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25 avril 2025
International
par Farid Bathily
FAUT-IL RÉFORMER LE BALLON D'OR ?
Chaque édition du Ballon d’or apporte son lot de polémiques, et celle de cette année ne fait pas exception. La récompense individuelle la plus prestigieuse du football souffre d'un problème de crédibilité croissant depuis plusieurs années
La récompense prestigieuse qu'est le Ballon d’or fait à nouveau l'objet de controverses cette année, en raison d'un choix jugé peu objectif. Une plateforme africaine propose de remédier à ces limites en instaurant un mode de désignation plus équitable entre les joueurs.
Chaque édition du Ballon d’or apporte son lot de polémiques, et celle de cette année ne fait pas exception. Plusieurs membres du top 30, révélé le 30 octobre 2023 par le magazine France Football, font l'objet de critiques dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Des joueurs tels que Ruben Dias (30e) et Antoine Griezmann (21e) auraient, selon certains, été victimes d'un classement injuste ; tandis que d'autres, tels que Randal Kolo Muani (28e) et Emiliano Martinez (15e), ne mériteraient pas leur rang selon d'autres opinions.
Quant à Lionel Messi, sacré pour une huitième fois record, le magazine français So Foot le qualifie de "vainqueur par défaut", récompensé uniquement pour ses performances (sept buts en autant de matchs, dont quatre sur penalty) lors du Mondial 2022 organisé à Doha.
Problème de crédibilité
De son côté, le quotidien britannique The Telegraph y voit un mépris envers la Premier League, le championnat de football élite en Angleterre. Il souligne qu'en dehors de George Best en 1968, seuls deux vainqueurs du Ballon d'Or – Michael Owen en 2001 et Cristiano Ronaldo en 2008 – évoluaient dans ce pays à l'époque de leur sacre.
Pendant ce temps, la Liga espagnole a vu 19 de ses joueurs remporter le Ballon d'Or, dont 11 pour le FC Barcelone et 8 pour le Real Madrid. De quoi renforcer la thèse du Telegraph ? Quoi qu'il en soit, la récompense individuelle la plus prestigieuse du football souffre d'un problème de crédibilité croissant depuis plusieurs années.
Malgré les changements de règlement introduits l'an dernier, incluant la suppression du critère relatif à la "carrière du joueur", le resserrement du calendrier d'évaluation et la réduction du nombre de votants à un cercle de "spécialistes", les accusations de favoritisme persistent.
Pour un système plus équitable
Dans ce contexte, le journaliste sénégalais Elimane Ndao considérait comme très probable que le trophée décerné par France Football soit attribué une nouvelle fois au capitaine de l'Argentine cette année, en raison de ce qu'il appelle le "syndrome Messi".
"À part Cristiano Ronaldo, aucun joueur, quelle que soit la grandeur de sa saison, n'a de chances de remporter le Ballon d'Or lorsqu'il est en concurrence avec Leo Messi", écrit-il sur le site internet de sa nouvelle plateforme "Le Meilleur joueur du monde".
Celle-ci propose, excédée par le privilège accordé aux joueurs offensifs – seulement quatre défenseurs et un gardien de but ayant été récompensés en 67 éditions –, un nouveau modèle d'attribution basé uniquement sur les données, élément central dans le football moderne.
Ce système valorise, grâce à une attribution continue de points tout au long de la saison, aussi bien les actions défensives que les arrêts d'un gardien de but, dans le but de donner à tous les candidats les mêmes chances de gagner.
