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1 mai 2025
Economie
POLÉMIQUE AUTOUR DE L'AIDE À LA PRESSE
En 2006, comme en 2020, les mêmes pratiques dolosives dans l’octroi de l’aide à la presse dénoncées aujourd’hui, donnent le sentiment que plus le temps passe, plus on recule. Du moins dans ce domaine précis
Dans la longue marche de la presse sénégalaise, Sud propose à ses lecteurs de revisiter une étape marquante des luttes citoyennes en faveur du pluralisme médiatique, ainsi que la problématique d’un environnement économique plus favorable. En 2006, comme en 2020, les mêmes pratiques dolosives dans l’octroi de l’aide à la presse dénoncées aujourd’hui, donnent le sentiment que plus le temps passe, plus on recule. Du moins dans ce domaine précis.
L’institution d’une aide à la presse, est née à la fin des années 80, de revendications d’un Collectif des Editeurs, composé de Babacar Touré, Sidy Lamine Niasse, Mamadou Oumar Ndiaye et Abdoulaye Bamba Diallo, qu’on appelait, les « quatre mousquetaires ». Ils éditaient respectivement, Sud Hebdo, Wal Fadjri, Le Témoin et le Cafard Libéré, qui étaient à l’époque, des hebdomadaires. Les revendications portaient essentiellement sur des mesures structurelles, telles que la détaxe du papier-journal, (ce qui a été obtenu), un abattement fiscal pour tous les détenteurs de la carte de presse, la réduction de 50% des tarifs aériens et ferroviaires pour les journalistes en mission (Air Sénégal et Régie des Chemins de fer, sociétés d’Etat à l’époque.
Air Sénégal applique encore aujourd’hui, cette mesure), des tarifs préférentiels pour le téléphone et postaux pour les abonnements (Sonatel et Ptt), l’exonération des équipements et produits entrant dans la fabrication des journaux (ordinateurs, logiciels, consommables, équipements pré-presse, matériel de tirage…), et une répartition équitable de la publicité des sociétés parapubliques et mixtes, dont la destination exclusive aux médias d’Etat constituait une discrimination flagrante. Une subvention d’équilibre était alors demandée, sous forme d’aide à la presse privée, sachant que l’Etat et les contribuables, subventionnaient à coups de milliards, les organes du service public. Une distinction était ainsi apportée entre les médias publics et privés. Ces derniers, pour des raisons évidentes, avaient de faibles recettes publicitaires et de faibles taux d’abonnement. Ils étaient victimes de « coulage », quand ils n’étaient pas tout simplement « piratés », parce que photocopiés, loués ou prêtés par les vendeurs notamment.
Pour faire aboutir leurs revendications, nos quatre mousquetaires avaient programmé deux actions majeures. La première était une conférence de presse tenue à l’hôtel Indépendance et à laquelle avait participé des représentants de partis politiques et de syndicats et un public venu nombreux qui avait pris d’assaut la Place de l’Indépendance.
La deuxième action consistait en une marche de protestation qui devait partir de la Place de l’Indépendance pour arriver au Palais de la République et dont l’objectif était de remettre la plateforme revendicative entre les mains du président de la République Abdou Diouf, ou de son mandataire ou des représentants de la police fortement mobilisée. Les échos de la manifestation en faveur des véritables conditions d’existence d’entreprises de presse privée et du pluralisme médiatique avaient fait forte impression.
Le gouvernement de Abdou Diouf préféra éviter la confrontation et désigna Famara Ibrahima Sagna, alors ministre de l’Intérieur, comme médiateur et interlocuteur privilégié des membres du Collectif. Des rencontres impliquant les différents responsables des secteurs concernés eurent lieu dans les locaux du ministère de l’Information. La bombe fut ainsi désamorcée par l’établissement d’un dialogue qui rompait avec la tradition de harcèlement et de répression du régime, à l’encontre de la presse privée.
De toute cette plateforme revendicative, seules la détaxe sur le papier-journal et l’aide à la presse ont retenu l’attention du gouvernement de l’époque et du législateur. En réalité, l’aide sous forme d’argent n’était pas la priorité des éditeurs qui étaient en mouvement. Ce qui était vital, c’était l’aide structurelle, les facilités qui auraient permis à une entreprise de presse, de performer, de se mouvoir dans un environnement favorable à son essor, pour mieux servir le public, être à l’abri des pouvoirs et des groupes de pression public ou privé et enfin éviter d’être à la merci des humeurs des gouvernants dans la distribution d’une obole. Des critères objectifs ont été alors définis, pour pouvoir bénéficier de l’aide en question. Ces critères étaient liés à la constitution en entreprise, à l’effectivité de l’activité, au nombre de personnels employés, au tirage et à la diffusion (pour les journaux), à la régularité de la parution, au chiffre d’affaires réalisé et le cas échéant, à l’effectivité des investissements consentis.
On se serait attendu que l’Alternance allât dans ce sens, plutôt que de tripler, voire quadrupler les montants affectés, après avoir crée par dizaine, des organes à la dévotion de ses animateurs, et qui allaient capter l’essentiel de l’aide originellement destinée à des structures qui remplissent les conditions précitées. Non seulement tous les critères ont été bafoués, mais l’aide à la presse qui avait été budgétisée en 2005, n’a pas été encore à ce jour distribuée. Pourquoi ?
La transparence voudrait qu’on nous dise ce qu’elle est devenue. A-t-elle retournée au Trésor public ? Par quelles procédures ? L’aide, au titre de 2006, d’un montant de trois cent millions (Maître avait déclaré urbi et orbi une enveloppe de 400 millions, vient de faire l’objet d’une distribution de Monsieur Bacar Dia, ministre de l’Information.
