L’arsenal de lois en faveur des femmes ne suffit pas, à elles seules, pour une égalité entre hommes et femmes. Il faudrait également bannir les stéréotypes d’un côté, et de l’autre enrayer les abus sexuels et autres formes de maltraitance dans une société fortement masochiste.
Le public venu en masse, lundi dernier, assister aux travaux de restitutions du Centre de guidance infantile et familiale (Cegid) sur des cas de viols à Touba, Mbacké et à Dakar est restée bouche-bée. Surtout au moment où l’on évoquait l’histoire de la jeune Fatou, décédée, en mars 2014, des suites d’un viol suivi de grossesse.
Agée seulement de 11 ans, la fille qui résidait à Touba a subi les assauts répétés d’une connaissance qui a profité de la situation délicate de sa famille. Laquelle, sans revenue fixe, avait du mal à joindre les deux bouts. Profitant de cette situation de fragilité, un homme abusait constamment de la jeune fille qui tombe enceinte et s’en rendue compte le jour même de son accouchement. Où la parturiente meurt, quelques heures, après avoir mis au monde un garçon. Un malheur n’arrivant jamais seul, le fils de la victime décède à son tour, six mois, après la mort de sa maman.
Outre les abus sexuels, d’autres formes de maltraitance s’invitent chaque jour dans le quotidien des femmes. Bien qu’assez lointaine, l’histoire de la Dame Doki Niass de Kaolack est encore fraîche dans les mémoires. Un sombre 26 mars 1992 où la dame est passée de vie à trépas à la suite d’une altercation avec son mari, Mamadou Niasse alias "Police".
Piqué par on ne sait pas quel mouche, Police avait demandé à son épouse de lui préparer le repas du midi, en plein jour ramadan. Doki Niasse objecte. Le mari, n’ayant pas apprécié le refus encore moins la répartie de sa femme se rue sur elle et la rosse de coups. Jusqu’à ce que la mort s’ensuivit. Une affaire qui avait poussé, à l’époque, les femmes et les organisations féminines à marcher au son de "La illaha ilallah" (Il n y a d’unique hormis Dieu).
Malheureusement pour elles, la défunte Doki Niasse a été dessaisie de cette affaire au profit des intérêts familiaux puisque son bourreau de conjoint est un cousin germain. Des histoires éparses qui rappellent encore la fragilité de la condition féminine dans une société où il y a encore à faire pour plus d’égalités entre hommes et femmes.
Bien qu’ayant enregistré d’énormes progrès dans la lutte pour une égalité des chances, les femmes devront s’armer davantage de courage pour venir à bout de l’excision, une autre paire de manche dans cette longue lutte. Quoi que maitrisée, à certains égards, des poches de résistance subsistent encore chez certaines ethnies où l’excision est considérée comme un impératif.
Un autre aspect, pas des moindres, concerne les stéréotypes qui confinent les femmes à jouer les seconds rôles. Les organisations féminines ne sont pas encore au bout de leurs peines !
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"JE SAVAIS..."
MAREMA FALL, LAURÉATE DU ''PRIX DÉCOUVERTES RFI 2014"
Avec son tube Femme d’affaires, l’artiste Marema est consacrée depuis hier Prix Découvertes Rfi 2014. Joint par téléphone, elle a dit toute sa fierté et sa joie avant d’annoncer la sortie de son nouveau single, My friend.
L’artiste sénégalaise, Marema, a été désignée hier lauréate du Prix Découvertes Rfi 2014. Le jury, présidé par l’artiste congolais, Fally Ipupa, l’a choisie parmi les 10 finalistes, précisant que le vote des internautes comptant pour une voix s’est porté sur le Burundais Bobona et qu’il aura fallu deux tours pour départager les candidats.
Interpellée au téléphone hier soir, l’auteur de Femme d’affaires n’a pas caché son immense joie. «Je suis très émue. Je suis très contente. C’est une nouvelle qui a embelli ma journée», a-t-elle réagi avant de préciser qu’elle avait tout de même bon espoir.
D’autant que, explique-t-elle, «je crois en moi, je crois en ma musique, je crois en ce que je fais».
L’artiste explique surtout que cette confiance qu’elle avait en elle-même, n’est nullement liée à un sentiment de supériorité par rapport aux autres candidats au Prix Découvertes Rfi.
«Tous les autres artistes concurrents étaient bons. Ils étaient tous bons et n’ont pas démérité», a-t- elle confié avant de souligner qu’avec cette distinction qui lance sa jeune carrière, «le travail ne fait que commencer».
