Autorisés, en voie de l'être ou en cours d'examen : voici le point sur les vaccins contre le Covid-19 disponibles à travers le monde.
Ils sont déjà là :
- Pfizer/BioNTech : vendu sous le nom commercial de Comirnaty, ce vaccin est autorisé dans l'Union européenne, aux Etats-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et dans de nombreux autres pays. Développé par le géant américain Pfizer et le laboratoire allemand BioNTech, il est basé sur la technologie de l'ARN messager et affiche un très fort taux d'efficacité (95%).
- Moderna : autre vaccin à ARN messager, il a des caractéristiques très proches du précédent, avec 94,1% d'efficacité. Ce vaccin américain est autorisé dans l'UE, en Amérique du Nord, au Royaume-Uni (où il n'est toutefois pas encore disponible) et dans quelques autres pays, comme Israël ou Singapour.
- AstraZeneca/Oxford : conçu par l'université anglaise d'Oxford et le laboratoire anglo-suédois AstraZeneca, ce vaccin utilise une technologie différente, dite "à vecteur viral". Il est autorisé dans l'UE, au Royaume-Uni et dans certains autres pays moins riches comme l'Inde (où il est vendu sous le nom de Covishield).
Il est efficace à 60% selon l'Agence européenne du médicament (EMA), tout en étant moins cher et plus facile à stocker que les deux précédents. Mais il fait l'objet de plusieurs critiques, sur le manque de données sur son efficacité chez les plus âgés ou ses possibles effets secondaires plus importants.
- Spoutnik V : développé par la Russie, ce vaccin à vecteur viral est efficace à 91,6%. En plus de la Russie, il est homologué dans une quinzaine de pays (Bélarus, Arménie, Venezuela, Iran, Corée du Sud, Argentine ou Algérie). Dans l'UE, si une "demande d'avis scientifique" a bien été soumise à l'EMA, le Spoutnik V ne fait pas encore l'objet d'une procédure d'examen en continu de ses données, étape préalable à une demande formelle d'autorisation. La Hongrie l'a toutefois autorisé unilatéralement.
- Sinopharm: les deux vaccins développés par le laboratoire chinois utilisent la technique classique du virus inactivé. Ils sont présents en Chine et dans plusieurs autres pays, dont les Emirats arabes unis, la Hongrie (exception européenne), le Pérou, le Cambodge ou le Zimbabwe. Ses concepteurs se prévalent d'une efficacité de 79% mais les données sur lesquelles ils se basent n'ont pas été publiées.
- Sinovac: autre vaccin chinois basé sur un virus inactivé, il est autorisé en Chine, au Chili, au Brésil ou encore en Turquie. D'autres pays ont précommandé des doses de ce vaccin nommé CoronaVac, comme l'Ukraine ou l'Uruguay. Selon Sinovac, les tests à grande échelle au Brésil ont montré un taux d'efficacité globale d'environ 50% (et 80% contre les formes plus graves), mais là encore, les données n'ont pas été publiées.
- Johnson & Johnson: l'Afrique du Sud est devenue mercredi le premier pays à administrer ce vaccin américain. Elle l'a finalement préféré à celui d'AstraZeneca, qui était son choix initial mais a été jugé insuffisamment efficace contre le variant sud-africain du coronavirus.
Johnson & Johnson a par ailleurs déposé des demandes d'autorisation dans l'UE et aux Etats-Unis. Son vaccin à vecteur viral, fabriqué par sa filiale Janssen-Cilag, est efficace à 66% en général et à 85% contre les formes graves, selon ses concepteurs. Contrairement aux autres, il ne nécessite qu'une injection et non deux.
- Bharat Biotech : ce vaccin indien à virus inactivé est utilisé en Inde, de même que le Covishield.
- CanSino: ce vaccin chinois à vecteur viral a été autorisé la semaine dernière par le Mexique, mais n'y a pas encore été administré.
Ils arrivent :
- Novavax : ce vaccin américain fait l'objet d'un examen continu par l'EMA, ce qui ouvre la voie à une demande prochaine d'autorisation dans l'UE. C'est un vaccin "sous-unitaire", à base de protéines qui déclenchent une réponse immunitaire, sans virus. Ses concepteurs affirment qu'il est efficace à 89,3%.
- CureVac: ce vaccin allemand est lui aussi entré vendredi dans la procédure d'examen continu de l'EMA. Il s'agit d'un vaccin à ARN messager.
- Les prochains :
Au total, en comptant tous ceux qui sont déjà autorisés et en voie de l'être, 69 vaccins contre le Covid-19 font l'objet d'essais cliniques sur l'humain, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). En outre, 181 autres vaccins en sont au stade de développement pré-clinique et n'ont pas encore été testés sur des humains.
VIDEO
NIGER : SEPT MEMBRES LOCAUX DE LA CÉNI TUÉS DANS L’EXPLOSION DE LEUR VÉHICULE
C’est un incident qui intervient le jour du second tour de la présidentielle au Niger.
