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30 avril 2025
International
L'APPEL DE SORO
''La Côte d’Ivoire est le pire modèle de dictature à ne pas imiter'' a Twitter L’opposant ivoirien et candidat recalé de la dernière Présidentielle ivoirienne.
L’opposant ivoirien et candidat recalé de la dernière Présidentielle ivoirienne, Guillaume Soro, lance un appel à son «ami» Macky Sall. Dans un tweet, il l’invite à «apaiser la situation», afin de «maintenir sur les rails la démocratie sénégalaise».
«Je veux faire confiance au PR @Macky_Sall (à qui je garde mon amitié) pour apaiser la situation et maintenir sur les rails la démocratie sénégalaise dont nous avons longtemps été fiers. Mon pays, la Côte d’Ivoire, est le pire modèle de dictature à ne pas imiter ! Que Dieu bénisse le Sénégal», écrit-il sur Twitter.
par Morgane Oko
ERIC MENDI, L'AUTRE GAGNANT DU PRIX GONCOURT
EXCLUSIF SENEPLUS - Il aura marqué à sa manière l'édition 2020 du prix Goncourt. Simplement avec un petit texte sans prétention : « Mon Anomalie-challenge »
C'est parti comme qui dirait mine de rien, un peu comme un feu de brousse. Une étincelle d'abord, un petit vent ensuite, et hop !... la flamme.
D'après ce que nous savons de la petite histoire, au vu des éléments recoupés ici et là, Eric Mendi a parcouru en décembre 2020 « L'Anomalie », le livre prix Goncourt d'Hervé Le Tellier. Fasciné par la magie du dédoublement, élément central du roman de Le Tellier, Eric Mendi, saisi d'inspiration, va écrire aussitôt quelques lignes sur ce phénomène paranormal, en s'appuyant notamment sur le mythe du chasseur dédoublé, une histoire vraie, semble-t-il, selon certains peuples de la forêt équatoriale africaine.
Le résultat de cet exercice sera un texte de quelques petits paragraphes que Mendi intitulera « Mon Anomalie-challenge ». Il le fera précédé d'une petite introduction autour de la tendance à l'américanisation du roman français de notre époque.
Le texte est publié le 3 février 2021 sur Africultures. De qualité excellente, selon les lecteurs, et un brin original dans le style, avec une pertinence sans faille, notamment sur le petit exposé portant sur l'influence des auteurs américains sur la littérature française et le roman français en l'occurrence. L'article fera l'objet d'une attention particulière. Des reprises et des interprétations diverses paraissent aussitôt sur la toile, inondant la page « Actualités » du prix Goncourt sur Google pendant des semaines. Il ne serait pas exagéré de dire qu'Eric Mendi aura marqué à sa manière l'édition 2020 du prix Goncourt. Simplement avec un petit texte sans prétention : « Mon Anomalie-challenge ».
Pour rappel, Eric Mendi est deux fois lauréat du Grand prix des Belles-Lettres du GPAL. En 2016, lorsqu’il est couronné pour la seconde fois, il avait parmi ses concurrents en phase finale un certain Tahar Ben Jelloun de l’Académie Goncourt.
Parlant d'Eric Mendi, les universitaires norvégiens Trulls Olav Winther et Helge Ronning ont écrit dans la Store Norkse Leksikon (Grande Encyclopédie Norvégienne) : « Mendi n'écrit pas de manière aussi agressive que, par exemple, René Philombe ou Yodi Karone. Il ridiculise plus qu'il ne proteste, et on dit que cela fait de lui un représentant typique de la littérature de notre époque ».
JEAN LUC MÉLENCHON RÉAGIT À L’ARRESTATION D’OUSMANE SONKO
« L’arrestation pour trouble à l’ordre public de la figure de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko est préoccupante. Je souhaite qu’à Dakar et à Paris les peuples décident de leur avenir dans les urnes et non dans les tribunaux. » a écrit le député
L’affaire s’internationalise. Les images de la série de manifestions intervenues ce mercredi, 3 mars 2021, dans plusieurs quartiers de Dakar suite à la convocation de l’opposant Ousmane Sonko, par le juge d’instruction du 8e cabinet, ont rapidement fait le tour du monde.
