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30 avril 2025
International
par Fanny Pigeaud
FRANC CFA, LE SILENCE COMPLICE DES PROGRESSISTES FRANÇAIS
Le franc CFA est une seringue plantée dans les veines des pays africains qui vampirise leurs ressources. L’hypocrisie des tenants du système devrait faire réagir tous ceux qui se préoccupent de démocratie, d’équité, de justice
À quelques rares exceptions près, les progressistes français ne se sont pas intéressés aux récentes manœuvres du pouvoir macroniste qui visent à prolonger la durée de vie du franc CFA. Leur silence permet la poursuite de la logique coloniale de la France en Afrique.
Après l’avoir annoncée à grand renfort de publicité fin 2019, le pouvoir macroniste a soumis ces derniers mois aux députés et aux sénateurs une « réforme » du franc CFA d’Afrique de l’Ouest. Le débat était capital pour l’avenir de 14 pays africains, dont le destin reste orienté par cette monnaie coloniale. Il l’était d’autant plus que les changements proposés étaient mineurs.
Les progressistes français auraient pu saisir cette occasion pour soutenir concrètement ceux qui, en Afrique, aspirent à une indépendance complète et militent pour la fin de la domination monétaire de la France. À quelques rares exceptions près, ils ne l’ont pas fait.
Dans l’indifférence quasi générale, la « réforme » a été adoptée par l’Assemblée nationale le 9 décembre 2020, puis par le Sénat le 28 janvier.
Inertie de l’opinion publique et des médias
Souvenons-nous des observations de Mongo Beti formulées il y a plusieurs décennies : c’est parce que « l’opinion publique » française « et en premier lieu la presse » sont restées inertes que le pouvoir gaulliste a pu briser l’élan des progressistes camerounais et n’octroyer qu’un semblant d’indépendance au Cameroun en 1960 (Main basse sur le Cameroun, autopsie d’une indépendance, Maspero, 1972).
L’écrivain anti-colonialiste dénonçait la solidarité à géométrie variable des intellectuels français, lesquels ménageaient toujours les intérêts français en Afrique : alors qu’ils s’engageaient avec passion aux côtés des gauches d’Amérique latine ou d’Europe de l’Est pour dénoncer la dictature sévissant dans leurs pays, ils ne manifestaient aucune solidarité à l’égard des Camerounais en lutte contre un régime tyrannique installé et soutenu par Paris.
Le même phénomène est manifestement toujours à l’œuvre à propos du franc CFA, créé par un décret du général de Gaulle en 1945 et placé depuis sous la tutelle du Trésor français : ces dernières années, son caractère rétrograde et inique n’a suscité que peu d’intérêt et d’émoi en France.
Ainsi, les économistes hétérodoxes et les politistes français qui se sont emparé de la question se comptent sur les doigts d’une main. Les activistes, dont les militants de l’association Survie, sont eux aussi peu nombreux. Les quelques médias dits « de gauche » ont pour leur part assuré le service minimum. Certains d’entre eux ont même relayé en mai 2020 l’idée que la France « actait » officiellement la « fin du franc CFA », prenant pour argent comptant le récit officiel sur la réforme du président Emmanuel Macron.
La vérité est pourtant tout autre et n’est pas difficile à établir : le système CFA ne fait l’objet que de légères modifications de nature symbolique pour les huit États qui utilisent le franc CFA en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), et il demeure inchangé pour les six pays d’Afrique centrale qui l’ont en partage (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, République centrafricaine, Tchad). Tout ceci apparaît clairement dans les rapports et compte-rendus des débats parlementaires de ces derniers mois.
Il n’y a guère que des élus communistes, à l’Assemblée nationale et au Sénat, qui ont vraiment porté la contradiction à un gouvernement déterminé à préserver un dispositif décrié partout dans le monde, en mettant en exergue devant leurs collègues les limites et faux-semblants de la pseudo « réforme » du président Macron. Ils ont fait également des efforts de communication hors des hémicycles parlementaires. Mais ils n’ont pas réussi à briser le mur d’indifférence érigé autour du franc CFA depuis 75 ans et soutenu par toutes les couches de la société française – consciemment ou pas.
Un système appauvrissant
Or les enjeux sont cruciaux et les raisons de s’indigner sont nombreuses.
Le franc CFA est plus qu’une incongruité, c’est une seringue plantée dans les veines des pays africains qui vampirise leurs ressources. Il entretient un système colonial qui n’existe nulle part ailleurs, et sa persistance garantit celle de la pauvreté et de ses expressions multiples – dont l’émigration forcée vers la Méditerranée.
L’ancrage du franc CFA à l’euro, monnaie forte, pénalise en effet la compétitivité-prix des productions des pays qui l’utilisent, favorisant des économies rentières portées sur la consommation de marchandises importées, au détriment d’une politique axée sur l’augmentation des capacités de production nationales. À cause de la parité fixe avec l’euro, ces États ne peuvent pas se servir du taux de change en cas de crise économique et sont alors obligés de réduire leurs dépenses publiques.
Le mécanisme pousse par ailleurs les banques centrales de la zone franc à limiter les crédits bancaires qu’elles accordent aux ménages, aux entreprises et aux États. Conséquence, ces derniers voient leurs dynamiques productives paralysées et sont contraints d’emprunter sur les marchés financiers internationaux, à des taux élevés, pour financer leur développement. Quant au principe de libre transfert, l’un des piliers du fonctionnement du système CFA, il facilite des sorties colossales de capitaux.
Au bout du compte, les pays de la zone franc se trouvent enfermés dans un rôle de producteurs de matières premières et de consommateurs de produits importés. Le franc CFA contribue ainsi à l’augmentation du chômage, de la misère, de l’émigration dite « illégale »... Ce n’est sans doute pas un hasard si la plupart des personnes secourues en janvier 2021 par SOS Méditerranée étaient originaires de pays de la zone franc, dont le Mali (certes en guerre), la Côte d’Ivoire (qui n’est pas en guerre) et le Sénégal (pas en guerre non plus). Sur quatorze États membres de la zone franc, neuf sont aujourd’hui classés parmi les « pays les moins avancés » (PMA).
Pas de démocratie
L’hypocrisie des tenants du système CFA devrait aussi faire réagir tous ceux qui se préoccupent de démocratie, d’équité, de justice. Rendez-vous compte : la France garde son emprise sur le franc CFA sous le prétexte qu’elle joue un rôle de « garant », mais ce rôle est en réalité fictif !
