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30 avril 2025
International
MACRON RECONNAIT LA DETTE DE LA FRANCE APRÈS L'INTERVENTION OCCIDENTALE EN LIBYE
Par une phrase laconique, longue de six secondes, Emmanuel Macron a – pour la première fois – reconnu officiellement la responsabilité de la France dans les désordres qui agitent la Libye et une partie de l'Afrique depuis dix ans
« Nous avons une dette envers la Libye, très claire : une décennie de désordre. » Ces mots d'Emmanuel Macron, adressés aux nouveaux dirigeants libyens mardi 23 mars à l'Élysée, sonnent comme l'aveu d'une erreur : l'intervention de 2011 contre Mouammar Kadhafi, encouragée à l'époque par le président français Nicolas Sarkozy, et qui a eu des répercussions dans le Sahel.
Par une phrase laconique, longue de six secondes, Emmanuel Macron a – pour la première fois – reconnu officiellement la responsabilité de la France dans les désordres qui agitent la Libye et une partie de l'Afrique depuis dix ans.
Les chefs d'État du Sahel se plaignent régulièrement des conséquences de l'intervention des Occidentaux contre Mouammar Kadhafi en 2011 : sa chute les a non seulement privés de la manne financière de Tripoli, mais a aussi dispersé des combattants en armes dans toute la région et provoqué « l'arrivée massive de mercenaires de toutes nationalités », comme le dénonçait encore Idriss Déby, le président tchadien, au micro de RFI en août 2020.
Un geste pour reprendre pied en Libye ?
Certains acteurs de la coalition de l'époque avaient déjà fait leur mea culpa. L'ex-président américain Barack Obama jugeait même que l'intervention en Libye, à l'appel de Nicolas Sarkozy, était sa plus grande erreur.
Selon l'analyste Antoine Glaser, Emmanuel Macron réalise cet aveu d'une culpabilité française moins pour souligner la responsabilité de son prédécesseur que pour tenter de reprendre pied en Libye, alors que la Turquie, la Russie et l'Italie ont regagné du terrain. La Libye, outre ses richesses pétrolières, est un pays clé pour le contrôle de la Méditerranée et des flux de migrants.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le Sénégal ne doit pas subir les conséquences géopolitiques desdits accords. D’où l’importance de s’adapter à cet environnement international en mutation par l’ouverture d’un Bureau économique du Sénégal en Israël
Le Sénégal a tout temps mené une action diplomatique active. Notre pays continue de jouer un rôle majeur dans la résolution de crises régionales et internationales.
Le génie de cette tradition diplomatique s’est traduit par l’engagement de notre pays dans la recherche d'une solution juste et équitable au conflit israélo-palestinien en soutenant constamment une position officielle et courageuse du Sénégal qui préside depuis 1975 le comité pour l'exercice des droits inaliénables du Peuple Palestinien.
Toutefois, dans ce nouveau contexte des « Accords Abraham », la signature des accords de paix spécifiques et bilatéraux entre Israël et certains pays arabes depuis septembre 2020 et prochainement la normalisation de ses relations diplomatiques avec d’autres pays non moins importants, redessine une nouvelle donne géopolitique.
Cette normalisation crée un nouvel alignement régional rompant le statu quo historique des pays arabes vis-à-vis d’Israël.
Le Sénégal ne doit pas subir les conséquences géopolitiques desdits accords en restant en marge. D’où l’importance de se positionner en se replaçant au centre de l’échiquier géopolitique.
D’autant plus que la défense des intérêts économiques de notre pays doit primer sur tout et ne peut certes se faire au détriment du socle de valeurs fondamentales qui sont au cœur de la diplomatie.
Or la situation de crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19 a conduit à une révision des projections de croissance avec la mise en place du Plan d’action prioritaire ajusté et accéléré sur la période 2021-2023.
De ce fait, le recentrage des priorités afin de mieux redynamiser la marche vers l’émergence ne peut, en effet, être effectif qu’avec une relecture de notre diplomatie vis-à-vis de certains pays comme l’État hébreux.