Sept membres locaux de la Commission électorale nationale indépendante du Niger ont été tués dimanche dans l'explosion de leur véhicule qui a roulé sur une mine dans la région de Tillabéri (ouest) proche du Mali, a annoncé à l'AFP le gouverneur de cette région.
C’est un incident qui intervient le jour du second tour de la présidentielle au Niger. Sept membres locaux de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ont été tués dimanche 21 février dans l’explosion de leur véhicule. Selon l’annonce du gouverneur de Tillabéri, ce dernier a roulé sur une mine dans cette région de l’ouest du Niger, proche du Mali.
"J'ai eu l'information vers midi (11h GMT), il y a eu sept morts lorsque le véhicule a sauté sur une mine. Il s'agit de présidents de bureaux de vote et de leurs secrétaires", recrutés par la Céni, a expliqué à l'AFP Tidjani Ibrahim Katiella, gouverneur de la région de Tillabéri.
L'accident a également fait "trois blessés", selon lui.
Le drame est survenu à Waraou, une localité située sur la commune de Dargol dans la région de Tillabéri, à une centaine de kilomètres de la capitale de Niamey. Il s’agit de la zone dite "des trois frontières" entre Niger, Mali et Burkina Faso.
Le véhicule avait été affrété par la Céni de Tillabéri pour acheminer des responsables des bureaux afin de superviser le second tour de la présidentielle, selon le gouverneur.
La région de Tillabéri est placée sous état d'urgence depuis 2017.
Pour tenter de lutter contre les jihadistes, les autorités ont interdit depuis un an la circulation à moto nuit et jour et ordonné la fermeture de certains marchés soupçonnés d'alimenter "les terroristes".
PRÉSIDENTIELLE SANGLANTE AU NIGER
Le second tour de la présidentielle dans le pays en proie aux violences jihadistes, a été endeuillé dimanche par la mort de sept agents électoraux dont le véhicule a sauté sur une mine
En dépit de l'insécurité provoquée par les jihadistes dans leur pays, les électeurs du Niger votaient entre le favori Mohamed Bazoum, fidèle du sortant Mahamadou Issoufou, et l'opposant Mahamane Ousmane, ancien président.
Dans la matinée, sept membres locaux de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) ont été tués dans l'explosion de leur véhicule qui a roulé sur une mine dans la région de Tillabéri (ouest) proche du Mali, a annoncé à l'AFP le gouverneur de cette région, Tidjani Ibrahim Katiella.
"Il s'agit de présidents de bureaux de vote et de leurs secrétaires", recrutés par la Céni, a-t-il dit, précisant que l'explosion a également fait "trois blessés".
Le drame est survenu à Waraou, une localité située sur la commune de Dargol dans la région de Tillabéri, à une centaine de km de Niamey, zone dite "des trois frontières" entre Niger, Mali et Burkina Faso.
Début janvier, après le premier tour de la présidentielle, cent personnes avaient été tuées dans l'attaque de deux villages dans la même région de Tillabéri, un des pires massacres de civils dans ce pays du Sahel régulièrement visé par des groupes jihadistes.
L'insécurité sévit dans la "zone des trois frontières" à l'ouest avec des attaques de groupes jihadistes affiliés à l'organisation Etat islamique, mais aussi à l'est frappé par des attaques des jihadistes nigérians de Boko Haram.
Quelque 7,4 millions de Nigériens, sur une population de 22 millions majoritairement trop jeune pour voter, sont appelés à se prononcer au second tour après le premier du 27 décembre.
- "On veut le calme et la sécurité" -
Idrissa Gado, étudiant de 29 ans, a estimé en votant à Niamey que "le prochain président doit agir contre les rebelles, c’est le grand souci du Niger dont il faut s’occuper, nous, on veut le calme et la sécurité".
Le candidat du pouvoir, Mohamed Bazoum, a voté à l'Hôtel de ville de Niamey, où des blindés et des pick-ups armés de mitrailleuse assuraient la sécurité.
"Je souhaite que le vainqueur ait la chance avec lui, je souhaite qu’elle soit de mon côté", a-t-il dit après avoir déposé son bulletin, souhaitant aussi "que le vote se passe dans le calme".
Accompagné de ses deux épouses, le sortant Mahamadou Issoufou a voté au même endroit, notant que "le Niger est confronté à des défis immenses", notamment sécuritaire, démographique, climatique, économique, social et sanitaire avec le Covid-19.
"Je suis fier d'être le premier président démocratiquement élu de notre histoire à pouvoir passer le relais à un autre président démocratiquement élu, c'est un évènement majeur dans la vie politique de notre pays", a-t-il ajouté.
Ce sera en effet la première fois que deux présidents élus se succèdent dans ce pays à l'histoire jalonnée de coups d'Etat depuis son indépendance en 1960.
- Mise en garde contre les fraudes -
Mahamane Ousmane a lui voté dans un quartier populaire de Zinder (sud-est), son fief et ville natale, se réjouissant que les Nigériens se soient "mobilisés pour exercer leur droit et devoir".
