Les responsables de l’Alliance pour la République (APR) en Allemagne veulent éviter la psychose de Paris à Macky Sall qui doit se rendre à Berlin après sa visite à l'Elysée. Dans un entretien téléphonique, le coordinateur de la section APR de Berlin et membre du comité d’organisation pour l’accueil du Président informe qu’ils ont pris toutes les dispositions pour bien recevoir le chef de l’Etat. «On a une dizaine de sections dans différentes villes en Allemagne, et aujourd’hui, nous allons recevoir le chef de l’Etat. Nous avons invité tous les camarades de diverses localités. Nous attendons plus de 200 personnes, plus les sénégalais qui sont à Berlin qui font 400 personnes et d’autres camarades», déclare Souleymane Sokome.
«Le soir, après le Ndogu, il est prévu une rencontre avec les militants. Nous allons vers des élections. Ce que l’on veut, c’est l’union. Il faut que tous les camarades se réunissent en Allemagne. Des camarades vont lui poser des doléances et nous allons discuter des stratégies à prendre pour les élections législatives», explique-t-il, non sans avertir ceux qui seraient tentés de saboter la visite. «Les activistes, on s’y prépare. On est conscient de cela. Nous ferons face à eux, s’ils se présentent», assure M. Sokome.
Le président de la république est en France où il répond à une invitation de son homologue Emmanuel Macron. Sur place, au micro de SeneNews, le chef de l’Etat s’est prononcé sur la situation de tensions aux Emirats arabes avec notamment l’appel de l’ambassadeur du Sénégal au Qatar.
Abordant l’actualité avec notamment la crise entre l’Arabie Saoudite et le Qatar, Macky Sall a laissé entendre : "Je voudrais d’abord saluer la médiation de l’émir du Koweït qui va dans le sens de trouver une désescalade, une paix retrouvée entre pays partenaires. Par cette crise, le Sénégal avait, par solidarité, demandé le rappel de son ambassadeur au Qatar. Evidemment le Qatar est pays ami du Sénégal, par conséquent, nous appelons toutes les parties à travailler dans la perspective d’une solution négociée qui sera dans l’intérêt de la Oumma islamique et donc pour cela, nous espérons qu’il y aura une désescalade surtout avec ce mois de ramadan".
PRÉLATS INSOUMIS
Le pape François exige l’obéissance des prêtres nigérians d'Ahiara à leur nouvel évêque
Le pape François a donné un ultimatum aux prêtres d’Ahiara, au Nigeria, qui refusent leur nouvel évêque pour des raisons ethniques, leur demandant de présenter leurs excuses d’ici 30 jours ou ils seront déchus.
Au cours des pourparlers avec une délégation catholique du Nigeria conduite par le cardinal John Onaiyekan, archevêque de la capitale Abuja, le Saint-Père a exigé que les prêtres et les membres de l’église dans le diocèse du sud d’Ahiara écrivent personnellement pour "demander son pardon", a déclaré le Saint-Siège dans un communiqué. "Dans la lettre, il faut manifester clairement l’obéissance totale au pape, et celui qui écrit doit être disposé à accepter l’évêque que le pape envoie et a nommé", a précisé le communiqué.
Depuis quatre ans, une partie des prêtres du diocèse d’Ahiara, au sud-est du Nigéria, refuse le nouvel évêque, Mgr Ebere Peter Okpaleke, pour des raisons ethniques, car il n’est pas issu de la même ethnie que Mgr Victor Chikwe, son prédécesseur, mort en 2010.
Le souverain pontife a déclaré que le « peuple de Dieu est scandalisé » par cette situation.
Ahiara est une région essentiellement catholique de l’Etat d’Imo, alors que l’évêque Okpaleke vient de l’Anambra voisin.
Le pape François veille à ce que ces questions ethniques ne troublent pas la vie des diocèses, notamment en Afrique. Dès qu’il en a l’occasion, il réaffirme aux évêques, prêtres, religieux, et laïcs, l’importance de ne jamais « faire entrer ce genre de question ou de différend » dans l’Église. rappelle le site aleteia.