Cette réorientation arrimée aux objectifs stratégiques de la phase II du Plan Sénégal émergent constitue une stratégie permettant l’atteinte d’un développement endogène, porté par la quête des souverainetés alimentaire, sanitaire et pharmaceutique.
Ainsi, le réalisme géopolitique aidant, la diplomatie économique revêt une importance particulière. D’où l’importance de s’adapter à cet environnement international en mutation par l’ouverture d’un Bureau économique du Sénégal en Israël qui pourra contribuer fortement à mieux positionner notre pays.
In fine, l’impact d’une telle stratégie géopolitique permettra d’accélérer la croissance et le processus de transformation industrielle de notre pays en s’inspirant de l’expérience de l’État d’Israël en tant que Nation start-up dans ses choix politiques industrielles.
Ainsi, l’érection d’un tel bureau promeut le transfert des innovations dans différents domaines allant des start-ups des industries agro-alimentaires, d’armement et de défense à l’intelligence artificielle visant ainsi à accélérer le développement industriel inclusif et durable du Sénégal dans la perspective de réaliser une transformation économique accélérée.
Boubacar Dramé est Conseiller Technique – Ministère de l’Agriculture et de l’Équipement Rural
LA VIOLENCE EST CONSTITUTIVE DES ÉTATS-UNIS
L'analyste politique, René Lake, revient sur la lancinante problématique de la régulation du port des armes Outre-atlantique alors qu'une énième tuerie intervenue dans le Colorado relance le débat
L'analyste politique, René Lake, revient dans le journal de VOA, sur la lancinante problématique de la régulation du port des armes Outre-atlantique alors qu'une énième tuerie intervenue dans le Colorado relance le débat.
GAMBIE, UNE VINGTAINE D'INCULPATIONS APRÈS DES VIOLENCES CONTRE DES PÊCHEURS SÉNÉGALAIS
Le 15 mars, la localité de Sanyang, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale Banjul, a été le théâtre de violences après le meurtre par un Sénégalais d'un Gambien qui l'avait surpris lors d'une tentative de cambriolage
Une vingtaine de personnes ont été inculpées mardi en Gambie, une semaine après des violences contre des pêcheurs sénégalais installés dans le pays, a annoncé la police gambienne. Le 15 mars, la localité de Sanyang, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale Banjul, a été le théâtre de violences après le meurtre par un Sénégalais d'un Gambien qui l'avait surpris lors d'une tentative de cambriolage, selon les autorités. En représailles, les communautés locales ont mis le feu à un commissariat où le meurtrier présumé s'était réfugié, ont pillé une usine chinoise de farine de poisson employant des Sénégalais et détruit une douzaine de pirogues et plusieurs véhicules, a indiqué mardi la police gambienne dans un communiqué.
Cinquante personnes ont été interpellées, dont 22 ont été inculpées notamment d'incendie criminel, de destruction de biens ou encore d'association de malfaiteurs.Quelque 250 personnes, principalement des Sénégalais, ont été emmenées dans une localité voisine pour éviter de subir d'autres violences, selon la même source.Ces familles "ont quitté leurs domiciles le 15 mars, nous comptons les y ramener vendredi", a déclaré dans le quotidien sénégalais L'Observateur l'ambassadeur du Sénégal, Bassirou Sène. "La tension est en train de baisser. Les familles sénégalaises et gambiennes ont toujours vécu en paix", a-t-il ajouté.
La Gambie, ancienne colonie britannique d'Afrique de l'Ouest, est enclavée dans le Sénégal, à l'exception d'une étroite façade atlantique prisée des touristes. Le départ en exil de l'ex-président gambien Yahya Jammeh le 21 janvier 2017 a été suivi d'un réchauffement des relations entre les deux pays, matérialisé deux ans plus tard, jour pour jour, par l'inauguration du "pont de la Sénégambie", attendu depuis des décennies.
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NOS VIES EN AFRIQUE SERVENT D'ENGRAIS AU MONDE DES PILLARDS
L'écrivaine sénégalaise Fatou Diome présente son nouveau livre : "De quoi aimer vivre" dans lequel elle tâcle les dirigeants complices de la mal gouvernance sur le continent africain
L'écrivaine sénégalaise Fatou Diome présente son nouveau livre : "De quoi aimer vivre" dans lequel elle tâcle les dirigeants complices de la mal gouvernance sur le continent africain.
