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5 mai 2025
Opinions
Par Calame
INCOHERENCES
On détruit les forêts de baobabs. Bien que protégés, ces arbres aux mille vertus sont abattus, bousculés par des projets immobiliers. Le pain de singe, l’ « or blanc », dévalorisé, piétiné. Chercher la cohérence !
Le Sénégal est décidément un pays de paradoxes. Hier dimanche, il a été célébré la journée de l’arbre. Le parrain en était le baobab. A croire que l’on s’est durablement installé dans les effets d’annonce, dans l’esbroufe. Sinon, comment expliquer un tel choix, au moment où ce qui se déploie sous nos yeux est le massacre programmé de cet arbre millénaire. On détruit les forêts de baobabs. Bien que protégés, ces arbres aux mille vertus sont abattus, bousculés par des projets immobiliers. Le pain de singe, l’ « or blanc », dévalorisé, piétiné. Chercher la cohérence !
Et cette même incohérence, on la retrouve partout, notamment dans les dernières annonces concernant la gestion de la Covid 19. Interdiction de rassemblement sur les plages, les terrains de sports, les espaces publics et les salles de spectacles (A partir de combien de personnes ? Aucune précision). Port obligatoire du masque dans les lieux publics. Rien de nouveau pourtant.
Toutes ces mesures ayant été adoptées et non levées, leur réitération renseigne plutôt sur la fébrilité voire l’impuissance des autorités publiques. Les vrais problèmes ne sont pas abordés de front, à savoir les grands mouvements de foule à l’occasion des cérémonies religieuses et des enterrements. Manifestement les autorités pédalent dans la choucroute, peinant à faire montre de cohérence dans la gestion de la pandémie, elles préfèrent les éluder.
Il suffit de voir qu’au même moment où elles sont dans la déclamation se poursuivent comme si de rien n’était les grands mouvements de foule, notamment lors des cérémonies d’enterrement de grandes personnalités civiles ou religieuses. Sans compter les cérémonies du Magal et du Gamou qui s’annoncent.
Même si l’Etat n’a pas à s’immiscer dans les rituels religieux, il n’en demeure pas moins que son rôle est de protéger les citoyens sans considération d’appartenance ethnique, religieuse ou autres. Empêtrées dans leurs contradictions, les autorités font entendre des dissonances. Ce qui n’a pas toujours été le cas, puisque le voilà pris en flagrant délit d’incapacité à assumer ses prérogatives, comme l’a illustré la Tabaski dernière.
A l’évidence, la fête de Tabaski a occasionné habituellement un grand mouvement de foule. Comme à l’accoutumée, pour répondre au besoin de regroupement familial, nombre de personnes sont retournées au bercail, dans leurs villes et villages d’origine, quittant les principaux foyers de l’épidémie que sont les axes Dakar, Thiès, Diourbel, Ziguinchor, faisant circuler allégrement le virus. Tout cela se déroulant dans des circonstances où il était on ne peut plus difficile d’observer les mesures de distanciation physique.
Alors que la maladie était en train de monter en puissance avec l’augmentation des cas communautaires et que le ministre de la Santé invitait timidement les Sénégalais à célébrer la fête de Tabaski là où ils sont, pour éviter une dissémination importante, son homologue de l’Intérieur lui, ne voyait pas d’inconvénient à leurs déplacements. Il les exhortait à s’imprégner des mesures barrières et à se résoudre à porter un masque.
Avec une insoutenable légèreté il a expliqué qu’on pouvait en confectionner auprès du tailleur du coin. Pourtant ce sont les mêmes qui nous expliquaient il n’y a guère longtemps qu’il y avait des normes auxquelles il fallait souscrire et que les fabricants de masques made in Sénégal étaient tenus de s’y conformer. Voilà qui n’est pas pour rassurer puisqu’ à l’évidence, ça va à hue et à dia. Il semble bien loin la vision organisée et maitrisée. On ne sait pas où l’on va et il flotte comme un désarroi dans l’air. Ce qui était plutôt attendu d’un Etat assumant pleinement ses responsabilités, c’était au contraire de s’évertuer à expliquer encore et encore les manifestations de la maladie au regard de son évolution exponentielle, pour que nul n’en ignore et que tout un chacun prenne la mesure de sa dangerosité. Et surtout, de faire comprendre que l’épidémie de la covid-19 enjambe toutes les formes de discrimination. Avec elle, ni chefs d’Etat ni khalife général, ni talibé, ni curé, ni archevêque, ni professeurs d’université. Ni paysans. Personne n’étant à l’abri, même pas les jeunes qui au-delà de pouvoir le contracter constituent de gros risques pour leurs parents.
Aussi dans le vide abyssal ainsi créé, on a le sentiment qu’il n’y a pas de capitaine dans la pirogue, tant tout semble laissé au bon vouloir du petit bonheur la chance. Rien de rassurant par conséquent. Il se trouve en effet qu’on a besoin de constantes, de points fixes pour pouvoir asseoir des repères, ériger des barrières, établir la frontière entre le permis et l’interdit. Il s’agit en effet d’assurer les conditions de possibilité du vivre en société se traduisant par l’interdépendance dans le sens où «je n’existe que par un autre ». Une réalité que rend avec justesse le dicton wolof lorsqu’il énonce que «Nit, nit mooy garab bam » (l’homme est le remède de l’homme).
Si l’Etat pour on ne sait quelle raison de politique politicienne continue ainsi à se perdre dans ses incohérences, l’illisibilité de sa démarche va forcément se traduire par une défiance de plus en plus grande des populations imperméables à ses gesticulations et plutôt tentées de n’en faire qu’à leurs têtes, espérant pouvoir s’en sortir. A leurs risques et périls. Au grand dam de la société
par Bosse Ndoye
LA COMPLICITÉ DES ÉLITES
Ceux qui appauvrissent le continent – FMI, Banque mondiale, OMC, etc. – peuvent dormir tranquillement : ils peuvent toujours compter sur le soutien de certains fils du continent qui diront que si l’Afrique est en retard, c’est de sa seule faute
"Les blancs s'en vont mais leurs complices sont parmi nous, armés par eux ; la dernière bataille du colonisé contre le colon, ce sera souvent celle des colonisés entre eux.[1]" Frantz Fanon,
Depuis les déclarations des indépendances officielles de nombre de pays africains dans les années 60 jusqu’à nos jours, beaucoup d’événements survenus sur continent n’ont cessé de renforcer la véracité des propos de Fanon et de prouver leur actualité.
Dans l’actuelle République démocratique du Congo, ex-Zaïre, Patrice Lumumba l’a malheureusement très vite appris à ses dépens. En effet, pour maintenir l’exploitation de son pays que d’aucuns qualifient de scandale géologique – tant le sous-sol est riche -, l’ancienne puissance coloniale, la Belgique, poussée entre autres par l’Union minière, fit rapidement allumer des feux fratricides – auxquels elle participa amplement – par le biais de ses laquais Moïse Tshombe et Albert Kalonji. Ces derniers organisèrent respectivement la sécession de Katanga et du Kasaï, les deux régions les plus riches du pays juste quelques semaines après la déclaration d’indépendance. Cet événement allait être l’un des premiers, sinon le premier d’une longue série de confrontations malencontreuses – allant de coups d'État aux rebellions en passant par des liquidations sommaires - mettant aux prises des fils d’un même pays, d’un même continent ; les uns luttant pour le développement et la libération complète de leur peuple ; les autres agissant de connivence avec une ou plusieurs puissances impérialistes étrangères, qui tirent généralement les ficelles en échange de quelques avantages ou soutiens.
Si cette situation n’avait été et n’est encore que l’œuvre d’inconnus désespérés à la recherche de notoriété ou de richesses, elle eût été moins surprenante et choquante. Mais elle a été aussi et demeure l’affaire de certains parmi les fils du continent occupant ou ayant occupé les premiers rôles dans leurs pays et jouissant d’une certaine réputation sur le continent. Les cas de Senghor et d’Houphouët Boigny sur le plan politique parmi tant d’autres en Afrique noire francophone peuvent bien étayer ces propos.
Vu, non sans raison, par Ousmane Sembene – à travers le personnage de Léon Mignane - comme étant, après Faidherbe, le meilleur produit de l'ancienne métropole, et le meilleur préconsul que Paris ait envoyé en Afrique francophone[2]; par une universitaire française[3] comme étant le colonisé introuvable ; par Mongo Béti[4], comme la plus noble conquête de l’homme blanc, l’oncle Tom-Senghor[5]; par Boubacar Boris Diop, comme un homme ondoyant, un être entre deux eaux[6], le premier président sénégalais a souvent servi de relai à l’ancienne métropole dans l’exercice de ses basses besognes sur le continent. Il a participé activement à la mise en quarantaine de Cheikh Anta Diop loin de l’Université de Dakar et du champ politique pendant plusieurs années de peur qu’il n’inoculât le virus de l’éveil dans les jeunes consciences endormies dans le pays afin d’éviter d'y faire vaciller les intérêts de la France. D’après Roland Colin, rapportant les propos de Mamadou Dia, lors de la rencontre de Gonneville-sur-mer entre ce dernier et Senghor, à propos de la position à tenir lors du référendum de 1958, le président-poète avait demandé de laisser le pays rester encore quinze à vingt ans[7] sous domination française avant de penser à l’indépendance. Ce n’est dès lors pas étonnant qu’il ait tenu ces propos : "Le carré français, croyez-moi, nous ne voulons pas le quitter. Nous y avons grandi et il y fait bon vivre. Nous voulons simplement...y bâtir nos propres cases, qui élargissent et fortifieront en même temps le carré familial, ou plutôt l'hexagone France[8]." C’est sous sa présidence que l’Opération Persil et l’Opération Mar Verde – en partie - furent préparées au Sénégal pour faire couler la Guinée de Sékou Touré dont le seul tort était d’avoir osé dire non à la France pour se soustraire à sa domination. C’est la preuve que ceux qui sont contents de leur asservissement trouveront toujours dérangeants ceux qui réclament haut et fort leur liberté. Beaucoup d’autres choses peuvent être dites sur Senghor agissant pour la France au détriment de son peuple et de ses frères africains.