MACKY À BERLIN POUR UNE RÉUNION PRÉPARATOIRE DU PROCHAIN G20
Dakar, 12 juin (APS) - Le président Macky Sall a participé, lundi, à Berlin (Allemagne), à une réunion consacrée au "Compact G20 pour l’Afrique", un cadre de concertation promu par la présidence allemande du G20 pour stimuler les investissements dans les 54 pays africains, a-t-on appris du Pôle de communication de la présidence sénégalaise.
Cette rencontre se tient lundi et mardi, à un mois du sommet des 20 pays les plus industrialisés du monde, que l’Allemagne va accueillir en juillet prochain à Hambourg.
La chancelière allemande, Angela Merkel, dit vouloir, avec le "Compact G20 pour l’Afrique", inciter les dirigeants des 20 premières économies du monde à investir davantage dans les pays africains.
Le dirigeant sénégalais est invité à cette rencontre par Mme Merkel, qui assure actuellement la présidence du G20, selon un communiqué du Pôle de communication de la présidence du Sénégal.
Une photo de famille jointe au communiqué montre, aux côtés d’Angela Merkel, neuf chefs d’Etat africains, des dirigeants d’Afrique de l’Ouest pour la plupart.
On peut citer Alpha Condé (Guinée), Mahamadou Issoufou (Niger), Paul Kagame (Rwanda), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire) et Ibrahima Boubacar Keïta (Mali).
Mme Merkel a aussi convié à la conférence dédiée à l’investissement en Afrique la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, et le président de la Banque mondiale (BM), Jim Yong Kim.
Avant la réunion de Berlin, le président Macky Sall a eu un entretien, lundi matin, avec son homologue français Emmanuel Macron, selon le Pôle de la communication de la présidence sénégalaise.
Les deux chefs d’Etat ont "réitéré leur volonté commune de poursuivre et d’intensifier la tradition d’amitié cordiale et de coopération confiante" entre la France et le Sénégal, rapporte le communiqué.
Il ajoute que Macky Sall et Emmanuel Macron ont surtout discuté de "questions d’intérêt commun" : la paix et la sécurité, la lutte contre le terrorisme, le développement économique et social, et l’environnement.
"Les deux chefs d’Etat ont convenu de poursuivre un partenariat franco-sénégalais dynamique, rénové, moderne et résolument tourné vers le futur", ajoute la même source.
"A ce sujet, poursuit-elle, ils se sont félicités de l’engagement commun des deux pays dans la réalisation de l’important projet sénégalais de Train Express Régional, comme levier stratégique de modernisation du transport urbain et de performance économique."
Les dirigeant français et son hôte ont "renouvelé leur volonté d’encourager la promotion de l’investissement privé par des mécanismes appropriés, qui favorisent la croissance, la création d’emplois et le transfert de technologies, y compris dans le domaine de l’énergie".
Concernant "la question vitale de l’environnement et du développement durable", le communiqué signale que Macky Sall et Emmanuel Macron ont exprimé leur "ferme attachement à l’intégrité de l’Accord de Paris sur le climat et à sa mise en œuvre par des initiatives et actions concrètes, notamment à travers la promotion des énergies renouvelables".
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PLAIDOYER POUR UNE PENSEE AFRICAINE ENFIN DECOLONISEE?
Entretien avec Felwine Sarr, économiste et écrivain, et co-auteur avec Achille Mbembe du livre "Ecrire l'Afrique-Monde" aux editions Philippe Rey.
Octobre 2016, Dakar a accueilli la première édition des “Ateliers de la pensée”. Alors que les actes de ce colloque viennent d'être publiés et sont donc accessibles au plus grand nombre, un des deux instigateurs de ces rencontres, Felwine Sarr, nous fait part de ses réflexions sur le présent et l'avenir de l'Afrique au 21ème siècle, dans le "64 Minutes le monde en français" sur TV5 Monde.
LE DÉTENU POLITIQUE GBAGBO DIT TOUT
Refusant une trop grande indépendance du pouvoir d’Abidjan, Paris n’a cessé d’œuvrer au renversement de l´ancien Président ivoirien, Laurent GBagbo. Ce qui ressort de l’interview préparée par l’envoyée spéciale de Médiapart, Fanny Pigeaud
L’ancien président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo, en détention provisoire depuis 2011 à la Cour pénale internationale à La Haye, affirme dans un entretien exclusif à Mediapart que la France de Jacques Chirac, puis de Nicolas Sarkozy, a systématiquement saboté sa présidence. Confidentiel Afrique publie les détails de cet entretien poignant d'un rebelle réalisé le 15 mai 2017.