La stratégie « bacaresque » s’est jouée en deux mouvements. Dans un premier temps, une commission composée de membres du Synpics, de représentants des éditeurs, de la Primature et du ministère des Finances a été convoquée et s’est réunie pour discuter de la répartition des trois cents millions de l’aide. Dans un deuxième temps, après que tout le monde soit parti, Monsieur Dia passe par-dessus de la volonté du législateur et enjambe les décisions prises. Il procède lui-même au partage, croyant faire preuve de « sagesse » et de magnanimité, en mettant dans le lot, des « entreprises de presse » religieuses ou politiquement correctes et partisanes proches du régime, des « feuilles » qui ne paraissent même plus (même à l’improviste ou par accident), des radios ayant moins d’une année d’existence... Monsieur Dia, « génie » ostentatoire des manifestations publiques de kung-fu a une compréhension bien originale de sa mission.
En agissant de la sorte, il pense sûrement mettre les bâtons dans les roues, de ceux qui malgré tout, réussissent, vaille que vaille, tant bien que mal, à exprimer la talentueuse diversité de leurs rédactions, souvent exemplaires et résistantes. Sa façon de penser et d’agir ne fait que conforter les vrais journalistes, reporters, investigateurs, correspondants, envoyés spéciaux des honorables organes qu’il combat, submergent de leurs vivifiantes et irréductibles qualités, la médiocrité crasse de la classe dirigeante qui, heureusement ! Ne parvient pas à les « normaliser ».
Sous le grand chapiteau du cirque gouvernemental, alors que s’ébrouent les chœurs, Monsieur Dia, ministre de l’information, -de la propagande plutôt-chef de parti, dans une infusion en attendant la fusion et à qui même la commedia dell’arte aurait reproché ses outrances, instrumentalise l’aide à la presse, sûrement pour mieux « assurer » une omniprésence espérée auprès de Maître.
Pendant qu’il est encore confit dans son propre conservatisme, croyant encore que l’information doit être unilatérale, monocolore, nous rabâchant toujours les mêmes brèves de comptoir, ancré pour l’éternité aux mêmes révérences et références wadiennes, il donne l’impression que faute de ne pouvoir comprendre la loi 96-04 du 22 février 1996, il ne l’a pas lue. La presse sénégalaise n’a jamais été aussi inventive, créative et pluraliste. Et Monsieur Dia, ignorant certainement les batailles épiques des pionniers, et l’histoire de la presse sénégalaise, lui qui est arrivé au moment de « tout est prêt, venez aux noces », ne pourra pas couper les troncs qui continuent de s’enraciner et les jeunes pousses qui sont en train d’éclore et de s’affirmer, et qu’il considère comme des « mal-pensants ».
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
''Prévention et lutte contre le Covid–19 : Don de 100 millions de FCFA de ‘‘Ellipse Projects Sénégal'' au Ministère de la Santé et de l’Action sociale »
« Prévention et lutte contre le Covid–19 : Don de 100 millions de FCFA de ‘‘Ellipse Projects Sénégal’’ au Ministère de la Santé et de l’Action sociale »
Dakar, lundi 04 mai 2020 – En cette période de pandémie du Covid-19, le groupe Ellipse Projects est soucieux de contribuer à préserver la santé de tous, pour le bien-être des populations et la pérennité des activités des entreprises, qui constituent le tissu économique national. Ellipse Projects Sénégal a décidé de faire don au Ministère de la Santé et de l’Action Sociale du Sénégal d’une contribution de 100 millions de francs FCFA.
Le don d’Ellipse Projects Sénégal est constitué, pour une valeur de 50 millions de FCFA, de matériels et équipements achetés à la Pharmacie Nationale d’Approvisionnement (PNA) : masques chirurgicaux, thermoflashs, gants, gels hydro-alcooliques, etc. Ces équipements et matériels seront ensuite remis au ministère de la Santé et de l’Action sociale, qui en assurera la distribution et la répartition, au personnel soignant et à des groupes-cibles de population.
Par ailleurs, Ellipse Projects Sénégal a également décidé de remettre un chèque de 50 millions de FCFA au bénéfice du Ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Ellipse Projects Sénégal, solidaire des causes sociales partout où il opère, s’engage ainsi à être aux côtés des femmes, des hommes et de leurs organisations, pour protéger leur vie, assurer leur développement et promouvoir leur épanouissement. « Nous nous considérons comme une entreprise sénégalaise et nous comptons y rester après la livraison des quatre chantiers d’hôpitaux pour lesquels nous sommes venus dans le pays » indique la direction.
« Nous avons entendu les appels de l’Etat à la solidarité du secteur privé dans les efforts nationaux de lutte contre le Covid-19 et nous avons décidé d’y répondre positivement. En y souscrivant, nous ne faisons que notre devoir d’entreprise citoyenne et mettons en œuvre notre responsabilité de maillon actif dans la chaîne solidaire que constitue toute communauté nationale. Nous y appartenons, depuis 2017 que nous sommes installés au Sénégal », a déclaré M. Olivier Picard, PDG d’Ellipse Projects.
« La pandémie de COVID-19 a plongé le monde et le Sénégal dans une crise sanitaire sans précédent qui heureusement a revivifié les fondamentaux des solidarités nationales », a poursuivi M. Olivier Picard.
Ellipse Projects Sénégal, présent au Sénégal depuis 2017, s’est dit d’autant plus sensible à la problématique de lutte contre le Covid-19, qu’elle intervient dans le secteur sanitaire. En effet, l’entreprise est en charge, sur contrat avec le Ministère de la Santé et de l’Action sociale, de la construction de quatre hôpitaux, à Sédhiou, Kaffrine, Kédougou (150 lits chacun) et Touba (300 lits), hôpitaux qui seront livrés clés en main et totalement équipés : lits d’hôpitaux (urgences, néonatalogie, hospitalisations), IRM, radiothérapie, etc.