Mais, "si jamais les citoyens constatent que ces élections ont encore (...) été des élections truquées, eh bien je crains que la situation soit difficile à gérer".
Entre les deux tours, l'opposition a déclaré qu'elle ne reconnaîtrait pas les résultats si elle les estimait entachés de fraude.
La vraie réussite du scrutin résidera dans l'acceptation des résultats par toutes les parties une fois les résultats annoncés. L'opposition a dénoncé de présumées fraudes lors du premier tour, mais a été déboutée par la justice.
Bazoum avait récolté 39,3% des suffrages au premier tour, Ousmane presque 17% et le premier part avec un net avantage.
Mais si le vote dans la capitae est historiquement acquis à l'opposition, celui de la deuxième ville du pays, Zinder, est sujet à débat: cette région, important bassin électoral, est le fief des deux candidats qui y ont passé les derniers jours de la campagne pour tenter de convaincre leurs électeurs.
"Le résultat à Zinder sera déterminant pour l'issue du scrutin", selon un observateur de la politique locale.
Plusieurs délégations d'observateurs étrangers ont été déployées pour surveiller le scrutin, notamment de la Communauté économique d'Afrique de l'ouest (Cédéao) et de la Francophonie.
Lors du premier tour, 69,7% des électeurs s'étaient rendus aux urnes.
Le président Issoufou, 68 ans, ne se représentait pas à l'issue de ses deux mandats constitutionnels, contrairement à de nombreux chefs d'Etat africains qui s'accrochent au pouvoir.
VIDEO
LE PROCÈS TRUMP ET SES CONSÉQUENCES
Claude Porsella, René Lake et Dennis Beaver, décryptent les sujets brûlants du moment aux Etats-Unis. Au menu : Trump et le parti republicain en fragmentation, le plan d'aide anti-Covid de Joe Biden - POINT DE L'ACTUALITÉ AMÉRICAINE DE LA SEMAINE
Claude Porsella, René Lake et Dennis Beaver, décryptent les sujets chauds du moment aux Etats-Unis, dans cette nouvelle édition de Point USA. Au menu : Trump et le parti republicain en fragmentation, le plan d'aide anti-Covid de Joe Biden.
"Point USA" est une émission de French Buzz TV, basée à San Francisco en Californie.
IL VA FALLOIR QUE LES ÉTATS DU SAHEL SORTENT DE LA SITUATION DE DÉLÉGATION DE LEUR SÉCURITÉ
Le directeur de Timbuktu Institute, Bakary Sambe, analyse avec la lumière de lucidité du chercheur, le dernier sommet du G5 Sahel tenu à Ndjamena
Le directeur de Timbuktu Institute-African center for Peace Studies et coordonnateur de l’observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (Orcra), Bakary Sambe, analyse, dans cet entretien, avec la lumière de lucidité du chercheur, le dernier sommet du G5 Sahel qui s’est tenu à Ndjamena le 16 février dernier.
Quelle lecture faites-vous du dernier sommet du G5 Sahel qui s’est tenu à NDjamena et élargi à plusieurs autres pays de la région, à l’Union européenne et à des États arabes ?
Le Sommet de Ndjamena a été un moment décisif de sursaut diplomatique dénotant un nouvel esprit d’ouverture et d’une prise de conscience de la transnationalité du phénomène terroriste et de la nécessité d’une approche inclusive. L’ouverture à certains pays comme le Maroc et le Sénégal prouve une nouvelle volonté d’associer ceux qu’on considérait jusqu’ici comme loin des épicentres du terrorisme au Sahel. Certaines évolutions politiques dans les pays voisins ont fait que le relatif ostracisme à l’égard du Sénégal s’est atténué et que son éventuel apport et celui de son armée pourraient peser sur le rapport de force face aux groupes terroristes. Le fait que la France, malgré son statut de puissance partenaire incontournable dans la région, cherche, de plus en plus, l’appui sincère des pairs européens est le signe d’une nouvelle ère qui sera celle des coalitions stratégiques. Ce n’est point, comme certains le pensent, un signal d’un début de retrait mais d’un nouveau type d’engagement voulant éviter l’image peu avantageuse d’une ex-puissance coloniale malgré les tentatives de rupture introduites par Macron depuis le discours de Ouagadougou. Mais le Sommet de Pau a, tout de même, laissé quelques séquelles et des nuages qui pourraient peut-être se dissiper lors de celui de Montpellier à venir. Quant à l’intérêt des pays arabes pour le Sahel, ce n’est pas nouveau si l’on sait que les puissances du Golfe se livrent déjà une bataille d’influence même dans le domaine militaire, dans la continuité de ce qui se joue actuellement sur le terrain libyen si encore glissant et instable.
Emmanuel Macron a écarté toute baisse des effectifs militaires français dans la région dans l’immédiat malgré le sentiment anti-français en Afrique. Qu’est-ce qui fonde cette décision ?
