’ai remarqué 4 dames, courageuses et dignes, qui vendaient, sans masques ou autres protections, toutes sortes de petites marchandises (noix, fruits, etc.). Malheureusement, il n’y avait presque aucun client autour d’elles à cause du virus.
Pourtant, je suis convaincu que les recettes de ces petits commerces serviraient certainement à nourrir leurs petites familles, en particulier leurs enfants qui les aident d’ailleurs dans ce petit commerce plutôt que d’étudier ou de jouer comme les autres enfants du quartier privilégié des Almadies.
2. J’ai constaté…
Ces dames semblent toutes avoir une chose en commun: beaucoup de marchandises invendues tout au long de la semaine à cause d’absence de clients dûe au coronavirus.
Cependant, ces femmes et leurs enfants semblaient tous garder une grande dignité et un gros sourire sur leurs visages chaque fois que je leur disais bonjour. Ce respect de leur dignité m’a d’ailleurs amené à ne pas montrer leurs visages dans ces photos de leurs marchandises
3. J’ai agi …
Après une semaine de marche tout en observant tous les jours cette vue insupportable (qui m’a rappelé les petites commerçantes de ma jeunesse dans ma ville natale de Thiès), j’ai décidé de les contacter pour savoir ce que je pouvais faire modestement pour faire preuve de compassion et de soutien, sans aucune démonstration de pitié de ma part envers elles, car après tout, elles gagnaient leurs vies à leurs manières et honnêtement .
J’ai demandé à chacune d’elles comment elles géraient l’impact visiblement négatif du coronavirus sur leurs petits commerces et que faisaient-elles pour trouver des acquéreurs pour leurs marchandises ou gérer leurs invendus. Elles m’ont affirmé qu’elles vendaient peu et que leurs stocks invendus coûteraient environ 10 000 Fcfa (équivalent à 15 USD) par stand! Au total, 40 000 Fcfa (75USD) pour les 4 dames.
Alors, je leur ai proposé d’acheter (le mot clé ici est acheter, pour respecter leur dignité, au lieu de leur faire un don) tous leurs invendus du jour. Les produits achetés ont ensuite été distribués aux gardiens des maisons aux alentours qui suivaient avec surprise nos échanges (bien sûr, j’avais mon désinfectant pour m’assurer que toutes les personnes, surtout ces bonnes femmes, qui étaient impliquées dans la transaction, étaient protègées, coronavirus oblige !
4. J’ai impacté modestement…
Je sais que mon geste symbolique (que j’aurais pu simplement garder pour moi mais l’histoire m’a tellement inspiré pour ne pas la partager) ne résoudra certainement pas toutes leurs difficultés du moment, mais pourrait leur apporter un petit soulagement à ces moments difficiles pour tous, même si certains d’entre nous s’en sortent mieux financièrement.
5. J’ai beaucoup appris…
Voici la meilleure partie de cette histoire. Alors que je continuais ma marche pour rentrer chez moi, je ne savais pas que 5000 Fcfa (8USD) était tombé de ma poche par accident et l’une des 4 femmes qui l’avait vu, a ramassé le billet et a couru vers moi pour me rendre mon argent. Je ne pouvais imaginer un meilleur geste d’honnêteté et de dignité car, malgré leurs difficultés financières apparentes, cette dame a choisi de garder sa fierté, son honnêteté et sa dignité en me rendant mon argent. Quel geste hautement humain et plein de bonnes leçons de valeurs pour nos enfants et pour l’humanité !
6. Morale de l’histoire…
Alors que certains d’entre nous ont encore la chance de pouvoir s’approvisionner dans des chers supermarchés du coin, il y a des gens autour de nous (sans-abri, petits commerçants, handicapés, mendiants, etc.) qui sont dans le besoin. Puisez dans votre cœur pour les aassister, si vous le pouvez, mais d’une manière digne, sans que cela soit une question de gloire pour vous !
7. Les héroïnes …
Encore une fois, rappelez-vous que les vraies héroïnes de cette belle et inspirante histoire sont ces 4 dames (et surtout pas moi) qui continuent de vendre leurs produits et se battent quotidiennement pour leurs familles malgré les risques de coronavirus.
8. Partageons…
Ces moments difficiles, qui seront certainement derrière nous un jour, nous interpellent tous humainement. Il est grand temps de réveiller en nous nos grandes et belles valeurs humaines, dormantes pour certains, et partager avec les moins nantis que nous.
9. Un Etat doit être présent en cas de catastrophe…
Au moment où les pays développés distribuent des chèques a tort et à travers a leurs citoyens en difficulté et/ou en chômage c’est le moment pour nos états en Afrique de revoir nos politiques sociales et de solidarité parce qu’un état doit être présent en cas de pandémie et/ou autres catastrophes. Gouverner c’est anticiper !
10. Soutenons le secteur informel en Afrique…
Nous souhaitons certes que nos économies post-covid 19 se reconstruisent pour retrouver ou dépasser les niveaux de croissance d’avant. Dans ces efforts de nos gouvernements, n’oublions pas de soutenir le secteur informel en Afrique en leur aidant dans la formalisation de leur business et, en leur facilitant l’accès au financement et au marché. Faut-il, enfin, encore le rappeler, 80% des emplois en Afrique proviennent du secteur privé (informel et formel).