Le président malien Modibo Keita l’a dit publiquement en 1962 (« La France ne garantit le franc CFA que parce qu’elle sait que cette garantie ne jouera pas effectivement »), le journaliste français Paul Fabra l’a écrit en 1972 dans Le Monde dans un article intitulé « Zone franc ou zone de pauvreté ? », et cette réalité a été rappelée à plusieurs reprises lors des derniers débats parlementaires. Au cours d’une séance de la commission des finances de l’Assemblée nationale en septembre 2020, un député a ainsi expliqué que la « garantie » française n’avait pas été activée depuis au moins 1994 et que tout était fait pour qu’elle ne le soit plus.
De plus, Paris gère le système dans l’opacité. Il suffit de lire le récent rapport de la commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale sur le projet de réforme, écrit par un député LREM, pour s’en rendre compte. « L’annonce du 21 décembre 2019 à Abidjan, par les présidents français Emmanuel Macron et ivoirien Alassane Ouattara, de la réforme monétaire a été une surprise pour tout le monde – élus, opérateurs économiques, banque centrale et population », note ce texte, parlant d’un « accord négocié dans le plus grand secret par une poignée de personnes à Paris et à Abidjan ».
Les dirigeants et citoyens des pays concernés par la réforme ont été ainsi mis devant le fait accompli par les présidents Macron et Ouattara. Ceux des États de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), dont ils font aussi partie, n’ont pu que constater la volonté de Paris de torpiller leur propre projet de monnaie commune (c’est l’un des trois objectifs non avoués de la réforme, les deux autres visant à réduire les critiques et à faire faire quelques économies au Trésor français).
Quant à la suite du processus d’adoption de cette « réforme » précipitée, elle est, elle aussi, stupéfiante, comme l’ont fait remarquer le sénateur communiste Pierre Laurent et le député communiste Jean-Paul Lecoq. Ce dernier a souligné devant ses collègues de l’Assemblée nationale combien il était aberrant et suspect que la France soit « le premier pays à ratifier cet accord, alors qu’en toute logique elle aurait dû attendre que les pays directement concernés l’aient fait d’abord ».
M. Lecoq a dû rappeler que la monnaie est une « institution politique et économique absolument fondamentale, puisque c’est elle qui permet à une zone de déterminer et de piloter son économie en se fixant des objectifs de développement ».
Toutes ces manœuvres du gouvernement pour prolonger la durée de vie du franc CFA (on peut ajouter que la « réforme » a été en partie appliquée avant même d’être soumise aux parlements français et africains) et la fiction organisée autour de la soi-disant « garantie » française n’intéressent donc pas les médias.
Sans gêne, la France officielle continue par conséquent d’imposer sa volonté aux autres (pour sauvegarder évidemment ses propres intérêts et ceux des entreprises françaises qui opèrent sur le continent et sont les premières bénéficiaires du système).
Les observateurs étrangers choqués
Ailleurs, les réactions sont très différentes : les journalistes, économistes et politistes des autres pays occidentaux sont choqués lorsqu’ils constatent que le franc CFA existe encore, soixante ans après les indépendances, et qu’il fonctionne sur la base des principes posés durant la période coloniale. En général, ils n’ont pas peur de le qualifier de « colonialiste », « impérialiste », « désastreux », « système d’exploitation », etc.
Dans un article publié en décembre 2020, le journaliste espagnol Jaume Portell Caño identifie le franc CFA comme l’une des cinq principales causes du phénomène migratoire partant du Sénégal vers l’Europe, une approche systémique que l’on trouve rarement dans la presse française.
Les Africains anglophones regardent eux aussi avec effarement cette domination monétaire française sur leurs voisins francophones. En 2018, la célèbre écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie déclarait : « Je vois beaucoup de différences entre les mondes anglophone et francophone, dans l’occupation de l'espace en Afrique. Le franc CFA rattaché au franc français (aujourd’hui l’euro, ndlr), par exemple, me paraît complètement rétrograde. »
Le changement ne viendra pas des dirigeants africains, soumis à la France
Le fait que les relations de la France avec les pays de la zone franc soient autant viciées et malsaines est l’autre raison qui devrait interpeler les progressistes français. Car le changement ne viendra pas des dirigeants africains : parce qu’ils sont pour la plupart redevables envers les autorités françaises (qui les ont bien souvent aidés à conquérir le pouvoir et à s’y maintenir durablement) ou craignent des représailles, ils ne prendront pas le risque de déplaire à Paris. Ils ne bougeront pas non plus parce qu’ils font généralement partie de la petite élite africaine qui tire quelques avantages du système CFA.
C’est pourquoi les activistes, économistes, politiques, journalistes et citoyens des pays africains qui réclament l’abolition du franc CFA depuis plusieurs décennies ont besoin que leurs collègues français et européens se mobilisent.
Le franc CFA n’est pas une question annexe ou exotique qui ne concernerait que les pays africains, qu’il faudrait laisser aux fonctionnaires de Bercy ou aux lobbies françafricains, et garder reléguée dans les bas-fonds de l’actualité. Il est la clé de voûte de la domination que la France continue d’exercer sur des États formellement indépendants.
Tant que l’ensemble des progressistes français s’en désintéresseront, ils conforteront par leur silence l’État français dans son choix de poursuivre sa logique coloniale en Afrique.
Pour en savoir plus sur le franc CFA : L’arme invisible de la Françafrique, une histoire du franc CFA, Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla (La Découverte, 2018). En anglais : Africa's Last Colonial Currency, The CFA Franc Story, Fanny Pigeaud & Ndongo Samba Sylla (Pluto Press, février 2021).
par Yoro Dia
POPULISME INTELLECTUEL ET CONFINEMENT UNIVERSITAIRE
Nos meilleurs étudiants doivent aller dans les meilleures universités du monde. Un pays se développe avec des élites et des idées, mais aussi avec l’enracinement et surtout l’ouverture
«Si vous estimez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance.» Ainsi parlait Abraham Lincoln. Le Sénégal, après avoir choisi l’éducation, ce qui fait de la ressource humaine notre avantage comparatif, a décidé d’essayer l’ignorance. Ce choix est devenu une lame de fond que l’affaire Diary Sow confirme. Le Sénégal et le lycée Louis-Le-Grand, c’est de Senghor à Diary Sow. Comment des universitaires et des enseignants peuvent-ils utiliser un cas singulier (Diary Sow) pour demander qu’on jette le bébé avec l’eau du bain ? Comment peut-on partir d’un cas particulier qui n’a malheureusement pas marché pour sombrer dans la généralisation abusive en invoquant un nationalisme universitaire anachronique et ridicule dans un monde interconnecté et mondialisé ? Aujourd’hui, le monde du savoir est devenu ce que Senghor appelait la civilisation de l’universel. Nos meilleurs étudiants doivent aller dans les meilleures universités du monde et refuser le confinement académique que prônent certains intellectuels populistes. Quand Felwine Sarr (dont le seul défaut est d’être Sérère) va hisser très haut les couleurs du Sénégal dans la compétition académique mondiale, en déconfinant la pensée, on lui fait un procès académique en oubliant que l’Ugb reste son port d’attache académique.
