Les radios communautaires, et la presse en ligne en général foisonnent et sont devenues accessibles, presque, à tout le monde, d’où l’importance d’inviter les utilisateurs de ces média à une meilleure régularisation et professionnalisation. Parce que l’animation à la radio comme le journalisme sont des métiers nobles qui accepteraient difficilement le manque de professionnalisme, porte ouverte à tous les dangers.
De façon schématique, la radio diffuse des sons qui servent à divertir, à informer et à former. Divertir, informer et former supposent une préparation et une formation à la base, même si pour certaines personnes au talent inné, la durée de la formation peut être plus courte. Car il s’agira tout simplement d’éveiller et de canaliser en elles le don naturel de communicateur.
Cependant, il y a deux façons de maitriser les sciences de l’information et de la communication: la formation à l’école et ou la pratique du métier, qui va de la collecte à la diffusion, en passant par le traitement de l’information.
Aujourd’hui, avec les technologies de l’information et la révolution cybernétique, presque tout le monde peut avoir le privilège de disposer d’une radio ou d’une télévision en ligne et de diffuser du son et des images. C’est ce phénomène qui explique la prolifération des radios en ligne à caractère villageois, communautaire et national. Leur résonnance est accentuée par les réseaux sociaux qui ont un effet multiplicateur des récepteurs, c’est-à-dire des personnes ciblées. En un mot, tout le monde a la possibilité de se créer une audience et d’émettre des messages qu’il veut. En soi, c’est une bonne chose car cela permet de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas et de briser le silence qui entoure certains crimes, certaines conspirations et certaines pratiques sociétales néfastes pour les êtres humains. Dans certains cas, la radio en ligne a favorablement participé à la formation d’une conscience citoyenne.
Par ailleurs, autant les radios et télévisions classiques avaient et continuent d’avoir besoin d’être professionnelles, régularisées et normées, autant la presse en ligne doit être plus que jamais professionnalisée. Autrement, elle restera la porte ouverte à tous les dangers : elle peut être manipulée à des fins bassement humaines. Pire, dans certains cas, des personnes malintentionnées utilisent ces outils de communication pour régler des comptes personnels.
Aujourd’hui, on ne peut pas aller à contre-courant de l’histoire, les technologies de l’information et leurs corollaires de radios et presse en ligne font partie de notre quotidien. D’où la nécessité d’initier et de former ceux qui ont choisi de faire de la radio en ligne, à l’éthique et à la déontologie qui régissent le noble métier d’informer juste et vrai. Cette formation ou initiation permet au moins de savoir et comprendre que le rôle d’un médium n’est pas seulement de diffuser des sons mais surtout de préparer des contenus qui obéissent aux normes professionnelles et d’éthique.
PAR FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA
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LE DÉCRYPTAGE DE MADIOR FALL
Politiques constitutionnelles - Bonne gouvernance - Enjeux de l'option du mandat unique - L'obsession de réduction de la durée des mandats électifs…
FRÉDÉRIC ATAYODI ET FODÉ MANGA |
Publication 03/08/2016
En marge de la soutenance de thèse de son étudiant Cheikh Diallo, nouveau docteur, SenePlus.Com a interrogé le Pr. Ismaïla Madior Fall, constitutionnaliste et ministre-conseiller juridique du président Macky Sall.
Au menu : l'apport scientifique de la thèse de son étudiant, les acquis de la démocratie, les mandats présidentiels et l'avenir de la démocratie en Afrique, la propension des Africains à s'accrocher à la réduction des mandats électifs.
‘’Un fonctionnaire a-t-il le droit de faire de la politique ?‘’ Telle que posée par le journaliste de Rfm, dans un dossier diffusé le 27 juillet 2016, la question n’est pas loin de celles dites ‘’inductives’’ ; inductives parce que ‘’incitant’’ l’interviewé(e) à répondre dans un sens souhaité ou suggéré par le journaliste. C’est pourquoi d’ailleurs ce type de questions est de celles qu’on déconseille à un journaliste de poser.
Le fonctionnaire a-t-il le droit de faire de la politique ? L’interrogation renvoyait à Ousmane Sonko, inspecteur des Impôts et Domaines et leader de parti politique, salué partout (ou presque) pour son courage citoyen. Il n’est pas exagéré de le surnommer le Snowden sénégalais (du nom d’Edward Snowden, cet ancien agent de l’espionnage américain qui a dévoilé sur un site internet des courriers diplomatiques confidentiels échangés entre la diplomatie américaine et ses homologues du monde entier).
Bien sûr qu’un fonctionnaire a le droit de faire de la politique, c’est une vérité de Lapalisse, un truisme. A notre avis, la question devait être ou aurait dû ou pu être : ‘’Un fonctionnaire faisant de la politique a-t-il le droit (le peut-il moralement) d’utiliser les informations qu’il détient de par ses fonctions à des fins politiques, au profit exclusif du parti qu’il a créé et dirige ou pour se peaufiner une image de justicier ?’’ . Voilà, il me semble, la question.
Si tant est qu’il était soucieux d’un objectif citoyen plutôt que de son héroïsme personnel, l’inspecteur Ousmane Sonko aurait pu communiquer ses informations à un ou à des journalistes et rester dans l’anonymat, peut-être frustrante, mais capable de porter des résultats aussi efficaces que si l’informateur avait agi à visage découvert…
L’identité de Gorge profonde, Mark Felt, le fonctionnaire américain par qui a éclaté le scandale du Watergate ayant entraîné à la démission du président d’alors des Etats-Unis, Richard Nixon, n’a été connue que trente-trois ans après l’éclatement de l’affaire en 1972 ! ‘’Les seules personnes connaissant l'identité du whistleblower sont les deux journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, et leur rédacteur en chef de l'époque, Benjamin Bradlee.
La véritable identité de Gorge profonde est finalement révélée par le magazine américain Vanity Fair du 31 mai 2005’’, écrit l’encyclopédie en-lignewww.wikipedia.org.
Mark Felt, ainsi qu’il l’avouera plus tard, avait agi par aversion (dépit de ne pas avoir été nommé à la tête du Fbi) pour le pouvoir de Nixon, et Sonko est à son image vis-à-vis du régime de l’Alliance pour la République (Apr). Mais la différence entre les deux est que l’Américain a su faire confiance à des journalistes alors que le Sénégalais s’est lui-même mis en avant, à découvert, obtenant notoriété pour lui et son parti. Faire le buzz n’a pas été la préoccupation de Gorge profonde.
Un journaliste à qui Sonko se serait confié aurait vérifié, recoupé et donc livré à son public une information équilibrée parce que ne représentant qu’un seul son de cloche. En effet, certaines informations de Sonko ont été contestées. Le recours à un journaliste aurait évité cela.