Profitez de cette modeste nourriture de l’esprit et protégez vous !
MACKY SALL DEMANDE AUX MINISTRES DE RESTER VIGILANTS
Le chef de l'Etat insiste sur l’impératif d’anticiper la reprise durable et la relance dynamique des activités économiques dans le contexte de la pandémie du coronavirus - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Conseil des ministres du 13 mai 2020.
"Le Conseil des ministres s’est tenu le mercredi 13 mai 2020 au Palais de la République, sous la présidence du Chef de l’Etat, son Excellence, Monsieur Macky SALL.
Le Chef de l’Etat a, à l’entame de sa communication, informé le Conseil des nouvelles mesures d’adaptation prises pour asseoir l’efficacité de la stratégie nationale de lutte contre la pandémie du COVID-19. Il a, à cet effet, demandé aux membres du Gouvernement de veiller à l’application effective des décisions, annoncées lors de son Message à la Nation du 11 mai 2020.
Le Président de la république a, au titre de la confiance des acteurs et de la relance durable des activités économiques post crise COVID-19, insisté sur l’impératif d’assurer la vigilance absolue dans la gestion de la pandémie, mais également d’anticiper la reprise durable et la relance dynamique des activités économiques.
Le Chef de l’Etat a, en outre, indiqué aux membres du Gouvernement que la poursuite de l’exécution des projets d’investissements publics, la protection des travailleurs, le maintien des activités et le développement de nos entreprises, constituent des catalyseurs pour la relance économique.
Le Président de la République a, à cet égard, demandé aux ministres d’intensifier l’accompagnement de l’Etat aux entreprises et ménages.
Le Chef de l’Etat a, à cet effet, demandé au Ministre des Finances et du Budget de mettre à contribution toutes les lignes de financement disponibles au niveau des structures publiques de promotion et de développement du secteur privé.
Le Président de la République a exhorté les membres du Gouvernement à préparer la relance globale de l’économie par une transformation locale de nos productions agricoles et leur consommation nationale.
Le Chef de l’Etat a, à cet égard, demandé au Ministre de l’Industrie d’actualiser, en relation avec le Ministre du Plan, la stratégie nationale de développement industriel, à la lumière des enseignements de la crise.
Le Président de la République, revenant sur la relance de la production et la permanence du dispositif de suivi du chômage technique dans les entreprises a souligné que la crise du COVID-19 ne doit pas avoir un impact sur la productivité des entreprises et les emplois. Il a, ainsi rappelé au Ministre du Travail la nécessité de veiller au respect des droits des travailleurs.
Le Chef de l’Etat a, enfin instruit le Ministre des Finances et du Budget et le Ministre en charge de la Coopération de diligenter, en relation avec le Délégué général du pôle urbain de Diameniadio, les dossiers techniques et financiers, relatifs à l’accélération des travaux d’aménagement programmés.
Au titre des Communications :
- Le Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République a fait une communication sur la revue du projet TER et sur la modélisation de la COVID-19 au Sénégal.
- Le Ministre des Finances et du Budget a fait une communication sur la mobilisation des ressources du FORCE COVID-19 et l’exécution des dépenses.
- Le Ministre des Affaires étrangères a fait le point sur la situation et l’assistance apportée à nos compatriotes de la Diaspora.
- Le Ministre de la Solidarité nationale a fait une communication sur la situation de la distribution de l’aide alimentaire d’urgence.
- Le Ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération a fait le point sur la ligne de financement de 200 milliards mise à la disposition des entreprises, à travers les banques, ainsi que le financement des projets prioritaires.
- Le Ministre de la Santé et de l’Action sociale a fait le point sur l’évolution de la pandémie.
- Le Ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural a fait une communication sur la préparation de la campagne agricole 2020-2021
- Le Ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement du Territoire a fait une communication portant sur les résultats issus de l’évaluation des performances des communes bénéficiaires du PACASEN en 2020.
- Le Ministre en charge du Suivi du Plan Sénégal émergent (PSE) a fait le point sur les avancées et la mise en œuvre des projets prioritaires.
Au titre des textes législatifs et réglementaires, le Conseil a examiné et adopté :
- Le projet de décret relatif à la formation professionnelle ;
- Le projet de décret relatif à la certification professionnelle.
Au titre des mesures individuelles, le Président de la République a pris les décisions suivantes :
- Monsieur Mamadou Badji, Professeur titulaire des Universités, matricule de solde n° 100402/E est nommé Recteur, de l’Université Assane Seck de Ziguinchor au Ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation, en remplacement de Monsieur Courfia Kéba DIAWARA, appelé à d’autres fonctions.
- Monsieur Tenguella BA, Inspecteur de l’Enseignement élémentaire, matricule de Solde n°518550/L, est nommé Directeur de l’Education préscolaire au ministère de l’Education nationale, en remplacement de Monsieur Ousmane DIOUF.
- Monsieur Serigne Sabou BADIANE, Inspecteur de l’Enseignement élémentaire, matricule de solde n°515786/D, est nommé Directeur des Ressources humaines au ministère de l’Education nationale, en remplacement de Monsieur Ibou NDIATHE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite."