La qualité des ressources humaines a toujours été l’avantage comparatif du Sénégal et est le socle de l’exception sénégalaise, où le débat politique a été pendant très longtemps débat d’universitaires (Lamine Guèye, Senghor, Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Wade, Abdoulaye Bathily, Assane Seck…) Aujourd’hui, qui ne se réjouit de la qualité des débats auxquels invitent le centralien Mamadou Lamine Diallo, de voir Tidiane Dème, pendant longtemps à la tête de Google Afrique, ou Kéba Keinde diriger l’une des plus grandes banques de Dubaï, en plus d’avoir eu Amadou Makhtar Mbow à la tête de l’Unesco ou Jacques Diouf à la Fao ? Dans un pays avec une telle histoire, le discours anti-élite et le populisme intellectuel ambiant ne sont rien d’autre qu’une invitation au sabordage.
Si le Sénégal, après avoir choisi l’éducation, (qui rapporte plus qu’elle ne coûte), «essaie l’ignorance» en cédant à la pression du populisme intellectuel et un communisme universitaire, il scie la branche sur laquelle il est assis. Le discours du nationalisme universitaire est non seulement anachronique, mais n’a aucun sens dans la mondialisation. Même si on avait les meilleures prépas, cela ne devrait pas nous empêcher d’envoyer nos étudiants à la conquête du savoir, à la conquête du monde.
Les Etats-Unis, qui ont pourtant de très grandes universités de référence, envoient leurs étudiants à l’étranger. Aussi bien dans ma promo à Sciences Po qu’à l’Ena, il y avait des Américains et des Allemands (le plus grand pays de la pensée après la Grèce). Un pays se développe avec des élites et des idées, mais aussi avec l’enracinement et surtout l’ouverture, comme le prouve l’exemple du Japon. La nature ayant horreur du vide, avec le populisme anti-élite ambiant, nos meilleures élites se sont confinées et ont peur de prendre la parole, et ont ainsi laissé la place à des ignorants avec de l’autorité, qui monopolisent le débat public où le refus de la lumière est devenu la loi. C’est pourquoi la Joconde vit une si grande solitude au Musée des civilisations, dans le pays de Senghor.
Par Joseph Antoine BELL
L’AFRIQUE DOIT S’EN PRENDRE À ELLE-MÊME, PAS À LA FIFA
Si la Fifa intervient dans les scandales qui éclaboussent la CAF, c’est d’abord parce que les Africains ne parviennent pas à gérer leurs propres affaires. Et discréditent ainsi l’ensemble du continent
Si la Fifa intervient dans les scandales qui éclaboussent la CAF, c’est d’abord parce que les Africains ne parviennent pas à gérer leurs propres affaires. Et discréditent ainsi l’ensemble du continent.
Il faut être sourd pour n’avoir pas entendu parler, ces derniers jours, des rebondissements – ou devrais-je dire des scandales – dont se nourrit la campagne pour l’élection, le 12 mars, du président de la Confédération africaine de football (CAF). Le Tribunal arbitral du sport vient de rétablir dans ses fonctions de président le sortant Ahmad Ahmad, mettant ainsi fin à la suspension de cinq ans de toute activité liée au football que lui avait infligée la Fifa pour des malversations financières présumées. Quarante-huit heures auparavant, précisément à cause de cette sanction, la candidature du Malgache à sa propre succession avait été jugée irrecevable par la commission de gouvernance de la CAF mais d’abord et surtout par… la Fifa.
Face à l’intervention de la Fifa, deux attitudes sont envisageables. On peut crier au paternalisme, car elle resserre son étreinte sur la CAF en la plaçant, de fait, sous tutelle. En effet, comment expliquer que cette instance censée être autonome, avec une commission de gouvernance chargée d’évaluer les candidatures, laisse la Fifa décider à sa place, sans aucune considération pour ses prérogatives, vidant ainsi ladite commission de toute sa substance ? On peut aussi interroger la capacité des Africains à gérer leur football. En réalité, il importe surtout de savoir comment on en est arrivé là. Car ce qui se passe à la CAF n’a d’équivalent dans aucune autre confédération. Mais, il faut bien l’admettre, les Africains ont leur part de responsabilité. Si vous manquez de dignité, les autres vous manqueront de respect…
PLUS OPPORTUNISTES QUE CONVAINCUS
L’arrivée d’Ahmad Ahmad avait semblé marquer la fin de l’opacité dans la gestion de la CAF. On avait même parié sur l’émergence, dans cet environnement, d’un concept jusqu’alors inconnu, celui de « bonne gouvernance ». Pari risqué : façonnés dans le même moule que leurs prédécesseurs, les hommes censés incarner ce renouveau ont conservé les habitudes du passé. Et prôné un changement aux allures de slogan de campagne, d’ailleurs emprunté à la Fifa, qui, elle-même, n’avait pas réalisé sa mue de son plein gré mais sous la pression de la justice américaine. La CAF n’a pas choisi non plus d’adhérer à un quelconque nouvel ordre. Celui-ci lui a été imposé sans qu’elle s’en saisisse pour évoluer. Pour preuve, ses chevaliers blancs, plus opportunistes qu’acteurs convaincus, se sont juste employés à crédibiliser leur campagne électorale. Eux qui avaient mis en avant l’exigence de transparence pour évincer Issa Hayatou auraient pourtant dû s’attendre à rendre des comptes.
«LA GESTION PRÉCÉDEMMENT PEU ORTHODOXE ET OPAQUE DE LA CAF N’EST PLUS ACCEPTÉE»
Longtemps, les présidents de la CAF comme ceux des différentes fédérations ont été perçus comme les propriétaires des instances sportives qu’ils dirigeaient. Hissés sur un piédestal, voire déifiés par les membres mêmes, ils étaient considérés comme incapables d’entendre la moindre voix discordante, la moindre proposition. Isolés de fait, ils sont devenus des potentats redoutés et ont pris, seuls, les décisions les plus contestables. C’est précisément du fait de leur incapacité à suivre les règles que se sont produits, à répétition, tant de scandales. De même qu’en politique certains pays sont aujourd’hui pointés du doigt pour leur déficit de liberté – ce qui, il y a peu, était la norme –, l’idée de transparence, de strict respect des règles dans un monde qui se judiciarise, s’impose dans les esprits. Et la gestion précédemment peu orthodoxe et opaque de la CAF, à l’image d’un continent rompu aux petits arrangements, n’est plus acceptée. Tous ceux qui ont fait semblant de l’ignorer en paient aujourd’hui le prix.
