Rien ne sera plus comme avant ! C’est le cri de guerre des femmes du département de Rufisque qui, à l’occasion de la journée mondiale de la femme du 8 mars, se sont voulues unies comme une seule femme pour améliorer leurs conditions. D’où la pertinence du guide produit à l’occasion de leur atelier tenu au centre national de formation et d’action (Cnfa) de Rufisque
Mieux vaut tard que jamais, les femmes du département de Rufisque, pour cette journée mondiale de la femme, se veulent unies pour faciliter leur promotion. Profitant de la journée mondiale de la femme du 8 mars, dont le thème de cette année est «Femme en marche», elles ont tenu un atelier destiné à l’élaboration des projets.
Une initiative qui, selon le député Oulèye Diaw, est pleine de sens lorsque l’on que sait que «la femme a toujours participé au processus de développement. Mais, elles ne sont pas impliquées de manière effective». Une situation qui a abouti à une prise de conscience chez les femmes du département de Rufisque.
«Il y a toutes les sensibilités politiques et toutes les douze collectivités locales sont représentées; ce qui est une première. Car, nous sommes conscientes de notre sort et nous voulons avoir une autre démarche par rapport au passé.
Nous nous sommes retrouvées entre femmes pour plaider notre cause, revisiter nos faiblesses et être unies pour pouvoir atteindre nos objectifs en matière de développement. Nous ne pouvons pas nous développer sans que les femmes ne soient réunies autour d’un même objectif», a indiqué la parlementaire, porte-parole du jour.
Et de faire remarquer qu’il «est tant que les femmes du département prennent leur destin en main. Nous voulons tendre vers l’entreprenariat, que les femmes aillent de l’avant, qu’elles soient des entrepreneurs. Elles ont toujours été dans l’informel la plupart du temps.
Mais, nous, nous voulons qu’elles soient formelles, qu’elles aient des entreprises par rapport aux activités qu’elles développent». Pour Mame Bineta Cissé, conseillère municipale et départementale, l’intérêt de l’atelier, c’est de sortir deux documents. L’un sera un guide à l’entreprenariat féminin et l’autre un mémorandum qui sera mis à la disposition des autorités politiques.
Car, estime-t-elle, «les femmes du département de Rufisque veulent une émergence dé- cidée par nous-mêmes. Dorénavant, si les femmes veulent se développer, il faudrait qu’elles pensent par elles-mêmes, qu’elles réfléchissent, qu’elles posent des actes, qu’elles travaillent sans aucune coloration politique».
Selon toujours la conseillère départementale, les femmes ne veulent plus rencontrer certains problèmes. Ces difficultés ont pour seul nom: manque d’informations. «Il y a toujours des problèmes au niveau de l’accès aux financements, au niveau juridique, au niveau socio-économique, au niveau de l’accès à la terre, mais aussi au niveau de la parité», a dénoncé Mame Bineta Cissé.
Qui explique: «Aujourd’hui, on vote le budget de la commune de Rufisque-Est. Je ne peux pas être là-bas parce que personne n’a pris en compte la journée du 8 mars, personne n’a pris en compte la journée du 7 mars. Deux jours, ce n’est pas beaucoup dans une année. Qu’on nous laisse nos journées pour partager avec nos sœurs».
LA PIETRE VIE DES DETENUES AU SENEGAL
MAUVAISE ALIMENTATION, MANQUE DE LOISIR, DEFAUT DE PRISE EN CHARGE SANITAIRE, TRAUMATISME
En présence du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Sidiki Kaba, l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), le bureau régional du Haut commissariat des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest (Hcdh) et l’Observatoire national des lieux de privations de liberté (Onlp) ont publié hier, dimanche 8 mars, journée dédiée à la femme, les résultats d’une enquête réalisée entre mars et juillet 2014 dans les maisons d’arrêt et de correction (Mac) pour femme de Liberté VI, Thiès, Kaolack, Tambacounda et Rufisque. Les réponses des 152 détenues interrogées intègrent la mauvaise alimentation, le défaut de prise en charge sanitaire et le traumatisme, autant de faits qui nuisent aux femmes privées de liberté.
VETUSTE DES PRISONS, MANQUE D’ESPACES DE LOISIRS… CES GOULOTS D’ETRANGLEMENT
Du fait de la vétusté des maisons d’arrêts et de corrections qui datent de l’époque coloniale, les détenues ne sont pas dans les conditions qui favorisent le respect de leurs droits (humains). Le rapport indique que l’obligation de séparation des détenues suivant la nature du délit ou de l’âge n’est pas respectée. Ainsi l’étude révèle que dans les 5 établissements visités (Mac de Liberté VI, Thiès, Kaolack, Tambacounda et Rufisque), les prévenues étaient confinées dans les mêmes cellules que les condamnés et soumises au même régime.
S’agissant également du droit des mineures à être séparées des adultes, seule la maison d’arrêt et de correction de Liberté VI dispose de cellules séparées. Dans touts les autres établissements visités, jeunes et adultes étaient confinés dans les mêmes cellules. Pis, à la maison d’arrêt et de correction de Tambacounda, les détenues sont surveillées par des agents de sexe masculin qui y entrent sans être accompagnés, déplorent les enquêteurs.
Le constat qui se dégage de l’enquête menées dans les maisons d’arrêt et de correction c’est aussi une carence en matière de nutrition. Le rapport fait remarquer que les 600 F Cfa, montant de la subvention quotidienne ne permet d’assurer qu’un seul repas à chaque détenue. Conséquence, seules les détenues dont les familles ont les moyens de leur faire parvenir des repas arrivent à compléter la ration journalière. Les mal loties, en pareil cas, sont les détenues étrangères.