LA NSTS ADAPTE SA LIGNE DE PRODUCTION AU CONTEXTE DU CORONAVIRUS
Bénéficiaire d’une commande publique portant sur 200 000 masques, la Nouvelle Société Textile Sénégalaise (Nsts) a réussi à adapter sa ligne de production au contexte du coronavirus.
La pandémie du coronavirus a accéléré le processus de redémarrage des activités de la Nouvelle Société Textile Sénégalaise (Nsts). En effet, grâce à la commande publique de 200 000 masques, la compagnie Maroco-Sénégalaise de textile fonctionne à plein régime avec 80 postes de confection. Ainsi, la Nsts a réussi à adapter sa ligne de production au contexte du coronavirus.
Bénéficiaire d’une commande publique portant sur 200 000 masques, la Nouvelle Société Textile Sénégalaise (Nsts) a réussi à adapter sa ligne de production au contexte du coronavirus. En effet, 80 postes de confection sont opérationnels à la compagnie Maroco-Sénégalaise de textile. Moustapha Diop, ministre du Développement Industrielle et des Petites et Moyennes Entreprises a visité hier le dispositif. Selon lui, une part importante de la commande de masques à mettre à la disposition des populations a été attribuée à laNsts. Il s’agit en vérité d’une première commande de 200 000 masques, avec la possibilité d’aller jusqu’à un à deux millions d’autant plus que le programme national porte sur 10 millions de masques.
Selon lui, c’est heureux de constater que les machines tournent et produisent des masques aux normes.Il confesse ensuite : « En tant que ministre de l’Industrie, je ne peux qu’appuyer cette initiative salvatrice du Directeur Général Ibrahima Macodou Fall et pourquoi pas accélérer la cadence du soutien jusqu’à une reprise effective et totale des activités de la Nsts. Il s’agit donc de faire en sorte qu’à la fin de la pandémie, l’usine puisse continuer à fonctionner, d’autant plus qu’elle est une grande pourvoyeuse d’emplois pour la jeunesse notamment.
Le Président Macky Sall a bien voulu me confier la production de masques grand public inscrite dans le programme de résilience économique et social mis en place pour endiguer les effets de la maladie du Covid-19 ». Pour Ibrahima Macodou Fall, Directeur Général de la Nsts, c’est la deuxième fois que le Ministre Moustapha Diop visite l’entreprise, d’où l’attention qu’il lui porte. La première visite, dit-il, c’était pour faire l’état des lieux en vue du démarrage de l’usine, et celle d’aujourd’hui s’inscrit dans le cadre du démarrage de l’activité de confection de la Compagnie Maroco-sénégalaise de Textile. Il renseigne que le COVID-19 a été une opportunité pour relancer l’activité de la confection. C’est dans ce cadre que les investissements nécessaires ont été faits pour installer les machines de confection. Il s’agit de 80 postes de confection, mais aussi la coupe, le contrôle, l’emballage et le dispositif est animé par une centaine de jeunes Thiessois qui ont été recrutés et formés.
La capacité installée est de 15 à 20 000 masques par jour et avec deux équipes, la production atteindra les 40 000 masques/jour. Il ajoute que le Ministre Moustapha Diop a déjà eu à mener beaucoup d’actions pour permettre à la NSTS de redémarrer. C’est ainsi qu’il a pris le dossier en main et des démarches sont entreprises pour permettre à la filature et au tissage de reprendre. Il poursuit : « Notre ambition, ce n’est pas seulement de démarrer la production de masques, mais de fabriquer le fil, le tissu, à partir du coton de la SODEFITEX, donc du coton du Sénégal et derrière, faire les masques. Aujourd’hui, force est malheureusement de constater que dans un délai très court, le Sénégal risque d’être en rupture de tissus pour fabriquer les masques, tout le tissu utilisé étant importé. Notre ambition, c’est d’assurer une intégration de nos activités.
Une telle démarche rejoint la politique d’industrialisation lancée au Sénégal par son Excellence le Président Macky Sall et mise en œuvre par le Ministre Moustapha Diop et qui permettra la réussite du Plan Sénégal Emergent (PSE). Pour Talla Sylla, maire de la Ville, Thiès a deux piliers, en l’occurrence la Nsts et le chemin de fer. Si des actes sont posés et allant dans le sens de relancer les rails ou la Nsts, c’est forcément un élément de satisfaction pour les Thiessois.
Avec cette confection massive de masques dans les ateliers de la Nsts, Thiès est en train de jouer sa partition dans le cadre de ce combat et notre ambition, c’est d’être en tête, pour faire tomber le Covid-19
VIDEO
GORÉE À L'HEURE DU COVID-19
La cité touristique affectée par les mesures d'état d'urgence, concentre toute son énergie et sa force vive à la lutte contre la pandémie - Excursion sur l'île à travers les caméras de Gorée Cinéma
Alors que l'ensemble des énergies se solidarisent pour affronter la pandémie du Covid19, l'île de Gorée, ses habitants et sa mémoire s'y emploient selon leur rythme et avec rigueur.
Diffusée sur aujourd'hui sur SenePlus et préparée par l'équipe de Gorée Cinéma de Joe Gaye Ramaka, cette vidéo témoigne des temps vécus et des efforts fournis sur l'île, parfois dans le silence d'une ruelle, pour contribuer à la bataille sanitaire contre le coronavirus.