Contrairement à ce qu’on peut croire, le Sahel n’a jamais été une question facile pour la France qui doit constamment y gérer l’urgence et l’histoire en même temps. Je ne suis pas du tout surpris de la réaffirmation d’une présence militaire française au Sahel. Malgré un vent de nationalisme et de l’anti-impérialisme, qui a soufflé au Sahel le temps d’un coup d’État au Mali – qui aurait concrétisé le rêve de la fin de « l’emprise française » –, la réalité malienne, elle, reste inchangée et préoccupante. Elle était noyée dans la brève jubilation suscitée par la chute d’un « bourreau », ébranlé, délégitimé, tandis qu’était scrutée l’arrivée immédiate mais peut-être improbable de Russes ou d’autres acteurs. La réalité est que la France demeure un acteur incontournable dans le jeu sahélien. Autant la France reste une «grande puissance africaine » au regard de son influence et de ses intérêts géostratégiques, les pays de la région, surtout le Mali, ne gagneraient pas en matière de sécurité si cet allié arrivait à se retirer ; ce qui est peu probable, par ailleurs. Emmanuel Macron est, désespérément, en quête d’une pédagogie efficiente sur le Sahel auprès de ses concitoyens français, éloignés des réalités du terrain et qui semblent ne pas se retrouver dans ce choc des principes et la nécessité de conjuguer raisons politiques et moyens diplomatiques. Quelle que soit la pression de la rue, les élites politiques françaises de tous bords, malgré la démagogie de certains, ont toujours été conscientes de l’importance de l’Afrique pour leur pays, son économie et son influence. S’agit-il d’un sentiment foncièrement anti-français ou plutôt des maladresses d’une nouvelle classe politique française qui a perdu la connexion avec un terrain qui, pourtant, ne lui était pas forcément défavorable ? Toutefois, la réponse des groupes terroristes, qui n’a pas tardé suite à la déclaration du Président français à l’issue du sommet de Ndjamena, n’augure pas d’une stabilisation prochaine de la région si l’on fonçait davantage dans le tout-militaire ayant abouti à l’échec constaté de Barkhane. La force Takuba annoncée, et encore loin d’être soutenue par les autres pays européens, connaîtra-t-elle une issue différente ? Je n’en suis point convaincu si l’on ne change pas de paradigme.
Le Président Macky Sall a pris part au sommet de Ndjamena et Dakar a soutenu le G5 Sahel à hauteur d’un milliard de FCfa. Quelle en est la portée ? Peut-on envisager de voir le Sénégal intégrer le G5 Sahel ?
Ce positionnement du Sénégal relève d’une parfaite conscience de la transnationalité du phénomène terroriste et du débordement progressif de l’épicentre malien surtout avec l’instabilité politico-institutionnelle qui a occasionné l’abandon de positions stratégiques par les forces spéciales au pouvoir à Bamako. Dans ce contexte marqué par des signaux peu rassurants aux frontières sénégalo-maliennes et mauritaniennes sans parler de la régionalisation effective de la menace terroriste, le Sénégal ne peut perdurer dans la stratégie réactive de construction d’une résilience nationale dans un contexte régional d’instabilité chronique. Il fallait passer au « containment » proactif des risques et au renforcement des dispositifs d’anticipation parmi lesquels les renseignements extérieur et intérieur qui se modernisent. Même sans effectivement intégrer le G5 Sahel, qui va nécessairement évoluer vers un cadre élargi, le contre-terrorisme sénégalais a bien besoin de toutes les sources et ne peut se passer des cadres régionaux de coopération et de partage d’informations dans le cadre d’une mutualisation qui s’impose. La présence du Président Macky Sall au dernier sommet si décisif de Ndjamena relève d’un certain réalisme et d’une prise de conscience de la nécessité d’une gestion des urgences sécuritaires sans perdre de vue l’enjeu de la prévention face au rapprochement des groupes profitant du vide laissé par des forces spéciales qui faisaient de la région de Kayes le dernier verrou vers nos frontières. Au-delà du soutien financier symbolique aux efforts du G5 Sahel, le Sénégal, déjà assez présent militairement au Mali dans le cadre de la Minusma, réaffirme, de fait, un des principes fondateurs de sa diplomatie à savoir la solidarité africaine, mais donne aussi un signal fort par ce tournant décisif dans son engagement contre le terrorisme qui n’est plus perçu comme un phénomène lointain mais un danger immédiat.
Une cellule djihadiste, qui serait liée au groupe Katiba Macina, a été démantelée à Kidira. Quatre suspects présumés ont été arrêtés. Quelle analyse en faites-vous ?