Concernant les préoccupations sanitaires, les maisons d’arrêt ne disposent souvent que de sage femmes et d’infirmières. Ce qui ne permet pas de prendre en charge certaines pathologies. Les femmes en détention sont aussi confrontées à des problèmes d’hygiène du fait de l’insuffisance d’installations sanitaires, de l’insuffisance de literie, moustiquaires et ventilateurs. L’absence d’espace destiné aux loisirs et activités sportives sont aussi des griefs des détenues rapportés dans l’enquête.
VIE DES FEMMES EN PRISON : Les enfants, source d’inquiétude
Dans la restitution des enquêtes, une détenue incarcérée pour tentative d’avortement manifeste se soucie du devenir de ses 4 enfants confiés à sa mère. «Ma mère est vielle et elle n’est pas en bonne santé. Où peut-elle trouver la force de s’occuper de 4 enfants alors qu’elle doit en plus aller vendre au marché pour pouvoir les nourrir», se demande-t-elle? Une autre détresse vient d’une détenue qui s’inquiète pour sa fille, une déficiente mentale de 20 ans, laissée aux soins de sa grand-mère. «Seule une mère peut s’occuper d’une (personne) handicapée mentale. Il faut tellement de patience, et seule une mère peut avoir cette patience», a-t-elle soutenu dans le rapport.
Ces deux témoignages révèlent le fardeau qu’est la détention. Ainsi, souligne les enquêteurs, chez la majorité des enfants séparés de leurs mères, le taux d’abandon scolaire est élevé. Les enfants mineures sont confiées à leurs grand-mères, tante, sœur, cousine, belle-sœur, ils sont rarement confiés à leur pères. D’ailleurs, plusieurs détenues ne reçoivent plus aucune nouvelle de leur progéniture durant leur incarcération. Les enfants de détenues rendent rarement visite à leurs mères. Cela est généralement dû, au fait que leurs proches le leur interdit ou parce que le cadre n’est pas aménagé pour rendre ces rencontres moins traumatisant pour les enfants. L’autre soucie, c’est les bébés. Les nourrissons constituent aussi une source d’inquiétude pour leurs mères. Le statut des enfants n’est pas pris en compte, car ils vivent dans les mêmes conditions de détentions que les adultes et ne bénéficient d’aucun traitement spécifique. D’autre part, la détention est désastreuse pour les femmes du fait de l’environnement socioculturel où l’emprisonnement est considéré comme un acte honteux.
LES MAISONS D’ARRET ET CORRECTION POUR FEMMES EN CHIFFRE : 31% incarcérées pour trafic de drogue, 72% en détention préventive et 34% des non instruites
Dans le compte de rendu de visite effectuées au niveau des maisons d’arrêt et de correction de Liberté VI, Rufisque, Thiès, Kaolack et Tambacounda, l’Association des juristes sénégalaises (Ajs), le bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest du Haut commissariat des nations unies pour les droits de l’homme (Hcdh) et de l’Observatoire de national des lieux de privation de liberté signalent que 31% des 152 détenus interrogées sont incarcérés pour trafic de drogue. L’étude révèle aussi que 42% des femmes détenues pour trafic de drogues sont d’origine étrangère et qu’elles ont, en général, été interpellées durant le transport de produits stupéfiants. Certaines ont indiqué avoir été impliquées par leurs conjoints. D’autres, par contre, affirment n’avoir pas été informées du contenu du colis transporté.
Le trafic de drogue, première cause de détention, avant l’infanticide
Avec 16%, l’infanticide est la deuxième cause d’emprisonnement des femmes. Les crimes d’infanticide sont souvent la conséquence de situations de discrimination ou de violences, préexistantes notamment les grossesses issues d’actes de violences sexuelles. En dehors de ces deux faits, le vol (11%), les coups et blessures volontaires (8%), les cas d’association de malfaiteurs (5%), d’escroquerie (5%), d’avortement (3%) et les arrestations pour défaut de carnet sanitaire (1%) sont parmi les autres motifs de détention.
Profil des détenues
Plus du tiers des détenues dans les établissements pénitentiaires le sont pour des délits mineurs. Les 140 détenues interrogées par le Hcdh et ses partenaires sont dans leurs majorités issues de milieux défavorisés. Aussi, sur l’ensemble de l’enquête, environ 66% des détenues consultées n’ont pas dépassé le niveau primaire. 34% sont non instruites, 32% se sont arrêtées en cycle primaire, 20% ont cessé les études au secondaire. Seules 42% des détenues interrogées ont fait les études supérieures.
72% des détenues sont en détention préventive
Sur les 152 femmes interrogées, seules 28% sont condamnés, soit 72% de personnes en détention préventive dont la majorité de longues durées. Le rapport indique qu’à la maison d’arrêt et de correction de Kaolack, sur 12 femmes consultés, 9 sont en détention préventive. A la Mac pour femmes de Liberté VI, 68% de la population carcérale étaient en détention préventive, et seules 32% des détenues avaient été jugées et condamnées par le tribunal.
Les longues détentions préventives s’empirent du fait de l’absence d’avocats. Le rapport indique que la situation est beaucoup plus alarmante en dehors de Dakar. A Thiès, seules 4 des 20 détenues bénéficient d’un avocat commis d’office. A Kaolack et Tambacounda, 21% des détenues interrogées, bien qu’ayant un avocat, ont déploré leur manque de diligence et le fait de ne pas recevoir leurs visites. Pis, certaines des robes noires, d’après les témoignages de détenues à Thiès, ont disparu après avoir reçu leurs honoraires.