Par Cheikh Hadjibou SOUMARé
LA COLÈRE DE L'ESPÉRANCE
Pourquoi tant de résistances à l’union ? Pourquoi cette absence de dialogue sincère avec la jeunesse ? Comment est-on passé de l’audace intellectuelle de nos devanciers, pour poser les vrais problèmes de l’Afrique séance tenante, à notre retenue ?
Ce 21 mars 2021 a été un grand jour, jour de fête pour un Centenaire mais quel Centenaire ? Centenaire témoin et contradicteur pour la libération de l'homme des tentacules de l'horreur sur le chemin de l'objectif de purification d'une race; Centenaire témoin et contradicteur pour faire échec à la perpétuation de ce besoin d'asservissement d'une race par des hommes, par ces mêmes qui hier combattaient l'injustice raciale ;
Centenaire témoin et acteur à côté de tant d’autres patriotes Africains : de la libération d’une race , la race noire ; de la libération de la mémoire de tout un peuple , le peuple noir; de la reconnaissance forcée de l’existence du Nègre en tant qu’homme tout court , avec ses forces et faiblesses dans un monde des différences, dont celle de l’homme noir; centenaire témoin de la lutte pour la libération de la parole de ce Nègre dont Présence Africaine.
Notre Centenaire a voulu aussi, très certainement, par la didactique du NOMIC quelles que soient les critiques fondées ou non, définitivement gommer le fossé entre une pensée unique celle du nord pour l’universalité de la connaissance, du savoir, par une information juste et vraie, à la portée de tous, toujours dans la beauté de la différence du noir et du blanc et la reconnaissance de l’homme tout court comme entité universelle, la race et la couleur importent peu. Tout au long de ce combat de patriotes Africains pour l’universel, le Sénégal n’était pas en reste par ses intellectuels.
Du Nègre de Senghor pour honorer à sa façon, tous ces Nègres tombés au champ d’honneur, à celui de Cheikh Anta Diop qui par son courage et son savoir, le savoir nègre et par la science, perçue en son temps comme celle des blancs , à côté d’autres fils non moins valeureux du continent, a su démontrer le non sens de toutes ces thèses de rejet du réel.
L’Afrique aura réussi à peser sur les transformations, mêmes insuffisantes des mentalités, qui ont conduit à une autre perception et à la reconnaissance de l’Africain comme partie de l’humanité du monde. Notre centenaire témoin de toute cette période cruelle de l’existence de l’homme, qui a participé à tous ces combats à coté d’autres patriotes Africains, d’autres Sénégalais, a connu et gouté aux délices de la victoire sans fausse modestie, du bien sur le mal. La fraternité entre les peuples a fini d’ébranler la citadelle du déni de l’universalité de l’homme dans la différence qui fait sa beauté.
C’est à cette fête de l’homme que j’avais voulu poser des questions. Je m’en voudrais de ne pas le faire, car contraint par le temps m’a t on dit, à ce rendez-vous du donner et du recevoir, avec l’impatience de l’intellectuel qui me titille et l’acuité des problèmes qui assaillent l’Afrique, j’ai fait le choix de la voie épistolaire, pour couvrir le ban.
Comment est-on passé de l’audace intellectuelle de nos devanciers, pour poser les vrais problèmes de l’Afrique séance tenante, à notre retenue et non frilosité pour être élégant dans mes propos, quand il s’agit de profiter de toute occasion non pour appeler à la haine et au rejet de l’autre, mais pour appeler à la critique objective de notre vécu, pour qu’ensemble nous puissions trouver les esquisses de solutions consensuelles , dans la préservation des intérêts bien compris des peuples ? On m’aurait dit que le débat est différé à des ateliers à venir au moment où, en direct le monde nous écoutait , nous entendait et nous attendait.
La problématique de notre continent, par l’expérience de mon vécu , tient à un paradigme dominant, celui de la convergence politique qui est le préalable sur le chemin du meilleur pour notre pays Afrique.