PAR Paul K. Fokam
LA CRISE DU CORONAVIRUS DOIT POUSSER L'AFRIQUE À PRENDRE SON INDÉPENDANCE
Pour l’instant, je suis étonné par l’attitude de certains princes africains qui, au lieu de réunir les intelligences du continent pour trouver des solutions locales, agissent comme des suppliants… assis sur une mine d’or
Jeune Afrique |
Paul K. Fokam |
Publication 13/05/2020
La crise du coronavirus est une épreuve mondiale historique. Je n’ai pas souvenir d’une épreuve qui ait touché presque tous les continents dans un temps aussi court et déstabilisé à un tel point la science et l’économie.
La pandémie n’a pas dit son dernier mot, mais, déjà, nous sommes appelés à tirer les premières leçons qui en découlent. La crise a ceci de positif qu’elle rappelle à l’humanité une vérité simple que nous bafouons : l’égalité entre les hommes, quelle que soit la couleur de leur peau, et entre les nations, puissantes et faibles.
Cela suffit aujourd’hui à nous pousser à trouver des solutions fraternelles, à accentuer la solidarité mondiale et à réduire les conflits politiques, économiques et sociaux à leur plus simple expression. Il est souhaitable que les solutions apportées par toutes les nations s’inscrivent dans la préservation du présent et la protection du futur.
Retrouver notre dignité
Pour l’instant, je suis étonné par l’attitude de certains princes africains qui, au lieu de réunir les intelligences du continent pour trouver des solutions locales, agissent comme des suppliants… assis sur une mine d’or.
C’est ainsi qu’on a vu des appels au moratoire temporaire de la dette, aux aides budgétaires, aux aides alimentaires… Ces solutions permettront peut-être de joindre les deux bouts pour quelques jours, voire quelques mois, et sauver des vies menacées. Mais il ne faut pas oublier que les épidémies sont un phénomène cyclique. Ce qui impose des solutions à court, moyen et long termes.
L’Afrique doit dès aujourd’hui mettre sur pied, de façon globale et à l’échelle de chaque pays, des solutions internes à très court terme, en acceptant les conséquences dommageables sur la population la plus vulnérable. Il s’agit en l’occurrence, pour la dignité du peuple africain, de rechercher des solutions endogènes auxquelles viendront s’ajouter des bonnes volontés externes, dans le respect mutuel et non par pitié.
L’Afrique doit ensuite mettre un accent particulier sur les solutions durables de moyen terme, non seulement pour garantir la sécurité de ses citoyens, mais surtout pour rétablir leur dignité. Il est urgent de changer d’attitude vis-à-vis du secteur informel, généralement considéré comme une calamité sociale. Celui-ci doit reprendre son rôle de centre de « formation sur le tas » des futurs entrepreneurs du secteur formel, qui vont prendre en main le processus de création de richesses.
Réduire notre vulnérabilité
L’Afrique doit enfin, à long terme, consolider les acquis des deux précédentes étapes, pour s’assurer une indépendance relative. Du fait de leurs structures extraverties, les économies africaines sont vulnérables aux crises déclenchées sous d’autres cieux. Réduire cette vulnérabilité est le défi de long terme.
Il faut profiter de ce qui nous arrive aujourd’hui pour se concentrer sur la confection d’un véritable tissu productif local, tous secteurs confondus : agroalimentaire, textile, matériaux de construction, automobile, etc. Tant que nous n’aurons pas un tissu industriel consistant, nous resterons à la merci de chaque crise.
Puisque la catastrophe a sévi dans le secteur de la santé, il faut par ailleurs promouvoir des industries pharmaceutiques transformant les plantes locales ou exploitant des licences tombées dans le domaine public. De même, il faut mettre l’accent sur la formation du personnel de santé et la construction d’infrastructures médicales d’accueil et de prise en charge des patients.
Enfin, tout ceci nous impose de réinventer nos systèmes éducatifs, pour les mettre au niveau des défis du futur.
Paul Kammogne Fokam est el fondateur du groupe Afriland First Bank.
«SI ON APPLIQUAIT LE CODE DE LA PÊCHE, ON N’ALLAIT PAS AVOIR CE PROBLÈME»
Gaoussou Guèye, le président de l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime (APRAPAM), est d’avis que la pêche aux sardinelles devrait être réservée à la pêche artisanale pour la consommation locale
«Au niveau du Code de la pêche, le commerce de licences n’existe pas. Dans l’article 15 du Code de la pêche en son article 9, la même loi, est considéré comme navire étranger «tout navire n’ayant pas la nationalité sénégalaise».
Donc, ces navires chinois et turcs ne peuvent pas obtenir de licences. Par contre, si on avait des accords de pêche avec la Chine et la Turquie, il n’y aurait pas problèmes. Malheureusement, il n’y a pas d’accords de pêche entre le Sénégal et ces deux pays. Le seul accord que nous connaissons, c’est l’accord de pêche avec l’Union Européenne.
Le problème qui est soulevé est lié à un accroissement de l’effort de pêche sur des ressources halieutiques exploitées voire surexploitées, à savoir la sardinelle (Yabooy) et le merlu qui est une espèce de fond. Avec l’Union Européenne, on a un accord où il y a deux navires qui travaillent sur le merlu. On a diminué de 250 tonnes, la capacité de l’Union Européenne.