Qui ne se rappelle encore l’excellent et teigneux travail d’investigation que fit, dans les années 90, le journaliste Ousseynou Guèye, actuel conseiller en communication de la Stratégie de croissance accélérée (Sca), dans le journal Wal Fadjri en révélant l’énorme scandale des « ‘’gros débiteurs’’ qui contribuèrent à mettre à genoux des banques nationales comme Usb, Bnds ? Ousseynou Guèye avait été orienté et informé par des sources qui ont fait le sacrifice de ne jamais apparaître à la une ni même être citées ne serait-ce qu’en allusion. Que Sonko ne pouvait-il faire pareil ?
Le journaliste a une éthique et une déontologie à l’égard de ses sources à qui il doit protection (même face au risque d’aller en prison) quand le juge le prévient que refuser de balancer ses sources est un entêtement éthique et déontologique qui peut valoir la prison au journaliste.
Madiambal Diagne, alors directeur de publication du journal le Quotidien, est bien placé pour le savoir lui qui, en 2003, a été jeté au cachot pour exactement la raison d’avoir refusé, avec conviction et courage, de dire au juge quelles étaient ses sources.
C’est pour toutes ces raisons que, en tant que journaliste, je refuse de joindre ma voix au chœur des applaudisseurs et zélateurs de Sonko. A mon avis, ce dernier a eu tort ; et d’autres avant lui. Bien des fonctionnaires ont fait et font encore de la politique, sans jamais mettre sur la place publique des informations qu’ils détiennent par leurs fonctions.
Avant d’applaudir Sonko, posons-nous la question de savoir ce que serait le pays et son Etat si, par exemple, des militaires du renseignement mettaient sur la place publique des informations sur la guerre en Casamance ou ailleurs. Et que dire encore de ce régisseur qui s’est cru inspiré et héroïque en ouvrant une page sur le réseau social Facebook pour raconter par le menu le séjour carcéral de Karim Wade.
En avoir contre un pouvoir politique ne doit pas conduire à défendre l’indéfendable (qui ne peut et ne doit être défendu). Ancien fonctionnaire national puis international, aujourd’hui opposant politique, Moussa Touré ‘’qui se fie à des sources relativement fiables (sic)’’ s’est mis, flamberge au vent, à défendre Sonko. Il a été tour à tour officier des douanes, ministre délégué au Budget, ministre des Finances et il y a fort à parier qu’il n’aurait jamais accepté qu’un inspecteur des douanes de l’époque de son passage au ministère se mît à faire des ‘’déballages à la Sonko’’.
Il est vrai que le leader du parti Pastef a fait un important travail citoyen, de lanceur d’alerte, mais avait-il besoin de s’exposer de la sorte ? Sans doute que s’il avait filé ses informations à un journaliste, la suspicion n’aurait pas entaché l’ébruitement politicien des affaires qui l’ont fait connaître du public et rendu célèbre.
L’intérêt national ne devrait-il pas primer sur le buzz et la notoriété d’un Ousmane Sonko ? Question. Bien sûr que je serais suspect de prêcher pour la chapelle de la presse… Tant mieux ! Ou tant pis !
Post-scriptum : Entre un Cheikhna Keïta et un Cheikhna Keïta, tous deux cousins germains, l’un officier de police à la retraite et l’autre ancien commissaire de police, tous deux très médiatiques, quel est celui qui prit part à une manifestation d’anciens policiers et interpellés par la police ? Des journaux ont pris la photo de l’un sans publier celle de l’autre.
PAR MADIAMBAL DIAGNE
LE DERNIER MÉCHANT "SULTAN"
Recep Tayyip Erdogan est un autocrate, un despote. Les médias l'affublaient du titre de "Sultan", en raison de son égocentrisme, de son narcissisme prononcé et surtout de sa volonté hégémonique pour reconstituer le grand empire ottoman
Le régime de Recep Tayyip Erdogan a installé dans la banlieue d'Istanbul, à côté d'un refuge pour chiens errants, une "hainler Mezarligi" ou "cimetière des traitres". Ce lieu reçoit les dépouilles des personnes tuées pour avoir participé à la tentative avortée de coup d'État du 12 juillet 2016. Les personnes enterrées n'ont pas droit à une pierre tombale, encore moins, ne sont dignes de recevoir une prière ou un quelconque rite ou service religieux. Aucun respect ne leur est consenti.
Bien au contraire, les pensionnaires de ce sinistre cimetière spécial sont jetés à la vindicte populaire. Ils sont traitres à la Nation et leurs dépouilles doivent être traitées comme celles de chiens galeux. Le cimetière n'est pas encore ouvert au public, mais on peut augurer que quand il le sera, tous les partisans du Président Erdogan pourront s'y rendre pour pisser ou cracher sur les tombes ou les lapider. Quel respect peut-on avoir pour un chef d'État qui traite ses adversaires de manière aussi abominable ?
Plus d'une fois, nous l'avons dénoncé dans ces colonnes. Recep Tayyip Erdogan est un autocrate, un despote. Les médias l'affublaient du titre de "Sultan", en raison de son égocentrisme, de son narcissisme prononcé et surtout de sa volonté hégémonique pour reconstituer le grand empire ottoman et d'être l'unique citoyen de la Turquie à rayonner ou à être reconnu à travers le monde.
Le Premier ministre Erdogan ne pouvait se contenter de ce statut d'avoir une quelconque autorité au-dessus de lui, et il initiera une réforme constitutionnelle pour changer le régime politique de son pays. Il a instauré, à son propre profit, un présidentialisme fort. La volonté de puissance de l'homme est sans limite et il s'échinera à écarter toutes les personnes qui pourront lui faire ombrage ou qui pourraient prétendre à un destin national.
Tayyip Erdogan ne peut ainsi souffrir de l'aura de l'imam Fethullah Gulen, qu'il a poussé à se réfugier en Pennsylvanie aux Usa. La grande renommée de "Ogefendi" lui est intolérable, surtout que partout où il va dans le monde, les interlocuteurs du Président Erdogan lui citent l'exemple de la belle réussite des écoles turques, initiées par le mouvement Hizmet, de son ennemi juré Fettullah Gulen et qui sont présentes dans plus de 117 pays. Il demande à tous ses homologues chefs d'État de fermer les écoles de Hizmet. Le Président Obama lui avait rétorqué que ce sont d'excellentes écoles où les élites américaines, dont son secrétaire d'État à la Défense, envoient étudier leurs enfants.
Au Sénégal, par exemple, encore une fois, les écoles de Hizmet ont produit les meilleurs résultats des écoles privées au Concours général. Seulement, certains chefs d'État comme Yaya Jammeh de la Gambie ou le Président somalien, qui emploient les mêmes méthodes que lui, ont obtempéré aux injonctions de Erdogan en fermant les écoles dans leurs pays, au grand dam des élèves et de leurs parents, qui recherchaient les meilleurs enseignements pour leurs progénitures. A Ankara, un de ses ministres m'avait jeté un regard courroucé, quand je lui avais indiqué que ces écoles sont les meilleurs ambassadeurs de la Turquie dans le monde.
