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4 mai 2025
Opinions
Par Jean-Marie François BIAGUI
CASAMANCE, C’EST QUOI FINALEMENT LE PROBLÈME ?
Robert Sagna, comme beaucoup de ses semblables casamançais, croira et dira, imperturbablement, «avoir fait», et même «beaucoup fait», pour la Casamance. Eh bien ! moi je leur dis, faisant ici un clin d’œil à Victor Hugo : Non !
Jean-Marie François Biagui |
Publication 21/07/2020
Que pourrait-on reprocher au président Macky Sall sinon qu’il n’est pas expert dans le choix des experts.
Ainsi, en est-il du choix porté sur Robert Sagna comme son« Monsieur Casamance», nonobstant tous les autres «Messieurs» et «Mesdames» ayant fait l’objet de décrets de nomination.
Aussi, d’aucuns pourront-ils noter que, de 1960, année de l’indépendance déclarée du Sénégal, à nos jours, la Casamance s’illustre tristement dans sa représentativité au sein de l’Etat, que celle-ci participe du fait du prince ou bien qu’elle soit le fait, présumé ou avéré, des Casamançais.
En effet, depuis cette date historique, la Casamance a eu, et elle l’a encore, la malchance, bien méritée peut-être, d’être représentée par des Représentants qui, dans leur immense majorité, auront passé toute leur vie à seulement vivre, mais guère à exister ; si l’on sait qu’exister c’est étymologiquement être placé. Untel existe parce qu’il a trouvé sa place.
Exister, ça n’est donc pas être parvenu ; ça n’est pas avoir réussi. Exister, c’est avoir trouvé sa place, qu’il ne suffit cependant de trouver. Encore faut-il s’y accomplir pleinement, et de préférence à bon escient. Et ça n’est possible que si l’on est doué ou doté de l’empathie. C’est tout l’enjeu de tout leadership.
En effet, si la relation humaine, en tant que telle, ne s’embarrasse pas du nombre, de la quantité, mais plutôt de la qualité, qui, elle, participe de l’empathie, la relation sociale, quant à elle, se satisfait du lien social et notamment de la solidarité. Or on peut être solidaire d’avec un criminel pour son crime. Qu’est-ce que c’est donc que l’empathie ?
L’empathie, c’est la capacité ou l’aptitude à se mettre à la place de l’autre, sans gommer au passage son altérité à soi. L’empathie est ainsi, toujours, un acte « positif », alors que la solidarité ne l’est pas toujours.
La solidarité peut tuer. Et elle tue, souvent, notamment dans le ‘‘Contexte casamançais’’ où, suggérai-je dans mon ‘‘Avis de décès : le mensonge est mort en Casamance’’ (diasporas-noires.com, 2016), parce qu’elle tue, souvent très banalement, la solidarité est inversement proportionnelle à l’empathie.
Et pourtant, Robert Sagna, comme beaucoup de ses semblables casamançais, croira et dira, imperturbablement, «avoir fait», et même «beaucoup fait», pour la Casamance. Eh bien ! moi je leur dis, faisant ici un clin d’œil à Victor Hugo : Non !
Messieurs, vous n’avez rien fait. Et il en sera ainsi, aussi longtemps que durera en Casamance, sous prétexte de la recherche de la paix, «l’obscure guerre des lâches et des infâmes». ‘‘200 tôles + 300 mille francs pour de supposés futurs ex-combattants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC)’’ Telle est la dernière trouvaille de Robert Sagna, en sa qualité de « Monsieur Casamance » du Président Macky Sall, qu’il sollicita donc ès-qualité pour obtenir de Son Excellence le budget nécessaire à cette besogne.
La dernière trouvaille de Robert Sagna, disais-je, après donc moult et moult autres trouvailles, de 1982 (année du déclenchement du conflit en Casamance) à 2000 sous le règne du président Abdou Diouf, et depuis 2012 avec le président Macky Sall.
A ce niveau de responsabilité, du haut d’une station politique aussi relativement stratégique celle-là ; qui plus est au plus fort de la crise sanitaire du covid-19 ; si tant est que l’on éprouve un tant soit peu de l’empathie pour la Casamance et les Casamançais ; comment, donc, à un tel niveau de responsabilité politique et du haut d’une telle station d’Etat, peut-on s’autoriser une telle légèreté coupable, au lieu par exemple de sensibiliser et convaincre le président de la République quant au bien-fondé de la fluidité continue et pérenne de la Nationale transgambienne ; quitte à dépêcher sur les deux tronçons gambiens de ladite Nationale ainsi que sur le pont de Farafenni des équipes spécialisées, précisément pour sécuriser au plan sanitaire les voyageurs en partance ou en provenance du Sud ?
