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30 avril 2025
International
RIEN NE VA PLUS ENTRE MACKY SALL ET ALPHA CONDÉ
Fermée depuis cinq mois sur décision d’Alpha Condé, la frontière guinéo-sénégalaise, longue de 330 km, « le demeurera jusqu’à nouvel ordre », dit-on à Conakry, alors que celle avec la Sierra Leone a été rouverte le 18 février
Fermée depuis cinq mois sur décision d’Alpha Condé, la frontière guinéo-sénégalaise, longue de 330 km, « le demeurera jusqu’à nouvel ordre », dit-on à Conakry, alors que celle avec la Sierra Leone a été rouverte le 18 février, après la visite du président Julius Maada Bio chez son homologue guinéen.
La prolongation sine die de cette mesure très pénalisante pour le commerce entre les deux voisins est présentée dans l’entourage d’Alpha Condé comme relevant de la « sécurité nationale ». En cause, selon Conakry : la présence au Sénégal – où résident un à deux millions de Guinéens – d’activistes du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), que les autorités considèrent comme un « mouvement insurrectionnel », et en particulier de deux de ses dirigeants faisant l’objet de mandats d’arrêt émis par la justice guinéenne depuis les troubles qui ont précédé l’élection présidentielle du 18 octobre 2020 : Ibrahima Diallo (chargé des opérations) et Sekou Koundouno (responsable des stratégies).
Selon un document des renseignements généraux guinéens que JA a pu consulter, les militants du FNDC « se livrent à des déclarations et des actions dangereuses » depuis le territoire sénégalais et des tentatives d’introduction d’« armes de guerre » auraient été déjouées aux postes frontaliers.
Relations personnelles dégradées
Même si les autorités sénégalaises, qui reprochent à leurs homologues guinéennes de ne pas les avoir consultées, se sont toujours défendues de soutenir ou d’encourager des actions de déstabilisation de la Guinée, il est évident que les relations personnelles entre les présidents Alpha Condé et Macky Sall se sont progressivement dégradées depuis la mi-2020, l’hôte du Palais de Sekhoutoureya soupçonnant celui du Palais de la République de sympathies pour son principal adversaire, Cellou Dalein Diallo.
Le chef de l’État sénégalais s’est ainsi abstenu de féliciter son voisin après sa réélection et il a brillé par son absence à la cérémonie d’investiture d’Alpha Condé le 15 décembre, se contentant d’y dépêcher sa ministre des Affaires étrangères, alors qu’il était présent la veille à celle d’Alassane Ouattara.
RAMA YADE DEVIENT DIRECTRICE AFRIQUE DE L'ATLANTIC COUNCIL
L’ancienne secrétaire d’État française a été nommée nouvelle directrice Afrique de l’Atlantic Council. Le think tank américain mise sur Rama Yade pour « accroître sa visibilité et mieux développer le partenariat transatlantique»
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 01/04/2021
Elle avait quasiment disparu des radars. Rama Yade fait son grand retour à… Washington, où elle a été nommée, le 29 mars, directrice Afrique de l’influent think tank américain Atlantic Council. À 44 ans, l’ex-secrétaire d’État chargée des Droits de l’homme puis des Sports de Nicolas Sarkozy aura pour mission de promouvoir les relations entre les États-Unis et les pays du continent.
Rama Yade se dit « fière d’avoir l’opportunité d’agir au niveau mondial dans une période décisive pour le continent africain et ses partenaires américains et européens ». Le think tank, qui se targue d’avoir reçu en 2020 plus d’une douzaine de chefs d’État et de ministres du continent, mise quant à lui sur l’aura médiatique de l’ex-égérie de la Sarkozie « pour accroître sa visibilité et mieux développer le partenariat transatlantique ».
« Étroite collaboration avec les Africains »
Rama Yade – première femme d’origine subsaharienne à devenir membre d’un gouvernement français, en 2007 – s’était faite discrète en France depuis qu’elle avait échoué à réunir les parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle de 2017. Sans parti ni mandat électif ou même soutien majeur déclaré, elle disait vouloir incarner les oubliés de la démocratie, ceux qui n’ont pas le droit de revendiquer leur place dans un système qui favorise les mêmes profils, le même genre, les mêmes tranches d’âge, les mêmes origines…
LAURENT GBAGBO, L'OPPOSANT HISTORIQUE DEVENU PRÉSIDENT CONTROVERSÉ
Avant d'être le premier ex-président détenu par la CPI, l'ex-dirigeant ivoirien, né le 31 mai 1945, a eu une vie pleine de bruit et de fureur. Portrait
Ancien opposant populaire devenu président controversé de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, 75 ans, définitivement acquitté mercredi par la Cour pénale internationale (CPI) des accusations de crimes contre l'humanité, reste un personnage central dans son pays où ses partisans attendent désormais son retour avec impatience.