«Ce prix me redonne de la force. Je serai plus visible et ma musique sera plus connue à travers le monde», s’est encore réjouie Marema, qui estime par ailleurs que son tube Femme d’affaires est comme un titre porte chance.
«En réalisant ce produit, je savais que quelque chose allait se produire dans ma vie. Je l’ai senti et aujourd’hui j’en ai eu la preuve. J’en suis heureuse», a-t-elle dit.
My friend, le nouveau bébé
Apres cette distinction, Prix Découvertes Rfi, Marema annonce la sortie dans trois jours de son second single baptisé My friend. «C’est une chanson qui chante l’amitié. Je parle plutôt des gens qui se disent votre ami mais qui en réalité ne vous portent pas dans le cœur», explique Marema, qui indique que ce nouveau tube est déjà disponible à Saint-Louis et que les Dakarois pourront en disposer dans quelques jours.
En attendant, la nouvelle fierté de la musique sénégalaise voire africaine, annonce qu’elle le présentera au public lors de ses prochaines sorties, notamment durant les concerts du Xve sommet de la Francophonie et pendant le Salon International de la Musique Africaine prévu à Dakar.
Pour avoir été choisie Prix Découvertes Rfi, Marema fera dans les prochains mois, des concerts dans tous les Instituts culturels en Afrique, mais aussi des tournées notamment en France.
«C’est sûr que cela m’ouvrira beaucoup de portes», a-t-elle expliqué. La jeune artiste précise que cette distinction ne changera rien dans sa façon de faire ou de voir les choses.
«Rien ne changera. Je resterai avec mon manager et mon équipe pour relever d’autres défis.» Parmi ces défis, Marema compte bien remporter l’Afrima, une compétition qui réunira prochainement au Nigeria, de nombreux artistes et à laquelle elle a été sélectionnée.
«L’Afrima a été reportée. Mais je ne désespère pas. Je garde espoir. Je reste optimiste...» En attendant, confie-t-elle, «je remercie tous mes fans, tous les Sénégalais et je leur dis que ce prix est leur prix. Je les remercie d’avoir voté, de m’avoir soutenue par leurs prières...»
De père mauritanien et de mère sénégalaise, Marema compose, écrit et chante son propre répertoire avec une musique ouverte sur différentes tendances urbaines que l’on retrouve sur son premier album, notamment dans le titre Femme d’affaires.
Elle fut bercée par la musique acoustique de Tracy Chapman dont sa mère est fan. Marema a aussi été influencée par des artistes de la scène folk sénégalaise.
L’artiste a fait ses classes à l’école de musique de la Maison de la Culture Douta Seck avant de débuter comme choriste auprès d’artistes tels que Awadi, Yoro Ndiaye, Takeifa, Idrissa Diop, entre autres.
Marema a ensuite été remarquée par le chef d’orchestre et musicien Mao Otayeck, qui l’encourage et lui propose de l’accompagner pour la réalisation de son premier album solo.
Le Burkina Faso passe le flambeau au Sénégal dans le cadre du prix Découvertes RFI. En effet, depuis hier, Maréma Fall est consacrée lauréate de ce concours dont le jury s’est réuni le même jour à Paris.
Et de trois pour le Sénégal. Après les sacres de Didier Awadi et Naby Ibrahima Condé, voilà que la jeune chanteuse Maréma Fall est consacrée lauréate du prix Découvertes RFI 2014. C’est le jury de la présente édition dirigée par le très adulé chanteur congolais Fally Ipupa qui l’a choisi hier lors d’une réunion tenue à Paris.
Ainsi, l’auteure de "femme d’affaires", l’unique chanson que lui connaît le gros des Sénégalais, a su faire mieux que les représentants du Sénégal (ndlr Takeifa, Metzo Diatta et Anonyma) lors des deux dernières éditions de ce concours qui vise à récompenser de jeunes talents musicaux africains qui s’illustrent dans "les musiques du monde". Encore que la protégée de Mao Otayeck est la première chanteuse sénégalaise à être distinguée dans cette compétition. Et c’est à juste titre donc qu’elle a dit sur les ondes de radio France internationale (RFI) être "la reine du jour". De l’émotion, on a en senti dans ses propos et elle ne la cache pas d’ailleurs. "Je suis très émue", n’a-t-elle cessé de dire.