Refusant une trop grande indépendance du pouvoir d’Abidjan, Paris n’a cessé d’œuvrer au renversement de l´ancien Président ivoirien, Laurent GBagbo. Ce qui ressort de l’interview préparée par l’envoyée spéciale de Médiapart, Fanny Pigeaud et acceptée par le détenu politique dans les geôles de la Cour Pénale Internationale (CPI) à la Haye, Pays Bas.
Les récentes mutineries de militaires en Côte d’Ivoire sont venues rappeler que le président Alassane Ouattara était arrivé au pouvoir, en 2011, en recourant aussi à des combattants mercenaires, dont certains avaient été engagés dès 2002 dans un coup d’État raté contre Laurent Gbagbo. Dans le processus qui a conduit Alassane Ouattara à être déclaré élu à la présidence ivoirienne, il y a eu un acteur majeur : la France. Pour beaucoup de citoyens d’Afrique francophone, son implication dans la crise politico-militaire qu’a traversée la Côte d’Ivoire de 2002 à 2011 est évidente, même si elle a toujours cherché à cacher ou à faire oublier son rôle.
Responsabilité évidente de la France dans la crise politico- militaire
Détenu depuis six ans à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo est poursuivi pour « crimes contre l’humanité », des crimes qui auraient été commis en 2010 et 2011 : « meurtre, viol, autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – tentative de meurtre et persécution ».
L’ancien président ivoirien a une vision très précise de cette responsabilité française. Il l’a récemment détaillée dans des circonstances singulières : il a accepté que je lui rende visite dans sa prison, le 15 mai 2017. À la fin de nos échanges, il a donné son accord pour l’utilisation dans un article de certains de ses propos, qu’un de ses proches, présent aussi ce 15 mai, a relus avant publication.
Le contexte entourant cette visite était également particulier. Chaque nouvelle audience du procès ouvert contre l’ancien président en janvier 2016, il y a donc bientôt déjà un an et demi, montre que la thèse de l’accusation s’effondre. En outre, il est de plus en plus question pour lui d’une possible libération, en raison de sa santé fragile, de son âge – 72 ans – et surtout de la durée de sa détention provisoire, qui a dépassé les normes admises par la Cour européenne des droits de l’homme.
Lors de cette entrevue du 15 mai, Laurent Gbagbo, élu en 2000, a dit n’avoir aucun doute : la France a cherché, pendant toutes ses années à la présidence, à l’écarter du pouvoir. À l’époque, il l’avait déjà plusieurs fois laissé entendre. Peu après le départ de Jacques Chirac de la présidence française, en 2007, il avait par exemple déclaré : « Depuis que Jacques Chirac est parti, je dors d’un sommeil profond et je me réveille tranquillement, sans penser que la nuit on peut attiser des militaires à droite et à gauche. »
Aujourd’hui, il assure « avoir su depuis le début »que Paris était derrière la tentative du coup d’État du 19 septembre 2002. Lorsque cette opération armée, menée par des ex-soldats ivoiriens pro-Ouattara, a eu lieu, Laurent Gbagbo était en visite officielle en Italie, où il s’était entretenu avec le président du Conseil, Silvio Berlusconi. Ce dernier l’avait mis en garde, raconte-t-il : « Il m’a dit : “Ne fais pas confiance à Chirac, il te plantera un coup de couteau dans le dos.” La nuit suivante, la Côte d’Ivoire était attaquée. »
À l’époque, la ministre de la défense Michèle Alliot-Marie avait refusé d’appliquer l’accord de défense liant la France à la Côte d’Ivoire et prévoyant l’intervention de l’armée française en cas d’agression extérieure contre la Côte d’Ivoire. Elle avait justifié cette décision en soutenant qu’il s’agissait d’un conflit entre Ivoiriens. Pourtant, les assaillants étaient partis du Burkina Faso, qui les avait appuyés sur le plan financier et logistique.