La frontière sénégalo-malienne est une préoccupation désormais assumée de nos forces de sécurité et de défense qui ont intégré l’idée d’une bataille de l’Est à gagner. C’est un changement de paradigme. Cette affaire d’une cellule terroriste, qui serait démantelée, ne surprend guère sachant que, début février, un rapport international rendu public faisait état de cette incursion depuis le Mali. Une récente étude du Timbuktu Institute démontre que la région Est bénéficie encore d’une certaine résilience bien que quelques inquiétudes appellent à une approche holistique au-delà du sécuritaire. Le véritable enjeu pour le Sénégal est d’arriver à empêcher que les groupes qui vont inéluctablement s’approcher ne trouvent pas de couveuses locales auprès des communautés, qu’elles soient l’allié des forces de sécurité et de défense, ne serait-ce que pour le renseignement humain, et non des groupes terroristes qui voudraient en exploiter les frustrations et marginalisations génératrices de radicalisation. Cela nécessitera encore plus d’investissements massifs pour renforcer le sentiment d’appartenance nationale. La bataille de l’Est ne se gagnera pas sans la conquête des cœurs qui me semble plus durable que la soumission des corps et le tout-sécuritaire qui n’a jamais vaincu le terrorisme ailleurs.
DIMANCHE DE VERITE POUR MOHAMED BAZOUM ET MAHAMANE OUSMANE
Dimanche décisif et de vérité au Niger. Les 7,5 millions d’électeurs seront appelés aux urnes pour la second tour de la présidentielle.
Fin hier, vendredi à minuit, de la campagne pour le second tour de la présidentielle au Niger. Place aux choses sérieuses. Ce dimanche 21 février 2021, les 7,5 millions d’électeurs seront appelés à départager Mohamed Bazoum, candidat du parti au pouvoir PNDS-Tarraya, et Mahamane Ousmane, candidat du RDR-Tchanji (opposant et ancien président), les deux concurrents arrivés en tête au premier tour du scrutin du 27 décembre dernier. Si tout se passe bien, le Niger connaîtra sa première alternance / transition entre deux présidents élus au suffrage universel direct, à l’issue de ce scrutin.
Dimanche décisif et de vérité au Niger. Les 7,5 millions d’électeurs seront appelés aux urnes pour la second tour de la présidentielle. Ils vont décider de qui de Mohamed Bazoum, candidat du parti au pouvoir PNDS-Tarayya, ou de Mahamane Ousmane, candidat du RDR-Tchanji, succédera au président sortant Mahamadou Issoufou, qui ne s’est pas représenté après deux mandats, conformément à la limite imposée par la Constitution. 30 candidats étaient en compétition, dont la plupart étaient à leur première participation à une élection présidentielle.
Selon les résultats définitifs du premier tour de cette élection, tenue le 27 décembre dernier, proclamés par la Cour constitutionnelle du Niger, aucun des concurrents n’a réussi à obtenir la majorité absolue pour franchir ce cap. Le candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya) Bazoum Mohamed qui est arrivé largement en tête, n’a pas réussi le «coup Kao» qu’il avait souhaité infliger à ces adversaires pour passer dès le premier tour. Il a été crédité de 39,30% des suffrages valablement exprimés ; soit 1.879.629 voix. Il est suivi du candidat du Rassemblement démocratique et républicain (RDR-Tchandji) et ancien président de la République, Mahamane Ousmane, qui a obtenu 16,98% ; soit 812.412 voix.
À quelques exceptions près, les résultats proclamés par la Cour sont identiques à ceux annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) au lendemain du scrutin du 27 décembre. Selon les résultats de la CENI, les candidats Bazoum Mohamed et Mahamane Ousmane avaient recueilli, respectivement, 39,33% (1.879,543 voix) et 16,99% (811,836 voix). Ancien ministre de l’Intérieur, Bazoum Mohamed qui défend les couleurs du principal parti au pouvoir, est le dauphin du président sortant Mahamadou Issoufou, qui a décidé de ne pas se représenter après son second et dernier mandat légal. Mahamane Ousmane, lui, a participé à toutes les élections présidentielles organisées par le Niger depuis l'avènement du processus démocratique, aux débuts des années 1990. C'est lui qui avait remporté les premières élections de 1993, avant d’être évincé du pouvoir par un coup d’État en 1996, avant même la fin de son premier mandat.
VERS UNE PREMIERE ALTERNANCE DEMOCRATIQUE, AVEC LE PASSAGE DE TEMOIN D’UN PRESIDENT ELU A UN AUTRE
Le deuxième tour de la présidentielle est fixé ce dimanche 21 février. Les deux candidats qui sont retournés auprès des électeurs, en sillonnant à nouveau plusieurs localités de pays, après avoir noué des alliances, ont bouclé leur dernier jour de campagne hier, vendredi 19 février 2021 à minuit, avant le second tour de la présidentielle. Dans cette mobilisation des deux formations politiques pour gagner la confiance des Nigériens, les soutiens et partis de leurs coalitions n’ont pas été en reste. Le nouveau président de la République du Niger prêtera serment au début du mois d'avril, selon le calendrier électoral. Si tout se passe normalement, ce serait la première fois que le Niger va connaître une alternance démocratique, avec le passage du pouvoir d'un président élu à un autre. Et, le futur chef de l’Etat fera face à plusieurs défis de tailles, notamment la montée de la violence due aux «groupes islamistes armés» liés à Al Qaïda et à l'Etat islamique (IS), qui a fait plusieurs centaines de morts depuis un an dans les régions proches des frontières avec le Mali et le Burkina Faso.
