Les avortements constituent un fléau dans les zones difficiles d’accès des départements de Matam et Ranérou. Selon les témoignages recueillis, ils sont dus au manque de structures sanitaires et de personnel de santé qualifié.
Dans les zones reculées des districts sanitaires de Ranérou et Matam, les femmes interrogées lors de la caravane d’offre des services de la planification familiale ont avoué avoir fait des avortements spontanés. La fréquence de ces derniers est relative au manque d’infrastructures sanitaires et de personnel qualifié capable d’assister les femmes pendantles accouchements.
Parmi les femmes ayant fait au moins un avortement, Aminata Ndiaye. Sur les sept grossesses qu’elles a contractées dans les liens du mariage, elle a avorté deux fois. La dame accuse le manque d’infrastructures sanitaires et de personnel de santé. En plus de cela, les femmes des villages enclavés avortent à cause des grossesses rapprochées, mais aussi de leur âge avancé.
Agée de 44 ans, Maïmouna Konté ne veut pas arrêter de donner naissance. Conséquence : sur 9 grossesses, elle a avorté 4 fois, sans compter le bébé perdu six mois après sa naissance. Cette femme originaire de Thilogne, à une cinquantaine de kilomètres de Matam, malgré les explications des sages-femmes, promet de mettre encore d’autres enfants au monde.
Selon elle, les avortements dépendent de la volonté de Dieu. « Si le bon Dieu ne veut pas qu’un enfant naisse, quels que soient les moyens qu’on mettra en œuvre, ce dernier ne survivra pas », soutient-elle. Aïssatou Sall, elle, a avorté 3 fois sans le vouloir. Cependant, elle a reconnu que ces avortements non désirés lui ont permis d’espacer les naissances.
« Les avortements sont douloureux, mais parfois ils permettent d’éviter les grossesses rapprochées », avoue-t-elle. Pour Coumba Ndiaye, les trois enfants perdus par avortement sont dus aux travaux ménagers. « Ici, quand on tombe en état de grossesse, on continue à faire les mêmes tâches ménagères, c’est-à-dire la cuisine, le linge du mari, de la belle-mère, des beaux-frères et des enfants.
Tout ceci favorise les avortements, d’autant plus que nous n’avons pas de médecins et des sages-femmes qui peuvent convaincre nos maris en leur disant qu’une femme enceinte ne peut pas tout faire », se désole la jeune Coumba qui dénonce les conditions de vie des femmes rurales.
Salimata Bâ n’a pas encore d’enfants. Elle est venue demander des conseils auprès des sages femmes, parce qu’ayant avorté 7 fois. Tous les avortements surviennent au deuxième mois de grossesse. Les larmes aux yeux, Salimata, contrairement aux nombreuses femmes des villages des localités enclavées de la région de Matam, veut un remède contre les avortements.
Pour le médecin-chef du district de Matam, Dr Niène Seck, les nombreux avortements sont dus au manque de structures de santé et de suivi des femmes en état de grossesse. « Pour être suivi, il faut que la femme fasse une trentaine de kilomètres pour voir une sage-femme ou un infirmier.
Ce qui entraine souvent des avortements dans ces zones », explique-t-il, révélant que, heureusement, les sages-femmes et les infirmiers ont été formés récemment sur les soins après avortement.
LE FAWE MET LES PARENTS D’ÉLÈVES AU DEVANT DU COMBAT
CONTRE L’EXCISION, LES VIOLS, LES MARIAGES ET GROSSESSES PRÉCOCES,…
Le Forum des éducatrices africaines (Fawe) a animé hier à son siège, une séance de partage et d’informations sur la récurrence du viol des droits des enfants, avec des membres de la Fédération nationale des parents d’élèves du Sénégal (Fenapes) et de l’Union départementale des parents d’élèves de Dakar. L’idée est de faire des parents des relais, pour sensibiliser leurs pairs sur les conséquences que les viols, l’excision ou encore les mariages précoces peuvent avoir sur la santé et l’éducation des enfants.
Les violences faites aux filles sont d’une récurrence déconcertante au Sénégal. Les victimes paraissent de plus en plus laissées à elles-mêmes au grand dam de parents résignés et convaincus de l’inefficacité de l’arsenal juridique en place pour combattre ces phénomènes.
Si on prend l’exemple de l’excision, la dernière Etude démographique et de santé (Eds) fait état de 28 % de prévalence au niveau national et pas de moins de 17% de prévalence dans la capitale. Ce qui veut dire que malgré les efforts entrepris, la pratique gagne du terrain de façon insoupçonnée. Pourtant une loi votée en 1999 sur l’excision prévoit des peines de prison allant jusqu’à 10 ans d’emprisonnement ferme. Mais comme la loi n’est pas appliquée, le phénomène s’accentue et les conséquences sanitaires sont incommensurables.
C’est la même chose avec les viols suivis de grossesses des filles. Le constat est que la déperdition scolaire des filles est grandement liée à ces grossesses. Que dire des mariages précoces qui sont également une réalité dans certaines contrées du pays ?
Bref, les violences sont multiples et multiformes au point de mobiliser le Forum des éducatrices africaines (Fawe), qui a animé hier à son siège, une séance de partage et d’informations avec des membres de la Fédération nationale des parents d’élèves du Sénégal (Fenapes) et de l’union départementale des parents d’élèves de Dakar.
Une occasion pour la présidente de l’Ong, d’insister sur le rôle oh combien important des parents sur la protection des droits des enfants de manière générale. En effet, pour Mame Bousso Samb, il appartient en grande partie à la famille d’éduquer les enfants, mais il appartient à la communauté toute entière de participer à leur protection et à l’Etat d’assurer leur sécurité.
Aujourd’hui, regrette Mame Bousso Samb, le Sénégal a ratifié toutes les conventions et chartes internationales, qui protègent l’enfant, mais bute sur l’application pour plusieurs raisons. Elle a sous ce rapport, donné l’exemple de la mendicité des talibés au Sénégal. En dépit des lois qui existent et qui interdisent formellement l’exploitation des enfants, ces derniers sont abandonnés et laissés à eux-mêmes à la merci de soi-disant marabouts, qui s’enrichissent sur leurs dos au vu et au su de tout le monde.
Même si elle n’a pas voulu trop s’avancer sur ce terrain, elle n’en accuse pas moins la société, qui maintient inconsciemment ces enfants dans la rue, en leur donnant de l’argent.
Venus représenter la Fédération nationale des parents d’élèves du Sénégal (Fenapes) et l’Union départementale des parents d’élèves de Dakar, Dame Seck et Séllé Guèye ont tous souscrit au partenariat lancé à leur endroit par le Fawe, pour sensibiliser les parents, sur la nécessité de protéger les élèves.
Après avoir reconnu que la situation des violences faites aux filles est devenue alarmante au Sénégal, ils ont lancé un appel à l’Etat, pour qu’il mette en place des mesures dissuasives et contraignantes à l’intention des contrevenants aux lois sur la protection des enfants.
"ON N’EST PAS EN 1988"
EXCLUSIF ENQUÊTE : L'ex-Premier ministre Aminata Touré se prononce, notamment, sur les mises en garde d'Abdoulaye Wade contre Macky Sall
Ils sont nombreux à se poser des questions sur l’attitude de l’ancien chef de l’État qui n’a pas hésité à forcer le barrage des forces de l’ordre pour se rendre au sit-in interdit du Front patriotique pour la défense de la République. Mais pour l’ancienne Première ministre Aminata Touré, la réponse coule de source : Abdoulaye Wade veut créer une tension artificielle pour faire libérer son fils. Mimi Touré, qui a accordé ce week-end un entretien à EnQuête, est d’avis que les questions d’un tribunal ne se règlent pas dans la rue. Sur un autre registre, l’ancien chef du gouvernement estime que les relations entre les institutions financières et les pays africains doivent se faire d’égal à égal. Surtout que les experts du Fonds monétaire ne sont pas des magiciens. Dès lors, elle rejette l’idée de suppression de la subvention de l’électricité de Christine Lagarde et milite pour une privatisation partielle de la Senelec. Sur le plan politique, au-delà des frustrations connues dans le passé, Aminata Touré qui nie avoir un agenda caché, réaffirme son appartenance à l’APR tout en reconnaissant des failles dans la communication du Président. Ce domaine constitue, selon elle, le talon d’Achille du régime de Macky Sall. Un président avec qui, dit-elle, les relations sont au beau fixe. Et de qui dépend son retour annoncé aux affaires.