Par la suite, cette rébellion armée, qui a pris le nom de Forces nouvelles, a entretenu un état de guerre permanent et occupé 60 % du territoire ivoirien jusqu’en 2011, avec le soutien actif du président burkinabè Blaise Compaoré. Des militaires français n’ont jamais compris pourquoi le gouvernement français avait refusé d’aider l’armée ivoirienne à déloger cette rébellion, qui non seulement tenait la moitié du pays mais aussi y faisait régner la terreur. Une telle action militaire n’aurait pris que quelques jours.
Mais « cette décision politique de dire “Oui, on soutient le gouvernement Gbagbo, et on va rétablir la paix et la stabilité au nord de la zone de confiance” n’est jamais venue. […] La France a souscrit à cette partition du pays avec au nord les Forces nouvelles et au sud le gouvernement du président Laurent Gbagbo », a relevé en 2012 Georges Peillon, ancien porte-parole de Licorne, opération militaire française en Côte d’Ivoire.
C’est parce qu’il était « de gauche » que le pouvoir français a tenté de le renverser, affirme aujourd’hui Laurent Gbagbo, qui a longtemps lutté pour la restauration du multipartisme en Côte d’Ivoire, obtenue en 1990. « Une partie de la droite [française], et surtout Villepin [qui est en 2002 secrétaire général de la présidence de la République avant de devenir ministre des affaires étrangères – ndlr], ne voulait pas que je sois président », dit-il, ajoutant : « Les Français m’ont toujours préféré dans l’opposition. »
L’ex-président précise que ses ennuis ont réellement commencé quand le socialiste Lionel Jospin a quitté ses fonctions de premier ministre en France et a été battu à l’élection présidentielle de mai 2002. C’est en effet seulement quelques mois plus tard qu’a eu lieu l’attaque du 19 septembre 2002. Si « la gauche » lui « a foutu la paix » au début, des cadres du Parti socialiste l’ont cependant fortement combattu par la suite. L’ex-ministre Henri Emmanuelli a été l’un des rares à être restés pour lui un fidèle ami, tout comme Guy Labertit, qui a été le « Monsieur Afrique » du Parti socialiste.
« J’étais trop indépendant » vis-à-vis de la France, avance aussi Laurent Gbagbo pour expliquer l’acharnement des autorités françaises contre lui. Il rappelle qu’il a dû un jour répondre à Chirac qu’il n’était pas un de ses sous-préfets. C’était en 2006 et il avait précisément déclaré : « Je ne suis pas président de la République pour travailler sous la dictée de quelqu’un. Je ne suis ni gouverneur, ni sous-préfet, ni préfet. Je suis un chef de l’État élu par son peuple. »
Suspension des prêts de l’Union européenne et de la France
Pour illustrer cet esprit d’indépendance qui aurait déplu à Paris, l’ex-chef d’État évoque plusieurs mesures, prises très vite après sa prise de fonctions, dont l’adoption d’un « budget sécurisé » : il s’agissait pour l’État ivoirien de ne compter que sur ses ressources propres pour se financer. La France et l’Union européenne avaient à ce moment-là suspendu leurs prêts à la Côte d’Ivoire, après le rejet de la candidature d’Alassane Ouattara, pour défaut de nationalité ivoirienne, à des élections législatives.
Les Français « voulaient nous étouffer. Avec le budget sécurisé, l’idée, c’était : on ne demande rien à personne. Bien sûr, si certains voulaient nous aider, nous acceptions. Mais il n’était pas question de réclamer quoi que ce soit », explique Laurent Gbagbo. Ce dernier a aussi cherché à équiper l’armée ivoirienne en s’adressant à d’autres pays que la France. « Lorsque je suis arrivé à la présidence, nous avions des officiers très bien formés, mais qui n’avaient pas d’outils de travail. Kadhafi – qui jouait sur plusieurs tableaux à la fois – nous a procuré cent kalachnikovs : elles ont été les premières armes de la police. Ensuite, je me suis adressé à Eduardo Dos Santos », président de l’Angola, qui a lui aussi accepté de fournir des armes à la Côte d’Ivoire.