L'attendrissant prédicateur musulman, Fethullah Gulen, connu pour ses enseignements œcuméniques et ses actions de promotion d'un islam de tolérance, de paix, d'ouverture et de dialogue entre les peuples et les religions du monde, a été un allié important de Tayyip Erdogan. Seulement, les autocrates ne partagent pas leur pouvoir ou ne souffrent pas d'avoir à leurs côtés un alter ego, disait quelqu'un. Le chef de l'État turc dirige son pays d'une main de fer. Nul ne peut cependant lui dénier le mérite d'avoir réussi à impulser ou à accélérer la cadence du développement économique de son pays.
La Turquie sous Erdogan a réalisé de gros progrès économiques et sociaux. Mais force est de dire, qu'à l'image de nombreux dictateurs illuminés comme Mouamar El Kadhafi, Saddam Hussein, Bel Ali, le Président turc est en train de détruire tout ce qu'il a construit de positif ou même, de pousser son pays dans le gouffre ou le chaos. Il fait un pied-de-nez au monde. Il fait un bras d'honneur à l'Union européenne et aux États-Unis, qui s'émeuvent de ses exactions. Le début du processus de la "banalité du mal", doit-on relever.
Aucun secteur de la vie turque n'est épargné. Les journalistes sont persécutés, les journaux, les radios, les télévisions et les maisons d'édition qui donnent la parole aux opposants sont fermés et confisqués au profit des partisans du régime. Certains médias ont été sanctionnés simplement parce qu'ils ont été prudents pour ne pas se prononcer, à la va-vite, sur un putsch intervenu dans des circonstances obscures, qui peuvent rendre sceptiques les personnes les plus crédules.
De toute façon, tout individu qui a eu à émettre la moindre critique ou la moindre désapprobation de l'action du Président Erdogan se trouve désormais dans la ligne de mire de la purge systématique qui a cours en Turquie. Les hommes d'affaires, les commerçants, les enseignants, les industriels, les policiers, les juges, les procureurs, les officiers et militaires de rang, les élèves des académies militaires, les avocats, les journalistes et même les hôtesses, les "stewards" et les pilotes de la compagnie Turkish Airlines, sont radiés, persécutés, emprisonnés et bannis par le régime.
C'est à croire que des centaines de milliers de personnes, provenant de tous les secteurs de la société turque, avaient participé à l'organisation, la planification et l'exécution du projet de coup d'État contre Erdogan ! Si c'est le cas, le Président Erdogan devait être le seul à n'avoir pas été mis au parfum du putsch qui se préparait contre lui. Pourtant, au moment du putsch, comme par hasard, il avait pris soin de ne pas se trouver dans ses bureaux ou dans aucun de ses palais. Il était dans les airs, à bord de son avion présidentiel, escorté par des avions F16 de l'Armée turque.
Tayyip Erdogan continuera d'être implacable contre les auteurs de la tentative de putsch intervenue de façon aussi "opportune" (!) pour son régime. Qu'ils sont des amateurs, ces auteurs du putsch ! Et dire qu'ils compteraient parmi eux plus de 145 généraux de l'Armée, comme voudrait nous le faire croire la propagande du régime de Erdogan. Un tel putsch a été anéanti en quelques petites heures et des milliers de putschistes arrêtés au pas de charge, comme si les listes étaient déjà prêtes !
Ces drôles de putschistes ont eu l'outrecuidance d'invoquer dans leur manifeste, des idées d'une autre illustre personnalité turque, Moustapha Kemal Ata Turc, le père de la Turquie moderne. Erdogan ne voudrait faire de concession aux kémalistes et il est à s'attendre à ce que le portrait de Ata Turc soit bientôt retiré de tous les lieux officiels pour faire place nette à celui de Erdogan. L'homme constitue un cas pathologique.
Pourquoi les États-Unis accueillent-ils Fethullah Gulen, sa tête de turc (sans aucun jeu de mot), alors que lui Erdogan est en quête vaine de reconnaissance outre Atlantique ? Il espérait saisir l'opportunité des obsèques du champion du monde de boxe, Muhammad Ali, pour s'imposer à l'Amérique et au monde musulman. Ses déconvenues lors de cette cérémonie du 10 juin 2016 l'auront encore rendu plus furieux. Erdogan avait voulu tenir la vedette à cette occasion mais la famille du défunt champion du monde lui avait refusé tout privilège ou honneur particulier, et en réaction, il finira par bouder la suite de la cérémonie mortuaire.
Le régime de Erdogan est connu pour ses pratiques, au grand jour, de la corruption et de toutes les formes de concussion. Il avait été accablé pour ses liens avec Daesh, notamment dans les transactions liées au pétrole pompé des zones occupées en Syrie et en Irak par l'organisation terroriste internationale. Le régime de Erdogan n'avait pu s'en sortir qu'en agitant le spectre de jeter des hordes de millions de réfugiés sur les frontières européennes.
Ce chantage a été payant. Erdogan avait insinué des accusations contre les Américains et l'Otan, d'être derrière le putsch ; comme pour user de la stratégie des propagandistes, qui voudrait que l'ennemi envahisseur vienne toujours de l'extérieur ! La manœuvre était trop risquée et il se ravisa très vite, d'autant que Vladimir Poutine et la Russie n'ont pas encore fini de solder tous leurs comptes avec le régime de Erdogan. Fethullah Gulen demeure le bouc émissaire idéal, responsable de tous les malheurs de la Turquie.
Erdogan compte épurer son pays de tous les amis et fidèles de Fethullah Gulen, au mépris de toutes les lois et des droits les plus élémentaires de la personne humaine. Il fait confisquer les patrimoines personnels de ses adversaires politiques au profit de ses proches. Seul le régime hitlérien avait agi de la sorte à l'égard des juifs ! Les citoyens turcs, amis ou sympathisants de Gulen qui se trouvent à l'étranger, voient leurs passeports annulés.
Mais jusqu'à quand Erdogan pourra-t-il continuer de sévir ? L'histoire de l'humanité est remplie d'exemples du genre, dont la fin a toujours été dramatique et tragique. Aux amis turcs, on ne peut que leur dire, "la nuit est longue mais il fera jour". Nous devons témoigner de notre tristesse et de notre solidarité à nos confrères de Turquie.