"Dans les cinq grands championnats européens, en moyenne après trois tirs cadrés, le quatrième est un but. Ainsi, un gardien qui arrête quatre tirs dans un match contribue autant qu'un attaquant qui marque un but", explique Elimane Ndao, dont la plateforme analyse une cinquantaine de matchs chaque week-end pour établir son classement. Un classement qui a désigné Erling Haaland, classé deuxième par France Football, comme meilleur joueur du monde de la saison écoulée.
par Mohamed Mbougar Sarr
QUI A BRÛLÉ LE CADAVRE DE C.F. ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Déterrer, brûler un cadavre, c'est la négation de l’humanité. Celle de l’autre, mais aussi la sienne propre. Le cadavre de C.F. n’a pas été profané à Léona Niassène : il a commencé à être déterré et brûlé longtemps avant
Une odieuse vidéo circule depuis quelques jours en provenance du Sénégal : on y voit une foule en cercle et, en son centre, l’intense flamboiement d’un bûcher. Entre une obscure jubilation et le frisson d’une crainte, entre les injures, les rires, les invocations divines, les convocations diaboliques, les hommes, les femmes, les enfants de la foule regardent ce qui brûle ; et ce qui brûle est le cadavre d’un homme que l’on vient de déterrer d’un cimetière – mais qui est ce on ? Cet homme s’appelait C.F. (je ne garde les initiales que par pudeur ou respect pour sa famille, mais je dis intérieurement son nom). On le soupçonnait d’être homosexuel – c’est le crime. Pour cette raison, parce que la contre-nature présumée de son cadavre menaçait de souiller le cimetière, on l’a déterré et brûlé en place publique – voilà le châtiment.
Je ne me fais aucune illusion : aussi répugnants soient-ils, des faits de cette nature se reproduiront. J’aurais aimé ajouter à cette dernière phrase une subordonnée conditionnelle, quelque chose comme « tant qu’on n’aura pas appris à protéger toutes les minorités, tous les maudits, et à se demander quelle est, chez ces personnes, la part d’humanité sacrée que nous portons aussi ». Oui : j’aurais aimé adoucir ma conviction par une incise d’espoir. Le fait est que je n’en ai plus. Ce qui s’est passé à Léona Niassène s’est malheureusement déjà produit et, hélas, se reproduira.
Il y a quinze ans, en 2008, je voyais une vidéo presque similaire. Les images qui s’y déployaient m’ont hanté une décade, si profondément, avec un tel pouvoir de destruction (ce que cette vidéo m’a pris, une part d’insouciance, ne me sera jamais rendu, et tant mieux en un sens : le monde broie tous les insouciants), que j’ai décidé pour leur échapper, les exorciser, les comprendre, d’écrire un roman. Ce fut De purs hommes, en 2018. Le livre s’ouvre par une scène où, décrivant l’exhumation d’un cadavre, j’essayais d’être à la hauteur de l’effroi que m’avait inspiré la vidéo de 2008. Évidemment, j’y ai échoué : quelque violent soit-il, un roman est toujours en-deçà de la brutalité du réel.
Et voici qu’en 2023 une nouvelle vidéo macabre apparaît, montrant à peu près les mêmes sinistres faits. Des lecteurs pensent à De purs hommes. Citations, analogies, mentions, interpellations, rappels. Selon quelques-uns, j’aurais vu ce qui venait. Ce n’est pas le cas : un romancier ne voit pas : un poète peut voir ; un prophète voit sûrement ; mais un romancier ne voit pas : il regarde. Plus précisément : il regarde vers le passé où, parfois, le temps entier est concentré, et sa signification, métaphorisée. Je n'ai vu qu’une chose : la vidéo de 2008. D’une certaine manière, elle contenait déjà celle de 2023. Entre les deux, il y a eu De purs hommes, mais il y a surtout eu d’autres faits atroces, d’autres exhumations de corps maudits ou indésirables, d’autres viols de femmes et d’enfants, d’autres injures, d’autres exclusions, d’autres meurtres, d’autres C.F. et d’autres présumés homosexuels opprimés. Tout cela relève de la même violence.