Mais « si on se passe des Français, c’est comme si on les agresse. Pour eux, c’est la France qui doit dicter la voie à suivre à la Côte d’Ivoire », constate l’ancien chef de l’État. « J’ai pensé que les réformes que je voulais engager auraient amené les Français à dire : “C’est un homme d’État, laissons-le travailler.” »
Paris voulait un Président docile en l’imposant à Houphouet- Boigny en 1989
Seulement, Paris voulait qu’Alassane Ouattara, au profil plus conciliant, arrive au pouvoir. Les Français « ont imposé Ouattara en 1989 à Houphouët-Boigny [président de la Côte d’Ivoire de 1960 à 1993 – ndlr]. L’objectif, dès cette époque, c’était de l’amener à la présidence », analyse Laurent Gbagbo. Allié fidèle des Français en Afrique de l’Ouest, Blaise Compaoré a soutenu ce projet : « Compaoré m’a dit : “Tu es mon ami, mais il faut Ouattara comme président.” » Blaise Compaoré « a toujours agi pour le compte de la France », selon l’ex-chef d’État. C’est d’ailleurs l’armée française qui a exfiltré Blaise Compaoré du Burkina Faso, fin 2015, alors qu’il était menacé par un important mouvement de contestation.
Début 2003, la France a poussé la Côte d’Ivoire à signer l’accord dit de Linas-Marcoussis, qui a enlevé à Gbagbo une partie de ses prérogatives présidentielles et l’a obligé, notamment, à faire entrer des représentants des Forces nouvelles dans le gouvernement. « Je me suis retrouvé avec des ministres totalement illettrés, qui ne savaient ni lire ni écrire ! », se souvient-il. Le président a fait par la suite de nombreuses concessions à ses adversaires, acceptant par exemple que l’opposition politique et armée devienne majoritaire au sein de la « commission électorale indépendante » chargée d’organiser les élections.
Le bombardement de Bouaké
En novembre 2004, les relations entre la Côte d’Ivoire de Laurent Gbagbo et la France de Jacques Chirac se sont considérablement détériorées. Le 6 novembre a eu lieu ce qu’on appelle aujourd’hui le « bombardement de Bouaké » : des avions ivoiriens pilotés par des Biélorusses ont tué neuf soldats français, à Bouaké. Chirac a aussitôt accusé son homologue ivoirien d’avoir été le donneur d’ordre. Ce dernier a nié toute responsabilité, sans être cru.
Trois jours plus tard, le 9 novembre, dans un contexte de grande confusion et après ce qui a ressemblé à un nouveau coup d’État raté, l’armée française a tiré sur une foule de manifestants non armés devant l’hôtel Ivoire, à Abidjan, tuant plusieurs dizaines de personnes. L’État ivoirien n’a jamais porté plainte à propos de cette fusillade, contre l’avis de collaborateurs de Laurent Gbagbo. Ce dernier dit aujourd’hui avoir plutôt « compté sur le temps pour que les gens y voient plus clair ».
Peut-être ce moment est-il arrivé : ces dernières années, l’enquête de la justice française sur le bombardement de Bouaké s’est orientée vers l’hypothèse d’une implication voire d’une responsabilité française. Début 2016, la juge chargée de l’enquête, Sabine Kheris, a ainsi demandé que les anciens ministres Dominique de Villepin, Michel Barnier, Michèle Alliot-Marie soient renvoyés devant la Cour de justice. Laurent Gbagbo se réjouit d’avoir pu être entendu par la magistrate, venue spécialement à La Haye, et d’avoir pu aussi rencontrer l’avocat des familles des soldats français, lui aussi persuadé de son innocence.
Accord signé en 2007 avec Guillaume SORO
En 2007, Laurent Gbagbo a conclu un nouvel accord de paix avec le chef des Forces nouvelles, Guillaume Soro. L’élection présidentielle qui devait avoir lieu peu après a cependant été plusieurs fois retardée. Laurent Gbagbo a été accusé de chercher à repousser au maximum cette échéance pour se maintenir au pouvoir. Les pressions politiques, venues essentiellement de Paris, ont fini par faire oublier que les rebelles n’ont jamais respecté les différents accords signés, dont celui de Linas-Marcoussis, qui fixaient leur désarmement comme préalable à l’organisation de la présidentielle. Les Forces nouvelles ont toujours refusé de se séparer de leurs armes.