Chers Compatriotes, et Cher(e)s Ami(e)s d’ici et d’ailleurs, Nous avons la chance que Robert Sagna et beaucoup parmi ses coacteurs dans la gestion du conflit en Casamance sont encore en vie. Que n’ont-ils dit, et redit, quand, au contraire d’eux, je n’avais pas droit au chapitre dans le Maquis casamançais ?
«Le problème avec Biagui, c’est qu’il est corrompu ; Biagui a vendu la Casamance, tantôt au Sénégal, tantôt à la France... (et j’en passe) », disaient-ils sans répit à l’intention des maquisards, avec le funeste dessein inavoué de me faire liquider, purement et simplement, sans aucune autre forme de procès. Mais nous avons également la chance, moi en tous les cas, que moi-même, en tant que «responsable moral et politique» historique du MFDC, ainsi que nombre de mes camarades de lutte sommes encore en vie.
Alors, devant Dieu et La Casamance d’une part, et devant Dieu et Le Sénégal d’autre part, je demande que la justice soit faite, ici, sur Terre, et maintenant, même si le droit en l’occurrence ne peut être dit au Sénégal.
Jean-Marie François Biagui est président du Parti Social-Fédéraliste (PSF), ancien Secrétaire Général du MFDC
Par Mamadou Lamine BA
LETTRE OUVERTE AU MINISTRE DE L’ELEVAGE
Les éleveurs du département de Goudomp sont confrontés à des défis sécuritaires. Ils sont tout le temps victimes de vols de leurs bétails
M. le Ministre ! L’élevage est un travail décent qui permet à son acteur de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille. Mieux, l’élevage est une solution au chômage. Il est donc un des maillons de notre économie. Des centaines de milliers de familles s'adonnent à cette activité pastorale notamment au sud du Sénégal.
Vous conviendrez avec moi que le vol de bétail est donc une contrainte au développement du Sénégal. Il est une atteinte à la sécurité alimentaire et menace la quiétude et la cohésion en milieu rural, comme le nôtre. […] M. Le Ministre, les éleveurs du département de Goudomp sont confrontés à des défis sécuritaires. Ils sont tout le temps victimes de vols de leurs bétails. Au temps, les voleurs venaient mains nues. Aujourd’hui, ils sont armés et n'hésitent pas à tirer sur les pasteurs avant de s'emparer de leurs biens.
Pour rappel, le jour de la Tabaski 2019, des voleurs ont emporté des bœufs dans la Commune de Niagha. Quand le jeune propriétaire est allé à la recherche de ses bêtes, il a été violemment tabassé par les malfaiteurs. Ils ont fait des tirs de sommation pour intimider tous ceux qui seraient tentés de les poursuivre. Il y a quelques semaines, des éleveurs de la zone de Goudomp ont été victimes de vols de bétail. Récemment, un éleveur du village de Niagha a perdu une cinquantaine de bêtes. Les voleurs sont venus nuitamment et ont emporté ses bêtes.
Le lendemain, ils ont suivi les traces du troupeau. Mais arrivés à un certain niveau de la frontière, ils se sont résignés et ils ont rebroussé chemin, ne se sentant plus en sécurité. Ils ont préféré renoncer à leurs bêtes que de les rechercher au prix de leurs vies. A ce rythme, ils risquent d'abandonner l'élevage parce qu'ils sont exposés et sont sans défense. Or, c’est l'une de leurs rares sources de revenus. Par ma voix, les populations du département de Goudomp, réclament des mesures immédiates pour sécuriser leur cheptel.
Des mesures qui ont été testées ailleurs et qui ont fait des résultats peuvent être adaptées au contexte local et mises en œuvre pour renverser la tendance. M. Le Ministre, la Loi Numéro 2017-22 du 22 Mai 2017 modifiant la Loi Numéro 65-60 du 21 juillet 1965, portant Code pénal, vise à lutter contre le vol de bétail avec des peines d’emprisonnement lourdes.
Seulement, elle est inefficace face aux vols répétitifs, maintenant armés. Les éleveurs réclament des actions en amont, pas seulement en aval. Ce serait trop tard, surtout avec des vies perdues. M. Le Ministre ! Certains bergers demandent des autorisations de port d'arme pour se protéger et protéger leurs biens. Or, nous savons tous que la Casamance est en convalescence.