Le premier président ivoirien - que Frantz Fanon désignait comme un ennemi de l’indépendance de l’Afrique ; un homme de paille du colonialisme pour avoir affirmé que l’Algérie doit demeurer dans le cadre français, pour être allé défendre les thèses françaises aux Nations Unies[9] - a été avec Senghor l’autre béquille sur laquelle la France s’est longuement appuyée pour mener sa marche tranquille visant à asseoir sa domination en Afrique francophone. En agissant de connivence avec l’ancienne métropole, il a joué un grand rôle dans la dissuasion du Dahomey (actuel Bénin) et de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso) de participer à la Fédération du Mali, qui devait les unir avec le Soudan français (actuel Mali) et le Sénégal. C’est sous son instigation que le Conseil de l’entente regroupant à l’époque de sa création le Bénin, le Niger, le Burkina Faso fut mis sur pied pour contrecarrer la Fédération du Mali. L’ancien président ivoirien avait tout fait pour éviter à son pays de s’unir avec ceux qu’il appelait les "affamés du Sahel", selon les propos de Roland Colin. Il a soutenu Kasa-Vubu, adoubé par Paris, contre Lumumba à l’ONU, a participé à la déstabilisation de la Guinée nouvellement indépendante et au renversement de Kwamé Nkrumah en 1966 : "Houphouët Boigny a permis aux conspirateurs d’utiliser la Côte d’Ivoire pour coordonner l’arrivée et le départ de leur mission[10]". Toujours pour son soutien indéfectible à la France - dont le rôle est bien connu dans la guerre du Biafra - il a été parmi les premiers à reconnaître le gouvernement sécessionniste de Biafra. C’est même en Côte d’Ivoire que le Colonel Ojukwu trouva refuge après sa tentative avortée de sécession. Jacques Foccart souligne que : "Le général de Gaulle lui donna carte blanche pour aider la Côte d’Ivoire à aider le Biafra."[11] Comme dans le cas de Senghor, beaucoup de choses peuvent être dites sur Houphouët agissant en faveur de la France au détriment de son peuple et de nombre de ses frères africains.
Alassane Ouattara, dont il était très proche, ne fait que marcher sur ses pas. Comme son homologue sénégalais Macky Sall - en bons successeurs du couple Houphouët-Senghor - il n’a pas hésité à louer les bienfaits du franc CFA, à expulser de son pays ceux qui ont osé le critiquer comme Kemi Séba et Nathalie Yamb - dans son cas. Tous les deux préservent jalousement les intérêts français dans leurs pays au grand dam des populations locales. La décision hâtive et suspecte de remplacer le franc CFA par l’Eco ne constitue pas seulement un coup de Trafalgar de la part de Ouattara, mais elle est aussi un court-circuitage de la CEDEAO dans son projet de monnaie sous régionale décidé depuis plusieurs décennies et un mépris de l’opinion de nombreux Africains qui veulent couper le cordon ombilical monétaire avec la France.
La guerre fratricide que se livrent les anciens colonisés pour le compte des anciens colonisateurs sur le continent n’est pas seulement physique et armée, elle aussi intellectuelle. La particularité pour celle-ci est que l’ancien maître n'a pas toujours besoin de tirer quelque ficelle que ce soit. Car d’autres peuvent agir à sa place. Ayant largement réussi sa colonisation - qui en plus d’avoir été une entreprise de domination, d’exploitation économique a été aussi une entreprise d'aliénation, de décérébration pour employer les mots de Fanon -, elle peut compter sur une certaine élite formée dans ses écoles, dans ses universités qui est prête à la défendre bec et ongle intellectuellement. Ce sont les personnes composant cette élite que Sartre, dans sa préface des Damnés de la terre, qualifie d’êtres truqués, des mensonges vivants, tant le décalage est grand qui les sépare de leurs peuples. Si bien qu’ils ne peuvent même plus communiquer. En outre, comme le rappelle Odile Tobner : "Les intellectuels noirs sont étroitement surveillés. Toute une génération de diplômés est embrigadée. La docilité est le prix à payer pour accéder aux rôles de figuration, assortis de prébendes, qui vont faire des dirigeants africains les vampires de leurs peuples. Il s'agit aussi de déconsidérer autant que faire se peut les rares voix capables de galvaniser les esprits colonisés.[12]"
Il n’y a souvent que sur le continent africain que l’on trouve certaines divergences sur la défense d’intérêts nationaux face à d’autres pays étrangers. Là où l’unité nationale, l’union sacrée est facilement obtenue dans d’autres pays, même parfois pour des causes dépourvues de noblesse ou tout simplement iniques. Dès lors, les anciens pays esclavagistes n’ont pas besoin de s’excuser ou de réparer leurs méfaits, il y aura toujours des fils du continent, des intellectuels – parfois stipendiés ou affublés de titres pompeux ou lauréats de certains prix…en Occident - pour dire que si les Blancs ont osé réduire certains fils du continent en esclavage, c’est parce qu’ils étaient aidés par d’autres Africains. Peut-être ignorent-ils que chaque domination crée des collaborateurs dans la population soumise. L’exemple de la France sous l’Occupation est patent. Ceux qui appauvrissent le continent noir – le FMI, la Banque mondiale, l’OMC, les néocolonialistes, etc. – peuvent dormir tranquillement : ils peuvent toujours compter sur le soutien de certains fils du continent qui diront que si l’Afrique est en retard, c’est de sa seule faute. Certes, face à la gabegie, aux dirigeants qui s’accrochent manu militari au pouvoir en toute illégalité constitutionnelle, au népotisme, au pillage, aux détournements de deniers publics, à l’absence de patriotisme de nombre de dirigeants, l’attitude, les discours et la frustration de ces personnes, qui disent qu’il est trop facile de vouloir toujours se décharger sur l’Occident, sont très compréhensibles. Mais ce serait une erreur que d’ignorer l’impact négatif de la dette odieuse, la détérioration des termes de l’échange, les chantages des institutions financières internationales, les rapports de force défavorables à la plupart des pays africains et surtout leur absence d’indépendance véritable...Notamment les anciennes colonies françaises de l’Afrique subsaharienne. De plus, l’Occident n’hésite pas à réviser l’histoire, à trouver des descendants d’esclaves et de colonisés pour défendre ses positions ; bref à tout tenter pour faire porter aux Africains "le chapeau du sous-développement" qui sévit sur une bonne partie du continent tout en occultant sa part de responsabilité dans les conséquences néfastes de la traite négrière, de la colonisation et actuellement du néocolonialisme qui y plombent le décollage économique de beaucoup de pays. On ne sort pas culturellement, économiquement, psychologiquement indemne de 5 siècles de domination. Cette situation fait souvent penser au complexe de Néron dont parlait Albert Memmi[13]. Pour légitimer leurs pillages des pays « asservis » et défendre leur rôle d'usurpateurs, les colonisateurs, par le passé, et les néocolonisateurs, de nos jours, ont échafaudé toutes sortes d'arguments et de théories pour « rendre licites » leurs agissements afin de se donner bonne conscience. Autrefois, les premiers nommés se cachaient derrière le manteau de la supériorité raciale et de la mission civilisatrice qui en était un corollaire pour conquérir des pays. Mais vu que tout le monde sait maintenant que leurs arguments sont scientifiquement faux et fallacieux, politiquement incorrectes et anachroniques, leurs successeurs ont changé de stratégies. Ils dénigrent les pays « soumis » ou à « soumettre » en dénonçant certaines de leurs pratiques qualifiées de "barbares", leur inaptitude à exploiter et à utiliser convenablement leurs propres richesses et leur propension à la dictature et à la corruption. Et en même temps, ils louent le développement technologique et économique et la « démocratie » dans leur pays et n’hésitent pas à falsifier ou à réécrire l'histoire pour servir de vils desseins. Du racisme biologique, ils sont passés au racisme culturel et culturaliste. Les périodes changent, mais les pratiques demeurent sous d'autres formes. Rien de nouveau sous le soleil. Donc, nombre de problèmes sur le continent doivent être considérés au minimum sous un angle double quand on veut les analyser. Sinon le résultat risquerait d’être hémiplégique.
Pour ce qui concerne le déboulonnage de la statue de Faidherbe, la situation n’avait même pas besoin de tous ces débats houleux, de toute cette dissertation tant ce qui est à faire est évident puisque c’est juste une question de dignité. Imaginez une statue de Bugeaud à Alger, celle d’Hitler à Tel-Aviv. C’est impensable !