UNE INCAPACITÉ À SE PRENDRE EN MAIN
La Fifa aurait-elle dû s’abstenir d’intervenir ? Il est peu souhaitable que la justice ait à faire irruption dans la sphère privée. La seule manière pour la CAF de l’éviter est de se montrer irréprochable, organisée et de porter à sa tête un chef consensuel. La Fifa ne s’invite pas à la CAF, ce sont les Africains qui l’y convient. Au vu du chaos qui y règne, elle finit par y faire ce qu’elle ne se permettrait nulle part ailleurs. Dans un autre registre, c’est parce que nos autorités politiques osent l’indicible que l’ONU nous envoie ses forces. L’Italie change de Premier ministre tous les six mois. Lorsque la coalition au pouvoir ne s’entend plus, on dissout le gouvernement. Les Italiens sont ordonnés dans leur désordre. Si nous pouvions faire de même, notre linge sale serait lavé en famille. Je n’en veux donc pas à la Fifa mais aux Africains, qui ne parviennent pas à gérer leurs propres affaires. Ils jettent l’anathème sur l’ensemble du continent, le discréditent, le fragilisent et freinent son évolution. Ce discrédit rejaillit sur la perception que les autres ont de nos États. Bien plus que sur le développement du football, la tutelle de la Fifa a des répercussions négatives sur l’Africain, dans son être même. Le football doit être un vecteur d’éducation et de communication. Or c’est par le football que les Africains sont infantilisés : à travers ce sport, on les place face à leurs insuffisances, à leur incapacité à se prendre en main. Ceux d’entre nous qui crient à l’infantilisation seraient surpris du nombre de fois où la CAF a sollicité Zurich dans le règlement du moindre conflit. Comme si personne à Yaoundé, à Libreville, à Dakar ou à Abidjan n’était capable de dire le droit. Ils resteraient pantois de la voir se prosterner devant les envoyés de la Fédération internationale lorsque ceux-ci arrivent sur le sol africain.
FAIRE RIMER FOOTBALL ET ÉTHIQUE
J’ai appris du football une leçon essentielle : nous sommes tous soumis à des règles. L’arbitre est là non pas pour nous les imposer mais pour nous les rappeler. C’est sans doute là le sens de l’intervention de la Fifa. Efforçons-nous de suivre les règles, de les respecter et de les appliquer à tous et partout. Il faut que les Africains – et les Européens – cessent de vouloir forger des règles spécifiques pour le continent. On ne peut pas prétendre à l’universel et militer pour des règles locales.
«UNE PURGE POUR SAUVER LA CAF ? PAS NÉCESSAIREMENT»
Une purge pour sauver la CAF ? Pas nécessairement. Il faudra en revanche arriver à faire rimer football et éthique, y croire, le marteler chaque jour. Que la CAF tende vers l’éthique doit être un combat de tous les instants. Le football n’est pas un îlot sacré. Il est le produit d’une société et il est géré par ceux-là mêmes qui, à sa tête, traînent des tares. Comment attendre de gens qui truquent le jeu politique qu’ils fassent montre d’un soudain sens de l’éthique lorsqu’il s’agit de football ? Pour que la CAF respecte les règles, l’ensemble des fédérations nationales qui la composent doivent être en mesure de les suivre. Ce défi n’est pas à relever par ce seul homme providentiel que serait le président de la CAF. L’élection du 12 mars opposera des candidats au fait de ce qui s’est passé auparavant. Ceux-ci devront en tirer des enseignements pour leurs programmes. Surtout, ils devront eux-mêmes se fixer des limites, savoir qu’il y a des pratiques inadmissibles et des principes intangibles. Otages, de fait, de leurs électeurs, à eux de se constituer prisonniers de la vérité, en fondant leur campagne sur une nouvelle donne et en soulignant les risques encourus quand on s’affranchit des règles. Il est temps de sortir des scandales… et de redoubler d’attention.
MACKY SALL SUCCÉDERA À TSHISEKEDI À LA TÊTE DE L'UA
Le Sénégal occupera le poste de président de l’Union africaine pour la période 2022-2023. Le chef de l’État succédera ainsi au Congolais Félix Tchisekedi
Le Sénégal occupera le poste de président de l’Union africaine pour la période 2022-2023. Le chef de l’État, Macky Sall, succédera ainsi au Congolais Félix Tchisekedi, qui dès le mois de février prochain, pour le mandat 2021-2022, prendra le relais du Sud Africain Cyril Ramaphosa, actuel président en exercice de l’UA. Ce poste de président, choisi pour un mandat d’un an, est tournant et pour un mandat d’un an depuis la réforme du sommet d’Abuja en 2005. Auparavant, le mandat était de six mois.
Le président de la République du Sénégal a fait l’annonce du choix porté sur son pays lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO, de ce mardi 2 février 2021. « Je me réjouis des conclusions du sommet extraordinaire de la CEDEAO de ce jour. Le Sénégal a été endossé comme candidat unique pour occuper le poste de Président en exercice de l’Union Africaine réservé à la CEDEAO sous-région ouest africaine pour la période 2022-2023 », a tweeté Macky Sall.
AL-QAÏDA VEUT PROGRESSER VERS LE GOLFE DE GUINÉE
Le groupe jihadiste développe actuellement un "projet d'expansion" vers le Golfe de Guinée, en particulier la Côte d'Ivoire et le Bénin, a assuré lundi Bernard Emié, patron du renseignement extérieur français
Aux côtés de la ministre des Armées Florence Parly, le chef de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a montré des images d'une réunion, tenue en février 2020, rassemblant dans le centre du Mali les plus hauts responsables locaux de la centrale jihadiste.
"L'objet de cette réunion (bien réunion) était la préparation d'opérations de grande ampleur sur des bases militaires", a affirmé Bernard Emié sans fournir de détails.
"C'est là que les chefs d'Al-Qaïda au Sahel ont conçu leur projet d'expansion vers les pays du Golfe de Guinée", a-t-il ajouté."Ces pays sont désormais des cibles eux aussi et pour desserrer l'étau dans lequel ils sont pris et pour s'étendre vers le sud, les terroristes financent déjà des hommes qui se disséminent en Côte d'Ivoire ou au Bénin".
"Des combattants ont également été envoyés aux confins du Nigeria, du Niger et du Tchad", selon M. Emié.
Le chef de la DGSE, la ministre ainsi que le chef d'état-major des Armées, le général François Lecointre, se sont entretenus dans la matinée sur la base aérienne d’Orléans-Bricy lors d'un "Comité exécutif" consacré aux questions de contre-terrorisme.