Pour tout le reste, les compétences de la politique économique poussés par la force de l’union , iront le chercher dans cette arène de la mondialisation et l’Afrique ne manque ni de compétences , ni de ressources encore moins de moyens pour mener et gagner encore cette bataille, sans prétention aucune. Ma question est...pourquoi tant de résistances à l’union, tant de réticences, tant d’interférence d’ailleurs pour que cela ne se fasse, pourquoi cette non acceptation du possible qui était le sens du combat d’hier de ces valeureux fils du continent dont entre autres, notre illustre savant Cheikh Anta Diop, notre président poète Léopold Sédar Senghor, chacun à sa manière, l’humilité nous commandant d’accepter nos différences de perception et de stratégie, l’objectif étant le même et je le pense sincèrement ?
Pourquoi ne pas sortir, en Afrique, de ce carcan de la conservation vaille que vaille du pouvoir, par tous les moyens, dont le plus vil reste la corruption de peuples fragilisés, très souvent, par une gouvernance personnelle et non une gouvernance par le peuple ? j’entends par gouvernance par le peuple la préservation de ses intérêts par leur élu du jour qui aurait compris et mérité de cette confiance ?
Pourquoi cette absence de dialogue sincère et honnête avec les bénéficiaires de demain de nos convergences politiques et économiques d’aujourd’hui, les jeunes. Les jeunes qui à travers l’intervention très responsable et d’une grande qualité intellectuelle de leurs représentants du jour, ont fini de faire le bon diagnostic des maux de l’Afrique et par ricochet des maux de notre pays le Sénégal ?
Pourquoi encore les balbutiements pour l’éclatement de la vérité enfin, sur la place de la femme dans cette Afrique de madame la présidente de Tanzannie, de madame la directrice générale de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), mesdames les recteurs de nos universités pour ne citer que celles-là. Mais comme je le disais, et c’est par là que je vais conclure m’adressant à la jeunesse, et aux gouvernants.
Aux jeunes, l’heure n’est pas à la haine, l’heure n’est pas au déchirement, l’heure n’est pas à la destruction pour reconstruire la même chose, l’heure est au pardon et à la présomption de bonne foi du gouvernant qui a accepté qu’il s’est trompé, qu’il a entendu le cri du coeur de cette jeunesse du Sénégal, de cette jeunesse de notre beau pays l’Afrique. Mais la vigilance commande, par le dialogue constructif et la non violence de réfléchir sur l’alternative, de l’alternance de l’alternance.
Aux gouvernants, l’heure est à la définition du modèle de société que nous voulons pour le Sénégal, en tenant compte de ce que nous sommes, de nos us et coutumes avec au besoin par la correction de certains, mais restons nous mêmes dans l’environnement implacable de la mondialisation.
La définition de manière consensuelle de notre modèle de société, aidés en cela par nos brillants universitaires de langue arabe, française, anglaise et vernaculaire (on peut bien y trouver des <> de la parole et détenteurs des clés de notre moi), est le préalable à la mise en place des instruments de guidage pour atteindre les objectifs fixés que sont les programmes et projets, qui doivent nous conduire à un Sénégal différent, à une autre Afrique. Le contraire, c’est à dire la juxtaposition de programmes et projets préalablement, fussent ils les meilleurs, ne pourra nous mener qu’à un éternel recommencement et à une incompréhension de plus en plus marquée entre pouvoir et peuple. Tout cela inspiré par la grâce, la beauté du port de ces femmes nous berçant au son du YELA, diffusé hier par une chaîne de télévision.
Que Dieu préserve l’Afrique.
Cheikh Hadjibou Soumaré est ancien Premier ministre du Sénégal, ancien président de la Commission de l'Uemoa.
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EMMANUEL MACRON VEUT REDÉFINIR LES FONDAMENTAUX DES RELATIONS ENTRE L'AFRIQUE ET LA FRANCE
En juillet 2021, lors du prochain sommet Afrique-France prévu à Montpellier, Emmanuel Macron dialoguera avec Achille Mbembe. Pourquoi un intellectuel farouchement indépendant comme Achille Mbembe accepte-t-il l'invitation du président français ?