AMELIORATION DES CONDITIONS DE DETENTION : LA CONSTRUCTION DE PRISONS DANS LES REGIONS ANNONCEE
Après la pose de la première pierre de la maison d’arrêt et de correction de Sébikotane, le gouvernement dévole un projet de construction de prison de 500 à 600 places dans chaque capitale régionale. L’annonce est du Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Sidiki Kaba, qui présidait hier, dimanche 8 mars, la célébration de la Journée internationale de la femme à la maison d’arrêt et de correction de Liberté VI.
Les édifices vont respecter la séparation selon l’âge et la nature des peines, indiquent le Garde des Sceaux. L’objectif est de désengorger les prisons sénégalaises qui datent tous de l’époque coloniale. La construction de nouveaux lieux de détention vise à améliorer les conditions de détention. Sidiki Kaba juge aussi nécessaire de réfléchir sur une substitution de la criminalisation du trafic de drogue, ce qui permettra d’éviter l’emprisonnement des jeunes notamment des femmes.
REDUCTION DES MOTIFS DE DETENTION DES FEMMES : DES RECOMMANDATIONS AUX AUTORITES JUDICAIRES
Afin de réduire la détention des femmes, il est nécessaire d’harmoniser la législation sénégalaise avec les engagements internationaux pris par le Sénégal. L’Ajs et ses partenaires plaident aussi pour que les conditions dans les lieux de détention soient améliorées. Des mesures alternatives à la détention des femmes doivent être trouvées, surtout celles enceintes, allaitantes ou mères de jeunes enfants, suggèrent-on dans le rapport.
Dans les recommandations, il est aussi requis, la révision des infractions basées sur des stéréotypes de genre discriminant les femmes. Il s’agit là de dépénaliser l’interruption de grossesse et de modifier la qualification pénale du trafic de drogue et requalifier en délit le crime de drogue en particulier lorsque les femmes sont impliquées dans le transport. Il est également demandé aux autorités de fixer un délai limite à la (durée de) la détention préventive, prévoir des peines de substitution à l’incarcération des femmes, humaniser les lieux de privation de liberté et développer des actions préventives.
DE LA NECESSITE DE L’AUTONOMISATION ECONOMIQUE DES FEMMES
«Pour accéder au développement en Afrique, l'autonomisation économique des femmes doit être au cœur des stratégies visant à édifier des économies dynamiques et fédératrices». Fatou Bintou Djibo est formelle. La représentante du Pnud au Sénégal qui s’exprimait lors d’une table ronde sur «Le rôle de la femme dans le développement économique et humain en Afrique», à l’initiative du groupe de presse AllAfrica Global Media, éditeur de la plateforme allAfrica.com et allAfrica.fr. C’est dans le cadre de la célébration, ce dimanche, de la Journée internationale de la femme dont le thème choisi par les Nation unies est «Autonomisation des femmes – autonomisation de l’humanité: Imaginez !»
Pour Mme Djibo, «les impressionnantes avancées obtenues pour combattre les inégalités entre les sexes prouvent toute l'utilité des politiques durables, dont les bénéfices profitent à tous», notamment dans nos pays en voie de développement où les femmes représentent plus de 60% des illettrés. Dès, elle invite les femmes à surmonter les obstacles «pour accéder aux services publics, à la protection sociale, à des emplois décents, aux marchés et aux institutions sont toujours nombreux». Et cela passe par l’éducation. Car, «l'éducation et la formation des femmes sont des conditions sine qua non pour arriver au développement», a-t-elle déclaré.
Et la coordonnatrice du Systèmes des Nation unie pour le Sénégal de relever que 2015 est une année charnière pour les acteurs du développement dans la quête de changement de paradigme. A l’en croire, le vingtième anniversaire de la déclaration de Beijing (1995) est l’occasion de faire le point sur les progrès accomplis au niveau international dans la promotion des droits et des opportunités pour les femmes et les filles, tout en réaffirmant nos engagements en faveur de l’égalité entre les sexes.
Fatou Bintou Djibo reste convaincu que «le développement ne peut se réaliser si 50% de la population concernée (les femmes) est exclue des opportunités que le développement est à même d’offrir. De plus, on note que le nombre de ménages ayant pour chef une femme s'accroît rapidement dans les zones rurales dans de nombreux pays en développement, du fait de l'exode rural masculin faute d'emplois et d'activités rémunératrices. En Afrique subsaharienne, 31% des ménages ruraux sont dirigés par des femmes», souligne-t-elle.
70% de la production agricole dépend des femmes, mais…
Conséquence, même si des progrès ont été enregistrés, des défis restent à relever dans les douze domaines majeurs de préoccupation identifiés dans le Programme d'action de Beijing, 20 ans après. Selon Mme Djibo, en Afrique, parmi les défis rencontrés dans la création d’un environnement favorable pour le développement économique inclusif et équitable des femmes, figurent, entre autres, la problématique de l’émancipation des femmes africaines qui est une condition au développement, corriger l’inégalité des sexes dont l’Afrique subsaharienne a le niveau le plus élevé à l'échelle mondiale. L’autre frein c’est la frilosité des banques du Sud, les femmes ne possédant pas de capital initial garanti par les banques pour mener à bien leurs activités, l’accès et le contrôle aux ressources productives notamment la terre, en particulier dans les zones rurales. «En Afrique, 70% de la production agricole dépend des femmes mais elles ne possèdent que 2% de la terre». Or, «les femmes produisent 60 à 80% des aliments dans la plupart des pays en développement et sont responsables de la moitié de la production alimentaire mondiale», révèle-t-elle.
A l’issue de son 24ème Sommet Ordinaire des Chefs d'Etat et de gouvernement, l'Union africaine (UA) a déclaré l'année 2015: «Année de l'Autonomisation des Femmes et du Développement de l'Afrique pour la concrétisation de l'Agenda 2063, dans le cadre de la Décennie de la Femme Africaine (2010-2020). Histoire «de bâtir une Afrique intégrée, prospère et en paix, dirigée par ses citoyens et constituant une force dynamique sur la scène mondiale».
Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme hier, un rapport sur la situation des droits des femmes dans les lieux de détention au Sénégal a été présenté. Les conclusions d’une année d’enquêtes ont été déroulées lors d’une cérémonie présidée par le ministre de la Justice, Garde des sceaux à la Maison d’arrêt des femmes de Liberté VI.
D’après le dernier rapport de l’administration pénitentiaire, les femmes détenues représentent 4,32% des 36 028 prisonniers du Sénégal. Mais du fait de leur minorité, leurs besoins spécifiques ne sont pas pris en compte, a relevé le rapport sur la situation des droits des femmes dans les lieux de détention signé par l’Association des juristes sénégalaises, l’Observatoire national des lieux de privation de liberté et le bureau régional des Nations-Unis pour les droits de l’Homme.
Présenté hier, lors de la célébration internationale de la femme à la Maison d’arrêt des femmes de Liberté VI, le document résume les enquêtes effectuées pendant un an dans les prisons pour femmes de Liberté VI, Rufisque, Thiès, Kaolack et Tambacounda.
«Ce que nous avons vu, c’est que les femmes sont surtout en prison parce que ce sont des femmes. Elles sont victimes de marginalisation dans la société parce que l’Etat n’a toujours pas reconnu leurs droits fondamentaux tels qu’ils sont énoncés à la fois dans la Constitution du Sénégal et dans la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans le Protocole de Maputo. Et aussi parce que l’on ne prend pas en compte leur spécificité et qu’elles sont majoritairement pauvres et illettrées dans ce pays», a partagé la présidente de l’Association des juristes sénégalaises, Fatou Kiné Camara.
Au-delà de la question de la marginalisation basée sur le genre, la première cause de détention chez la femme est le trafic de drogue avec un taux de 31%. Ensuite, elles sont détenues pour infanticide. 16% de la population carcérale féminine sont accusés de ce crime.
Le troisième motif, qui est souvent lié à la pauvreté, c’est le vol avec 11%. Le niveau d’instruction est aussi pris en compte dans le rapport. Il apparaît que les 34% des femmes détenues ne sont pas instruites, 32% ont le niveau du primaire. Celles qui ont le niveau du secondaire sont 20% et elles sont 14% à avoir un niveau supérieur.
Dans ce lot, deux situations se distinguent : les détentions préventives et les condamnations. La proportion des détenues en préventive est de 72% contre 28% pour les condamnées. Les longues détentions préventives qui sont de six mois en matière délictuelle et illimitées pour les crimes en sont la cause.
72% de la population carcérale en détention préventive
La présidente de l’Association des juristes sénégalaises demande à ce que l’on revoit la loi sur la drogue et que l’on permette «au juge de moduler les peines en fonction de l’accusé qu’il a en face de lui». Pour réduire le nombre de femmes détenues pour infanticide, Fatou Kiné Camara demande l’application des dispositions du Protocole de Maputo signé par le Sénégal.
Cette convention stipule que la femme peut avoir accès à l’interruption volontaire de grossesse en cas de viol ou en cas d’inceste ou lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique et lorsqu’on ça peut mettre en danger la vie du fœtus.
Les rédacteurs de ce rapport se sont aussi arrêtés sur la situation des femmes enceintes dans les établissements de privation de liberté.
«Il n’est pas normal que l’on trouve en prison des femmes enceintes, des femmes allaitantes et des femmes avec des enfants à bas âge. En plus, c’est interdit dans la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant. Nous demandons à l’Etat de respecter les conventions qui posent les droits des femmes et d’avoir des mesures alternatives à l’emprisonnement des femmes en général et en particulier des femmes qui ont des enfants ou des femmes enceintes et évidemment de revoir sa législation», a plaidé la juriste.
Le Représentant du bureau régional des Nations-Unis pour les droits de l’Homme a résumé les recommandations faites aux responsables du système judiciaire et pénitentiaire sénégalais.
Andrea Ori a appelé à «l’harmonisation de la législation sénégalaise avec les engagements internationaux et régionaux pour éliminer les motifs d’inculpation discriminatoires et attentatoires aux droits humains des femmes». Ensuite, il a invité à «humaniser les lieux de privation de liberté» et à «prévoir des peines de substitution à l’incarcération pour les femmes».
Enfin, M. Ori a recommandé de «fixer un délai limité à la durée de la détention préventive».
A ces préoccupations, le ministre de la Justice a répondu en rappelant les réformes envisagées dans le système judiciaire et pénitentiaire. «La réforme du Code de procédure pénale est en train de prendre cela en charge pour limiter les détentions préventives et c’est un grand problème pour les femmes parce que la majorité des femmes qui sont en détention sont en détention préventive», a dit Sidiki Kaba.
Avec la suppression des assises et la création des chambres criminelles dans des Tribunaux de grande instance, les détentions préventives vont être écourtées, at-il ajouté. Les réformes prévoient une indemnisation des victimes des longues préventives acquittées.
En ce qui concerne la loi Latif Guèye qui criminalise le trafic de drogue, le Garde des sceaux a souligné que le texte a été voté au ministère de l’Intérieur et a informé qu’une évaluation est faite.
DE LA VULNÉRABILITÉ À L'ACTION
DANS L'UNIVERS DES DÉPLACÉES DE KAGUITTE, CASAMANCE
Les femmes constituent la couche sociale la plus vulnérable aux effets des conflits armés. Depuis le début du conflit irrédentiste en Casamance en 1982, on dénombre plus de vingt mille réfugiés répartis entre la Guinée-Bissau et la Gambie, dont 60 % sont des femmes. A force de faire face aux affres du conflit, plusieurs d'entre elles sont parvenues à développer une résilience qui fait d'elles de véritables vecteurs de paix. L'exemple des femmes déplacées de Kaguitte en est un bel exemple qu'il faut absolument chanter. N'était-ce pas hier le 8 mars !