Absent de Côte d'Ivoire depuis une décennie, ce retour plusieurs fois annoncé et reporté devrait intervenir rapidement après la décision de la CPI: ce serait un signe fort de la volonté de réconciliation nationale affichée par son principal rival, le président Alassane Ouattara.
Ce retour devrait en outre contribuer à l'apaisement constaté lors des législatives du 6 mars auxquelles le parti créé par Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), a décidé de participer pour la première fois depuis dix ans.
Pour de nombreux observateurs, l'ancien président a pourtant précipité son pays dans le chaos par sa volonté de se maintenir au pouvoir malgré sa défaite face à Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010.Plus de 3.000 personnes sont mortes dans la crise postélectorale de décembre 2010-avril 2011.
Il fait toujours face en Côte d'Ivoire à une condamnation à 20 ans de prison pour le "braquage" de la Banque centrale des Etats d'Afrique de l'Ouest lors de la crise de 2010-2011.
"On ira jusqu'au bout", lançait crânement Laurent Gbagbo après sa première apparition en décembre 2011 devant la CPI, qui le jugeait pour son rôle dans ces violences.
A La Haye, l'ancien président entendait faire éclater sa "vérité".Pour lui, l'ex-puissance coloniale française a "fait le travail" et est derrière le "complot" qui a conduit à son arrestation le 11 avril 2011 par les forces de son rival, après deux semaines d'affrontements armés.
Avant d'être le premier ex-président détenu par la CPI, Laurent Koudou Gbagbo, né le 31 mai 1945, a eu une vie pleine de bruit et de fureur.
Tribun aimant à se poser en homme du peuple, historien de formation et d'abord activiste syndical, il a été l'opposant en chef au "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny, au pouvoir de 1960 à 1993 et longtemps premier relais de la France en Afrique.
- Nationalisme et religion -
Incorporé de force, emprisonné, il s'exile en France dans les années 1980, après avoir fondé clandestinement FPI, classé à gauche.
Membre de l'ethnie bété (ouest), il se lance ouvertement en politique en 1990, à l'avènement du multipartisme.
Son heure arrive le 26 octobre 2000 quand il accède à la présidence, dans des conditions de son propre aveu "calamiteuses", dans un pays en proie aux violences à l'issue d'un scrutin dont ont été exclus ses principaux rivaux, l'ex-chef de l'Etat Henri Konan Bédié, renversé fin 1999 par un coup d'Etat, et l'ex-Premier ministre Alassane Ouattara.
Il verra la main de Ouattara - malgré les démentis de l'intéressé - derrière la rébellion qui échoue à le renverser en septembre 2002 mais prend le contrôle du nord du pays, qui vivra des années coupé en deux.
Nationaliste farouche sous ses airs bonhomme et son large sourire, chantre d'une "seconde indépendance" vis-à-vis de la France, M. Gbagbo a su s'appuyer sur ses jeunes partisans, les "patriotes", qui enflammaient la rue à l'occasion et dont le chef, Charles Blé Goudé, égalemement poursuivi par la CPI pour crimes contre l'humanité a été définitivement acquitté en même temps que lui mercredi.
Signataire avec les rebelles nordistes d'un accord de paix en 2007, c'est finalement par ces combattants, alliés à Ouattara et aidés des bombardements français, qu'il sera capturé en avril 2011 et envoyé à La Haye en septembre de la même année.
En quatre mois de crise, le pays vient alors de frôler la guerre civile, à force d'exactions attribuées aux troupes pro-Gbagbo mais aussi au camp adverse.
D'abord prisonnier à Korhogo, dans la savane du nord ivoirien, puis à La Haye, Laurent Gbagbo fait face notamment par sa foi chrétienne évangélique, comme son épouse Simone avec qui il a eu deux filles.
L'ex-"dame de fer", réclamée par la CPI mais que la Côte d'Ivoire ne lui a pas livrée, a écopé de 20 ans de prison avant d'être amnistiée.
LES DERNIERS MOTS DE PAPE DIOUF À SA FEMME, QUI LANCE UNE FONDATION À SON NOM
L'ancien président de l’OM, s’est éteint il y a un an jour pour jour à Dakar du coronavirus. Emue, sa veuve témoigne de son attachement viscéral à Marseille et lance une fondation à son nom
Pape Diouf, ancien président de l’OM, s’est éteint il y a un an jour pour jour à Dakar du coronavirus. Emue, sa veuve témoigne de son attachement viscéral à Marseille et lance une fondation à son nom.