C'est un partenariat qui va faire du bruit. En juillet 2021, lors du prochain sommet Afrique-France prévu à Montpellier, dans le sud de la France, Emmanuel Macron dialoguera avec Achille Mbembe. Depuis quatre ans, l'essayiste camerounais critique sans ménagement le président français. Mais dès avril, Achille Mbembe va accompagner une série de rencontres préalables au sommet. Et à la séance plénière du 9 juillet, il échangera avec Emmanuel Macron devant un panel de jeunes.
Pourquoi un intellectuel farouchement indépendant comme Achille Mbembe accepte-t-il l'invitation du chef de l'État français ? En ligne d'Afrique du Sud, le célèbre historien camerounais répond aux questions de Christophe Boisbouvier.
LES DIX PAYS LES PLUS LIBRES ET DÉMOCRATIQUES EN AFRIQUE
Le Sénégal, autre « vitrine » de la démocratie en Afrique, dévisse de sept points entre 2017 et 2020 et ne fait plus partie des pays « libres », au nombre de 9 seulement en Afrique
Deux classements de référence signalent le recul de la démocratie partout dans le monde en 2020. En Afrique, les 10 pays les plus démocratiques ne comprennent plus le Bénin, mais intègrent le Malawi.
« Une lutte sans leaders pour la démocratie », tel est le titre peu complaisant du dernier rapport annuel de Freedom House. Ce think tank américain et indépendant mesure l’évolution des libertés publiques et de la démocratie dans le monde. Son classement, publié le 11 mars, s’inquiète d’un déclin général en 2020 sur fond de Covid-19.
L’Afrique n’échappe pas à la tendance globale, avec très peu de champions en progrès, selon les paramètres de Freedom House. Le Cap-Vert fait exception, avec un score de 92 sur 100, meilleur que celui de la France (90). L’archipel lusophone est suivi par deux autres États insulaires : Maurice affiche le même résultat que la Grèce (87) et São Tomé-et-Principe (84) devance d’un point les États-Unis.
Viennent ensuite le Ghana (82), ex æquo avec la Pologne et l’Afrique du Sud (79), trois points de plus qu’Israël. La Namibie et les Seychelles (77) font mieux que le Brésil (74), tandis que le Botswana (72), le Sénégal et la Tunisie (71) figurent un cran au-dessus de la Hongrie (69) et de l’Inde (67).
Mali, Bénin et Sénégal en net recul
Le Mali voit sa note dégringoler de 11 points, passant de 44 sur 100 en 2019 à 33 en 2020, année d’un nouveau coup d’État à Bamako. Le Bénin accuse quant à lui aussi le plus net recul, de 14 points, avec un score tombé de 79 à 65 entre 2019 et 2020, ce qui lui vaut de disparaître des dix premières démocraties en Afrique et de perdre le label de « pays libre ».
par l'éditorialiste de seneplus, emmanuel desfourneaux
LE MAUVAIS ŒIL DE DAKAR
EXCLUSIF SENEPLUS - Le coup « anti-français » à Dakar est dur, il sape le moral de la France-Afrique. Que s’est-il bien passé depuis les lunes de miel entre Macky-Nicolas, et Macky-Emmanuel ?
Emmanuel Desfourneaux de SenePlus |
Publication 22/03/2021
Sa gestuelle et son marchepied ont fait la légende de Nicolas Sarkozy. « Mes amis, voilà le soleil de Dakar ! », s’écria-t-il, quelques minutes avant son discours décomplexé, à l’université de Cheikh Anta Diop. Ce 17 juillet 2007, Nicolas Sarkozy était au zénith-Austerlitz de sa gloire. Il connaissait un peu l’Afrique et ses sempiternels immigrés, du fait de ses précédentes fonctions de ministre de l’Intérieur. A cette occasion, il tissa des liens d’amitié très forts avec son homologue Macky Sall qu’il ne perdra jamais de vue, malgré sa disgrâce wadiste. C’est naturellement que Macky Sall accédait au pouvoir en 2012.