Le problème des dirigeants qui collaborent avec des puissances étrangères au détriment de leurs peuples renvoie encore et toujours à la question de la souveraineté véritable, et partant à la question de puissance. Tant que l’on n’aura pas la liberté d’élire les dirigeants que l’on veut et de se séparer d’eux démocratiquement lorsque ne font plus l’affaire, la capacité de nous défendre, de nous nourrir, de nous soigner tout seuls, on aura toujours au sommet de nos États des présidents fantoches, soutenus de l’extérieur et plus préoccupés à avoir le satisfécit des grandes puissances, des institutions financières internationales que par le bien-être et la tranquillité de leurs peuples. De petits pays faibles et divisés ne pourront pas changer cet état de fait. Seul un ensemble fort en sera capable. D’où la nécessité de s’unir, comme l’avaient souhaité de tous leurs vœux Cheikh Anta Diop et Kwamé NKrumah.
[1]Cité par Odile Tobner, Du racisme français, quatre siècles de négrophobie, p.225
[2] Ousmane Sembene, Le dernier de l’empire, p.344
[3] Boubacar Boris Diop, L’Afrique au-delà du miroir, p.104-105
[4]Mongo Béti, Les Deux mères de Guillaume Ismaël Dzewatama, p. 158
[12] Odile Tobner, Du racisme français, quatre siècles de négrophobie, p. 228-229
[13] Albert Memmi, Portrait du colonisateur, portrait du colonisé, p.72
par François Giovalucchi
AFRIQUE-FRANCE, LES MIROIRS GROSSISANTS
La fable de l’émergence ne convainc pas plus l’homme de la rue africaine que le discours de la start-up nation ne convainc les Gilets jaune. Elle apporte en revanche de l’eau au moulin de ceux qui sont prompts à dénoncer les objectifs cachés de Paris
esprit.presse.fr |
François Giovalucchi |
Publication 09/08/2020
Alors que la France perd son influence en Afrique, l’opinion africaine continue de prendre Paris comme bouc émissaire de ses désillusions. La France et l’Afrique francophone sont ainsi entrées dans un jeu de miroirs grossissants, où chacun amplifie l’importance de l’autre pour son destin.
La période récente est marquée par un paradoxe apparent : la France, après avoir empêché la chute de Bamako en 2013 et y avoir été acclamée, s’efforce de contenir la poussée djihadiste au Sahel au prix de pertes qui s’alourdissent, mais elle est confrontée en retour à une extension du sentiment antifrançais. En parallèle, la montée de la condamnation du franc Cfa a conduit à son remplacement par l’éco en Afrique de l’Ouest fin 2019. La récente pandémie a exacerbé le ressentiment. Une note de prospective du Quai d’Orsay, présentant un scénario catastrophe pour les régimes les plus usés d’Afrique, a suscité un flot de critiques outragées, venant souvent de ceux-là mêmes qui accusent, souvent à juste titre, la France de soutenir ces régimes. Les réseaux sociaux se sont enflammés d’accusations de recours aux Africains comme cobayes[1], et même de manœuvres volontaires de contamination par la France. Les racines du sentiment antifrançais sont anciennes, mais il revêt aujourd’hui une acuité particulière qui mérite un essai d’interprétation. L’Afrique est le dernier endroit où la France peut se rêver en grande puissance. Cette dernière tente d’enrayer sa perte d’influence, affecte bruyamment de parier sur l’avenir du continent et invoque une responsabilité particulière pour répondre aux demandes d’appui militaire au Sahel. Elle met en avant des enjeux surévalués ou qui, à tout le moins, ne sont pas plus importants que pour d’autres pays européens. Une large partie de l’opinion subsaharienne francophone cherche, quant à elle, une explication extérieure simpliste à ses désillusions économiques et politiques, trop souvent sur un mode complotiste : Paris s’offre en parfait bouc émissaire. La France et l’Afrique francophone sont ainsi entrées dans un jeu de miroirs grossissants, où chacun amplifie l’importance de l’autre pour son destin.
Le sentiment antifrançais
La question du legs colonial dans les consciences est complexe : halo de violences et d’humiliations, mais aussi adhésion aux valeurs de la République retournées contre le colonisateur, et utilisation des positions et savoirs acquis par les élites colonisées pour leur reproduction après les indépendances. Plus que la colonisation elle-même, c’est la politique dite du « pré carré », conduite au lendemain des indépendances et assortie d’un soutien sans faille aux dictateurs « amis », qui a donné corps et validité à ce sentiment.
A contrario, là où l’ex-puissance coloniale s’est effacée ou s’est faite discrète, la détestation de l’ancien maître n’a pas prospéré. Le sentiment antifrançais a disparu au Vietnam. Sans parler d’une guerre de dix ans, rappelons que les menées communistes y avaient pourtant suscité un encadrement policier et une répression au quotidien autrement plus violents que dans la plupart des colonies françaises d’Afrique subsaharienne. De même, les sentiments anti-italien et antibritannique apparaissent peu marqués, malgré la brutalité de la « pacification » de la Libye et de la conquête de l’Éthiopie pendant la période fasciste, et la violence de la répression de la révolte Mau Mau au Kenya.
En Afrique francophone, le sentiment antifrançais, par nature difficile à mesurer, a varié selon les conjonctures politiques et l’intensité de l’interventionnisme français. Il est d’une acuité inégale selon les classes d’âge et les groupes sociaux. Il a connu une flambée en Côte d’Ivoire pendant la crise de 2002-2011, qui a débouché sur une intervention militaire française permettant l’arrestation de Laurent Gbagbo. Le Togo de Gnassingbé Eyadema (1967-2005), dont le coup d’État avait été appuyé par la France, a été également le siège d’un fort sentiment antifrançais, renforcé par le soutien affiché de Jacques Chirac au vieux président, puis à la prise du pouvoir par son fils Faure. Enfin, il est de longue date particulièrement aigu au Cameroun : l’indépendance y a été précédée par la seule guerre de libération d’ampleur de l’Afrique francophone et suivie par un appui français au jeune pouvoir dans sa lutte contre les héritiers du maquis, puis d’un soutien à Paul Biya, président depuis 1982. Si, dans les cas précités, ce sentiment a été ou est toujours d’une intensité singulière, il n’en a pas moins été latent dans toute l’Afrique francophone.
Aujourd’hui, les discours francophobes prospèrent sur un mode complotiste, des conversations de bar ou d’amphithéâtre aux débats télévisés et aux articles de presse, et sur les réseaux sociaux, qui leur assurent un grand succès chez les jeunes. L’essayiste camerounais Yann Gwet, reprenant la distinction de David Goodhart entre les «somewhere» et les «anywhere», pointe que la popularité de ce discours est plus forte chez les premiers, les élites internationalisées considérant la souveraineté comme accessoire[2]. Des dirigeants peuvent toutefois l’alimenter, avec d’évidentes arrière-pensées. Une France surpuissante et à la perversité sans limites est désignée comme responsable de tous les maux. La volonté de prédation serait à la base de toute sa politique. Sont dorénavant particulièrement stigmatisés le franc Cfa entravant le développement, les entreprises françaises qui suscitent un fort ressentiment quand elles participent aux privatisations et/ou ont, comme Bolloré, une stratégie monopolistique, ainsi que les interventions militaires. Ces dernières sont supposées motivées par une volonté d’accaparement des ressources naturelles qui conduirait Paris à fabriquer ou soutenir le djihadisme. Ce sentiment n’est pas dépourvu de contradictions : souvent, la France se voit accusée de ne pas pratiquer l’ingérence démocratique pour contribuer au départ de présidents depuis trop longtemps au pouvoir.
Le discours antifrançais prend parfois des formes ridicules. Ainsi, des « bio-kamikazes » français seraient arrivés par Air France à Douala en mars 2020 pour contaminer la population. Non moins absurde est la rumeur selon laquelle les pays de la zone franc auraient payé un « impôt colonial » en déposant jusqu’en décembre 2019 la moitié de leurs devises sur un compte au Trésor français : c’est confondre un dépôt en banque avec un cadeau à la banque.
En contrepoint, tout concurrent ou ennemi supposé de la France est perçu avec sympathie, nonobstant ses visées hégémoniques ou son caractère dictatorial. En témoignent l’accueil, au départ favorable, de la pénétration chinoise, l’admiration pour Kadhafi très répandue parmi les jeunes qui le perçoivent comme un martyr de la cause africaine et, plus récemment, la perception positive du retour russe.
Surestimation des enjeux et manque de moyens
La surévaluation des enjeux concerne surtout les domaines politique et économique, et moins nettement celui des migrations.
Dans le domaine politique, pendant la guerre froide, le rôle de gendarme délégué en Afrique contribuait à consolider la place de la France dans le camp occidental. Aujourd’hui, la politique africaine de la France lui donne certes une visibilité internationale, mais simultanément la met en position de quémandeuse d’appuis américain et européen.
Les intérêts économiques français en Afrique, francophone notamment, sont faibles et exposés à une concurrence croissante. Les exportations françaises à destination de l’Afrique subsaharienne ne représentent que 2 % du total des ventes mondiales françaises. Les exportations françaises vers les pays de la zone franc représentaient 5,1 milliards de dollars en 2019, soit un montant inférieur aux exportations vers la République tchèque. Les parts de marché à l’exportation de la France en Afrique ont été divisées par deux depuis 2000, passant de 11 % à 5,5 % en 2017. L’Afrique francophone ne joue un rôle significatif que pour la rentabilité d’une poignée d’entreprises (Air France, Ags, Bouygues, Bolloré, Castel, Orange, Total). Les banques françaises, Société générale mise à part, se retirent. L’Afrique est à l’origine de près du tiers de la production de pétrole et de gaz de Total, mais les principaux gisements, hormis Moho Nord au Congo-Brazzaville, sont en Angola et au Nigeria. Au Niger, les deux mines d’uranium encore exploitées d’Orano (ex-Areva) sont en fin de vie et le nouveau gisement d’Imouraren n’a pas été mis en production, faute de rentabilité. Les réserves de change des pays de la zone franc qui étaient placées sur un compte du Trésor représentaient environ 1 % de la dette française.