Elles reviennent de loin. Dans la situation de conflit, les femmes du village de Kaguitte (Nyassia) ont su développer des capacités d'adaptation au point de devenir des forces capables d'apporter des changements. Des femmes qui ont payé un lourd tribut dans l'instabilité chronique qui s'est emparée de leur village.
Au cœur de leurs communautés, elles ont sombré dans une nuit sans fin au début des années 1990. Contraintes de quitter leur village, elles ont tout laissé derrière elles. Des récits de vie poignants, à l'image de cette femme de Kaguitte qui, affolée par les crépitements des balles et le cri assourdissant des populations en fuite, a fait face à un dilemme cornélien. Ne pouvant fuir avec ses deux enfants, elle a dû abandonner son bébé dans la chambre, préférant emporter l'aîné, âgé de 7 ans.
"La situation était indescriptible. Je n'avais personne pour m'aider et il fallait partir vite et léger pour pouvoir échapper. Je me suis dit qu'il valait mieux partir avec mon garçon de 7 ans qui devait pouvoir se débrouiller avec moi, pour parcourir les 8 km qui séparent le village de Kaguitte de l'axe principal situé au village de Dialang sur la route de Nyassia. J'ai juste pensé que les assaillants ne feraient rien à un bébé et cette croyance était tirée au plus profond de mon être".
Miraculeusement, le bébé a survécu, suite à une chaîne de solidarité villageoise. Cependant, la maman porte à ce jour le traumatisme de cet épisode. Elles sont nombreuses les femmes de Kaguitte qui ont développé le syndrome de stress post-traumatique, suite à l'instabilité qui a prévalu pendant longtemps dans la zone.
"En ralliant le village de Dialang à pied, j'ai perdu mes habits. J'étais toute nue. Ce sont les militaires qui m'ont donné une couverture. Je n'ai jamais voulu me rappeler cette sombre étape de ma vie. J'ai toujours peur de m'en souvenir", témoigne cette veuve déplacée de Kaguitte.
L'enfer des mines anti-personnelles
En plus du stress que la plupart d'entre elles ont développé, plusieurs femmes se sont retrouvées mutilées, parce qu'ayant sauté sur une mine anti-personnelle. En effet, plusieurs d'entre elles ont rencontré les engins de la mort en se rendant à leurs vergers ou à leurs champs. Mutilées, des femmes ont dû subir l'abandon de leurs époux à l'image de S. M.
"Je suis de Kaguitte et j'ai sauté sur une mine en allant récolter des oranges. Après l'accident, des militaires sont venus me transporter à Oussouye, puis à l'hôpital de Ziguinchor. J'ai été amputée de la jambe. C'était très dur. Je suis mariée et mon époux est à Kaguitte. J'ai plusieurs enfants et depuis cet accident, mon mari vient rarement me voir (...). Je n'ai pas de moyens pour nourrir mes enfants..."
La perte de leur époux ou de leur soutien a fait également que certaines femmes de Kaguitte se sont retrouvées mères de famille avec une progéniture à nourrir. La vie n'a pas également été de tout repos pour les déplacées de Kaguitte qui ont dû renoncer à leur vie paisible pour affronter inéluctablement la vie citadine de Ziguinchor.
Une réalité qui a entraîné dépaysement et stress chez plusieurs d'entre elles. Les femmes déplacées de Kaguitte ont confié que leurs conditions de vie, dès leur arrivée à Ziguinchor, ont été très difficiles. Selon S. Kâ : "La vie à Ziguinchor était difficile. La nourriture ne suffisait pas. Nous n'avions pas de ressources, nous vivions dans la promiscuité."
En plus, ces femmes soutiennent n'avoir rien ramené de Kaguitte. "Nous sommes arrivées avec rien à Ziguinchor. D'ailleurs, je suis arrivée avec ma tenue des rizières", explique S. D.
Un village meurtri, plusieurs fois rayé de la carte
Le 31 mai 1991, intervient le premier accord de cessez-le-feu entre le MFDC et l'Etat du Sénégal. Pour les populations de Kaguitte qui ont durement vécu les effets du conflit en Casamance, c'est un espoir naissant, le début d'une accalmie tant rêvée.
Mais, comme un château de cartes, cet espoir va très vite céder la place au cauchemar. L'abbé Diamacoune Senghor, sans doute le théoricien moderne du MFDC, rejoignait le maquis replié en Guinée-Bissau, le 12 août 1992, jetant ainsi l'opprobre sur l'accord de cessez-le-feu. Les conséquences ne se firent pas attendre. Le 1er septembre 1992, aux environs de 17h 30mn, Atika, la branche armée du MFDC, enterrait le cessez-le-feu en s'attaquant aux militaires de l'armée sénégalaise. Ce fut le début de ce qu'on a appelé la "bataille de Kaguitte".
Comme un coup de pied dans une fourmilière, les affrontements ont dispersé les populations de Kaguitte qui ont fui vers la Guinée-Bissau, Ziguinchor et Oussouye. Dans ce cercle vicieux constitué de violents affrontements, l'attaque du 1er septembre a été d'une violence singulière.
Plusieurs personnes ont perdu la vie et de nombreuses autres arrêtées par les éléments de l'armée sénégalaise, puis traduites en justice. N. S, 45 ans, retournée à Kaguitte, confie : "Le 1er septembre 1992 est une date inoubliable. Nous avons quitté notre beau village en masse et dans la détresse. Depuis, la paix n'est presque jamais revenue. Nous avons toujours peur, car les rebelles sont toujours dans les environs."