C’est avec une amère ironie que je constate que certaines personnes qui m’ont traîné dans toutes les boues, qui m’ont même accusé d’avoir inventé la scène inaugurale de De purs hommes, qui ont vu dans le roman une propagande LGBT financée par quelque lobby ou une attaque contre la culture, qui ont fait semblant de ne pas voir la violence sourde dont ce roman cherchait à comprendre le ressort, sont parfois les mêmes qui s’émeuvent aujourd’hui devant la vidéo du bûcher. Il est vrai qu’il ne s’agit pas ici d’un roman, petite chose jaillie de l’esprit d’un éventuel dégénéré, toujours facile à mépriser. Ce qu’il est aisé de faire avec un écrivain - le suspecter, l’injurier, déformer son propos, ne pas le lire et pourtant le juger - il est impossible de le faire avec le réel lorsqu’il coïncide avec une vérité nue. Le miroir se dresse devant nous ; tout un chacun doit le regarder, donc s’y regarder.
Je vois, de toutes parts, s’élever des condamnations : des sphères religieuse, politique, intellectuelle, médiatique, on s’indigne. Tout cela a le mérite d’être, bien qu’il soit permis de se demander si ce n’est pas quelquefois le degré zéro du confort et l’achat rapide et accessible d’une conscience immaculée, d’autant plus pratique qu’elle n'engage ni une action future ni autocritique sur une possible responsabilité personnelle et/ou collective.
Ce qui s’est passé n’a peut-être rien de spécifiquement sénégalais. La violence sociale, sociétale et symbolique se rencontre partout, et les temps que nous vivons en fournissent en d’autres lieux de la planète, sous des formes ignobles, des témoignages éloquents. Mais si la violence s’éploie partout, sous des natures différentes et à des degrés divers, relativiser celle qui prolifère au Sénégal ne la rendra pas moins sénégalaise. L’obscur feu de joie du cadavre de C.F. s’est embrasé chez nous, dans notre pays que nous aimons tant. Enterrer ses morts, donner une sépulture aux disparus, signe hautement notre humanité. Il se peut même que ce soit la seule chose qui distingue notre humanité dans la nature. Que peut alors bien signifier déterrer et brûler un cadavre ? La réponse est évidente : la négation de l’humanité, non seulement celle de l’autre qu’on exhume, mais la sienne propre, qu’on avilit. Cette inhumanité a eu lieu ici. Tous les détours, subtilités, relativisations, atténuations, justifications, légitimations apparaissent comme des ruses de la barbarie. Ou comme le vrai visage, bien hideux, de la civilisation.
Et donc : qui a brûlé le cadavre de C.F. ? Qui a déterré son cadavre ? Des individus, paraît-il, ont été arrêtés. Ils feront face à la justice, je l’espère, si la justice a encore un sens dans ce pays - elle en a beaucoup perdu, récemment. Mais en la matière, je ne suis pas sûr que les individus soient le fond du problème. Par-delà eux, se dresse quelque chose - appelons cette chose culture, tradition, identité, valeurs, foi, préjugés, qu’importe au fond - qui aveugle régulièrement tout sens de la dignité. Il y a surtout chacun de nous. Le cadavre de C.F. n’a pas été profané à Léona Niassène : il a commencé à être déterré et brûlé longtemps avant : dans une rumeur mauvaise qu’on - ce on signifie : chacun de nous - a colportée, une violence verbale ou physique qu’on a commise contre un(e) humilié(e), une inhumanité qu’on a portée, acceptée, encouragée, légitimée, justifiée.
En réalité, C.F., son cadavre, ses cadavres, brûlent depuis toujours ; car depuis toujours trop d’Hommes, dans ce pays, se prennent provisoirement pour Dieu, et parlent pour Lui, et jugent pour Lui. Je le répète : je n’ai plus aucun espoir, mais c’est désespéré qu’on lutte le mieux, parfois.
J’espère que C.F., enfin, est en paix.