Arrêté pour participation à une manifestation non autorisée et trouble à l’ordre public alors qu’il se rendait au tribunal, en compagnie d’une grande foule, Sonko a été conduit finalement à la Section de recherches de la Gendarmerie, sise à Colobane, où il a été placé en garde à vue. De quoi faire réagir le célèbre homme politique français Jean Luc Mélenchon, député de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône et président du groupe la "France Insoumise".
Connu pour ses positions radicales vis à vis du pouvoir d’Emmanuel Macron, le député Mélenchon, s’est ainsi fendu d’un tweet de soutien : « L’arrestation pour trouble à l’ordre public de la figure de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko est préoccupante. Je souhaite qu’à Dakar et à Paris les peuples décident de leur avenir dans les urnes et non dans les tribunaux. »
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LES ROUTES DE LA MIGRATION AFRICAINE MÈNENT RAREMENT À L'EUROPE
Les migrations africaines sont bien plus diverses qu'on ne pourrait le penser. Non seulement la proportion d'Africains qui décident de tenter l'aventure vers l'étranger est faible, mais la plupart des migrants ne cherchent pas à aller en Europe
Les migrations africaines sont bien plus diverses et complexes qu'on ne pourrait le penser. Non seulement la proportion d'Africains qui décident de tenter l'aventure vers l'étranger est relativement faible, mais la plupart des migrants ne cherchent pas à aller vers l'Europe : ils restent sur le continent. Les Presses Universitaires du Québec viennent de publier un ouvrage collectif qui s'éloigne des approches réductrices sur ce sujet. Il s'intitule Migrations et gouvernance en Afrique et ailleurs.
La chercheuse Sylvie Bredeloup est l'un de ses auteurs. Elle est notre invitée.
LES ENJEUX D'UNE ÉLECTION INDÉCISE À LA PRÉSIDENCE DE LA CAF
Le 12 mars prochain à Rabat va se tenir l’élection pour désigner le président la Confédération africaine de football (CAF). Depuis sa création en 1957, jamais le scrutin à la CAF n’avait été entouré d’autant de passions et de suspense
La Confédération africaine de football est à un tournant. L’élection du 12 mars prochain à Rabat, au Maroc, sera forcément historique, même si elle n’aura pas la portée du ‘’tremblement de terre’’ de 2017 qui avait vu la défaite surprise du Camerounais Issa Hayatou après 29 ans de règne sans partage sur le foot du continent. Son successeur, le Malgache Ahmad Ahmad ne pourra probablement pas se représenter (voir le cas Ahmad), laissant quatre prétendants se lancer dans une élection qui s’annonce plus ouverte que jamais. Les quatre candidats sont tous d'accord sur un point le développement économique du football africain et la nécessité d’endiguer la fuite des jeunes talents vers les clubs étrangers. L’autre enjeu, et non des moindres, reste le maintien tous les deux ans de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).
Qui sont les quatre candidats ?
Le Mauritanien Ahmed Yahya est le plus jeune des candidats (44 ans). Homme d'affaires, il est président de la Fédération mauritanienne. Avec lui, la sélection des Mourabitounes a gagné plus de 100 places au classement FIFA et participé à sa première CAN (2019). Ces réussites constituent ses atouts, mais il pourrait pâtir du faible poids de sa fédération au sein de la CAF. A l’opposé, l’Ivoirien Jacques Anouma fait figure de candidat du sérail. Ancien président de la Fédération ivoirienne (2002-2011), il a été également membre du comité exécutif de la FIFA. Déjà candidat mais recalé en 2013, cette élection reste sa dernière chance d’accéder à la présidence de la CAF. A 69 ans en effet, il est à un an de la limite d’âge.
Beaucoup voient en Augustin Senghor (55 ans), un profil idéal. Ce président de la Fédération sénégalaise depuis 2009 est maire (Gorée), gère un club (US Gorée), et siège au comité exécutif de la CAF. On le présente comme l’héritier officieux d'Ahmad et sa parfaite maîtrise de l’anglais est un atout pour séduire les fédérations anglophones. A moins que ces dernières optent pour le seul anglophone en lice : le Sud-Africain Patrice Motsepe (58 ans). Ce milliardaire, propriétaire du club des Mamelodi Sundowns serait un des favoris de la FIFA Fifa. Quand on se rappelle que l’instance mondiale du foot avait joué un rôle crucial dans l’élection d’Ahmad (ou la chute de Hayatou), il serait réducteur de penser que la relative inexpérience dans les instances de la CAF de Motsepe pourrait être un handicap.