« Nous sommes confiants que ces hôpitaux contribueront à relever très fortement le plateau technique, y compris dans la lutte contre les épidémies, quelles qu’elles soient. Ceci, dans des villes qui étaient très dépourvues, comme Sédhiou, Kaffrine et Kédougou, et dans une ville qui compte la deuxième population du Sénégal, Touba, où l’offre hospitalière était devenue insuffisante. Les prix et les quantités de nos intrants et de nos équipements sont contrôlés et révisés par l’ARMP, l’Autorité de Régulation des Marchés Publics, qui a approuvé les prix unitaires et le prix global de nos projets au Sénégal. C’est donc dans le même ordre d’idées, que nous nous voulons, en plus d’être une entreprise respectueuse des lois et règlements, également une entreprise citoyenne et solidaire des populations, dans les moments de joie comme dans les épisodes tristes ».
Ellipse Projects Sénégal travaille essentiellement avec des salariés sénégalais. Les chefs de chantiers sénégalais viennent, pour beaucoup d‘entre eux, de l’Ecole Polytechnique de Thiès. « Tous nos sous- traitants aussi sont des entreprises sénégalaises. Nous occupons 350 personnes par chantier, en emplois directs », précise l’entreprise. « Nous sommes d’autant plus sensibles à cette pandémie de coronavirus que nous sommes impactés, comme toute le monde ».
Pour rappel, le secteur de la santé figure en très bonne place dans le Plan Sénégal Emergent du Président Macky Sall, qui en est à sa phase 2, et qui porte notamment sur le renforcement du capital humain. C’est ainsi que sur les soixante-trois projets en cours d'exécution dans différents secteurs prioritaires, la santé est aux cotés de de l'agriculture
LA BANQUE MONDIALE DONNE LES CLES AUX PAYS EN DEVELOPPEMENT
Après l’arrêt brutal de l’économie mondiale depuis près d’un semestre à cause du Coronavirus, les conséquences se font déjà ressentir dans plusieurs pays, notamment ceux en développement
Après l’arrêt brutal de l’économie mondiale depuis près d’un semestre à cause du Coronavirus, les conséquences se font déjà ressentir dans plusieurs pays, notamment ceux en développement. C’est dans ce contexte que la Banque Mondiale a fait des recommandations aux pays en développement susceptibles de les aider à redresser leurs économies fortement éprouvées.
Face à la crise sanitaire qui a plongé le monde dans une profonde crise économique, les mesures que vont prendre les Etats surtout ceux en développement, s’avèrent cruciales pour relancer leurs économies.
Selon la Banque Mondiale (BM), les responsables politiques disposent d’une fenêtre de tir étroite pour limiter les dégâts et écourter la crise. Ainsi, elle recommande au pays en développement de se focaliser sur la priorité immédiate pour désamorcer cette crise sanitaire. Ils devront prendre des mesures pour sauver des vies, protéger les moyens de subsistance. Il faudra aussi qu’ils aident les entreprises à attendre l’embellie et préserver l’accès aux services publics essentiels, le tout en fonction du contexte local.
La BM recommande aussi aux pays en développement dont le Sénégal de prendre des dispositions pour éviter que la crise sanitaire ne dégénère en crise financière. Mais, note la Banque Mondiale, avec l’accentuation de la précarité causée par le Covid-19, nombre d’Etats ne seront pas dans les dispositions à faire face à la crise. «Dans certains cas, les systèmes de santé sont largement sous-équipés. Des pans entiers de la population tirent leurs revenus d’emplois informels, ce qui signifie qu’ils n’ont accès à aucune protection sociale et seront encore plus difficiles à atteindre et à soutenir en ces temps de crise», souligne la BM qui estime que les Pme, souvent confrontées à un manque d’accès aux financements, vont se heurter à des difficultés de trésorerie. Ce qui peut rapidement engendrer une crise de solvabilité. Par ailleurs, poursuit l’institution de Bretton Woods, les secteurs susceptibles de subir les fouets de la crise sont ceux qui dépendent du commerce, des produits de base ou du tourisme et aussi ceux qui concentrent le plus d’habitants.
RECESSION PROFONDE PREVUE EN 2020
Avant même l’explosion de la pandémie, souligne la BM, la plupart des pays en développement étaient confrontés à un ralentissement économique. Par ailleurs, sur ces prévisions détaillées, elle annonce que cette catastrophe sanitaire doublée d’une catastrophe économique va plonger les pays en développement dans une récession en 2020 avant de voir leur croissance redémarrer en 2021. Pire, prédit-elle, les pays en développement devraient subir une contraction de leur production d’environ 2%.
En plus de marquer le premier repli de ces économies depuis 1960, une telle évolution rimerait également avec des performances incroyablement médiocres par rapport au taux moyen de croissance de 4,6% observé depuis 60 ans, observe l’institution financière internationale. Avant d’alerter que les perspectives pourraient être nettement plus sombres. D’ailleurs, même si la Banque Mondiale note que les mesures d’atténuation se sont révélées efficaces pour stopper le Covid-19, elle a relevé une certaine frilosité du côté des investisseurs et des ménages, et l’incapacité des chaînes d’approvisionnement locales ou mondiales à refonctionner normalement.
Sous ce rapport, prévient-elle, les ménages risquent de limiter leurs dépenses de consommation et les entreprises de reporter leurs investissements jusqu’à ce qu’ils reprennent confiance dans un redressement solide.
UN AGRONOME ANNONCE UN MANQUE A GAGNER DE 50 MILLIARDS
«On annonce une mévente record de 30.000 tonnes d’anacarde et un manque à gagner de 50 milliards pour les producteurs casamançais, qui ne voient pas l’ombre d’un acheteur (…) en ce début de campagne
La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et «un manque à gagner» estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs de noix de cajou des trois régions de la Casamance (sud), a déclaré l’ingénieur agronome Abdourahmane Faye.