Le PDS a initié une série de manifestations qui sont toutes interdites. Pensez-vous qu’on peut se permettre dans une démocratie normale de priver l’opposition de son droit de marche ?
On ne va pas retourner en 1968 où on disait qu’il est interdit d’interdire. On a vu ce que ça a donné. Moi je suis militante des droits humains. Les droits politiques sont extrêmement importants. Le droit de manifester est inscrit dans la Constitution. Mais tout droit est exercé de manière raisonnable. N’oubliez pas que ma liberté s’arrête là où commence la vôtre. On est dans un pays qui a un déficit de production important. On a parlé des problèmes d’électricité qu’il faut améliorer, etc. Vous pensez qu’on peut avoir des manifestations tous les jours ? Non !
Certes, toutes les manifestations ne peuvent pas être interdites. Mais il faut quand même qu’on puisse être raisonnable dans l’exercice des libertés. On ne peut pas, sous prétexte que c’est un droit démocratique, installer un désordre permanent dans la capitale économique. Moi je suis pour qu’on ait des positions raisonnables de part et d’autre. Je ne suis pas pour le tout interdire. Je ne suis pas non plus pour le tout autoriser. Je pense qu’il faut apprécier. L’opposition a ses droits, mais des droits à exercer avec modération en tenant compte du fait qu’on est un pays qui a besoin de travailler pour s’en sortir.
Abdoulaye Wade a forcé le barrage des forces pour participer au sit-in de son parti à la place de l’Obélisque. L’ancien chef de l’État a par la suite été très menaçant à l’endroit de Macky Sall. Que pensez-vous d’une telle attitude ?
Au fond, Abdoulaye Wade veut créer une tension artificielle pour faire libérer son fils et nous n'allons pas le suivre sur son terrain car le Président Macky Sall et le gouvernement ont un programme de développement à dérouler et des résultats à délivrer aux Sénégalais. Les Dakarois ne vont pas l'y suivre non plus, ils sont plutôt préoccupés par les défis de leur vie quotidienne. Abdoulaye Wade est avocat et connaît bien son droit, il sait mieux que quiconque que son fils est entre les mains de la justice et c'est à la justice de trancher. Ce ne sont pas des manifestations de rue qui y feront grand-chose. Le gouvernement, j'en suis sûre, va continuer à assurer la sécurité des personnes et des biens. Le droit de manifester est un droit constitutionnel mais tout droit n'a de sens que s'il est exercé avec raison.
Mais est-ce que ce n’est pas le fait d’interdire les manifestations de l’opposition qui crée toute cette tension ?
Manifester tous les jours n'est possible dans aucun pays du monde, la démocratie et l'anarchie, c'est deux choses différentes. Remercions Dieu pour notre stabilité politique et sociale ; c'est un bien précieux dont il faut prendre soin. L'opposition a tout à fait le droit de manifester mais en restant raisonnable. La liberté de travailler et de circuler librement en toute sécurité est aussi un droit fondamental et c'est à l'Exécutif de veiller au bon équilibre dans l'exercice des droits individuels et collectif. Sinon c'est l'anarchie et on sait où mène l'anarchie.
Ne pensez-vous pas que toute cette tension est due à une absence de dialogue ? N’y a-t-il pas nécessité d’ouvrir des espaces de concertation ?
Le dialogue politique, oui bien sûr. Dans toute démocratie, il est souhaitable que les acteurs se parlent en personnes responsables car après tout, chacun invoque et convoque le bien être des Sénégalais comme raison de son engagement politique. Oui il faut un dialogue. Mais il faut aussi bien comprendre que ce ne sont pas les politiciens qui tranchent les affaires judiciaires. Ce temps est révolu. On n'est pas en 1988 mais en 2015. Déserter le tribunal pour investir la rue n'est pas une bonne stratégie de défense à mon avis. Car la raison de tout cela est le procès en cours. C’est ça le fond de la question.
On ne peut pas régler les questions d’un tribunal dans la rue. Ce n’est pas un droit du citoyen. Ce n’est plus l’exercice politique d’un droit. S’il y a un procès, la question du procès doit se régler au tribunal. La défense a choisi son système de non-représentation. La non-représentation au tribunal n’est pas automatiquement le désordre dans la rue. Ça ne peut pas être un système de défense. Il faut bien dissocier les choses. Un pays doit être respecté pour l’ordre qui règne et la discipline, dans le respect des droits humains et républicains.
Justement parlons du procès. De plus de 700 milliards au départ, l’on parle maintenant de 117 milliards. Ne pensez-vous pas que le dossier d’accusation a été trop gonflé ?
C’est un procès en cours. Depuis l’ouverture du procès, je me suis gardée d’intervenir sur le dossier. J’avais été Garde des Sceaux. La parole est maintenant aux juges, à la défense. Laissez le procès se dérouler, en respectant toutes les normes d’un procès équitable. Avec les résultats, on va commenter. Mais vous pensez que même si c’est quelques milliards, on doit prévariquer sur les fonds nationaux ? Non ! Ce n’est pas la taille ou le volume de la malversation qui importe, mais le principe qui est répréhensible. J’en profite pour dire que, et ça c’est un grand acquis du régime du président Macky Sall, la bonne gouvernance est un acquis démocratique irréversible. Ce n’est même pas seulement au Sénégal. C’est maintenant une tendance mondiale. La reddition des comptes est un acquis sur lequel on ne va pas revenir. On le dit pour le passé mais également pour le présent. N’oublions pas que les organes de contrôle sont très actifs.
Pour en revenir au procès, on vous reproche de l’avoir trop politisé quand vous étiez ministre de la Justice.
Moi je ne sais pas ce qu’on appelle "politisé". J’exprimais mes positions.
Trop communiquer par exemple ?
Trop communiquer, vous avez besoin d’informer l’opinion sur ce qui se passe. Lorsqu’on est aux affaires, il faut savoir communiquer. L’opinion a besoin de savoir. On lui donne l’information juste. Et maintenant quand on est dans un procès, on s’abstient de commentaire. J’observe comme tous les Sénégalais, et on verra à l’arrivée.
N’avez-vous pas l’impression que le procès va vers l’impasse ?
D’après ce que je lis dans vos colonnes, les témoins sont auditionnés. La Cour conduit le procès. Il faut dire aussi que c’est un premier procès du genre. Et quand on initie ou expérimente ce genre de procédure judiciaire, c’est une nouveauté pour tout le monde. Ce n’est pas un procès classique, c’est clair. Ce sont quand même des sommes importantes de ressources publiques. En tout cas, je soutiens la démarche de tous les acteurs, les juges qui ne se laissent pas impressionner, les avocats de l’État qui plaident leur cause, ceux de la défense également qui font leur travail. C’est ça un procès juste et équitable, il n’y a pas besoin de vouloir manifester tous les jours.
Comment expliquez-vous alors la démission en pleine audience de l’un des assesseurs du président de la CREI ?
Ce sont des incidents qui arrivent. Ça n’a pas empêché le procès de se poursuivre. Si quelqu’un estime qu’il doit se retirer, la loi le lui permet. Qu’il le fasse tant que ça n’hypothèque pas le procès qui lui, continue son cours. Il y a beaucoup de médiatisation sans cause. Ce type de procès s’organise dans toutes les démocraties. Pour nous, c’est la première fois. C’est pourquoi peut-être il y a toute cette tension et cette attention médiatique.
Cette démission de l’assesseur Yaya Dia ne traduit-elle pas un certain malaise dans la Cour ?
Moi je ne le perçois pas comme tel. Dans des procès, vous avez des avocats qui jettent l’éponge. Vous avez un assesseur qui a jeté l’éponge, il a été remplacé et le procès se poursuit.