Qui vote et comment ?
Le président de la CAF est élu par les présidents des 54 fédérations qui la composent. Chaque fédération dispose d’une voix, ce qui annonce un scrutin disputé et qui devrait se jouer au second tour. Le temps des alliances bat donc son plein pendant la campagne et les associations de fédérations pourraient être un avantage pour certains, comme Patrice Motsepe qui aurait acquis le soutien des quatorze fédérations d’Afrique australe. A contrario, Senghor, Anouma, et Yahya, tous originaires de l’Afrique de l’Ouest, pourraient être obligés de se partager les 16 voix des fédérations de l’Union des fédérations ouest-africaines (Ufoa).
Le cas Ahmad
L’actuel président Ahmad Ahmad était candidat à sa propre succession jusqu’à ce qu’il soit suspendu pour 5 ans "de toute activité en relation avec le football" par la Commission d'éthique de la FIFA, le 23 novembre 2020. Seulement, le Malgache a fait appel de cette décision devant le Tribunal arbitral du sport (Tas) à Lausanne. Celui-ci a décidé de lever la suspension depuis le 29 janvier 2021 dans l’attente de d’examiner le dossier le 2 mars, à 10 jours du scutin. Ahmad pourrait donc finalement se présenter à l’élection en cas de victoire au TAS ? Pas si sûr, puisque la CAF attendra l’approbation de la FIFA pour valider la candidature d’Ahmad et il n’est pas certain qu’il l’aura. Entre Ahmad et la FIFA, ce n'est plus le temps des amours.
PRISE DE FONCTION POUR DEUX AFRICAINS À LA TÊTE DE PRESTIGIEUSES INSTITUTIONS INTERNATIONALES
La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala prend les rênes de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce à Genève en Suisse. Tandis que le Sénégalais Makhtar Diop prend les fonctions de directeur général de l'IFC, la branche de la Banque mondiale
La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala prend les rênes de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce à Genève en Suisse. Tandis que le Sénégalais Makhtar Diop prend les fonctions de directeur général de l'IFC, la société financière internationale, la branche de la Banque mondiale. Portraits croisés de deux brillantes figures.
Si leur origine continentale les rapproche, bien des choses en revanche séparent la NigérianeNgozi Okonjo-Iweala et le Sénégalais Makhtar Diop. Issue d'une famille de chefs traditionnels et de parents professeurs, la première a fait ses études aux États-Unis, et notamment dans les prestigieuses universités de Harvard et du MIT. Tandis que le second, fils d'avocat, apprend le commerce en France, en Normandie, avant de poursuivre ses études au Royaume-Uni.
Sa vie est le fil rouge des années les plus exaltantes de notre histoire contemporaine. Nous ne nous pardonnerons jamais de n’avoir pas alors saisi l’occasion de l’interruption brutale de son combat pour faire plus souvent appel à son expertise
Combien de gens savent que l’homme qui est devenu le premier africain à diriger une institution du système des Nations Unies, aurait pu être condamné à mener une banale carrière de bureaucrate si, après une scolarité brutalement interrompue, il n’avait pas gardé cette rage d’apprendre qui ne l’a jamais quitté et s’il ne s’était pas trouvé pour le soutenir une bonne volonté impressionnée par sa passion pour la lecture pour lui apporter le coup de pouce qui allait le remettre sur les rails de la connaissance ?
Combien de gens savent que, même après ce saut qualitatif, il aurait pu n’aspirer qu’à un destin d’agent de maitrise dans une société aéronautique, si la guerre, celle de 39-45, en déréglant le monde, n’avait pas bouleversé le cours de sa vie et, surtout, s’il n’avait pas eu alors l’intelligence de faire dévier celle-ci vers une voie plus prometteuse d’avenir ? Mais il n’en avait pas fini avec les aléas de l’existence, car après la guerre il lui fallut encore lever d’autres obstacles, dont le moindre n’était pas ce plafond de verre que longtemps le colonisateur avait suspendu sur la tête des jeunes africains, leur interdisant de subir l’épreuve du baccalauréat, leur fermant la porte de ses universités !