«On annonce une mévente record de 30.000 tonnes d’anacarde et un manque à gagner de 50 milliards pour les producteurs casamançais, qui ne voient pas l’ombre d’un acheteur (…) en ce début de campagne», a écrit M. Faye dans une tribune dont l’APS a obtenu une copie.
«Le désastre sera d’autant plus grand que la campagne précédente était chahutée par une chute drastique des prix aux producteurs, qui était due à une surproduction au niveau mondial», a souligné l’ingénieur agronome et expert chargé de la formation et de l’emploi à l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), un «espace de réflexion» sur «les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest». Ce sont des hommes d’affaires indiens qui venaient souvent acheter la production d’anacarde aux producteurs des régions de la Casamance (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor), selon M. Faye. Un collectif d’acteurs de la filière anacarde locale a fait part de son «désarroi», déplorant l’absence des partenaires commerciaux indiens et mauritaniens, qui ne peuvent se rendre en Casamance à cause de la pandémie de coronavirus, a-t-il expliqué. La morosité de la filière anacarde va affecter le port de Ziguinchor, qui connaissait chaque année un regain d’activité pendant la campagne de vente des récoltes de noix de cajou, selon l’ingénieur agronome.
Les services portuaires prévoient une baisse importante de leur chiffre d’affaires à cause de la mévente des récoltes d’anacarde. «C’est toute une filière, à l’entame de son envol, qui prend du plomb dans l’aile avec ce Covid-19, qui n’épargnera même pas la mangue, pour la même raison, le manque d’acheteurs», a souligné Abdourahmane Faye. «Les deux mamelles principales de l’économie agricole sont ainsi infectées dans cette partie du Sénégal, qui présente déjà une comorbidité lourde liée aux effets des changements climatiques, à la salinisation des terres, à la baisse de la fertilité et de la productivité des sols, au sous-équipement des exploitations agricoles, etc.», a ajouté M. Faye.
Selon lui, à cause de la fermeture des marchés hebdomadaires ruraux, en raison de la pandémie de coronavirus, les paysans sont privés de «débouchés commerciaux» et ne peuvent pas vendre leurs produits agricoles et d’élevage pour subvenir à leurs «besoins monétaires et alimentaires». «Dans plus de 80% des cas, les ménages agricoles épuisent leurs stocks vivriers six mois après récoltes et dépendent, pour le reste de l’année, de ces marchés pour s’acheter de la nourriture», a expliqué l’expert d’IPAR. «Les restrictions imposées dans les transports intérieurs et extérieurs ont perturbé le fonctionnement des chaînes logistiques d’approvisionnement et de livraison [des] exploitations agricoles», a-t-il écrit.
DES ECONOMISTES SE PRONONCENT …
Alors que la crise sanitaire du coronavirus en passe d’engloutir l’économie mondiale, le président Macky Sall s’engage dans le combat pour l’annulation de la dette des pays africains
Alors que la crise sanitaire du coronavirus en passe d’engloutir l’économie mondiale, le chef de l’Etat Macky Sall, quant à lui, s’est engagé sur deux fronts. D’un côté, éradiquer la pandémie du covid19 au Sénégal, de l’autre, mener au nom de tout un continent le combat pour l’annulation de la dette des pays africains auprès des bailleurs de fonds étrangers. S’agissant surtout de ce dernier combat, continental, des experts s’interrogent sur la pertinence de l’orientation des politiques publiques conduites par le pouvoir en place.
Plus d’un demi-siècle après les indépendances, une quarantaine de pays africains dont le Sénégal croulent toujours végètent toujours dans la pauvreté et sous le poids d’une dette estimée à 365 milliards de dollars. Une dette colossale dans laquelle la part du Sénégal représente 8231 milliards de francs Cfa. Comment pouvoir payer une telle dette, celle du continent mais aussi celle de notre pays, dans un contexte de crise sanitaire où, partout dans le monde, l’économie est au ralenti ?
Pour le chef de l’etat Macky Sall, il ne faut pas chercher loin car, d’après lui, urge d’adopter en faveur du continent « une stratégie d’annulation de la dette des pays africains assortie d’un plan de rééchelonnement de la dette commerciale qui permettra à l’Afrique, dans le cadre du nouvel ordre mondial, d’avoir un nouveau départ ». la réponse à une telle doléance n’a pas tardé du côté des pays prêteurs, notamment ceux regroupés au sein du g20 représentant les 20 plus importantes économies mondiales. en lieu et place d’une annulation, le g20 propose une suspension d’échéances pour une période de 12 mois afin d’assurer la survie des économies africaines. Bien évidemment, ce n’est pas ce que voulait le président Macky Sall !
Expert des questions liées à l’économie internationale, le professeur Malick Sané invite d’abord à une clarification des différentes formules utilisées en matière de dette qui sous-tendent les enjeux autour de ce débat enclenché par le président Macky Sall. a l’en croire, le terme annulation prôné par ce dernier renvoie à un effacement total de la créance ainsi que des intérêts qui l’accompagnent. Or, la suspension accordée par les pays étrangers, notamment ceux du g20, est un simple moratoire autrement dit un arrêt provisoire du paiement de la dette jusqu’à ce que s’améliore la situation de crise sanitaire. « L’autre formule utilisée, à savoir le rééchelonnement, consiste à étaler sur une période beaucoup plus longue le remboursement de la dette. Ce qui veut dire que le remboursement de la dette principale et des intérêts va se faire, mais de façon beaucoup plus souple en matière de paiement. Et cela va constituer en quelque sorte un budget de sauvetage des pays africains lourdement endettés parmi lesquels figure le Sénégal », a clarifié le professeur à la faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg) de l’Université Cheikh Anta Diop.