Par Alpha Amadou SY,
MAMADOU ABLAYE N'DIAYE, AU NOM DE CETTE AVENTURE SI BIEN SINGULIERE ET D’UNE EXCEPTIONNELLE FECONDITE
Mai 1977, sans avoir, dans les annales de l’histoire du mouvement estudiantin la même épaisseur que mai 1968, n’en constitue pas moins un moment de mobilisation exceptionnel. Le boycott des cours était couplé avec des piquets de masse, véritables instances de mobilisation et d’apprentissage des méthodes de luttes. Au sortir de cette grève, la question de la réorganisation du mouvement estudiantin était à l’ordre du jour. Cet impératif, découlant des différentes lectures de l’expérience, sera exécuté dans une période d’effervescence idéologie sans précédent. Dans l’Université de Dakar, des cercles d’obédience de gauche essaimaient comme des champignons après la pluie ! Ceux qui ne se réclamaient ni de Marx, Lénine, Mao ou Trotski étaient pratiquent exclus, pour ne pas dire auto-exclus des instances de décision. Cette dynamique produisit ses propres leaders au nombre desquels Hachem, Ousiby Touré, Djibril Dia, Bamba Ndiaye, Babacar Fall, Hamidou Dia, Ousmane Senghor et El Hadji Pape Amadou Ndiaye.
Autre facteur ayant impacté sur notre compagnonnage, l’encadrement académique et pédagogique. Nous avons toujours manifesté notre fierté d’avoir été des produits de l’université de notre pays. Notre reconnaissance envers les Pr Alassane Ndaw, Dieydy Sy, Boubacar Ly, Abdoulaye Élimane Kane, Raymond-Aloyse Ndiaye, Mamoussé Diagne, Abdoulaye Bara Diop et Michel Lefebvre est demeurée une constante. Nous avons été façonnés par ces Maîtres qui savaient ce que enseigner signifie : c’est-à-dire, en plus de dispenser le savoir et de consolider l’esprit critique, mesurer à sa juste valeur l’immense responsabilité de se voir confier des jeunes d’une certaine manière contestataires jusqu’au bout des ongles.
C’est dans ce contexte que le fils du Baol, fortement imprégné de la culture du terroir, Mamadou Ablaye Ndiaye, rencontra l’enfant de Saint-Louis, ou plutôt de Pikine Angle Tall, densément ancré dans la culture Haal pular ! Certes nous étions tous deux des anciens du Lycée Charles De Gaulle, mais nous ne nous étions connus que sur les bancs de l’Université, lui né en 1953 à Bambey, et moi, en 1956 dans la vieille cité portuaire.
Nous avions très tôt réussi à circonscrire des plages de convergence : si la détermination des « camarades » à s’investir pour le triomphe du monde de notre rêve ne faisait pour nous l’ombre d’aucun doute, nous n’en pensions pas moins que de sérieux efforts devaient être fournis dans « le double axe de l’appropriation du marxisme et de la maîtrise des réalités socioéconomiques du continent », pour reprendre Amady Aly Dieng. Cette conviction nôtre était d’autant plus forte que, malgré notre divergence idéologique toujours réaffirmée avec Léopold Sédar Senghor, nous reconnaissions une certaine pertinence à sa critique même formulée sous le mode de la caricature : «parmi ceux qui se disent marxistes peu ont lu Marx et parmi ceux qui ont lu Marx peu sont ceux qui l’ont compris. »
Notre sentiment était qu’une sorte de paresse intellectuelle, conjuguée à une propension incroyable à une restitution mécanique des textes des classiques, sous toile de fond d’une tradition critique des plus larvées, hypothéquait nos chances « d’accéder au sommet lumineux du savoir ». Mais cette prise de conscience débouchait aussi sur une sérieuse réserve vis-à-vis de l’académisme et du carriérisme. L’un et l’autre recoupaient souvent sur leurs difficultés à saisir judicieusement les enjeux sous-jacents à l’intelligence positive des lois qui président à l’évolution de la nature et du monde des hommes.
A la faveur de notre cohabitation au pavillon E, Ndiaye et moi prîmes l’engagement de faire des études et de la recherche « «une affaire sérieuse » ! La lecture attentive de Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, de l’Anti-Dühring et du Capital, entre autres, contribuèrent à nous faire comprendre la portée de la théorie de la connaissance. La même attention présida à notre exploitation des travaux de Basil Davidson, Cheikh Anta Diop, Jean- Suret Canal, Jean -Pierre Vernant, Boubacar Barry, Abdoulaye Bara Diop, Paul Pélissier, Joseph Ki Zerbo et, évidemment, Amady Aly Dieng.
Cette précaution nous permit d’asseoir nos principes de base et, corrélativement, de nous mettre en perspective pour apporter notre modeste contribution à cet impératif que constitue le développement des sciences sociales au Sénégal et en Afrique. En résultait cette ligne directrice ainsi déclinée :
Contribuer à restituer à la philosophie ses attributs originels en renvoyant dos à dos l’européocentrisme et l’africanisme philosophique ;
Mettre l’accent sur la théorie de la connaissance comme matrice du mode de pensée philosophique ;
Tenir compte du fait que la philosophie, tout en renonçant à ses visées hégémonistes, n’en constitue pas moins un ordre du savoir suffisamment outillé pour soumettre avec bonheur tous les autres discours sous le regard oblique du soupçon ;
Articuler la volonté de vérité à la perspective de faire prévaloir dans le monde notre l’idéal de justice sociale, de liberté et de fraternité.
De cette complicité naquit Africanisme et Théorie du projet social dont la publication fut saluée par notre préfacier Amady Aly Dieng comme un évènement ! Si la rédaction de ce livre de 320 pages nous prit une dizaine d’années, il en fut autrement pour le second, Les conquêtes de la citoyenneté Essai politique sur l’Alternance survenue au Sénégal en mars 2000. La révélation du décalage entre son écriture – courant avril 2000 – et la date de sa publication effective en mars 2003, parut si irréaliste qu’un de nos brillants compatriotes nous en porta publiquement la contradiction. De ce débat naîtra le chapitre 10 de notre troisième ouvrage L’Afrique face au défi de la modernité. Ce texte, au titre particulièrement édifiant sur son envergure polémique : « Un texte et son prétexte : réponse à un critique des Conquêtes de la citoyenneté » sera d’abord publié dans Sud quotidien et Walfadjiri. Dans la même mouvance unitaire, nous proposions à nos lecteurs une réflexion philosophique sur les œuvres de l’artiste-peintre Kalidou Kassé. Cet ouvrage sera traduit en anglais par le Professeur Badara Sall de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Parallèlement à ces livres édités, notre complicité intellectuelle trouvait son prolongement dans la rédaction de plusieurs dossiers de presse consignant notre lecture des bien laborieuses expériences démocratiques en cours sur l’Afrique, notamment au Sénégal. Notre journal de prédilection était, en fait, ou plutôt, de fait, Sud quotidien. Notre régularité dans la production d’articles dans ce quotidien et la fidélité à ce journal nous avaient valu des fois d’être interpellés comme les « amis de Sud »- d’autant que, à la même période, j’animais à l’antenne Sud de Saint-Louis le Banquet.