On parle de plus en plus de liberté provisoire pour Karim Wade, êtes-vous pour ou contre ?
Je ne suis ni pour ni contre. Je constaterai ce que la Cour décidera. C’est à elle de décider. Ce n’est pas une question personnelle. Je suis complètement dépassionnée par ce procès. Je pense que c’est l’exercice de la reddition des comptes. C’est qu’on n’a pas l’habitude. Le sujet de façon générale est la traque des biens mal acquis.
Mais on constate que Karim est le seul responsable de haut rang à être arrêté. On semble même oublier des députés qui ont vu leur immunité parlementaire levée. Pourquoi le fils de Wade uniquement ?
Je pense que le processus va se poursuivre. J’imagine que l’importance de la personnalité du premier prévenu explique que ce procès prenne du temps. On a un nombre limité de magistrats. Vous ne pouvez pas tout faire en même temps. Je ne pense pas qu’il y ait un acharnement particulier contre un individu. La reddition des comptes est un principe impersonnel. Certains ont également intérêt à politiser le procès en disant que c’est de la persécution politique, mais personnellement je ne le pense pas. Il y a les questions logistiques. Vous ne pouvez pas organiser plusieurs procès de ce genre.
D’après certaines indiscrétions, l’ancien procureur Aliou Ndao a jeté l’éponge parce que le pouvoir s’est opposé à sa volonté d’entendre des dignitaires de l’ancien régime comme par exemple l’ancien ministre de l’Economie Abdoulaye Diop…
Je l’ai lu dans la presse comme vous. Je suis aussi une citoyenne à la maison. Je m’informe pour l’essentiel à travers vos colonnes. Je n’en sais rien.
La reddition des comptes, c’est aussi pour les gouvernants actuels. Mais on voit que la directrice de l’OFNAC est obligée de bousculer les élus pour qu’ils fassent leur déclaration de patrimoine. Qu’est-ce qui explique cette attitude, selon vous ?
Parce que ce n’est pas une habitude, mais il faut le faire. Parfois ce n’est même pas parce qu’on a mal acquis ses biens. Il y a beaucoup de gens qui ont péniblement acquis leurs biens. Je pense qu’il doit y avoir même le concept de bien péniblement acquis (rires). Mais ce n’est pas dans notre culture (la déclaration). Parce qu’après, on est envahi par la demande sociale. On ne savait pas que vous aviez autant d’argent, peuvent vous dire certains de vos proches parents, etc. Il y a un peu cette crainte, mais ce n’est pas forcément que les gens n’ont pas légalement acquis leurs biens. Mais il faut qu’on dépasse un peu ce blocage culturel pour aller de l’avant. On est dans un système social de parenté où il faut régler les problèmes des autres. Et souvent il y a cette dimension-là.
La patronne du FMI est au Sénégal. Qu’est-ce que le gouvernement peut attendre concrètement de cette visite ?
Le Fonds monétaire international est le partenaire technique et financier pour nombreux pays en voie de développement. Je veux d’ailleurs commencer par dire qu’il faut saluer l’évolution de la trajectoire du FMI. Dans les années 80, lorsque nous commencions notre vie militante, le FMI et la Banque mondiale étaient des institutions repoussoirs. Il y avait cette approche purement économique, économétrique même. Et au fil des années, il y a eu une évolution ; vous vous rappelez ces fameuses politiques d’ajustements structurels à visage humain. Cette évolution est due à l’acquisition d’une souveraineté affirmée des pays clients de la Banque et du Fonds. C’est dans ce nouveau contexte que cette coopération-là s’inscrit. Les pays, de plus en plus, affirment leur demande en tant que client qui sait ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas. Les relations sont beaucoup plus équilibrées que par le passé.
Le FMI est donc un partenaire et le fait que sa directrice se soit arrêtée à Dakar est un message sans équivoque au Plan Sénégal émergent qui est un plan qui dépasse notre génération. Son cadre temporel va jusqu’à 2035. C’est comme ça justement que moi je perçois les questions de développement. Elles doivent transcender les régimes, les présidents qui les initient. A la fin du plan, le président Macky Sall qui l’a initié sera très âgé. Donc, il faut qu’il y ait cette continuité du point de vue des ambitions économiques. Elles ne doivent pas nécessairement se plaquer à l’existence des mandats présidentiels. C’est un effet cumulatif. Abdou Diouf a réalisé un tronçon de notre développement, il en est de même du président Abdoulaye Wade. Le président Macky Sall va jouer sa partition et par la suite d’autres continueront.
Est-ce que les remèdes du FMI sont toujours applicables à des pays africains pauvres comme le Sénégal ?
Les remèdes, comme vous dites, ont beaucoup évolué. Ce sont maintenant plus des recommandations. Et les États ont le choix. Les experts du Fonds et de la Banque ne sont pas des magiciens. Moi-même, j’ai été fonctionnaire internationale des Nations unies. Ce sont des gens comme moi que vous trouvez là-bas. Les États ont à regarder en rapport avec leurs intérêts nationaux, leur vision, leurs perspectives économiques. Et ils discutent, ils acceptent ou ils refusent. Comme je l’ai dit, ce sont des relations beaucoup plus équilibrées. Le FMI s’intéresse particulièrement aux équilibres macroéconomiques. On peut le comprendre, vous ne pouvez pas tout le temps dépenser ce que vous n’avez pas. Mais dans les pays comme les nôtres également, les politiques sociales sont extrêmement importantes.
Et c’est heureux de voir cette nouvelle vision dans les institutions financières internationales. Moi je suis de la génération où on a fermé les internats parce qu’on estimait que c’était trop de dépenses. On avait commencé à parler de recouvrement de coût dans le système de santé. C’est donc à cette génération traumatisée par les politiques d’ajustements que j’appartiens. C’est donc une satisfaction de voir que la vision a beaucoup évoluée. Je sais par exemple que le programme de bourse familiale est un programme qui a besoin de se faire connaître, parce qu’il marque une rupture fondamentale. Je suis sûre qu’il y a 15 ans, les institutions internationales ne l’auraient pas vu d’un bon œil. La banque mondiale va investir avec nous dans ce programme. Parce qu’il s’agit de soulever une masse importante de population en dessous d’un seuil de pauvreté qui, à mon avis, est indigne de la condition humaine.
Certes, la Banque mondiale vous accompagne dans votre politique de santé. Mais au même moment, Mme Lagarde préconise la suppression de la subvention sur l’électricité. Quel commentaire cela vous inspire ?
C’est là où je parle de souveraineté. C’est sa recommandation comme économiste. Personnellement je pense qu’on pourra le faire à terme, lorsqu’on aura une capacité de production importante, avec des unités de production privées et indépendantes. Qu’il y ait la concurrence et une politique des prix qui permettra d’avoir une électricité à la baisse. Déjà on a l’une des électricités les plus chères au monde. Si vous arrêtez la subvention, l’électricité va s’envoler avec les conséquences en termes de compétitivité de nos entreprises. Je ne parle pas maintenant du coût social. C’est donc une mesure sur laquelle je ne suis pas d’accord.
Certes sur le principe, on peut comprendre sa recommandation. Mais il y a les principes, l’application des principes et les conséquences que cela peut générer. Je pense qu’il faut y aller progressivement, attendre que la Senelec améliore ses capacités de production et sa gestion. Le président de la République avait demandé à l’époque que la Senelec fasse des efforts importants pour la réduction des coûts, parce que ce sont ces mêmes coûts qui sont répercutés aux consommateurs. Et comme on ne peut pas les répercuter directement aux consommateurs, c’est l’État qui prend en charge ces coûts à travers la subvention. Actuellement, plusieurs centrales sont en train d’être construites. Je pense qu’il faut inviter plusieurs producteurs, libéraliser le secteur.
Donc vous aussi, vous êtes d’avis qu’il faut privatiser la Senelec ?