Le scrutin a finalement été programmé pour la fin de l’année 2010. Nicolas Sarkozy, ami d’Alassane Ouattara, était alors président de la France depuis 2007. Laurent Gbagbo a vite vu que les choses allaient mal tourner : « J’ai compris que Sarkozy voulait utiliser les élections comme prétexte. On nous a par exemple imposé l’entreprise Sagem »pour assurer une grande partie des opérations techniques liées à l’organisation du vote. L’Élysée a en effet fortement insisté pour que Sagem Sécurité, société française, soit choisie par le gouvernement ivoirien. Ensuite, « Sarkozy a répété à Ouattara : “Tu vas gagner.” Puis ils ont levé des mercenaires dans la sous-région en leur promettant que s’ils arrivaient à enlever Gbagbo, ils auraient 12 millions de francs CFA chacun ».
La crise éclate début décembre 2010, après le second tour de la présidentielle. À l’issue d’un processus douteux, la commission électorale indépendante annonce des résultats provisoires donnant Alassane Ouattara victorieux, avec plus de 54 % des suffrages. Mais le Conseil constitutionnel décide, le lendemain, d’annuler pour fraudes massives les résultats dans sept départements du Nord, sous contrôle rebelle depuis 2002. Et il proclame la victoire de Laurent Gbagbo avec 51,45 % des suffrages, contre 48,55 % à son rival. Le représentant de la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et la communauté internationale, dont la France, prennent le parti d’Alassane Ouattara. Dès lors, le conflit est inéluctable.
Auparavant, Laurent Gbagbo avait plusieurs fois signifié son souhait de voir l’armée française quitter la Côte d’Ivoire, où elle dispose d’une importante base. Il l’avait en particulier fait savoir à une délégation envoyée par Nicolas Sarkozy à Abidjan pour revoir l’accord de défense liant les deux pays. Il se souvient avoir déclaré : « Cette ère [de présence militaire française en Côte d’Ivoire] est finie. » « J’ai cru que la sagesse l’emporterait. Je ne pensais pas qu’ils iraient jusqu’à bousiller le pays », commente aujourd’hui l’ancien président.
Pendant les cinq mois de crise postélectorale de 2010-2011, l’escalade des violences fait officiellement trois mille morts dans le pays. Face aux combattants de Ouattara, Laurent Gbagbo s’appuie sur les forces de défense et de sécurité, elles-mêmes soutenues par des groupes d’autodéfense (notamment dans l’Ouest), mais aussi sur le mouvement dit des « Jeunes patriotes » de Charles Blé Goudé, fidèle devenu ministre et jugé aujourd’hui dans le même procès que lui à La Haye.
Mais la France, allant au-delà du cadre d’une résolution de l’ONU dans lequel elle était censée agir, a fait un usage inédit de la force, qui a stupéfié beaucoup d’Ivoiriens : début avril 2011, des hélicoptères français ont pilonné pendant plusieurs jours la résidence officielle du chef de l’État ivoirien, où ce dernier se trouvait avec ses enfants, ses petits-enfants et des dizaines de collaborateurs. Plusieurs de ces derniers restent aujourd’hui persuadés que l’intention des Français était d’éliminer physiquement Laurent Gbagbo.
Le 11 avril 2011, après une dernière nuit d’intenses bombardements, une opération au sol menée par l’armée française a abouti à son arrestation. La résidence était alors en feu et en ruine. Ailleurs dans le pays, l’armée française a aussi joué un rôle important auprès des troupes levées par Alassane Ouattara pour prendre le contrôle de l’ensemble du territoire – avec, à la clé, la perpétration de massacres.
Complot contre un patriote
Six ans après, Laurent Gbagbo est donc toujours en détention provisoire. Il a d’abord passé huit mois dans le nord de la Côte d’Ivoire, dans des conditions éprouvantes et en dehors de tout cadre légal. Il est depuis novembre 2011 au centre de détention de Scheveningen de la CPI, à La Haye. Comme les six autres prisonniers (tous africains) de la CPI, il est détenu dans une cellule de 10 m2 et est soumis à des contrôles stricts. Il n’a pas vraiment été surpris de se retrouver là : depuis 2003, ses adversaires le menaçaient de l’amener devant la justice internationale, rappelle-t-il. Blaise Compaoré avait en effet déclaré en marge des « négociations » de Linas-Marcoussis, en janvier 2003 : « Gbagbo finira comme Milosevic, c’est-à-dire devant le Tribunal pénal international. » Quelques semaines après, en février 2003, Chirac avait repris la menace. Nicolas Sarkozy a fait de même en 2010, tout au début de la crise post-électorale.