Non, les premières années d’Amadou Mahtar Mbow n’ont pas été un long fleuve tranquille, mais leurs leçons ont nourri sa vie et sa vie est le fil rouge des années les plus exaltantes de notre histoire contemporaine. Il avait treize ans à la mort de Blaise Diagne et, adolescent déjà rebelle à l’oppression, il n’a pas oublié le discours pour l’égalité et contre les discriminations que tenait le successeur du premier député noir du Sénégal, le si injustement méconnu Galandou Diouf, premier africain à accéder à un mandat électoral sous la colonisation française. Il avait un peu plus de vingt ans, lors de l’écrasement, à Thiaroye, de la rébellion des Tirailleurs Sénégalais, ses compagnons d’armes puisqu’il avait été appelé à participer à la guerre à deux reprises.
Par solidarité de corps comme par inclinaison personnelle et parce que c’était son métier d’historien, il avait compris que cette répression, dont on sait maintenant qu’elle avait été un crime de masse, allait devenir le point de départ d’un irrésistible mouvement de libération et de révolte contre la domination coloniale. Il fut parmi les tout premiers africains à occuper un poste de professeur dans l’enseignement secondaire et sa prise de fonction au Collège de Rosso, en Mauritanie, est en soi une épopée. Il saura séparer la graine de l’ivraie coloniales et gardera en mémoire cette tradition, aujourd’hui perdue, qui consistait alors à faire bénéficier à tout enseignant frais émoulu de l’université de ce que nous appelons aujourd’hui un briefing, dispensé par l’ensemble des chefs de service pour lui permettre de s’imprégner des réalités du terrain avant de prendre ses fonctions.
Mais professeur d’histoire et de géographie, il savait que les disciplines qu’il enseignait pouvaient être des armes, qu’il lui fallait aussi être un éveilleur de conscience, se battre pour installer une solidarité de destin entre des élèves venus de tous les horizons et défaire dans leur esprit les poncifs véhiculés par les manuels scolaires. Il s’était fait la main en suscitant la première mobilisation d’étudiants africains en France, en y militant pour en appeler aux idées d’égalité et de démocratie, et c’est donc tout naturellement qu’il sera l’un des grands acteurs de notre marche vers l’indépendance.
A la différence d’autres, lui et quelques compagnons avec lesquels il constituera un trio de légende, plaideront pour une indépendance qui ne soit pas seulement octroyée aux conditions de l’occupant. Cela ne les empêchera pas, une fois l’autonomie acquise, d’accepter la main tendue de ceux qui étaient au pouvoir et qui avaient eu la préférence de l’ancienne métropole. C’est, tout naturellement, avec le portefeuille de l’éducation nationale qu’il fera son entrée au gouvernement, un poste oh combien périlleux, puisqu’on était encore en période de pénurie, qu’il devait faire face à une jeunesse qui n’attendait pas moins de lui qu’il change le monde, alors que l’ancien colonisateur freinait des deux pieds pour empêcher toute émancipation culturelle dans ce qui restait son pré-carré. Son expérience ministérielle ne durera pas longtemps, parce que pour lui la politique n’était pas un métier, parce que dans son esprit la politique, c’est-à-dire le gouvernement des hommes, ne pouvait se réduire « à une invention d’expédients » et que la seule qui valait qu’on lui consacre sa vie, c’était celle qui pouvait transformer les esprits. Dès lors son choix ne devait que le diriger vers l’institution qui avait inscrit sur son fronton que « les guerres prennent naissance dans l’esprit des hommes, (et que) c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. »
Au poste prestigieux de Directeur Général de l’Unesco il fit preuve d’une remarquable capacité d’anticipation en orientant la réflexion sur des sujets considérés alors comme fantaisistes tels que le développement durable, la révolution des TIC, l’économie de la connaissance ou la nécessité de considérer les problèmes dans une perspective globale. Aujourd’hui, alors que nous assistons, impuissants, au hold up des vaccins anti-Covid par les pays riches et à leur refus de les considérer comme un patrimoine universel, conformément aux directives de l’OMS, on ne peut qu’être frappé par le caractère prémonitoire des propos qu’il tenait au siècle dernier, il y a une éternité : « Les inventeurs de savoirs scientifiques-individus ou nations-peuvent-ils se les approprier, se les réserver de manière exclusive ? »
On lui reprochera de vouloir sauver la conscience du monde, de donner trop de place à l’éthique et à l’humanisme et son combat pour un nouvel ordre économique international et pour un nouvel ordre de l’information et de la communication lui vaudra l’inimitié des plus nantis et lui coutera son poste… Nous ne nous pardonnerons jamais de n’avoir pas alors saisi l’occasion de l’interruption brutale de son combat pour faire plus souvent appel à son expertise. Il nous revenait avec encore plus d’usage et de raison, il était l’un des ainés de notre scène politique, il était plus libre qu’aucun autre homme, il était l’homme le moins tenté de se servir de sa liberté pour limiter celle des autres. Il n’était, pour tout dire, que « nafoore meere meere », du bon et rien que du bon, comme on le disait autrefois, mais sur un autre registre, de feu Thierno Saidou Nourou Tall.