Un an déjà. Le 31 mars 2020, Pape Diouf disparaissait soudainement à Dakar, à l’âge de 68 ans, des suites du coronavirus. Malgré une tentative de rapatriement sanitaire en France par l’intermédiaire de Julien Fournier, notamment, l’ancien président de l’OM est décédé avant de pouvoir monter dans un avion médicalisé pour rejoindre un hôpital à Nice. Laissant un grand vide auprès des supporters de l’OM, club dont il a été un président respecté de 2005 à 2009. Mais aussi de ses proches comme sa femme, Oumy, qui témoigne dans La Provence.
Elle souligne son adoration pour Marseille où il a gardé une place à part dans les cœurs. La réciproque était vraie. "En tout humilité, je ne pense pas être à la hauteur pour restituer avec les mots exacts l’amour qu’il avait pour Marseille et pour l’OM, poursuit sa veuve. Il le vivait et le respirait, et nous avec. (…) Marseille était son monde et l’OM sa maison. Il continuera de porter haut le drapeau de l’oM là où il est, en bon ambassadeur qu’il est."
Pour la procureure Fatou Bensouda, qui avait fait appel , cette décision est une nouvelle défaite. Pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, c’est la fin d’une décennie de procédure
La chambre d’appel de la Cour pénale internationale a confirmé l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, prononcé en première instance le 15 janvier 2019. Cette décision ouvre la voie au retour de l’ancien président ivoirien dans son pays.
« La chambre d’appel rejette l’appel du procureur et confirme la décision de la chambre de première instance. » Au terme d’un long exposé au cours duquel il est revenu sur les différentes étapes de la procédure, le Nigérian Chile Eboe-Osuji, président de la chambre d’appel de la Cour pénale internationale et ancien président de la CPI, a confirmé ce mercredi 31 mars l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, prononcé en première instance le 15 janvier 2019.
Une heure avant, l’ancien président ivoirien avait fait son arrivée dans une CPI déserte en raison de la situation sanitaire. Devant le siège de la juridiction internationale, une vingtaine de ses partisans étaient quand même présents. En costume-cravate, portant des lunettes de soleil, Laurent Gbagbo, accompagné de son épouse Nady Bamba, se disait alors « confiant » quant à l’issue de la procédure. Et d’ajouter, sourire en coin en pénétrant dans le hall principal de la CPI : « C’est la première fois que je passe par ici et non par l’entrée des prisonniers ! »
Le bureau du procureur, qui dénonçait notamment des « vices de procédure », avait demandé à la chambre d’appel de revoir l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé en première instance et de conclure à un non-lieu.
ARRESTATION DE MILITAIRES APRÈS UNE TENTATIVE DE COUP D'ÉTAT AU NIGER
Des militaires ont été arrêtés après une "tentative de coup d'Etat" dans la nuit de mardi et mercredi et "la situation est sous contrôle", a appris l'AFP de source sécuritaire
"Il y a eu des arrestations parmi les quelques éléments de l'armée qui sont à l'origine de cette tentative de coup d'Etat.Ce groupe de militaires n'a pas pu s'approcher du palais présidentiel lorsque la Garde présidentielle a riposté", a indiqué cette source en affirmant que la situation était "sous contrôle".
Des riverains du quartier de la présidence à Niamey, ont raconté à l'AFP avoir été réveillés dans la nuit par des tirs à l'arme lourde et légère.
"Les tirs étaient intenses, il y avait des armes lourdes et des armes légères", a témoigné l'un d'eux.
Cette tentative de coup d'Etat est intervenue avant l'intronisation prévue vendredi à Niamey du nouveau président élu Mohamed Bazoum, très proche du chef de l'Etat sortant Mahamadou Issoufou.
Son rival, l'ex-président Mahamane Ousmane, conteste les résultats du scrutin et a revendiqué la victoire, appelant à "des manifestations pacifiques" dans tout le pays.
L'histoire du Niger, pays sahélien parmi les plus pauvres du monde en proie à de récentes attaques jihadistes particulièrement meurtrières, est jalonnée par les coups d'Etat.
Depuis l'indépendance de cette ex-colonie française en 1960, il y en a eu quatre: le premier en avril 1974 contre le président Diori Hamani, le dernier en février 2010 qui a renversé le président Mahamadou Tandja.
Le passage de relais entre Mahamafou Issoufou et Mohamed Bazoum est le premier entre deux présidents démocratiquement élus.