Donnant son point de vue sur l’initiative lancée par le président Macky Sall en faveur de l’annulation de la dette, M. Malick Sané estime que cette nouvelle tournure renseigne sur l’échec de nos politiques publiques. «Les gouvernements sont les premiers responsables d’un telle situation. Car pour avoir une indépendance, voire une autonomie économique, il faut plus de sérieux dans l’orientation des politiques publiques. Aujourd’hui, il est admis que les ressources de cette dette ont été mal gérées à travers des investissements pour la réalisation de grandes infrastructures pour le prestige mais non prioritaires. Le TER (train express régional) est une parfaite illustration de cet endettement massif à coup de milliards qui pouvait servir, par exemple, à réhabiliter le chemin de fer dans tous le Sénégal » soutient l’universitaire, Malick Sané.
À l’en croire, malgré la requête de Macky Sall en faveur de l’annulation de la dette, celle due aux investisseurs privés ne peut être annulée. (ndlr, le président de la république, qui en est conscient, veut juste un rééchelonnement de la dette commerciale). D’après le spécialiste de l’économie mondiale Malick Sané, l’erreur stratégique du gouvernement a été d’aller s’endetter lourdement auprès des investisseurs privés comme le Club de Paris où les taux d’intérêts sont très élevés et les durées de remboursement plus courtes. Et c’est pourquoi, explique-t-il, la situation risque de devenir intenable pour l’etat surtout dans la mesure où la dette privée ne s’annule jamais contrairement aux dettes multilatérales et bilatérales.
MEISSA BABOU, ECONOMISTE : « Le Sénégal ne peut bénéficier d’une annulation de sa dette »
Selon l’économiste Meissa Babou, contrairement aux Pays africains les moins avancés (acronyme PMa), le Sénégal ne peut bénéficier de l’annulation de sa dette. Or, une des possibilités qui s’offrait au Sénégal pour un éventuel effacement de sa dette était de figurer sur cette liste des PMA à l’image de la guinée où même du Mali. Il y a aussi le fait que la part des institutions financières internationales, qui auraient pu régler la situation, ne représente même pas 10 % de la totalité de sa dette. « Mais étant donné que nos politiques vantent le Sénégal partout ailleurs chiffres à l’appui comme étant un pays avancé avec une croissance économique de l’ordre de 7 % ; là on ne peut plus bénéficier de la faveur économique qu’est l’annulation de dette. L’autre réalité, c’est que le pays n’est pas dans une situation de crise incommensurable bien que nous soyons touchés par la pandémie comme d’autres pays. Il convient même de se demander ce qui se serait passé si par exemple tous les pays touchés par le covid19 demandaient la même chose par rapport à leurs créances. Ce sera l’hécatombe financier international», prédit M. Babou dans son analyse du nouveau combat économique porté par le président Macky Sall au nom du continent africain.
Le professeur d’économie à l’Ucad s’est aussi prononcé sur la question de la dette intérieure que l’etat doit au privé national. il rappelle que des entreprises nationales, ou en tout ça exerçant dans notre pays, courent derrière l’état pour obtenir le paiement de la dette colossale qu’il leur doit. il a fallu qu’elles le relancent de façon intempestive pour que le gouvernement décaisse 300 milliards dans une cagnotte à hauteur de 1000 milliards afin de soulager quelques-unes. «Toutes les entreprises qui ont eu à travailler avec ce régime sont dans la dèche. D’ailleurs, deux mois avant la pandémie du coronavirus, le FMI a dû intervenir pour sommer l’Etat du Sénégal de régler la question de cette dette intérieure », a rappelé l’enseignant en économie à l’Ucad.
LE SEPTIÈME ART A LE BLUES
L’arrêt de travail et le chômage de professionnels du cinéma a touché 244 salariés permanents et 1040 employés à temps partiel et intermittents. Dans l’ensemble, les besoins du sous-secteur du cinéma pourraient être estimés à 478.612.000 F CFA
La Direction de la cinématographie (Dci) a produit, le 6 avril dernier, un rapport intitulé : « Impact du Covid-19 sur le sous-secteur du cinéma et de l’audiovisuel créatif du Sénégal : esquisse d’un programme de résilience socioprofessionnelle et économique ». Gros plan sur un document qui met en exergue et analyse les réponses à un questionnaire envoyé à une cinquantaine de sociétés, entreprises, associations et réseaux formels du cinéma et de l’audiovisuel.
Le sous-secteur du cinéma et de l’audiovisuel sénégalais est durement touché par la crise du coronavirus qui frappe le monde. Face à cette situation, la Direction de la cinématographie (Dci) du ministère de la Culture et de la Communication a produit un rapport qui s’articule autour de deux points : évaluation des effets et impacts du coronavirus sur les activités et les entreprises de cinéma ; propositions de mesures d’appui et de relance du sous-secteur dans le cadre du Programme national de résilience sociale et économique. Cette crise est en train d’annihiler, voire freiner, tous les efforts et actions de relance du 7ème art national, lit-on dans le document que nous a fait parvenir Hugues Dias, Directeur de la Cinématographie. Aucune filière n’est épargnée : formation, production, exploitation-distribution, promotion, marchés, coopération internationale…
À la production, il a été noté la suspension et l’annulation de 47 tournages de films, séries et publicités depuis la fin de la première semaine de mars 2020. Cela a entraîné l’arrêt de travail d’un personnel permanent estimé à 159 professionnels et 653 intermittents constitués de techniciens, acteurs, agents de production, etc. Par conséquent, une forte pression a été notée sur le paiement des charges fixes pour mars et avril. Les frais liés aux salaires, factures d’eau, d’électricité et location de locaux, entre autres, sont estimés à 59.589.000 FCfa, avec un manque à gagner (durant mars et avril) de 217.050.000 FCfa. Sur la même période, les entreprises ont fait face à des difficultés de paiement de la dette fiscale évaluée à 21.020.194 FCfa, sans compter la baisse substantielle du chiffre d’affaires et de la clientèle.
