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4 mai 2025
Opinions
Par Abdoul Aly KANE
GROGNE POPULAIRE SUR FONDS DE CONCERTS MÉTALLIQUES
Ainsi, d’une manifestation pour la réhabilitation des candidats écartés de la course aux suffrages populaires, on est passé à une autre centrée cette fois sur les conditions de vie actuelles des populations
Le « concert de casseroles » appelé par Ousmane Sonko pour protester contre la politique du régime actuel, s’est tenu mercredi sur l’étendue du territoire national. Rivalisant de créativité et d’ardeur, des percussionnistes composé de jeunes gens et jeunes filles mais aussi de pères et de mères de famille ont envahi l’espace public un laps de temps, accompagnés de klaxons, de sifflets et divers autres instruments sonores et laissé libre cours à l’expression de leur désaccord avec la politique du Président Macky Sall en matière d’emplois et de baisse du coût de la vie.
Ainsi, d’une manifestation pour la réhabilitation des candidats écartés de la course aux suffrages populaires, on est passé à une autre centrée cette fois sur les conditions de vie actuelles des populations. Gageons que les manifestations à venir seront du même ordre en termes de revendications, ce qui va beaucoup compliquer la tâche au Président du pays. La hausse des prix de produits alimentaires de base enclenchée depuis la crise du Covid et qui se poursuit avec le conflit géopolitique actuel en Ukraine, est en effet rude, voire insupportable pour les populations.
Pour cause, en cinq mois, les prix de l’huile, du pain, du sucre, du café, du lait, de la farine, de la tomate etc. ont augmenté, participant à la dégradation du pouvoir d’achat des Sénégalais faute d’indexation de leurs revenus sur l’inflation ou de subventions suffisantes pour maintenir le pouvoir d’achat. De surcroît, la campagne agricole d’hivernage, source de sécurité alimentaire pour les populations rurales, est menacée par le déficit d’engrais en provenance de Russie et d’Ukraine.
Bref la conjoncture économique est loin d’être favorable au pouvoir du Macky Sall. Cette situation, qui n’est pas propre au seul Sénégal, pose fondamentalement le problème des plans de développement des pays d’Afrique conçus dans le cadre d’une insertion au marché mondial par le biais de l’exportation en l’état brut de nos matières premières, et de la couverture de nos besoins en produits alimentaires par l’importation et non par le développement agricole. C’est ce schéma qui a « corseté » l’Afrique depuis les indépendances, dans des budgets nationaux inopérants pour le développement d’infrastructures, parce qu’insignifiants, faute de valeur ajoutée suffisante dans les produits d’exportations. Emerger économiquement dans ces conditions est une gageure.
En Afrique, la satisfaction des besoins de nourriture, de santé, d’éducation des populations, d’emploi des jeunes est peu couverte. Les revenus tirés de l’exportation des matières premières ne génèrent pas suffisamment de recettes pour alimenter les budgets sociaux et créer ou susciter la création d’activités génératrices d’emplois pour les jeunes. Au plan démographique, l’Afrique, c’est 15 % de la population mondiale mais paradoxalement elle ne participe qu’à hauteur de 2,6 % d’un commerce mondial d’où est retirée l’essentiel de la richesse des nations.
Le défaut d’une approche d’ensemble du développement économique du continent y est pour beaucoup. Il s’explique par la stratégie de balkaniser le continent pour mieux le diviser et exploiter ses richesses au gré des intérêts des grandes puissance et de leurs multinationales. Pourquoi acceptons-nous encore de croire à des plans de développement économique à l’échelle de micro-Etats pour la plupart, sans ressources financières et humaines permettant de faire face aux besoins de transformation des richesses du sous-sol dont la plupart des Etats sont pourvus ? Pourquoi autant de plans d’émergence que de micro-pays ?
Le Sénégal a longtemps été considéré comme un pays pauvre, dépourvu de ressources minières, hormis le phosphate. D’un jour à l’autre, on y a découvert de l’or, du gaz, du zircon, du fer, de l’uranium, du pétrole et du gaz. Du coup, le pays devient riche potentiellement, la condition nécessaire étant la valorisation de ces produits à leur juste prix. Qu’est-ce qui donc empêche cette valorisation ? A cette question, il nous est répondu que le pays n’a ni la technologie, ni les ressources humaines et encore moins les ressources financières pour les exploiter et les transformer.
On ajoute que, dans cette configuration, il était préférable de se spécialiser dans la perception de rentes et laisser les multinationales rompues à l’exploitation minière, prendre les risques et faire au mieux. C’est dans cette configuration que le Sénégal a exporté son or vers la Suisse pour une valeur de 115,756 milliards de Fcfa pour la période de janvier à Avril 2022, (statistiques du commerce extérieur de juin 2022 de l’ANSD) soit près de 83 % du total des exportations du Sénégal en direction des pays de la communauté européenne (139,135 milliards de fcfa sur la même période).
Le phosphate, transformé en acide phosphorique, composante de la fabrication d’engrais et utilisé dans l’industrie, est exploité par des privés indiens et exporté en totalité vers leur pays. Il en va de même pour le pétrole et le gaz déjà évoqués dans de précédentes contributions. Aujourd’hui, la configuration géopolitique change. L’Afrique est convoitée par les puissances traditionnelles d’Europe et les Etats Unis, mais également par les puissances émergentes dont la Chine, l’Inde, la Russie, la Turquie etc.
Pas de salut économique pour les Etats africains sans politiques économiques créatrices d’emplois !
Le premier conflit majeur d’Europe depuis la 2ème guerre mondiale entre la Russie et l’Ukraine a entraîné une série d’effets mettant à mal le système productif, monétaire, logistique et commercial en vigueur dans le monde depuis la chute du mur de Berlin. Devant le désordre mondial actuel devant accoucher, si l’on se fie aux signes annonciateurs, d’une configuration économique mondiale bi- polaire dans laquelle l’Afrique est appelée à participer, la réflexion doit être urgemment enclenchée pour rompre d’avec son rôle traditionnel de pourvoyeur de matières premières et d’acheteur de produits finis.
En se fiant aux déclarations des dirigeants chinois et russes, la création d’un système alternatif commercial, monétaire, logistique serait imminente. Avec les sanctions infligées qui lui sont en matière de transactions commerciales, la Russie vend aujourd’hui son pétrole à l’Inde et à la Chine, et réorienterait son commerce extérieur vers ces deux pays. Au regard de la situation économique actuelle de l’Europe, et par conséquent de l’euro, cette réflexion s’impose aux décideurs et aux spécialistes des questions économiques et monétaires.
La guerre russo-ukrainienne et, avant elle, la pandémie du Covid sont à l’origine d’une inflation sans précédent en Europe avec comme conséquence des tensions sur la monnaie commune, l’euro, du fait de l’endettement public des pays européens du Sud et de divergences dans les politiques monétaires à mettre en œuvre pour le maintien de la valeur de l’euro principalement face au dollar.
Les mesures drastiques de restrictions budgétaires envisagées par la Commission européenne pour contenir une inflation galopante (8 % actuels pour une limite de 2% à moyen terme) peinent à être appliquées, en raison des tendances souverainistes des populations qui se manifestent par les suffrages obtenus par les partis prônant peu ou prou la sortie de l’Europe.
L’euro étant ainsi fragilisé par les atermoiements sur la politique monétaire à appliquer, que risque de devenir le FCFA auquel il est lié ? Des voix autorisées n’excluant pas l’éclatement de l’Europe, donc de la zone euro, quel sort sera réservé au Franc CFA ? Quid des réformes en préparation au niveau de la CEDEAO et de l’Uemoa ? Autant de questions qui interpellent les Etats, la BCEAO, ainsi que les économistes monétaristes !
La remarque que l’on peut faire sur le comportement des économies des pays ayant en commun le Fcfa est que les chocs exogènes du Covid et du conflit russoukrainien n’ont pas nécessité l’utilisation des taux directeurs par la BCEAO pour contenir l’inflation, comme c’est le cas pour les banques centrales européennes.
L’inflation dans nos pays est généralement d’origine externe et, par conséquent, non générée par le fonctionnement à l’interne de l’économie. L’extraversion de nos économies est telle que les instruments financiers de politique monétaire, comme les taux directeurs de la BCEAO servant de base aux taux d’intérêts pratiqués par les banques, ont peu d’effet sur le volume du crédit distribué à la clientèle.
La hantise de la crise bancaire des années 80 a généré une réglementation stricte imposant aux banques des normes de prudence réprimant ce type de crédit. En revanche, le marché financier a été ouvert aux Etats via les bons du Trésor et les obligations d’Etat pour la réalisation d’infrastructure set la couverture de leurs besoins de fonctionnement. Ces titres d’Etat refinancés ou rachetés en cas de besoin par la Banque centrale ont été prisés par les banques du fait leur sécurité et leur liquidité contrairement aux obligations d’Etat et autre bons du Trésor prisés par les banques en raison de leur solvabilité et de leur liquidité. La tendance répressive du système bancaire vis-à-vis du crédit aux PME bloque le développement du tissu économique de nos pays.
L’Afrique, le Sénégal en particulier ne peut « s’en sortir » sans la mise en œuvre de politiques économiques créatrices d’emploi. Les changements à venir dans le système actuel de production et de commercialisation au niveau mondial, les divers systèmes monétaires en voie de création (autour du yuan, de la roupie et du rouble) ou en voie de restructuration dans la zone euro, vont reposer la question de la réforme du Fcfa ou de son abandon en fonction des perspectives communes de développement des états concernés. Il est communément admis aujourd’hui que l’Afrique ne peut plus exporter ses matières premières sans transformation.
Le système actuel crée du chômage et de la pauvreté dont les « filets sociaux » ne peuvent combler les effets. La stabilité du Franc Cfa via un taux d’inflation minimal a toujours été de mise dans la zone, sans qu’elle n’ait impulsé le développement économique par un soutien des banques aux entreprises naissantes évoluant dans des secteurs de croissance ou créatrices d’emploi. Le paradigme d’une stabilité monétaire sans effet sur le développement du tissu industriel et la création d’emploi doit être revu.
La création et le développement d’industries de transformation doivent être encouragés. L’innovation doit être promue dans le sens de la création d’instruments financiers en faveur de la création et du développement par les jeunes de PME africaines. L’accès des start up africaines au marché financier doit être facilité au même titre que cela l’est pour les Etats dans le cadre du marché des titres publics.
Le desserrement du crédit par les banques commerciales pour financer l’entreprise, en particulier les PME, devrait , à notre sens, passer par l’adoucissement des normes prudentielles appliquées aux banques, et le découragement des banques à privilégier les produits de trésorerie générés par l’acquisition de titres publics au détriment des crédits à la clientèle privée.
Par Demba Moussa Dembélé
LE CRÉPUSCULE D’UN RÉGIME DESPOTIQUE
Jamais l’administration sénégalaise n’a été autant politisée. Tout montre aujourd’hui que le Sénégal est dirigé par un régime despotique, qui cherche à utiliser tous les moyens, y compris la terreur, pour rester au pouvoir contre la volonté du peuple
Tout montre aujourd’hui que le Sénégal est dirigé par un régime despotique, qui cherche à utiliser tous les moyens, y compris la terreur, pour rester au pouvoir contre la volonté du peuple.
L’Etat de droit foulé aux pieds
L’un des symboles les plus illustratifs du despotisme du régime actuel est l’effondrement de l’Etat de droit. On se souvient qu’en février 2021, plus d’une centaine d’éminents universitaires avaient donné l’alerte, dans un document largement relayé par les médias, sur la crise de l’Etat de droit au Sénégal. Mais le despote Macky Sall n’en a eu cure ! Les arrestations arbitraires de députés et de maires pour avoir exercé leur droit de manifester pacifiquement donnent une idée de la détérioration de l’Etat de droit et de l’ampleur du recul démocratique sous le régime de Macky Sall. Les libertés démocratiques, si chèrement acquises, comme la liberté de réunion, d’association et d’expression, sont de plus en plus menacées. Avec pour objectif le musellement des critiques et la promotion d’une pensée unique, celle du despote et de ses affidés. Jamais l’administration sénégalaise n’a été autant politisée que sous la présidence de Macky Sall. Avec lui, il faut être membre de son parti ou de sa Coalition pour détenir un poste ministériel ou diriger une société publique ou un département ministériel. Au sein du commandement territorial, les préfets et sous-préfets se comportent comme des auxiliaires du parti présidentiel. Au Fouta, le prétendu « titre foncier »de Macky Sall, son griot Farba Ngom se comporte comme le parrain d’une mafia tropicale, terrorisant les populations et même les représentants de l’Etat à tous les niveaux.
Sous Macky Sall, la justice a été transformée en un instrument au service de ses objectifs politiques. Au point que les principaux organes qui la symbolisent, comme la Cour suprême et le Conseil constitutionnel, ont perdu leur crédibilité, aux yeux d’une grande partie de l’opinion. La justice n’est plus rendue au nom du peuple mais selon les desiderata de Macky Sall ! C’est dans ce contexte qu’il faut situer la décision honteuse et ridicule du Conseil constitutionnel, qui est en train de mettre le feu aux poudres dans le pays. Sans être juriste, il est évident que cette décision n’a rien à voir avec le droit. Elle est éminemment politique et dictée par le désir de Macky Sall de voir les leaders de la Coalition Yewwi éliminés de la course aux législatives. Et tout le monde savait, y compris Macky Sall, que Yewwi n’accepterait jamais une telle forfaiture. Si le régime de Wade avait procédé ainsi avec Macky et sa Coalition, ils ne l’auraient jamais accepté. Si le Conseil constitutionnel avait recalé la liste nationale de Benno, Macky ne l’aurait pas accepté et il aurait trouvé un prétexte pour renvoyer les élections à une date ultérieure pour permettre à sa Coalition de revenir dans le jeu.
Un président aux abois
L’instrumentalisation du Conseil constitutionnel et la tentative d’éliminer la liste nationale de Yewwi ainsi que le rejet de plusieurs listes du fait du parrainage, pourtant condamné par la Cour de justice de la CEDEAO, illustrent la peur au ventre qui hante Macky Sall à moins de deux ans de la fin de son second et dernier mandat. Cette peur a été décuplée par les résultats des locales qui ont démontré son impopularité croissante et la montée en puissance de l’opposition. Il craint que les résultats des élections législatives n’amplifient ceux des locales. Ce qui enterrerait définitivement ses velléités de troisième mandat. C’est donc la peur de perdre le pouvoir qui explique certains comportements de Macky Sall qui n’honorent pas la fonction présidentielle. On se rappelle que pendant les locales, il s’était affiché avec Djibril Ngom, qui avait trahi Yewwi dans le département de Matam.
La photo prise au Palais lors de cette rencontre, avec une grosse enveloppe à terre et sans doute bourrée d’argent, avait soulevé une grande indignation dans l’opinion, y compris parmi des partisans du régime. Tout récemment, sa rencontre à Paris avec celui que tout le monde appelle « insulteur public », Kalifone, qui avait débité des insanités contre Macky Sall et sa famille, avait fait l’objet de très vives critiques, de la part même de milieux proches du régime.
L’armée mexicaine et ses mercenaires
Dans la panique qui gagne les rangs du pouvoir, certains membres de l’armée mexicaine, de plus en plus démoralisée, appellent ouvertement à l’assassinat d’opposants, notamment de Ousmane Sonko, sans être inquiétés le moins du monde par une justice aux ordres! Pendant ce temps, des députés et maires de l’opposition sont arrêtés sous les prétextes les plus fallacieux : « offense au chef de l’Etat », ou « trouble à l’ordre public ». Face à l’incurie de son armée mexicaine, Macky Sall pense pouvoir compter sur la cohorte de mercenaires qu’il a recrutés au fil du temps. Certains dans cette foule sont des repris de justice, des trafiquants en tous genres et des ivrognes notoires, qui sont également gagnés par la peur de perdre leurs privilèges. Certains d’entre eux sont devenus de véritables pyromanes qui cherchent à brûler le pays pour essayer de retarder la chute inéluctable du régime.
Le sort des despotes
Redoutant cette chute et se sentant dos au mur, Macky Sall a fini d’instaurer un véritable état policier. En témoignent les interdictions de manifester, la multiplication des arrestations arbitraires, la violation des droits les plus élémentaires des citoyens et l’impunité dont jouissent les forces de l’ordre malgré toutes les accusations portées contre elles. Mais le recourir à une répression aveugle, voire à la terreur, contre le peuple, risque tout simplement d’être fatal à Macky Sall, comme le montrent les exemples d’autres despotes.
Yaya Jammeh, après 22 ans de règne sanglant et sans partage, a fini par se réfugier en Guinée équatoriale. Il sera peut-être extradé un jour s’il est jugé et condamné dans son pays. Blaise Compaoré, l’assassin de Thomas Sankara, qui a régné pendant près de trois décennies, a fini par fuir, suite à une insurrection populaire, pour aller se réfugier en Côte d’Ivoire. Il a été condamné à perpétuité pour l’assassinat de Sankara et un mandat d’arrêt international a été lancé à son encontre. Il vit maintenant comme une bête traquée, avec la hantise d’être arrêté un jour et renvoyé au Burkina. Tel est le sort de quelques despotes de l’Afrique de l’Ouest, qui devrait faire réfléchir Macky Sall et son entourage. Les peuples sont plus forts que les dictateurs. Et ils finissent toujours par avoir le dernier mot.
PAR Abdoul Aziz Diouf
FAUT-IL BRÛLER LES FACULTÉS DE DROIT DU SÉNÉGAL ?
Le monde académique souffre d’un incivisme insupportable. Le silence bruissant de la communauté universitaire sur l’actualité politico-judiciaire est un signe de sa défaite intellectuelle
Propos irrévérencieux d’un universitaire citoyen sur l’actualité politico-judiciaire
Etablir un rapport d’imputabilité entre les Facultés de droit et l’actualité politico-judiciaire sénégalaise pourrait sembler aporétique, voire chimérique. Un bref exposé de l’histoire de l’université sénégalaise permet cependant d’attester une telle filiation.
Le monde académique sénégalais en général, les Facultés de droit en particulier, même dans cette ère contemporaine sont des vestiges du fait colonial. Antérieure à l’accession de l’État du Sénégal à la souveraineté internationale, l’Université Cheikh Anta Diop a été pensée et élaborée en marge des préoccupations des populations locales.
Outil devant garantir la permanence de l’ordre colonial, l’université sénégalaise agit en surplomb de la société humaine dont elle est présumée appartenir. Et les Facultés de droit incarnent, avec une résonnance particulière, cette distance existant entre la chose juridique et ses destinataires. La généalogie coloniale des Facultés de droit au Sénégal a contribué fortement à faire des sciences juridiques non pas un savoir du Juste mais plutôt une science du pouvoir.
À l’image de l’administration coloniale construisant le Droit comme un instrument de répression et d’humiliation des sujets africains, le monde académique sénégalais est fondamentalement convaincu que la science juridique est un ordre de pouvoir empruntant son herméneutique non pas aux populations mais plutôt au législateur qui n’est autre que le pouvoir politique. Dans cet ordre d’idées, le positivisme juridique constitue le paradigme dominant dans les méthodes d’apprentissage et les programmes d’enseignement.
Le Droit se résume à la somme des lois et le savoir juridique se simplifie dans une connaissance stricte du droit positif. La promotion d’une autonomisation du Droit de la morale par les universitaires sénégalais n’est pas sans conséquence sur toutes les professions juridiques (magistrats, avocats, notaires, huissiers, énarques, police, gendarmerie…). L’assimilation des sciences juridiques à une fabrique du pouvoir convertit toutes les professions juridiques en une seigneurie féodale mesurant son rayonnement dans sa capacité d’allégeance au Monarque habillé des rites de la République.
Cette iconographie de la vassalisation des professions juridiques trouve son point culminant dans la magistrature sénégalaise. L’inexistence d’un État de droit au Sénégal a pour correspondance l’absence d’une magistrature républicaine. De Mamadou Dia à Ousmane Sonko, en passant par Cheikh Anta Diop, Majmouth Diop, Abdoulaye Wade, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Khalifa Sall…, l’inféodation de l’appareil judiciaire au pouvoir politique se dispense de microscope pour s’observer.
Nul besoin d’une certaine érudition en sciences juridiques pour constater que la magistrature sénégalaise a pris en otage le Droit pour satisfaire les caprices du Prince. Conseil constitutionnel, Cour suprême, procureurs de la République…, dans cette perspective des élections législatives, manipulent le droit positif dans des conditions indignes d’étudiants même de première année de sciences juridiques.
Lorsque des décisions de justice, des actes d’autorité de procureurs de la République mènent au chaos social (dix-sept morts, des centaines de blessés, des emprisonnements de citoyens amoureux de la démocratie, de bâillonnement de l’opposition…), force ne reste plus à la loi mais au peuple. En ces périodes troubles de l’histoire politique de notre pays, l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) garante indirectement de l’honorabilité de la magistrature a le devoir éthique d’exprimer publiquement son désaccord à la politisation outrancière de l’appareil judiciaire.
La rupture de la magistrature sénégalaise avec le contrat social (pacte républicain) sous la présidence de Macky Sall a pris des proportions abyssales. La confiance des citoyens en leur Justice s’est profondément abimée. Les évènements de mars 2021 ont été suffisamment illustratifs de cet état de fait. Dans l’historiographie anti-républicaine de la magistrature sénégalaise, pour la première fois des manifestants soucieux de la construction d’un Etat de droit ont attaqué physiquement des tribunaux dans différents endroits du pays.
D’un point de vue anthropologique, ces assauts contre l’institution judiciaire renseignent sur sa désacralisation par les couches populaires. La démythification de la justice dans l’imaginaire collectif constitue une menace contre la pérennité de la nation sénégalaise dont la construction demeure fragile et inachevée.
S’agissant des Facultés de droit, leur faillite dans leur responsabilité à promouvoir un État de droit s’exonère de toute démonstration. Censé exercer une autorité morale sur toutes les professions du droit, le monde académique souffre d’un incivisme insupportable. Le silence bruissant de la communauté universitaire sur l’actualité politico-judiciaire est un signe de sa défaite intellectuelle. L’anti-intellectualité du monde « savant » sénégalais peut se constater à travers l’Association Sénégalaise de Droit Constitutionnel (ASDC), structure composée substantiellement d’universitaires de droit public.
La fonction d’une corporation savante particulièrement de droit constitutionnel n’est pas exclusivement d’organiser des colloques et autres rencontres insipides, mais de donner aussi son opinion et expertise sur les questions sociétales ayant une forte charge de droit constitutionnel. Les décisions récentes du Conseil constitutionnel ayant fortement contribué à abîmer la science juridique, il était du devoir de l’ASDC d’exprimer sa désolidarité à l’égard des sept « sages ».
Toutefois, l’auteur de ces lignes n’est point surpris par ce mutisme des universitaires publicistes, lorsque certains parmi eux assimilent la science constitutionnelle à une ingénierie, tandis que d’autres plus ignorants se réclament comme agissant dans la « haute couture ». Que d’inculture ! La Constitution n’est pas une addition de normes ; elle est l’âme d’un peuple et son savoir déborde l’étroitesse de la science des ingénieurs. Elle n’est pas aussi un corps susceptible d’être habillé par n’importe quel « grand couturier ». La Constitution n’est pas une loi, c’est un totem.
L’édification d’un État de droit au Sénégal ne se réalisera pas sans une refondation épistémologique des Facultés de droit. Il est plus que vital pour les acteurs du monde juridique de comprendre que le juriste n’est pas un sachant de la mécanique des lois mais un amoureux du juste.
Faut-il brûler les Facultés de droit du Sénégal ? Les éventuels pyromanes gagneraient à mobiliser leurs énergies dans des crimes plus féconds. On ne tue pas un cadavre. Et ceci n’est pas une litote.
Abdoul Aziz Diouf est Professeur titulaire, Agrégé des Facultés de droit, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
par Cheikh Mbacké Kébé
POUR L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE NOTRE PAYS
Les élections pourront bien attendre que les conditions optimales de leur organisation pacifique soient réunies. La paix sociale vaut bien quelques entorses au calendrier républicain
Il arrive souvent dans le parcours d’un être humain que l’appel du devoir l’amène à faire des choses dont il n’a pas forcément envie. Dans la vie d’une communauté humaine, il y a des moments où garder le silence n’est ni courageux, ni responsable. Habituellement, je n’aime pas particulièrement – pour ne pas la rendre acerbe – tremper ma plume dans l’encre trouble de la politique sénégalaise rythmée continuellement de séances sans répit de pugilat verbal et de crocs-en-jambe entre composantes du microcosme. Vouloir décrire la nature véritable de certaines choses ou donner la mesure réelle de certaines situations peut nous amener à paraître irrévérencieux. La vérité ne peut pas cependant s’accommoder de certaines courtoisies.
Flash-back : revenons à 10 ans en arrière
Au soir du 25 mars 2012, alors que dans la plupart des chaumières de notre pays, on se laissait submerger par une frénésie euphorique, le message (sous la forme d’une prière ou d’une simple mise en garde) que j’envoyais à certains de mes amis (parmi lesquels un bon nombre avait soutenu à fond celui qui allait devenir notre quatrième président) était perçu par les moins lucides d’entre eux comme le soupir malvenu d’un rabat-joie ! Pourtant, mes propos qui invitaient à la vigilance disaient simplement à peu près ceci : « Que Dieu nous préserve de nouvelles désillusions et de lendemains qui déchantent ! Nous avions caressé tellement d’espoir en 2000…. ».
Nos mises en garde n’auront pas servi à grand chose. Dans cette sorte d’extase collective, seules quelques rares personnes aux idées encore suffisamment claires – dont notre regretté aîné et ami ABC – avaient daigné réagir positivement à notre avertissement. Mais lui, c’était autre chose ! Nous aurons certainement l’occasion de revenir sur cet homme de grande qualité.
Les failles d’une démocratie
Ce qui se passe depuis sous nos yeux confirme à souhait ce que beaucoup de démocrates sincères redoutaient depuis l’aube de l’expérimentation de cette forme de gouvernance – à savoir que la démocratie n’est pas parfaite même si elle reste le système le moins mauvais pour régir notre « commun vouloir de vie commune » - pour ne pas dire notre fatalité à devoir vivre ensemble avec certes nos qualités individuelles et collectives, mais aussi (surtout) nos tares et insuffisances ! La démocratie ne nous garantit malheureusement pas le choix d’hommes et femmes irréprochables pour diriger leurs semblables ! Il arrive pourtant trop souvent sous nos cieux que celui qui dirige l’État finit par se confondre avec le pouvoir de cet État en en devenant presque l’alpha et l’omega !
Ne nous voilons pas la face devant une évidence qui crève les yeux : en dépit de réalisations flatteuses sur le plan des infrastructures, notre cher pays voit – à cause d’une situation politique qui va à vau-l’eau – sa vitrine démocratique craqueler de toutes parts. Les tensions politiques – et sociales subséquemment – ne sont plus loin d’atteindre leur paroxysme.
Certains ont peut être besoin d’apercevoir d’énormes nuages de fumée, et des flammes géantes pour se résoudre à appeler au secours, et avec qui un seau d’eau, qui un pot, qui une bassine, tenter de venir à bout d’un incendie dont l’ampleur dépasserait rapidement les moyens dérisoires alignés pour l’éteindre ! Et comme à l’accoutumée dans ce pays où l’on parle plus qu’on agit, les sapeurs pompiers de tous bords arriveraient bien après pour constater les dégâts, comme ces médecins appelés au secours et qui ne se présenteront que lorsque le patient sera passé de vie à trépas ! Les embouteillages monstres et les chantiers du fameux BRT (un autre projet phare qui devait pourtant faire rêver nos compatriotes) qui ont transpercé notre capitale de part en part auront toujours bon dos !
Nous ne sommes pas de ceux qui ont eu besoin d’attendre le démarrage du tintamarre cacophonique des concerts de casserole en ce lendemain de fête de la musique, et de voir la pollution sonore s’emparer peut-être de la plupart des centres urbains et banlieues du Sénégal pour se rendre compte de la profondeur du fossé entre des acteurs politiques qui ne se parlent plus et qui ont pourtant chacun leur part de responsabilité.
Renouer à tout prix les fils du dialogue:une impérieuse nécessité
Nous faisons partie par la grâce de Dieu des hommes et femmes de ce pays suffisamment équidistants des forces politiques en présence pour être en mesure d’échapper à cette vision manichéenne quasi-maladive ambiante consistant, en fonction de son positionnement, à voir tous les bons d’un côté, et tous les mauvais de l’autre. De part et d’autre de la barrière, nous ne voyons que des Sénégalais, nos concitoyens d’égale dignité.
Nous les conjurons au nom des intérêts supérieurs de notre cher Sénégal à se parler pendant qu’il est encore temps. Les élections pourront bien attendre que les conditions optimales de leur organisation pacifique soient réunies. La paix sociale vaut bien quelques entorses au calendrier républicain.
Disons-nous simplement que ce pays, nous ne l’avons pas hérité de nos prédécesseurs – nos pour en disposer n’importe comment, que nous l’avons juste emprunté à nos successeurs – nos enfants à qui nous avons l’obligation de le restituer dans un état meilleur ou à tout le moins égal à celui dans lequel nous l’avions reçu.
Ceux qui ont en charge la responsabilité de diriger ce pays sont les premiers interpellés. Même dans l’hypothèse où ils auraient eu une action irréprochable à la tête du Sénégal – ce qui est loin d’être le cas ne serait-ce que parce que toute action humaine est perfectible – cela ne leur aurait nullement donné une licence pour briser les carrières de celles et ceux qui pensent autrement, ou prendre en otage tout le système en faisant de sorte qu’il ne puisse plus permettre une expression libre et plurielle.
Comme on dit en football – pour emprunter à la seule activité qui semble apte à nous assurer un minimum de consensus son langage accessible à nos compatriotes jeunes dans leur écrasante majorité – la balle est dans le camp de ceux qui détiennent encore le pouvoir. Qu’ils veillent à en faire un bon usage avant que la superbe pelouse ne soit transformée en champ de ruines !
Que le Seigneur Miséricordieux continue de veiller sur notre cher pays !
PAR Alain Foka
VIDEO
COMMENT REMPLACER LE BLÉ RUSSE ET UKRAINIEN EN AFRIQUE ?
Maintenant que l’on sait que le concept d’aide ne développe pas un pays, et que le soutien aux nations est à géométrie variable, comment met-on un terme, ou diminue t’on, la dépendance de l’Afrique aux denrées alimentaires venus d’ailleurs ?
Quelle humiliation pour l’Afrique qui possède plus de 60% des terres arables de la planète mais qui dépend pour l’essentiel de ce qu’elle consomme des autres continents. Il a suffit d’une guerre entre 2 Etats à des dizaines de milliers de kilomètres d’elle (Russie, Ukraine) pour qu’elle soit fortement menacée de graves crises alimentaires, avec une flambée des prix inédites.
Le président de l’Union africaine s’est trouvé contraint d’aller négocier notre approvisionnement en blé. Quel spectacle ! Maintenant que l’on sait que le concept d’aide ne développe pas un pays, et que le soutien aux nations est à géométrie variable, comment met-on un terme, ou diminue t’on, la dépendance de l’Afrique aux denrées alimentaires venus d’ailleurs ?
par Makkane
GANG À CASSEROLES ET SES COMPLICES RUSÉS
EXCLUSIF SENEPLUS- La bande à Ousmane Sonko est dissimulatrice, et de façon très maladroite, d’un agenda anti-démocratique. C’est un scandale de laisser des factions minoritaires conduire des jeunes à la mort pour les besoins d’une cause morbide
Les gesticulations et provocations à l’endroit des autorités qui incarnent l’État sont à ce point véhémentes et fréquentes, qu’il est devenu clair aux yeux de tout Sénégalais lucide que la bande à Ousmane Sonko est dissimulatrice, et de façon très maladroite,
d’un agenda séparatiste, anti-démocratique et anti-national.
Le bonhomme a tout d’un tyran avant même d’exercer un quelconque pouvoir.