La seule occasion qui lui fut offerte de donner une démonstration de sa lucidité fut la présidence des Assises nationales du Sénégal, rare moment de communion nationale qui fut malheureusement snobé par un Président et rangé au placard par le suivant ! Quel dommage car il pouvait faire plus et donner plus ! C’est un peu indécent de le dire s’agissant d’un homme dont on commémore le centenaire, mais cet homme-là avait cette qualité rare, aujourd’hui démonétisée, devenue une délicatesse surannée dont nos hommes politiques ne veulent plus s’encombrer : de l’éducation. De l’éducation au sens étymologique, celle qui nous accompagne tout au long de notre vie, le don de guider, la qualité de s’élever et d’élever les autres, l’art d’élever les mots plutôt que la voix. C’est cette éducation, restée africaine malgré les longues années d’expatriation, qui explique l’exquise et non sélective courtoisie avec laquelle il reçoit tous ceux qui franchissent la porte de sa très accessible demeure.
C’est elle qui est à la base de cette « maitrise douce et insinuante qui n’aime à agir que par la persuasion »et qui, jadis, lui a permis de faire comprendre qu’on construit sa vie avec ceux qu’on aime plutôt qu’avec eux qu’on a aimés pour vous. C’est elle, enfin, qui fait qu’au sortir d’un entretien avec lui, on est si ébloui par sa grande culture sans fanfaronnade, si apaisé par son inépuisable optimisme qu’on se sent presque moins jeune que lui… Alors, puisque ce mois de mars lui est consacré, bon anniversaire, M. Mbow, et mieux encore : « Dewënati ! »
LES GP À L'ÈRE DU COVID
Avec les restrictions sur les voyages vers l’Occident depuis le début du Covid-19, les GP sont devenus des traits d’union entre continents. Sollicité par une diaspora sénégalaise en mal de services d’envois de colis moins chers, le secteur attire du monde
Avec les différentes restrictions sur les voyages vers l’Occident depuis le début de la pandémie de Covid-19, les « GP » sont devenus de véritables traits d’union entre les continents. « GP » (gratuité partielle) est le nom donné à des Sénégalaises (de plus en plus d’hommes font le métier) qui profitent de conditions avantageuses de voyage pour vendre leurs kilos en trop en transportant des colis entre Dakar et Paris. Retour sur une immersion dans un univers avec ses propres codes.
Le regard perdu, Saliou, jeune cadre sénégalais vivant à Paris depuis onze ans, se demande s’il est à la bonne adresse dans ce petit magasin de la rue du Département dans le XIXe arrondissement de Paris.
« Que voulez-vous ? », lui demande Astou, la quarantaine, vêtue d’une « ndokette » (robe sénégalaise à manches courtes qui arrive jusqu’aux tibias) bariolée sur un pull noir. « C’est pour envoyer un ordinateur à Dakar », rétorque le jeune homme. Il vient d’entrer dans la boutique d’une « GP » (gratuité partielle). C’est le nom donné à des Sénégalaises qui, bénéficiant de tarifs préférentiels pour les billets d’avion, utilisent leur franchise de bagages pour transporter des colis entre Paris et Dakar.
Astou et Saliou débutent un marchandage dans un coin du magasin. Puis l’ordinateur change de mains. Saliou donne son numéro en même temps que le nom et le numéro de téléphone de la personne qui doit récupérer le colis à Dakar.
Postiers de l’informel
Les informations sont aussitôt notées sur une feuille de papier qui est ensuite scotchée sur l’ordinateur. « J’envoie un ordinateur pour constituer ma dot de mariage au Sénégal et comme la cérémonie est prévue dans moins d’une semaine, c’est une urgence », confie Saliou. Commencée à 80 euros, la négociation sur le prix de l’envoi de l’ordinateur s’est « conclue à 50 euros ».