En matière migratoire, on notera que, si la France reste la première destination des Africains dans les pays de l’Ocde, sa part dans les migrants installés est passée de 38 % en 2000 à 30 % en 2015. Il est toutefois clair que, compte tenu de l’importance de la communauté malienne installée en France, celle-ci serait concernée en premier chef par un mouvement migratoire provoqué par une victoire djihadiste au Sahel.
Les versements d’aide publique au développement de la France vers l’Afrique subsaharienne ont été réduits de moitié, passant de 3,3 milliards de dollars en 2010 à 1,6 milliard en 2016, avant de connaître un début de remontée à partir de 2017. Il est toutefois à noter qu’il a été décidé d’augmenter fortement (un milliard d’euros) la part en subvention de l’aide à compter de 2019.
La diplomatie culturelle a, quant à elle, servi de variable d’ajustement au budget d’un ministère dont la priorité est de maintenir l’universalité de son réseau d’ambassades et le nombre d’emplois de « vrais diplomates ». Victime d’une baisse de moyens financiers et humains, le réseau culturel français en Afrique tient de plus en plus difficilement son rôle de vitrine.
La France s’aligne sur les positions de l’Union européenne et des institutions de Bretton Woods, quand bien même les mesures proposées ont un effet politique délétère pour un enjeu économique médiocre, comme la signature des accords de partenariat économique destinés à lever les obstacles aux exportations européennes, et rejetés par la majorité des populations. C’est également le cas quand des orientations de l’aide au développement pénalisent à terme l’usage de la langue française et font le succès des médersas, comme les programmes de l’initiative internationale « Éducation pour tous » revenant à gonfler les taux de scolarisation, en parquant des enfants dans des classes de cinquante élèves pour recevoir l’enseignement d’un contractuel mal formé et mal payé.
La France n’a pas de grande vision à partager avec l’Afrique. La francophonie ne tient pas ce rôle : elle se dilue dans l’adhésion de nouveaux pays où le français n’est pas la langue du peuple et s’incarne dans une institution, l’Organisation internationale de la francophonie, utilisée de façon souvent politicienne. C’est en France que le panégyrique présentant l’Afrique comme la nouvelle frontière économique du monde a ses hérauts les plus zélés. En l’absence d’industrialisation, l’Afrique connaît une croissance largement liée au cours des matières premières, et reposant sur un endettement public non soutenable[3]. Cette croissance ne profite guère à la majorité des citoyens : la fable de l’émergence, où la foi dans la révolution technologique et le marché voudrait tenir lieu d’espérance commune avec l’ancienne métropole, ne convainc pas plus l’homme de la rue africaine que le discours de la start-up nation ne convainc les Gilets jaunes[4]. Elle apporte en revanche de l’eau au moulin de ceux qui sont prompts à dénoncer les objectifs économiques cachés de la France.
Les discours annonçant la fin de la Françafrique ne persuadent guère, même si ses aspects affairistes les plus douteux sont clairement en résorption depuis François Hollande. Enfin, l’arrivée de puissances de premier plan dans l’ancien pré carré (Chine surtout, mais aussi Inde, Turquie, Émirats arabes unis, Allemagne et désormais Russie) permet une mise en concurrence de la France, dont les chefs d’État africains jouent au mieux, si bien que le rapport de force avec Paris s’inverse ou, du moins, se rééquilibre[5]. Ces nouveaux intervenants sont conscients de leur pouvoir : imagine-t-on un chef d’État africain appeler Pékin ou Moscou pour demander le rappel d’un ambassadeur ?
S’y ajoutent aujourd’hui les effets du renouvellement de notre personnel politique, désormais peu au fait des réalités africaines. Il est confronté à des praticiens madrés de la relation avec la France, et dotés d’une connaissance fine et ancienne du jeu politique hexagonal.
Entre complaisance et puissance
La complaisance se manifeste au quotidien devant les tracas divers dont sont victimes ses ressortissants, et le racket fiscal de ses entreprises ou les décisions de justice souvent iniques dont elles pâtissent. La lutte contre ces abus mobilise au jour le jour les ambassades, qui reçoivent un soutien inégal de Paris. Que d’avanies entre deux visites présidentielles ou ministérielles débouchant sur des « succès commerciaux » ou des arrangements fiscaux ! En matière d’aide au développement, l’attitude française ne diffère pas de celle des autres bailleurs de fonds qui, les yeux rivés sur leurs objectifs de décaissement, sont prêts à avaler bien des couleuvres. Mais la France étant souvent le premier bailleur de fonds bilatéral, elle est particulièrement exposée.
Les dirigeants français s’abstiennent le plus souvent de condamner publiquement le non-respect des droits de l’homme ou les pratiques antidémocratiques d’un dirigeant étranger. Paris se limite alors à des appels discrets à la modération et à la recherche de solutions « inclusives ». Compte tenu de sa relation ancienne avec eux, la France chuchote à l’oreille des dictateurs. Quand sa parole se fait forte, Paris suscite un tollé. La toute récente condamnation publique par Emmanuel Macron de la répression des indépendantistes anglophones par le régime Biya a été vivement critiquée au Cameroun, au-delà des cercles du pouvoir.
COVID-19, QUAND UNE MINORITÉ D’IRRESPONSABLES NOUS MENACE TOUS
EXCLUSIF SENEPLUS - Les rassemblements familiaux pour les fêtes et les décès se multiplient et rares sont ceux qui se sont entourés de précautions pour barrer la route à la contamination
Il y a de nombreux exemples dans le monde de pays dont la cohésion sociale et le civisme sont venus au secours de la crise du Covid 19. Prenons le cas de la Grèce. Bien que réputés indisciplinés, les Grecs se sont très vite pliés aux consignes gouvernementales. Après dix ans d’austérité, ils savent que leur système de santé n’est pas en mesure de faire face à l’épidémie et ainsi ils se sont mis au service du pays, pour se sauver eux-mêmes et pour sauver leur saison touristique.
Prenons le cas des Suédois. La relation de confiance entre la population et le gouvernement a été déterminante. Sans aucune obligation, en se limitant à des recommandations et à des incitations à limiter les déplacements et à respecter les mesures préventives. La Suède a résisté face à l'épidémie Covid-19, sans avoir à mettre en place des mesures drastiques et contraignantes.
Mais ne rêvons pas, ici nous sommes au Sénégal et face au comportement jugé irresponsable des Sénégalais et au non-respect des instructions contre le coronavirus, le président Macky Sall a dû prendre de nouvelles mesures et des sanctions administratives.
C’est typiquement sénégalais, c’est même à cela qu’on reconnait les sénégalais, parfois irresponsables, souvent indisciplinés, récalcitrants, désobéissants et en perpétuelle opposition politique… Or, si cet esprit frondeur peut s’avérer une qualité quand il s’agit d’exercer sa liberté de penser, il est un fléau dès lors qu’il convient d’adopter une ligne de conduite protectrice et solidaire.
Partout dans le monde les consignes de port du masque, de lavages fréquents des mains et de distanciation sociale recommandées et rappelées inlassablement par les praticiens de santé sont respectées et appliquées pour combattre l’épidémie. Les rassemblements et les attroupements sont limités même si parfois les plus jeunes sont récalcitrants à cela.
Chez nous non, le comportement de nos concitoyens est irréfléchi et toujours en opposition. Les rassemblements familiaux pour les fêtes et les décès se multiplient et rares sont ceux qui se sont entourés de précautions pour barrer la route à la contamination.
Ici en réponse aux mesures de riposte contre le coronavirus, nous assistons à des mouvements de révolte avec des attaques contre les forces de l’ordre. Quand l’État a demandé la fermeture des lieux de prière, les populations se sont levées pour exiger leur ouverture. Cette semaine encore, pendant la Tabaski, des religieux se sont opposés à cette décision faisant valoir leur foi en Dieu.
Résultat, alors que le président Macky Sall et son gouvernement avaient réussi à déjouer les scénarios les plus alarmistes face à l’épidémie, aujourd’hui la menace grandit dans notre pays et des innocents meurent à cause d’une minorité d’inconscients.
Cent soixante-dix-sept nouveaux cas de contamination ont encore été notés ce jeudi 6 août 2020, en plus de cinq nouveaux décès. Face au relâchement des Sénégalais, la pandémie accélère sa propagation sur le territoire national. De plus, les cas communautaires, donc non traçables, continuent d’augmenter. Sur les 177 nouveaux cas confirmés, 82 sont issus de la transmission communautaire.
Il y a bien là de quoi être inquiet et le chef de l’État Macky Sall est dans son rôle quand il menace de ramener l’état d’urgence pour casser le rythme des contaminations. Une partition difficile à jouer tant la situation est ingérable, entre l’ignorance des uns, l’indifférence des autres, l’influence des confréries, la désinformation des réseaux, une économie fragilisée et un virus meurtrier.
En plus d’inciter son peuple à revenir à la raison afin de réduire le taux de propagation de la pandémie, le chef de l’Etat a condamné la recrudescence des actes de délinquance et de vandalisme qui se multiplient dans le pays et promis à leurs auteurs des sanctions exemplaires.