Certains diront que mon propos est excessif.
Mais la réalité, telle qu’elle se déroule sous nos yeux est digne du roman de genre psychologique titré : “Les complices “ paru en 1956, sous la plume de l’auteur belge, George Simenon.
C’est l’histoire d’un inspecteur jouisseur, du nom de Joseph Lambert qui libérait ses pulsions libidinales sur toute femelle à sa portée et particulièrement sur sa secrétaire Edmonde.
À l’arrière plan, une maîtresse Léa, complice et consolatrice, à l’insu de sa femme qui ne pouvait pas deviner ses turpitudes.
Jusqu’au jour où il revenait d’une inspection de son “chantier” avec à bord la passagère Edmonde, roulant au milieu de la chaussée, il heurte un bus transportant une quarantaine d’élèves qui partaient pour les colonies de vacances.
Le bus prend feu et tous les enfants sont carbonisés, sauf une fille grièvement brûlée.
Monsieur Lambert pris de panique, poursuit son chemin.
Il apprend l’horreur dont il est responsable dans la ville où la nouvelle est sur toutes les lèvres.
Contrairement à Adji Sarr, Edmonde n’a pipé mot du crime de son patron.
Craignant d’être identifié, Lambert va ainsi poursuivre assidûment ses rencontres avec Edmonde mais celle-ci dit qu’elle ne veut plus, “elle se sent bloquée “ à chaque fois qu’elle passe près du lieu de l’accident.Elle n’en pouvait plus.
Parallèlement à l’enquête de police qui tôt ou tard fera la lumière, Lambert est devenu très stressé, accablé non pas par le remords du meurtre de masse, mais par l’injustice du sort, ce malheur qui va anéantir tous ses efforts consentis pour construire une belle carrière.
Alors incapable de faire face à ce tourment intérieur, Lambert se tire une balle dans la tête !
C’est pour dire qu’une déchéance morale a souvent son corollaire dans la déchéance mentale.
La coalition Yewi/Wallu nous présente ce scénario dramatique : “Les complices “.
L’imbroglio électoral sur fond d’intimidations et d’appels permanents à la violence dans lequel ce conglomérat d’appelés à la barre voudrait nous installer, rappelle à bien des égards cette vieille stratégie des leaders déchus qui alimentent leur survie politique en créant des situations pour couvrir leurs forfaitures.
Cela aurait été comique et compréhensible si la pieuvre rebelle n’avait pas pu étendre ses tentacules mortelles, procédant par des infiltrations programmées et criminelles dans les manifestations qui sont toujours acceptées et encadrées par les forces de sécurité.
À quoi pouvons-nous nous attendre ?
Si les Sénégalais remarquent aisément les élans aventuriers du quarteron des zélés agitateurs : Sonko, Khalifa, Barthélemy et Guy, appellant à la subversion, la plupart d’entre eux ne mesurent pas encore très suffisamment combien la situation est lourde de dangers pour l’existence même d’un État unitaire, au vue de l’implication des hors-la-loi dans leurs rangs.
Lorsque des élus se permettent d’aller à l’assaut des forces de l’ordre, foulant aux pieds ce qui fonde le sacerdoce dans un service public, sans que rien n’advienne de leur posture déshonorée, c’est inquiétant !
Si l’État ne sévit pas à l’encontre de ses destructeurs à l’interne, c’est son image qui s’amoindrit, entraînant sa légitimité.
C’est un scandale de laisser des factions minoritaires conduire des jeunes à la mort pour les besoins d’une cause morbide.
Aussi nous écoutons et comprenons la colère de certains de nos enfants qui vivent comme beaucoup d’entre nous dans une précarité financière.
Une colère exacerbée par l’étalage insolent par des fonctionnaires d’un style de vie au-dessus des moyens qui leurs sont alloués par l’État.
La lutte contre la corruption est certes une exigence de l’émergence que le président Macky Sall et Benno Bokk Yakaar devront intégrer en priorité dans l’offre nouvelle de réarmement moral de la jeunesse.
Au regard des projets gigantesques réalisés par le président Macky Sall, aujourd’hui aucun Sénégalais sensé ne devrait douter de la bonne direction qu’emprunte notre pays.
Nous savons ce qui alimente les frustrations.
Chaque jour, nous sommes les témoins gênés des extravagances de compagnons qui “ne voyaient même pas le diable pour lui tirer la queue”dans un passé récent.
Durant notre jeunesse, nous nous sommes insurgés de manière énergique contre ce développement inégalitaire de notre société.
Jamais nous ne nous sommes reniés dans ce combat pour l’équité et la justice.
La vérité est qu’il y a un fossé énorme entre le réalisme progressiste et le populisme à voix stridente et à perspective stérilisante.
Les profiteurs mercantiles sont en général des zélateurs de tous les pouvoirs.
Il est aisé de voir qu’ils reniflent les moindres vents de “d’incertitude" ou crise pour faire du chantage, tournant leur veste et arc contre celui qui avait cru à leur sincérité.
Ces rats rusés qui sont la risée de tous les patriotes authentiques sont dans les calculs et combines contraires à notre lutte pour le développement économique et social.
Séparer la bonne graine de l’ivraie n’étant pas un travail facile pour un leader qui veut embarquer tous les fils et filles de la patrie pour un sursaut national, il ne reste aux loyaux militants de forte conviction que la patience et la résistance à l’arrogance.
Parce que l’avenir du Sénégal dépasse nos existences éphémères, aujourd’hui plus qu’hier, nous tenons fermement à la barre, ceci envers et contre les effrontés "mad men" autoproclamés "self made men" et les irresponsables aventuriers qui veulent disloquer le pays.
Makkane est poète-écrivain.
Par Boubacar SADIO
A TOUS LES MILITAIRES ET PARAMILITAIRES
L’armée doit, en toutes circonstances, avoir une attitude républicaine. Elle doit et a l’obligation de toujours se mettre du bon côté, celui du peuple. Un ordre illégal ne doit pas être exécuté
« L’armée doit, en toutes circonstances, avoir une attitude républicaine. Elle doit et a l’obligation de toujours se mettre du bon côté, celui du peuple. Un ordre illégal ne doit pas être exécuté. » (Macky Sall)
Chers officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes ; sous-officiers et hommes du rang de l’armée nationale, la nation toute entière dans son unité, sa pluralité et sa diversité vous est totalement reconnaissante de l’extraordinaire travail que vous accomplissez tant sur le plan national qu’au niveau international dans le cadre de vos opérations extérieures ou vous vous montrez comme de dignes et honorables ambassadeurs de notre pays.
A l’interne et quotidiennement, vous n’avez de cesse de traduire en actes concrets le concept d’Armée-Nation qui occupe une place de choix parmi vos références paradigmatiques. Aujourd’hui, dans la région sud du pays, l’armée nationale a investi, envahi et anéanti presque toutes les bases rebelles qui constituaient les derniers sanctuaires d’un irrédentisme résiduel qui, en réalité, s’était, depuis belle lurette, transformé en une organisation criminelle qui empoisonnait la vie de paisibles citoyens qui ne demandaient qu’à vivre en paix. Vous avez accompli un excellent travail qui entre dans le cadre de votre première mission régalienne de défense du territoire national.
Chers officiers généraux, officiers supérieurs, officiers subalternes, sous-officiers et hommes du rang de la gendarmerie nationale, vous avez toujours et constamment conforté, confirmé et porté au firmament votre réputation non usurpée et avérée d’institution d’élite. Votre double fonctionnalité professionnelle vous a permis de vous illustrer avec efficacité et brio non seulement dans les opérations relevant de la défense nationale mais aussi dans les missions de sécurité publique, notamment la protection des personnes et des biens. Vos performances sont constatées, avérées et appréciées dans les missions onusiennes ou la qualité des services que vous offrez font honneur à tous les membres des forces de défense et de sécurité. Dans le cadre de la sécurité publique vous êtes entrain de mettre le paradigme de la proximité au centre d’une nouvelle vision sécuritaire initiée par le Haut Commandant de la Gendarmerie nationale et Directeur de la justice militaire. Un heureux rapprochement avec les populations, désormais considérés comme des partenaires.
Chers Contrôleurs généraux, commissaires de police, officiers, sous-officiers et agents de police, je vous adresse mes très vives et chaleureuses félicitations pour le très bob travail que vous effectuez quotidiennement et pour les énormes sacrifices de tous ordres consentis dans vos multiples et difficiles missions dont celle d’assurer la protection des personnes, des biens et des institutions, la lutte contre la grande criminalité, la cybercriminalité, le trafic de drogues, le terrorisme etc…Vous incarnez à merveille votre devise’’ Dans l’honneur au service de la loi’’. Vous avez su montrer à vos concitoyens que la Police est un véritable service public, malgré les couacs et certains dérapages qui peuvent légitimer des craintes. Il vous appartient, et c’est valable pour l’ensemble des forces de sécurité d’améliorer la qualité du service et des prestations dont les seuls bénéficiaires doivent être les populations.
Mes très chers frères, je profite de la présente occasion pour avoir une pensée pieuse et saluer la mémoire de tous les militaires et paramilitaires tombés en service commandé et exprimer toute ma compassion et mon soutien aux blessés, quelquefois handicapés à vie, qui méritent la reconnaissance de la nation et qui doivent bénéficier d’un traitement humanitaire honorable. Donner et verser son sang pour la nation est un acte héroïque d’une noblesse sans commune mesure avec les prévarications, les vols et les malversations commises par nos élites dont certains, par la volonté du chef, bénéficient toujours de promotion et avec, comme suprême honneur, d’être reçus au Palais de la république . Ces invalides et blessés de guerre, malheureusement, n’arrivent pas à obtenir une simple audience avec le Président de la République, Chef suprême des armées, alors qu’une crapule qui a insulté et criblé d’insanités la république toute entière vient d’être reçue solennellement par son excellence Macky Sall. Ce genre de discrimination dans le traitement des citoyens est de nature à décourager et à démotiver les éléments de première ligne.
Mes très chers frères, l’Etat dont vous êtes les valeureux serviteurs, a l’obligation et le devoir d’assurer la sécurité en veillant, sur l’ensemble du territoire national, a la défense des institutions et des intérêts nationaux, au respect des lois, au maintien de la paix et de l’ordre public et a la protection des personnes et des biens. C’est tout juste pour vous rappeler vos missions régaliennes dont celles de veiller a ce que la stabilité du pays soit préservée. Vous ne devez permettre à quiconque, fut-il le plus illustre des citoyens, d’installer une situation d’ingouvernabilité ou de chaos à des fins inavouées. Je ne cesse de dire aux Sénégalais que nous avons des forces de défense et sécurité foncièrement républicaines et profondément attachées aux valeurs et principes qui fondent notre nation. Jamais elles n’accepteront de se prêter au jeu de certains politiciens, notamment ceux du pouvoir, qui souhaiteraient insidieusement provoquer des troubles pour, ensuite, s’en, prévaloir et exiger le report des élections aussi bien législatives que présidentielles. Et, aussitôt, seront mises en branle les dispositions de la loi sur l’état d’urgence. A l’époque, j’avis dit que la loi n’était pas votée pour le covid mais qu’elle sera utilisée dans deux ans pour réprimer toutes les velléités de contestations.
Mes très chers frères, nous avons en perspective les élections législatives du 31 juillet ; vous avez suivi comme tous vos compatriotes les différentes péripéties portant sur le parrainage, la parité et la validité de telle ou telle liste. S’il a été facile d’admettre des erreurs de la part des différents mandataires, il faut reconnaitre que des dysfonctionnements et des fautes ont été notés de la part de l’administration, a travers la Direction générale des élections et du Ministère de l’Intérieur et de la part de la justice à travers les décisions inconséquentes du Conseil constitutionnel qui n’a point été a la hauteur des responsabilités qui lui ont été confiées de dire le droit, rien que le droit. En lieu et place de la vérité et du droit, les pseudos sages du Conseil constitutionnel ont servi des arguties juridiques, filandreuses et amphigouriques, semant le trouble et instillant le doute dans l’esprit des Sénégalais.
Mes très chers frères, vous n’êtes pas des bras cassés ; vous avez l’instruction, le niveau académique, l’intelligence, les connaissances, l’expérience, l’expertise, le vécu professionnel et la maitrise des textes nécessaires pour comprendre qu’il y a un jeu très pernicieux, grave et dangereux auquel se livrent certaines personnes. Vous voilà, aujourd’hui, assistant aux prémices d’une situation qui, à terme, exigera votre implication active parce que sollicités et réquisitionnés par l’autorité politique. Vous êtes dans un carcan statutaire qui vous astreint à une discipline rigoureuse qui vous contraint à toujours obéir à la hiérarchie. Seulement, il est dit aussi que vous êtes dotés de bon sens et d’intelligence et que personne ne peut ni ne doit vous obliger à agir en marge de la loi. On ne doit pas, sous peine d’engager sa responsabilité personnelle, obéir à un ordre manifestement illégal ; « L’armée doit, en toutes circonstances, avoir une attitude républicaine. Elle doit et a l’obligation de toujours se mettre du bon côté, celui du peuple. On ne doit pas obéir à un ordre manifestement illégal » ; ce sont des propos de son Excellence Macky Sall. C’est pourquoi, j’ai très bon espoir que vous refuserez de tirer à bout portant, avec intention manifeste de tuer, sur des concitoyens désarmés qui manifesteront pacifiquement contre toute violation de notre constitution. Toute personne qui viole notre constitution est à loger à la même enseigne qu’un délinquant. Vous, militaires et paramilitaires, avez le devoir institutionnel, l’impératif républicain et l’obligation morale de respecter la constitution et de la faire respecter par tout citoyen, faut-il Président de la république ; et, c’est pourquoi le spectre du coup d’Etat n’a jamais été un sujet de préoccupation. Vous êtes et resterez des républicains dans l’âme, dans l’esprit et dans la chair. Toutefois, il faudrait que nos hommes évitent de procéder, de manière récurrente et abusive à des coups d’Etat constitutionnels dans le seul et unique but de se maintenir au pouvoir ; un coup d’Etat peut en provoquer un autre.
Mes très chers frères, n’oubliez jamais et ayez toujours à l’esprit que vous êtes des enfants de ce pays, tous issus du peuple largement composé de gens pauvres et appauvris qui éprouvent toutes les peines du monde à assurer régulièrement la pitance quotidienne. Vous êtes enfants de la vendeuse de cacahuètes, de légumes et poissons assise au détour d’une rue, sur un banc de fortune. Vous êtes enfants du maçon, tous les jours, haut perché sur un échafaudage de fortune, sans protection. Vous êtes enfants de ce charretier, obligé malgré lui de torturer un pauvre cheval toujours haletant, de ce docker qui soulève des charges au-dessus de ses capacités physiques, du menuisier assis, les yeux hagards et le regard lointain, parce que resté des mois sans commande, du retraité désemparé devant une impécuniosité chronique et de l’enseignant endetté, ce brave dispensateur du savoir dont on dit qu’il est un outil indispensable de l’émancipation collective.
Chers frères, comme je l’ai dit, supra, vous êtes astreints à la plus rigoureuse discipline qui vous oblige à obéir aux ordres de vos supérieurs à la seule condition qu’ils ne soient pas manifestement illégaux. Il est bien évident que vous ferez face au peuple les jours, les semaines, les mois et les années à venir et ce, tout simplement, parce que les citoyens manifesteront pour réclamer leurs droits inaliénables mais surtout pour défendre et protéger la constitution que personne ne doit violer sous aucun prétexte. Dès à présent nous vous reconnaissons le devoir et l’obligation de vous acquitter de vos missions régaliennes de maintien de l’ordre dont l’enjeux est de pouvoir conserver l’ordre établi avec des moyens modérés de coercition afin d’éviter l’usage de la violence qu’induit le rétablissement de l’ordre. Les principes du maintien de l’ordre sont au nombre de trois :
-Prévenir les troubles pour ne pas avoir à les réprimer ;
-Assurer l’équilibre entre l’ordre nécessaire et le désordre acceptable
-Intervenir face à des citoyens considérés comme des adversaires d’un moment et non comme des ennemis de toujours
Mes très chers frères, vous pouvez arrêter la progression d’une marche, disperser un rassemblement, procéder à des interpellations, à des arrestations ; mais de grâce, ne faites pas usage de violences gratuites et inutiles, n’injuriez pas, ne piétinez pas des manifestants sans défense dans les véhicules, ne bastonnez pas, ne brutalisez pas, ne matez pas et surtout évitez qu’il y ait mort d’homme au cours de vos interventions. J’ai toujours demandé aux forces de défense et de sécurité de servir la Nation jusqu’au sacrifice suprême, de servir la République avec le plus grand dévouement, de servir l’Etat avec loyauté mais de toujours servir un régime avec discernement et intelligence. La situation que nous vivons résulte d’une volonté manifeste et obsessionnelle de vouloir solliciter un troisième mandat au mépris de notre Constitution en vigueur qui dispose de manière claire, nette et précise que « Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».
Mes très chers frères, par le passé, la présence de nervis aux côtés des forces de sécurité m’avait beaucoup scandalisé, j’en ai éprouvé une honte incommensurable. En opérant accompagnées de nervis, les forces de sécurité avaient étalé leurs limites ; elles donnaient la fâcheuse et désagréable impression d’avoir sous-traité leurs missions régaliennes de maintien et de rétablissement de l’ordre avec une horde de malfrats à la solde de politiciens prêts à tout pour conserver le pouvoir. Des politiciens méprisants et arrogants qui se prennent pour l’Etat et qui déclarent, avec vantardise, qu’ils ont la force, la loi et la justice ; pour eux, imbus de leur pouvoir, ils pensent qu’il leur suffit d’un claquement de doigts pour que les forces de l’ordre massacrent les éventuels manifestants. Nos forces de l’ordre ne seraient donc que de simples marionnettes aux mains et a la solde de politiciens sans foi ni loi, sans éthique ni morale.
Mes très chers frères, faites en sorte que personne ne coupe le cordon ombilical qui vous lie au peuple dont vous êtes issus et auprès duquel vous retournerez. Vous n’avez pas prêté un serment d’allégeance à un individu, fut-il le Président de la République ; vous avez, solennellement, prête un serment d’allégeance à la CONSTITUTION de notre pays.
LE POUVOIR AU PEUPLE, LES SERVITUDES AUX DIRIGEANTS.
TERMINUS 2024.
Par Louis CAMARA
AU NOM DE TOUS LES MARTYRS
Il n’est pas question d’évolution vers la monarchie. Et nul n’acceptera que soient vendangés nos droits et nos libertés si chèrement acquis. Levons-nous et tous ensembles comme un seul homme. Refusons de nous laisser mener en bateau
Il n’est pas question d’évolution vers la monarchie
Et nul n’acceptera que soient vendangées
Nos droits et nos libertés si chèrement acquis.
Levons-nous et tous ensembles comme un seul homme
Refusons de nous laisser mener en bateau
Par ceux qui, à tort, se croient au-dessus des lois
Et veulent imposer leurs désirs et leurs volontés
Au mépris des principes qui régissent la nation !
Tout le monde se souvient de ce fameux vingt-trois juin
Où le pays tout entier avait soudain basculé,
S’opposant à ce qu’on voulait lui faire accepter
Et qui ne répondait nullement à ses aspirations.
Le sang avait coulé et des martyrs étaient tombés
Pour que flotte l’étendard de la liberté
Pour que triomphent la justice et la vérité
Pour que vive la démocratie tant aimée.
Avons-nous le droit d’oublier ces glorieux instants
D’une Histoire qui se construit jour après jour
Au fil du temps et des gouvernements ?
Ah ! Souvenons-nous de ceux qui ont versé leur sang
De ceux qui ont sacrifié leur jeunesse et leur vie
De ceux qui ont refusé la forfaiture
Et n’ont pas voulu que l’on bafoue la république,
De ceux qui sans peur et sans hésitation
Sont restés debout en première ligne
Offrant leur poitrine aux escadrons de la mort
Pour que vive et triomphe l’idéal commun.
Rendons hommage à la mémoire de ces héros
Et poursuivons le combat pour la démocratie !
Louis Camara est écrivain et poète, lauréat du prix du président de la République pour les Lettres.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LES BLASPHÉMATEURS
EXCLUSIF SENEPLUS - Sous le régime de Macky, la plupart des journalistes ont perdu la sève nourricière qui vivifie leurs plumes ou micros. On produit sur commande des décideurs. on ment, on calomnie pour plaire aux seigneurs bailleurs
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 23/06/2022
À la suite de chaque événement politique, surtout lorsqu’il s’agit d’un problème opposant l’État-Bennoo à l’opposition Yewwi Askan Wi (YAW), les utilisateurs des réseaux sociaux prédisent voire précisent avec exactitude les titres des unes qui doivent faire la manchette des journaux le lendemain.
Quand l’opposition organise une marche ou un rassemblement populaire, certains journaux stipendiés par des réseaux du pouvoir dégurgitent des titres dévalorisants du genre « échec à la mobilisation », « la manifestation fait flop », « les populations tournent le dos à l’opposition » et tutti quanti.
Lors de la manifestation du 8 juin, en dépit du méga-rassemblement de YAW, certaines feuilles de chou ont versé dans des titres ambigus qui ne sont informatifs en rien sur la mobilisation-monstre de la place de la Nation. D’autres à leur corps défendant ont fait état de la réussite de la manif de YAW. Et au lendemain du 18 juin, ces journaux de complaisance et de révérence pour reprendre Serge Halimi qui se sustentent des dîmes de l’intendance royale, ont rivalisé en titres dépréciatifs à l’égard de YAW. Nos p(eu)reux chevaliers, la presse écrite, ont magnifié la riposte des forces de l’ordre, moqué le flop de manifestation, et se sont réjouis de la séquestration et du kidnapping des leaders de l’opposition. Aucun mot sur les trois Sénégalais lâchement assassinés. Aucun mot sur l’illégalité de l’arrêté d’interdiction du préfet !
Au lieu d’informer, les journalistes déforment et dévoient. Pourtant le public a droit à une information de qualité, libre et indépendante. Aussi se trompent-ils de combat parce que le combat de YAW, qui est celui de tous les démocrates, n’est pas dirigé contre nos Forces de défense et de sécurité (FDS) mais contre le pouvoir oppresseur qui veut restreindre les libertés sous le prétexte de troubles à l’ordre public.
C’est malheureux de voir une partie de notre presse écrite irresponsable faire black-out sur les morts de cette manifestation et glorifier parallèlement la bravoure des auteurs d’une telle ignominie. Les vies perdues ne valent rien devant la gloriole des FDS. Le summum de le mithridatisation est atteint. Si certains journaux ont préféré fermer l’œil sur cette tragédie signée Macky Sall et Antoine Diome, si certains marabouts et autres notables ont adopté un comportement salomonique pour ménager la chèvre État-Bennoo et la chou Yewwi, d’autres ont préféré chanter la pluie de grenades et de balles (au Sud du pays) qui est tombée sur de pauvres citoyens dont le seul tort est d’avoir voulu jouir de la liberté constitutionnelle de manifester.
Mais c’est un mensonge sordide de dire que les FDS ont maintenu l’ordre et maitrisé la situation. Quand on maitrise la situation, on ne tue pas son concitoyen, on le protège pour qu’il jouisse de toute liberté constitutionnelle. C’est encore un mensonge de dire que la manif de YAW a fait flop. L’échec d’une manif se jauge à l’aune de l’adhésion populaire et des moyens de répression déployés à outrance pour empêcher sa tenue. Mais quand on ceinture le domicile d’un seul leader ou deux avec des bataillons blindés et une foultitude d’hommes armés pour l’empêcher de sortir manifester ou de sacrifier à la prière du vendredi, l’échec ne peut retentir que du côté des autorités qui ont enjoints aux policiers et gendarmes casqués et bottés de mâter ces citoyens dont les impôts contribuent à nourrir ces mêmes FDS et à acheter leurs équipements. Quand on kidnappe des responsables politiques triés sur le volet pour les remettre à un procureur politicien qui a lui aussi a envie d’écrire tristement l’histoire comme son prédécesseur en distribuant, en veux-tu en voilà, des mandats de dépôt, on ne peut pas crier hourra mais haro.