Selon le DGSE, étaient présents à la réunion de février 2020 Abdelmalek Droukdel, chef historique d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Iyad Ag Ghaly, chef du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, Jnim en arabe) et l'un de ses fidèles adjoints, Amadou Koufa, chef de la katiba (unité de combattants) Macina.Droukdel a été depuis tué en juin par les forces françaises dans le nord du Mali.
"Iyad Ag Ghaly incarne la stratégie d'Al-Qaïda au Sahel.Ce n'est pas un homme qui pense le terrorisme, c'est un homme qui le pratique au quotidien.(...) Il n'hésite pas à prendre lui-même les armes", a martelé Bernard Emié.
Ces leaders jihadistes "sont les héritiers direct d'Oussama Ben Laden, ils poursuivent son projet politique, avec l'objectif assumé de commettre des attentats en Occident et en Europe en particulier", a-t-il encore assuré.
"La situation en Afrique orientale, depuis les Shebabs de Somalie jusqu'aux infiltrations récentes de l'Etat islamique au Mozambique, nous préoccupe également beaucoup".
Le Sahel est en proie à une myriade de groupes jihadistes, liés soit à Al-Qaïda soit au groupe Etat islamique (EI), et implantés dans des zones largement délaissés par les pouvoirs centraux.
- "Guerres d'influence" -
La France déploie 5.100 hommes dans cette région depuis le lancement de l'opération Barkhane en 2014. Le président Emmanuel Macron a confirmé en janvier que Paris s'apprêtait à y "ajuster son effort", grâce aux "résultats obtenus" en 2020 et à "l'intervention plus importante de nos partenaires européens".
Un ajustement qui passe par une montée en puissance des alliés de la France, a confirmé lundi Mme Parly.
"Depuis un an et demi, les Européens ont pleinement pris conscience des enjeux liés à l'expansion des terroristes en Afrique et de la menace de voir une base arrière s'installer au Sahel, comme nous avons pu le connaître au Levant", a-t-elle déclaré devant un parterre de journalistes et d'élus locaux.
"Acculé, l'ennemi change ses méthodes, ses moyens d'actions et les lieux où il agit", a-t-elle déclaré, pointant aussi les "champs de bataille immatérielle" et les "guerres d'influence et d'informations".
Le détail du réajustement de Barkhane sera discuté par la France et ses alliés du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad) lors d'un sommet prévu à N'Djamena les 15 et 16 février.
CÉLÉBRATION DE LA JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA FRATERNITÉ HUMAINE AU SENEGAL
Un symposium en ligne ouvert au monde entier et portant sur le thème : « perspectives africaines de la Fraternité humaine au Sénégal » est prévu à cet effet le 4 février prochain - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué conjont deTimbuktu institute-african, Center for Peace Studies de Dakar, le Comité scientifique pour le dialogue interreligieux et la Fondation Konrad Adenauer, à propos du symposium prévue le 4 février prochain pour marquer la première édition de la journée internationale de la fraternité humaine.
"Ces dernières décennies sont marquées par la recrudescence de la violence que certains veulent justifier ou faire accepter au nom de la religion ou des idéologies extrémistes n’épargnant aucune région du monde. Conscientes de leur responsabilité et de leur rôle légitime de préserver la paix et de promouvoir le dialogue, conformément à l’esprit et l’enseignement de toutes les religions, d’éminentes personnalités et diverses institutions se sont engagées pour apporter une réponse concertée à cette montée des violences et de la haine dans le monde.
C’est dans ce sillage que s’inscrivent les efforts visant à instaurer une culture de la paix, notamment, la signature du Document sur la Fraternité humaine pour la paix dans le monde et la coexistence commune. Ce document, communément appelé Déclaration d'Abu Dhabi appelant au dialogue interreligieux, a été conjointement signé par l'imam d'Al-Azhar, Son Eminence Ahmed AlTayeb et Sa Sainteté le Pape François, le 4 février 2019. Dans le même esprit et conformément à l’engagement constant du Saint-Siège, l’encyclique Fratelli Tutti, signée le 3 octobre 2020, a été diffusée de manière symbolique, le lendemain, jour de la fête de Saint François d'Assise. Elle résonne, également, comme un rappel à une nécessaire harmonisation des efforts pour un monde plus solidaire, pacifique et fraternel.
Encourageant cette dynamique unitaire mondiale inédite, dans un contexte de conflits et de radicalisation, l’Assemblée générale des Nations Unies, à l’occasion de sa 75ème session, le 22 décembre 2020, a décidé, à l’unanimité, de faire du 4 février, jour anniversaire de la signature du Document pour la Fraternité humaine par le Pape et le Grand Iman d’Al-Azhar, une journée internationale de la Fraternité humaine. Aussi les Etats membres sont-ils invités à inscrire cette célébration dans leur calendrier.
A cette occasion solennelle, le Saint Père, le Secrétaire général de l’ONU et le Grand Imam d’AlAzhar vont livrer des messages de portée mondiale pour marquer cet événement historique. S’inscrivant dans la même perspective, tout récemment, le Jury du Prix Zayed de la Fraternité humaine s’est réuni à Dubaï, du 20 au 22 janvier 2021, afin de déterminer le lauréat du Prix éponyme pour l’année 2021.
C’est au regard de l’attachement du Sénégal à la promotion de la fraternité humaine comme en témoignent la cohésion sociale et la paix qui prévalent dans notre pays, au demeurant, pionnier dans le dialogue islamo-chrétien, que des personnalités du monde politique et scientifique, des acteurs engagés dans la défense des droits humains et la promotion du dialogue et la résolutions des conflits veulent marquer cette première journée internationale de la Fraternité humaine, par un symposium en ligne ouvert au monde entier et portant sur le thème : « perspectives africaines de la Fraternité humaine au Sénégal ».
Ce symposium, qui se veut une contribution du Sénégal à ces efforts conjoints, verra la participation de diverses personnalités politiques, diplomatiques, religieuses, du monde universitaire, de la société civile, en plus d’organisations ayant joué un rôle éminent dans la consolidation du dialogue et de la paix au Sénégal, en Afrique et au plan international.
Emanant d’une initiative portée par Monsieur Adama Dieng, membre du Jury du Prix Zayed de la Fraternité humaine/Higher Comittee of Human Fraternity, ancien Secrétaire Général adjoint des Nations-Unies/Conseiller spécial à la prévention du génocide et ancien Greffier-Administrateur du Tribunal international pénal pour le Rwanda, ce symposium sera conjointement organisé, par Timbuktu institute-african Center for Peace Studies de Dakar, en partenariat avec le Comité scientifique pour le dialogue interreligieux de la Fondation Konrad Adenauer, le jeudi 4 février 2021, de 16h à 17h30 GMT.