Le ballet des clients venus envoyer des colis au Sénégal est incessant. Code, règle et organisation des GP se résument ainsi. « C’est un travail correct qui se fait dans les normes », estime Khady, rencontrée dans un autre magasin dans le nord de Paris. Elle explique que dans le métier de GP, il y a « des repères, les tarifs sont fixes. C’est 7 euros par kilo en partance de Paris, et pour les ordinateurs et micro-ondes, les prix dépendent du marchandage ».
Ce sont les postiers de l’informel qui convoient des colis et des marchandises, entre Paris et Dakar et vice versa, deux ou trois fois par semaine. C’est un métier essentiellement féminin. Pourtant, les GP existent depuis « plus de 50 ans », selon divers témoignages.
Privilèges et atouts
Sollicités par une diaspora sénégalaise orpheline de services d’envois de colis pas chers, les GP attirent du monde. « Parallèlement à la demande, le nombre de personnes qui font le métier a sensiblement augmenté et cela nous donne plus de visibilité », admet Khady. La jeune femme est GP à temps partiel, car elle est aussi ingénieur agronome, diplômée de l’université de Dijon. L’activité de GP se distingue entre les « GP formels » et les « GP non formels », pour reprendre une classification Khady : « Quand je paie mon billet entre 350 000 et 400 000 F CFA (en moyenne 550 euros, nldr), certaines consœurs parviennent à avoir plus de 50 % de réduction, car elles ont des parents qui travaillent dans les compagnies de voyages ou à l’aéroport. »
C’est le cas d’Astou, la GP de la rue du Département à Paris : « Il y a plus de dix ans, j’étais encore femme au foyer et mon mari travaillait pour une compagnie à l’aéroport. J’ai décidé de me lancer dans le métier de GP. »
Marges importantes
A Paris ou à Dakar, quand les GP arrivent « les douaniers se lèvent parce qu’à force de les voir passer », ils sont facilement repérables. « D’autant plus que nous voyageons en général par groupe d’au moins quatre personnes, souligne Khady. Les douaniers se font des sous avec nous. Là où nous passons, les sous tombent. Nous honorons les taxes douanières. À Dakar, elles peuvent aller de 200 000 à 500 000 francs CFA.»
Cela n’empêche pas une certaine rentabilité. Avec les privilèges liés à leur statut, comme les cartes de fidélité au niveau des compagnies ou les facilités d’obtention du visa pour venir en France, les GP transportent 100 kg de bagages chacune par voyage là où un passager lambda est limité à 50 kg. Les marges semblent même très importantes, selon Khady qui n’a pour autant pas souhaité s’exprimer ni sur son chiffre d’affaires ni sur le montant de ses bénéfices réels. « Alhamdoulilah » (« Dieu merci » mais formule qui équivaut ici à « je ne me plains pas », ndlr). Pour Khady, si elle fait deux à trois fois par semaine le trajet Paris-Dakar, « ce n’est pas que pour le plaisir de prendre l’avion ».
PRÉSIDENTIELLE AU TCHAD : L'OPPOSANT SALEH KEBZABO RETIRE SA CANDIDATURE
Au Tchad, le candidat à la présidentielle Saleh Kebzabo a déclaré lundi qu'il retirait sa candidature, au lendemain d'une tentative d'arrestation d'un autre candidat de l'opposition.
Au Tchad, le candidat à la présidentielle Saleh Kebzabo a déclaré lundi qu'il retirait sa candidature, au lendemain d'une tentative d'arrestation d'un autre candidat de l'opposition. Pour justifier sa décision, Saleh Kebzabo a dénoncé "le climat d'insécurité qui entachera certainement la campagne électorale pour les candidats" de l'opposition au régime d'Idriss Déby Itno.
Saleh Kebzabo, à quatre reprises candidat malheureux contre Idriss Déby, a annoncé sa décision au lendemain d'une tentative d'arrestation à N'Djamena d'un autre candidat déclaré, qui s'est soldée par la mort d'au moins deux personnes à son domicile.
SARKOZY CONDAMNÉ À DE LA PRISON FERME POUR CORRUPTION
Une décision sans précédent: Nicolas Sarkozy est devenu lundi le premier ancien président de la Ve République condamné pour corruption, à trois ans de prison dont un ferme, dans l'affaire dite des "écoutes"
Une décision sans précédent: Nicolas Sarkozy est devenu lundi le premier ancien président de la Ve République condamné pour corruption, à trois ans de prison dont un ferme, dans l'affaire dite des "écoutes".