Plusieurs membres du village ont été tués à cette date, surtout des hommes. A l'image des hommes de la Casamance, ceux de Kaguitte ont entretenu de bonnes relations avec les femmes du village qui étaient la locomotive de l'économie et de la production. "Nous avons toujours entretenu de bonnes relations avec les femmes qui nous ont toujours apporté soutien dans la gestion de la maison", confie M. D trouvé à Kaguitte.
Lors de cette attaque, les populations quittèrent massivement Kaguitte, abandonnant derrière elles leurs maisons, leurs bétail, leurs champs bref, leur histoire. Le village fut dès lors rayé de la carte de la Casamance. Plus tard, en février 1993, une délégation composée de 11 personnes dont 10 hommes d'âge mûr et Mamadou Diallo, habitant de Kaguitte, alors adolescent, tenta un retour au village.
Sous la surveillance d'éléments de l'armée sénégalaise, ils dormirent cette nuit-là à la belle étoile, faute de demeure en bon état. Le lendemain, ils entamèrent la reconstruction. Le 8 avril 1993, un groupe de 51 personnes regagna aussi Kaguitte, des personnes qui seront réparties sur 3 maisons sous une forte surveillance militaire.
Retour massif
Ce retour coïncida avec l'appel à la paix lancé par l'Abbé Diamacoune. Depuis, d'autres attaques survinrent de manière sporadique, occasionnant des exodes massifs de populations. Pour ne rien arranger, la zone devint infestée de mines anti-personnelles dont les explosions répétées sur des individus, surtout les femmes du village, entraînèrent d'autres exodes massifs.
Le 31 septembre 1997, un véhicule sauta sur une mine et fit 5 morts et plusieurs blessés. Prises de panique, les populations quittèrent à nouveau le village. Au tout début des années 2000, le retour au village avait enregistré plusieurs candidats qui, craignant les mines, avaient emprunté les bolongs pour rallier Kaguitte.
En 2004, le retour fut si massif que des organisations de coopération décidèrent de construire des établissements scolaires et des structures sanitaires, en s'impliquant également dans le processus d'accompagnement du retour des populations.
"Kaguitte avait la réputation d'être un village modèle, une sorte d'Eldorado où coulaient le lait et le miel. C'était aussi un village cosmopolite où se rencontraient des populations d'ethnies différentes (les Peuls, les Manding, les Diolas, les Manjacks...", rapporte Abraham L. K Ehemba, dans un livre paru à titre posthume intitulé "Un rêve habité, textes et recherches sur la situation en Casamance", Edition Enaar kullimaaro Ecole de la Paix de Ziguinchor, février 2010. P 113-114.
Au total, plusieurs déplacements massifs dus au conflit ont été notés à Kaguitte en 1991, 1993, 1996 et 1999.
LA VIE À ZIGUINCHOR
Place à l'action
Aujourd'hui, elles retrouvent de plus en plus leurs marques à Ziguinchor où les activités de teinture et de savonnerie leur permettent de subvenir tant bien que mal à leurs besoins. Le chemin aura été long pour ces femmes qui étaient prises dans un tourbillon de violence.
Leur nouvelle vie n'allait pas être de tout repos. Arrivées à Ziguinchor, les femmes déplacées de Kaguitte ont été confrontées à un dépaysement matérialisé par la difficulté de s'insérer dans la vie citadine. Plusieurs d'entre elles seront obligées de retourner au village, malgré le danger permanent qui y régnait.
Face à une telle situation, celles qui sont restées à Ziguinchor se sont organisées. Le constat sur le terrain, c'est qu'elles ont mis sur pied une association d'entraide et s'adonnent à des activités de teinture et de transformation de produits. "Nous avions juste compris que seule une union sacrée pouvait nous sauver", souligne Rama Dème, présidente du mouvement des femmes déplacées de Kaguitte.
Les nouveaux types d'activités génératrices de revenus, méconnues des femmes avant l'éclatement du conflit, ont permis d'alléger leurs souffrances à Ziguinchor et d'améliorer leur quotidien. Malgré la situation de fragilité qui frappe Kaguitte depuis plusieurs années, le village connaît présentement un développement dans le domaine de la teinture et de la transformation.
Ces nouvelles activités sont en train de concurrencer sérieusement celles connues dans la zone avant les déplacements massifs dus au conflit, notamment la riziculture, l'élevage et le commerce.
Ainsi, les femmes de Kaguitte se sont scindées en deux groupes : les unes sont restées à Ziguinchor, les autres sont retournées au village. M. M, rentrée au village, explique :
"Certes la vie à Ziguinchor n'a pas été facile, mais nous sommes retournés à Kaguitte pour reconstruire notre terroir, en nous appuyant évidemment sur la chaîne de solidarité qu'on avait tissée avec nos sœurs déplacées. Aujourd'hui, l'entraide est telle que la teinture et la savonnerie se sont parfaitement installées dans nos habitudes économiques."
L'application pratique de connaissances et de compétences dans la vie de tous les jours, y compris la gestion de situations difficiles, a renforcé et permis aux femmes déplacées de Kaguitte de se regrouper pour agir. C'est ainsi qu'elles ont intégré le centre de la Fédération départementale des associations féminines de Ziguinchor. Ce fut le début de leurs actions.