A noter aussi que le premier tour de la présidentielle était couplé aux législatives. Plus de 7 millions de Nigériens étaient appelés aux urnes, le 27 décembre dernier, pour choisir leurs 171 nouveaux députés et le nouveau président de la République. Les premiers résultats des élections législatives qui se sont tenus simultanément à la présidentielle octroient 80 sièges sur 171 au parti au pouvoir, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme, contre 19 pour le principal mouvement d’opposition, le MODEN/FA-Lumana.
LES DIASPORAS AFRICAINES DANS LE MONDE À L'HONNEUR D'UN PROJET DOCUMENTAIRE
Décryptage des deux premiers épisodes de la série «Black in the world» réalisée par Alain Foka. Rencontre avec des Africains de Washington via une multitude de témoignages
Décryptage spécial à l’occasion des deux premiers épisodes de la série «Black in the world» réalisée par Alain Foka. Nous vous emmenons à la rencontre des Africains de la capitale américaine Washington, via une multitude de témoignages.
Comment ont-ils vécu leur intégration ? Quels rapports entretiennent-ils avec l’Afrique ?
Avec notre invité Alain Foka, journaliste et rédacteur en chef adjoint à RFI, producteur de documentaires.
Pour nous, le Mali est un problème de sécurité nationale. Car si le pays tombe, nous sommes la prochaine cible et nous serons en première ligne face à des jihadistes qui rêvent déjà de tremper leurs pieds dans l’Atlantique
L’ancien président Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz avait tout fait pour que le Sénégal ne soit pas membre du G5 Sahel, parce qu’il avait peur d’une certaine prééminence sénégalaise dans l’organisation. Le nouveau président Mauritanien Ghazouani a convié le Président du Sénégal à la réunion du G5 à Ndjamena et tout fait pour que le Sénégal intègre l’organisation, parce qu’il est convaincu qu’il est un acteur incontournable sur le plan militaire. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts entre les positions de Aziz et de Ghazouani, mais pendant tout ce temps, le Sénégal a continué à blinder sa frontière et à se préparer à la guerre de l’Est contre les jihadistes. C’est la bonne attitude.
C’est la meilleure doctrine militaire qui a toujours sauvé l’Angleterre. Elle a été résumée par Lord Palmerson : «L’Angleterre n’a pas d’alliés ou d’ennemis permanents, la seule constante est de se donner les moyens de défendre l’île.» C’est cette doctrine qui a sauvé notre pays de la partition, car ayant permis à l’Armée de gagner la guerre en Casamance.
Aujourd’hui, la Gambie et la Guinée Bissau qui sont nos plus grands alliés dans la sous-région ont été les plus grands soutiens du Mfdc, qui utilisait ces pays comme base arrière en plus des armes mises à la disposition des maquisards. Cette constante qui consiste à nous donner les moyens de défendre notre territoire avec ou sans le soutien d’alliés doit être la règle dans la préparation de la guerre de l’Est.
Ce qui fait de notre appartenance ou pas au G5 Sahel une simple variable. Si on y entre, allons-y avec les moyens de défendre notre territoire même si nos alliés sont défaillants. La débâcle de la France en juin 40 n’a pas empêché à l’Angleterre de faire face à l’armada nazie, lors des batailles d’Angleterre ou de l’Atlantique. Malgré la mise au pas par Napoléon Bonaparte de toute l’Europe continentale, la petite Angleterre s’est donné les moyens de résister et même de renverser la tendance en mettant fin au «règne du Dieu de la guerre» à Waterloo.
C’est du bon sens stratégique, car compter d’abord sur soi et refuser de sous-traiter sa sécurité permet de faire face à tous les scénarii, même les plus catastrophiques. Le Sénégal doit travailler à l’hypothèse de l’effondrement du Mali, avec des hordes jihadistes à Kayes, voulant continuer leur marche vers l’Atlantique. On doit travailler à l’hypothèse d’un retrait de la France, dont l’engagement au Mali nous a donné un sursis stratégique face aux jihadistes.
La plus grande implication de Tchad (1 200 hommes) est le signe annonciateur du retrait progressif de la France qui veut africaniser la lutte, comme les Américains ont à un certain moment vietnamisé la guerre du Vietnam pour se retirer. De toute façon, le départ de la France est juste une question de temps qui joue en faveur des jihadistes. Il interviendra soit à la suite d’une alternance politique en France ou d’une exigence de l’opinion après un attentat comme celui du Drakkar à Beyrouth.
Pour la France, le Mali est peut-être un problème de politique extérieure, mais pour nous c’est un problème de sécurité nationale, car si le Mali tombe, nous sommes la prochaine cible et nous serons en première ligne face à des jihadistes qui rêvent déjà de tremper leurs pieds dans l’Atlantique.