Disons que j’ai une opinion intermédiaire. Moi j’estime que la Senelec devrait être dans la distribution. Ce réseau lui appartient, elle ferait beaucoup d’argent. Et la production, au fur et à mesure, pourrait être laissée à des opérateurs privés. Mais encore une fois, de manière transitoire et avec beaucoup de négociations, parce qu’il faut parler aux travailleurs. L’électricité est un secteur extrêmement sensible.
La participation récente du président de la République à la marche de Paris a été décriée par une partie de l’opinion. Avec le recul, pensez-vous que le président devait prendre part à cette marche ?
Oui, je le pense. On a quasiment épuisé la question. Dans une démocratie, les gens ont des opinions différentes. Il a participé à l’instar de plusieurs dirigeants de pays musulmans. Cela n’a rien à voir avec la religiosité des uns et des autres. Il y a eu les représentants de pratiquement tous les pays musulmans pour s’indigner contre le terrorisme. N’oublions pas que ce n’est pas un phénomène qui est très éloigné de nous. Le Mali a failli être désintégrée. On voit ce qui se passe au Nigeria. Il faut être vigilant. Je lui aurais suggérer de le faire s’il m’avait demandé mon avis à l’époque. Cela n’a rien à voir avec les caricatures inacceptables du prophète Mouhammad (SAW).
Le problème qu’on a, c’est que nous sommes dans un monde où par rapport à la religion, il y a plusieurs approches. Certaines sociétés sont des sociétés post-religieuses. Elles estiment qu’elles ont dépassé les questions de religions. Elles ont donc du mal à comprendre comment la foi est importante pour certains, notamment pour des musulmans. Donc il y a un malentendu. Et je pense que si on veut aller vers un monde de tolérance et de compréhension, il faut que les uns apprennent à connaître les autres et à les respecter dans leur foi. Le Sénégal quant à lui est un pays de tolérance. N’oublions pas que nous avons eu un premier président chrétien dans un pays dont les 95% sont des musulmans. Il a été soutenu à l’époque par des guides religieux musulmans. Nous vivons dans notre pays en parfaite harmonie avec nos concitoyens chrétiens. Je pense qu’il faut préserver cela. Le Sénégal est connu pour un islam de paix. Nous avons de grands érudits, de grands religieux. Il faut le préserver.
Le tollé soulevé par la présence du chef de l’État à la marche de Paris, a fait resurgir de nouveau la question de la communication du président. Ne pensez-vous pas qu’elle est mal gérée ?
On va l’améliorer. Tout est améliorable. C’est notre talon d’Achille. Nous faisons beaucoup de bonnes choses... mais n’oublions pas que l’APR (Alliance pour la République, parti présidentiel) est un parti très jeune. L’expérience est un processus cumulatif mais on va se bonifier au fur et à mesure. C’est un secteur dans lequel il nous faut travailler, c’est sûr.
Vous êtes un peu en recul par rapport à l’actualité politique. Aujourd’hui quel est le quotidien de Mme Aminata Touré.
Je fais beaucoup de choses. Je voyage, j’ai des consultations de temps à autre. J’étais à l’Ile Maurice pour le compte de l’Union africaine. J’ai des activités politiques aussi. Elles ne sont pas toutes publiques. Je suis un responsable politique.
A Grand Yoff ?
Oui à Grand Yoff ! Mais je suis Responsable au niveau national aussi. Je rencontre beaucoup de citoyens, je discute, j’écris. J’ai un quotidien assez chargé somme toute.
Et à quand le retour aux affaires de façon publique ?
Ça, ce n’est pas moi qui en décide. Ce n’est pas une nécessité forcément. Je n’étais pas dans les affaires mais je travaillais. J’ai travaillé pour les Nations unies pendant presque une vingtaine d’années. J’ai travaillé dans le secteur privé, j’ai travaillé dans les ONG également. On peut être utile à sa communauté dans différentes positions. Ce n’est pas une obsession.
Récemment, votre retour a été annoncé dans la presse. Quelle position Mimi Touré peut occuper dans l’attelage gouvernemental ?
C’est à monsieur le président de la République qu’il faut poser cette question. Mais comme je vous ai dit, ce n’est pas une obsession. On est aux affaires, on quitte les affaires, on s’occupe d’autres choses. On n’est pas forcément dans une situation dépressive quand on quitte les affaires. Au contraire…
Il est dit que vous lorgnez le poste d’Aminata Tall. Qu’en est-il exactement ?
Il y a beaucoup de choses qui se disent et qui ne sont pas justes. Et parfois il y a de petites intentions malsaines qui les sous-tendent. Ce n’est pas ça. Et j’en profite pour vous rappeler qu’Aminata Tall est une amie de plus de 30 ans. Quand on traversait l’opposition ensemble à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de femmes. On s’est connues du temps de la Conacpo et de toutes les coalitions qui ont eu lieu autour de Me Wade. Depuis lors, une amitié très solide nous lie.
Mais est-ce que vous n’avez pas un agenda caché ?
Les agendas, on en a tous. Mon agenda est public. Il faut prendre les gens aux mots. Vous ne pouvez pas aller voir ce qu’il y a dans leur tête. J’ai dit que je suis militante de l’APR. J’accompagne le président pour qu’il ait un second mandat. On n’a pas que des amis. Il y a des gens qui ne nous aiment pas forcément. Mais ça, c’est la vie. Personne ne peut y échapper. C’est facile de dire on pense que, on vous soupçonne de... ; moi je suis assez franche et j’ai dit ce que j’avais à dire. Je suis membre de l’APR, je veux que mon parti élargisse sa base sociale. On veut élargir également la base des alliances pour avoir une bonne représentativité dans le pays afin que le président ait un second mandat pour qu’il puisse continuer tous ces projets qu’il a commencés.
Comment expliquez-vous alors ce qui ressemblait à une brouille avec l’APR après votre départ de la Primature ?
Après mon départ, j’avais besoin de me retrouver un peu avec moi-même, avec ma famille, reprendre contact avec mes relations internationales. On a une vie intellectuelle, une vie familiale. On a aussi une vie affective, parce que je n’avais pas beaucoup vu mon époux pendant toute cette période. J’ai également des enfants etc, on a une vie normale comme tout le monde. Parfois on a besoin de mettre un peu de distance entre nous et la politique pour mieux revenir.
Il est pourtant évident qu’un ressort s’était tout de même cassé dans vos relations avec le président de la République.
Ça, c’est valable pour toutes les relations. Est-ce que vous avez dans votre vie des relations qui sont tout le temps merveilleuses ?
De quand date votre dernier entretien avec le président ? Est-ce que vos relations sont aujourd’hui au beau fixe ?
Ça ne se pose pas en ces termes. C’est lui le président de la République, c’est lui qui détient les suffrages populaires. Il nomme à des positions qui il veut. Il change quand il le souhaite. C’est la Constitution. C’est une banalité que je vous dis. On peut avoir ses frustrations et les manifester d’une manière ou d’une autre. Mais je peux vous dire qu’on est en contact. C’est mon président de Parti. On a de très bonnes relations.
Parlant de l’APR, beaucoup de gens pensent que les problèmes que connaît le Président sont dus au fait que son parti n’est pas structuré.
L’APR est née dans un contexte particulier. D’abord elle s’appelle "Alliance", et ça a un sens. Vous avez eu plusieurs composantes qui se sont retrouvées autour du candidat pour l’accompagner dans sa conquête du pouvoir. C’était une tactique et ça a marché. Si le président avait décidé de structurer son parti dès sa création, je suis sûre que le pouvoir de l’époque se serait attelé à lui "acheter" les responsables les uns après les autres. Et ça n’aurait pas prospéré. C’était d’ailleurs une mouvance. Une mouvance avec plus de sympathisants que de militants, dans le sens où moi j’ai vécu le militantisme. On a eu des militants jeunes qui n’avaient pas forcément une formation politique mais qui aimaient Macky Sall, qui voulaient l’accompagner. Et voilà, vous arrivez au pouvoir.