PROGRAMME
16.00 - 16.05 DIFFUSION MESSAGES DE S.E.M. MACKY SALL (A CONFRMER), DE SA SAINTETE LE PAPE FRANÇOIS ET DE S.E.M. ANTONIO GUTTERERS
16.05 - 16.10 ADRESSE DE BIENVENUE PAR SON EXCELLENCE MAITRE AÏSSATA TALL SALL, MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES ET DES SENEGALAIS DE L’EXTERIEUR (A CONFIRMER)
16.10 - 16.20 LA DECLINAISON SENEGALAISE DE LA PHILOSOPHIE DE L’ALTERITE : PROF. PENDA MBOW, MINISTRECONSEILLER CHARGE DE LA FRANCOPHONIE
16.20 - 16.30 FRATERNITE ET AMITIE SOCIALE ENTRE MUSULMANS ET CHRETIENS AU SENEGAL :MGR ANDRE GUEYE, EVEQUE DE THIES ET HON. ABDOULAYE MACTAR DIOP, GRAND SERIGNE DE DAKAR
16.30 - 16.40 LA FRATERNITE HUMAINE DANS L’AGENDA DIPLOMATIQUE INTERNATIONAL : S.E. MGR MICHAEL W. BANACH, NONCE APOSTOLIQUE AU SENEGAL
16.40 - 16.50 LES EFFORTS DES EMIRATS DANS LE CADRE DE LA PROMOTION DES IDEAUX DU DIALOGUE SUR LA BASE DU DOCUMENT SUR LA FRATERNITE HUMAINE : S.E. ALI SULTAN RASHID ALHARBI, AMBASSADEUR DES EMIRATS AU SENEGAL
16.50 - 17.00 LA FRATERNITE HUMAINE, COMME INSTRUMENT DE LUTTE EFFICACE CONTRE LE RADICALISME : PROF. BAKARY SAMBE, DIRECTEUR DE TIMBUKTU INSTITUTE -OBSERVATOIRE DU RADICALISME RELIGIEUX ET DES CONFLITS EN AFRIQUE
17.00 - 17.20 DISCUSSIONS (MODERATION) : PROF. BOUBA DIOP, MEMBRE DU COMITE SCIENTIFIQUE POUR LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX DE LA FONDATION KONRAD ADENAUER
17.20 - 17.30 REMARQUES CONCLUSIVES ET RECOMMANDATIONS : ADAMA DIENG, MEMBRE DU JURY DU PRIX ZAYED DE LA FRATERNITE HUMAINE / HIGHER COMITTEE FOR HUMAN FRATERNITY ET ANCIEN SECRETAIRE GENERAL ADJOINT DES NATIONS UNIES
Les inscriptions pour toute participation au présent symposium sont ouvertes sur la plateforme dont le lien suit :
L’ex-président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz revendique une immunité absolue. Un principe fondamentalement antidémocratique car il consacre une hiérarchie entre citoyens du même pays et une inégalité devant la loi
L’affaire est passée quelque peu inaperçue dans le tourbillon des élections contestées de l’année 2020 en Afrique francophone. L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz est visé par une enquête préliminaire pour des faits supposés de corruption. Une commission d’enquête parlementaire a révélé, fin juillet 2020, de nombreuses irrégularités liées à la passation d’une série de marchés publics sous sa présidence. Le principal intéressé a été placé en garde en vue du 17 au 24 août, avant d’être auditionné à plusieurs reprises. Plusieurs médias locaux et internationaux rapportent que son passeport lui a été retiré, et ses comptes bancaires gelés.
L’affaire est intéressante à double titre : d’abord, ce n’est pas tous les jours qu’un ancien président se retrouve malmené par la justice de son pays. Dans une partie du continent où les chefs d’État se considèrent comme des monarques de droit divin, ce développement ouvre des perspectives. Ensuite, et surtout, Mohamed Ould Abdelaziz excipe d’une immunité supposée absolue que lui conférerait l’article 93 de la Constitution mauritanienne pour éviter de répondre aux questions des enquêteurs, ses avocats faisant en outre valoir que, de toute façon, seule la Haute Cour de justice (HCJ), juridiction spéciale prévue par la Constitution, est habilitée à juger l’ancien chef de l’État.
Les avocats de l’État mauritanien contestent le principe de l’immunité absolue accordée au président de la République, précisant que cette immunité protège le chef de l’État uniquement dans l’exercice de ses fonctions. Par ailleurs, si la HCJ n’était pas encore sur pied au début de cette affaire, la nouvelle session parlementaire qui s’est ouverte au début de janvier en Mauritanie a voté la loi sur la constitution de cette cour, désarmant ainsi en partie la défense d’Ould Abdelaziz.
Le débat juridique est aussi inévitable que nécessaire dans cette affaire. Mais il nous éloigne des enjeux politiques de fond. Les régimes politiques d’Afrique francophone sont inspirés du présidentialisme robuste qui a cours en France. Ce n’est en rien une surprise quand on se rappelle que nombre de nos Constitutions ont initialement été rédigées par des « experts » français. L’esprit monarchique qui habite l’institution de la présidence en France imprègne donc aussi l’architecture présidentielle des anciennes colonies françaises. Nous étions censés avoir, nous aussi, un « monarque républicain ». Mais, en l’absence de « Républiques » dignes de ce nom, nous avons hérité de rois thaumaturges.
ADAMA BARROW S’OFFRE UN BAIN DE FOULE MALGRÉ LA PANDÉMIE
Un an après la création de sa propre formation politique, le président Adama Barrow a officiellement lancé le National People’s party (le parti national du peuple), son parti politique et a été investi candidat pour la présidentielle de décembre prochain.
Un an après la création de sa propre formation politique, le président Adama Barrow a officiellement lancé le National People’s party (le parti national du peuple), son parti politique et a été investi candidat pour la présidentielle de décembre prochain. Lors d’un gigantesque meeting qui s’est tenu au grand stade de Banjul devant une foule compacte venue des quatre coins du pays, ce samedi soir, le numéro un gambien a décliné sa feuille de route et dévoilé ses ambitions pour son pays.
Envisagé depuis l’année dernière, le congrès du National People’s Party, le nouveau parti du président Adama Barrow s’est finalement tenu ce samedi, dans le plus grand stade du pays. Ces derniers jours, ils étaient des centaines de milliers venus des quatre coins du pays à avoir rallié la capitale pour y assister. La formation politique a vouli en faire une démonstration de force, malgré le contexte de pandémie et de spectre de la deuxième vague.
Je déclare le National Peoples Party officiellement lancé ». C’est officiel, le président Adama Barrow s’est défait de la tutelle de la coalition qui l’avait porté au pouvoir en 2016 et décide de voler de ses propres ailes sous la bannière du National Peoples Party. Dans un stade chauffé à blanc par ses militants qui ont très tôt envahi l’indépendance stadium de Banjul, le président Adama Barrow est revenu sur les principales raisons qui l’ont poussé à former son propre parti avant de se porter candidat pour succéder à lui-même.