Avec la fermeture des frontières et les mesures sanitaires prises par l’État, la Direction de la cinématographie a été obligée de renvoyer trois grands tournages de films étrangers au Sénégal pour un budget à dépenser sur le territoire national estimé à 2 milliards 250 millions de FCfa. Le rapport insiste aussi sur l’arrêt de l’exécution d’une douzaine de projets de production et de post production de films appuyés par le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica) durant ce premier trimestre, ainsi qu’un non-respect du délai de livraison des productions.
RETARDS SUR LA CONSTRUCTION D’UN MULTIPLEXE DE 7 SALLES
L’exploitation n’a pas été épargnée par la crise car tous les espaces de diffusion et les programmes de projection en plein air et itinérant sont à l’arrêt depuis le 14 mars. Conséquences : arrêt de travail de près de 85 agents permanents et 62 personnes à temps partiel pour les salles et les projets de cinéma numérique mobile ou itinérant ; difficultés à résorber les charges fixes des entreprises d’exploitation estimées, pour mars et avril, à 52.878.655 FCfa ; manque à gagner de 103.475.000 FCfa pour la même période ; ralentissement des travaux de construction d’un multiplexe de 7 salles de cinéma et retard pour la date d’ouverture initiale ; blocage de travaux de rénovation et de numérisation de 3 salles de cinéma appuyés par le Fopica.
Les écoles de formation aux métiers du cinéma et de l’audiovisuel ont, elles aussi, été touchées car elles ont toutes fermé leurs portes et envoyé au chômage leur personnel à temps partiel. Même constat dans les activités de renforcement de capacités et des résidences d’écriture et de développement de projets, obligées d’arrêter ou de reporter leur programme. Au total, plus de 268 élèves et étudiants sont concernés par l’arrêt provisoire de cours, sans oublier la menace de non-paiement des frais de scolarité de mars et avril qui pèse sur ces écoles. Selon le rapport, le manque à gagner des 6 structures de formation ayant répondu au questionnaire est estimé (entre mars et avril) à 65.337.000 FCfa, compte non tenu des difficultés de règlement des charges fixes de fonctionnement et de salaires, estimées à 35.887.600 FCfa.
PROJETS DE COPRODUCTION ÉTRANGÉRE ARRÊTÉS
Des menaces pèsent également sur le rayonnement du cinéma sénégalais à l’étranger car la crise liée au coronavirus risque de faire perdre des opportunités de promotion et de conquête de nouveaux marchés. La fermeture des frontières a entraîné l’annulation de la participation des cinéastes à de grands évènements cinématographiques pour lesquels le Sénégal était l’invité d’honneur, notamment au Portugal, en Tunisie, au Maroc, en Inde, en Chine, au Brésil, en France, etc. Des projets de coproduction étrangère de films ont aussi été arrêtés ou reportés. À ce propos, la Dci révèle que l’annulation ou le report des festivals et événements cinématographiques au Sénégal et à l’étranger va entraîner, pour l’année 2020, une perte sèche de près de 155.750.000 FCfa et un chômage de plus de 325 intermittents. Sur un autre registre, on note aussi le retard ou le blocage dans l’exécution de programmes et de projets de coopération avec des partenaires étrangers, comme c’est le cas pour l’étude de préfaisabilité du projet de création de la Cité sénégalaise du Cinéma par l’Agence française de développement (AFD).
UN MANQUE À GAGNER DE 541.612.000 FCFA
En résumé, la Dci redoute une menace sur la viabilité socioéconomique des entreprises de cinéma encore fragiles, avec comme conséquences immédiates le ralentissement des activités, une perte de marchés, un manque à gagner et une accentuation des dettes. Le sous-secteur est également exposé à un appauvrissement et une vulnérabilité des professionnels à cause de l’absence de revenus pérennes et de plateaux de tournage. Tout cela risque d’entraîner une oisiveté des jeunes en formation et un chômage accentué des intermittents et autres professionnels du cinéma. En faisant le récapitulatif en chiffres de l’impact de la crise du Covid-19 sur le secteur, la Dci constate que la résorption des charges fixes d’une trentaine d’entreprises (salaires, factures d’eau, d’électricité, location des locaux, etc.) pour mars et avril a atteint un montant cumulé de 148.355.255 FCfa pour toutes les filières. Quant au total du manque à gagner, il est de 541.612.000 FCfa. L’arrêt de travail et le chômage de professionnels du cinéma a touché 244 salariés permanents et 1040 employés à temps partiel et intermittents. Dans l’ensemble, les besoins du sous-secteur du cinéma pourraient être estimés à 478.612.000 F CFA, selon le rapport.
Et pour faire face à cette crise sans précédent, la Dci a fait des propositions pour la relance du cinéma, dans le Programme national de résilience sociale et économique Covid 19. Des mécanismes de soutien doivent être envisagés afin de limiter les impacts de la pandémie. Cela passerait par la mise en place urgente (d’avril à juin 2020) d’un fonds d’aide aux professionnels du secteur culturel et à l’accompagnement des structures. Cet appui pourrait être sous la forme d’un don non remboursable ou d’un prêt remboursable sans intérêt, pour une durée compréhensible. Les autorités pourraient également imaginer un système de financement afin de relancer durablement les activités des entreprises culturelles et cinématographiques. À ce propos, le rapport suggère que le Fopica soit davantage renforcé et renfloué pour mieux jouer son rôle d’impulsion à la structuration d’une véritable industrie cinématographique et d’une économie viable du 7ème art au Sénégal. « À cela, il convient de rendre exécutoire en 2020 la décision du Président de la République de porter la dotation annuelle à deux milliards de FCfa », conclut le rapport.