Le Tchad renforce sa présence pour, entre autres, les beaux yeux de Marianne, mais pour le Sénégal, c’est pour notre propre sécurité. C’est pourquoi nous devons nous donner les moyens de défendre notre territoire, mais aussi aider le Mali, le Tchad et la France à fixer les jihadistes sur place, car mieux vaut les combattre à Kidal qu’à Kidira.
par Hamidou Anne
KAGAMÉ, L'AFRICAIN
Je reconnais en lui un leader faiseur de miracles, qui confère une dignité et une fierté à ses concitoyens. Qui, inspiré par Paul Biya, Idriss Déby, Denis Sassou-Nguesso, rêve de devenir Camerounais, Tchadien ou Congolais ?
J’ai reçu l’agréable nouvelle de l’octroi de la nationalité rwandaise à mon ami Yann Gwet cinq ans après qu’il s’est installé à Kigali. Yann est un Camerounais membre de la nouvelle avant-garde intellectuelle africaine. Diplômé de Sciences-Po Paris, il est essayiste et auteur de nombreuses tribunes sur les problématiques contemporaines du continent. Sceptique comme moi au sujet des nouveaux discours lénifiants sur l’émergence, la startup nation et l’afro-optimisme, Yann Gwet a l’habitude de tremper sa plume dans le sang et la sueur des opprimés pour déranger les élites dirigeantes, dénoncer leurs turpitudes et bousculer leurs certitudes. Dans son premier essai, Vous avez dit retour ? (Présence Africaine, 2019), il raconte son expérience de jeune entrepreneur ambitieux revenu au Cameroun pour investir dans l’agriculture. Il fit face à tous les éléments symboliques de la déliquescence étatique du Cameroun. L’ouvrage est un procès en règle des élites dirigeantes d’un pays à genoux qu’il décide finalement de quitter pour s’installer à Kigali.
Yann Gwet fait partie des élites africaines qui admirent Paul Kagamé et voient en lui un leader capable de forger un destin nouveau pour le continent. Il est intéressant d’observer que Yann n’a pas décidé d’être français, «de se sécuriser» malgré son passage à la rue Saint-Guillaume et la carrière prometteuse qui l’y attendait. Ce n’est pas le cas de beaucoup de jeunes Africains aux discours afro vigoureux mais soucieux d’assurer tout de même leurs arrières avec le fameux «bon passeport». Yann a choisi d’être Rwandais. Et cela dit beaucoup de la trajectoire de ce pays que tout promettait au basculement dans l’enfer après la tragédie de 1994, qui a vu 800 mille personnes mourir en trois mois sous le regard indifférent de la communauté internationale. J’assume mes constantes réserves sur la gouvernance de Kagamé en matière de respect des droits de l’Homme et de protection des libertés fondamentales. Mais je reconnais en lui un leader faiseur de miracles, qui confère une dignité et une fierté à ses concitoyens. Son plus grand miracle est qu’en moins de trente ans, il a érigé un Etat et une Nation au point que des jeunes comme Yann Gwet choisissent de rejoindre la communauté nationale rwandaise pour y tracer un destin personnel et peut-être politique. Kagamé est le premier Vrp de son pays, auquel il confère un soft power dont les retombées économiques, diplomatiques et politiques seront conséquentes. Lequel de nos chefs d’Etat donne envie à des jeunes du continent de prendre son passeport, de vouloir se sentir chez eux dans son pays ? Qui, inspiré par Paul Biya, Idriss Déby, Denis Sassou-Nguesso, rêve de devenir Camerounais, Tchadien ou Congolais ? Au contraire, par leurs frasques, ils parent leurs pays de ridicule et éloignent de possibles nouveaux arrivants. Nous vivons une résurgence en Occident des passions tristes sur fond de repli identitaire. Les populistes défendent une idée restrictive de la nationalité et tendent davantage à exclure qu’à agréger à l’intérieur de la Nation pour «faire mélange», selon la formule de Jean-Pierre Chevènement. Le Rwanda s’honore en accueillant au sein de sa communauté un penseur critique, qui peut déranger et titiller les consciences. C’est son rôle d’intellectuel, de passeur et d’agitateur d’idées. L’immense écrivain italien, Claudio Magris, considère que «l’identité au singulier n’existe pas ; nous devrions toujours en parler au pluriel», pour faire dialoguer les cultures et les sensibilités afin de produire des communs.
C’est cette hypothèse constante de l’hybridité qui est admirable en ces temps de replis nationalistes et de rejet de l’autre comme responsable de notre faillite collective. Face à la tentation de la pureté identitaire, il est nécessaire de penser la Nation non pas comme un impératif ethnique mais comme construction civico-politique qui agrège des personnes de divers horizons vers un dessein commun. Promouvoir cette Nation civique c’est aller avec le temps du monde et permettre les embranchements humains.