Cependant, ce n’est pas pour autant qu’elle a perdu de vue ses objectifs. Tout au contraire, malgré l’émotion, elle paraît avoir encore les pieds sur terre. "Il y a beaucoup de choses qui m’attendent. Le chemin est encore long", a-t-elle soutenu. Une manière pour elle de mettre déjà en pratique un conseil de Didier Awadi. Le boss de studio Sankara dont la lauréate a été une des choristes l’a appelé pour la féliciter mais aussi lui prodiguer des conseils. "Ta vie va beaucoup changer. Mais reste humble car il n’y a que le travail qui paie", lui a-t-il conseillé.
"Femme d’affaires" et "bayo bay" étaient les deux chansons qu’avait proposé Maréma dans cette compétition. La première nommée est un mélange de hip-hop et de musique traditionnelle à travers la présence du xalam. C’est cette particularité-là peut-être qui a pesé sur la balance et grâce à laquelle elle a pu arriver première face à neuf autres concurrents. Car comme elle le disait lors de sa nomination dans un entretien avec EnQuête : "je pense avoir des chances de remporter ce prix-là. Ma musique est non seulement internationale mais elle a une particularité ; on y retrouve du traditionnel, du pop et autre".
Maréma est ainsi propulsée sur la scène internationale. En plus d’un chèque de 10 mille euros, elle a droit à une tournée internationale qui doit durer un an. Elle fera les plus grandes scènes du monde et peut compter sur une promotion assurée par RFI et ses partenaires dans cette organisation.
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ENTREPRENEUR DE SA PROPRE VIE
LA FRANCO-SÉNÉGALO-MAURITANIENNE HAPSATOU SY DONNE LES RECETTES DE SON SUCCÈS EN FRANCE
Hapsatou Sy est née en 1981 dans la banlieue parisienne. D'un père sénégalais et d'une mère mauritanienne. Franco-sénégalo-mauritanienne donc, elle est depuis 5 ans chef d'entreprise à succès.
S'inspirant de son parcours, parsemé d'embûches, elle a parallèlement lancé un programme destiné aux femmes entrepreneurs en France et à l'étranger.
Invitée sur le parquet de Ted Paris, la jeune femme de 33 ans partage son expérience. Une histoire inspirante, une vision puissante de la solidarité humaine. Une sorte de manuel de procédures pour qui veut devenir entrepreneur de sa propre vie.
SenePlus vous propose cette vidéo rafraîchissante et enrichissante.
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MARIÈME DEMBA LY, TROPHÉES FRANCOPHONES DE L'INTERPRÉTATION FÉMININE
On ne peut pas dire que de la pharmacie à la mode, il n’y a qu’un seul pas. Loin de là. Et pourtant, Emmannuelle Jodan Adjovi dite Emma a su franchir allègrement la ligne et sans dommages.
Il est de ces caprices du destin qui vous font prendre des chemins que vous ne vous étiez pas forcément tracés. De ces changements brusques de trajectoire qui surviennent quand vous vous y attendiez le moins mais qui, en définitive, vous mènent vers ce qui fera votre fortune et votre renommée. C’est ce qui est arrivé à Emmannuelle Jodan Adjovi, dite Emma, créatrice de mode et propriétaire de la marque Emma Style qui a fini de se coudre une belle étoffe dans le monde de mode sénégalaise, sous-régionale voire internationale.
Etudiante en 3ème année de Pharmacie à la fin des années 1990 à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, un jour, elle se réveille et abandonne les chemins de l’amphithéâtre. Les nombreux cours à réviser n’y sont pas sans doute étrangers.
« Chaque année, c’était la deuxième session et cela commençait à m’être vraiment insupportable. Je sentis que je ne pouvais pas m’épanouir dans cela, ce n’était pas ma vie », explique- t-elle.
Qu’importe si le père magistrat a boudé sa fille pendant quelque temps, mais pour Emma, c’était clair dans sa tête qu’elle n’était pas faite pour devenir pharmacienne.
Et aujourd’hui, l’avenir lui a donné raison. Persuadée d’accomplir son inévitable destin ailleurs que dans une carrière universitaire, Emma s’est imposée avec la hargne d’une ambitieuse.
Son événement Emma Style Show, dont la 6ème édition s’est tenue le week-end dernier à Dakar, est la preuve de cette réussite. Ce concept original de dîner-spectacle à but caritatif draine et mobilise le gratin des sommités et des talents en herbe de la mode sénégalaise et ouest-africaine.
Pour cet entretien, nous sommes à la terrasse d’un hôtel huppé de la capitale où Emma a pris ses quartiers. Au bout de quelques minutes d’attente, une dame habillée en robe sobre à fleurettes noir et blanc et chaussée de sandales du même ton se présente.