LE GRAND RÉCIT QUE LA FRANCE ÉLUDE
Alors que d'autres pays ont su réinterroger leur passé colonial dans des lieux ouverts au débat, la France fait encore figure d'exception par son incapacité à ériger le musée fédérateur réclamé de longue date
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 02/11/2023
La création d'un musée consacré aux colonisations en France est une vieille idée qui revient régulièrement dans le débat public. Portée depuis plusieurs années par des historiens comme Nicolas Bancel et Pascal Blanchard, cette proposition trouve un écho renouvelé dans un article du Monde du 30 octobre dernier. Selon les deux chercheurs, un tel musée permettrait de faire avancer la réflexion collective sur cet épisode crucial de l'histoire de France, qui reste encore largement occulté dans l'espace public.
Pourtant, l'histoire coloniale est de plus en plus présente dans les travaux académiques et les débats de société. Mais les positions restent polarisées entre partisans d'une vision nostalgique du passé et tenants d'une lecture décoloniale radicale. "Plus personne ne conteste aujourd'hui l'importance de cette histoire longue de cinq siècles", souligne le quotidien. Mais dans le même temps, la France fait figure de mauvais élève par rapport à ses voisins européens sur la préservation et la transmission de cette mémoire complexe.
Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas... De nombreuses anciennes puissances coloniales se sont dotées ces dernières années de structures muséales et de commissions historiques pour explorer ce pan méconnu de leur identité nationale. En France, malgré le discours d'Emmanuel Macron qualifiant la colonisation de "crime contre l'humanité", peu de choses ont concrètement évolué. Si des rapports ont été produits sur des épisodes particuliers, aucun grand musée d'envergure n'a vu le jour pour mettre en perspective l'ensemble de cette histoire multiséculaire.
Pire, le débat public sur la nécessité ou non d'un tel projet fait défaut, contrairement aux autres pays. "Notre pays est ainsi désormais à la traîne des initiatives des autres ex-métropoles coloniales en ce domaine", relève Le Monde. Pourtant, des millions de Français ont un lien direct avec cette période, qu'ils soient rapatriés, harkis, originaires des outre-mer ou issus de l'immigration postcoloniale. Autant de mémoires et d'identités longtemps minorées.
Pour les historiens, ériger un musée des colonisations permettrait de "relativiser les mémoires antagonistes" et d'éviter la "polarisation entre nostalgiques et décoloniaux radicaux". Il s'agirait aussi d'"intégrer à l'histoire les millions de personnes qui s'en sentent exclues". Plus largement, un tel projet contribuerait à "repenser notre roman national" à l'aune de cette page longtemps occultée. En ouvrant le débat avec l'ensemble des acteurs concernés, il s'inscrirait dans une démarche pédagogique et fédératrice.
Reste à savoir si la France sera enfin prête à relever ce défi mémoriel et historique, à l'heure où s'ouvre la Cité internationale de la langue française. Pour l'instant, malgré les discours, le tabou persiste sur ce pan du passé national. Pourtant, conclut l'article, "si nous sommes capables d’édifier cette cité, nous devons imaginer ce musée. Sinon, la page coloniale ne pourra être tournée."
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LA FACE CACHÉE COLONIALISME
L'histoire de la conquête coloniale française en Afrique subsaharienne, marquée par des massacres et des atrocités, a été largement occultée et oubliée en France
Dans "Cinq têtes coupées" de D. Schneidermann, l'auteur explore la première photo montrant les atrocités de la conquête coloniale en Afrique subsaharienne par les troupes françaises en 1891.
Il révèle la méconnaissance de cette histoire en France, en mettant en évidence plusieurs facteurs tels que le manque d'intérêt du public français pour les conquêtes coloniales en Afrique, la faible implication des familles françaises dans ces conquêtes, et l'occultation d'État de ces crimes contre l'humanité.
Le journaliste examine par ailleurs les répercussions de la colonisation française sur la société contemporaine, y compris l'affaire Naël et l'importance de l'enseignement de ces histoires dans les écoles françaises.
LA CHINE CONDAMNE DES BOMBARDEMENTS ISRAÉLIENS
La Chine a condamné mercredi, les bombardements israéliens qui ont visé mardi les maisons des réfugiés palestiniens dans le camp de Jabalia, dans la bande de Gaza et s'est dite "profondément choquée".