Car oui, en plus de la bêtise qui sévit, c’est la violence aveugle et gratuite qui se répand aussi vite que le coronavirus au Sénégal. Comment peut-on entendre dans un pays civilisé que des partisans d’un chef religieux, vandalisent et saccagent le siège d’un journal, Les Echos en l’occurrence, ceci parce qu’ils reprochaient à la rédaction du journal d’avoir affirmé que le dirigeant de leur confrérie était hospitalisé, atteint par le Covid-19. C’est tout simplement honteux.
Pour se relancer et reprendre son développement, le pays doit se ressaisir et pour cela, les sénégalais, qui restent civiques et responsables dans leur grande majorité, doivent retrouver leur confiance et veiller à l’application des consignes sanitaires tout en se rangeant derrière l’autorité de leur président.
Car si une chose ne manque pas à Macky Sall, c’est l’autorité. Son autorité et sa manière de gérer cette crise sanitaire sont décisives. Discordes, scandales imaginaires et polémiques stériles doivent cesser. Le président de la République doit remettre de l’ordre dans tout ça. L’opinion attend ces changements et cette fermeté. Le pays doit se remettre en ordre de marche, avec à sa tête un chef, élu par la majorité du peuple, toujours derrière lui !
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LES PETITES TYRANNIES
EXCLUSIF SENEPLUS - Pour fabriquer un citoyen honnête, impliqué et généreux, en capacité de bâtir de grandes choses, il faut le situer dans un espace pacifique. Comment nous débarrasser de nos instincts agressifs ? NOTES DE TERRAIN
Vendredi 07 août 2020. Je ne retrouve plus ma carte d’identité. Je la cherche partout, en vain. J’ai fouillé les armoires et les commodes, chez moi. Au bureau, tout a été retourné. À Rufisque, aussi, j’ai vérifié. Toujours rien. Ces dernières semaines, j’ai circulé avec une photocopie légalisée de la carte d’identité. Mon passeport est expiré depuis longtemps. Je ne suis, donc, pas en règle. Il y a urgence à refaire une autre carte d’identité. Pour parer à toutes mauvaises surprises. Je me suis décidé, ce matin. J’irai me faire établir une déclaration de perte, préalable à la confection d’une nouvelle carte d’identité. Comme la gendarmerie de Ouakam se trouve sur mon chemin, je vais y passer avant d’aller au bureau.
Des fûts et des seaux sont placés à l’entrée. Visiblement, pour que les visiteurs se désinfectent les mains. Je n’ai pas jugé nécessaire de m’en servir. Je me déplace, en permanence, avec un flacon de gel hydroalcoolique. Je m’en sers, dès mon arrivée. Je constate qu’il n’y a pas trop de monde contrairement aux autres fois où je suis venu ici. À gauche de la porte, quelques personnes se tiennent contre le mur, et attendent. Un bureau de fortune est installé près d’eux. Deux personnes sont assises. Je les reconnais. Un vieux et un gars plus jeune. Ce dernier rédige les plaintes pour ceux qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes. Je rentre dans l’office central. L’affluence, ici aussi, est faible par rapport à mes visites précédentes.
Deux gendarmes sont postés à l’accueil. Un homme debout, qui signe et délivre les documents aux visiteurs. Une femme affalée sur sa chaise. Je n’ai pas trop remarqué ce qu’elle faisait. Il y a un petit brouhaha. Des gendarmes, certains en tenue civile, circulent à l’intérieur, comme dans un labyrinthe. La majorité des visiteurs attendent, bien campée dans les chaises dévolues au public. Tout le monde, ici, porte un masque. J’explique ma situation au gendarme qui gère les tâches administratives. Il me dit gentiment d’attendre à côté. J’en profite pour demander à l’autre gendarme de vérifier s’il n’y a pas une pièce d’identité à mon nom. J’étais venu légaliser des papiers, ici, il y a quelques temps. Peut-être que j’avais égaré ma carte d’identité, ce jour-là. Elle regarde. Non, il n’y a aucun document correspondant à mes indications.
Je me tiens à l’écart, près du passage qui mène vers les bureaux. En attendant qu’on me fasse signe. Une scène captive mon attention, à ce moment-là. Un gendarme débarque dans la salle, avec une jeune fille. Cette dernière porte une robe large et un voile. Elle pleure. Son beau visage est mouillé. Des gouttes de larmes s’écrasent sur le sol. Elle semble terrifiée. Elle essaie d’essuyer ses yeux avec son épaule gauche. Sa démarche est maladroite, désordonnée. Elle suit le gendarme, à l’intérieur. Ils se dirigent vers l’un des bureaux. Quelques minutes plus tard, ils reviennent. Il lui demande de s'arrêter. Elle est sommée de se mettre debout devant les visiteurs. Le gendarme insiste. Elle tremble. Tourne ses yeux attendrissants tout autour de la pièce. Elle est submergée. De honte ? De regrets ? De faiblesse ? Le gendarme lui crie dessus et lui demande de cesser ses pleurs. Elle n’y arrive pas. Elle gémit, et gronde de chagrin, de plus en plus fort. S’assied sur le sol. Une autre gendarme lui demande de se taire. Elle sanglote, dit des mots, imperceptibles.
Je ne sais pas ce que cette fille a bien pu faire. Il y a bien des raisons, si elle s’est retrouvée dans cette situation. Au fond, j’ai un peu pitié d’elle. Un fort sentiment me secoue. De peine et de bienveillance. Il y avait quelque chose de choquant. Comme une tentative d’humiliation, dans la posture qu’on lui demandait de tenir. Quelques fois, j’ai moi-même subi cette sorte d’autoritarisme surjoué. Ma foi, je l’ai senti comme une vraie injustice. Je me rappelle ce policier, en service dans un commissariat, qui m’a parlé comme si j'etais un chien. Alors que je demandais juste des renseignements. Je lui avais alors dit qu’il s'adressait à un citoyen sénégalais. Je lui ai promis de lui rendre tout mot déplacé ou inapproprié. Il m’a illico intimé l’ordre de sortir du poste de police. Comme un malpropre. J’ai eu deux ou trois autres altercations avec des forces de l’ordre. À chaque fois, par manque d’élégance et de courtoisie de leur part.
La jeune fille, quelle que soit sa faute, était déjà bien mal en point. Elle ne méritait pas les réprimandes publiques. Il y a une justice pour cela. Elle était enchaînée. Complètement dévastée. Elle ne protestait pas. Pourquoi vouloir l’humilier devant tout le monde ? Elle est humaine et elle a des droits inaliénables. Comme tout le monde, la préservation de sa dignité doit toujours rester son bénéfice. L’autorité d’un gendarme ou d’un policier, sacralisée par la loi, a des limites. Les relations entre les forces de l’ordre et les citoyens peuvent ne pas être, mécaniquement, brutales. La fermeté ne doit pas empêcher le respect de l’altérité, et de l'intégrité morale de chaque personne. Personnellement, je me sens constamment fragile. En insécurité. Dès que je rentre dans une gendarmerie ou un commissariat.
Au-delà, des forces de l'ordre, partout dans notre société, où il y a autorité, il y a aussi demande d’obéissance et de flatterie. Dans notre pays, l’usage du pouvoir, aussi petit soit-il, est toujours vicié par l’autoritarisme et l’abus. On pourrait le voir comme un profond désir d’absolutisme. Depuis l’échelle sociale embryonnaire, jusqu’aux plus hautes sphères d’administration communautaire. Partout, chez celui qui détient une parcelle de pouvoir, on remarque un besoin de piétiner, de soumettre, de régenter. Dans les familles, dans les espaces publics et privés. Ainsi, c'est une violence diffuse, qui gouverne nos rapports sociaux. La société sénégalaise a cette faiblesse, de favoriser un despotisme sourd. Un art de la tyrannie, mesuré. Mais réel et endémique. Ces petites violences s’accumulent dans notre conscience collective. Elles écrasent les petites gens. Sur le corps social, elles agissent comme des exercices d’injustices, et de peurs. Et augmentent les névroses. Elles deviennent de petites graines, qui aliènent les esprits. Or, pour fabriquer un citoyen honnête, impliqué et généreux, en capacité de bâtir de grandes choses, il faut le situer dans un espace pacifique. Comment nous débarrasser de nos instincts agressifs ?
Alors que le sort de la jeune fille me forçait à réfléchir, le gendarme à l'accueil m’a demandé de venir. Il a sorti une fiche à renseigner et m'a posé succinctement plusieurs questions. Il n’y avait pas, dans sa voix, cet accent d’autorité et de virulence. Que j’attendais.
- Prénom ?
- Abdoulaye.
- Nom ?
- Sène.
- Date de naissance ?
- ….
- Lieu de naissance ?
- Rufisque.
- Prénom du père ?
- D. Sène
- Prénom et nom de la mère ?
- O. A. Diallo.
- Profession ?
- Journaliste.
- Adresse ?
- Ouakam.
- Tenez, c’est bon.
- Merci monsieur.
Retrouvez désormais sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
Si aujourd’hui les importations en riz atteignent environ 1,3 millions de tonnes, cela signifie que l’offre locale ne couvre que 35% de la demande. Notre plat national est plus cambodgien, thaïlandais, pakistanais, brésilien ou indien que sénégalais
C’est un dimanche, jour de repos et la plupart des maisons au Sénégal déjeunent vers 14heures. Une heure avant, dans la cuisine de ma maison, la marmite mijote et exhale une odeur qui fait saliver. Le «thiébou diène Penda Mbaye» du dimanche s’annonçait succulent. Plus tard, au milieu de ma dégustation, des constats que j’avais faits sur l’alimentation en Afrique de l’ouest assaillent mon esprit et mon appétit fut coupé. En effet, une bonne partie des éléments qui composent notre « plat national » ne provient pas du territoire national. Un paradoxe pimenté!