De loin, Emmannuelle Jodan Adjovi dégage un air de jeune fille, de près la perception change. Une certaine fatigue se lit sur son visage, ce sont les conséquences de l’organisation de la soirée de Gala, puis l’enchaînement avec un défilé le lendemain et la participation à un forum sur les Pme. Il n’empêche, cette lassitude ne masque pas les traits réguliers de cette quarantenaire au sourire affable et mère de deux enfants.
D’origine béninoise, Emma a vécu son enfance dans différents pays au gré des pérégrinations d’une mère comptable travaillant aux Nations Unies et d’un père magistrat. Elle fait l’école primaire en France où elle a vécu pendant 8 ans, entre Paris et Avignon.
Ne supportant pas les rigueurs de l’hiver car souffrant de sinusite, elle retourne au Bénin pour deux ans, avant d’aller au Togo, puis au Ghana, ensuite en Côte d’Ivoire avant de poser ses baluchons au Sénégal il y a main- tenant 17 ans.
Une passionnée de travail
A défaut de s’inscrire en Médecine, la jeune Emmannuelle s’inscrit en Pharmacie, comme quoi à défaut de grives, il faut se contenter de merles. Seulement ici, l’arbre ne portera jamais les fruits espérés.
« J’ai pris du temps à savoir que ce n’était pas ma vocation. Quand on réussit le bac, on suit les recommandations des parents même si on sent au fond de soi que ce n’est pas ce qu’on veut faire. Mais on a toujours du mal à braver les parents. Finalement, un jour, je me suis réveillée et j’ai appelé mon père pour lui dire que j’arrêtais tout. Il n’était pas content de moi et Dieu merci que j’étais loin sinon il m’aurait tuée », raconte-elle avec un grand éclat de rire.
Les amphithéâtres et autres laboratoires de l’Ucad désertés, Emma s’oriente vers les écoles de commerce. Et c’est l’Institut supérieur de management (Ism) qui lui ouvre ses portes et lui a fait dé- couvrir le marketing et les stratégies de vente. Emma vient de trouver sa voie et son créneau.
« J’aime le métier de contact, le marketing et la vente me le permettent. Après avoir décroché mon bachelor puis mon master, j’ai commencé à travailler tout de suite en entreprise comme consultante junior. J’étais chargée d’élaborer les stratégies marketing, d’événements et de communication. Quand vous aimez quelque chose, vous essayez de le développer », dit-elle.
Des propos qui font échos à ceux de son père qui, un jour, lui a conseillé : « Quand tu le veux vraiment, tu te sacrifies pour et tu l’auras ».
Depuis, armée de cette conviction, Emma n’a de cesse de se donner corps et âme pour arriver à ses fins. Spécialiste en élaboration de business-plan et de coaching, elle rachète un salon de coiffure qui, dans le temps, se trouvait à la rue Carnot. Elle vient de poser le premier acte de l’aventure qui fera sa renommée.
Dans la foulée, Emma ouvre son cabinet de marketing, lance sa maison de mode et met dans les kiosques Emma Mag. Ce magazine trimestriel fait la promotion des pays africains et surtout de l’entreprenariat féminin.
« Les gens me demandent aujourd’hui comment je fais pour gérer tout cela à la fois et pour tenir le rythme. Cela, je le dois beaucoup à mon père. En tant que magistrat, il a fait l’école de police, donc pour lui, c’était exécution avant réclamation », explique cette bête de travail.
Et d’ajouter : « Je suis une hyperactive, j’aime bien avoir un planning chargé.
La reine du wax
En 2006, quand Emma a lancé sa marque de vêtement, ce n’était pas gagné d’avance puisque son tissu de prédilection, c’est le wax, une étoffe qui, pendant longtemps, a été considérée comme un produit pour la petite classe. Mais Emma a su contribuer à donner à ce tissu typiquement africain une valeur, au point qu’aujourd’hui, mêmes les Occidentaux le portent.
« Notre heure a sonné avec le wax. On n’avait pas de jeunes créateurs qui osaient utiliser ce tissu pour faire des trucs modernes. Aujourd’hui, on en a plein. A Dakar, on voit beaucoup de mannequins porter des vêtements en wax absolument magnifiques. Et cela donne envie à l’autre de découvrir. Avant, le wax était utilisé pour le pagne ou pour la jupe longue. Les blancs ne pouvaient pas porter cela parce que ce n’est pas pratique pour eux. Aujourd’hui, on fait des shorts, des jupes courtes et c’est cela qui l’a fait se développer », explique-t-elle.