Et maintenant, on veut attribuer des licences dans cette pêcherie à 56 bateaux. Cela nous pose problème. Par conséquent, on demande à la commission d’attribution des licences de se réunir à distance et de donner son opinion par oui ou par non. Ce qui n’a jamais été fait au Sénégal. Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, on va statuer sur 56 bateaux.
Si on applique le Code de la pêche, on n’allait pas avoir ce problème. Si on parle de transparence et que les Sénégalais ont droit à accéder à l’information, pourquoi ne pas publier le registre national des navires autorisés à pêcher au Sénégal de 2018 à 2020 ? Le problème va se régler et tous les Sénégalais sauront quels sont les bateaux qui sont autorisés à travailler au Sénégal.
Quels sont leurs propriétaires ? Si réellement, on veut être transparent, nous exigeons que ce registre soit publié. Ces navires constituent une menace extrêmement grave pour notre pays et pour les communautés côtières.
Prenons tout simplement les promesses de licences sur les petites pélagiques dont la sardinelle qui est consommée par tout le peuple sénégalais et qui est en état de surexploitation et sur laquelle l’ensemble des institutions notamment la Fao, le Centre de recherche océanographique de Dakar Thiaroye ont donné des recommandations claires. On va dans des pays limitrophes pour demander des licences pour pouvoir pécher cette espèce. Ce n’est pas un débat crypto-personnel. Ce n’est pas un débat avec l’administration ou le ministère avec une organisation professionnelle ou des industriels. Nous plaidons pour que la pêche aux sardinelles soit réservée à la pêche artisanale pour la consommation locale».
«ACCORDER UNE LICENCE A CES BATEAUX, C’EST ENTRETENIR LE LIT DE LA FRAUDE»
Selon Fatou Niang Ndiaye, vice-présidente du Groupement des armateurs et industriels de la pêche du Sénégal (Gaipes) «accorder une licence aux bateaux chinois, c’est entretenir le lit de la fraude».
Depuis quelques temps, les acteurs de la pêche dénoncent la volonté des autorités étatiques d’attribuer des licences de pêche à des navires chinois et turcs. De quoi s’agit-il exactement ?
Le 13 Avril 2020, la DPM (Direction des Pêches Maritimes) a convié le représentant du GAIPES à une consultation à distance au sein de la Commission consultative d’attribution des licences de pêche (CCALP) pour étudier les dossiers des demandes de licences pour 56 navires. Vu le nombre fort important de dossiers, nous avons demandé à la DPM de reporter cette consultation pour diverses raisons. D’abord, le GAIPES a dénoncé en 2019 des licences hors-la-loi. Il s’agissait de douze licences, attribuées par un ancien ministère des Pêches (Oumar Guèye, Ndlr) à des bateaux chinois, fictivement «sénégalisés». Une commission technique a été mise en place pour tirer cette affaire au clair et, jusqu’à ce jour, cette commission technique n’a pas donné ses conclusions. Nous avons même informé l’OFNAC afin que les instigateurs de ces licences hors-la-loi soient sanctionnés. Ensuite, les stocks de merlus et de pélagiques (yabooy et diaay), concernés par ces licences que le ministère veut octroyer sont surexploités, d’après les rapports des différentes scientifiques (CRODT, FAO, etc.).
Enfin, en ces temps de pandémie où la pêche est durement impactée, les acteurs des pêches artisanale et industrielle ont besoin de tout le soutien de leur ministère. Les marchés d’Europe, des USA et d’Asie sont des destinations importantes pour nos exportations ; nos chiffres d’affaires ont baissé de près de 60% au cours du mois d’Avril 2020. Nous avons d’autres priorités pour garder un minimum d’activités que d’étudier de nouvelles promesses de licences à des bateaux fraudeurs
En quoi ces navires constituent-ils une menace sur les ressources halieutiques au Sénégal?
Ces navires demandeurs de licences sont faussement sénégalisés, car les Chinois et les Turcs qui sont les uniques propriétaires des bateaux, utilisent des prêtenoms qui détiendront fictivement la majorité du capital de la société qui demande les licences. En réalité, ces Sénégalais prête-noms ne vont absolument rien gérer, et les Chinois ou les Turcs vont écumer nos mers, et s’en aller vers d’autres horizons dès qu’une meilleure occasion se présentera à eux. En plus, ces bateaux ont des passés de pêche INN (Non déclarée non réglementée) et ont été souvent arraisonnés dans divers pays africains avant d’être chassés. Et pour finir, accorder une licence à ces bateaux, c’est entretenir le lit de la fraude car, ils ont pour habitude de faire passer par leur bateau avec une licence sénégalaise toutes les exportations de leurs autres bateaux n’ayant pas de licences pour bénéficier de l’origine Sénégal. Ce qui va leur donner des avantages dans l’espace de la CEDEAO (exonérations de droits de douanes, etc.). Et ces produits frauduleux vont directement concurrencer notre pêche artisanale qui vend ses captures à des usines sénégalaises qui les transforment avant de les exporter dans l’espace communautaire.
Dans ce contexte où l’on assiste de plus en plus à la raréfaction des ressources halieutiques au Sénégal, quel devrait être le rôle de l’Etat pour une gestion transparente et durable de ces ressources?