UN CAS DE CORONAVIRUS DÉTECTÉ À AUCHAN CASTORS
Fermeture immédiate du magasin Auchan Castor dès confirmation du cas, prise en charge du personnel conformément au protocole en vigueur, désinfection totale et immédiate des locaux.
Un cas de coronavirus a été détecté au magasin Auchan, à Castors. L’annonce a été faite par les responsables de la chaine française sur leur page Facebook.
« Nous avons reçu confirmation d’un cas de coronavirus au sein du magasin Auchan Castor. Il s’agit d’un cas contact identifié par les autorités médicales », informe la note.
Compte tenu de cette situation, des mesures d’urgence ont été adoptées. « Auchan Sénégal porte à votre connaissance les mesures prises : fermeture immédiate du magasin Auchan Castor dès confirmation du cas, prise en charge du personnel conformément au protocole en vigueur, désinfection totale et immédiate des locaux. Ceci conformément aux instructions des autorités », indique le document. Lequel précise qu’il informera de l’ouverture prochaine du magasin.
A ce jour, 1271 cas ont été déclarés positifs au Sénégal, dont 415 guéris, 10 décédés, 1 évacué, et 845 patients sous traitement.
RALLONGE BUDGÉTAIRE DE 20 MILLIARDS FCFA
Macky alloue une rallonge au ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, en vue de faciliter l’accès aux intrants en qualité et en quantité en perspective de la prochaine campagne agricole
Dakar, 4 mai (APS) - Le président de la République a décidé d’allouer une rallonge budgétaire de 20 milliards de francs CFA au ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, en vue de faciliter l’accès aux intrants en qualité et en quantité en perspective de la prochaine campagne agricole, a-t-on appris lundi.
"L’hivernage à venir, la première mesure que le président de la République a prise c’est qu’il a rajouté 20 milliards FCFA sur mon budget, comparé à l’année dernière pour cette campagne agricole. 20 milliards de plus pour faciliter l’accès aux intrants, mais surtout pour augmenter les quantités", a indiqué Moussa Baldé à la télévision publique sénégalaise RTS1.
"Nous disons à la jeunesse sénégalaise de se mobiliser et ceux qui étaient en ville et qui n’arrivent plus à exercicer leur métier, de retourner vers la terre. Il faut une mobilisation générale", a-t-il dit.
De même, le ministre a demandé aux producteurs de respecter les consignes édictées par le ministère de la Santé pour se protéger contre le Covid-19.
L'ANACARDE POURRIT EN CASAMANCE
La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et "un manque à gagner" estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs de la région
La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et "un manque à gagner" estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs d’anacarde des trois régions de la Casamance (sud), a déclaré l’ingénieur agronome Abdourahmane Faye.
"On annonce une mévente record de 30.000 tonnes d’anacarde et un manque à gagner de 50 milliards pour les producteurs casamançais, qui ne voient pas l’ombre d’un acheteur (…) en ce début de campagne", a écrit M. Faye dans une tribune dont l’APS a obtenu une copie.
"Le désastre sera d’autant plus grand que la campagne précédente était chahutée par une chute drastique des prix aux producteurs, qui était due à une surproduction au niveau mondial", a souligné l’ingénieur agronome et expert chargé de la formation et de l’emploi à l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), un "espace de réflexion" sur "les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest".
Ce sont des hommes d’affaires indiens qui venaient souvent acheter la production d’anacarde aux producteurs des régions de la Casamance (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor), selon M. Faye.
Un collectif d’acteurs de la filière anacarde locale a fait part de son "désarroi", déplorant l’absence des partenaires commerciaux indiens et mauritaniens, qui ne peuvent se rendre en Casamance à cause de la pandémie de coronavirus, a-t-il expliqué.
La morosité de la filière anacarde va affecter le port de Ziguinchor, qui connaissait chaque année un regain d’activité pendant la campagne de vente des récoltes de noix de cajou, selon l’ingénieur agronome.
Les services portuaires prévoient une baisse importante de leur chiffre d’affaires à cause de la mévente des récoltes d’anacarde.
"C’est toute une filière, à l’entame de son envol, qui prend du plomb dans l’aile avec ce Covid-19, qui n’épargnera même pas la mangue, pour la même raison, le manque d’acheteurs", a souligné Abdourahmane Faye.
"Les deux mamelles principales de l’économie agricole sont ainsi infectées dans cette partie du Sénégal, qui présente déjà une comorbidité lourde liée aux effets des changements climatiques, à la salinisation des terres, à la baisse de la fertilité et de la productivité des sols, au sous-équipement des exploitations agricoles, etc.", a ajouté M. Faye.
Selon lui, à cause de la fermeture des marchés hebdomadaires ruraux, en raison de la pandémie de coronavirus, les paysans sont privés de "débouchés commerciaux" et ne peuvent pas vendre leurs produits agricoles et d’élevage pour subvenir à leurs "besoins monétaires et alimentaires".
"Dans plus de 80% des cas, les ménages agricoles épuisent leurs stocks vivriers six mois après récoltes et dépendent, pour le reste de l’année, de ces marchés pour s’acheter de la nourriture", a expliqué l’expert d’IPAR.
"Les restrictions imposées dans les transports intérieurs et extérieurs ont perturbé le fonctionnement des chaînes logistiques d’approvisionnement et de livraison [des] exploitations agricoles", a-t-il écrit.
par Kako Nubukpo
CONTROVERSE BÉNIN/SÉNÉGAL SUR LA DETTE : LA RENAISSANCE DU DÉBAT AFRICAIN
La tribune du ministre béninois des Finances apparaît comme la contestation du leadership sénégalais en construction et la réponse du ministre sénégalais des finances, comme une « commande » présidentielle
Jeune Afrique |
Kako Nubukpo |
Publication 04/05/2020
Si la pandémie du coronavirus n’avait qu’une seule vertu, ce serait la renaissance du débat africain qu’elle provoque à l’heure actuelle. En effet, rarement les décideurs et intellectuels africains se sont autant exprimés par voie de tribunes, d’articles, d’appels divers et variés.