Avant de se réjouir qu’aujourd’hui, Emma Style, c’est « plus de 7.000 clientes dont 50 % de fidèles ».
Sur les conseils de ses clientes et de quelques stylistes, Emma se lance dans des défilés pour présenter ses collections. C’est comme cela qu’a commencé le concept du dîner-spectacle Emma Style Show. La première édition a été organisée en 2007 avec pour thème « Secrets d’Afrique ».
Après cinq éditions consécutives, une pause de deux ans est observée à partir de 2011, avant que cet événement tant attendu ne revienne au-devant de la scène cette année. Profitant de cette pause stratégique, Emma a ouvert des filiales en Côte d’Ivoire et au Ghana.
Emma n’a jamais fait d’école de stylisme, mais si elle en est arrivée là, c’est parce qu’elle a su s’entourer de professionnels. Le succès de la marque Emma Style est bâti sur la capacité de son propriétaire à innover, à rafraîchir et à moderniser les collections.
D’ailleurs, elle vient de lancer une deuxième marque «EandE» basée aux Etats-Unis. La cérémonie de lancement s’est tenue au mois d’avril dernier à Washington.
Où s’arrêtera donc Emma ? Pour le moment, elle n’envisage pas d’explorer d’autres créneaux. Avec les filiales à gérer, les ventes en ligne, la clientèle à fidéliser, les collections à renouveler tous les trois mois, « c’est épuisant », pense-t-elle.
Son seul objectif, pour l’instant, c’est le renforcement de la position de la marque Emma Style dans la sous-région. Là également, ce n’est pas gagné d’avance, mais avec l’abnégation dont elle a fait montre jusque-là, nul doute qu’Emmanuelle Jodan Adjovi a les épaules assez larges pour réussir son pari.
''UNE FEMME QUI VEUT FAIRE UNE CARRIÈRE UNIVERSITAIRE A DES SACRIFICES À FAIRE''
NDIORO NDIAYE, COORDONNATRICE DU RESEAU FRANCOPHONE POUR L’EGALITE FEMME/HOMME
Représentant du Secrétaire général de la Francophonie au colloque « Femmes universitaires, femmes de pouvoir ? », Ndioro Ndiaye analyse toutes les difficultés pour une femme d’embrasser une carrière universitaire dans un contexte social lourd de pesanteurs.
Que vous inspire le thème « Femmes universitaires, femmes de pouvoir ? » ?
C’est une problématique importante. Notre système éducatif va mal. Il y a énormément à faire pour redresser et recentrer nos objectifs d’enseignement, nos objectifs pédagogiques sur ce que la modernité exige actuellement. On a des failles, des lacunes, malgré les efforts du gouvernement.
L’intérêt de ce colloque, avec un tel thème, se justifie par le fait que la Francophonie va connaître un tournant décisif dans la manière dont elle va appréhender non seulement les problèmes culturels, mais aussi ceux de la politique et du développement.
Maintenant, les femmes à l’université, on n’en parle pas souvent parce qu’on pense, à tort que cette cible n’a pas de problèmes. Mais en réalité, les femmes universitaires vivent des problèmes majeurs, ayant trait à des questions sociologiques. Quelle est leur place dans la société ?
Comment leur environnement immédiat les perçoit parce qu’elles ont une carrière a faire, à défendre, à justifier auprès des leurs ? Ce sont des questions qui se posent.
Faire une carrière universitaire demande, à la femme, un engagement qui ne ressemble à aucun autre. Si une femme veut faire un cursus universitaire, elle ne peut se lever seulement le matin, aller faire son cours, revenir chez elle et ranger ses papiers et s’occuper de la maison. C’est un choix à faire.
Est-ce à dire que carrière universitaire et vie familiale ne sont pas conciliables ?
Les deux sont conciliables. Je l’ai fait avec succès et d’autres femmes aussi. Tout le monde peut le faire, seulement, il faut faire un choix et être conscient de son choix. Il faut avoir l’ambition d’être autrement que l’ordinaire. Une femme universitaire n’est pas une femme ordinaire.
Les femmes universitaires doivent être les premières à l’accepter. Une femme qui veut faire une carrière universitaire doit accepter de venir plus tôt que les autres. Et si elle veut devenir une universitaire leader avec un pouvoir déterminé, il faut qu’elle soit meilleure, qu’elle soit capable de diriger, de gérer, d’ouvrir des opportunités pour améliorer le secteur qu’on lui a confié ou qu’elle a choisi.
Une femme universitaire doit connaître davantage. Le cognitif est important, mais le savoir- faire et le savoir-être sont aussi des éléments nécessaires. D’où l’importance de ce colloque.