Dans un contexte global où les Etats veillent jalousement sur leurs ressources halieutiques, le rôle de notre Etat devrait s’articuler autour d’un certain nombre de points, notamment renforcer les moyens de la recherche pour faire des évaluations régulières des stocks de toutes les pêcheries afin d’adapter les politiques des pêches nécessaires (plans d’aménagement, arrêts biologiques, aires marines protégées, gels des licences, etc.). Ensuite, avoir une gestion transparente de notre pavillon et des licences de pêche en publiant le listing des bateaux sénégalais et de toutes les licences en cours avec les options de pêche. Enfin, veiller à ce que le secteur de la pêche reste entre les mains des citoyens sénégalais afin que la part des générations futures soit bien préservée dans cette mer qui nous est prêtée.
PILLAGE DU POISSON LOCAL
Des pratiques répréhensibles sont notées dans le secteur de la pêche, surtout ces derniers temps avec la volonté du ministère de l’économie maritime d’octroyer des licences «hors la loi» à des navires chinois et turcs
Des pratiques mafieuses sont notées dans le secteur de la pêche surtout ces derniers temps avec la volonté du ministère des pèches et de l’économie maritime d’octroyer des licences «hors la loi» à des navires chinois et turcs. Ce qui crée une tension dans le secteur de la pêche qui est pourtant d’un grand apport à l’économie nationale. Car contribuant à hauteur de 2% au Pib et générant plus de 600 mille emplois. Ce pillage des ressources halieutiques est dénoncé par les acteurs de la pêche qui qualifient de «scandaleux» cette situation.
Selon Fatou Niang Ndiaye, vice-présidente du groupement des armateurs et industriels de la pêche du Sénégal (Gaipes), «accorder une licence de pêche à ces bateaux, c’est entretenir le lit de la fraude». Mieux ajoute-t-elle, «ces navires demandeurs de licences sont faussement sénégalisés», car les chinois et les turcs qui sont les uniques propriétaires des bateaux, utilisent des prête-noms qui détiendront fictivement la majorité du capital de la société qui demande les licences.
De son côté, le président de l’association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs de la pêche artisanale maritime Gaoussou Gueye soutient que si le code de la pêche était bien appliqué, il n’y aura pas ces problèmes. Car dit, le code a tout réglé. Au niveau du département de la pêche, c’est motus et bouche cousue. Toutes nos tentatives de rentrer en contact avec les services du ministre sont restées vaines.
Des pratiques mafieuses sont notées dans le secteur de la pêche surtout ces derniers temps avec la volonté du ministère des pèches et de l’économie maritime d’octroyer des licences hors la loi à des navires chinois et turcs. Ce qui crée une tension dans le secteur de la pêche qui est d’un grand apport à l’économie nationale. Car contribuant à hauteur de 2% au Pib et générant plus de 600 mille emplois. Ces pratiques douteuses dans le secteur de la pèche ne datent pas d’aujourd’hui. Elles remontent au régime socialiste, avant d’être perpétuées sous le magistère de Me Wade. Depuis l’avènement de Macky, trois ministres se sont succédé mais le problème reste entier. On est juste des licences russes à celles des chinois et turcs.
Ainsi, en 2018 le ministre de la pêche et de l’économie maritime d’alors Oumar Guèye, en plein période électorale, a instruit, selon nos sources, un certain nombre de dossiers pour délivrer des licences de pêche à des navires chinois. Il a avait même tenté de ramener des bateaux russes dans la pêcherie au Sénégal. A l’époque Gaipes avait sonné l’alerte, et le Président de la République Macky Sall avait lui-même arrêté cette affaire de bateau russe.
Selon nos sources, Oumar Gueye aurait donné plusieurs licences au moins à une douzaine à des navires chinois en début 2019 juste avant les élections. D’ailleurs, la dernière licence attribuée dans le cadre de la commission technique d’enquête a été signée le 2 avril 2019 c’est-à-dire juste avant son départ du département de la pêche. Depuis, des navires chinois entrent et sortent avec des numéros d’immatriculation de la marine marchande sénégalaise. Quand Aminata Mbengue Ndiaye a été nommée ministre de la pêche et de l’économie maritime, elle a été, elle aussi saisie par le Gaipes sur cette situation. Par la suite, elle convoque une réunion entre le directeur des pêches et tous les services des pêches.
Après avoir soulevé la présence de ces bateaux russes et chinois, Aminata Mbengue Ndiaye avait soutenu que ces bateaux ont des licences de pêche démersale profonde option poissons et céphalopodes. Or, cette option n’existe pas ni dans la loi ni dans le décret d’application de cette loi. «Le directeur des pêches avait déclaré que ce n’est pas dans la loi, mais ce n’est pas parce que c’est hors la loi que le ministre n’a pas le droit de le faire (sic)». Aminata Mbengue Ndiaye avait éclaté de rires, selon nos sources, et avait promis de voir clair dans cette affaire. «C’est ainsi que la commission technique d’enquête a été mise en place», rapporte nos sources. Les deux premières réunions de cette commission ont permis d’identifier 12 licences «hors la loi». Puis exit, Aminata Mbengue Ndiaye pour la présidence du HCCT. Elle est remplacée par ministre Alioune Ndoye. M. Ndoye sera lui aussi informé de ces licences illégales.