La naturalisation de Yann Gwet donne corps à cette idée de panafricanisme du réel, qui tranche avec les inepties fascisantes d’activistes ou les discours fleuves d’autocrates sur l’unité africaine. Contrairement aux idées reçues, 80% des migrations s’opèrent à l’intérieur du continent africain. Les Africains cohabitent, commercent, se marient et se métissent. C’est cette expression politique par le bas qui est sans doute le moteur du projet panafricain dont l’initiative par le haut stagne depuis 1963.
VIDEO
LA FRANCE AURAIT LAISSÉ S'ENFUIR DES DIGNITAIRES IMPLIQUÉS DANS LE GÉNOCIDE DES TUTSI AU RWANDA
La France a décidé en juillet 1994 de ne pas interpeller les autorités rwandaises responsables du génocide des Tutsi au Rwanda, selon un télégramme diplomatique de l'époque que s'est procuré le journal français Médiapart
Ce document, révélé par Médiapart et obtenu par l'AFP auprès de François Graner, auteur de plusieurs livres sur le Rwanda, constitue selon ce dernier "la pièce écrite manquante, une pièce essentielle du puzzle" sur le rôle de la France au Rwanda.
L’ambassadeur Yannick Gérard, alors représentant du Quai d’Orsay au Rwanda dans le cadre de l’opération militaro-humanitaire Turquoise, avait demandé des instructions concernant la présence de responsables génocidaires dans la "Zone humanitaire sûre" contrôlée par les militaires français. "Vous pouvez (...) utiliser tous les canaux indirects et notamment vos contacts africains, en ne vous exposant pas directement, afin de transmettre à ces autorités notre souhait qu'elles quittent la Zone Humanitaire Sûre", lui répond un télégramme "confidentiel diplomatie", daté du 15 juillet 1994.
"Vous soulignerez que la communauté internationale et en particulier les Nations unies devraient très prochainement déterminer la conduite à suivre à l'égard de ces soi-disantes autorités", poursuit le texte, en évoquant l'ancien régime de Kigali replié à Cyangugu (sud-ouest), sur la frontière avec le Zaïre (devenu République démocratique du Congo).
Selon l'ONU, environ 800.000 personnes, essentiellement dans la minorité tutsi, ont été tuées en trois mois lors de massacres déclenchés après l'attentat contre l'avion du président Habyarimana le 6 avril 1994.
L'opération Turquoise était une intervention militaro-humanitaire lancée par Paris, sous mandat de l'ONU entre juin et août de la même année. Ses détracteurs estiment qu'elle visait en réalité à soutenir le gouvernement génocidaire hutu. Les zones d'ombre sur le rôle de Paris avant, pendant et après le génocide des Tutsi au Rwanda, restent une source récurrente de polémiques en France et empoisonnent les relations avec Kigali depuis plus de 25 ans.
Le Quai d'Osay pointé du doigt
Le télégramme provient des archives de Bruno Delay, le conseiller Afrique du président François Mitterrand, selon François Graner, proche de l'association Survie, engagée contre la "Françafrique". La justice administrative française a autorisé en juin M. Graner à consulter les archives présidentielles sur le Rwanda, au coeur de la controverse.
Selon Médiapart, l’ambassadeur Yannick Gérard avait réclamé des "instructions claires" sur la conduite à tenir vis-à-vis de responsables qui, selon lui, portaient "une lourde responsabilité dans le génocide". Il estimait n'avoir "d'autre choix, quelles que soient les difficultés, que de les arrêter ou de les mettre immédiatement en résidence surveillée". Le Quai d'Orsay, dirigé à l'époque par Alain Juppé, en a donc décidé autrement. Le télégramme est signé de Bernard Emié, conseiller du chef de la diplomatie française, aujourd'hui patron des services de renseignement extérieur français (DGSE).
"La révélation de ce télégramme pose de nouveau la question du véritable rôle de l'armée française déployée au Rwanda, notamment de l'opération Turquoise", a réagi auprès de l'AFP Me Thierry Plouvier, avocat de Survie. L'enquête judiciaire sur Turquoise, accusée par des survivants d'avoir sciemment abandonné des centaines de Tutsis, massacrés dans les collines de Bisesero (ouest) fin juin 1994, n'a toujours pas été tranchée par les juges, malgré la fin des investigations ordonnées en 2019.
"On peut se demander si le réel objectif des armées n'étaient pas de servir cette +stratégie indirecte+ d'appui au pouvoir génocidaire recommandée au président Mitterrand par Christian Quesnot", son chef d'état-major particulier, dans une note du 6 mai 1994, a ajouté Me Plouvier. "En 2021, nous sommes toujours confrontés à une autorité judiciaire qui plie le genou face à des militaires et refuse d'aller enquêter au cœur du pouvoir où les décisions ont été prises".
Le premier ministre de l'époque, Edouard Balladur, a annoncé début janvier l'ouverture prochaine de ses archives sur le Rwanda. Dans sa déclaration, M. Balladur a affirmé que l'opération Turquoise avait "assuré la sauvegarde des victimes quelles qu'elles soient, et dissuadé la poursuite des violences".