Est-ce que cela veut dire qu’une femme qui a opté pour une carrière universitaire est obligée de sacrifier sa vie de famille ?
Non du tout. Comme quelqu’un l’a dit lors de ce colloque, il faut de la négociation et de la concertation. Il faut que le mari et la femme se parlent. Il faut que les femmes universitaires prennent l’initiative de poser le débat et de le circonscrire dans le lieu familial. Je ne pense pas du tout qu’une femme universitaire puisse choisir de faire une carrière et de ne pas la faire avec qualité et avec excellence.
Si l’on regarde les chiffres, on a une grande mutation. Le nombre de femmes augmente dans des secteurs qui n’étaient pas occupés par des femmes notamment dans les disciplines scientifiques et techniques. Mais il ne faut pas qu’elles se disent ne pas avoir une vie familiale épanouie. C’est en ce sens que le dialogue entre l’époux et la femme est nécessaire.
C’est un point clé. Il faut que les deux se parlent, se mettent d’accord sur les trajectoires et les orientations à prendre et que tout cela soit imprimé au sein de la famille. Des sociologues ont dit, avec beaucoup de force et de vigueur, que l’université est dans une société, et que les pesanteurs sociales ne peuvent pas être exclues quand on analyse la situation de l’université. Je suis tout à fait d’accord.
Mais, en tant qu’être humain, en tant que ressource humaine, nous aussi on a une emprise sur la société et l’on doit peser de tout notre poids pour opérer les changements attendus au sein de la société sénégalaise et à l’université.
Egalité femme/homme, n’est- ce pas une vision chimérique?
Non. L’égalité entre femme et homme, c’est faire en sorte que tous les programmes qui existent pour la qualité de la ressource humaine, qu’elle soit homme ou femme, soient initiés, conçus, exécutés, évalués de telle manière que l’impact qu’ils auront sur les femmes et sur les hommes soient les mêmes, qu’ils aient le maximum de chance d’être les mêmes.
C’est difficile, mais il faut essayer. Le chemin peut être difficile mais rien ne nous empêche de l’emprunter. Il faut nous battre. Je suis convaincue qu’on peut y arriver si l’on regarde autrement l’égalité femme/homme. Je ne parle pas de parité, je parle de l’égalité femme/homme. Dans la parité, il y a beaucoup de contingences qui interviennent.
Mais rien n’empêche que dans les sphères de décision (gouvernement, structures de recherche, d’enseignement...) un directeur convaincu qu’il a besoin de la qualité, de l’expertise des femmes et des hommes, essaie de mette en équilibre les hommes et les femmes.
L’essentiel c’est que la prestation de service effectuée par les hommes et les femmes puissent apporter une plus value au processus de développement. Le concept d’égalité femme/homme, c’est l’égalité en droit, en devoir, dans les attitudes et les comportements.
"LA FORMATION DES FEMMES SERA ANTÉRIEURE AU FINANCEMENT"
MARIAMA SARR À LA DEUXIÈME SESSION ORDINAIRE 2014 DU CESE
Le projet de rapport de la commission du genre de l'équité et de la bonne gouvernance était inscrit au rôle du Conseil économique, social et environnemental (CESE), hier au siège de l'institution. Le ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance Mariama Sarr en était l'invitée.
La deuxième session ordinaire des séances plénières avait comme thème "Les Droits de la femme : acquis, enjeux et perspectives". Le rapporteur, Maïmouna Isabelle Dieng Sène, a décliné les grandes lignes des conclusions du rapport.
La commission s'est appesantie sur le faible niveau d'harmonisation des textes juridiques, le besoin de toilettage du Code de la famille surtout en son article 111 CF (relèvement de l'âge du mariage, subsistance de la puissance maritale) ; le manque d'individualisation des peines de femmes enceintes dans le Code pénal et le Code de procédure pénale ; la séparation des détenues mères deux mois avant et deux mois après la couche ; l'instabilité institutionnelle dans le département ministériel ; la faiblesse des mécanismes sectorielle d'opérationnalisation du genre ; et la limite du mandat de certaines structures comme l'observatoire national de la parité (ONP).
Sur le plan économique, l'insuffisance des ressources humaines et des financements alloués aux structures d'accompagnement, les taux d'intérêt très élevés sur les prêts accordés aux femmes des PME et PMI, l'absence de données fiables sur ces entreprises créées par les femmes, sont cités comme les obstacles majeurs. Même si le rapporteur souligne la bonne volonté politique qui sous-tend le PSE, elle déplore l'absence de lisibilité.