La Chine a condamné mercredi, les bombardements israéliens qui ont visé mardi les maisons des réfugiés palestiniens dans le camp de Jabalia, dans la bande de Gaza et s'est dite "profondément choquée".
C'est ce qu'a déclaré le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse au cours de laquelle il a appelé les parties au conflit à mettre fin aux affrontements, à protéger les civils et à ouvrir des couloirs humanitaires.
Et d'ajouter : "Nous avons été profondément choqués par les attaques perpétrées contre les camps de réfugiés à Gaza et nous les condamnons".
Une série de frappes aériennes israéliennes sur le camp de réfugiés de Jabalia, dans la bande de Gaza, a fait mardi des centaines de victimes, selon le ministère de l'Intérieur de l'enclave assiégée.
Mardi, le ministère palestinien de l'Intérieur dans la bande de Gaza a annoncé qu'un bombardement israélien avait fait au moins 400 victimes entre morts et blessés et détruit tout un quartier résidentiel du camp de Jabalia, au nord de la bande de Gaza.
"L'occupation israélienne a commis un massacre en bombardant tout un quartier résidentiel dans la zone du camp de Jabalia par le biais de 6 bombes. La bombe pesait une tonne d'explosifs", a souligné le porte-parole du ministère, Iyad Al-Bazm, expliquant que la plupart des victimes étaient des enfants et des femmes.
Depuis 26 jours, l'armée israélienne mène une guerre dans la bande de Gaza, faisant des milliers de morts et de blessés parmi les civils palestiniens et provoquant une situation humanitaire catastrophique, selon les avertissements émis par les institutions internationales.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a rejeté les appels à un cessez-le-feu, affirmant que cela équivaudrait à une «capitulation» face au Hamas et que «cela n’arrivera pas».
Le 7 octobre à l'aube, le mouvement de résistance Hamas et d'autres factions palestiniennes ont lancé depuis Gaza l'opération "Déluge d'Al-Aqsa", en réponse aux "attaques incessantes des forces israéliennes et des colons contre le peuple palestinien, ses biens et ses lieux saints, en particulier la mosquée Al-Aqsa dans la partie occupée de Jérusalem-Est".
De son côté, l'armée israélienne a lancé l'opération "Épées de fer" et continue de mener des raids intensifs sur plusieurs districts de la Bande de Gaza, où vivent plus de deux millions de Palestiniens qui souffrent de la détérioration de leurs conditions de vie.
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SORTIR DE L'ISOLEMENT OCCIDENTAL
Face à l'horreur du 7 octobre en Israël, Dominique de Villepin appelle à sortir de l'isolement occidental et à travailler avec la communauté internationale pour convaincre Israël d'opter pour une solution politique plutôt que militaire
Face à l'horreur du 7 octobre en Israël, Dominique de Villepin appelle à sortir de l'isolement occidental et à travailler avec la communauté internationale pour convaincre Israël d'opter pour une solution politique plutôt que militaire. Malgré les obstacles, il croit en un processus diplomatique pour faire émerger des interlocuteurs crédibles et la France doit aider Israël dans cette voie.
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MESSI PLUS GRAND FOOTBALLEUR DE TOUS LES TEMPS ?
Un débat animé entre consultants sportifs sur Messi, Pelé, triple champion du monde dans les années 70, et Maradona, génie "rock'n roll"
Un débat animé entre consultants sportifs sur Messi, Pelé, triple champion du monde dans les années 70, et Maradona, génie "rock'n roll". Chacun admire davantage les joueurs de son enfance. Pour certains, Messi n'est pas seul au sommet et rejoint Pelé, voire Maradona.