En dehors des 12 susmentionnés, il y aurait encore 36 bateaux dont on ne sait pas d’où ils viennent. Quand est ce qu’ils ont été introduits dans la pêcherie sénégalaise? Quand est qu’ils ont été naturalisés ? Est-ce qu’ils ont une licence et quel type de licence ont-ils ? Des questions qui, jusqu’à présent, n’ont pas de réponses. Mais à la surprise générale, le 13 avril dernier, le directeur des pêches convoque les membres de la commission pour étudier des demandes de promesses de licences de pêche pour 56 autres navires. Or, pour que les navires étrangers aient une promesse de licence de pêche au Sénégal, il faut leur naturalisation.
Paradoxalement, ces navires seront présentés par des sociétés prête-noms pour qu’ils fassent une procédure rapide de «sénégalisation» afin de pouvoir maintenant demander la licence. Le deal se passe ainsi : «Les Chinois viennent avec un contrat appelé contrat de coopération de pêche. Ils proposent à un Sénégalais, de créer une société mixte de 500 mille francs qui est une société de droit sénégalais dans laquelle la partie sénégalaise possède 51% et la partie chinoise 49%. Charge à eux (les Chinois) d’acheter un bateau qui coûte 5 milliards.
Figurez-vous des armateurs sénégalais nouveaux qui ont la capacité d’avoir acheté 50 bateaux qu’ils ont naturalisé et qui présentent à nouveau sur les 56, les 52 concernent les chinois et deux bateaux turcs et deux bateaux sénégalais ? Cela fait 102 bateaux au total», expliquent nos sources qui se demandent quels sont ces sénégalais qui sont capables d’acheter 102 bateaux qui coûtent chacun 5 milliards de francs, alors que leur société qui a le plus grand capital est de 1 million de francs cfa ? Par la suite, la société qui est de droit sénégalais détient 51% de ce bateau et demande sa naturalisation. Car, sans la «sénégalisation» du bateau, le navire ne peut pas pêcher au Sénégal parce que le Sénégal n’a pas d’accords de pêche avec la Chine. Le tour est ainsi joué.
À L'OMBRE DE LA TRAGÉDIE DU COVID-19
En Afrique de l’Ouest, l’extrême focalisation sur le coronavirus, a noyé nombres d’évènements majeurs qui en d’autres temps auraient occupé la « Une » des médias
A l’échelle du globe, la pandémie du Covid-19 tient en haleine acteurs de tous bords. Décideurs étatiques, médias, société civile, etc., n’ont d’yeux que pour cette maladie qui, depuis la fin 2019, bouleverse le cours normal des choses et tient la Une de l’actualité mondiale. En Afrique de l’Ouest, l’extrême focalisation sur le Covid-19, a noyé nombres d’évènements majeurs qui en d’autres temps auraient occupé la « Une » des médias.
Législatives contestées au Mali
Le 29 mars 2020, le Mali a organisé des élections législatives, malgré le contexte sanitaire mondial. Ces élections sont passées presque inaperçues, y compris les contestations post-électorales qu’affectionnent les journalistes et qui continuent encore en ce mois de mai 2020, dans une quasi-indifférence du reste du monde.
Les résultats définitifs de ces élections, selon la Cour constitutionnelle, donnent 51 sièges au Rassemblement pour le Mali (RP, parti au pouvoir) sur un total de 147 que compte l’assemblée malienne.
Dans la nuit du 7 mai, de nouvelles manifestations ont éclaté pour dénoncer les résultats de ces élections législatives, publiés le 30 avril par la Cour constitutionnelle. Ces manifestants ont bravé le couvre-feu instauré à partir de 21 heures et l’interdiction des rassemblements de plus de cinquante personnes, en raison justement de la pandémie du Covid-19.
Ces élections avaient été maintenues malgré le contexte marqué par les attaques terroristes et la pandémie du coronavirus. Ce scrutin avait un enjeu de taille dans un pays traversé par une crise profonde depuis 2012. Il devait permettre de renouveler un parlement dont le mandat était achevé depuis 2018 et surtout faire progresser la mise en œuvre de l’Accord d’Alger, signé en 2015 entre l’Etat malien et des groupes armés, sensé ramener la paix.
A la date du 10 mai 2020, le Mali a déclaré 704 cas confirmés, dont 351 guéris et 38 décès, selon un communiqué du ministère malien de la Santé et de l’action sociale daté du 11 mai 2020.
Soumaïla Cissé, otage oublié
Le scrutin législatif malien a aussi été marqué par un l’enlèvement, très peu médiatisé du fait de la pandémie de Covid-19, de Soumaila Cissé, le chef de file de l’opposition malienne et leader de l’Union pour la République et la Démocratie (URD).
Alors qu’il était en campagne électorale dans la région de Tombouctou, M. Cissé et plusieurs de ses collaborateurs sont tombés entre les mains de leurs ravisseurs, un groupe armé non identifié, dans la journée du 25 mars 2020.
Plus d’un mois après, cet ancien ministre et ancien président de la commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) est toujours entre les mains de ce groupe. Le 31 mars 2020, le gouvernement malien a annoncé la création d’une « Cellule de crise » pour sa libération.