"S'il n’y a pas d'indicateurs sur le genre dans les 27 projets prioritaires, on va passer à côté", a-t-elle déclaré. Le poids persistant des acceptions socioculturelles, la communication incomplète, la stabilisation des concepts, les femmes en situation de handicap, en privation de libertés, les domestiques, filles et femmes victimes de violences ou de grossesses forcées, constituent les obstacles majeurs sur le plan social.
"Nous finançons les projets, pas les individus"
Le ministre de la Femme, de l'Enfance et de la Famille interpellée par les Conseillers sur certaines "décisions à caractère politicien" de son département s'est expliquée sur les modes de financement. "Nous finançons les projets pas les individus. Il faut que les femmes se trouvent dans un cadre juridique comme les GIE, les GPF, les comités consultatifs ; avoir un projet de développement qu'il va falloir soumettre aux services de développement communautaire. C'est ensuite au ministère de déterminer les bénéficiaires par département. Il n’y a aucun parti pris", s'est défendue Mariama Sarr qui ajoute que désormais, la formation sera antérieure au financement. Matam, Fatick, Kolda en ont déjà bénéficié. A Dakar, seul Rufisque n'en a pas encore joui.
Le département ministériel prévoit aussi la mise en place de la protection de l'enfance avec le Bureau international du Travail (BIT). " Nous avons étudié le phénomène et entamé un plan d'actions d'accompagnement des familles. Leur prise en charge avec le financement du BIT et UNICEF est prévue en début 2015", rappelle le ministre qui répondait à une interpellation relative au travail des enfants dans les mines d'or à Kédougou.
La transparence sur la destination des fonds taïwanais a aussi été évoquée par les Conseillers. Le ministre a fait savoir que "c'était avant (sa) nomination mais l’État est une continuité. Nous avons relancé avec des lettres de recouvrement mais il n’y avait pas de papiers justificatifs. La question est pendante devant la Société Nationale de Recouvrement SNR".
Après s'être félicitée de l'accès des femmes de Ngalenka à la terre grâce au Millenium Challenge Account MCA , Mme Sarr promet que son département va consentir des efforts pour la parité dans les assemblées partiellement ou totalement électives. Sur le volet juridique, elle prône le renforcement de la dynamique existante avec l'ouverture de boutique de Droit à Kaolack après celle de Pikine.
LES FEMMES REVENDIQUENT DES POSTES DE RESPONSABILITE
La place des femmes dans les différentes sphères de pouvoir aussi bien publique que privée, est au cœur du colloque « Femmes universitaires, femmes de pouvoir ?». Organisée par l’Agence universitaire de la Francophonie (Auf), cette rencontre entre dans les activités préparatoires du prochain sommet de la Francophonie
« Femmes universitaires, femmes de pouvoir ?», c’est le thème du col- loque international de deux jours qui s’est ouvert, hier, à Dakar entrant en droite ligne des activités scientifiques préparatoires du prochain sommet de la Francophonie prévu à Dakar, les 29 et 30 novembre.
Si la première partie de la question relève de l’évidence car des femmes universitaires, il y en a, la seconde prête à réfléchir si l’on se fie aux chiffres.
En effet, en Tunisie comme en Algérie, 5 % seulement des femmes sont présidentes d'établissements d'enseignement supérieur et de recherche, elles sont 8 % en Belgique, 11 % au Maroc, 15 % en France alors que plus de 52 % des étudiants en licence et Master dans ces pays sont des femmes. Au Séné- gal, il n'y a aucune femme à la tête des 16 établissements membres de l'Agence.
Pis, à la Faculté de Médecine de l’Ucad, sur les 359 professeurs titulaires, seuls les 95 sont des femmes, à la Faculté de Droit, on dé- compte 8 professeurs titulaires dont une seule femme, 16 maîtres de Conférences dont 3 femmes. Seul le Québec affiche un taux de 33 %.
Ces statistiques viennent confirmer, une fois de plus, qu’il y a un décalage entre le rôle des femmes dans la société et leur sous-représentation, tous domaines confondus, dans les allées du pouvoir.
Et malgré l’existence surtout dans les grandes démocraties occidentales de textes prônant l’égalité de genre et d’autres plus spécifiques, de multiples résistances persistent, freinant l’ambition féminine de bâtir des carrières de dirigeantes.
C’est pourquoi, ce colloque s’est proposé d’aborder le thème du pouvoir des femmes à travers le prisme de la formation universitaire en tentant de répondre à deux questions : la formation universitaire est-elle indispensable à la promotion ou à l'accès des femmes aux postes de responsabilité ? Et pourquoi les femmes sont-elles si peu nombreuses voire exclues du pouvoir universitaire et que faire pour y remédier ?