Présent au quotidien dans nos menus, le riz est la céréale la plus consommée au Sénégal avec une demande nationale estimée entre 1,8 et 1,9 millions de tonnes, soit une consommation de riz évaluée entre 90 et 100 kg de riz par habitant et par an. Si aujourd’hui les importations en riz atteignent environ 1,3 millions de tonnes, cela signifie que l’offre locale ne couvre que 35% de la demande. Dès lors, la déduction évidente qu’on peut faire de ce constat c’est que notre plat national est plus cambodgien, thaïlandais, pakistanais, brésilien ou indien que sénégalais.
L’écumoire invisible de l’État et ses conséquences
Cette forte dépendance des importations s’explique par la libéralisation du secteur rizicole depuis les années 80 avec un gouvernement qui a adopté une attitude de non-intervention dans la production et la commercialisation du riz au Sénégal. Cette nouvelle orientation politique a été provoquée par la signature du Programme d’ajustement sectoriel de la filière riz (PASR) imposé par le «Consensus de Washington» en 1989, un accord qui préconisait que le développement passe par une faible intervention étatique, une limitation des contrôles, un équilibre du budget étatique et la privatisation des entreprises publiques.
Dès lors, malgré la création de la Société nationale d’exploitation des terres du Delta et des vallées du Fleuve Sénégal et de la Falémé (SAED) et la Société de développement agricole et industriel du Sénégal (SODAGRI), respectivement en 1965 et 1974, l’État s’était désengagé de la filière riz et ne soutenait plus les acteurs en équipements et intrants, gestion de l’eau, formation techniques etc.
La main brisé par la vague de libéralisation des années 80-90, l’État a voulu redresser la pente à partir des années 2000. Sur cet élan, en 2008, la Grande Offensive Agricole pour la Nourriture et l’Abondance (GOANA) a été lancée comme plan d’urgence pour la sécurité alimentaire. C’est dans ce sillage que le Programme National d’Autosuffisance en Riz (PNAR) a été initié avec un objectif de production de 1 000 000 tonnes de riz blanc. Malgré les efforts fournis, l’accroissement de la demande et les séquelles de ce désengagement étatique aggravées par la dévaluation du FCFA en 1994 font que le Sénégal peine encore à assurer l’autosuffisance en riz. En 2017, l’objectif de l’autosuffisance en riz a été repoussé de deux ans, et en 2019, les importations ont même rebondi de 15%.
En considérant le contexte sanitaire mondial actuel couplé aux implications économiques, ces faits nous conduiraient à subir une augmentation des prix du riz car nous importons ce riz de pays touchés eux aussi par la COVID-19 comme la Chine. Il serait difficile de satisfaire la demande à cause d’une facture chère, sachant que cette dernière était déjà estimée à 445 milliards de FCFA entre le 1er janvier 2017 et le 31 août 2018.
Une céréale stratégique dans la marmite économique et sociale
Le riz représente à lui-seul 10% de la balance commerciale du Sénégal. Le secteur rizicole sénégalais fait vivre 200.000 à 300.000 ménages, soit 1,5 millions de personnes dont le riz est l’alimentation de base. Il ne faut pas oublier que ce secteur réserve encore un fort potentiel d’absorption des jeunes actifs sur le marché de l’emploi. Pourtant, on constate que le potentiel du secteur est sous-exploité. La riziculture irriguée est pratiquée dans le bassin du fleuve Sénégal sur 60 000 hectares alors qu’elle représente 240 000 hectares exploitables. Il en est de même du bassin de l’Anambé, avec 4 180 hectares aménagés sur un potentiel de 12 000 hectares.
Pour améliorer la productivité, il est important de renforcer la mécanisation afin d’exploiter plus de ces espaces que la nature nous offre et d’améliorer la qualité avec l’utilisation des séparateurs-trieurs, de blanchisseurs-polisseurs. L’amélioration de la qualité est un pilier incontournable pour développer et défendre le consommer local. L’État devra être le premier accompagnateur de cette filière stratégique pour sa modernisation et l’atteinte des objectifs d’autosuffisance en riz.
Le renforcement des capacités techniques des riziculteurs, les subventions des intrants, et la promotion du consommer local peuvent créer un environnement attrayant pour le secteur privé dans le développement de la riziculture. La pleine exploitation de notre potentiel rizicole pourrait transformer le Sénégal en un pays exportateur de riz et, enfin, je pourrais déguster mon «tiébou diène» du dimanche en ayant la fierté de le qualifier de plat véritablement national.
A moins de considérer qu'un religieux ne doit pas être affecté par une telle maladie, on ne voit pas en quoi il y aurait anomalie à ce qu'un journal parle de l'infection d'un homme public, très médiatique de surcroît
Ah ! Cela faisait longtemps que ce monstre-là n'avait pas montré son visage. Enfin, pas de façon aussi hideuse, puisque çà et là, quelques incidents de moindre envergure ont quand même émaillé la vie de la presse ces dernières années. Personne ne le réclamait pour autant ! Depuis la fameuse attaque de partisans du PDS qui avaient saccagé les locaux des quotidiens "L'AS" et ‘’24H Chrono’’, les attaques-vendetta de locaux de presse n'étaient plus du paysage médiatique sénégalais. C'était en août 2008.
Les faits qui ont touché, il y a quelques jours, le quotidien "Les Echos", sont venus nous rappeler que le monstre ne disparaît jamais définitivement. Pour Cheikh Oumar Ndao, le patron des ‘’Echos’’, le mois d'août a une amère saveur. En août 2008, il était le rédacteur en chef de "L'AS" dirigé alors par Thierno Talla et sauvagement attaqué dans la soirée du 17.
La révélation faite par les journalistes du quotidien "Les Échos" de l'infection au coronavirus et de l'internement à l'hôpital Principal de Serigne Moustapha Sy, sort-elle du strict cadre de la liberté d'informer ? Pour le moins, le marabout, responsable moral du Dahira des Moustarchidines, est un personnage public dont les tonitruants propos déchirent régulièrement l'espace médiatique. L'une de ses dernières sorties, celle du 11 juillet dernier à Tivaouane, n'a pas dérogé à la règle : le président Macky Sall et son régime et bien d'autres sujets ont suscité ses diatribes.
Mais cette sortie est d'autant plus intéressante à souligner qu'elle a été l'occasion de propos sur la bien actuelle situation pandémique. Le guide des Moustarchidines qui a souligné, à cette occasion, que certains se demandent si que "le coronavirus est un soldat envoyé par Dieu pour régler des comptes" et rappelé, haut et fort, son opposition à la fermeture des mosquées. À écouter son discours, il est difficile de ne pas penser aux thèses complotistes.
Last but not least - c'est un détail important - en plein contexte de lutte contre le corona, il a n'a pas rechigné à organiser une manifestation d'envergure, rassemblant des milliers de fidèles talibés dans la capitale de la Tidianya au Sénégal. Quoi alors de plus normal que sa sérologie puisse intéresser le public au point d'être divulguée par les médias ?
Loin de la cachotterie et de la stigmatisation du début, les célébrités jouent désormais la transparence. Bon nombre d'entre elles prennent plutôt les devants, en révélant leur infection au coronavirus, vite relayée par la presse, qu'elles l'aient souhaitée ou pas. A moins de considérer qu'un religieux ne doit pas être affecté par une telle maladie, on ne voit pas en quoi il y aurait anomalie à ce qu'un journal parle de l'infection d'un homme public, très médiatique de surcroît.
Bien entendu, au lendemain du saccage des locaux du journal "Les Echos", les réactions ont été unanimes à condamner cette vendetta. "À chaque fois qu’il y a agression contre les journalistes, les auteurs de ces barbaries refusent en fait à la presse le droit d’informer. La presse est intimidée pour ne pas exercer sa liberté d’informer", souligne le Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (CDEPS) qui rappelle les incidents demeurés impunis et survenus à la station RFM de Mbacké, avec le directeur de publication de ‘’Waa Grand Place’’ et à la chaîne 7TV.
Mais la déclaration diffusée par l'Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) est en soi un modèle de franc soutien, comme pour le CDEPS et le Synpics, mais de maladresse aussi, malheureusement. Comment indiquer dans un communiqué de presse, pour justifier la liberté d'informer des ‘’Echos’’, que la nouvelle de l'infection du marabout a été "confirmée par des autorités de l'établissement sanitaire" dont on peut douter fort qu'elles aient compétence et légitimité pour communiquer sur l'identité de leurs patients et leur dossier médical ? A la limite, c'est balancer sa source, si tant est qu'elle est réellement à l'origine de la nouvelle.
Que la presse cherche et trouve une info qui l'intéresse et l'exploite, cela est tout à fait normal, mais vouloir légitimer la diffusion d'une telle information parce qu'elle a été confirmée par des gens qui n'avaient pas vocation à la donner, cela pose problème. Les organisations faîtières des médias gagneraient d'ailleurs à veiller plus attentivement au contenu de leurs communiqués de presse qui semblent souffrir, quelquefois, de problèmes… d'écriture.
Quant à l'Etat, il est évident qu'il ne peut prévenir de tels actes en postant un policier ou un gendarme devant chaque journal, mais il a la possibilité et le devoir de les décourager en les réprimant sévèrement. Il n'y a aucune raison de penser que les auteurs de tels faits ne seront pas traqués, identifiés et arrêtés rapidement, d'autant plus qu'une organisation a ouvertement revendiqué l'attaque. C'est un impératif de la démocratie ! Les yeux fermés sur des précédents, certes moins graves, mais tout de même constitutifs d'atteinte à la liberté de la presse, ont pu conduire à une telle agression qui nous ramène à 2008.
Tabaski, la quinzaine d'après... - Après la fête, place à bien d'autres soucis. Près de cinq mois après l'apparition du premier cas de Covid-19 au Sénégal, la célébration de la Tabaski de cette année était bien particulière. Avec une très sensible question en toile de fond : dans quelle mesure impactera-t-elle l'épidémie ? Retenez-bien une date ou plus exactement une période : celle du 15 août et la semaine qui la suivra. Ce ne sera pas pour la traditionnelle fiesta à polémiques sur la plage de l'Hydrobase à Saint-Louis ou les ‘’nguels’’ (fêtes sérères) de la Petite Côte, mais bien pour les incidences sanitaires de cette célébration religieuse. Y aura-t-il une explosion de cas de Covid-19 du fait de la grande migration qui l'aura accompagnée et du brassage de populations provenant de l'épicentre qu'est Dakar, allant dans toutes aux quatre coins du pays ? L'appel du ministre de la Santé, via les médias, à ne pas se déplacer à cette occasion, témoigne des grandes appréhensions des autorités sanitaires.
Deux semaines après la Tabaski, si cette fête ne fait pas trop de casse, l'on pourra être optimiste sur le devenir de l'épidémie au Sénégal. Mais si elle sert d'effet multiplicateur à grande vitesse à la contagion, alors bonjour les dégâts et l'hypothèque sur de grands événements religieux à venir : le Magal et le Gamou notamment. Là dé, ça c'est une autre affaire... plus délicate encore pour l'Etat sénégalais.
PS : 1/ Les mesures de renforcement des gestes barrières dont la mise en œuvre est annoncée pour démarrer aujourd'hui, témoignent des angoisses des autorités. Tout ce qui se profle à l'horizon comme risques était pourtant bien prévisible. Espérons que ce n'est pas déjà trop tard !
2/ Faut-il raser Sandaga ? Puisque la presse est le champ d'un débat permanent sur le sujet, j'émets ici un avis qui vaut ce qu'il vaut : OUI, il faut en finir avec ce bâtiment de 1935 qui n'était rien d'autre qu'un marché pour indigènes à l'origine. N'oublions pas que sa fermeture, à partir de 2013, était liée aux énormes risques sécuritaires qu'il posait déjà. A reconstruire à l'identique ou pas, on ne pourra pas faire l'économie de casser cette ‘’bringuebalante’’ vieillerie.
Au fait, un patrimoine pour qui ? Des nostalgiques de quoi ?
par Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye
LES DINOSAURES
Cette fâcheuse tendance à tripatouiller la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, à se dédire malgré la dignité que leur imposent leurs âges (82 ans pour Condé et 78 ans pour Ouattara), alimente les préjugés sur le politique africain
Le 6 août 2020, dans la même soirée, deux présidents en Afrique de l’Ouest, Alpha Condé et Alassane Ouattara, ont pris le risque de replonger leurs pays dans un chaos politique meurtrier en décidant, au détour de manipulations constitutionnelles, de briguer un troisième mandat.
Tout dans leur manœuvre avait un air de déjà-vu. Ils ont longtemps laissé planer le doute sur leurs intentions, fait dépêcher leurs lieutenants sur les médias pour qu’ils les « supplient » de se représenter à leur propre succession. « Supplication » qu’ils disent émaner de leur peuple, et à laquelle, en « bons patriotes », ils se sont sentis « obligés de répondre ».
Leur indifférence aux nombreuses contestations qu’ils suscitent est moins écœurante que l’oubli volontaire pratiqué par ces hommes. Ils reproduisent exactement les mêmes erreurs qui ont entraîné la perte de leurs prédécesseurs, les mêmes abus qu’ils ont combattus durant leurs longues carrières politiques : 43 ans pour Alpha Condé, et 30 ans pour Alassane Ouattara.
En 2010, pour qu’Alassane Ouattara accède à la présidence ivoirienne, il a fallu que la Côte d’Ivoire enterre 3 248 de ses citoyens au cours d’un bras de fer avec Laurent Gbagbo, qu’il a presque aujourd’hui réussi à écarter de toute joute électorale. En Guinée, où au moins 23 personnes été tuées entre octobre 2019 et janvier 2020 dans les manifestations contre un troisième mandat d’Alpha Condé, des millions de Guinéens ont bravé les régimes antérieurs pour faire échapper Condé à la peine de mort en 1970 et pour le faire sortir de prison en 2001.
Dans d’autres pays d’Afrique, ces mêmes coups de force relatifs à un troisième mandat se soldent régulièrement par de nombreuses pertes en vies humaines : au moins 3 morts au Malawi en 2002 ; une centaine de morts au Cameroun en 2008 ; au moins 6 morts au Sénégal en 2012 ; 24 morts au Burkina Faso en 2014 ; plus de 1200 morts au Burundi en 2015.
Le simple fait que ces présidents osent exposer, pour pouvoir rester en place, leurs pays aux risques de nouveaux déchirements et de nouvelles morts, est un indicateur sérieux ou une confirmation de leur haute insouciance : le démenti formel à leur prétendu amour pour leurs patries respectives.
Cependant, ces forçages constitutionnels ne sont pas qu’une mise en danger inutile de la stabilité nationale. Ils sont aussi un aveu d’échec de leurs auteurs, le reflet de la monopolisation de notre vie politique par quelques individus, la cause principale de nos faibles performances socio-économiques, et le catalyseur du désenchantement dans la politique africaine.
Tous ces présidents qui vont au-delà du nombre de mandats fixé par la Constitution tentent de nous endormir avec leur volonté « de poursuivre les grandes réalisations » qu’ils ont « commencées », avouant par là leur inaptitude à terminer dans les délais impartis le travail qui leur est confié. Aussi, comment croire qu’un réel changement naîtra de leur troisième mandat s’ils ont été incapables, en dix ans, de préparer pour leurs pays une relève digne de ce nom ? L’homme d’État qui se dit le seul capable de faire marcher son pays est un charlatan.
Ces charlatans confisquent notre vie politique et jouent avec notre destinée. Sur plusieurs décennies, ils passent pour des combattants de la liberté au moment où ils ne font que se rabaisser à des querelles personnelles qui font de la vengeance la principale action politique. En Côte d’Ivoire, les querelles de succession de Houphouët Boigny, qui a régné durant 33 ans, empoisonne encore la vie des Ivoiriens : Bédié, Gbagbo, Ouattara, se chamaillent depuis 1993, ralentissant sévèrement la marche de leur Pays vers un avenir radieux.
En effet, l’esprit obsédé par une réélection, même frauduleuse, n’est guère disposé à faire de grandes œuvres. Les calculs et machinations l’infestent, le projettent dans un énième mandat, alors que celui en cours s’évapore sans qu’il en fasse quelque chose de bon. Le président qui pense à sa réélection n’a pas les coudées franches. Il n’hésite pas à renoncer à des réformes majeures pour complaire à des partenaires et à des électeurs. Il aura beau se pérenniser à la tête de l’État, le sort de sa population ne sera pas enviable : les Camerounais sous Paul Biya ne me démentiront pas.
Enfin, cette fâcheuse tendance à tripatouiller la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, à renoncer à leurs principes d’hier, à se dédire malgré la dignité que leur imposent leurs âges (82 ans pour Condé et 78 ans pour Ouattara), fragilise la parole politique dans notre Continent et alimente les préjugés sur le politique africain. Au lieu d’être des hommes d’État, de s’ériger en sources d’inspiration pour leurs jeunesses, ces présidents ne nous apprennent que comment s’agripper au pouvoir ; nous laissent croire qu’on devient forcément menteur lorsqu’on entre en politique ; et sont les premiers à contourner les règles qu’ils sont censés nous faire respecter. Face à leurs décisions pleines d’indignité, on se demande à quoi leur ont servi leurs nombreux diplômes et leurs expériences qu’ils aiment tant vanter.
Demain, quand ils mourront après avoir étouffé tous les jeunes talents de leurs pays, ils voudront être célébrés comme des bâtisseurs émérites, des patriotes désintéressés, des héros nationaux. Des louanges prépayées leur seront adressées par des suiveurs qui se flatteront d’être fidèles, avant que l’oubli, ce juge si véridique et si exigeant, ne les condamne dans ses geôles pour avoir fait souffrir leurs pays en vain.
Mais avant même que l’oubli n’agisse, c’est à l’Afrique, d’hier et d’aujourd’hui, de se débarrasser de ces vieux politiques qui ne veulent pas être sages, qui n’ont pas su faire leur temps, et qui veulent nous faire perdre le nôtre.
Cheikh Ahmadou Bamba Ndiaye est ancien Enfant de Troupe du Prytanée Militaire de Kadiogo (Burkina Faso). Diplômé de Sciences Po Paris et de la Faculté de Droit de Panthéon-Assas, il est l’auteur du blog Assumer l’Afrique.
Par Dr Moussa Mamadel Diallo.
ALERTE COVID 19
Dr Moussa Mamadel Diallo propose de mettre à profit les crieurs publiques, les enfants équipés en modèles et artefacts pour parcourir les rues des villes, des villages et des hameaux, pour porter le message qui va sauver le Sénégal de la Covid 19
Dr Moussa Mamadel Diallo. |
Publication 08/08/2020
Je viens humblement inviter Monsieur le Ministre de l'Intérieur, Aly Ngouile Ndiaye, á revisiter les méthodes traditionnelles de communication, pour être efficace dans sa campagne de sensibilisation. Dans les moyens modernes, les réseaux sociaux surtout, l'information se fait écho à elle-même et retombe dans les oreilles d'initiés sans se démultiplier et sans non plus produire les effets escomptés.
La cible, la jeunesse, a entendu et compris mais ne s'applique pas par effet de dissonance cognitive. La cible, la vraie, ce sont nos vieux et vieilles que l'on appelle ailleurs, les seniors. Il faut, sans toutefois les alarmer, leur dire, dans les langues qu'ils comprennent, que leurs petits qu'ils chérissent tant, sont les potentiels dangers à leur survie. Ils doivent s'en éloigner un moment pour le bien de toute la cellule familiale.
Pour cela, Monsieur le Ministre, je vous suggère de mettre à profit les crieurs publiques, les enfants équipés en modèles et artefacts pour parcourir les rues des villes, des villages et des hameaux, pour porter le message qui va sauver le Sénégal, notre pays, à nous tous, de la Covid 19.
Dr Moussa Mamadel Diallo.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
LE CHARISME DE L’OFFICE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le juge qui absout le bourreau et lèse la victime, salit tout un corps, le membre du gouvernement attiré par l’appât du gain, descend en partie prenante dans une arène dont il est censé être l’arbitre
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 08/08/2020
« Le leadership efficace implique que vous preniez des responsabilités pour le bien-être du groupe, ce qui veut dire que certains vont s’énerver face à vos actions et vos décisions. C’est inévitable—surtout si vous êtes honorable ». Colin Powel
Une des définitions de la fonction, est, selon le Larousse, un “rôle exercé par quelqu’un au sein d’un groupe, d’une activité”. Bien souvent, la fonction habite celui qui l’exerce, rend compte de sa personnalité et de ses actes de tous les jours. Une fonction s’habille, s’honore et se respecte aussi. La fonction de responsabilité a ses rites et ses codes, un mot de passe, dirait-on à l’ère du numérique, que seuls des initiés connaissent.
Ainsi, les médecins peuvent passer des heures à épiloguer sur votre état de santé sans que vous mesuriez le degré et la nature de votre souffrance. Ne perdez pas de temps sur l’écriture, pattes de mouche qui ornent leurs ordonnances, le pharmacien, membre du cénacle, saura déchiffrer.
Tout comme chez les magistrats et autres avocats que que vous suivrez sans voix dans des dédales juridiques. Sait-on assez qu’un juge qui vous fixe un délai d’un jour franc vous attend en fait dans les 72 heures ? Le magistrat sait dans son langage et dans son code de procédure, qu’il faut compter le jour d’avant (dies a quo) et le jour d’après (dies ad quem).
Les journalistes qui ont blanchi, comme moi, sur la feuille...blanche se comprennent entre eux : bas de casse, attaque ou chute. Rassurez-vous, ces termes belliqueux désignent les minuscules dans la police des caractères, le début et la conclusion d’un article. Quand vous les entendez parler de chemin de fer, de gabarit ou encore de bandeau, ils pensent simplement à l'esquisse de la mise en page et à l’élément affiché au-dessus du nom du journal.
L’habit et le moine
Les militaires, porteurs d’uniformes et chamarrés de médailles, qu’aucun lien de parenté biologique ne lie dans la quasi totalité des cas, se traitent d’affreux, de bazars, de grands-pères, d’anciens. Pour les initiés, qui savent distinguer les galons et autres grades conférés par les étoiles, ce sont les promotions qui sont ainsi désignées, de même que se bonifie la tradition du bizutage pour les écoles préparatoires ou du bahutage pour l’école d’officiers. Des exemples foisonnent certainement dans tous les corps de métier, et même chez les religieux qui décryptent les écritures saintes pour nous.
Même si l’on prétend que l’habit ne fait pas le moine, le code vestimentaire situe aussi la fonction et son niveau de responsabilité. Qui ne connaît les blouses blanches, les robes noires, les soutanes, l’habit pourpre du cardinal ou le turban de l’imam, les papillotes du rabbin et son chapeau noir tout comme la robe safran du moine bouddhiste, etc.
Au-delà du verbe et des habits, c’est le serment, porte d’entrée solennelle, qui représente la valeur morale de la fonction de responsabilité. Elle oblige à une éthique et à une déontologie, invite à une manière d’être, de se comporter dans la vie de tous les jours, pour correspondre à ce qui est attendu, selon votre position hiérarchique. Vous devez être un modèle de compétence, de rigueur et d’intégrité. A l’image de cette étoile de l’intégrité morale dont Arthur Miller disait « ... Une fois qu’elle est éteinte, elle ne se rallume plus ». Comme la vie à bout de souffle.
Ainsi, pour maintenir étincelante l’étoile, le médecin doit avoir constamment à l’esprit le serment d’Hippocrate, et le pharmacien, celui de Galien. Le juge, conformément au serment qu’il a prêté avant d’embrasser sa carrière, doit prêcher d’exemple d’intégrité, de probité et de rigueur morale dans chaque décision qu’il prend car elle peut avoir un impact sur l’honneur, la dignité et même la vie du justiciable. Le militaire met un genou à terre pour recevoir l’insigne de grade de son office après qu’un propos d’une haute élevation morale lui eut rappelé sa mission de protection des citoyens et des frontières. Pour nous, simples citoyens, il est représentatif de toutes les forces de défense et de sécurité.
Police sociale
D’autres fonctions de responsabilité nous marquent pour toujours même s’ils ne portent pas de signes distinctifs. Leurs officiants ont prêté serment dans le silence de leur âme et de leur conscience. Ainsi du maître d’école qui nous accueille pour la première fois après la cellule familiale. Il nous transmet la magie de l’éveil à la connaissance. Il est celui qui nous tient par la main, nous guide vers la vie et paraît, à nos yeux d’enfant, tout maîtriser. Il nous confie, aptes à progresser, à ses successeurs au cours des différents cycles de formation, ne nous restant qu’à mettre cent fois le métier sur l’ouvrage.
Le maître nous inspire des sentiments mêlés, allant de la crainte au respect en passant par toutes les étapes de l’admiration. En général, nous voulons faire comme lui, marcher comme lui, parler comme lui, être comme lui. Figure tutélaire, parfois plus imposante que l’image du père, modèle d’enfant, le maître reste parfois l’objet de notre craintive et respectueuse admiration.
Parmi les fonctions, celle de ministre a assurément un certain charisme. Non pas pour les privilèges et le prestige qu’elle confère, mais pour ce qu’elle signifie : minus, qui se traduit par serviteur au sens étymologique du terme latin, pour signifier l’honneur suprême de se mettre à la disposition de son pays à un niveau aussi élevé.
Le charisme de l’office n’est pas une donnée permanente. Cet acquis, qui donne l’illusion de la pérennité, peut s’effondrer en un instant alors qu’il s’est lentement et patiemment constitué.
Dans les offices apparaissent les fissures dès que les actes posés sont contraires au serment, aux engagements, aux traditions, aux valeurs et à la perception que l’on a de la charge. Les services sont monnayés par ceux qui en détiennent la responsabilité publique, pour substituer le faux au vrai, favoriser la médiocrité sur le mérite, préférer la proximité familiale, ethnique, régionale ou religieuse, aux compétences réelles. Celui qui exerce un tel office chute alors de son piédestal.
La robe noire, la blouse blanche, les tenues, les habits de fonction perdent de leur éclat, cette déférence immatérielle qui s’attache à leur existence.
Hier, symboles de pureté, de justice, de sécurité, de confiance, on les classe parmi les professions entachées d’opprobre du fait des défaillances d’une minorité dont les excès et les abus ternissent le dévouement ainsi que l’engagement d’une majorité respectable.
Devoir sacré
L’autorité crainte, admirée et acceptée devient contestée car elle n’est plus exercée avec dignité. Le maître devient la risée de ses élèves auxquels il montre des anti-valeurs. De même, le juge, qui absout le bourreau et lèse la victime, salit tout un corps digne de respect, le membre du gouvernement, attiré par l’appât du gain, descend en partie prenante dans une arène dont il est censé être l’arbitre.
Même sentiment de rejet à l’égard du soldat sorti du devoir sacré, qui perd la confiance et la crainte qu’il est censé inspirer. Sort identique pour le journaliste sans éthique, vomi par ses lecteurs, le prince sans étoffe monnayant les valeurs républicaines aux faiblesses affectives ou financières,le ministre du culte immoral qui fait face à la défiance de ses ouailles.
Dans un environnement de parjure permanent, chacun se dévêt de sa tunique, piétine son serment, va à l’encontre de son éthique. Or la fonction de responsabilité est le condensé d’un pacte social et d’une action de construction nationale. Elle exige vertu, le premier nom du courage, celui d’être digne de son office et de ne pas avoir peur de déplaire si l’intérêt général le commande. Comme nous l’enseigne l’ancien Secrétaire d’Etat américain, le Général Colin Powel, qui a dirigé des militaires ainsi que des civils et donc sait de quoi il parle « Le leadership efficace implique que vous preniez des responsabilités pour le bien-être du groupe, ce qui veut dire que certains vont s’énerver face à vos actions et vos décisions. C’est inévitable—surtout si vous êtes honorable ».