« Nous souhaitons de tout cœur que Soumaîla Cissé retrouve très vite la liberté. Nous ne ménagerons aucun effort pour obtenir sa libération », avait déclaré le président malien Ibrahim Boubacar Keïta, le 29 mars après son vote lors du premier tour des législatives.
Le parti de Soumaïla Cissé, l’URD, qui dit mener des négociations avec les ravisseurs, a annoncé le 3 avril 2020 la libération de huit proches de Soumaila Cissé, enlevés au même moment que lui. Jusque-là, très peu de place est réservé aux développements et rebondissements de cette affaire dans l’actualité.
A titre d’exemple, la libération d’Amadou Kolossi, le maire de Koumaïra (commune de la région de Tombouctou dans l’extrême noprd), annoncé ce dimanche 10 mai 2020 par les médias locaux. Parti négocier la libération de M. Cissé, l’édile de Koumaïra avait été pris en otage à son tour, le 10 avril 2020.
Législatives et référendum en Guinée
En Guinée, malgré la pandémie du Covid-19, les élections législatives couplées à un référendum sur la nouvelle constitution ont été tenues le 22 mars 2020. Selon les résultats de la Commission électorale guinéenne publié le 1er avril, le parti du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, parti au pouvoir) remporte 79 sièges sur les 114 de l’Assemblée nationale à l’issue du scrutin.
Auparavant, le 27 mars 2020, la Commission électorale guinéenne avait également annoncé les résultats du vote sur la nouvelle constitution proposée par le président Alpha Condé : le « Oui » l’emporte avec 91,59 % contre 8,41 % pour le « Non », pour un taux de participation estimé à 61%.
Ce référendum est considéré par l’opposition guinéenne comme une manœuvre du président Condé pour se maintenir au pouvoir en briguant un troisième mandat fin 2020.
La vive tension et les violentes manifestations ayant précédé le double scrutin ont vite été oubliées et Condé a pu dérouler son plan dans l’indifférence totale. Le vote a été boycotté par les principaux partis de l’opposition, notamment l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDC) de l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo.
Les résultats des législatives et du référendum pour la nouvelle constitution ont été proclamés alors que la Guinée est sous le régime de l’état d’urgence, interdisant les rassemblements de plus de 20 personnes, assorti d’un couvre-feu, pour faire face à la pandémie du Covid-19.
A la date du 11 mai 2020, la Guinée compte 2.146 cas confirmé, dont 714 guéris et 11 décès, selon un bilan de l’Organisation mondiale de la Santé.
Bissau : Embalo enfin confirmé
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a annoncé le 22 avril 2020 dans l’indifférence totale qu’elle reconnaissait la victoire de Umaro Sissoco Embalo, quatre mois après la proclamation des résultats contestés de la présidentielle bissau-guinéenne du 29 décembre 2020.
Le 17 janvier 2020, la Commission nationale électorale bissau-guinéenne avait confirmé les résultats provisoires annoncés le 1er janvier. Ces résultats donnent Umaru Sissoco Embalo vainqueur avec 53,55% des voix, contre 46,45% pour le leader du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, parti majoritaire à l’Assemblée nationale), Domingo Simoes Pereira. Ce dernier avait saisi la Cour suprême pour un recomptage des voix du second tour.
Ignorant ce recours, Umaru Sissoco Embalo, après plusieurs tournées dans des pays africains, avait organisé son investiture fin février pour succéder au président sortant José Mario Vaz.
Installé au palais présidentiel, Embalo avait dans la foulée limogé le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC), qui avait été nommé par une médiation de la Cedeao, et désigné un gouvernement dirigé par son allié Nuno Gomes Nabiam, qui est arrivé troisième à la présidentielle avec 13% des voix.
Ce dernier vient de guérir après avoir été testé positif au Covid-19. Il a affirmé s’être soigné avec un remède local à base d’ail, de gingembre et de citron qu’il prenait au moins cinq fois par jour, selon l’Agence chinoise Xinhuanet.com.
A la date du 11 mai 2020, la Guinée Bissau compte 726 cas confirmés, dont 26 guéris et trois décès, selon la Commission interministérielle de prévention et de lutte contre le Covid-19.
L’« Eco », oubliée ?
L’émergence inattendue du Covid-19, a aussi relégué au second plan, la grande question de la monnaie commune ouest africaine qui a longtemps alimenté les débats avant l’apparition de la pandémie.
Idée lancée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) depuis 1983 et dont la concrétisation tarde à se réaliser, la création de l’éco avait soudain refait surface à la faveur d’une annonce du président ivoirien Alassane Ouattara le 21 décembre 2019.
Cette annonce avait soulevé un tollé et a alimenté un vif débat jusqu’à ce qu’il soit noyé par le Covid-19.
Aujourd’hui l’Eco, dont l’entrée en vigueur est ixée en juillet 2020, a presque totalement quitté les espaces de débat public en Afrique de l’Ouest, pour céder la place à la crise sanitaire et à ses conséquences.
Les géants anglophones, le Nigeria et le Ghana insistent sur le retour au projet originel de la Cedeao et sont moins enthousiastes à l’idée d’un Eco qui « remplacerait » le franc CFA, la nouvelle option des huit pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.
A la date du 10 mai 2020, l’Afrique de l’ouest (les 15 pays membres de la Cedeao) comptait un total de 17.973 cas, dont 5.100 guéris et 386 décès, selon les données du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique).