Suite à la grave blessure de l’attaquant international sénégalais Demba Ba lors d’un match de son club chinois Shanghai Shenhua, le ministre des Sports Matar Bâ lui a adressé un message de soutien que nous vous livrons in extenso.
Cher Demba,
À la suite de votre blessure au tibia à l’occasion du match du championnat chinois opposant le Shanghai Shenhua au Shanghai SIpG, je voudrais, au nom de SeM Macky SALL, président de la république, et au nom de l’ensemble des membres du Gouvernement vous témoigner ma solidarité et ma compassion.
Soyez sûr que la communauté des sportifs du Sénégal, votre pays, se joint à l’immense élan de sympathie et de soutien suscité par cet incident pour vous exprimer son affection indéfectible tout en formulant des prières et des voeux ardents de prompt et parfait rétablissement.
En vous demandant, encore une fois, de faire preuve de courage pour traverser, avec hauteur et dignité, cette épreuve qui procède de la volonté divine, je vous renouvelle mon soutien et vous prie de croire, cher Demba, à l’assurance de mes sentiments sportifs les meilleurs.
PAR Mohamed Sall Sao
ET SI NOUS PARLIONS DES FONDS POLITIQUES ?
Que l'on se comprenne bien ! Il ne s'agit pas de questionner les principes de droit ou de finances publiques, voire la tradition ou la jurisprudence, mais bien la sociologie et la morale politiques
La nébuleuse affaire des 74 milliards du fameux "Protocole de Rebeuss" nous empoisonne l'existence depuis bientôt onze ans. Que ce "Protocole de Rebeuss" ait un lien avec les fonds politiques, les "Chantiers de Thiès", ou encore des fonds versés par une puissance pétrolière arabe, ou que le montant avancé soit différent de la réalité, ne nous intéresse pas outre mesure, pour autant que la justice de notre pays parvienne, un jour, à démêler l'écheveau, à en élucider les tenants et aboutissants et à situer les responsabilités éventuelles, en termes de détournement des deniers publics et/ou d'enrichissement illicite. A condition, bien sûr, que cela ne soit pas une opportunité de plus, pour des règlements de comptes politiciens !…
De notre point de vue, au-delà de l'absence de morale et d'éthique de certains de nos dirigeants, que peut révéler une telle affaire, les questions qu'il convient de se poser aujourd'hui à la lumière de ses différentes péripéties sont celles de savoir s'il est indiqué de maintenir en l'état, au bout de 56 ans d'avancées de notre processus démocratique, la notion et les principes actuels des fonds politiques.
Que l'on se comprenne bien ! Il ne s'agit pas de questionner les principes de droit ou de finances publiques, voire la tradition ou la jurisprudence, mais bien la sociologie et la morale politiques. Il s'agit de s'interroger, d'une part, sur le montant élevé de ces fonds politiques, au regard de la relative modicité de nos ressources budgétaires et, d'autre part, sur la transparence qui devrait prévaloir dans leurs modalités d'attribution et de gestion.
L'on nous dit que les fonds politiques sont des fonds dont la gestion et l'utilisation sont entre les mains du chef de l'État, qu'ils ne sont, ni traçables, ni justifiables et qu'ils servent à financer, ponctuellement, les besoins d'autorités coutumières, de chefs religieux, ainsi que de certaines franges des couches défavorisées de notre société.
S'il est donc vrai que ces fonds n'ont pas pour vocation de constituer un "butin" de guerre du parti au pouvoir, de s'attacher les services d'une clientèle politique, de promouvoir la transhumance d'anciens adversaires politiques, d'entretenir un clan, voire d'amadouer ou de corrompre des fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions, pourquoi le Président de la République ne pourrait-il pas communiquer sur l'utilisation de ces fonds politiques, dès lors qu'il serait sensé les avoir utilisés à bon escient, à travers des actions de solidarité véritable, au niveau national comme international ? Ne pourrait-on pas s'imaginer que ces fonds puissent comporter différentes rubriques, dont une seule aurait la nature de "fonds secrets" destinés à couvrir des opérations sensibles ou risquées pour la cohésion nationale, ou d'assistance sous régionale, ou encore de "secret-défense" ?
Au demeurant, les initiés et les personnes bien informées savent très bien que le chef de l'État dispose en sus, à travers la rubrique "dépenses communes" du ministère chargé des finances, d'un levier additionnel pour mobiliser des ressources en complément de ces fonds politiques.
Dans les grandes démocraties, où les hommes politiques -à quelques très rares exceptions près- ont une haute idée de leurs missions et de l'exemplarité devant caractériser leurs actions, il est impensable que les fonds politiques puissent être utilisés à d'autres fins que celles auxquelles ils sont destinés. Ne serait-il donc pas temps que nos hommes politiques se préoccupent d'adopter une posture morale basée sur une éthique de responsabilité, qui participe à l'évidence des conditions critiques du devenir de notre pays ? Sommes-nous condamnés à ne jamais disposer de dirigeants au leadership réel, respectant les biens publics et les principes et règles de la droiture ?
En France, l'on ne parle pas de "fonds politiques" mais de "fonds spéciaux", qui sont des crédits consacrés au seul financement d'actions liées à la sécurité extérieure et intérieure de l'État. Ils font néanmoins l'objet d'un contrôle, même si celui-ci est réalisé dans des conditions confidentielles, les missions de renseignement et opérations extérieures concernées ne pouvant être financées sur des crédits budgétaires "classiques" soumis aux règles de transparence.
Certes, au départ, un climat de suspicion les avait entourés, ces fonds spéciaux ayant été parfois détournés pour payer des compléments de salaires à des agents publics ou pour financer illégalement des partis politiques ou des campagnes électorales, mais, depuis une réforme intervenue en 2001, ces fonds sont réservés aux seuls services de sécurité.
Aux États-Unis, il n'y a pas à notre connaissance d'exemple comparable, toutes les dépenses décidées par la Maison-Blanche, fussent-elles destinées à des opérations "sensibles" ou "spéciales", doivent recevoir l'aval préalable, selon le cas, soit du Congrès, soit du Conseil National de Sécurité et, dès lors, le problème du contrôle a posteriori de l'utilisation des ressources en question ne se pose pas.
L'opportunité d'une réforme de la pratique et de la gestion des fonds politiques au Sénégal s'adresse donc, non pas aux seuls juristes et financiers, mais au législateur, entendez les citoyens dans leur totalité, à travers la représentation nationale. Elle doit être une préoccupation de la classe politique dans son ensemble, comme élément essentiel de la moralisation de la vie politique. Certes, de par la nature de ces fonds, la question de la reddition des comptes ne peut être ici que morale, les juridictions ne pouvant connaître de leur gestion.
Elle devrait cependant pouvoir être du ressort d'une haute instance morale, telle que la "Haute autorité de régulation de la démocratie" proposée par la CNRI, ou une "Commission de vérification des fonds politiques", à l'image de la Commission française de vérification des fonds spéciaux - ou encore une entité s'en rapprochant - et, au besoin, être sanctionnée par une réprobation, un désaveu pouvant remettre en cause une éventuelle réélection, à l'instar des maires dont les fautes de gestion, dûment constatées et publiées, n'en font pas pour autant des justiciables de la Cour de discipline budgétaire, du fait du risque encouru d'une sanction populaire lors de consultations ultérieures.
En acceptant, en bon républicain, de soumettre sa gestion de nos deniers publics à l'examen d'une telle entité indépendante, l'actuel Président de la République ne peut qu'en sortir grandi et voir sa légitimité renforcée. C'est pourquoi, à défaut d'une inscription de cette question des fonds politiques à l'agenda du dialogue national en cours, notamment au niveau de la commission s'occupant des affaires politiques et électorales, il nous semble particulièrement opportun d'engager, avec l'ensemble des forces vives de la Nation, un large et véritable débat national sur la question.
Comme l'ont déjà dit certains compatriotes, dont notre camarade Mody Niang dans un article paru dans la presse en janvier 2015 : "Nous devrions en repenser l'esprit et la philosophie, et discuter sérieusement de leurs montants comme de la manière dont ils sont gérés".
Mohamed Sall Sao
Expert international en gouvernance administrative et politique
Membre fondateur de la Plateforme "Avenir, Senegaal bi ñu bëgg"
PAR MODY NIANG
PAS DE RECULADE, SI RECULADE IL Y A
On n'entendra jamais en France, en Angleterre ou en Allemagne, encore moins dans les pays de l'Europe du Nord, que le Président de la République, le Chancelier ou le Premier Ministre fera de ce qu'il veut les fonds politiques, sans rendre compte
"Dans quel pays vivons-nous" ? C'est le titre de mon dernier texte publié par des sites de la place. Je me pose aujourd'hui la même question, après les rebondissements que nous avons connus le mardi 19 juillet 2016. La presse révèle ce jour-là que le Procureur de la République s'est autosaisi de l'Affaire dite du "Protocole de Rebeuss" et, que dans ce cadre, des personnes allaient être immédiatement entendues par la sûreté urbaine. La nouvelle est favorablement accueillie par les citoyens et, parfois même, avec enthousiasme.
Cependant, leur espoir sera de courte durée. Le temps d'une rose, une autre nouvelle infirme la première et fait état de "reculade", de "volte-face" de l'État. Les auditions annoncées sont renvoyées sine die. Les autorités gouvernementales et judiciaires restant muettes comme des carpes, personne ne peut s'aventurer à affirmer ou à infirmer l'une ou l'autre nouvelle. En tous les cas, si l'auto-saisine est enterrée quelques heures à peine après avoir été annoncée, il y a vraiment de quoi désespérer encore de notre pays, de notre justice en particulier.
En attendant d'en avoir le cœur net, certains arguments sont avancés ça et là, pour expliquer la "reculade" ou la "volte-face" de l'État. Des compatriotes, y compris des avocats bien connus, lient imprudemment le "Protocole de Rebeuss" aux fonds politiques du Président de la République. Or, poursuivent-ils, l'utilisation de ces fonds n'est soumise à aucun contrôle : ils sont laissés à la discrétion du Président de la République qui en dispose comme il veut, qui peut même les brûler si jamais l'envie lui venait.
Ce privilège exorbitant accordé au Président de la République est à la base de nombre de dérives, de dérives graves que nous connaissons du 1er avril 2000 à nos jours. Il convient donc d'envisager sérieusement de le remettre en cause, non pas en supprimant les fonds politiques, mais en en encadrant au moins l'utilisation. En attendant d'y revenir, je réfute formellement l'argument qui lie "l'accord financier" supposé entre Me Wade et Idrissa Seck, aux fonds politiques du premier. Cet "accord" porterait quand même sur 74 milliards de francs CFA. Si ce montant était avéré, il serait exclu qu'il fût constitué à partir des fonds politiques.
Rappelons quand même que ces fonds sont une allocation annuelle votée par l'Assemblée nationale, en faveur du Président de la République. Au moment où les Socialistes quittaient le pouvoir, ces fonds, qui s'appellent en réalité fonds spéciaux, se situaient officiellement autour de 680 millions de francs CFA ainsi répartis : fonds politiques, 500 millions ; fonds secrets, 80 millions ; fonds Solidarité africaine, 100 millions.
Avec l'avènement de Me Wade à la Magistrature suprême, le montant crève tous les plafonds, pour atteindre officiellement huit milliards annuels, au moment de son départ du pouvoir, le 25 mars 2012. Idrissa Seck, Ministre d'État Directeur de Cabinet du Président de la République a géré les fonds politiques d'avril 2000 à avril 2004, soit pendant quatre ans. Même si on suppose que le Président Wade lui confiait la garde de tous les fonds sans y avoir touché pendant quatre ans, cela ferait 32 milliards. Or, tout le monde sait, qu'avec l'appétit financier de Me Wade, les fonds qui lui étaient alloués ne lui suffisaient même pas pour se rincer les dents.
On me rétorquera sans doute que Me Wade ne se suffisait pas de ses maigres fonds par rapport à son appétit d'ogre en la matière. C'est vrai qu'il lui arrivait de verser dans les différents comptes où étaient logés les fonds politiques "des fonds diplomatiques et autres aides budgétaires qu' (il) ramenait de ses nombreux voyages". C'est la déclaration que fit Idrissa Seck devant les membres de la Commission d'Instruction de la Haute Cour de Justice interloqués.
Tout indique qu'il raison car, le Directeur général de la SGBS interrogé par la Commission d'Instruction reconnaîtra avoir consenti à la Présidence de la République un prêt de deux milliards, pour acheter des véhicules Peugeot 607 destinés à renouveler le Parc de la Présidence (ce Parc devait être vraiment bien fourni après). Le prêt sera soldé six mois après, grâce à des fonds koweitiens.
Interrogé le 11 novembre 2006 par la même Commission, M. Seck révélera qu'un chèque d'un million de dollars US (alors 720 millions de francs CFA) offert par le Koweït au Sénégal "avait été directement remis au Président de la République qui l'aurait fondu dans les ses fonds politiques", exactement dans les comptes hébergés par la CBAO. Un chèque de l'Arabie saoudite offert dans le cadre du "relookage" du CICES (qui devait abriter une rencontre du NEPAD) et de nombreux autres fonds diplomatiques ont certainement connu le même sort.
Tout cela fait évidement beaucoup de milliards qu'il faut distinguer des fonds politiques, allocations annuelles votées par l'Assemblée nationale pour le Président de la Républiques et hors de tout contrôle. Ces fonds-là ne sauraient constituer les fameux 74 milliards. Quant aux autres, c'étaient des fonds détournés de leur place naturelle qui était le Trésor, qui tombaient de temps à autre dans les différents comptes où étaient logés les fonds politiques. C'était de l'argent détourné carrément par le Président de la République et dont je doute qu'il en confiait la garde à M. Seck, jusqu'à concurrence de 74 milliards. Le fameux "butin" qui serait l'objet de "l'accord financier" entre l'ex-père et l'ex-fils est donc à chercher sûrement ailleurs. C'est ce à quoi devait s'employer la Justice sénégalaise, si elle était véritablement indépendante et vertueuse.
Selon une certaine presse, le Président de la République s'y serait opposé. Ce ne serait pas surprenant d'ailleurs, si on considère qu'il pourrait ne pas être tout à fait indemne dans une enquête indépendante et professionnelle qui ferait la lumière sur ces fameux 74 milliards et sur bien d'autres. Cette enquête aura-t-elle lieu ou sera-telle définitivement enterrée ? En tout cas, l'argument selon lequel cette enquête serait illégale parce que portant sur les fonds politiques ne tient pas la route. C'est peut-être aussi le lieu de s'interroger sérieusement sur ces deniers publics mis à la disposition du Président de la République qui en fait ce qu'il veut et qui ne sont soumis à aucun contrôle.
Au lendemain de son installation comme quatrième Président de la République du Sénégal, le sobre Macky Sall a carrément reconduit, grâce à un décret d'avance, les huit milliards de fonds politiques, les huit de l'année 2012 ayant été vidés par le Président Wade en trois mois (janvier, février, mars). Il semblerait, aujourd'hui, que les fonds politiques soient montés à dix milliards. Si l'information est avérée et il est fort probable qu'elle le soit, le Président Macky Sall aura grillé 70 milliards à la fin de son premier mandat.
Soixante-dix milliards pour entretenir une famille, un Parti, une Coalition, des chefs religieux et tous autres Sénégalais susceptibles de contribuer de façon significative à sa réélection en 2019 ! Combien de forages, d'écoles, de centres de santé, de routes, de brigades de gendarmerie et de commissariat de police dans les régions périphériques, etc., pourrait-on construire avec autant de milliards ? Certainement des milliers dont profiteraient des millions de nos compatriotes.
Parlant des fonds politiques lors de l'Emission Diine ak Jamono de jeudi dernier, le sulfureux colonel Cissé les comparait à du alali baïtimaar. En d'autres termes, à de l'argent jeté par la fenêtre, dépensé sans compter et sans discernement. Cet esprit des fonds politiques doit radicalement changer. On n'entendra jamais en France, en Angleterre ou en Allemagne, encore moins dans les pays de l'Europe du Nord, que le Président de la République, le Chancelier ou le Premier Ministre fera de ce qu'il veut les fonds politiques, sans rendre compte. Il est temps que nous sortions de notre situation de démocratie tropicale. Ce serait en tout cas un très mauvais signe pour nous, un de plus, si cette affaire de 74 milliards était définitivement enterrée. Le peuple doit exiger qu'elle soit élucidée, qu'on sache si oui ou non elle est fondée. Si elle est fondée, que les acolytes soient confondus, rapatrient le "butin" et paient cher leurs forfaits ! Et quel que soit leur âge.
Si, au contraire, c'était une légende, que tous les compatriotes mis en cause injustement soient matériellement et moralement dédommagés, et que les faux accusateurs soient sévèrement punis, pour délit de grave diffamation ! C'est aussi simple que cela et je ne vois pas comment le Président de la République pourrait s'y opposer, sans frais. Il est vrai que, comme son prédécesseur, il compte sur la puissance de l'argent et sur notre torpeur, qui peut réserver pourtant bien des surprises, comme ce fut le cas Le 23 juin 2011 et le 25 mars 2012.
«Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années», Pierre Corneille
Abdoulaye Bathily, candidat à la présidence de la commission de l’Union africaine ! Déclaré forfait au moment de la clôture des candidatures pour succéder à la sud-africaine, Nkosazana Dlamini Zuma, le Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique centrale, désigné facilitateur de la crise burundaise, au mois de juin dernier, se remet donc dans la course.
Une prouesse réussie par le président de la République du Sénégal, Macky Sall, qui, après avoir demandé, en vain, la suppression, à défaut, le report de l’élection, est parvenu, par un «blocage», à remettre les compteurs à zéro. Pour ce faire, il fallait manœuvrer pour qu’aucun des trois candidats en lice, à savoir, le ministre équato-guinéen des Affaires étrangères, Agapito Mba Mokuy, son homologue botswanais Pelonomi Venson-Moitoi et l’ex-vice présidente de l’Ouganda Specioza Wandira-Kazibwe ne parvienne à obtenir les deux tiers des voix des quelques 54 délégations présentes au sommet de Kigali (Rwanda), lundi dernier.
Le suspense a duré toute la nuit du dimanche à lundi. Mais au finish, le scrutin a été reporté, jusqu’au mois de janvier 2017. Selon certaines indiscrétions, il y a eu 28 abstentions sur les 54 Etats membres de l’UA au dernier tour de scrutin.
Le Sénégal dispose désormais de six mois pour mener sa campagne devant propulser, l’ancien secrétaire général de Ligue démocratique à la tête de l’UA.
Même si rien n’est encore gagné d’avance surtout que le scénario arrange aussi la Tanzanie qui entend lancer dans la course, son ancien vice-président, Jakaya Kikwete, sans occulter, le Bissau-Guinéen, Carlos Lopez, secrétaire exécutif de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, force est de reconnaître, le Sénégalais a des chances de passer.
Et pour cause, beaucoup de pays ouest-africains soutiennent Abdoulaye Bathily, qui pourrait aussi compter sur des pays de l’Afrique centrale où son travail est diversement apprécié.
L’expérience du Jallarbiste, qui a passé une trentaine d’années à la tête du LD/MPT devenue LD, sans occulter son rôle dans les deux alternances survenues au Sénégal le 19 mars 2000 et le 25 mars 2012 n’est pas non plus à occulter. Mêmes les sud-africains se souviennent de son arrestation le 22 août 1985, lors d’une marche anti-apartheid à Dakar pour le soutien à Nelson Mandela.
C’est dire que Macky Sall dispose d’un candidat expérimenté, crédible et qui pourrait se propulser à la tête de l’UA au mois de janvier 2017.
Mais le Chef de l’Etat sénégalais n’est pas à son premier coup d’essai sur le plan diplomatique depuis qu’il a pris les rênes du pouvoir.
Tout récemment encore, certains ont cru qu’il allait subir les contrecoups de son prédécesseur, Abdoulaye Wade qui voulait imposer un turnover au sein des instances communautaires, en cédant à la pression du Niger à la tête de la Communion de l’UEMOA. Que nenni !
Macky Sall réussira à maintenir Cheikh Aguibou Soumaré dans ses fonctions, nonobstant un document écrit portant engagement du pape du Sopi, de céder le fauteuil à un nigérien.
Que dire également de la gestion des différentes humeurs de Yaya Jammeh ? Quand il a fallu taper sur la table, Macky Sall ne s’est pas privé de le faire publiquement. Comme ce fut le cas, lorsque le dictateur gambien a commencé à exécuter froidement nos concitoyens. Il avait ordonné à Abdoul Mbaye, alors Chef du gouvernement de convoquer, à une heure précise, l’ambassadeur de la Gambie à Dakar en précisant que si ce dernier arrivait avec une seule seconde de retard, qu’il quitte illico, le Sénégal.
Et quand Jammeh a voulu remettre en cause son engagement d’envoyer ses plénipotentiaires à Dakar dans l’affaire dite du blocus de la «transgambienne», Macky Sall est resté ferme en donnant des instructions au ministre des affaires étrangères, Mankeur Ndiaye. Sans piper le moindre mot alors que Yaya Jammeh a cherché par tous les moyens à le sortir de son silence bruissant de paroles.
Que dire aussi de cette attitude diplomatique mais ferme devant l’homme le plus puissant au monde, Barack Obama, président des Etats-Unis, pour exprimer son refus de dépénaliser l’homosexualité.
Lundi dernier encore, on ne croyait Macky Sall capable de faire face à la puissance financière de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. L’homme fort de la Guinée Equatoriale, pays devenu la locomotive de l’Afrique centrale, a même réussi à mettre un terme à la domination du Gabon à la tête de la Communauté des États d’Afrique Centrale (CEMAC), en imposant un turnover pour le gouvernorat.
Seulement, cette fois, la diplomatie sénégalaise a encore prévalu. Et nonobstant l’âge politique de Macky Sall, il semble sur la bonne voie. Au moins, diplomatiquement.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, MOMAR SEYNI NDIAYE
BATHILY SE REPLACE
L'UA devra encore patienter six bons mois pour étrenner son nouveau Président de commission. Cette décision est toute de même curieuse, bien qu'attendue. Rien en effet, ne s'opposait au changement à la tête de l'UA
MOMAR SEYNI NDIAYE DE SENEPLUS |
Publication 19/07/2016
Ainsi donc le 27ème sommet de l'Union Afrique à Kigali (Rwanda) a décidé de reporter à janvier de l'année prochaine, l'élection du Président de la Commission. La succession de Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente sortante est donc différée de six mois. La sud-africaine dont le séjour à la tête de cette institution n'aura pas laissé un grand souvenir, devra attendre et assurer la continuité de service en attendant qu'un successeur soit désigné par ce syndicat des chefs d'État, l'UA.
Cette décision ne lui procurera pas une grande satisfaction. Elle espérait consacrer l'essentiel de son temps pour gérer sa carrière politique dans son pays. Candidate déclarée aux prochaines élections présidentielles, elle aurait sans doute préféré se passer de cette phase de transition, pour mieux se préparer à cette échéance. Durant son mandat, du reste, elle n'avait de soucis que son calendrier local, paralysant les activités de l'UA. Elle était dopée par la fragilité du locataire de la Présidence. L'actuel chef d'État, Jacob Zuma étant lui-même empêtré dans des scandales financiers à répétition, a échappé de justesse, à une procédure de destitution.
L'UA devra encore patienter six bons mois pour étrenner son nouveau Président de commission. Cette décision est toute de même curieuse, bien qu'attendue. Rien en effet, ne s'opposait au changement à la tête de l'UA. Trois candidats officiellement désignés et soutenus par leur pays étaient sur la sellette. Il s'agit de l'Équato-Guinéen Agapito Mba Mokuy, la Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi et l'Ougandaise Speciosa Wandira-Kazibwe –.
Depuis le 31 mars au dernier sommet de l'organisation, ils étaient déjà validés, après l'élimination de candidats libres non officiellement présentés par leur État. De nombreux Africains fonctionnaires des institutions des Nations Unies et de l'UA avaient enfourché leur propre monture, pour briguer ce poste. Mais, l'UA en leur avait opposé une fin de non-recevoir, au nom d'un principe sacro-saint, l'obtention de l'aval du pays d'origine. A l'UA l'appel public à candidature ne fait pas encore partie des mœurs. Les états restent les puissants décideurs.
Alors que tout était réglé pour glisser vers le remplacement de Mme Zuma, deux pierres ont été jetées dans le jardin de l'institution. L'ancien président Tanzanien Kikwété et Abdoulaye Bathily, l'ancien ministre sénégalais de l'Hydraulique et de l'Energie, envoyé spécial de l'UA, ont décidé de se lancer dans la bataille, avec à la clé l'appui de leur pays respectif. Sont-ils forclos, puisque les listes étaient bouclées depuis début avril après un dernier tri ? Sans doute !
Mais voilà dans les couloirs de l'UA et les chancelleries africaines, il se murmure que les trois candidats manquent d'étoffe et d'envergure intellectuelle. Leur profil laisserait à désirer. Le candidat Equato-guinéen Agapito Mba Mokuoy ne présente qu'un argument : issu de l'espace hispanophone, il incarne une certaine forme de diversité, car l'UA a jusqu'ici été dirigée par des francophones, anglophones et arabophones. Il espérait ainsi mettre en avant une nécessaire alternance pour faire prévaloir ses droits.
Pays riche, aux moyens d'influence énormes, il agglomère autour de lui, les pays d'Afrique centrale, dont le Cameroun et le Gabon. M. Mokuoy a même entamé une tournée africaine qui l'a mené dans plusieurs pays dont le Sénégal. Il n'avait pas pu rencontrer le Président Sall absent de Dakar.
La candidate Botswanaise Pelonomi Venson-Moitoi, souffre d'un handicap majeur. Son pays s'est toujours ouvertement prononcé contre le panafricanisme et a régulièrement pratiqué la xénophobie comme méthode de gouvernance.
Isolé mais riche, le Botswana a souvent nargué ses voisins, accordé très peu de prix aux activités de l'UA. Cette candidature suscite beaucoup de ressentiments dans les milieux diplomatiques, qui la jugent trop incongrue. L'ougandaise Speciosa Wandira-Kazibwe ne disposerait pas de capacités intellectuelles suffisantes pour assumer de telles responsabilités, et suscitent une réelle méfiance.
A l'évidence, ces arguments paraissent bien spécieux pour justifier un report de l'élection. Même si cette perspective avait pourtant été envisagée secrètement par les chefs d'État, inquiets de la faible représentativité des trois premières candidatures. A bon ou mauvais escient, le Sénégal a pris les devants, pour demander l'ouverture à la concurrence d'autres candidatures, en soutenant ouvertement le Professeur Abdoulaye Bathily.
Grâce à une diplomatie active, le Président Sall réussira à rallier à son projet, les voix de la CEDEAO, - à l'exception semble t-il de la Gambie - L'Algérie qui s'offusquait de la mollesse des candidats avait pensé elle aussi présenter un candidat. Mais devant l'irruption du candidat sénégalais, elle s'est finalement retirée. La Tanzanie a aussi mis à profit cette brèche pour s'y engouffrer et présenter son ancien président, soutenu par les pays de l'Afrique de l'Est à l'exception de l'Ouganda.
Le sommet de Kigali promettait de chaudes empoignades. Et cette course vers la présidence d l'UA risquait d'éclipser les deux autres sujets : le retour du Maroc et la grave crise au Sud-Soudan qui a fait près de 500 morts. Offusqué par le forcing de la CEDEAO, le président Idriss Déby Itno s'est farouchement opposé au report, estimant à raison qu'aucun fondement juridique ne le justifiait. Le faible niveau de qualité intellectuelle des candidats officiellement retenus, relavant de la simple subjectivité.
Cependant, c'est le rapport de force qui tranchera la question. Aucun des candidats n'étant sûr de rassembler les trente- six voix de la majorité absolue pour l'emporter au premier tour. Aucun d'eux n'étant même pas en mesure de sortir de manière nette d'un vote parti pour s'éterniser, les chefs d'état, ont simplement décidé après vote de renvoyer à janvier 2016 l'élection. Au grand dam d'Idriss Derby.
Du coup, les chances de notre compatriote Abdoulaye Bathily sont intactes. Professeur agrégé d'histoire, panafricaniste convaincu, parfaitement bilingue, Bathily jouit d'une grande notoriété en Afrique. L'excellente qualité de son réseau dans les zones africaines du Nord au Sud de l'Est à l'Ouest, et le poids diplomatique du Sénégal pourraient bien tonifier ses chances.
Déjà envoyé spécial de l'UA dans nombre de théâtres d'opération au Mali et au Burundi (malgré la récusation du Pierre de Nkurunziza), il est en fait fin connaisseur des questions militaires. Redoutable négociateur, il a beaucoup évolué dans sa rigueur légendaire, qui le présentait comme un intransigeant, à cause de son passé de bouillant étudiant soixantuitard, syndicaliste et opposant politique.
Figurant en première place, parmi les animateurs de mai 68 au Sénégal, il a été incarcéré de force dans l'armée, puis dit-on curieusement, "exfiltré" par l'ancien président Senghor, pour être envoyé à Londres où il a obtenu un doctorat en histoire.
Affable, doté d'une très capacité d'écoute, Abdoulaye Bathily, a été deux fois (1988 et 1993) candidat malheureux à l'élection présidentielle au Sénégal. Il dirigeait la Ligue Démocratique Mouvement pour le Parti du travail, (d'obédience communiste) dont il a quitté la tête, en 2012. Il y avait succédé à Babacar Sané, son mentor politique.
Ancien ministre de l'Environnement sous le régime d'Abdou Diouf, et titulaire du département de l'Hydraulique et de l'Energie, après l'alternance de 2000, il avait été pressenti, Premier ministre, avant que le projet du Président Wade ne fasse long feu, sous la pression des caciques du PDS. Sa candidature paraît des plus crédibles et le report pourrait bien élargir le cercle de sympathie dont il jouit, en Afrique et dans les grands pays européens influents.
Cependant, sa tâche s'avère des plus difficiles. A la faveur du report, d'autres candidatures aussi crédibles pourraient se manifester et disperser ses soutiens potentiels. La diplomatie sénégalaise devrait bien se déployer pour le renforcer son soutien international.
Cependant, nombre de pays d'Afrique centrale ne semblent pas du tout apprécier, la "pression" du Sénégal et de la CEDEAO, pour faire reporter cette élection. Fort de ce courroux, ils seraient tentés de faire payer à notre pays, cette démonstration d'influence pour ne pas dire de puissance. A 70 ans, le Professeur Abdoulaye Bathily brigue un poste taillé à sa mesure. Mais, il jouera en janvier sa dernière carte.
Au Sénégal, d'autres profils étaient annoncés : Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères pendant près de dix ans, brillant diplomate jouissant d'un puissant réseau de relations internationales; Ibrahima Fall, ancien sous-secrétaire général des Nations-Unies chargé des Droits de l'Homme, et Adama Dieng actuel sous-secrétaire général des Nations unies chargé de la Prévention des conflits.
Il semble en tout cas que la candidature d'Abdoulaye Bathily ait fini par se manifester de façon suffisamment ostensible, pour recueillir le soutien du Président Sall. Il en a le profil, l'engagement politique au service d'un panafricanisme de gauche.
Il fallait donc beaucoup de courage politique pour oser changer cette triste réalité et tenter d'enrayer ce phénomène enkysté dans notre société à tel point qu'on ne le voit plus ou qu'on ne veuille plus le voir !
Ils marchent entre les voitures leur écuelle à la main, épuisés, sales, errant sans but, s'exposant à tous les dangers ! Misérables souillons en habits trop grands, ils arpentent des kilomètres sous un soleil de plomb, les pieds crevassés, pour mendier l'argent qu'ils doivent rapporter chaque soir. 500 Fcfa disent-ils, pour ne pas être punis et battus par le maître ! Ils marchent pour quérir leur pitance, riz rance, pourri ou pas, pourvu que ça les nourrisse ! Dieu merci, notre Président a tranché cette question gastronomique à la grande mosquée le jour de la korité et ce fut un grand moment de fierté pour nos cœurs et nos esprits habitués aux renoncements de nos hommes politiques devant la toute nouvelle puissance de nos religieux !
Ils marchent pour assurer les ressources de leur maître coranique qui s'octroie tous les droits sur eux. Cela pouvait-il encore durer ?
Chaque jour devant nos portes, sous nos yeux blasés, dans chaque rue et à chaque carrefour, au mépris des droits de l'enfant et de la dignité humaine, ils quémandent pour le compte de soi-disant marabouts sans scrupules ou d'écoles coraniques illégales, qui font leur gras sur le dos de ces enfants des rues qui n'ont pourtant que la peau sur les os.
De fait, ces enfants sont le parfait appât pour attirer notre générosité. Doit-on encore aller plus loin, comme il s'est vu faire en Asie avec des enfants sciemment estropiés ou d'autres en Inde auxquels on crève les yeux ? Non, il est temps d'éradiquer l'exploitation des enfants et tout acte les soumettant à des traitements cruels ou dégradants !
C'est pourquoi je me réjouis, non sans quelques réserves vu les contradictions de notre société, que le gouvernement décide de s'attaquer au tabou des Talibés pour le lever, car ce phénomène de mendicité des enfants prend de plus en plus d'ampleur, jusqu'à freiner le développement de notre pays ! Car croyez-moi, si nous-mêmes avons fini par fermer les yeux pour mieux nous endormir sur nos oreillers douillets, cette plaie sociale frappe sévèrement le visiteur étranger dès qu'il met le pied à Dakar !
Ajoutez au tableau de notre voie publique les "vieux" et les handicapés qui peuplent les rues de Dakar pour récolter l'aumône et ça vous donne l'image d'une capitale assiégée par des mendiants !
Il fallait donc beaucoup de courage politique pour oser changer cette triste réalité et tenter d'enrayer ce phénomène enkysté dans notre société à tel point qu'on ne le voit plus ou qu'on ne veuille plus le voir ! Autant de courage et de volonté qu'il en a fallu au 19ème siècle, pour sortir les enfants des mines et des carrières de charbon ! Nul doute que si cette mesure va jusqu'au bout et qu'elle se donne les moyens d'y arriver, elle restera à la postérité et marquera un tournant majeur dans le développement et l'épanouissement de notre nation.
Bravo donc Monsieur le Président de la République d'avoir osé ! Bravo au gouvernement de sévir ! Cette volonté du premier ministre, d'offrir une seconde chance loin des maltraitances à ces petits mendiants, tout en rendant au pays sa dignité et le visage d'une nation émergente, se traduit par des mesures nécessaires et courageuses, mais je le crains on va encore leur mettre des bâtons dans les roues !
Osez encore donc et osez plus ! Allez-y jusqu'au bout ! La majorité des sénégalais est avec vous !
Des amendes et des peines de prison pour les parents malveillants ou les tuteurs qui mettraient ces enfants dans les rues, c'est un bon début ! Mais qu'en est-il des daaras illégaux et des maîtres coraniques abusifs ? N'est-il pas temps d'entrer dans le vif du sujet et de régler ce problème durablement ?
Certes, l'État a ordonné ''le retrait d'urgence des enfants des rues'', sous peine de sanctions contre les parents fautifs ! Mais sont-ce les seuls coupables ou bien notre société est-elle aussi malade de ses guides religieux ? Aux dernières nouvelles, les enfants talibés scolarisés dans les daaras (écoles coraniques), ne seraient pas concernés par la mesure d'interdiction de la mendicité qui frappe les enfants de la rue. Soit !
Est-ce déjà une volte-face de l'État devant les lobbys de cet asservissement culturel inscrit dans notre ADN et qui nous ramène à quatre siècles en arrière ? J'ai comme un gout de métal dans la bouche et des ombres de Gorée dansant devant mes pupilles en écrivant ces mots ! Sommes nous décidément esclavagistes dans l'âme ? Tout ceci doit cesser et force doit rester à la loi de la République.
Ce n'est pas la première fois d'ailleurs que l'État tente d'éradiquer cet esclavagisme moderne ! En 2012, l'ancien président sénégalais Abdoulaye Wade tenta en vain de rendre illégale la mendicité en ville mais la loi fut si mal accueillie par les autorités religieuses que la législation fut retirée moins de trois mois après sa mise en application.
C'est une tradition sénégalaise d'envoyer les enfants à l'école coranique. C'est établi ! Certains parents, croyant donner une éducation religieuse à leurs enfants, et disons-le clairement, n'ayant pas les moyens de les nourrir, les envoient chez des maîtres coraniques, qui devraient les prendre en charge mais qui n'ont que très peu de moyens eux-mêmes… Ceci pose une fois de plus le problème fondamental de planification familiale qui fera l'objet d'un autre débat assurément !
Autrefois, ces jeunes apprenaient un métier dans les champs de leur maître, qui garantissait leur prise en charge à partir des revenus tirés des récoltes. La mendicité, faisant appel à la générosité de la société, participait de l'apprentissage sur l'humilité. Les enfants se consacraient à l'étude de la religion. Aujourd'hui, le monde a changé ! Ces jeunes enfants sont livrés à eux-mêmes et se retrouvent la plupart du temps à la rue, le fruit de leur quête enrichissant leurs enseignants mais ne servant plus à leur prise en charge.
Oui, la grande partie de ces jeunes mendiants se retrouvera sans emploi ou incapable d'exercer un quelconque métier. Plus de 100 000 jeunes mendiants estime-t-on au Sénégal, qui au nom de la tradition de l'école coranique, sont marginalisés, ignorant les principales lois du pays et qui viendront grossir les rangs des sans emploi et des déclassés ! Car ne nous cachons pas derrière notre petit doigt, pour beaucoup de ces enfants, la mendicité mène tout droit à l'analphabétisme, quand elle ne conduit pas à la drogue, la délinquance et à la case prison.
Ces dernières semaines, plusieurs centaines d'enfants dans différentes localités du pays, ont été interpellés par les forces de l'ordre et remis à leurs maîtres coraniques, à leurs parents ou à des structures qui s'occupent de l'enfance. Et c'est là où se trouvent mes réserves. Sortiront-ils de la rue pour réapparaitre dans une autre rue ? Quitteront-ils la mendicité pour d'autres corvées aussi dégradantes ? Ou bien Macky Sall se donnera-t-il enfin les moyens de la concertation, du consensus et de l'action, afin de leur procurer l'accès aux soins, une nourriture digne de ce nom, une éducation de base, un traitement garantissant leur dignité et leurs besoins immédiats de protection, ainsi que leur réinsertion familiale et sociale ? Et quid de ces enfants venus du Mali, de Guinée et d'ailleurs ?
C'est là que nous attendons notre Président et notre premier ministre, envers et contre tout, pour qu'ils tiennent droit dans leurs bottes et résistent aux pressions pour mettre fin à cette oppression qui ne porte pas son nom.
Et s'ils devaient rencontrer des obstacles, qu'ils sachent que nous, le peuple silencieux qui ne dit rien mais n'en pense pas moins, les soutenons et qu'ils resteront dans l'histoire de notre pays comme ceux qui auront éradiqué ce phénomène ! Quant à Macky Sall, déterminé et souvent "borné" comme nous le connaissons, j'ose penser que s'il en fait un devoir personnel et une priorité nationale, nous ne demanderons bientôt plus à y croire mais nous verrons sûrement de nos propres yeux que ce problème de talibé est derrière nous !
Oumou Wane est également présidente de la chaîne de télévision Africa7
PAR MODY NIANG
DANS QUEL PAYS VIVONS-NOUS ?
En réalité, et je le tiens de source digne de foi, l'Affaire dite des "Chantiers de Thiès" n'a été utilisée que pour contraindre Idrissa Seck à rembourser ce supposé fameux "butin" de 74 milliards de francs CFA à Me Wade
Les conditions rocambolesques de la libération de Karim Wade ont remonté à la surface le fameux "Protocole de Rebeuss", qui alimente par intermittence l'actualité sénégalaise depuis onze à douze longues années. On aura tout entendu, tout lu avec ce fameux "Protocole", qui est allé de rebondissement en rebondissement et donnant lieu, chemin faisant, à toutes sortes de commentaires et à des amalgames les plus malhonnêtes. Aujourd'hui, l'horizon semble s'éclaircir et les langues commencent à se délier vraiment.
Comme poussés par on ne sait quelle force, des acteurs qui rejetaient formellement l'idée d'un quelconque protocole, se disputent aujourd'hui les médias publics et privés, pour en reconnaître sans sourcilier l'existence, même s'ils l'appellent "accord", "engagement", "traité", etc. Nous avons donc beaucoup lu, beaucoup entendu, de la part de ces hommes et de ces femmes qui étonnent et indignent par leur versatilité. Il est vrai que nous sommes au Sénégal, un pays où la parole donnée n'a plus aucune valeur. On peut y affirmer formellement une chose aujourd'hui, et tout le contraire le lendemain sans frais.
Revenons à notre fameux "Protocole" et rappelons quelques déclarations y afférentes. Monsieur Idrissa Seck, l'un des acteurs centraux de ce "Protocole", a été révoqué de ses fonctions de Premier Ministre le 21 avril 2004. C'était l'occasion rêvée par Me Ousmane Ngom, qui lui en voulait terriblement, pour prendre enfin sa revanche. Me Ngom pensait en effet, à tort ou à raison, que M. Seck constituait l'obstacle majeur entre son ancien mentor et lui, auprès de qui il cherchait à se faire pardonner sa trahison depuis de longs mois. Aussi, profita-t-il de l'opportunité que lui offrait l'éviction de son adversaire – qui ne représentait plus aucun danger –, pour porter sur lui des accusations d'une rare gravité, en réponse, semble-t-il, à des propos peu amènes que ce dernier aurait tenus à son endroit.
C'était dans une interview à "L'Observateur" du lundi 26 avril 2004. Me Ngom n'y était vraiment pas allé de main morte. Il commença par traiter Idrissa Seck de Raspoutine africain et l'accusa de félonie, de ruse, de boulimie de pouvoir, d'argent et de possession, de perfidie, de séduction (par le Coran) et de blasphème. Il évoqua ensuite certains scandales, notamment celui de "l'achat du nom de domaine de la Sonatel.com, sous le faux nom de Paul Stewart avec une fausse adresse aux Etats-Unis".
Me Ngom allait plus loin encore dans ses graves accusations en rappelant le passage de M. Seck au Ministère du Commerce (à l'époque de Diouf), où il s'adonnait à des activités peu catholiques, notamment à des faits avérés (selon lui) de corruption, de fraude, de concussion, etc. L'avocat poursuivit son sévère réquisitoire en ironisant à l'envi : "Je ne parle pas des scandales plus récents, depuis l'avènement de l'alternance, qui sont cent fois plus énormes, avec des transferts massifs de fonds en Europe, en Australie, aux Etats-Unis et j'en passe.
Sans parler des acquisitions immobilières à Paris, à Lille, aux USA, à Dakar, à Thiès, etc". Comme pour donner le coup de grâce à son adversaire, Me Ngom asséna méchamment : "C'est quand même scandaleux pour quelqu'un qui, à la veille de l'alternance, a laissé des arriérés de loyers à l'Agence immobilière, qui lui louait son cabinet". L'interview comportait de nombreuses autres accusations, toutes gravissimes. J'en ai seulement choisi quelques-unes, renvoyant le lecteur intéressé à "L'Observateur" du 26 avril 2004.
Pour toutes réponses aux graves accusations dont l'avait accablé Me Ngom, M. Seck répondit par des versets de Coran et par des Hadith, qui laissèrent déjà une forte impression de doute. Me Ngom n'était quand même pas n'importe qui. C'était un homme politique expérimenté doublé d'un juriste. L'avocat qu'il est ne s'aventurerait certainement pas à porter sans preuves d'aussi graves accusations publiques sur son adversaire. En tous les cas, M. Seck ne réagit pas de façon appropriée aux graves accusations qui étaient portées contre lui. Passe encore ce silence assourdissant de l'accusé ! Mais, ce qui était plus incompréhensible, c'était l'autre silence, lui aussi plus assourdissant encore, des autorités gouvernementales, parlementaires et judiciaires.
Oui, on s'étonnait et s'indignait de ces deux silences suspects et j'y reviendrai. Auparavant, je précise que les graves accusations de Me Ngom n'étaient en rien liées à l'Affaire dite des "Chantiers de Thiès", qui n'était pas encore agitée. Certains compatriotes ignorants ou mal intentionnés font de l'amalgame en liant le fameux "Protocole de Rebeuss" à l'Affaire dite des "Chantiers de Thiès". Il est vrai que, souvent, la confusion a été faite dans la presse, de bonne foi ou entretenue par des acteurs qui tiraient les ficelles en coulisse.
En réalité, et je le tiens de source digne de foi, l'Affaire dite des "Chantiers de Thiès" n'a été utilisée que pour contraindre Idrissa Seck à rembourser ce supposé fameux "butin" de 74 milliards de francs CFA à Me Wade.
Ce dernier a convoqué M. Bara Tall à New York et l'a mis en rapport avec un de ses ministres qui lui était très proche. Ce dernier devait convaincre M. Tall d'accepter la "surfacturation de neuf milliards de francs CFA" des "Chantiers de Thiès" et de mouiller Idrissa Seck. Pour cette "surfacturation", il irait certainement en prison pour quelques jours. Me Wade s'engageait alors à rembourser rapidement les neuf milliards mais tiendrait Idrissa Seck. Naturellement, M. Tall refusa net ce pitoyable marché et traita le ministre de tous les noms d'oiseau. Il payera évidemment ce refus par la prison d'où il sortira, la tête haute, sans même avoir été jugé.
Donc, le "butin" derrière lequel courait Me Wade et qui serait planqué quelque part par son ancien Premier Ministre n'est ni lié aux fonds politiques, ni aux "Chantiers de Thiès". Me Wade en a manifesté la preuve à la télévision nationale, le 1er mars 2007, jour où la Cour constitutionnelle l'a déclaré provisoirement élu. C'est l'occasion qu'il choisit pour faire sa première apparition (peu glorieuse) comme président réélu. Il manqua alors manifestement de grandeur et de magnanimité : le premier acte de sa nouvelle gouvernance – il y était déjà, sans même attendre d'être installé – a été de pilonner ses pauvres adversaires défaits, les accusant de tous les péchés d'Israël, tout en sachant qu'ils n'avaient pas la possibilité de lui porter la contradiction par le même canal.
Ce jour-là, il a porté des accusations particulièrement graves sur son ancien Premier ministre et fit, le concernant, cette terrifiante révélation, comme s'il avait bu du yassi : "Nous étions dans une sorte de jeu d'échec à distance. Il m'a demandé à sortir de prison (sic). Je lui ai demandé de rapporter l'argent qu'il avait pris. Et il s'est engagé à rembourser l'argent qu'il avait pris." Et pour se faire plus convaincant et nous indigner encore plus, Me Wade brandit, contre toute attente, le fameux "Protocole de Rebeuss", ou ce qui était considéré comme tel.
Ces jours derniers, la presse a amplement rendu compte du contenu de ce document en date du 29 décembre 2 005. Me Wade continuait, en verve, son ndëpp du 1er mars 2007 : "Nous pensons qu'il y a entre quarante milliards et plus déposés dans un compte trust à New York chez un avocat. La Justice a fait des commissions rogatoires dans le cadre des accords judiciaires. (….). La France a donné un rapport (et, de ce pays), nous avons reçu pratiquement toutes les informations. Il reste le Luxembourg, la Suisse et surtout les Etats-Unis." Il ajoute que les tentatives de l'ancien Premier Ministre de planquer des milliards au Luxembourg se sont soldées par un échec, les autorités de ce pays s'y étant opposées. C'était énorme, tout cela ! Dans quel pays vivions-nous et vivons-nous encore aujourd'hui ? Ce sont les questions légitimes que nous devons nous poser.
Revenons à ses propos de ce 1er mars 2 007 ! Á une question sur le profil de l'homme ou de la femme qui devrait lui succéder, il répondit : "(…) En tout état de cause, ce n'est pas Idy. (…) Nous nous retrouverons devant Dieu." Nous nous souvenons encore qu'il martelait, en se frappant la poitrine : "Je peux lui pardonner tous les torts qu'il m'a portés, mais l'argent du contribuable, jamais" ! L'argent du contribuable ! Quel argent du contribuable !
Un peu plus d'un an avant la sortie peu glorieuse de Me Wade ce 1er mars 2007, le quotidien Walf Grand-Place, révélait le fameux "Protocole" et son contenu dans son édition du lundi 6 février 2006. Le journal affirmait sans ambages être en mesure, de sources dignes de foi, de "révéler qu'Idrissa Seck est en train de verser une partie de l'argent, objet de son différend avec le président Wade, de l'argent qui n'a rien à voir avec l'affaire dite des chantiers de Thiès". Il estimait le montant du magot à quelque 60 milliards de francs Cfa et précisait qu'un "long et serré marchandage" a permis de convaincre Idrissa Seck de rembourser l'argent à son ex-père. Le journal en détailla ensuite les conditions.
D'aussi graves révélations n'avaient suscité, à l'époque, aucune réaction, ni des deux principaux acteurs, ni des députés, ni des juges. Les informations du journal étaient probablement fondées. C'est Me Wade lui-même qui nous permettra d'en avoir le cœur net, dans sa déclaration du 1er mars 2007, que nous avons passée en revue plus haut.
S'il subsistait encore des doutes sur le différend financier qui opposait les deux célèbres protagonistes, Me Nafissatou Diop, notaire de l'accusé, les a dissipés par les affirmations catégoriques qu'elle a faites, dans un entretien accordé au quotidien "Libération" du 12 juillet 2016, page 5. Pour elle, il n'y a aucun doute, "il y avait un problème financier entre Me Abdoulaye Wade et Idrissa Seck". Pour se faire plus convaincante, elle ajouta : "Il faut savoir que dès notre premier contact, Me Abdoulaye Wade nous a clairement dit (à elle et à Me Sèye) qu'Idrissa Seck avait pris son argent et qu'il voulait que cet argent lui soit restitué". Me Diop poursuivit : "Il nous a fait clairement comprendre que cet argent était à l'origine de l'arrestation d'Idrissa Seck et ce dernier a effectivement reçu une proposition à accepter pour sortir de prison. Voilà la pour la petite histoire. C'est dire que ce document financier existe (…)".
Dans un autre entretien avec le quotidien "Libération" du 25 juin 2016, page 5, un autre témoin privilégié ou, du moins qui se prend pour tel, accable Idrissa Seck en ces termes sans équivoque : "Il parle de deal, c'est lui le dealer. C'est lui le voleur. Il a volé 74 milliards de francs CFA dans un compte qu'il a manipulé avant de le clôturer. Je pèse mes mots : il a volé 74 milliards de francs CFA avant de fermer le compte bancaire. Il sait très bien que je sais et il sait pourquoi il a été viré de son poste de Premier Ministre."
Et, pour enfoncer encore plus M. Seck, le "wadiste éternel" conclut en ces termes précis : "Nous étions là quand (il) faisait ses conneries. Nous savons tout et nous savons exactement tout ce qu'il a fait." Il reviendra à la charge à la "Une" de "Libération" du 18 juillet 2016, cette fois avec des mots grossiers, indécents. Rien d'étonnant pour ce personnage, cet anti-modèle qui a pratiquement pris part à tous les coups tordus montés par son mentor pendant sa longue gouvernance.
A la lumière des déclarations qui précèdent, on peut quand même affirmer que ce "Protocole de Rebeuss" n'a aucun lien avec les fonds politiques, ni avec les "Chantiers de Thiès". Qu'on l'appelle "Protocole", "engagement écrit", "traité" ou "deal", cet "accord financier" pose dans tous les cas problèmes. Il suscite des questions légitimes auxquelles des réponses claires doivent être apportées. Quel est le montant réel du "butin" que se disputent les deux protagonistes depuis 2005 ? Quelle en est la provenance ? Pourquoi l'accusé principal s'est-il gardé de porter plainte pour laver son honneur, alors qu'il a fait l'objet, pendant plusieurs années, d'accusations gravissimes ? Des versets de Coran ou un Jury d'honneur y suffisent-ils ? Pourquoi nos autorités judiciaires se sont-elles gardées de lever le plus petit doigt pour élucider les tenants et les aboutissants de cet "accord financier" ?
Leur silence assourdissant dans cette affaire n'effrite-t-il pas encore un peu plus la confiance que les populations devraient avoir en elles ? N'administre-t-il pas la preuve de leur inféodation (supposée) au Pouvoir exécutif ? Pourquoi nos "honorables" députés – d'où leur vient d'ailleurs ce qualificatif usurpé – ne se sont-ils pas saisis de cette affaire nébuleuse, en mettant notamment en place une commission parlementaire ? Pourquoi, le Président de la République, qui a occupé les stations les plus importantes du pays et qui était dans le secret des dieux, donc forcément de celui du fameux "accord financier", n'a-t-il rien entrepris pour faire élucider cette affaire ? Il est vrai que ce serait trop attendre de lui, lui qui met le coude sur des dossiers et protège manifestement ses amis, quelque graves que puissent être les forfaits dont ils sont accablés dans les rapports des différentes structures de contrôle !
Cette nébuleuse affaire d'argent qui nous empoisonne l'existence depuis onze longues années est impensable dans les grandes démocraties où les différentes institutions jouent le rôle que les populations attendent d'elles. Dans une longue interview au quotidien "Enquête" (édition du 23 mai 2016) l'analyste politique Yoro Dia affirme avec force : "Je dis, depuis des années, que le pays n'a pas un problème politique. Le pays n'a pas un problème institutionnel (…). Notre système politique a produit deux alternances, en 12 ans". Ce système est donc, de son point de vue, "parfaitement normal et stable". M. Dia est aussi optimiste quant à l'état de notre démocratie. Selon lui, "il est temps que les hommes politiques sénégalais entrent dans la deuxième phase de la démocratie, le Sénégal (perdant) trop de temps dans la première phase".
Je ne partage point l'optimisme de notre analyste politique. Si nous n'avions pas de problème institutionnel, si notre système politique était "parfaitement normal et stable", nous ne connaîtrions sûrement pas les gros scandales qui ont jalonné la gouvernance de notre pays depuis le 1er avril 2000 et bien au-delà. Je me garderai de les citer, ils sont suffisamment connus. Et d'ailleurs, je ne m'en sortirais pas. Je ne crois pas, non plus, que nous soyons suffisamment préparés à entrer dans "la deuxième phase de la démocratie". Nous pataugerons dans la première, aussi longtemps que nous serons gouvernés par le PDS et ses excroissances, y compris l'APR. Et ces gens-là travaillent à reconstituer leur famille dite libérale et à nous gouverner pendant encore 50 ans. Nous ne sommes quand même pas à ce point maudits qu'ils réalisent leur rêve ! DIEU nous en gardera sûrement. Waaye nak, yalla Yalla bay sab tool.
Dakar, le 18 juillet 2016
PAR MADIAMBAL DIAGNE
LA FRANCE NE MÉRITE PAS CE QUI LUI ARRIVE
Qu'est-ce que ces dizaines d'enfants joyeux sur la "Promenade des Anglais" à Nice, émerveillés par les feux d'artifice, un soir du 14 juillet, avec leurs parents ou grands-parents, ont commis comme crime contre l'islam ou son prophète ?
Nous ne pourrions dire certainement rien de nouveau. On ne peut plus s'indigner plus qu'on ait déjà eu à le faire. Encore un acte lâche et ignoble, commis prétendument au nom de l'islam ! L'attentat du 14 juillet 2016 à Nice est sidérant. Ils sont nombreux, les citoyens français de confession musulmane ou d'origine musulmane à dire leur honte. La France ne mérite pas ce qui lui arrive. C'est l'un des pays occidentaux les plus ouverts, les plus intégrateurs et peut-être les plus portés vers la tolérance religieuse.
La société française n'est pas un modèle achevé de cohabitation de peuples avec des cultures différentes. Mais au nom du principe fondateur de la laïcité de la République française et de son triptyque "Liberté, Egalité, Fraternité", la France reste un pays séduisant, un exemple qui demeure, encore une fois, imparfait dans une Europe qui a tendance à se recroqueviller sur elle-même.
La France se donne assez de peine pour contenir la montée de la xénophobie, mais il faut dire que les actes perpétrés par des personnes d'origine étrangère et spécialement musulmane constituent le terreau d'une extrême droite ringarde. La France ne connaît sans doute pas tous ses fils et filles comme l'a chanté Soprano, mais est-ce que tous ses fils et ses filles cherchent à la connaître, à l'aimer, à vivre en paix sur son sol et à participer à la développer ? La France semble payer le prix fort pour son ouverture et elle peut s'estimer trahie.
C'est parce qu'il y a plus de liberté, plus d'égalité et plus de fraternité en France que les parents des assassins de plus de 275 personnes, durant ces derniers mois, sur le sol français dans des actions de terrorisme islamiste, ont quitté leur Tunisie, leur Maroc, leur Algérie, leur Mali ou leur Sénégal natal pour aller chercher une vie meilleure en France. Donc, la France meurtrie et éplorée peut bien se sentir trahie par ses fils et filles, les descendants de ceux qui lui doivent, tant soit peu, plus de liberté et de dignité sociale.
Qu'est-ce que ces dizaines d'enfants joyeux sur la "Promenade des Anglais" à Nice, émerveillés par les feux d'artifice, un soir du 14 juillet, avec leurs parents ou grands-parents, ont commis comme crime contre l'islam ou son prophète ? Il était arrivé que des personnes eurent trouvé compréhensibles les attaques contre le journal satirique français Charlie Hebdo le 13 janvier 2015. Que disent-elles maintenant de ces nouveaux crimes contre l'humanité ? Qu'est-ce que les fidèles qui prient dans la Mosquée du Prophète à Médine ont-ils commis comme blasphème ou outrage à l'égard du Prophète pour voir ce lieu être foudroyé par des bombes de kamikazes se réclamant de l'Etat islamique ?
Les auteurs des attaques ne sont jamais sortis d'une université ou d'un institut de théologie islamique. Ce sont systématiquement des repris de justice, des drogués et trafiquants de drogue, des braqueurs de banque, des personnes en déviation sociale qui prétendent être des soldats de Dieu. Quel est ce Dieu ou quelle est cette religion qui seraient fiers de tels disciples et surtout qui accompliraient leur foi dans le sang de leurs victimes innocentes après s'être saoulés d'alcool ou de drogue ? Ces "fous de Dieu" font d'ailleurs le plus de victimes dans les rangs de leurs coreligionnaires.