Pour Ndiaye comme pour moi, c’était des moments de délectation tout à fait singuliers que de passer mettre la dernière main sur notre dossier à paraitre. Le siège du Groupe Sud Communication nous a été toujours ouvert. Mais au-delà des bureaux, c’étaient les visages et les cœurs et au-delà des visages et des cœurs, et plus que les visages et les cœurs, c’étaient bien les esprits ! Et aujourd’hui, je revois avec ferveur des noms et des figures défiler, secouant du coup ma mémoire ankylosée par l’émotion. Des noms, des figures, des esprits allant au-delà du comportement que requiert tout simplement le professionnalisme pour faire montre, à notre égard, d’une égale générosité : Babacar Touré, Abdoulaye Ndiaga Sylla, Saphie LY, Abdou Latif Coulibaly, Vieux Savané, Ndiaya Diop, Ben Moctar Diop, ou Sérigne Mour Diop, pour n’en citer que ceux-là !
Pr Marie Andrée, ma sœur et épouse, qui a suivi d’un regard des plus attentifs l’essentiel de mon cheminement avec Ndiaye, nous appelait affectueusement les jumeaux. Et elle ne savait si bien dire ! Nous écrivions en deux mains en une seule ! Nous nous reconnaissions mutuellement, et à nous deux seulement, à la fois, le droit, le devoir et la responsabilité de terminer sans risquer d’altérer, en quoi que ce soit notre pensée, un paragraphe voire tout simplement une phrase. Nos plus proches, y compris nos épouses, n’étaient en mesure de dire où commence la phrase de l’un et où se termine celle de l’autre. Du reste, c’était pour nous une non question. Cette complicité, qui frisait l’osmose, ne faisait l’objet d’aucun doute de la part de nos chers lecteurs qui ont souvent avoué n’avoir jamais décelé la moindre cassure dans la conduite de notre pensée qui signalerait un moment de passage de témoin, ou plutôt de plume.
Certes, nous n’étions pas allés aussi loin que ces deux éminents penseurs égyptiens, Bahgat El Nadi et Adel Rifaat, qui signaient sous le même pseudonyme, Mahmoud Hussein. Cependant, nos amis nous encourageaient à leur manière, en nous comparant, toute proportion gardée, à Marx et Engels ! Et Pr Mamoussé Diagne, dont l’éloignement spatial vis-à-vis du duo était inversement proportionnel à la fraternelle attention qu’il nous accordait, nous donnait constamment sa bénédiction en faisant observer que nous avions réussi là où butait l’opposition sénégalaise : triompher des egos, pour faire une œuvre qui fait date ! (C’était, il est vrai, bien avant la victoire du FAL en 2000)
Au demeurant, ce duo nôtre n’avait pas en lui tout seul toute sa vérité. Il a bénéficié d’une sorte d’encadrement rapproché de la part d’hommes et de femmes suffisamment conscients des enjeux de notre engagement et des séries de privations qui vont avec pour nous apporter leur soutien multiforme à notre aventure. Au nombre de ceux-là, celui que nous appelions affectueusement Pa Dieng, Doyen Dieng ou tout simplement Grand Dieng. Avec sa proximité, c’était l’apprentissage d’une lourdeur stylistique à élaguer, d’une affirmation gratuite à supprimer et/ou d’une polémique à biffer au profit d’une argumentation soutenue.
Ses connaissances aux dimensions encyclopédiques avérées, son sens de la critique et son obsession de voir enfin émerger en Afrique de véritables sciences sociales auront contribué à nous armer non sans infléchir notre choix des objets de nos investigations. De ce cercle des amis faisait partie Babacar Touré, à l’époque à la tête du Groupe Sud Communication. En plus de ses conseils et suggestions des plus précieux et de son sens remarquable de l’écoute, son soutien n’avait jamais fait défaut surtout quand il s’agissait de résoudre une question d’ordre logistique que requiert la publication de nos thèses ou la promotion de nos livres.
Cette fraternelle assistance venait à point pour des chercheurs qui, dans la mesure où ils étaient « dans l’informel », ne bénéficiaient d’aucune subvention. Je me rappelle que, en ce moment où manipuler la souris restait encore un luxe, nous n’avions même pas suffisamment de papier. Or ce support restait des plus précieux pour assurer à la pensée la traçabilité que suppose sa lisibilité, une des conditions de son intelligibilité.
Mamadou Mbodj, Mariètou Ndiongue, Alfred Ndiaye, Mame Less Camara, Youssou Diop, Bakary Faye, Maître Abdoul Djalil Kane, Ibrahima Kane, Abdoulaye Badou Thiam, Sérigne Guèye, Marie Jo Bourdin, Mamadou Ly, affectueusement appelé Boy Ly, Ndiaye Thioro, Youssou Fall, sans citer tous mais sans non plus oublier personne, constitueront les maillons de cette chaîne de solidarité.
Last but not least, nos épouses feront preuve d’un sens extraordinaire de la grandeur et de la dignité, révélateur de leur intelligence de cette sorte de mission qui reposait sur les frêles épaules de leurs maris. Aussi avions-nous parfois procédé, presque avec leur complicité, « au détournement » du budget familial pour l’achat de livres, de journaux ou pour nos nombreux déplacements, compte non tenu des frais de téléphone.
Tout cela avait concouru à nous mettre, pour ainsi dire, à l’aise. Pour preuve, malgré les exigences de la recherche par essence possessive, en dépit de cette rigueur aux accents kantiens qui nous était souvent attribuée, nous connaissions la joie de vivre. Dans le cercle de nos amis et proches, nous vivions des moments sublimes de communion comme en témoignaient nos « sourires, nos rires, voire nos éclats de rires », pour reprendre une formulation des Conquêts de la citoyenneté.
Les péripéties de la vie, alimentées par certaines contradictions dont jusqu’ici la nature me parait des plus énigmatiques, viendront à bout d’un compagnonnage vieux de plus de trente hivernages. Nous en étions à attendre la préface d’un autre livre par notre ami Babacar Touré - qui devait être la seconde, après celle généreusement rédigée pour accompagner Les Conquêtes de la citoyenneté, Essai politique sur l’Alternance politique de mars 2000. Cet ouvrage, Presse et jeu politique au Sénégal, devait être publié par le pertinent poète camerounais et non moins éditeur, notre ami Paul Dakeyo. Traitant, entre autres, des séquences les plus significatives de la contribution des professionnels de l’information et de la communication dans les luttes citoyennes pour l’avènement de l’Etat de Droit, ce livre n’a jusqu’ici échappé à la critique rongeuse des souris que grâce au concours magique des technologies de l’information et de la communication !