Avec les contraintes de l’État, vous n’avez pas forcément le temps de vous occuper du parti, parce que la priorité quand même, ce sont les Sénégalais qui l’ont élu. Et pendant ce temps, le parti, composé de jeunes, connaît ses turbulences. J’estime que d’autres partis vont connaître la situation de l’APR. C’est l’État de la démocratie. Pas seulement africaine ou sénégalaise, c’est l’État de la démocratie mondiale. Ce sont les nouvelles formes de liberté d’expression que l’on voit partout. On se plaint parfois de la presse, mais maintenant l’opinion est libérée, la parole est libérée, les convictions sont libérées, et maintenant les partis vont être des lieux d’expression libre. Donc même si vous les structurez, cela n’empêchera pas les débats.
Est-ce une raison pour que les militants posent des actes qui ressemblent à de l’indiscipline ?
Je suis d’accord qu’il faut une discipline. Mais la discipline et la structuration font deux. Il faut plus de discipline, mais comme je vous l’ai dit, cela est lié à la jeunesse des militants. Vous avez des enfants et vous voyez qu’ils ne sont pas toujours faciles à discipliner. Ils amènent également une fougue, un enthousiasme dont tout parti rêve. Un parti de vieux n’est pas un parti qui risque de prospérer. Mais quand vous êtes au pouvoir, vous avez des responsabilités particulières. Vous ne pouvez pas être le parti au pouvoir et qu’on vous entende dans des querelles permanentes. Ça pollue le travail du gouvernement. J’espère que dans les semaines, les mois à venir, face à l’urgence, le parti va davantage se discipliner. Il faut reconnaître aussi que c’est le plus grand parti du Sénégal. Ça aussi, c’est une autre réalité qu’on occulte. Si vous regardez les suffrages, c’est le parti qui en rassemble le plus. Mais je suis d’accord qu’il nous faut être plus discipliné.
Comment appréciez-vous la démarche de Moustapha Niasse qui veut accompagner le Président Sall pour un second mandat ?
Je m’en félicite. Le président Niasse est un homme politique qui a quasi traversé l’histoire politique du Sénégal. Qu’il décide d’accompagner le Président Macky Sall, je ne peux que m’en féliciter. Le PSE étant un programme très ambitieux, le Président a besoin de rassembler le maximum de forces vives. On a besoin également d’apport des intellectuels, puisque les intellectuels sont en retrait par rapport à la vie politique, et je m’en désole. C’est ce qui explique aussi la léthargie de partis politiques. Les intellectuels ont estimé que ce ne sont plus des espaces dans lesquels ils peuvent s’exprimer, mais ce sont des espaces de conquête du pouvoir. Je me désole de cela et j’espère que les intellectuels vont revenir dans les partis politiques, parce qu’on a besoin aussi d’alimenter la réflexion politique.
Est-ce que les intellectuels ne sont pas frustrés par certaines pratiques comme la transhumance ?
Mais qu’ils viennent s’exprimer dans les partis, qu’ils constituent une masse critique dans les partis pour influencer le cours et les décisions de ces partis. Que les gens de vertu et de valeur viennent également dans les partis. Mais si tout le monde se met en retrait, ce ne seront pas forcément les meilleurs qui se retrouveront dans les partis. J’ai aussi constaté cette désaffection, parce que nous, quand on était plus jeune, la première activité intellectuelle que nous avions, c’était le militantisme.
Pour en revenir à l’AFP, vous vous félicitez certes du principe. Mais sur la méthode, est-ce que ce soutien peut se faire contre l’avis d’une bonne partie des membres du parti ?
(Rires). Vous n’allez pas me demander de me prononcer sur des questions internes d’un parti allié.
Comment appréciez-vous alors la crise qui secoue l’AFP, puisque vous étiez vous-même présente lors de cette rencontre du 22 janvier.
Ce sont les dynamiques internes. Vous avez parlé de l’APR tout à l’heure. Comme je l’ai dit, c’est la démocratie actuelle. Je ne peux pas me mêler ou apprécier.... Tout ce que je peux faire, c’est de réaffirmer notre soutien au président Moustapha Niasse et le remercier du fond du cœur de cette décision qui est courageuse et qui lui coûte toute ces turbulences-là. Mais je crois qu’il est un homme d’honneur qui, lorsqu’il donne sa parole, la tient jusqu’au bout.
L’AFP s’est déterminée, comment jugez-vous la position du PS ?
Je ne l’apprécie pas. Je la constate. Je n’ai pas à m’immiscer dans les affaires internes des autres partis. Ce sont des organisations souveraines qui prennent leurs décisions. Moi je m’intéresse vraiment à l’APR et à la coalition. J’avais dit ce que j’avais à dire en son temps. Nous allons travailler à élargir la base pour mobiliser un nombre important d’électeurs.
Une petite question pour terminer. Il paraît que vous vous êtes réconciliée avec Me El hadji Diouf ?
La vie évolue, on n’a pas de sentiment ou d’acrimonie particulière envers les autres. La vie, c’est comme ça, il faut savoir évoluer. C’est comme ça qu’on garde son équilibre. Pour ce qui me concerne, je tourne des pages.
Devenu phénomène de société, le divorce est déploré aussi bien par la religion musulmane que catholique. Selon le prêcheur Oustaz Ibrahima Badiane dit Iran Ndao, même si Dieu a permis le divorce dans certaines circonstances, il le déplore tout autant.
Selon Oustaz Ibrahima Badiane dit Iran Ndao, par ailleurs animateur d’émissions religieuses à la Sen/Tv, l’union entre l’homme et la femme est une des prescriptions de Dieu. "Mais Dieu dit que dans cette union l’amour doit être la base de tout", dit-il. Non sans préciser qu’aujourd’hui, force est de constater que les gens se marient sans pour autant s’aimer.
A l’en croire, les conjoints ne sont souvent mus que par leurs propres intérêts. "Soit la femme ne s’intéresse qu’aux biens matériels de l’homme, soit l’homme ne voit en la femme que sa beauté ou sa forme corporelle.
Alors que ces biens matériels finissent tôt ou tard, de même que la beauté de la femme est éphémère", indique Imam Iran Ndao. De son avis, dès qu’il n’y a plus ces biens matériels qui hantaient tant la femme, l’union se disloque.
"Malheureusement c’est le constat actuel. Alors que s’il y avait l’amour entre les deux conjoints, ils allaient se tolérer mutuellement", regrette-t-il. Et de poursuivre : "Certes les gens ont tendance à dire que le mariage est permis par Dieu tout comme le divorce ; mais il faut toujours préciser que même si Dieu a permis le divorce dans certaines circonstances, il le déplore tout autant".
"Le divorce dans notre religion est synonyme de déception. Imaginez que vous épousez une femme et que vous décidiez de vivre ensemble avec tout ce que vous avez comme projets à partager. Et qu’un jour tout ce rêve s’écroule, c’est une déception aussi bien pour l’homme que pour la femme", argue Imam Iran Ndao.
Il ne manquera pas d’appeler la jeune génération à plus de patience et de tolérance dans leur vie de couple. "Il faut aussi que les gens, surtout cette jeune génération, sachent que dans tout couple, Dieu a prévu de mettre sur leur chemin des épreuves pour tester leur degré de croyance. Et il faut savoir surmonter ces épreuves pour sauver le couple et aller de l’avant", renseigne-il.
Oustaz Iran Ndao souligne que rares sont les conjoints qui arrivent à surmonter les épreuves de la vie. En réalité, aujourd’hui dès que les problèmes surgissent dans la vie de couple, l’homme tout comme la femme préfèrent se séparer plutôt que d’affronter ensemble ces déboires", confie le prêcheur.
Pour éviter les multiples divorces, Oustaz Iran Ndao préconise de faire la voyance "istihar", comme le prévoit notre religion, avant de s’engager dans le mariage. "D’aucuns disent que c’est une tradition, mais "al istihar" permet au moins de voir si les deux conjoints vont pouvoir s’entendre et s’ils sont issus d’une bonne lignée familiale", renchérit-il.
Pour Imam Iran, il est très important de savoir l’appartenance familiale du conjoint ou de la conjointe. "Nous avons tendance à le banaliser, mais c’est primordial avant de sceller une union entre deux personnes", informe-t-il.
Le principe du mariage indissoluble
Tout comme la religion musulmane, la religion catholique désapprouve aussi le divorce. De son retour au synode extraordinaire sur la famille à Rome, Mgr Benjamin Ndiaye s’exprimait dans nos colonnes précisant que Jésus, dans Mathieu 19, a même rappelé le principe du mariage indissoluble.
"Jésus, lui-même, est très clair dans Mathieu 19 en disant que si Moïse vous a permis autrefois de divorcer c’est à cause de la dureté de votre cœur.
Mais, aux origines, quand Dieu a créé l’homme et la femme, il a voulu qu’ils s’engagent dans un mariage indissoluble", at-il rappelé. Selon Mgr Benjamin Ndiaye, les divorces sont devenus très fréquents parce que les gens croient qu’ils peuvent se lier et se délier comme ils veulent. "Alors que le mariage est pour nous une institution divine.
Donc, il y a tout un approfondissement à faire, notamment une préparation au mariage qui est indispensable pour que les gens apprennent à se préparer à ce sacrement qui est grand", a-t-il indiqué dans l’interview.
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''LE CONSTAT EST QU’AUJOURD’HUI, ON DIVORCE PLUS FACILEMENT''
Doctorante en Sociologie et chercheur à l’Institut Fondamental d'Afrique Noire (Ifan) de l’Université Cheikh Anta Diop, Fatou Bintou Dial a mené en 2006 une étude sur « le parcours matrimoniale des femmes à Dakar : subir le mariage, s’approprier la divorce ». Se livrant à nos questions, Fatou Bintou Dial nous fait savoir que la récurrence des divorces n’est pas une nouveauté au Sénégal. Mais le constat est qu’aujourd’hui l’on divorce plus facilement. Selon elle, cette situation s’explique par cette facilité qu’ont les jeunes à rompre une union.
Comment peut-on expliquer la récurrence des divorces dans notre société ?
Statistiquement parlant, je ne pense pas que l’on puisse parler de récurrence comme les médias le font. Quand j’ai conduit mon étude sur les ruptures conjugales à Dakar et sa banlieue en 2006, les taux de divorces étaient les mêmes qu’il y a de cela 40 ans. Il y a un chercheur qui s’appelle Ducoré qui avait également fait une étude sur le mariage et le divorce à Pikine Dagoudane et j’étais exactement au même taux que lui. Mes études ont aussi révélé qu’une union sur trois se terminait par une rupture conjugale dans les cinq premières années. Donc, cette récurrence n’est pas une nouveauté. Nous avons l’impression qu’il y a plus de ruptures, alors qu’il faut le mettre en rapport avec l’augmentation de la population. Toutefois le constat réel est qu’aujourd’hui l’on divorce plus facilement. Jadis, il y avait la famille autour du couple et qu’il était plus difficile pour les gens de divorcer. Mes travaux m’ont montré que la famille essaie actuellement de s’immiscer le moins possible dans la vie d’un couple, donc il y a plus de facilité pour les jeunes de rompre une union. Il y a une certaine individualisation qui s’est mise en place surtout dans les zones urbaines. Le problème du divorce au Sénégal n’est pas une fin en soi. Les gens divorcent pour former une nouvelle union. Le fait que le mariage soit une règle sociale très forte dans notre société, que cela soit un rite de passage ou un statut valorisant et valorisé autant pour la femme que pour l’homme, fait que la fréquence du divorce est occultée.
Quelles en sont les principales causes ?
Notre étude a montré que le défaut d’entretien est la première cause. Quand il a étudié la famille wolof, le Professeur Abdoulaye Bara Diop avait souligné le défaut d’entretien comme cause de rupture conjugale. Il faut comprendre par là le défaut d’entretien de la femme par le mari. Ce défaut d’entretien apparaît comme première cause de divorce du fait de la définition du mariage dans notre société. Nous sommes en réalité une société où la majorité des gens sont des musulmans et l’Islam définit le mari comme étant le pourvoyeur des ressources du ménage. Il lui revient de loger sa femme, de la nourrir et de l’entretenir. Si on fait cette lecture et qu’il y a un problème dans le couple, c’est plus facile de dire que mon mari ne m’entretient pas. Par contre, au-delà des problèmes pécuniaires, il y a des problèmes avec la belle famille. Parce que la belle-mère est souveraine et la cohabitation avec elle n’est pas toujours aisée, de même qu’avec les belles-sœurs. Ensuite on rencontre la polygamie qui peut être également une cause de rupture conjugale. Aussi, nous avons les problèmes de maraboutage, d’accusation d’anthropophagie. J’ai rencontré une femme qui avait été divorcée parce que le mari avait soi-disant entendu qu’elle était anthropophage. Je n’ai pas recensé, par exemple, dans mes études des problèmes sexuels et cela m’a beaucoup surpris, mais peut-être c’est par pudeur que les femmes ne les ont pas évoqués.
Le système de vie à l’occidentale peut-il être incriminé ?
La vie au Sénégal ne correspond pas à la vie à l’occidentale. Les Occidentaux, quand ils nous voient vivre, ils ne s’identifient pas à notre mode de vie. A mon avis, les couples ont de plus en plus une autonomie résidentielle. C'est-à-dire qu’on essaie de séparer le couple avec le noyau familial originel du mari ou de la femme. Et vu que la belle-famille peut s’immiscer de manière excessive dans la vie d’un couple, je trouve que l’isolement pourrait être une réponse à la survie du couple. Si par exemple la cohabitation avec la belle-famille est difficile et que le couple arrive à s’extraire. Pour moi, c’est une solution et non une source de rupture conjugale.
Est-ce que le matérialisme peut expliquer la fréquence des divorces ?
C’est vrai qu’il y a une monétarisation croissante des relations sociales. Pour coller à l’époux modèle, les hommes essaient d’avoir un statut qu’ils n’ont pas réellement. Nous avons constaté que les femmes calculent beaucoup, mais les hommes calculent plus. Ce calcul de part et d’autre fausse la relation. Finalement on ne se marie pas souvent pour l’amour mais pour le statut, afin d’avoir une promotion sociale à travers le mariage. Mais il faut reconnaître qu’il y a des femmes qui se font avoir. Pensant qu’avec le mariage elles peuvent arriver à résoudre tous les problèmes, certaines se trouvent, avec le coût de vie élevé, dans l’obligation de participer dans les dépenses du foyer pour pouvoir l’entretenir.
Sur quels mécanismes faut-il se baser pour prévenir les divorces ?
Je suis chercheur, mon rôle c’était d’essayer d’analyser, de comprendre le mécanisme. Je pense que la solution ne peut venir que de la famille, des individus. On ne peut pas mettre de garde-fous pour éviter la dislocation d’une union. J’ai toujours pensé qu’il y a des rencontres tristes et des ruptures joyeuses. Je ne prône pas le divorce, mais je pense que le divorce est une solution pour beaucoup de femmes et d’hommes ; et surtout pour la femme. Car ce que la polygamie permet aux hommes, c’est le divorce qui le permet aux femmes. L’homme se renouvelle en épousant une autre épouse. La femme, elle, n’a pas cette possibilité. Alors que s’il n’y avait pas la possibilité de rompre une union, certaines femmes seraient vraiment malheureuses. La situation de la femme dans notre société, ses rôles d’épouse et de mère qui pèsent sur elles font que le divorce peut être une source d’émancipation. Car, il faut le reconnaître dans ce lot de femmes mariées, il y a des femmes qui ont été mariées par amour, par intérêt et par force. Ces dernières ayant subi le mariage, seul le divorce pourrait les libérer. Toutefois, il faut dire que le mariage a de beaux jours à Dakar malgré la fréquence des ruptures. Comme on peut le constater, on n’est pas encore arrivé à un stade où les gens tournent le dos au mariage. Il y a l’effet de l’Islam et de la tradition. Malgré tous les problèmes que les gens rencontrent dans la vie de couple, on est encore attaché à l’institution du mariage.