Un long chemin d’embûches
Pour le Recteur de l’Agence universitaire de la Francophonie, le Pr Bernard Cerquiglini, en dépit de quelques avancées ça et là, le chemin à parcourir pour atteindre la parité hommes/femmes dans la responsabilité de l’enseignement supérieur est malheureusement long et semé d’embûches.
« Un plafond de verre recouvre la Francophonie universitaire. Pour les postes de responsabilité administrative, si l’on se fie à un rapport récent de l’Unesco, sur les responsabilités dans la recherche scientifique, les choses ont beaucoup bougé, on a une tendance forte, cela signifie qu’il ne s’agit pas d’un plafond de marbre ni d’airain, une politique active, décidée comme celle qu’est en train de mener le Sénégal, est possible et peut faire bouger les choses », croit-il.
Ce colloque est, selon lui, pragmatique et pratique et constitue le prolongement de l’engagement ancien de l’Agence en faveur des femmes.
Pour Fatou Kiné Camara, représentante du Recteur Ibrahima Thioub, ce décalage entre hommes et femmes montre la question de l’importance du genre dans les universités sénégalaises où il n’y a encore ni de femme recteur ni de femme doyenne de Faculté.
Cependant, elle s’est félicitée du fait qu’a l’issue des concertations nationales sur l’avenir de l’enseignement supérieur et du Conseil présidentiel qui l’a suivi, il a été décidé de mettre en place un cadre administratif, juridique et institutionnel qui prenne en compte les préoccupations d’équité.
Au cours de ces deux jours d’échanges, l’Auf a choisi de mettre, au devant, des femmes ayant une expérience de pouvoir et celles ayant une vision stratégique du pouvoir à travers une approche comparative. Cela, dans le but de rechercher des solutions pertinentes au problème posé.
Ainsi, les idées novatrices et porteuses, les concepts élaborés et les propositions émergeant des débats seront repris dans le plan d'actions du réseau des femmes responsables universitaires qui sera finalisé à l'issue du colloque.
« Nous poursuivons la mobilisation en faveur de l’égalité hommes/femmes depuis très longtemps dans l’enseignement supérieur. Mais au-delà de tout cela, ce que nous souhaitons, c’est que les femmes prennent du pouvoir, mais pas qu’on le leur donne, il faut qu’elle le prenne », a lancé Abdellatif Miraoui, président de l’Auf.
UN FINANCEMENT DE 600 MILLIONS POUR DES FEMMES DE THIÈS
Thiès, 2 nov (APS) - Le Réseau des femmes pour l'émergence (REFEME) de la région de Thiès (ouest) vient d'obtenir du département de la Micro-finance et de l'Economie solidaire, un financement d'un montant total de 600 millions de francs CFA, a constaté le correspondant de l'APS.
La remise de ce financement s'est déroulée samedi à la Promenade des Thiéssois, lors d'une cérémonie officielle présidée par le ministre délégué chargé de la Micro-finance et de l'Economie solidaire, Moustapha Diop.
Avant les femmes de la région de Thiès, celles de Dakar et de Fatick avaient bénéficié d'un appui similaire de la part du ministère délégué chargé de la Microfinance et de l'Economie solidaire.
M. Diop a expliqué que ce financement vise à faciliter l'accès des femmes de Thiès au crédit et à rendre ''plus souple'' les procédures de financement en vue d'une meilleure prise en charge de la demande sociale.
Selon lui, à travers ce financement, l'accent sera mis sur les projets portant sur des filières à forte valeur ajoutée et à fort impact social, comme l'agriculture et l'élevage.
Le ministre délégué chargé de la Micro-finance et de l'Economie solidaire a invité les femmes à adhérer "massivement" au Réseau des femmes pour l'émergence (REFEME), pour contribuer à concrétiser la vision du chef de l'Etat, Macky Sall, consistant à "faire rapidement du Sénégal, un pays émergent".
Des projets tels que le Fonds national de crédit pour les femmes, "traduisent une forte volonté politique du gouvernement, de faire des femmes les fers de lance de l'émergence économique du Sénégal'', a relevé Moustapha Diop.
Le ministre délégué en charge de la Microfinace et de l'Economie solidaire a cité dans ce lot le Fonds national de l'entreprenariat féminin, ainsi que le Projet d'appui au développement de l'entreprenariat féminin et de l'emploi des jeunes.