Que retenir de cette aventure ? L’essentiel ! C’est-à-dire cette ligne directrice de laquelle résulte cette œuvre qui survivra aussi bien à la mort de Mamadou Ablaye Ndiaye qu’à la mienne. Du moins, je le souhaite au plus profond de moi-même.
Alpha Amadou SY,
Philosophe / Ecrivain
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, MOMAR SEYNI NDIAYE
LA POULE AUX ŒUFS D'OR
On peut estimer à environ 450 milliards ce que la SONATEL injecte dans notre économie, en termes d'impôts, d'emplois créés, d'effets induits pour les sous-traitants et autres fournisseurs
MOMAR SEYNI NDIAYE DE SENEPLUS |
Publication 31/07/2016
Après l'acquisition à 100%, de l'AIRTEL, filiale du Groupe hollandais, Bharti International et principal opérateur mobile en Sierra Leone, la Sonatel, avec son partenaire stratégique Orange, vient de franchir un nouveau pas dans sa stratégie d'implantation en Afrique de l'Ouest. Cette nouvelle conquête élargit de manière significative, les parts de marché de l'opérateur historique sénégalais.
Elle vient s'ajouter à celles du Mali (2001), de la Guinée (2007) et la Guinée-Bissau (2007), pour un cumulé de 20 millions d'abonnés. Avec une capitalisation boursière qui dépasse les 900 milliards de francs de FCFA, la Sonatel reste le premier groupe de téléphonie en Afrique de l'ouest et un des tout-premiers sur le continent, alors que certains pays comme la Côte d'Ivoire disposent d'un PIB deux fois supérieur à celui du Sénégal. Le marché sierra-léonais porte sur un bassin de 1,3 million d'abonnés.
Toutefois, il est important de le souligner, l'état sénégalais a joué un rôle déterminant dans l'extension internationale du réseau de la Sonatel dans ce pays anglophone. En effet, le Président Macky Sall s'est personnellement investi dans cette acquisition. Le chef de l'état a mis à profit la bonne qualité de ses relations avec son homologue sierra-léonais, Ernest Bai Koroma, pour appuyer de manière soutenue les efforts d'expansion de la Sonatel, sous la houlette du Directeur Général, M. Alioune Ndiaye.
Cette vitalité économique et commerciale avait été, du reste, soulignée par M. Amadou Bâ Ministre de l'économie, des finances et du Plan, lors du vote de la première loi de finance rectificative de l'année 2016. Parlant de la vente de la licence 4G et du renouvellement pour 17 ans de la concession de l'état à la Sonatel. M. Bâ s'était réjoui du rattrapage technologique opéré par l'entreprise nationale sénégalaise, dans laquelle, l'état sénégalais détient 26% des parts. La mise en service de la 4G est jugée par le Ministre de l'Economie comme "une bonne affaire."
De manière plus globale, la Sonatel rapporte gros à l'état et aux Sénégalais. On peut estimer à environ 450 milliards ce que l'opérateur injecte dans notre économie, en termes d'impôts, d'emplois créés, d'effets induits pour les sous-traitants et autres fournisseurs. Il ne fait aucun doute pour le ministre de l'économie et des finances que les 100 milliards de la Sonatel que l'état vient d'engranger viennent insuffler une grosse bouffée d'air dans notre économie en croissance, dans l'orbite de l'émergence.
Décisions incongrues
Ce soutien étatique appuyé, donne à la Sonatel des gages de confiance renouvelée à ce fleuron des entreprise au Sénégal et dans la sous-région. Cependant, cette performance et le crédit qu'accordent les autorités sénégalaises à la Sonatel, tranchent nettement d'avec des décisions que l'Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARTP) prend en son encontre, pour semble-t-il, non-conformité avec le décret.
L'analyse des arguments présentés par la Direction de la Sonatel et l'Amicale des cadres, il ressort clairement que l'opérateur s'est conformé, pour l'essentiel à l'esprit du décret. De toute évidence, il semble qu'il subsiste un dysfonctionnement dans le processus de communication et de relation institutionnelle entre l'autorité de régulation et la compagnie de téléphonie. Il est tout de même regrettable, que cette faille empeste la coopération qui devrait être la règle d'or entre les deux institutions. En tout état de cause, elles doivent contribuer au même objectif, assurer une bonne qualité de service aux consommateurs et un meilleur confort d'accès aux produits de communication.
Respecter les droits des consommateurs
Sans doute, aussi, les droits des consommateurs doivent-ils être sauvegardés au regard des opportunités essentielles qu'apportent les services de télécommunication, aux populations, aux entreprises et à l'économie numérique, en tant que levier de croissance et d'émergence à notre pays.
Ces postulats de base doivent imprégner de manière constante les relations contractuelles entre la Sonatel pourvoyeuse de services et l'ARTP, assurant les droits des consommateurs et la stricte observance des règles de concurrence entre les opérateurs. Il nous paraît dès lors, fondamental de rééquilibrer les relations entre, d'une part la Sonatel et l'ARTP, et d'autre part, celles entre l'opérateur et les associations de consommateurs. Ces exigences normatives constituent le socle de l'éthique professionnelle et de la profitabilité économique et sociale des services de téléphonique et d'économie numérique.
Le réajustement de la politique clientèle de la Sonatel, vers une plus grande socialisation paraît nécessaire. Mais d'un autre côté l'acharnement par la pénalisation non conforme et disproportionnée peut, dans l'immédiat, jeter son discrédit sur ses images internes et externes, ralentir l'activité de l'opérateur et obérer son développement international.
Il serait, en conséquence fatal à notre économie de fragiliser les entreprises les plus performantes, par des mesures de rétorsions d'une sévérité inouïe. Il s'avère nécessaire pour la Sonatel de réajuster sa démarche clientèle dans le sens d'une meilleure socialisation de l'économie numérique. Il est tout essentiel, pour l'ARTP, les associations de consommateurs et les partenaires sociaux de la Sonatel de ne pas tuer la poule aux œufs d'or.
Une approche chronique impliquant de façon holiste, l'opérateur, le régulateur et les associations de consommateurs éviterait l'horrible perspective d'un écroulement de l'opérateur au plan national, au moment même où, à l'international, il est accueilli à bras ouverts.
UNE NOUVELLE CAMPAGNE S'ANNONCE POUR HILLARY CLINTON
Depuis Philadelphie, le stratégiste et consultant politique René Lake fait le bilan de la convention des Démocrates américains au micro de Romain Lemaresquier sur RFI
La convention des Démocrates aux Etats-Unis vient de se terminer et c'est l'heure du bilan. Seneplus vous propose d'écouter l'analyse de René Lake, consultant politique. Il répond aux questions de l'envoyé spécial à Philadelphie de RFI, Romain Lemaresquier.