Sur fond de kora, Emmanuel Macron se déhanchait, dans un style Kennedy, sur une piste de danse présidentielle, clôturant avec allégresse la Conférence dakaroise de financement du Partenariat mondial pour l'éducation. Le président français, d’humeur insouciante et taquine, esquissa quelques pas malicieux pour se rapprocher de son hôte, Macky Sall. Ce dernier coupa court à toute discussion, s’éloigna de son invité prestigieux et virevolta avec son accompagnatrice. Le dessert (des tirailleurs), c’est aux français, mais la danse aux Sénégalais, ricanait-il en son for intérieur ! C’était onze ans après le discours de Sarkozy. La relation franco-sénégalaise brillait alors au firmament. Le prisonnier khalifa croupissait à Reubeus ; l’exilé Karim ruminait son protocole à Doha. La voie présidentielle de 2019 était grande ouverte à la satisfaction des deux danseurs d’un instant.
Dans la demeure de l’ancien gouverneur général de l’AOF, début mars de cette année : « Zzzzz », suivi d’un timide « Toc, toc, toc ». « Qui va-là ? » questionna le ronfleur d’une voix tonitruante. Aussitôt une réponse se fit entendre : « C’est Mahmouth Saleh ». « C’est quoi ce vacarme ? Enfin, mon TER, marron-beige, marche ? Ou est-ce une révolte de mes zombies-Covid ?». « Non sire, euh, président, c’est Sonko », objecta le chef de cabinet en chorégraphiant des courbettes sans pareil, au point de vous étourdir.
La France ne sait plus lire l’Afrique. N’est pas Champollion qui veut, malgré notre fabrique bordelaise (et autres) de pseudos africanistes ! La note confidentielle (discrétion à la Rainbow Warrior), intitulée « L’effet Pangolin », saluait la solidité des institutions sénégalaises, pour éviter la colère du peuple. Cependant, l’effet Pangolin a bien eu lieu au Sénégal ! Et en prime, le premier pays africain à être touché ! Le mutisme des autorités françaises en dit long sur leur torpeur.
Quel contraste entre le discours décontracté de président « d’jeunes » à Ouagadougou et l’ultimatum de Pau aux accents vieillots gaullistes, qui nous rappelle l’épisode des porteurs des pancartes (tu quittes ou tu ne quittes pas !) ! Quel contraste entre la cérémonie affectueuse de remise du sabre d’El Hadj Omar Tall et les récents saccages des entreprises françaises à Dakar ? Le coup « anti-français » à Dakar est dur, il sape le moral de la France-Afrique. Cela se passe dans le pays le plus fidèle d’Afrique de l’Ouest où Senghor avait choisi en 1962 la France, et la France avait choisi Senghor. Pour 2024, les choses se corsent comme un mauvais pudding ! La jurisprudence Ouattara avait laissé espérer un troisième mandat à Macky Sall. A la cellule africaine de l’Elysée, les cellules grises vont être mises à rude épreuve pour les futurs plans de bataille (Front républicain, émergence d’une nouvelle personnalité, dauphinat, pacte avec le « diable » Sonko…) !
Que s’est-il bien passé depuis les lunes de miel entre Macky-Nicolas, et Macky-Emmanuel ? Le mauvais œil ! Pourquoi pas, je suis sérieux. Nous sommes entrés dans une relation franco-sénégalaise où les malheurs se succéderont. Retenez bien ma prédiction ! Les présidents Sarkozy et Macron ont respectivement profané la mémoire de Cheikh Anta Diop et les droits de défense des deux K. Ils vont en payer un lourd tribut car, entre-temps, ils ont oublié, ignorant les us et coutumes du Sénégal, de se protéger contre le mauvais œil ! Tant pis, c’est trop tard pour eux. Nicolas Sarkozy erre de procès en procès, de condamnation en condamnation, de malchance en malchance. Quant à Emmanuel Macron, son hyper activité en direction de l’Afrique et sa nouvelle politique soft power n’y changeront rien. La jeunesse africaine « populaire » (pas celle de son Comité Présidentiel pour l’Afrique), qu’il avait ciblée, dans son rapport paternel, lui tourne le dos. La rue sénégalaise a parlé, elle a tranché.