Puiser dans la résilience développée pour résoudre le conflit
Grâce aux bénéfices obtenus de leurs activités, les femmes ont pu améliorer leurs conditions et sont même allées jusqu'à soutenir leurs sœurs retournées au village. Rama Dème explique :
"Nous avons introduit la teinture et la savonnerie à Kaguitte. Il s'agissait pour nous d'aider nos sœurs qui sont restées là-bas à avoir une activité génératrice de revenus, vu que l'agriculture a connu un recul avec les attaques répétées et les mines qui jalonnent les chemins des rizières. A force de quitter notre village sous les rafales et les mines, nous sommes arrivées à dompter notre peur, nos craintes, bref nos émotions afin d'améliorer nos conditions de vie et participer à l'essor de notre village, et par là, notre Casamance", clarifie S. Cissé.
Le mécanisme de résilience développé par les femmes déplacées de Kaguitte a engendré dans le village l'essor d'une nouvelle activité économique basée sur la teinture et la transformation. Pour elles, la résilience constitue une piste sérieuse à interroger, dans le cadre de la résolution du conflit.
Selon S.S, "en Casamance plusieurs femmes ont souffert du conflit, mais jamais elles n'ont baissé les bras. Les femmes ont conscience du rôle central qu'elles jouent au sein de leurs familles et de la société. A force de souffrir, nous sommes parvenues à dompter la douleur et avons décidé d'agir pour la paix. A ce sujet, on organise souvent des séances de prières à Kaguitte pour demander à Dieu un retour de la paix. D'autres vont dans le bois sacré pour prier. Souvent, on organise des rencontres au sein des 7 groupements que compte le village pour discuter de la paix et des moyens pour y parvenir".
Un bel exemple à célébrer lorsqu'on chante la femme.
LES PRISONS SONT DANS UN ETAT INADÉQUAT POUR LES FEMMES ENCEINTES OU ALLAITANTES
Dakar, 8 mars (APS) – Les prisons sénégalaises ne sont pas équipées de manière à pouvoir accueillir les femmes enceintes ou allaitantes, lorsqu'elles sont condamnées à des peines de prison, selon un rapport publié ce dimanche, à Dakar.
Dans les prisons au Sénégal, "le statut des enfants n’est pas (...) pris en compte, car ils vivent dans les mêmes conditions de détention que les adultes", déclarent les auteurs de cette étude publiée à l'occasion de la Journée internationale de la femme.
Le rapport a été réalisé par le Bureau régional pour l’Afrique de l’Ouest du Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et l’Association des juristes sénégalaises (AJS).
Il est basé sur des entretiens réalisés entre mars et juillet 2014 avec 152 femmes détenues dans cinq prisons accueillant plus de la moitié de la population carcérale féminine du Sénégal, à Liberté VI, Rufisque, Thiès, Kaolack et Tambacounda.
Le rapport signale "l’absence (…) d’un régime alimentaire adapté à l’âge des enfants" vivant avec leur mère en prison.
"Aucune des mesures préconisées" par le droit international "n’a été prise dans les établissements pénitentiaires" pour mettre les femmes enceintes ou allaitantes dans les conditions carcérales idoines, selon l’étude, qui a été présentée ce dimanche au garde des Sceaux, ministre de la Justice, Sidiki Kaba, à la prison pour femmes de Liberté VI, à Dakar.
Ses auteurs affirment que "11 enfants âgés de zéro à 20 mois étaient incarcérés avec leur mère", au moment de la réalisation du rapport, sans que des chambres leur soient réservées.
Ils déplorent qu’il n’existe pas d’"espaces de jeu" pour les enfants, ni de "garderies" pour eux, dans les prisons.
PAR FATIMÉ RAYMONNE HABRÉ
AU NOM DE TOUTES LES FEMMES COMBATTANTES…
Dans cette Afrique soumise à la politique du chaos, vos destins se jouent dans le silence de cette gent masculine qui nous gouverne sans courage
Femmes Africaines, que de combats, vous avez menés
Adolescentes, célibataires ou mariées,
Souvent incomprises, malmenées mais toujours sollicitées,
Votre quotidien est de gérer, parents-foyer-activités,
Combattives, dignes et décidées, vous essayez d'exister dans ce monde, où de l'espace politique, vous êtes écartées, ou, confinées dans des rôles sans intérêts ou sans cesse surveillées.
Instrumentalisées pour des desseins inavoués, vous en êtes venues à trouver refuge dans des espaces discrets, frustrées et désappointées.
Dans cette Afrique soumise à la politique du chaos, vos destins se jouent dans le silence de cette gent masculine qui nous gouverne sans courage.
En ce 8 Mars, je vous invite à investir davantage l'arène politique pour exprimer vos idées et propositions pour l'avenir de nos pays.
Des milliers de femmes ont participé au Printemps Arabe, sur la place Tahrir, elles ont été violées, dans les rues de Tunis, elles ont été agressées mais elles ont persévéré jusqu'à la victoire finale. Une pensée pour elles.
Nous devrions nous inquiéter pour notre Avenir, et, pour notre Continent.
Chaque jour, des coups sont portés à nos valeurs, à notre dignité.
Chaque jour, des diversions sont organisées pour nous dissimuler le pillage de nos cités.
Jour après jour, des moyens sophistiqués réduisent à néant notre désir de changer notre destinée.
Que devrions- nous enseigner à nos enfants ?
Que la Téranga devra désormais porter des guillemets ? Quand des familles après 25 ans de vie, voient leur destin scellé par une multinationale du crime politique, médiatique et judiciaire ?
Que 200 jeunes filles africaines ont pu être enlevées et transportées en plein jour, dans des bus, sans être repérées par des drones pourtant à proximité.
Tout comme, il y a 20 ans, plus d'un million de tutsis ont pu être massacrés en 20 jours, sans aucune image des auteurs du génocide malgré les satellites positionnés.
Existe-t-il un débat autour des enjeux réels dans nos pays, ou bien, étouffons-nous sous une autocensure généralisée autour des questions économiques et du renforcement du Grand Capital occidental dans nos contrées ?