Dakar, 29 juil( APS) - Les Chambres africaines extraordinaires ont retenu le principe de la réparation, allouant 10 à 20 millions de francs Cfa par victime dans le cadre la procédure civile contre l’ancien président tchadien, Hissène Habré, a appris l’APS.
Les CAE statuant vendredi sur ce volet civil ont retenu le principe de la réparation, qu’il s’agisse des victimes de viol et d’esclavage sexuel, des victimes directes ou indirectes, selon un des avocats des victimes, Me Assane Dioma Ndiaye
La juridiction a alloué 20 millions à chaque victime de viol et d’esclavage sexuel, tandis que les rescapés, les détenus arbitraires, les prisonniers de guerre, le montant est 15 millions et pour les victimes indirectes, c’est-à-dire les victimes ayant perdu un mari, une épouse, un proche, 10 millions.
S’agissant de la réparation collective, la chambre n’a pas accédé à la demande de la partie civile, selon l’avocat.
’’Nous attendons la décision des juges pour savoir quelles motivations les a poussées à ne accéder aux réparations psychologiques comme les mémoriaux qui entrent dans le processus d’exorcisation de ces victimes’’, a t-il dit.
Pour Me Jacqueline Moudeina, avocate au barreau de Djamena et avocate principale de l’association des victimes du régime de Habré , ’’ce sont des personnes qui ont souffert pendant des années. Nous nous plions à cette décision mais nous allons discuter avec les victimes’’.
’’Ce n’est pas l’argent qui va réparer toutes les souffrances subies. Nous pensons qu’il y aura des garanties pour que les victimes puissent rentrer dans leurs fonds’’, a-t-elle ajouté.
Dans ce sillage, Me Ndiaye a soutenu qu’’’’il n’est pas exclu’’ qu’ils fassent appel pour ’’la réparation collective’’. ’’On ne peut pas se limiter qu’aux réparations pécuniaires’’, a t-il souligné.
L’ancien dictateur du Tchad, Hissein Habré a été condamné le 30 mai 2016 à la peine d’emprisonnement à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes autonome de torture, viol, traitement inhumain, esclavage forcé, exécution sommaire, entre autres, par les Chambres africaines extraordinaires (CAE) présidées par le juge Gberdao Gustave Kam.
Selon les CAES, M. Habré avait une "connaissance intime et étendue des crimes" commis durant son règne. Il était "membre de cette entreprise criminelle".
L’accusé a été reconnu coupable d’avoir commis à 4 reprises des crimes de viol.
Ce procès, ouvert le 20 juillet 2015 devant les CAE, a duré 56 jours, et vu défiler 93 témoins.Retour ligne manuel
Le procès ouvert le 20 juillet 2015 devant les CAE, le tribunal créé au sein des juridictions sénégalaises pour assurer le jugement de l’ancien chef d’Etat, a connu beaucoup de rebondissements.
Jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture, M. Habré a comparu de force devant les CAE, en refusant de répondre aux questions des juges et n’hésitant quelquefois pas à commettre des incidents d’audience.
Le tribunal spécial a auditionné des experts, des témoins et une personne citée à témoin par les avocats de la défense.
Hissein Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Ecarté du pouvoir par une rébellion dirigée par l’actuel président tchadien Idriss Déby Itno, il s’est réfugié au Sénégal.
Après une bataille judiciaire menée durant plusieurs années par desRetour ligne manuelplaignants et leurs avocats, l’ancien chef d’Etat est arrêté le 30 juin 2013, à son domicile, à Dakar.
Il est ensuite inculpé le 2 juillet 2013 par les CAE, une juridiction créée au Sénégal sous l’égide de l’Union africaine (UA) pour la tenue de son procès.
L'UNION SACRÉE DES DÉMOCRATES AMÉRICAINS
René Lake sur les ondes de RFI analyse les divisions au sein de la gauche : De nombreux électeurs risquent-ils de s’abstenir pour ne pas avoir à choisir entre Hillary Clinton et Donald Trump ?
Par l'envoyée spéciale de RFI à Philadelphie, Anne-Marie Capomaccio |
Publication 29/07/2016
La convention démocrate s'ouvre ce lundi 25 juillet à Philadelphie, en Pennsylvanie. Hillary Clinton en ressortira officiellement investie candidate à la présidence des Etats-Unis. Jamais une femme n'avait eu l'opportunité d'atteindre ce niveau dans la vie politique américaine.
La convention démocrate qui se tient à Philadelphie devait être celle de l'unité retrouvée après la primaire. Mais ce sera sans doute une unité de façade. En effet, des révélations signées WikiLeaks ont entraîné la démission de la présidente du Parti démocrate, Debbie Wasserman Schultz, juste avant l'ouverture de la grand-messe. Une série de courriels suggère que les ténors du parti ont eu la volonté de miner la campagne de Bernie Sanders au profit de celle d'Hillary Clinton.
Il n’y aura toutefois pas de psychodrame familial à Philadelphie. Car le 12 juillet dernier, Bernie Sanders a fini par officialiser son soutien à Hillary Clinton : « Madame Clinton a gagné les primaires démocrates ! Je la félicite et je suis fier d’être à ses côtés aujourd’hui », avait-il lancé. Une convention chaotique est ainsi évitée, en grande partie grâce à ce geste de Bernie Sanders, et à son discours sur un programme que la candidate Clinton avait retaillé quasiment sur mesure pour l’électorat du sénateur du Vermont.
« Bernie Sanders a annoncé que c’est la plateforme la plus progressiste de l’histoire du Parti démocrate. C’est ce qui explique du reste qu’il ait attendu aussi longtemps pour la soutenir, parce qu’ils étaient en négociation depuis plusieurs semaines. Il l’a dit clairement et son discours était, je pense, très, très bien structuré. Il a montré à ses supporters que sur toutes les grandes questions, au fond, il était en relatif accord avec Hillary Clinton et qu’ils avaient trouvé une plateforme, disons, consensuelle », analyse le consultant international René Lake, très impliqué dans cette campagne.
Certains irréductibles ne veulent pas choisir
La convention est unie, mais il reste des irréductibles comme le docteur Han, militant pro-Sanders de la première heure. Il ne votera pas pour Hillary Clinton : « Hillary Clinton a gagné des millions de dollars grâce au lobby et aux industries. Et nous espérons qu’elle soit responsable des lois qui les concernent ? C’est un conflit d’intérêts. La démocratie américaine a été achetée dans les règles, et elle est corrompue par l’argent », dénonce-t-il.
Un discours de rassemblement de Bernie Sanders est attendu ce 25 juillet. Mais la mission sera plus difficile que prévu car les délégués récalcitrants se sentent confortés par cette affaire de partialité du parti envers Hillary Clinton. Bernie Sanders aura donc besoin d’être particulièrement convainquant.