QUAND LE DIVORCE DEVIENT UN BANAL PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ
MANQUE DE TOLERANCE, DE COMMUNICATION, IMPATIENCE, INFIDELITE…
Loin de cette époque où le mariage rimait avec union pour la vie, aujourd’hui force est de constater une récurrence des divorces. Manque de tolérance ou de communication, impatience, infidélité sont souvent à l’origine de la séparation de certains couples. Le divorce est devenu un acte fréquent surtout chez certains jeunes couples. Ces derniers pensent qu’il faut souvent savoir tourner la page lorsque le couple se nourrit de bagarres et de querelles. Des témoignages permettent de lever un coin du voile sur cette série de divorces, devenue phénomène de société.
Rencontrée à l’Avenue Pompidou (ex-Ponty) de Dakar, A. S., divorcée et mariée pour la deuxième fois, raconte sa première idylle qui a duré moins d’une année. « J’étais mariée pour une première fois en 2009 ; et cette union n’a pris fin qu’au bout de huit mois par manque de communication et de complicité », confie A. S.
A l’époque, se rappelle-t-elle, j’étais occupée par mes cours, on ne trouvait jamais le temps de discuter, d’échanger, mon mari et moi. Il partait au boulot et ne rentrait que le soir. « En plus de ce manque de communication, ma situation s’est empirée avec une tutrice (belle-sœur par alliance) avec qui on partageait l’appartement. Elle était une confidente pour moi.
Mais à chaque fois que je lui racontais mes déboires de couple, sans trop comprendre, elle n’hésitait pas à mettre le tort sur moi tout en me taxant de fille mal éduquée », raconte-elle. Après être restés un mois sans communication son mari et elle, un soir une petite dispute a tout fait foirer. « La gifle que m’avait donnée mon mari a été la goutte de trop qui a fait déborder le vase.
C’était la veille de mon examen de baccalauréat. J’ai aussitôt fait appel à ma famille pour mettre fin à ce mariage », se rappelle amèrement A. S. Aujourd’hui remariée et mère d’un petit garçon, A. S. dit ne rien regretter depuis son divorce. « Dans la vie, il faut savoir souvent tourner la page d’une histoire. Je pense que lorsqu’un couple ne s’entend pas, mieux vaut chercher à vous séparer.
Le couple ne se nourrit jamais de querelles et de bagarres », soutient-elle. Aussi dit-elle que son premier mariage lui a servi d’expérience pour mieux gérer sa seconde union. Cette décision des jeunes couples de se séparer aussi facilement n’est guère partagée par certains sages de la société.
Ils demandent aux conjoints d’être plus tolérants, compréhensifs l’un vers l’autre, pour éviter la multiplicité des divorces. Assise devant son étal de produits alimentaires au marché Sandaga, une dame, la cinquantaine, indique qu’à l’époque, elles se mariaient par amour. «On attendait rien en retour.
En rejoignant le foyer conjugal, nos parents avaient même l’habitude de nous dire que le mariage ne durait pas un jour mais toute une vie. D’où l’intérêt d’être tolérant et patient envers l’autre », confie-t-elle. Une autre dame embouche la même trompette : « Dans le mariage, il faut savoir tolérer les humeurs, les contraintes voire les disputes.
Afin de pouvoir cueillir les fruits de cette dure récolte (réussite des enfants). Deux personnes qui décident de s’unir doivent le faire pour le meilleur et pour le pire et surtout être tolérant ». « Comme le disait la cantatrice Kiné Lam, le mariage peut être assimilable à une guerre et dès qu’un enfant naît de cette union, c’est comme si on venait de te tirer une balle.
Mais faudrait-il toujours se battre pour survivre à cette blessure et ne jamais lâcher du lest », fait-elle savoir. Venue acheter des tissus dans une boutique, Mariam Samb dit être dé- passée par cette récurrence des divorces. Pour elle, cette situation lamentable s’explique par le fait que les jeunes couples ont tendance, après le mariage, à s’isoler de leurs beaux-parents.
« En louant des appartements, ils n’ont personne à leurs côtés pour les guider et les conseiller. Ils sont facilement désorientés. Et pour un rien, c’est des mésententes qui finissent par le divorce », dit-elle. Ainsi, elle appelle les mères et pères de famille à contribuer à ce que le mariage de leurs enfants dure et réussisse. « Il faut qu’on n’y mette du sien.
Une belle-mère doit considérer sa bru comme sa propre fille et vice versa », argue-t-elle. Marchand à la sauvette, le jeune Pathé Fall indique que lorsqu’une femme n’est mue que par son seul intérêt de soutirer de l’argent à son mari (femme matérialiste), celle-ci finit toujours par divorcer lorsque le budget du mari n’atteint plus ses désirs.
« De même, lorsque la femme travaille et qu’elle est en mesure de faire ce que son mari peut faire et subvient facilement à ses besoins, ce genre de femme aussi peut facilement désobéir à son mari, lui manquer de respect ou lui tenir tête. Cette situation conduit aujourd’hui à certains divorces », informe Pathé Fall. Commerçante au marché Sandaga, une dame qui a la cinquantaine trouve aussi désolant que les jeunes se marient maintenant juste pour le meilleur.
« Dès que le pire arrive, autrement dit les déboires, les problèmes et autres rengaines, ils ne se supportent ni ne patientent plus et préfèrent mettre fin à l’union », dit-elle. Pourtant comme dit l’adage, quand on n’a pas ce que l’on veut on se contente de ce que l’on a.
Prenant exemple sur elle, elle fait savoir qu’elle communique bien avec son mari. Quand souvent tu as mal, il faut le dire ouvertement sans chercher aussi la petite bête noire. « Pour qu’un couple survive, il faut souvent communiquer sinon tôt ou tard l’union peut se disloquer », soutient-elle.
Toutefois, la commerçante de tissus reconnaît qu’en couple tout ne se dit pas. «Actuellement les mères ou pères de famille s’immiscent facilement dans la vie de couple de leurs enfants, alors que les petits problèmes peuvent se régler en couple », renchérit-elle.
«La tolérance y est aussi pour grand-chose. Aujourd’hui, pour un rien, le mari ou la femme se fâche et commence à dire des mots regrettables. Alors qu’à notre époque, nous avions tendance à tout tolérer même les bagarres. Mais tout redevient normal», dit-elle Aussi appelle-t-elle les maris à être plus responsables pour éviter des mésententes qui peuvent conduire au divorce.
« Quoique l’on puisse dire, l’homme est le socle de la famille. Le père de famille doit pouvoir prendre en charge sa famille et subvenir à ses besoins », précise-t-elle. Pour Adama Thiaw, habitante de la Cité millionnaire, l’infidélité est également la cause de beaucoup de divorces.
A l’en croire, l’homme tout comme la femme ne montre jamais son vrai visage et c’est après le mariage que les défauts de chacun refont surface. « A Dakar, il y a des femmes qui ne voient leur mari qu’au-delà de minuit sous prétextant d’être au travail », se désole-t-elle.
« Mon papa travaillait mais faisait tout pour partager le repas de midi avec nous ; idem pour le diner du soir. Cette présence du mari est importante dans une vie de couple. Elle renforce les relations et contribue pour beaucoup à l’éducation des enfants », informe-t-elle
CHIFFRES SUR LE DIVORCE A PIKINE ET MEDINA : L’AJS RECENSE 851 CAS POUR L’ANNEE 2014
Ouvertes en 2008 par l’Association des juristes du Sénégal (Ajs) en partenariat avec la coopération italienne, Osiwa, Onu/femmes et le ministère de la Femme, les deux boutiques de Droit de la Médina et de Pikine ont recensé 851 cas de divorce pour l’année 2014.
Selon Ndèye Yandé Ndiaye, coordinatrice de la boutique de Droit de la Médina, 702 cas ont été recensés en plus de 16 cas de séparation de corps. Ces chiffres ont été obtenus grâce à des consultations physiques de femmes au nombre de 597 et d’hommes au nombre de 105.
Hormis ces consultations physiques, les juristes de la boutique de la Médina ont été également saisis par consultations en ligne pour 997 cas de divorces et 20 séparations de corps. Quant à la boutique de Pikine, la coordinatrice Amy Sakho, par ailleurs chargée de communication de l’Ajs, informe de l’existence de 149 cas de divorce et d’un cas de séparation de corps.