En ce 8 mars, plusieurs pays n'ont pu faire adopter le Code de la Famille faute de consensus sur les Droits des femmes.
De même, dans de nombreux pays, il n'y a plus d'opposition, à l'ère des drones, la répression a, désormais, elle aussi, des armes sophistiquées ; harcèlement fiscal, accusations de détournement de fonds, procédures judiciaires abusives. Cela donne, au finish, un mirage démocratique reposant sur un énorme clientélisme, des tripatouillages constitutionnels assurant tantôt des prolongations de mandat, tantôt des présidences à vie.
Un achat massif des consciences permet d'avoir des élections "apaisées" ainsi, se construit le mythe de la bonne gouvernance.
Comme on peut le relever, toutes les institutions sont en crise ; les institutions judiciaires ne sont plus crédibles, elles ploient sous la volonté présidentielle, l'armée est fragilisée par le blanchiment, le trafic de drogue, la fausse monnaie. La soi-disant Communauté Internationale - si prompte à décider qui, il faut juger, et, qui, il faut laisser tranquille - connaît tous ces abus, dérives et perversions. Au nom de ses intérêts économiques et stratégiques, elle soutient les hommes-lige qui lui obéissent et elle les aide à mettre en place ces fictions démocratiques, qui grandissent, sous son aile protectrice et prédatrice. Elle bénéficie dans cette complicité avec les régimes, de l'appui d'une société civile artificielle, prête à se mettre au service des citadelles d'argent et à porter leur guerre contre les priorités nationales.
Un bilan peu reluisant dans la conduite des affaires de la cité par la gent masculine mais qui contraste avec les discours ambiants sur une économie africaine prometteuse alors que l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique Centrale sont déstabilisées par des actions de terrorisme servant de prétexte à leur morcellement et à une remilitarisation économique : synonyme de perte de souveraineté et de pauvreté.
Cette faillite ne justifie t-elle pas qu'une place plus grande soit faite aux femmes dans les stations de pouvoir ? Notre continent n'a plus de leaders, il n'y a plus d'hommes ayant un courage politique, ayant foi en leur pays, en la capacité de leurs populations de réaliser une vision au service des intérêts nationaux et de se mobiliser pour le faire.
Voici venu le temps des femmes !
Bonne fête ! A toutes les femmes.
Mme Fatimé Raymonne Habré
LA MAIRIE DE KAOLACK OFFRE DES DENRÉES ALIMENTAIRES AUX FEMMES DÉTENUES
Kaolack, 8 mars (APS) – Le conseil municipal de Kaolack (centre) a offert samedi des denrées alimentaires aux 18 femmes détenues à la maison d’arrêt et de correction de la ville, a constaté l’APS.
Cinq cent trente-quatre personnes, dont 18 femmes, sont actuellement en détention dans cette prison, a indiqué son régisseur Saliou Thioune, lors de la cérémonie de réception du don.
La mairie a fait ce geste de solidarité avec les femmes en détention, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, qui est célébrée ce dimanche.
"Ce geste de la mairie est une façon pour le conseil municipal de célébrer cette journée avec nos sœurs et nos mamans détenues", a expliqué Ndèye Sokhna Guèye, une conseillère municipale.
La mairie de Kaolack a aussi organisé une séance de don de sang pour "venir en aide aux femmes qui en auront besoin dans les hôpitaux", a ajouté Mme Guèye.
"Cette séance nous a permis de récolter au moins 50 poches de sang, qui ont été remises aux autorités de l’hôpital régional El Hadj Ibrahima Niass", a-t-elle indiqué.
LES FEMMES INVITÉES À RESTER A L'AVANT-GARDE DES COMBATS D’ÉMANCIPATION
Dakar, 7 mars (APS) – La conseillère de l’Unesco Maréma Touré Thiam a appelé samedi les femmes sénégalaises à rester à l’"avant-garde" des combats d'émancipation sociale, malgré l’entrée en vigueur depuis quelques années de la loi sur la parité des genres dans les fonctions électives.
"Le fait d'avoir des avancées grâce à la loi sur la parité ne doit jamais nous faire oublier que les femmes doivent rester à l’avant-garde" des luttes d’émancipation, a-t-elle dit.
Mme Thiam intervenait à une table ronde sur "le rôle de la femme dans le développement économique et humain en Afrique". Cette rencontre a été organisée par le groupe de presse AllAfrica Global Media.
Elle a qualifié la loi sur la parité de "révolutionnaire" et a invité les femmes sénégalaises à "travailler à la transformation de la société".
LES FEMMES DOIVENT CONTRIBUER A LA MISE EN ŒUVRE DU PSE
Dakar, 7 mars (APS) - Le Premier ministre Mahammed Dionne a souligné samedi à Dakar l’importance de la contribution des femmes à la politique d’"inclusion sociale" déroulée par le gouvernement dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE).
"Le Plan Sénégal émergent, c’est la transformation de la structure de notre économie. C’est aussi l’inclusion sociale. On ne peut pas parler d’inclusion sociale s'il n'y a pas l’implication des femmes dans le processus de développement", a-t-il dit.
Le PSE est le programme de développement économique par lequel le Sénégal veut atteindre l'"émergence", d'ici à 2015.
Le chef du gouvernement participait à une réunion organisée par le mensuel Intelligences Magazine, en prélude de la Journée internationale de la femme, à célébrer dimanche.
L’implication des femmes dans les politiques de développement passe par "la connaissance et les capacités productives", a ajouté Mahammed Dionne.
"Autonomiser, c'est ce que le gouvernement fait en facilitant l'accès des populations aux infrastructures", a-t-il encore dit, en faisant allusion au thème choisi cette année par les Nations unies pour la célébration de la Journée internationale de la femme : "L’autonomisation des femmes"