Il est également le deuxième ex-chef de l'Etat à être sanctionné par la justice, après son ancien mentor Jacques Chirac, condamné en décembre 2011 à deux ans de prison dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris.
Nicolas Sarkozy, qui a toujours affirmé n'avoir jamais commis "le moindre acte de corruption", a écouté le prononcé de sa peine debout face au tribunal, semblant impassible. L'ancien président et ses avocats n'ont fait aucune déclaration à la sortie de la salle.
Les juges ont également condamné à la même peine l'ancien haut-magistrat Gilbert Azibert et l'avocat historique de l'ex-président, Thierry Herzog, avec 5 ans d'interdiction professionnelle pour ce dernier. Ils ont également été reconnus coupables de violation du secret professionnel.
Nicolas Sarkozy, qui a été "garant de l'indépendance de la justice, s'est servi de son statut d'ancien président pour gratifier un magistrat ayant servi son intérêt personnel", a déclaré la présidente de la 32e chambre correctionnelle de Paris, Christine Mée, estimant que le "pacte de corruption" était bien constitué.
Le tribunal est resté en-deçà des réquisitions du parquet national financier (PNF), qui avait demandé les mêmes peines de quatre ans d'emprisonnement dont deux ferme à l'encontre des trois prévenus. Le patron de ce parquet financier, Jean-François Bohnert, était présent en personne pour le jugement.
Cette première condamnation pour Nicolas Sarkozy intervient alors qu'il doit faire face à nouveau à des juges, dès le 17 mars, au procès de l'affaire "Bygmalion", portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012.
Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire à droite, un an avant le prochain scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007.
C'est dans le cadre de cette dernière affaire qu'il avait été placé sur écoute en 2013.
Les juges découvrent alors que Nicolas Sarkozy utilise une ligne téléphonique secrète, ouverte sous l'alias de "Paul Bismuth", pour communiquer avec son avocat Thierry Herzog.
Une dizaine de leurs conversations ont été retranscrites. Pour le tribunal, elles prouvent bien qu'un "pacte de corruption" a été conclu entre Nicolas Sarkozy, son avocat et Gilbert Azibert.
- Informations privilégiées -
Les juges ont estimé que l'ex-président s'était rendu coupable de corruption, en promettant d'appuyer la candidature de M. Azibert pour un poste de prestige à Monaco, en échange d'informations privilégiées, voire d'une influence sur un pourvoi en cassation qu'il a formé.
L'ancien locataire de l'Elysée voulait alors faire annuler la saisie de ses agendas présidentiels après avoir obtenu un non-lieu dans l'affaire Bettencourt. Gilbert Azibert, avocat général dans une chambre civile, n'intervenait pas directement dans ce dossier mais il a selon le tribunal joué de ses relations.
Lors du procès qui s'est achevé le 10 décembre, la défense s'était insurgée contre un dossier basé sur des "fantasmes" et des "hypothèses" et avait plaidé à l'unisson la relaxe des prévenus.
Elle avait fait valoir qu'in fine, Nicolas Sarkozy n'a pas eu gain de cause devant la haute juridiction et que Gilbert Azibert n'a jamais eu de poste à Monaco. Selon la loi, il n'est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l'influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d'influence.
Tout au long du procès, dans une ambiance houleuse, la défense avait pilonné un dossier "poubelle", réclamant l'annulation de la totalité de la procédure, basée selon elle sur des écoutes "illégales" car violant le secret des échanges entre un avocat et son client.
Les avocats des prévenus avaient aussi torpillé une enquête préliminaire parallèle menée par le PNF. Visant à identifier une éventuelle taupe ayant pu informer en 2014 Thierry Herzog que la ligne Bismuth était "branchée", elle a conduit à faire éplucher leurs factures téléphoniques détaillées ("fadettes").
Elle a été classée sans suite près de six ans après son ouverture. Trois magistrats du parquet financier, notamment son ancienne cheffe Eliane Houlette, sont visés depuis septembre par une enquête administrative, dont les conclusions sont imminentes.
Dans ce contexte tendu, M. Bohnert était venu en personne le jour du réquisitoire pour défendre l'institution tout juste créée quand l'affaire des "écoutes" a éclaté, et assurer: "Personne ici ne cherche à se venger d'un ancien président de la République".