Ces statistiques ré- sultent de consultations physiques dont 137 femmes et 12 hommes. Pour rappel, ces deux boutiques ont été installées par l’Ajs pour permettre aux femmes de venir y chercher des conseils et une assistance juridique gratuite.
Dans le cadre du programme d’accompagnement parlementaire et engagement citoyen financé par l’Usaid, un Forum national des femmes a été organisé pour promouvoir et défendre les préoccupations des femmes à la base.
Le Réseau siggil jigéen (Rsj), la Société civile et plusieurs partenaires techniques et financiers du Sénégal poursuivent leur combat de prise en charge des préoccupations féminines. En organisant hier un Forum national sur cette problématique, ils essaient de dynamiser les relations des députés avec les femmes à la base pour créer une interaction entre ces femmes.
La présidente du Réseau siggil jigéen, Safiétou Diop, a remis au député Awa Guèye, vice-présidente de l’Assemblée nationale, un cahier de doléances résumant les préoccupations et revendications des femmes sénégalaises.
Parmi les priorités, on peut noter «le repositionnement de la planification familiale, la maîtrise de la santé maternelle, la sécurité alimentaire, l’éducation des jeunes particulièrement des filles, entre autres, pour que le Sénégal puisse bénéficier du dividende démographique».
«Nous savons que ce sont des problèmes qui interpellent directement les femmes et donc pour les autonomiser, il faut qu’elles soient en bonne santé d’abord, une bonne prise en charge de la santé maternelle, mais aussi pour les problèmes de méthode contraceptive. Il faut que la femme se ménage pour bien gérer ses préoccupations», explique Awa Guèye.
Par ailleurs, l‘objectif de ce forum est «de mettre en place cet espace de dialogue et faire en sorte que les parlementaires puissent recueillir les informations à la base, se sentir redevable par rapport leurs mandants et de faire en sorte que les besoins prioritaires de développement soient pris en compte dans le cadre de l’agenda de l’Assemblé nationale».
Dans la perspective de favoriser la communication entre les députés et les femmes pour une meilleure prise en compte de leurs préoccupations, le Pacte piloté par l’Ong 3D en partenariat avec le Rsj et avec l’appui de l’Usaid a déroulé des fora avec les femmes des 14 régions du pays.
Ces différentes rencontres ont servi de «cadre d’échanges et de dialogue entre les acteurs politiques, administratifs et économiques des femmes à la base». Ces audiences publiques avec les parlementaires, organisées dans leur propre localité, ont abouti à la rédaction des cahiers de recommandations portés par les femmes parlementaires du Sénégal.
La vice-présidente de l’Assemblée nationale soutient que «ce cahier va être remis au président de l’Assemblée nationale pour sa mise en œuvre et je suis convaincue que nous allons en faire une utilisation adéquate, car il résume les attentes des populations et de leurs problèmes. Donc en tant que représentante du Peuple, nous ne pouvons accomplir cette mission que si nous avons une bonne connaissance des attentes des populations».
LE RÉSEAU SIGGIL JIGGEN ET CIE «PRÊCHENT» CHEZ NIASSE
PRISE EN CHARGE AU PARLEMENT DES DOLEANCES DES FEMMES A LA BASE
Dans le but de combler le déficit de dialogue permanent entre parlementaires et citoyens et la prise en compte des besoins des femmes à l’hémicycle, un cahier de recommandations a été remis au président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, représenté par son premier vice président, Awa Guèye. Le document a été élaboré par le Réseau Siggil Jiggen en collaboration avec les femmes parlementaires et les femmes à la base, dans le cadre du Programme d’accompagnement parlementaire et d’engagement civique (Pace), financé par l’Usaid.
Contribuer au renforcement des capacités institutionnelles, techniques et systémiques du parlement, d’une part et de l’autre promouvoir la participation citoyenne aux processus législatifs et politiques : tel est l’objectif que s’est assigné le Programme d’accompagnement parlementaire et d’engagement civique (Pace), financé par l’Usaid, en collaboration avec un consortium d’organisations de la société civile sénégalaise.
Dans cette optique, un cahier de recommandations a été remis au président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, représenté par son premier vice-président Awa Guèye. La cérémonie a eu lieu hier, jeudi 29 janvier, en marge du forum national des femmes parlementaires et des femmes à la base pour une meilleure prise en compte des préoccupations des femmes, initié par le Réseau siggil jiggen (Rsj).
Selon Safiétou Diop, président du Réseau Siggil Jiggen, le cahier des recommandations regroupe l’ensemble des doléances recueillies par l’Ong 3D à travers des foras organisés dans les 14 régions du pays, en partenariat avec le Rsj. Ces foras avaient pour but, selon elle, «de faire en sorte que les parlementaires puissent prendre conscience et de retourner toujours à la base afin de recueillir les points de vue des populations et de défendre leurs besoins».
Sur les réclamations inscrites dans le cahier, Safiétou Diop a indiqué qu’elles reposent sur quatre axes d’intervention que sont : «le renforcement des capacités des femmes à la base du point de vue économique, les questions de sécurité alimentaire, les questions de planification familiale et de maitrise de leur santé, et à la participation à la prise de décision». A l’en croire, l’objet du cahier «c’est de faire en sorte que les besoins prioritaires de développement soient pris en compte dans l’agenda de l’Assemblée nationale».
Safiétou Diop a fait savoir dans la même dynamique que la finalité de la démarche du Réseau est de voir la traduction des recommandations en actes concrets. Pour autant, elle a informé de l’élaboration, dans les prochains jours, d’un plan d’action pour demander à tous les partenaires de soutenir les femmes dans les régions, ainsi que le renforcement de la communication des femmes parlementaires, pour qu’elles puissent prendre en charge ce cahier de doléance.
Awa Guèye, venue représenter le président de l’Assemblée nationale, a pour sa part vivement salué l’initiative du Réseau tout en estimant qu’il est nécessaire d’impulser une interaction entre l’Assemblée nationale et les organisations de la société civile, via la composante Engagement citoyen du programme. La parlementaire a ainsi promis que les recommandations qui lui ont été données seront remises à qui de droit.
San Antonio (États-Unis), 29 jan 2015 (AFP) - L'international français des San Antonio Spurs Boris Diaw va participer à la construction d'une structure de développement du basket-ball féminin au Sénégal, le pays de son père, a-t-il annoncé jeudi.
Diaw sera impliqué dans le projet par le biais de sa fondation Babac'ards qui travaillera en collaboration avec le SEED Project, une structure fondée en 2002 qui a recours aux valeurs du sport pour éduquer et développer la jeunesse sénégalaise.
"Cela m'a toujours tenu à coeur d'aider dans un sens ou dans un autre le Sénégal, il fallait juste trouver le projet le plus adéquat", a-t-il expliqué lors d'une conférence téléphonique.
"On avait commencé à faire des stages de basket avec la SEED Academy (l'un des programmes du SEED Project, ndlr). Ce qui ressort c'est le sérieux, j'ai vu des jeunes de 10 ans à la SEED Academy qui sont maintenant en NBA, c'est la référence en termes de garçons au Sénégal", a rappelé le capitaine de l'équipe de France médaillée de bronze de la Coupe du monde 2014.
L'un des "diplômés" de la SEED Academy est Gorgui Dieng, le pivot des Minnesota Timberwolves, à 25 ans l'une des révélations de la saison NBA avec des moyennes de 10 points et 8,7 rebonds par match.
"On va commencer par une première équipe de filles, entre dix et douze joueuses, cela sera de plus en plus important", a précisé Diaw, qui n'a pas donné le coût de cette opération, précisant toutefois que "les joueuses retenues n'auront rien à payer à la fois pour le basket et pour leur scolarité".
Pour sélectionner cette première promotion, les responsables du projet considéreront "leur niveau en basket, leur potentiel aussi": "On veut qu'elles puissent intégrer des équipes universitaires aux États-unis ou des clubs professionnels, avoir une carrière dans le basket, en Europe aussi", a résumé Diaw.