Dans la foison de contributions plus stimulantes les unes que les autres générée par la pandémie de Covid-19, la passe d’armes récente entre le ministre béninois de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, et le ministre sénégalais des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, autour de la question de l’annulation de la dette africaine, mérite d’être soulignée à plus d’un titre.
En effet, dans une tribune publiée le 23 avril, Romuald Wadagni a exprimé son hostilité au moratoire et a fortiori à l’annulation de la dette africaine, au motif du signal négatif que cette annulation enverrait aux marchés financiers, engendrant de facto une hausse de la prime de risque et donc des taux d’intérêts exigés par les créanciers pour acquérir les dettes africaines futures.
En réponse à cette prise de position, son homologue sénégalais des Finances a publié le 28 avril une tribune intitulée : « Annuler la dette des pays africains est vertueux et bien fondé », dans laquelle il fait explicitement référence à celle de son collègue du Bénin pour la contrer point par point.
Trois raisons justifient l’importance et le caractère singulier de ce combat à fleurets mouchetés :
La tribune du ministre béninois des Finances, qui n’a pu être publiée sans l’aval de son chef d’État, apparaît dès lors comme la contestation de ce leadership sénégalais en construction et la réponse du ministre sénégalais des finances, comme une « commande » présidentielle.
Sur le plan diplomatique, les tribunes des deux ministres s’inscrivent dans un contexte où le président en exercice de l’Union africaine, le Sud-africain Cyril Ramaphosa, vient de désigner quatre personnalités emblématiques d’une Afrique mondialisée pour négocier, au nom de l’Afrique, les moratoires et/ou annulations des dettes africaines.
La tête de file de ce quatuor, Tidjane Thiam, ancien ministre, assureur et banquier franco-ivoirien internationalement connu et reconnu, a d’ailleurs répondu au ministre béninois des Finances sur la chaîne de télévision francophone TV5, en des termes fort peu amènes : « personne n’oblige un État à accepter un moratoire ou une annulation de sa dette ». On a connu des technocrates plus respectueux des ministres et des chefs d’États en exercice…
De fait, l’apparition de « nouveaux acteurs » venus du monde de la finance internationale, mais sans responsabilité exécutive à l’heure actuelle, sort de leur torpeur les ministres africains, généralement peu diserts en matière de partage de leurs convictions théoriques et empiriques.
Ces contestations – celle « par le haut » de la compétence des ministres africains en exercice dans leur capacité à représenter le continent dans les enceintes internationales et celle des commissaires de l’Union africaine (après tout, ils sont payés pour cela) – créent un nouvel espace de jeux et d’enjeux autour du leadership sur la représentation africaine sur le plan international et vient compléter la contestation « par le bas » portée par les organisations de la société civile africaine.
Sur le plan économique, les deux ministres des Finances semblent opter pour deux niveaux distincts de l’analyse économique : le ministre béninois est clairement dans une logique microéconomique, plus précisément dans l’économie du risque, de l’incertain et dans la théorie des jeux répétés. Son raisonnement consiste à dire qu’une suspension ou une annulation de la dette africaine provoquerait dans le jeu répété qui a cours entre débiteurs et créanciers, une perte de confiance de ces derniers engendrant une dégradation de la réputation et de la crédibilité des premiers, dont le coût cumulé sur longue période sera plus élevé que le gain immédiat.
Ce résultat bien connu de la théorie dite des « incitations », produit de la nouvelle économie institutionnelle, plaide en faveur du marché qui serait le meilleur allocataire des ressources en dépit de son caractère d’optimum de « second rang ». Au contraire, le ministre sénégalais opte pour une approche d’emblée macroéconomique, plus étatiste, ciblée sur la nécessité d’obtenir des marges de manœuvres budgétaires additionnelles pour faire face à la pandémie du Covid-19. De ce point de vue, il élargit l’espace d’appréhension de la crédibilité du débiteur en mobilisant l’Etat sénégalais qui aurait « un profil d’émetteur souverain de référence ».
Dans la mesure où en théorie, l’État est le meilleur débiteur par excellence car doté d’une durée de vie infinie, le tour est joué. En s’inscrivant au fond dans la nouvelle macroéconomie keynésienne, il pourrait revendiquer l’incomplétude et l’imperfection des marchés financiers pour justifier sur le plan pratique un moratoire ou même une annulation de la dette africaine.
Pour finir, il convient de souligner l’absence dans les deux contributions ministérielles des causes structurelles des dettes africaines, notamment l’étroitesse de la base productive et l’absence d’une souveraineté monétaire pouvant permettre la monétisation de la dette à l’instar de la pratique actuelle de tous les pays riches et émergents de la planète.
En effet, pour sortir du cercle vicieux de la dette africaine, il faudrait augmenter et orienter le crédit public et privé (bancaire et non bancaire) vers l’investissement productif et la création de capacités additionnelles de production. De fait, la demande africaine pourrait être assurée pour l’essentiel par l’offre africaine de biens et services, avec à la clé une réduction des importations et donc du solde courant de la balance des paiements.
Le processus de production africaine permettrait, pour sa part, de créer de nouveaux emplois, d’engendrer des revenus additionnels et de payer des impôts supplémentaires indispensables à une résorption pérenne des déficits budgétaires récurrents et donc la réduction drastique des stocks de dette extérieure.
La reconquête par l’Afrique de ses instruments de souveraineté politique, diplomatique et économique est la condition permettant de ne plus apporter des réponses conjoncturelles à une question structurelle et de sortir par le haut du débat salutaire entre le Bénin et le Sénégal sur les dettes africaines.