« J’ai décidé de former ce parti politique de commun en accord avec vous pour nous servir de plateforme de combat collectif contre le sectarisme, les querelles politiciennes et la faillite des institutions qui ont sévèrement mis en mal la stabilité, le progrès et le développement de notre cher pays », argue-t-il.
A l’endroit de ses compatriotes et potentiels électeurs il dira ceci : « je puis vous assurer que je suis un homme crédible. Je suis plus que jamais prêt et capable de servir loyalement ce pays conformément à sa constitution. Tout ce dont j’ai besoin c’est votre confiance et soutien indéfectible » sollicite-t-il.
Doudou Sano, conseiller politique du président Barrow se dit impressionné par la mobilisation grandeur nature qu’a réussi le nouveau parti et indique être sûr et certain de la victoire à l’issue de l’échéance électorale.
« Au vu de cette mobilisation, nous pouvons dire que le chemin est balisé pour nous s’enflamme ce responsable politique très influent. Désormais rien n’est peut nous arrêter. Les Gambiens reconduiront massivement le président sortant ».
Déclinant son programme, le président sortant a fait savoir que l’emploi, éducation, la santé et l’agriculture entre autres seront ses priorités une fois reconduit à la tête de l’État.
Les appréhensions et les alertes des autorités sanitaires et autres observateurs n’ont rien changé aux plans des partisans du président en exercice, candidat controversé à un deuxième mandat et la probabilité de transformer le grand rassemblement en cluster qui pourrait contaminer un nombre incalculable de personnes inquiète plus d’un. Les responsables du parti au pouvoir eux tentent de rassurer que toutes les mesures sanitaires ont été prises en amont. C’est ce qu’indique Aladji Elimane Niang, coordonnateur national dudit parti, quelques heures avant la tenue de la manifestation, au correspondant du groupe Emedia en Gambie. « Evidemment que nous sommes conscients du spectre de seconde vague de la pandémie qui plane comme partout ailleurs. Nous pouvons rassurer l’opinion que rien n’est laissé au hasard pour parer à toute éventualité. Nous avons d’ailleurs mis en place un comité de veille sanitaire qui se chargera d’organiser la disposition de mise en place au stade. Nous avons prévu de bien filtrer les entrées. Avant d’accéder au stade, il faut procéder au lavage des mains, il faut porter son masque et à l’intérieur, nous allons essayer autant que faire se peut de respecter la distanciation physique. Nous sommes conscients de la gravité de la maladie. Personne n’est à labri et respecter les règles sanitaires revient à se protéger d’abord avant de protéger les autres. Nous ne pouvons pas nous payer le luxe de contaminer nos compatriotes. C’est en ce sens que nous avons reçu la collaboration des autorités sanitaires pour éviter ce que tout le monde redoute : que le gigantesque congrès d’investiture soit transformé en cluster. « S’agissant de l’organisation de ce congrès, il n’y a guère de doute que c’est pour investir le président Adama Barrow également leader du parti. Nous voulons saisir cette opportunité pour faire une démonstration de force dans la mobilisation. C’est une nouvelle formation politique, il y a beaucoup de spéculations et nous voulons faire taire toute critique sur notre popularité et notre capacité de mobilisation. Cette élection sera notre baptême du feu, nous comptons jeter corps et âme pour arriver à nos fins : remporter la présidentielle de décembre prochain haut la main ».
PASSAGE DU FRANC CFA À L’ECO, QUAND LA FRANCE ET OUATTARA DÉCIDE POUR TOUTE L'AFRIQUE
A une grande majorité, les sénateurs français ont adopté le projet de réforme du franc CFA, alors que les Parlements des pays impliqués, à part l’Assemblée nationale ivoirienne, n’en ont même pas discuté jusqu’ici
Le Sénat français a adopté, le jeudi 28 janvier 2021, le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord de coopération entre le gouvernement de la République française et les gouvernements des États membres de l'Union monétaire ouest-africaine (n°225, 2020‑2021) par 241 voix contre 22 (voir les résultats du scrutin public). Une décision qui entérine le vote de l’Assemblée nationale française du 10 novembre 2020 en faveur du texte.
Le Parlement français approuve ainsi une réforme cruciale, initiée par la signature de l’accord de coopération monétaire en décembre 2019 à Abidjan.
Loin des Parlements africains représentant des peuples, la politique monétaire des huit pays de l’UEMOA (Côte d'Ivoire, Mali, Sénégal, Burkina Faso, Bénin, Togo, Niger) s’est jouée au sein des instances parlementaires françaises. Ceci, pour que des changements mineurs s’opèrent sur le francs CFA qui va devenir l’Eco, avec les mêmes mécanismes reliant la monnaie ‘’coloniale’’ à celle de sa nouvelle appellation.
C’est le samedi 21 décembre que le président ivoirien, Alassane Ouattara, et le chef d’Etat français, Emmanuel Macron, lors de la visite officielle de ce dernier en Côte d’Ivoire, que l’accord négocié en catimini a été annoncé. ‘’En accord avec les autres chefs d’État de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), nous avons décidé de faire une réforme du franc CFA’’, annonçait Alassane Ouattara, en sa qualité de président en exercice de l’UEMOA.
Dorénavant, la centralisation des réserves de change en France prend fin, avec la fermeture du compte d’opérations auprès du Trésor français où la BCEAO était tenue de déposer 50 % de ses réserves de change.
En revanche, l’Eco conservera une parité fixe avec l’euro et sa garantie de convertibilité sera toujours assurée par la Banque de France. Cette parité fixe est l’une des caractéristiques du F CFA critiquées par certains économistes africains pour qui l’arrimage à l’euro, monnaie forte, désavantage les économies de la région, beaucoup moins compétitives.
Ce sont ces réformes, présentées par la Commission des finances du Sénat français, réunie le 20 janvier 2021 sous la présidence de M. Claude Raynal, qui ont été adoptées avec une large majorité (par 241 voix contre 22), après l’Assemblée nationale.
Pour s’en réjouir, le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, qui a présenté aux sénateurs la réforme, a assuré que celle-ci s’inscrit dans le cadre du nouveau partenariat avec l’Afrique dont le président Emmanuel Macron a jeté les bases dans son discours à l’université de Ouagadougou en novembre 2017. ‘’Il s’agit d’une réforme historique, qui vise à mettre en place un cadre de coopération monétaire modernisé et renouvelé entre la France et les huit pays de l’UEMOA’’, ajoute Jean-Yves Le Drian.