DIDIER RAOULT SÉJOURNE À DAKAR
Le médecin français a été reçu mardi par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr
Le médecin français Didier Raoult, en visite à Dakar, a été reçu mardi par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, a appris l’APS dans l’entourage de ce membre du gouvernement sénégalais.
Le professeur de médecine, spécialiste des maladies infectieuses, dirige l’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille. Il enseigne à la faculté des sciences médicales et paramédicales de Marseille.
Sa visite à Dakar se déroule dans le cadre de ses recherches sur l’émergence des variants du Covid-19, précise le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Il venu, pour sa visite de quelques jours, "échanger avec les chercheurs sénégalais sur la riposte contre la pandémie" de coronavirus.
Ses échanges avec les autorités sénégalaises portent "également sur le transfert de technologies en matière de recherche".
L’Institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille collabore, dans le domaine de la recherche sur le Covid-19, avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD), un organisme français représenté au Sénégal.
C’est également un partenaire de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF), dirigé par le professeur Souleymane Mboup et basé à Diamniadio, à l’est de Dakar.
Une audience du professeur Didier Raoult avec le président de la République, Macky Sall, est prévue au cours de son séjour à Dakar.
Le médecin français va donner une conférence de presse au siège de l’IRESSEF, mercredi, selon la même source.
Agé de 69 ans, né à Dakar, M. Raoult a connu une notoriété internationale en 2020, lorsque son équipe a proposé un traitement qu’il avait jugé satisfaisant contre le très meurtrier Covid-19.
Il s’agissait d’un traitement à base d’hydroxychloroquine et d’azithromycine, qui a suscité la controverse dans le monde de la recherche.
OUSMANE TOUNKARA CONDAMNÉ À UNE PEINE D’EXPULSION DES ÉTATS-UNIS
Accusé de terrorisme et arrêté le 15 mars dernier, Ousmane Tounkara a été jugé ce mardi, 30 mars 2021, aux États-Unis, suite à une plainte de l’État du Sénégal.
Le juge américain de l’ICE (Immigration and customs enforcement), chargé de l’immigration et des douanes, a décidé d’expulser l’activiste sénégalais, mais la défense peut faire appel avant son expulsion, selon des informations obtenues par Emedia.
Ses avocats ont jusqu’au 27 avril prochain pour faire appel et prouver que le mis en cause n’est pas un terroriste. Il revoit le juge le 11 mai pour une notification définitive.
Ousmane Tounkara avait été dans le viseur de l’Etat du Sénégal après ses appels sur les réseaux sociaux, à brûler les maisons d’autorités, lors des dernières manifestations. Il avait déjà été arrêté en 2015 pour des faits de vol de voiture de luxe.
Avant lui, Assane Diouf, dans des conditions similaires, avait été rapatrié au Sénégal où il a enchainé les déboires avec la justice.
UNE FRAPPE FRANÇAISE A TUÉ DIX-NEUF CIVILS AU MALI
Une enquête des Nations unies conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali le 3 janvier a tué 19 civils réunis pour un mariage, et non pas seulement des jihadistes, comme l'a soutenu Paris jusqu'alors
Une enquête des Nations unies conclut qu'une frappe aérienne conduite par l'armée française au Mali en janvier a tué 19 civils réunis pour un mariage, et non pas seulement des jihadistes, comme l'a soutenu Paris jusqu'alors, selon un rapport consulté par l'AFP.Au terme de l'enquête menée par la Division des droits de l'Homme de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), appuyée par la police scientifique des Nations unies, sur les évènements survenus le 3 janvier près de Bounti (centre), la Minusma "est en mesure de confirmer la tenue d'une célébration de mariage qui a rassemblé sur le lieu de la frappe une centaine de civils parmi lesquels se trouvaient cinq personnes armées, membres présumés de la Katiba Serma", assure le résumé du rapport, consulté par l'AFP.
La Katiba Serma est affiliée au Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM, ou JNIM en arabe), alliance jihadiste elle-même affiliée à Al-Qaïda.Au moins 22 personnes ont été tuées, dont trois des membres présumés de la Katiba Serma - 19 sur le coup, 3 au cours de leur évacuation, affirme le document.Le groupe touché "était très majoritairement composé de civils qui sont des personnes protégées contre les attaques au regard du droit international humanitaire", dit la Minusma.
La Minusma "recommande" aux autorités maliennes et françaises de diligenter "une enquête indépendante, crédible et transparente". Elle préconise d'examiner les processus préalables aux frappes, voire de les modifier. Elle recommande aussi aux Français et aux Maliens de chercher à établir les responsabilités et d'octroyer le cas échéant une réparation aux victimes et à leurs proches.