Ce qui est arrivé à Nice pouvait l'être partout à travers le monde. Tout le monde pouvait être victime : le touriste, le citoyen français, le citoyen du monde comme ces passagers d'un avion de ligne régulière qui vaquaient à leurs occupations et foudroyé en plein vol par une bombe dissimulée dans une canette de boisson ou par un missile ; comme ces travailleurs foudroyés dans un métro à Londres, à Madrid, à Bruxelles, à Paris ; comme ces supporters qui allaient suivre un match au Stade de France ou ces personnes qui regardaient un spectacle au Bataclan ou qui étaient attablés à un café ou un restaurant ; comme ces clients d'un hôtel à Bamako (Mali) ou d'une terrasse de café à Ouagadougou (Burkina Faso) ou ces baigneurs de la plage de Grand Bassam (Côte d'Ivoire) ou de Djerba (Tunisie). Manger à un restaurant, s'attabler à un café, se promener au bord de la plage, voyager dans un avion, un train, un bus ou marcher dans la rue ou loger à l'hôtel ou prier dans une mosquée constitue un blasphème ou une insulte au prophète.
Ces actes vont se répéter fatalement et seront de plus en plus violents. Une certaine forme d'exaltation de groupe pousse ces tueurs déshumanisés à agir de manière effroyable et leur idéologie religieuse les présente comme des "martyrs" et donc des exemples à suivre par des abrutis de leur acabit.
La France est restée stoïque et digne. Elle continue à être agressée de façon récurrente parce que sa vulnérabilité est due simplement au fait qu'elle s'est voulue plus regardante que de nombreux pays sur les libertés et les droits des personnes sur son sol.
La France n'a pas fait plus que d'autres pays dans la lutte contre le terrorisme international. D'ailleurs, l'aurait-elle fait que ce serait à son honneur. Elle s'est acquittée dignement et avec responsabilité de sa part dans le combat contre cette gangrène qui menace l'humanité. C'est peut-être trop vous demander, mais "Douce France", ne changez pas, malgré tout !
PAR Ibnou Taimiya Sylla
LICENCE 4G : LE SÉNÉGAL SE FAIT ROULER
L'annonce de l'octroi de la licence 4G à Orange pour un coût de 32 milliards pose problème aussi bien au niveau financier qu'au niveau technique
Au mois de juin 2016 le Directeur de l'Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), Abdou Karim Sall annonçait l'octroi de la licence 4G à Orange. Cet octroi de licence a suscité un débat assez intéressant au Sénégal. Il est aujourd'hui important d'éclairer le citoyen sénégalais afin qu'il puisse comprendre les véritables enjeux de la 4G dans le développement économique et social de notre pays. Dans cet article, je vais d'abord expliquer la 4G, ses caractéristiques et ses potentialités, pour ensuite procéder à une analyse objective de la contribution de l'attribution de la licence 4G.
La technologie 4G, ses caractéristiques et ses enjeux
Dans le rapport "Les lions passent au numérique : le potentiel de transformation d'internet en Afrique", publié le 20 novembre 2013, l'institut de recherche McKinsey global institute (Mgi) estimait que la contribution de l'internet au Pib annuel de l'Afrique pourrait passer de 18 milliards de dollars aujourd'hui à 300 milliards de dollars en 2025. Cette étude met en évidence l'opportunité que constituent de nos jours les technologies de l'information (Tic) dans la création de richesse dans des économies comme la nôtre. Il est donc d'une urgence nationale d'accroître la contribution des Tic à notre Pib ; cette contribution se situant présentement à environ 3.3%. La 4G nous offre une opportunité sans précédent d'accomplir cette tâche. Avec la 3G, les données Internet et les conversations téléphoniques séparées durant la transmission, réduisant ainsi le débit qui doit alors être partagé entre les utilisateurs connectés.
Par contre, la 4G dans son fonctionnement, réunit l'ensemble des données, garantissant un transfert de données de meilleure qualité avec des débits plus élevés, variant de 100Mb/s à 1Go/s. La possibilité de mettre de 5 à 10 fois plus d'utilisateurs autour d'une même antenne pour la même qualité de service, ainsi que la possibilité d'émettre beaucoup plus d'informations, grâce aux débits montants, constituent une vraie révolution dont on ne mesure pas encore pleinement les enjeux. Ce système rend plus accessibles de nouveaux usages, permettant ainsi des applications modernes telles que la télémédecine, l'enseignement à distance et la vente en ligne. Ces secteurs pourront ainsi prendre leur envol définitif dans notre pays, si la gouvernance du secteur se fait comme il faut.
Au-delà de l'aspect technologique de la 4G, le Sénégal se voit offrir l'opportunité de bâtir une "Knowledge based Economy" ou "l'Économie du savoir" en favorisant l'introduction de services dans de nouveaux modèles économiques tels que les "Internet of Things" (IoT) et l'exploitation de la "Big Data Technology" qui, selon les projections, représentent un marché de plusieurs centaines de milliards de dollars au niveau mondial.
Toutefois, l'exploitation de la 4G pose un certain nombre de défis dont les principaux sont :
L'investissement adéquat au niveau des infrastructures ;
La mise en place de nouvelles régulations adaptées au contexte actuel ;
Le développement de l'expertise locale ;
La démocratisation de l'accès au 4G pour tous.
C'est aujourd'hui une priorité pour l'Artp de développer une stratégie cohérente afin de pouvoir relever ces défis le plus rapidement possible, sous peine de voir le Sénégal rater cette immense opportunité qui est celle de se positionner comme leader régional dans le domaine de l'économie numérique, face à des pays agressifs comme la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Nigeria.
Analyse des conditions d'attribution de la licence 4G
L'annonce de l'octroi de la licence 4G à Orange pour un coût de 32 milliards pose problème aussi bien au niveau financier qu'au niveau technique.
L'analyse de l'attribution de la licence 4G a Orange conduit à s'interroger sur la rationalité du processus de détermination de ce prix. Il est bien vrai que pour les générations précédentes 2G/3G, les attributions de licences en Afrique se sont faites dans un contexte d'incertitude concernant le succès des services télécoms sur le continent, les modèles d'affaires des opérateurs ou encore la rentabilité des investissements, avec en conséquence une difficulté à quantifier les prix réels des licences. Cependant, le dynamisme du secteur des télécoms aujourd'hui, offre une excellente visibilité et des méthodes rigoureuses de calcul, qui permettent aux décideurs politiques un meilleur benchmarking ainsi qu'une meilleure évaluation du prix de la licence 4G.
En 2015 Mtn Cameroun s'est vu attribuer une licence 3G/4G à 82 milliards Cfa.
En Côte d'Ivoire, le prix de la nouvelle licence globale a été fixé à 100 milliards ; des opérateurs comme Maroc Télécoms et Mtn ont dû débourser en décembre 2015 un acompte respectivement de 50 milliards Cfa et de 75 milliards afin de pouvoir commencer l'exploitation de la 4G dès 2016.
Ces exemples illustrent le manque de rigueur dans la détermination du prix de la licence 4G au Sénégal et de ce fait, il ne serait pas exagéré d'affirmer que le montant de 32 milliards de FCfa représente une sous-évaluation du coût de la licence, d'autant plus qu'en 2007 Expresso Sénégal a obtenu sa licence de 3 G à 95,7 milliards de FCfa.
Sur le plan technique l'analyse du cahier des charges qui a conduit à l'octroi de la licence met en évidence des erreurs stratégiques qui, si elles ne sont pas corrigées, handicaperont sérieusement notre habileté à utiliser la 4G comme rampe de lancement pour l'établissement d'une "Économie du Savoir". Selon le cahier de charges présenté par l'Artp, les opérateurs devront assurer la couverture 4G d'au moins 70% de la population du Sénégal dans un horizon de 5 ans et 90% dans un laps de 10 ans. Dakar et les capitales régionales devront être entièrement couvertes dans un délai de cinq ans, et la totalité des neuf principaux axes routiers du pays en 10 ans. En donnant aux opérateurs 5 ans et 10 ans pour atteindre respectivement 70% et 90% de couverture de la population, le cahier de charge semble ne pas tenir compte des points suivants :
Mettre l'accent sur la couverture géographique plutôt que sur la couverture démographique : l'analyse de la répartition démographique du Sénégal met en évidence que la population du Sénégal est inégalement répartie dans l'espace. Elle est concentrée à l'Ouest du pays et au Centre, tandis que l'Est et le Nord sont faiblement peuplés. Ainsi, mettre une couverture ciblant la population plutôt que la géographie, désavantage l'intérêt national au profit des opérateurs qui ne devront pas fournir des efforts considérables afin de couvrir 70% et 90% des populations. Le cahier aurait dû mettre plutôt l'accent sur la géographie afin d'éviter de créer un fossé numérique entre l'Ouest/Centre versus le reste du pays et aussi de mieux désenclaver technologiquement le territoire dans son intégralité. Ce désenclavement est d'autant possible qu'avec les bandes 700MHz et 800MHz, aujourd'hui aux enchères, il est possible d'offrir une meilleure propagation du signal et une meilleure couverture en termes de distance, rendant la couverture géographique beaucoup moins onéreuse pour les opérateurs.
La nécessité d'accélérer le taux de pénétration de l'Internet : Il est aujourd'hui reconnu qu'une pénétration de 10% de l'Internet dans un pays, aura une incidence de 1% sur le Produit intérieur brut (Pib) global de ce pays. Par conséquent, une politique agressive de pénétration de l'Internet dans notre pays s'impose, afin d'accélérer la création de richesse dont nous avons tant besoin. Une meilleure qualité de service, doublée d'un débit internet plus élevé, ouvre aux utilisateurs un ensemble de potentialités encore jamais imaginé à ce jour. De ce fait, donner 5 ans et 10 ans aux opérateurs pour achever une pénétration de 70% et 90% de la population manque d'ambition et d'agressivité pour la mise à la disposition de nos populations d'un réseau internet d'excellente qualité, qui permettra à nos étudiants, nos chercheurs, nos entrepreneurs et les autres innovateurs du pays, de tenir tête à la compétition. Ceci engendrera un manque à gagner considérable en termes de Pib pour notre pays, surtout que ceci aurait pu se faire dans un délai beaucoup plus court.
La durée de vie des technologies : L'évolution rapide des nouvelles technologies de l'information dans tous leurs aspects, a fait de sorte que le rythme d'obsolescence d'une quelconque technologie se trouve accéléré. Une majorité d'analystes s'accordent à dire que la 4G jouira d'une durée de vie plus réduite que ces prédécesseurs ; il n'est pas exagéré de dire que la 4G sera bientôt remplacée par d'autres générations de technologies encore plus performantes telles que la 4.5G ou la 5G.