Otage pour les intérêts des lobbies
« Je ne suis pas en prison. Je suis otage », estime Laurent Gbagbo. « Je suis là pour permettre à Ouattara d’être à la présidence » et aux Français de continuer à avoir la mainmise sur la Côte d’Ivoire, assure-t-il. Il n’en revient pas que Alassane Ouattara ait été obligé de faire appel à des aides extérieures pour assurer le fonctionnement de l’État ces dernières années. « J’ai toujours payé les fonctionnaires. L’État ivoirien a largement les moyens de fonctionner », affirme-t-il.
LA BAD FINANCE DES PROJETS À HAUTEUR DE 937 MILLIARDS FCFA
Amélioration les conditions de vie de 20 millions d’africains
Dakar, 12 juin (APS) - Les projets transports et TIC financés par la Banque africaine de développement (BAD) en 2016 à hauteur de 937 milliards 207 millions de FCFA devraient avoir un "impact positif" sur les conditions de vie de près de 20 millions d’Africains au cours des prochaines années, a appris l’APS.
La révélation a été faite par le rapport annuel du département Infrastructure, villes et développement durable, publié vendredi dernier par la BAD.
Selon ce document, ce montant est réparti entre 15 pays, à travers des projets d’une grande diversité, tels que des corridors routiers internationaux, des lignes ferroviaires, des infrastructures urbaines ou encore des projets liés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Ces nouveaux chantiers viennent s’ajouter à ceux déjà en cours d’exécution dans les secteurs du transport et des TIC : 118 projets, répartis dans 47 pays, pour un montant global de 11,8 milliards de dollars.
"Le transport et les TIC jouent un rôle substantiel dans la poursuite des cinq priorités opérationnelles de la Banque, notamment dans l’appui à l’industrialisation, à l’intégration régionale, à la modernisation de l’agriculture, et plus globalement, à l’amélioration des conditions de vie des populations", a expliqué Amadou Oumarou, directeur du département Infrastructure, villes et développement durable au sein de la BAD.
En 2016, l’engagement de la Banque s’est accru et a permis d’accorder une place prépondérante à la mobilité urbaine et au développement de villes durables.
Le document annonce notamment la création d’une division "Villes et Développement urbain", qui devrait permettre à l’institution de traiter les défis posés par l’urbanisation rapide du continent.
L’année écoulée a d’ailleurs été marquée par d’importants projets d’infrastructures à Abidjan, Accra et Kampala, pour un total de plus de 500 millions de dollars, montant sans précédent pour la Banque dans le domaine du transport urbain.
Enfin, les projets financés témoignent du travail d’accompagnement que la Banque mène auprès de ses partenaires et clients, notamment dans le renforcement de leurs capacités.
LE SÉNÉGAL BIENTÔT PREMIER CONTRIBUTEUR DE TROUPES DE LA MINUSMA
Dakar, 12 juin (APS) – Le Sénégal va devenir dans les prochaines semaines le premier contributeur de troupes à la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a annoncé, lundi à Paris, le président français Emmanuel Macron, saluant son engagement dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
"Le Sénégal, déjà fortement engagé, deviendra dans les prochaines semaines le premier contributeur à la Mission de maintien de la paix des Nations Unies au Mali. Et, à ce titre, nous connaissons l’un et l’autre le prix de cet engagement pour nos armées, pour les vies de nos soldats", a-t-il dit en rencontrant le chef de l’Etat, Macky Sall, à l’Elysée.
Dans un discours retransmis par le site d’information afrique.midi.com, le président Macron a réaffirmé le rôle majeur du Sénégal dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
"Le Sénégal a été à nos côtés depuis le départ. Je n’oublie pas que les premiers éléments de l’opération +Serval+ se sont déployés à partir du Sénégal", a rappelé le chef de l’Etat français à son homologue sénégalais.
Il a dit que les deux pays partagent "la même conviction stricte que la mobilisation résolue et durable des acteurs de la région" va permettre de "faire refluer de manière irréversible la menace terroriste".