La bataille n’est pas entre les forces de l’ordre et les militants de Yewwi mais entre ces derniers et l’injustice instaurée par le préfet et le gouverneur de Diome. On aurait s’attendre à des éditoriaux incandescents qui allaient dénoncer voire condamner l’État mackyste répressif qui utilise dans le sens de ses intérêts les lois de la République pour interdire une manifestation pacifique. On aurait dû s’attendre à des éditoriaux bouillonnants qui auraient condamné sans aménités les manifestants qui sont morts par la faute d’un président frileux qui s’accroche aux basques d’un régime honni, banni et fini mais qui chercherait une résurrection avec sa nouvelle trouvaille : la non-limitation des mandats. On aurait pu se délecter d’analyses qui cloueraient au pilori ce préfet soumis et ce gouverneur hors-la-loi qui bafouent des libertés constitutionnalisées aux seules fins d’assouvir les desiderata d’un prince traumatisé par la popularité grandissante de son ennemi juré, Ousmane Sonko, qui a toutes les chances de lui succéder démocratiquement dans moins de 20 mois.
Mais que nenni ! Les vrais rédacteurs en chef tapis dans les officines du palais s’évertuent à transbahuter dans les rédactions domestiquées pour indiquer les unes flatteuses d’un côté et fielleuses de l’autre qui doivent barioler la manchette des journaux. Un procureur médiatique pour lequel la "sonkophobie" est devenue son fonds de commerce a poussé la bêtise jusqu’à dire que les trois morts sont signés le leader de Pastef, dédouanant malhonnêtement son mentor sustentateur qui compte à son actif 17 morts. Chiffre provisoire parce que les Sénégalais épris de démocratie et de justice et ne reculant pas d’un seul centimètre dans l’espace de liberté affronteront la soldatesque du Prince si un préfet zélé s’aventure à leur priver ce que leur offre la loi fondamentale.
Le journalisme contestataire et engagé a laissé place aujourd’hui à un nouveau type de journalisme : celui du tube digestif. Et quand le tube digestif s’agite, l’intellect est paralysé. Et c’est cet intellect qui est le véritable carburant du journalisme. C’est révolu l’époque glorieuse où, au lendemain de troubles politiques, les plumes incisives des journalistes de renom de Sud tels que le regretté Babacar Touré, feu Baye Moussé alias Moussa Paye, Abdoulaye Ndiaga Sylla, Demba Ndiaye, feu Ibrahima Fall, Ibrahima Bakhoum, Mamadou Oumar Ndiaye du Témoin crachaient leur encre bilieuse pour flétrir toute exaction venant du pouvoir via les forces de sécurité. On s’arrachait les Sud, Walf, Témoin, Cafard libéré au lendemain de troubles politiques parce que les éditoriaux et les analyses des journalistes susnommés nous donnaient une lecture plus approfondie qui dépassaient la simple factualité des événements.
Sous le régime de Macky Sall, la plupart des journalistes ont perdu la sève nourricière qui vivifie leurs plumes ou micros : la liberté. C’est pourquoi, ils n’osent plus dire la vérité. On produit sur commande des décideurs. Quand on bâtit un projet médiatique en ne comptant que sur les subsides de l’État-providence ou sur la bourse du pouvoir politico-économique, on ne peut que se soumettre à leurs impitoyables et contraignantes injonctions. Alors on ment, on diffame, on calomnie pour plaire aux seigneurs bailleurs. Là, on poignarde l’éthique journalistique, on trahit la conscience professionnelle et on blasphème le dieu médiatique : la vérité.
EXCLUSIF SENEPLUS - Tous les matins, je pense à 2024. Je suis in fine le Sénégal et j’en suis le propriétaire absolu. L’on parlera de moi ad vitam aeternam . M’en fous des qu’en-dira-t-on
Oui j’avoue que j’aime le pouvoir. Maa taay ! Et je l’ai récemment dit dans le magazine panafricain Jeune Afrique dont les interviews m’ont rendu irascible, à la limite hors de portée de mon intellect. Et je devenais fou à la simple prononciation du nom d’Ousmane Sonko et de l’opposition. Ce nom que je n’aime même pas voir en peinture et qui m’effraie.
En effet, tous les matins, je pense à 2024. Ah ce pouvoir, il me rend fou ! Cet illustre pouvoir que réclame cette opposition hybride et ressemblant à l’hydre dans la mythologie grecque. Cette opposition mexicaine entre en transe dès que je sonne l’hallali. Cette opposition à la voix nasillarde voire inaudible et ne sachant plus sur quel pied danser le wango. Récemment j’ai valsé sur cette danse mythique et sous les vivats de mes militants. Je dis et soupèse mes mots. Mes militants.
Tout Sénégalais de par son prix et toute parcelle de cette terre sacrée m’appartiennent. Et cela se sait ! Je suis et je symbolise le brassage des cultures de ce pays. Mais un autre politicien de ma trempe est sur mes traces, disant haut qu’il est le parfait homosenegalensis. Gare à lui et toujours dans les jupes de sa mère et m’opposant une farouche résistance !
En effet, je parle de Sonko. De ce bébé politicien faisant le buzz partout où il passe et laissant des traces indélébiles dans la mémoire populaire. En fait, il est un politicien d’une autre race et cela je l’affirme. Il faudra trouver voies et moyens pour le neutraliser comme je l’ai fait avec Karim Wade et Khalifa Sall. Ces derniers, àmu ñu ay bàjjans ! De Sonko, mes fouineurs et espions n’ont rien trouvé quand il était aux affaires. Les deux premiers, décidément, ont failli gâcher ma fête. Et je les ai envoyés paître très loin. Le premier à un exil très doré dans ce richissime royaume du Qatar et l’autre dans les geôles de la fameuse prison de Rebeuss.
Ce Sénégal-là, encore une fois, m’appartient ! Per fas et nefas et je m’en fous des qu’en-dira-t-on ! Mon désormais pseudo mentor Abdou Diouf, m’a appris cette sérénade quand il fut au faîte de sa petite gloire à la recherche d’une vaine gloriole. Il me disait, et je ne sais avec une honnêteté teintée d’une mesquinerie, « Macky,yaay bayu senegalais yi. » Encore une autre négrerie de nous, autres colonisés.
Père de la nation, gardien de la Constitution, chef des armées, Son excellence…Abdou Diouf, sans oser le regarder dans le blanc des yeux, fut un piètre chef d’Etat. Je l’ai justement pris à mes côtés pour combattre Me Wade, le maître des horloges de la politique sénégalaise. Wade le génie. Mais il s’est réincarné en un Ousmane Sonko plus jeune, plus propre et plus probe. A. Wade m’a tout appris et il ahanait à tout bout de champ que je fus le jardinier de ses réalisations mais il n’a jamais eu cette confiance en moi. Je suis comme le roi de Kahel, personnage du roman épique de Tierno Monenembo. Mon Kahel est le Sénégal. Temple de ma gloire éternelle et de mon règne. L’on parlera de moi ad vitam aeternam ! De mes réalisations à travers mon cheval de bataille, le PSE (Plan Sénégal Emergent), baptisé et festiné sous un février pluvieux à Paris.
Moi Macky, intuiti persona, ce pays, j’en fais ce que je veux ! Je suis sa politique. Je suis son économie, fourguée aux français, mes chers amis qui n’hésiteront pas à me fournir un toit et une soupe en cas de la chute de mon régime. Mais j’incarne la société sénégalaise dans son ensemble. M’en fous derechef des qu’en-dira-t-on et des appels du pied de l’opinion internationale. Je suis in fine le Sénégal et j’en suis le propriétaire absolu. Et quid des guides religieux des différentes confréries ? Ma foi, ils ne sont que des citoyens ordinaires…mais chut ! Et quant au concert de casseroles et de klaxons des Sénégalais de ces soirs enfiévrés, je m’en fous. J’ai à mes côtés les fameuses Forces de Défense et de Sécurité (FDS), fers de lance ayant la violence légitime de l’État. Elles écraseront bravades de quelques manifestants et même Ousmane Sonko et son opposition.