DES CRIMES COLONIAUX AU REPENTIR
Avant les récents discours du roi Charles III au Kenya et du président allemand Frank-Walter Steinmeier en Tanzanie, d'autres pays européens ont présenté des excuses pour les exactions commises pendant la période coloniale en Afrique
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 01/11/2023
Avant les récents discours du roi Charles III au Kenya et du président allemand Frank-Walter Steinmeier en Tanzanie, d'autres pays européens ont présenté des excuses pour les exactions commises pendant la période coloniale en Afrique, rapporte l'Agence France Presse.
En 2013, le Royaume-Uni avait exprimé des "regrets sincères" au Kenya sans s'excuser totalement pour la répression des Mau Mau dans les années 1950. La même année, le Premier ministre britannique David Cameron avait qualifié de "profondément honteux" un massacre perpétré en 1919 en Inde.
L'Allemagne a reconnu en 2021 un "génocide" contre les Namas et Hereros en Namibie colonisée de 1884 à 1915. En visite en Tanzanie cette semaine, le président Frank-Walter Steinmeier a demandé "pardon" pour les victimes de la domination coloniale allemande, dont le massacre Maji-Maji au début du XXe siècle.
La Belgique a exprimé en 2020 et 2022 ses "plus profonds regrets" pour les "blessures" infligées au Congo belge, ainsi que des excuses en 2019 pour les enfants métis arrachés à leur mère.
La France a reconnu en 2017 que la colonisation de l'Algérie était "un crime contre l'humanité", avant de s'engager en 2021 à des "actes symboliques" de réconciliation sans "repentance" ni "excuses".
Quant à l'Italie, Silvio Berlusconi a présenté en 2008 ses excuses à la Libye pour la colonisation de 1911 à 1942.
RÉVÉLATIONS SUR LE COMPLOT AMÉRICAIN VISANT À ÉLIMINER LUMUMBA
Dans un livre-enquête publié récemment, le journaliste américain Stuart Reid dévoile de troublantes archives sur le rôle joué par la CIA dans l'assassinat de l'ancien chef de l'État congolais
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 01/11/2023
Dans un livre-enquête publié récemment, le journaliste américain Stuart Reid dévoile de troublantes archives sur le rôle joué par la CIA dans l'assassinat de Patrice Lumumba. Interrogé par RFI, l'auteur indique que son ouvrage intitulé "Le complot Lumumba" fait la lumière sur un véritable complot visant à renverser puis tuer le Premier ministre congolais dès les premiers mois de l'indépendance.
Selon ses révélations, la CIA aurait encouragé dès le mois d'août 1960 le président américain Eisenhower à se débarrasser de Lumumba, perçu comme instable et trop proche des Soviétiques. L'agence financera alors des manifestations anti-Lumumba et soutiendra le putsch de Mobutu portant Joseph-Désiré au pouvoir. "La CIA a également recommandé à Mobutu d'organiser la 'liquidation définitive' de Lumumba", souligne l'auteur.
Plusieurs tentatives d'empoisonnement de Lumumba échouent. Mais c'est le silence de la CIA face à l'information qu'il sera transféré au Katanga, fief de ses ennemis, qui scelle son sort selon Reid. Lumumba sera alors assassiné peu après son arrivée. Un meurtre rendu possible par les liens étroits tissés entre le chef de poste de la CIA Larry Devlin et le "groupe de Binza" regroupé autour de Mobutu.
Pour le journaliste, la CIA cherchait avant tout à peser sur les intrigues politiques congolaises en soutenant les hommes qu'elle jugeait pro-américains. "Elle a soudoyé les politiciens pro-Mobutu et sapé ceux qui ne l'étaient pas", assure Reid. Pendant des décennies, l'agence américaine exercera une importante influence occultée sur la politique congolaise. Ces révélations jettent une lumière nouvelle sur le complot ourdi par Washington pour éliminer Lumumba dès les premiers mois de l'indépendance du Congo.