Après l’annonce de l’adoption, l’économiste sénégalais Ndongo Samba Sylla a twitté toute sa déception sur ce choix fait à la place des peuples africains déjà empêtrés dans la lutte contre la Covid-19 : ‘’Des sénateurs français ont démontré une ignorance épaisse de l’Afrique, aujourd’hui, et quand même insisté qu’ils ont un droit colonial de légiférer sur une question relevant de la souveraineté nationale. Les dirigeants africains s’aplatissent et offrent leurs peuples en pâture.’’
Motion
Ce projet de loi passe, malgré la motion déposée le jeudi 21 janvier 2021 par les sénateurs MM. Savoldelli, Pierre Laurent et Bocquet, Mme Gréaume et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste. Ces parlementaires reprochent au gouvernement français de leur présenter une réforme dont les contours restent flous, notamment sur la future gouvernance de l’Eco et la convention de garantie à venir.
Pire, soulignent-ils, ‘’ce projet, non discuté avec l’ensemble des partenaires de l’UEMOA, n’a fait l’objet d’aucune concertation avec les États de la CEDEAO’’. Les sénateurs trouvent de ce fait regrettable que ‘’Paris se précipite, alors même que, d’une part, seul le Parlement ivoirien ait été saisi du projet et, d’autre part, aucune consultation populaire n’ait été prévue. Ainsi, ce sont les premiers concernés qui se retrouvent exclus d’un projet de réforme qui emporte des conséquences majeures pour le développement social et économique des pays ouest-africains’’.
En septembre dernier, un rapport avait permis aux sénateurs d’évaluer le risque financier que constituera cette réforme du franc CFA. Il avait conclu que la réforme en Afrique de l’Ouest se traduira, tout d’abord, par une petite économie pour la France : ‘’La fermeture du compte d’opérations entraine, en effet, avec elle la fin des conditions avantageuses de rémunération pour les avoirs extérieurs nets déposés par la BCEAO auprès du Trésor au titre de l’obligation de centralisation de 50 % de ses réserves de change. La France a versé 40,6 et 40,4 millions d’euros à la BCEAO en 2018 et en 2019, au titre de la rémunération de ses avoirs extérieurs nets’’.
Une belle économie en se ‘’rachetant’’ une conscience après les critiques acerbes contre la France dans la gestion du franc CFA. Mais surtout, avec le maintien de la parité fixe avec l’euro, de continuer à avantager les entreprises françaises qui opèrent dans ces pays dans la Zone franc.
Dans le même sillage, la Direction générale du Trésor français, qui avait négocié l’accord de coopération monétaire avec l’UEMOA de décembre 2019, a depuis négocié et conclu avec la BCEAO les textes d’application de l’accord, et notamment la Convention de garantie entre la BCEAO et le ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance, signée en décembre 2020.
APPELS À CANDIDATURES POUR LA MISE EN PLACE D'UN INCUBATEUR EN FAVEUR DES STARTUPS VERTES
Ce programme vise à favoriser le développement d’entreprises porteuses de solutions innovantes en Afrique pour lutter contre les changements climatiques et promouvoir le développement durable - COMMUNIQUÉ D'AFRICA YOUTH CLIMATE HUB
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de presse reçu le 30 janvier à propos de l'appel à candidatures lancé par l'African Youth Climate Hub (AYCH) en faveur des startups pour la promotion d'initiatives vertes en Afrique.
« 25 Janvier 2021 - L’African Youth Climate Hub (AYCH), une plateforme de la jeunesse africaine pour le climat, annonce le lancement d’un appel à candidatures pour un programme d’incubation de startups en faveur du climat et la promotion du développement durable. Partenariat entre la Fondation MohammedVI pour la protection de l’environnement, l’Université Mohammed VI Polytechnique, le Groupe OCP et YOUNGO (Children and Youth Constituency to United Nations Framework Convention on Climate Change), AYCH est une initiative lancée en septembre 2019 à New York par Son Altesse Royale la Princesse Lalla Hasnaa, présidente de la Fondation Mohammed VI pour l’Environnement, à l’occasion du sommet de l’Action pour le Climat présidé par le Secrétaire Général des Nations Unies.
Ce nouveau hub donne la parole et amplifie les actions des jeunes Africains afin de renforcer leur leadership en faveur du climat et du développement durable. Hébergé au Centre International Hassan II de Formation à l’Environnement, bras académique de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement, l’African Youth Climate Hub met les jeunes en réseau sur une plateforme numérique et accompagne leurs initiatives.
Pour nourrir l’esprit d’entreprise et aider à l’émergence de cette nouvelle génération, un programme d’incubation, qui est une des priorités de l’African Youth Climate Hub, est porté conjointement par l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) et le Centre International Hassan II pour la Formation à l’Environnement.
Ce programme d’incubation veut favoriser le développement d’entreprises vertes porteuses de solutions innovantes en Afrique pour lutter contre les changements climatiques et promouvoir le développement durable. Les entreprises qui en émergeront placeront les préoccupations sociales et environnementales au même rang que les préoccupations économiques.
Ce programme proposera aux startups un programme personnalisé de six mois pendant lesquels elles bénéficieront d’un soutien pratique et adapté, d’ateliers pour les munir d’outils pour la mise en œuvre de leurs projets et les aider à transformer leurs idées en prototypes technologiques opérationnels. Un programme de formation permettra aux jeunes entrepreneurs d’assimiler entre autres les éléments de droit, de stratégie, de marketing et communication, de psychologie, les technologies et les connaissances en matière de climat, nécessaires à leur réussite.
Pour cette première édition, AYCH incubera 10 projets portés par de jeunes africains. Pour postuler les jeunes sont invités à se connecter sur youthclimatehub.org, à télécharger l’offre d’incubation, créer leur compte et soumettre leur projet en remplissant le formulaire en ligne. Le dernier délai pour postuler est le 5 février.
À propos de l’African Youth Climate Hub (AYCH)
L’African Youth Climate Hub (AYCH) est hébergé au Centre International Hassan II de Formation à l’Environnement dans le cadre du programme Air Climat de la Fondation Mohammed VI pour la Protection de l’Environnement.
L’AYCH est une initiative visant à répondre et à amplifier la voix et l’action des jeunes, à commencer par la jeunesse africaine. Elle se veut un espace positif d’échange et de soutien concret pour les jeunes Africains tant en termes de compétences et de connaissances qu’en termes d’entrepreneuriat et d’opportunités d’emploi vert.
Cette initiative est un partenariat entre la Fondation MohammedVI pour la protection de l’environnement, l’Université Mohammed VI Polytechnique, le groupe OCP et YOUNGO (Children and Youth Constituency to United Nations Framework Convention on Climate Change).