De nombreux électeurs risquent de s’abstenir pour ne pas avoir à choisir entre Hillary Clinton et Donald Trump, alors que la convention républicaine vient de se terminer et que la convention démocrate s’ouvre. Mat Louis, républicain anti-Trump, est désabusé : « La seule façon de gagner pour Hillary Clinton est d’affronter Trump. Et la seule chance de gagner pour Trump est d’affronter Hillary Clinton. Nous avons deux candidats antipathiques et sans charisme. La plupart des gens vont aller voter contre Hillary ou contre Trump, au lieu de voter pour Hillary ou Trump. »
Un face-à-face qui finira par mobiliser ?
René Lake travaille sur sa troisième campagne démocrate. Et il réfute tous ces arguments négatifs : « On a eu le même problème en 2008, pendant la campagne Obama-Clinton. Mais je peux vous assurer que quand le face-à-face Hillary Clinton-Donald Trump sera très apparent, parce qu’il y aura eu des débats et que l’on verra que c’est un choix entre deux types de politiques, entre deux types de futur pour l’Amérique, je crois que les choses vont se clarifier. J’ai énormément de mal à imaginer que 15 % des supporters de Bernie Sanders pourraient être hésitants dans deux ou trois mois. Je ne le pense pas. »
Le courant du « Tous contre Trump »
Les démocrates ont travaillé pour montrer un visage d’union sacrée. Toutes les tendances du parti seront représentées cette semaine, et notamment ce que l’on pourrait appeler le courant Elizabeth Warren, qui s’exprimera dès ce lundi soir. La sénatrice du Massachussetts a publiquement croisé le fer avec Donald Trump, et sa place d’honneur est bien le signal que cette convention démocrate a pour slogan « Tous contre Trump », dans la droite ligne de la présidence Obama par ailleurs. « Hillary Clinton s’est rendue compte très rapidement qu’elle ne peut gagner cette élection que si elle a la coalition Obama avec elle. La coalition Obama, en clair, c’est une coalition de minorités », explique René Lake.
Et d'ajouter, au sujet d'Hillary Clinton : « Au départ, elle pouvait penser – et certains analystes le pensaient, notamment chez les stratégistes démocrates – qu’avec simplement la sympathie de fait qu’elle pouvait avoir au niveau du vote féminin, ça pouvait suffire. Mais elle se rend compte que ça ne suffira pas. Il faut absolument le vote des autres minorités, les Latinos et les Noirs en particulier. A partir de ce moment-là, elle n’avait plus tellement d’autre choix que de devenir pratiquement le candidat d’un troisième mandat de Barack Obama. Et je pense que c’
Baba Touré est mort samedi, à 59 ans, d'avoir trop aimé la vie. Il a été enterré dimanche à Pikine en grande pompe pour avoir eu trop de talent dans les pieds. C'était dans les années 70-80-90, aux “Navétanes”, à l’EJ Fatick, à la Jeanne d’Arc de Dakar ou avec l'équipe nationale de football du Sénégal. Un temps où ‘’les ballons étaient plus lourds’’, une époque où la “Vieille Dame” portait beau...
Le Sénégal ne pleure pas seulement un footballeur, mais un rêve incarné. On se couchait avec lui, le dimanche soir, en mimant sa démarche ‘’obligée’’ de danseur en godasses et on allait à l’école le matin en imitant son légendaire ‘’baisser de short’’…Nos jambes de môme traçaient dans les airs les trajectoires insensées de ses contrôles magiques, de ses passes fantasmagoriques, de ses coups-francs ou corners directs stratosphériques… On se rêvait Baba… Elégant, Epatant, Enivrant.
La vie a ainsi dit Adieu à une étoile fuyante dont le souffle de son génie balle au pied a jadis porté les rêves de grandeur de tout un peuple. Par un regard, un mot, une larme ou une pensée, le “Sénégal du foot”, (jaraafmen) y compris, l’a célébré en icône posthume d’une réconciliation nationale autour de son talent ébouriffant.
Baba Touré n’était pas un JA-man, il était le football. Un iconoclaste envoyé du jeu, messie libre et libertaire, dont chaque geste était religion auprès des ouailles de la Jeanne d’Arc. Une fine fleur qui s’est fanée dans d’autres jardins que celui de Demba Diop, un enfant de la balle qui a brûlé sa virtuosité et sa jeunesse sur des terrains de trop d’excès...
Gaucher légendaire, champion du ‘’trash talking’’, génie des effets spéciaux qui donnaient des trajectoires improbables à ses passes, Baba Touré était doté sur le pré d’une célérité, d’une agilité jambière organique et d’un sens de l’impro tels que son football à lui n’existait dans aucun manuel du jeu.
Une singularité stylistique et quelques mignardises gestuelles qui portaient l’esquisse de l’esthétisme global d’un garçon qui était plus artiste que footballeur. Parce que son toucher était insensé, parce que son jeu était irréel…Parce que l’insaisissable garçon était fait d’un bois à nul autre pareil…
On a grandi baba de Baba…De ce Mozart en culotte courte… ‘’Maradona avant l’heure, Messi avant Messi’’, s’est prosterné en substance l’immense Roger Mendy, son légendaire comparse des belles années bleu-blanc. Plus Maradona que Messi, sans doute. Parce que lui aussi a construit sa légende en ovni révolté, déchaîné de toutes contingences et des convenances systémiques, éveillé de ‘’sa’’ seule logique, éclairé par la sublime brillance de son talent insolent.
Il avait en lui cette ‘’folie’’ de grandeur, cette petite musique qui ne résonne que dans le cerveau du ‘’mec à part’’, cette sorte d’autisme de l’artiste inclassable. Une liberté de ton, de jeu et d’acte qui a sans doute coûté une meilleure carrière à l’ancien chouchou d’Issa Mboup ‘’Gutenberg’’, mais qui lui a concédé un statut hors-normes, une place à lui tout seul dans la conscience collective du football sénégalais.
On a retrouvé ‘’Baba, l’Unique’’, bien des années plus tard après sa retraite de footballeur, le visage cramoisi, les yeux cachés derrière des paupières trop lourdes. Quand lui-même ouvrait un peu trop facilement le parapluie des maraboutages pour se protéger des jugements, des regards et de la violence d’une société qui lui pardonnait à peine d’avoir vidé son trop-plein de génie sur les terrains glauques de ses faiblesses personnelles et de sa fragilité assumée.
Et ils n’étaient pas nombreux, parmi ceux qui versent aujourd’hui de grosses larmes de crocodile sur sa tombe, qui lui ont concédé une seconde chance. Ou qui n’ont pas détourné le regard quand il s’est rapproché, à la quête d’une dernière perche à saisir (1). Mais Baba Touré était un footballeur debout. Il est resté un homme debout.
Dimanche, une foule silencieuse a mis sous terre un footballeur. Mais elle n’a pas enseveli son histoire, ni sa légende. Baba Touré est immortel !