MACRON DONNE DES GAGES À L'AFRIQUE
Des responsabilités de la France au Rwanda à la restitution des biens pillés à l'époque coloniale, le président français multiplie les gages symboliques d'une volonté de normalisation avec l'Afrique, dont les contours restent toutefois très incertains
Le rapport d'historiens publié vendredi établissant des "responsabilités accablantes" de la France dans le génocide des Tutsi en 1994 a posé un nouveau jalon dans cette relation qui se veut plus égalitaire, moins paternaliste, loin de l'héritage colonial et des dérives de la "Françafrique".
"Au-delà du Rwanda, nous pensons que ce rapport aura aussi un impact sur l'ensemble de notre relation avec l'Afrique (..) C'est une brique supplémentaire dans ce travail de refondation", souligne-t-on à l'Elysée à l'approche du sommet Afrique-France en juillet.
Le chef de l'Etat a aussi amorcé un ambitieux travail mémoriel avec l'Algérie, à l'issue peut-être plus hypothétique face à un régime algérien qui assoie depuis 60 ans sa légitimité sur la guerre d'indépendance et le rapport de forces avec la France.
Emmanuel Macron espère se rendre au Rwanda et en Algérie d'ici la fin de son quinquennat, en mai 2022, pour concrétiser un peu plus ce renouveau initié par un discours enflammé à la jeunesse africaine à Ouagadougou en novembre 2017.
"La stratégie de politique mémorielle d'Emmanuel Macron est de tenter de passer l'ardoise magique sur la période coloniale et post-coloniale (..) Il essaye de renverser la table en choisissant deux symboles", le Rwanda et l'Algérie, résume à l'AFP Antoine Glaser, spécialiste de la "Françafrique".
- La France et les "autocrates" -
Autre acte fort de cette stratégie, 26 pièces provenant du "Trésor de Béhanzin" pillé au palais d'Abomey en 1892 pendant les guerres coloniales doivent être restituées au Bénin d'ici la fin de l'année.
Et la France doit officiellement sortir prochainement de la gestion du Franc CFA - qui deviendra l'eco -, un des derniers vestiges de la "Françafrique" en Afrique de l'Ouest.
Invoquant volontiers son âge - à 43 ans, il est né après la décolonisation -, Emmanuel Macron s'adresse avant tout à la jeunesse africaine.
Mais pour Antoine Glaser et Gilles Yabi, président du centre d'analyses WATHI, ce message laisse paradoxalement plus un arrière-goût de déjà vu qu'une impression réelle de renouveau.
"Les préoccupations des jeunes, c'est la difficulté de venir étudier ou travailler en France, c'est le plafond de verre auquel ils se heurtent dans l'Hexagone.C'est aussi le fait que Macron ne dit jamais un mot sur les autocrates africains, les Biya (Cameroun) ou Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) dont la France a besoin", relève Antoine Glaser.
- "Un acte courageux" -
"Le fait d'être d'une nouvelle génération, d'être un président jeune, ne change rien dans la continuité des relations historiques entre la France et les pays africains", renchérit Gilles Yabi.
"C'est comme si on demandait aux jeunes Africains de considérer que parce qu'on décrète qu'une page est tournée, elle l'est effectivement", poursuit le chercheur, basé à Dakar.
En agissant de la sorte, le président Macron donne le sentiment de vouloir à tout prix "maintenir l'influence de la France sur le continent" face aux nouveaux venus (Chine, Russie, Turquie), là où les jeunes Africains aspirent avant tout à plus "d'autonomie", dit-il.
Beaucoup saluent certes le rapport sur le Rwanda, après plus de 25 ans de non-dits et de dénis."Un acte courageux digne d'appréciation", a tweeté le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat.
"Un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France", s'est félicité le gouvernement rwandais, dans un contraste saisissant avec la douche froide reçue à Alger par le rapport de l'historien Benjamin Stora sur les questions mémorielles liées à la guerre d'Algérie.
Le chemin à parcourir reste toutefois tortueux si l'on en croit le dernier baromètre du Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) dans lequel les Etats-unis, l'Allemagne et le Canada caracolent en tête en termes d'image auprès des leaders d'opinion africains, loin devant la France (7e), qui se retrouve talonnée par la Turquie.
"L'érosion continue de l'image de la France souligne la difficulté à renouveler efficacement le récit de notre relation avec l'Afrique", y compris en termes de dynamisme économique, souligne Etienne Giros, président délégué du CIAN.