par Hamidou Anne
DANS MON PAYS, L'HUMANITÉ A DISPARU
L’acte de Léona Niassène ne me surprend en rien. Depuis des décennies, une lame de fond obscurantiste parcourt notre pays dans l’indifférence. C'est le prolongement d’un sentiment de puissance des intégristes face à la mollesse de l’Etat
Des Sénégalais ont exhumé un corps, l’ont brûlé et ont chanté et dansé autour du bûcher. Les images sont insoutenables, et je pense avoir rarement vu quelque chose d’aussi affreux. Sous prétexte que le défunt serait un homosexuel, des badauds se sont érigés en policiers de la vertu pour décider de qui a droit à être inhumé ou pas dans un cimetière qui relève, pour rappel, de la commune. Les mots du procureur de Kaolack sont justes : cet acte relève de la «barbarie» pure et simple. L’ouverture d’une information judiciaire est salutaire pour traquer les auteurs et leurs complices présumés et les présenter devant un juge. En 2023, au Sénégal, pays de grands intellectuels, d’artistes, de juristes, cet acte d’une telle cruauté, qui rappelle les heures sombres du Moyen-âge, vient d’être commis par des gens qui, conscients qu’il ne leur arrivera rien, ont filmé leur sinistre forfait. La Justice sénégalaise est souvent décriée, de manière fondée ou infondée, mais elle sera à nouveau attendue sur cette affaire pour laquelle elle devra aller au bout, au risque de saper encore sa crédibilité et de donner prime aux agissements les plus barbares.
Cheikh Fall était un homme. Il avait un prénom, un nom et une famille. Il a une mère dont je n’ose imaginer la souffrance. Il n’était pas qu’une orientation sexuelle présumée comme le relaient les médias, profanant la mémoire d’un disparu qu’on ne peut soustraire de l’immensité de la miséricorde divine. Comment de simples pécheurs peuvent-ils s’arroger un droit sans limite sur des hommes, pécheurs comme eux ? Ces gens n’ont pas beaucoup lu les Ecritures saintes pour profaner le corps d’un homme à peine retourné auprès de Son Créateur. «Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures.» (17 :70)
Je dois confesser que si l’acte de Léona Niassène me choque, il ne me surprend en rien. Depuis des décennies, une lame de fond obscurantiste parcourt notre pays dans l’indifférence générale, notamment celle de l’Etat du Sénégal qui ne fait rien pour préserver et raffermir la laïcité républicaine face à ses adversaires qui pullulent dans tous les segments de la société. L’Etat ne prend aucune mesure radicale pour lutter contre deux grands fléaux qui menacent notre vivre-ensemble : le populisme et l’islamisme.
Des officines dangereuses comme Jamra et And Samm Jikko Yi ont à plusieurs reprises attaqué les libertés fondamentales et menacé la dignité de citoyens, intellectuels, artistes sans que l’Etat ne les arrête. Ces mouvements intégristes et leurs alliés, adversaires irréductibles de la laïcité, ont fait reculer le gouvernement lors du référendum de 2016, qui voulait inclure la laïcité dans les clauses d’éternité. Face à la pression des islamistes, l’Exécutif a malheureusement reculé. Or, à chaque pas de recul des démocrates et des républicains soucieux de la liberté, le camp obscurantiste avance et grignote sur nos libertés. Ces officines ont fécondé des jeunes biberonnés à l’islamisme qui eux aussi, dans un récent communiqué rendu public, souhaitent régir le port vestimentaire des étudiantes à l’université de Saint-Louis. Quelle a été la réaction du Rectorat et du ministère vis-à-vis de cette nouvelle police autoproclamée des mœurs ? Il n’y en a eu aucune à ma connaissance.
L’horreur à Léona Niassène n’est pas un acte isolé, il est le prolongement d’une culture d’intolérance et du désordre et d’un sentiment de puissance des lobbies intégristes face à la mollesse de l’Etat du Sénégal sur des questions relevant de la liberté de conscience et de la laïcité. Elle a un soubassement profond qu’on retrouve dans des actes graves ces dernières années, qui renseignent non seulement sur le délitement social, mais aussi sur l’indifférence de l’Etat et la force émergente du mouvement conservateur sénégalais.