Dans cette perspective, Emmanuel Macron a émis le souhait de voir la France continuer d’une part cet échange stratégique militaire et de sécurisation avec le Sénégal et d’autre part de travailler avec la CEDEAO au-delà des forums régionaux (…)".
Le président sénégalais a pour sa part insisté sur le rôle joué par la France en Afrique dans la lutte contre le terrorisme. Selon lui, ce rôle de la France en Afrique de l’Ouest et du Centre doit être magnifié pour permettre aux Africains de faire face à "cette vague de radicalisme qui déstabilise nos Etats".
"Nous sommes pleinement engagés au Mali et au Sahel. Avec vous, nous verrons comment accompagner la région, la CEDEAO, le G 5, tous les pays pour que l’Afrique ne soit pas le ventre mou dans la lutte contre le terrorisme", a promis Macky Sall à Emmanuel Macron.
937 MILLIARDS FCFA INVESTIS PAR LA BAD POUR AMELIORER LES CONDITIONS DE VIE DE 20 MILLIONS D'AFRICAINS
Les projets transports et TIC financés par la Banque africaine de développement (BAD) en 2016 à hauteur de 937 milliards 207 millions de FCFA devraient avoir un "impact positif" sur les conditions de vie de près de 20 millions d’Africains au cours des prochaines années, a appris l’APS.
La révélation a été faite par le rapport annuel du département Infrastructure, villes et développement durable, publié vendredi dernier par la BAD.
Selon ce document, ce montant est réparti entre 15 pays, à travers des projets d’une grande diversité, tels que des corridors routiers internationaux, des lignes ferroviaires, des infrastructures urbaines ou encore des projets liés aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Ces nouveaux chantiers viennent s’ajouter à ceux déjà en cours d’exécution dans les secteurs du transport et des TIC : 118 projets, répartis dans 47 pays, pour un montant global de 11,8 milliards de dollars.
"Le transport et les TIC jouent un rôle substantiel dans la poursuite des cinq priorités opérationnelles de la Banque, notamment dans l’appui à l’industrialisation, à l’intégration régionale, à la modernisation de l’agriculture, et plus globalement, à l’amélioration des conditions de vie des populations", a expliqué Amadou Oumarou, directeur du département Infrastructure, villes et développement durable au sein de la BAD.
En 2016, l’engagement de la Banque s’est accru et a permis d’accorder une place prépondérante à la mobilité urbaine et au développement de villes durables.
Le document annonce notamment la création d’une division "Villes et Développement urbain", qui devrait permettre à l’institution de traiter les défis posés par l’urbanisation rapide du continent.
L’année écoulée a d’ailleurs été marquée par d’importants projets d’infrastructures à Abidjan, Accra et Kampala, pour un total de plus de 500 millions de dollars, montant sans précédent pour la Banque dans le domaine du transport urbain.
Enfin, les projets financés témoignent du travail d’accompagnement que la Banque mène auprès de ses partenaires et clients, notamment dans le renforcement de leurs capacités.
Le Maroc qui s’est dit grandement préoccupé par la crise dans le Golfe persique a offert ses bons offices pour aider à trouver une solution
Le royaume chérifien entretient d'excellents rapports aussi bien avec l'Arabie Saoudite qu'avec le Qatar.
C'est dans un communiqué de son ministère des affaires étrangères, publié dimanche, que le Maroc a fait état de sa grande préoccupation face à la détérioration des relations entre l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, l'Egypte et d'autres pays arabes d'un côté, et l'Etat du Qatar de l'autre.
Le communiqué ajoute que le roi du Maroc a, depuis l'éclatement de la crise, maintenu un contact étroit et permanent avec les différentes parties.
Le document précise que le royaume chérifien a veillé à ne pas verser dans les déclarations publiques et les prises de position hâtives, compte tenu du partenariat stratégique singulier qu'il entretient avec les Etats parties au conflit.
Le Maroc se dit donc disposé à offrir ses bons offices en vue de favoriser un dialogue franc et global, sur la base de la non-ingérence, si les parties le souhaitent.
En 2014 déjà, Rabat avait discrètement contribué à apaiser une première crise au sein du Conseil de Coopération du Golfe.
En 2016, l'émir du Qatar avait été reçu par le roi Salman d'Arabie à Tanger, au Maroc où il passait des vacances.