« Le mauvais œil est vérité », selon la religion musulmane ; il faut éviter de le narguer par sa toute-puissance. Je vais vous partager une histoire sur Nicolas Sarkozy, concernant la morale et la politique. Cette semaine, s’est ouvert le procès Bygmalion, sur les comptes de la campagne de 2012 de Nicolas Sarkozy, alors opposé à François Hollande. Il est poursuivi pour financement illégal de campagne électorale. Il lui est reproché, entre autres, d’être derrière un système de fausses factures, pour ne pas dépasser le montant maximal des dépenses autorisées.
Je vous invite à remonter le temps : en 2007, au moment de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy, en plus d’être ministre de l’Intérieur, était aussi président du Conseil général des Hauts-de-Seine. Il refusa de prendre la présidence de la SEM Coopération 92 (qui revenait de droit au nouveau président). Cette société, créée par son prédécesseur Charles Pasqua, souffrait d’une mauvaise réputation de blanchiment d’argent en lien avec l’Afrique. En effet, ce continent aurait pu écorner l’image du candidat Sarkozy. Il ne fallait pas tendre, à sa concurrente Ségolène Royale, la native de Dakar, le bâton pour se faire battre.
Des anciens champions du monde avaient créé l’Institut de Diambars, une école de football au Sénégal. Ils sollicitaient Nicolas Sarkozy pour le financement de deux terrains synthétiques. Chargé d’instruire le dossier, j’ai rendu un avis négatif. Pourtant, pour la toute première fois, il ne fut pas suivi. Dans les couloirs de mon lieu de travail, la rumeur courrait que Nicolas Sarkozy souhaitait obtenir une photo, en page de couverture du quotidien L’équipe, des footballeurs français d’origine africaine avec lui. En pleine campagne présidentielle, quel trophée ! Même si la photo coûtait chère (200.000 à 300.000 euros, de mémoire).
La photo en question n’a jamais eu lieu, la subvention fût cependant versée, et injustifiée au regard des critères de la coopération décentralisée. Cette subvention a-t-elle été comptabilisée dans les dépenses de campagne du président Sarkozy au motif que celle-ci visait à influencer le vote des joueurs de l’équipe de France (anciens et nouveaux), eux-mêmes très influents, et celui du monde sportif en général (professionnels et amateurs) ? Cela en fait de potentiels électeurs ! Evidemment non !
La morale et la politique, c’est précisément ce que le mauvais œil regarde et juge. Macky Sall a manqué de morale, le mauvais œil du peuple l’a sanctionné. Les amis de Macky Sall, Nicolas et Emmanuel, ont manqué de morale à l’égard du Sénégal, le mauvais œil des jeunes les a bannis. De surcroît, Nicolas pensait refaire le coup des « 100 jours » de Napoléon 1er : la justice française a brisé ses rêves ! Qu’adviendra-t-il d’Emmanuel dans les prochains mois ? Le FMI, pour la France, a fait de sombres prédictions : à l’horizon, des émeutes post-covid-19 sont à envisager ! Le cercle des amis des présidents français ne sont pas non plus épargnés par le mauvais œil, à l’exemple de Vincent Bolloré et son plaider-coupable (rejeté par la justice française).
Et si c’était Macky Sall, la source de ce mauvais œil ? La scoumoune de la relation franco-sénégalaise ? Ne faudrait-il pas alors changer son fusil d’épaule pour attirer une nouvelle baraka dans cette relation historique ?
Ces derniers jours, Aliou Sall faisait la morale sur la destruction des biens publics faisant suite aux manifestations. Il oublie « Nos 400 000 FCFA » ! C’est alors que je comprends mieux les propos d’Albert Camus : « Nous sommes décidés à supprimer la politique pour la remplacer par la morale. C'est ce que nous appelons une révolution. »
edesfourneaux@seneplus.com
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LA MÉTHODE AMADOU MAHTAR MBOW
Ebrima Sall, directeur exécutif de Trust Africa évoque le personnage Amadou Mahtar Mbow, au micro de Baye Omar Guèye sur Sud Fm