Elle dit aussi quelque chose de la lâcheté des élites qui ne défendent plus des questions principielles, si ce n’est en matière électorale. La Gauche est divisée et un pan chez elle a rallié les intégristes et les obscurantismes, pourtant nos plus vieux et nos plus virulents adversaires.
Les universitaires préfèrent discourir sur «l’élection inclusive» et les péripéties des politiciens avec la Direction générale des élections plutôt que défendre les droits des simples citoyens qui eux, n’ont ni parti ni agenda politique.
Les organisations politiques et les intellectuels se taisent, voire soutiennent, quand Jamra et And Samm Jikko Yi tentent depuis une décennie de régir le Code pénal sénégalais et d’imposer de manière mensongère l’existence d’un agenda Lgbt au cœur de l’appareil d’Etat.
Des coalitions dont Yewwi askan wi, ont signé à la veille des Législatives de 2022, un mémorandum qui remet en question la nature laïque de l’Etat du Sénégal. Des députés fanatiques ont agressé leur collègue au sein de l’Hémicycle, au motif qu’elle aurait été discourtoise avec leur guide religieux. Ils ont été soutenus par leurs collègues parlementaires, notamment de gauche.
Des étudiants avec leurs complices ont brûlé des parties de l’université de Dakar et dansé autour des flammes. Les universitaires, journalistes et intellectuels, qui rivalisent pourtant de pétitions et de tribunes sur la matière électorale, se sont tus, donnant ainsi implicitement carte blanche à cette horreur. Amnesty Sénégal, la Raddho, etc. ont réagi à l’horreur de Léona Niassène. Eux, avec leurs alliés, si prompts à dénoncer la «dictature» au Sénégal, ont eu des accointances complaisantes avec des populistes et des islamistes des dernières années. Au fond, outre des communiqués pour faire bonne figure, il ne faut rien attendre de ces hémiplégiques de la pensée, adeptes de la loterie politicienne plutôt que de la défense du simple exercice d’humanité. Ils ont depuis longtemps sacrifié les principes et les causes humanistes au profit de l’agitation permanente et de la petite politique et vivent ainsi sur une rente.
Mais sur le drame de Léona Niassène, la responsabilité incombe pleinement à l’ÉEtat du Sénégal, qui a violé sa promesse de défendre la laïcité, la liberté et le vivre-ensemble. Depuis 25 ans, les gouvernements ont fait le choix politique du rattrapage infrastructurel. Les routes et autres échangeurs sont certes nécessaires, mais la paix civile, la conscience républicaine et l’exercice d’une citoyenneté civique qu’on acquiert par l’école leur sont supérieurs. Et ce sont des valeurs abstraites qui seules peuvent préserver notre société face aux agressions fanatiques et aux menaces islamistes et populistes.
L’Etat du Sénégal a choisi l’irresponsabilité en faisant le choix de ne pas élever la conscience de ses citoyens et de ne pas encourager leur montée en humanité.
On a brûlé un homme mort. On a brûlé sa maison. On a harcelé sa famille en violation des lois de la République et au mépris de toute humanité.
C’est avec tristesse et gravité que je me résous à porter ce jugement sur mon pays.
Le monde entier doit savoir que dans mon pays, le Sénégal, qui se dit modèle démocratique et social, on brûle vif des cadavres devant une foule excitée.
Dans mon pays, le Sénégal, on refuse même aux morts le repos de leur âme.
Dans mon pays, au Sénégal, quand on brûle une université, les intellectuels et les universitaires se taisent, mais quand on juge un homme politique, se remarque une inflation de tribunes et de pétitions.
Ils ont brûlé des livres, nous n’avons rien dit ou si peu. Ils ont brûlé un cadavre. Si nous ne faisons rien, demain ils brûleront vifs des gens dont ils ne partagent pas les idées.