Partant de ce fait, le cahier des charges n'a pas prévu que la technologie 4G sera probablement en mode retrait avant 5 ou 10 ans, ou même avant que sa couverture nationale ne puisse atteindre les taux de 70% et 90%. La question que l'on doit se poser est la suivante : Quel intérêt ont Orange, Expresso et Tigo à accélérer leur investissement pour les infrastructures de 4G, si cette technologie devra laisser sa place à une autre technologie avant les 5 ans ou les 10 ans fixés ?
L'accessibilité à l'internet de qualité (prix) : Les infrastructures constituent aujourd'hui le problème essentiel des pays d'Afrique dans leur quête d'accessibilité à la technologie numérique. Peu de pays ont réussi à ce jour, à résoudre cette équation fondamentale. Le prix de l'Internet et de la transmission de données en général est assujetti aux infrastructures. Notre pays tient avec la 4G, une occasion cruciale pour faire des avancées extraordinaires dans ce sens. Cependant, le cahier des charges tel que libellé, laisse une très grande marge de manœuvre aux opérateurs, dont la mission principale réside dans la réalisation de gains pour leurs actionnaires.
La 4G des télécommunications mobiles offre au Sénégal une opportunité historique de se jeter dans l'ère de l'économie numérique et construire une "Economie du savoir", mais aussi dans un cycle de création de richesse sans précèdent. Dans ce contexte, il est impératif que nous nous assurions que l'attribution de cette licence se fasse dans le plus grand intérêt du Sénégal car constituant non seulement une rampe de lancement pour l'acquisition de futures technologies performantes, mais aussi un apport pour la réussite du "Plan Sénégal émergent" (Pse) qui repose en principe sur une création de richesse soutenue dans le long terme. Il est important que le cahier des charges et la méthode de calcul du prix de la licence soient modifiés sur certains aspects, afin de mieux tenir en compte des intérêts stratégiques du Sénégal et permettre à notre pays de jouer pleinement son rôle de leadership en Afrique subsaharienne, face à des pays comme le Ghana, le Kenya, le Rwanda, le Nigeria, l'Afrique du Sud et la Côte d'ivoire.
Ibnou Taimiya SYLLA est titulaire d'un Doctorat en Microélectronique – Option Communication sans fil de l'Ecole Polytechnique de Montréal (Canada) et d'un Master en Administration des affaires (Mba) de l'Université de Dallas (Texas). Il a occupé des postes de responsabilité dans les Multinationales telles que Philips (Hollande) et Texas Instruments (Texas – Usa). Il a également participé au développement de plusieurs produits pour de grandes compagnies telles que Nokia, Samsung, Bosch, NTT-DoCoMo, NEC, Mitsubishi etc. Il est présentement Président du Parti Diisoo-Med (Mouvement pour l'Espoir et le Développement). Dr. Sylla est aussi membre de la "World affairs council of the Greater Dallas", une organisation non partisane ayant pour mission l'étude et la compréhension de l'évolution des politiques économiques et sociales du monde et leurs impacts sur les différents secteurs économiques et sociaux de l'État du Texas.
MONSIEUR LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE, RENTREZ DANS L'HISTOIRE
M. le président de la République, votre décision historique de retirer définitivement des rues de nos villes tous les enfants soumis à l'exploitation de leur mendicité, aux négligences criminelles et à diverses formes de maltraitance, honore la République
Des maîtres chanteurs aveuglés par des gains immondes sur le dos des enfants recommencent à proférer des menaces contre la République protectrice des enfants.
Toute honte bue, ils réclament le droit d'exploiter les enfants en les forçant de mendier, le droit de vivre de la force de travail prématurée de ces enfants orphelins de la république. Ils réclament le droit de leur faire subir de graves châtiments corporels s'ils ne rapportent pas la somme journalière fixée d'avance. Ils réclament le droit de les menotter, de les frapper à mort, de les soumettre à un stress permanent et à des précarités de vie indignes d'une condition humaine. Ils réclament le droit de livrer les enfants aux pieds nus à l'errance dans les rues de nos principales villes sous la chaleur, le froid, la pluie et à n'importe quelle heure de la journée. Ils réclament notre lâcheté et notre silence complice.
La République s'est toujours couchée devant ces bourreaux d'enfants et leurs complices qui se trouvent aussi dans la société. Nous avons en mémoire la reculade de l'ancien régime alors que le premier Ministre Souleymane Ndéné NDIAYE, suite au conseil inter ministériel du 24 août 2010, annonçait et mettait en œuvre le premier plan concret de retrait des enfants des circuits de l'exploitation de leur mendicité.
La deuxième reculade a été marquée par le blocage du Plan Stratégique d'Eradication de la Mendicité Infantile adopté en conseil interministériel présidé par l'ancien premier Ministre Abdoul MBAYE et comme réponse à la tragédie de l'incendie du tristement célèbre daara de la Médina où neuf talibés sont morts brûlés vifs.
M. le président de la République, votre décision historique de retirer définitivement des rues de nos villes tous les enfants soumis à l'exploitation de leur mendicité, aux négligences criminelles et à diverses formes de maltraitance, honore la République.
Osez donc rentrer dans l'Histoire en étant le Président du Sénégal qui a eu le courage politique de mettre fin à la servitude quotidienne de mendicité forcée, voire à l'esclavage, de dizaines de milliers d'enfants du Sénégal et de la sous région.
La confusion entretenue par la communication de votre premier Ministre limitant votre initiative de salut public et de restauration des droits de ces enfants martyrs à la seule région de Dakar, du moins de Dakar à MBao, ne doit nullement vous engager. Quid des enfants en situations de rue dans les autres régions et victimes de l'exploitation de leur mendicité et d'autres formes d'asservissement? Le bon sens et l'intangibilité des droits de tous les enfants à la protection n'acceptent pas ce non sens et ce manque de courage politique.
Le Sénégal ne mérite point d'être le seul pays au monde et de la Umma islamique où l'État et la société ne réagissent pas à cette honteuse exploitation et maltraitance des enfants. Nous sommes des millions de sénégalais qui n'acceptons plus cela. Nous sommes prêts à défendre l'honneur de la République, l'État de droit, nos valeurs religieuses et culturelles qui assurent la protection de tous les enfants sans aucune discrimination.
Parmi ce peuple digne qui soutient votre décision, il y'a bien des maîtres coraniques, des imams, des marraines de daaras ou "dey daara", des enfants qui souffrent quotidiennement dans leurs chairs et subissent des mutilations au plan psycho affectif, des enfants et jeunes de tous les milieux , des femmes, des intellectuels, des chefs religieux, d'islamologues, des notables et chefs coutumiers, des artistes et créateurs, des sportifs, des délégués de quartier, des travailleurs sociaux de rue, des acteurs des organisations de la société civile nationale et internationale, des travailleurs, des chefs d'entreprise, des membres de divers partis politiques(je salue au passage les courageuses positions publiques de l'UNP de Moctar Sourang, de la LDMPT, de la Plateforme Avenir Sénégal Binu beug et du Maire de la Médina Bamba Fall).
M. le président de la République, vous avez également reçu les soutiens de la CEDEAO, du Système des Nations- Unies, de pays amis, de citoyens de pays de la sous région et de toute l'Afrique entière.
C'est vous dire que le monde entier a le regard tourné vers le Sénégal où vous venez de susciter la grande espérance de libération des enfants des pires formes d'exploitation et de pratiques analogues à l'esclavage. Il vous/nous est absolument interdit de briser cette espérance.
C'est maintenant que l'histoire frappe à votre porte. Ne ratez surtout pas ce momentum. Dans le passé nous avons tout essayé pour éradiquer ce phénomène d'asservissement de l'enfant sans y parvenir effectivement. A cet effet, je rappellerai pour la mémoire collective : la tenue, en juillet 1977, du premier conseil inter ministériel consacré à la lutte contre la mendicité des enfants ; l'organisation, dans la foulée de ce conseil inter ministériel et par l'Institut Islamique de Dakar, d'un séminaire national sur la mendicité des enfants de certains daaras avec la participation de diverses associations islamiques, de maîtres coraniques de daaras de grande renommée et des représentants de certaines associations laïques ; l'Instruction d'octobre 1978 du premier Ministre demandant au Ministre de l'Action Sociale de prendre toutes dispositions utiles pour : lutter contre la mendicité des talibés avec le concours de la police et de la justice, ouvrir des centres d'accueil pour les talibés mendiants, appuyer les daaras sur les plans alimentaire et sanitaire ; les tenues en octobre 2006 du premier Conseil Présidentiel sur les enfants de la rue , du Conseil inter ministériel du 24 août 2010 , du Conseil inter ministériel du 13 mars 2013.
Des milliards de francs FCA ont été dépensés dans des programmes et projets dédiés à la lutte contre l'exploitation de la mendicité des enfants, au retrait et réinsertion des enfants de la rue (expérience du Partenariat pour le Retrait et la Réinsertion des Enfants de la rue -PARRER- soutenu par la Banque Mondiale et l'UNICEF). L'environnement légal a été renforcé avec l'adoption de la loi n°2005-06 du 10 mai 2005 relative à la lutte contre la traite des personnes et pratiques assimilées et à la protection des victimes.
Malgré tous ces processus et initiatives publics, soutenus par la société civile et des partenaires techniques et financiers, la présence d'enfants dans les rues à des fins d'exploitation et d'abus ne cessait de croître.
L'action d'autorité requérant la mobilisation de l'ensemble de l'appareil d'État s'imposait Votre décision est de l'ordre de la justice réparatrice pour les enfants oubliés, négligés et livrés à des prédateurs de touts bords. Alors M le Président, je vous en supplie : Rentrez dans l'Histoire.
Mamadou WANE dit Mao
Coordonnateur de la PPDH
Membre du Groupe de la société civile, des partenaires techniques et financiers pour la Protection de l'Enfant