Porter une arme est mal vu ici, aussi bien par les populations civiles que par les forces de défense et de sécurité. Des patrouilles périodiques, appuyées par les populations avec des informations, peuvent être dissuasives et réduire le phénomène. Les éleveurs ont peur et son désemparées. Cette peur va finir par générer de la colère qui sera difficile à contenir si rien n'est fait. Parce qu’à un certain niveau, la colère va générer des envies de représailles, ce qui peut provoquer un conflit transfrontalier. Or si chacun devait s’armer pour assurer sa propre sécurité, ce serait une pagaille sécuritaire.
Pire, il y a un grand risque de règlement de compte entre victimes et acolytes. M. Le Ministre de l'élevage ! Il urge de venir discuter avec nos éleveurs, de comprendre leurs maux, de recueillir leurs doléances et de trouver ensemble des solutions à ce phénomène. Il n’a que trop duré et les victimes n'en peuvent plus. Elles se sentent laissées à elles-mêmes, à la merci des voleurs armés, qui multiplient les vols de bétails. Nous avons espoir que ce message ne vous laissera pas indifférent. Nous constatons que vous vous déplacez beaucoup dans les départements du Nord à la rencontre des éleveurs.
Récemment, vous avez été au contact des acteurs de l’élevage des départements de Bakel et de Matam. Nous vous en félicitons. Nous vous réclamons ici aussi. Sinon personne ne comprendra votre dynamisme et actions dans une partie du Sénégal et votre absence et inaction dans une autre partie du même Sénégal. Les populations, paysannes en même temps, ne peuvent pas quitter les champs et pâturages pour battre le macadam.
Notre statut de souteneur au président Macky Sall nous oblige à être au côté de nos concitoyens locaux dans ces moments difficiles et pénibles. Le département de Goudomp, par ma voix, vous réclame urgemment, pour qu'ensemble, qu'on apaise la souffrance des bergers de ce département. Je vous remercie.
Mamadou Lamine Ba est responsable de l’APR dans la Commune de Baghère, département de Goudomp ballamine@gmail.com
Par Macodou SENE
DECENTRALISATION ET POUVOIR DE SUBSTITUTION DE L’ETAT
Dans un Etat unitaire comme le Sénégal, le corollaire de la décentralisation, c’est la déconcentration qui est une technique de répartition des compétences au sein d’une même entité juridique
Exemple de la dernière modification de l’article R 207 du Code de l’Urbanisme sur l’autorisation de construire
Par décret n° 2020-1463 du 10 juin 2020 portant modification de l’article R 207 du décret n° 2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie réglementaire du Code de l’Urbanisme, il a été introduit des dispositions conférant, au représentant de l’Etat territorialement compétent, le pouvoir de délivrer une autorisation de construire, en cas de carence du maire. Si certains y voient une avancée, d’autres, en revanche, considèrent cette modification comme un recul de la décentralisation, ou encore, « une mise à l’épreuve de la décentralisation intégrale » (sic).
Le Sénégal est un Etat unitaire avec un système de décentralisation qui a connu plusieurs évolutions depuis l’accession du pays à la souveraineté internationale en 1960. La décentralisation territoriale, dont il s’agit ici, fait référence au transfert, par le législateur, d’une partie des compétences de l’Etat à d’autres entités juridiques publiques, les collectivités territoriales, dotées de la personnalité morale et gérées par une assemblée délibérante élue au suffrage universel et un exécutif élu par l’assemblée délibérante en son sein.
Dans un Etat unitaire comme le Sénégal, le corollaire de la décentralisation, c’est la déconcentration qui est une technique de répartition des compétences au sein d’une même entité juridique, l’Etat, au profit des échelons locaux qui ne sont pas dotés d’une personnalité juridique autonome.
Il s’agit de conférer à des représentants du pouvoir central, dits autorités administratives (gouverneurs, préfets, sous-préfets), des compétences initialement exercées directement, notamment par les ministres. Les bénéficiaires de ces délégations sont des fonctionnaires nommés, qui restent dans une relation hiérarchique avec l’autorité centrale et non pas soumis à un contrôle démocratique par les électeurs.
Ainsi, une collectivité territoriale, démembrement de l’Etat, se voit confier des compétences par ce même Etat, sous le contrôle de son représentant territorialement compétent.
S’agissant de la délivrance de l’autorisation de construire en matière d’urbanisme, le maire reste toujours compétent.
Toutefois, en cas de carence de l’organe exécutif de la commune, le représentant de l’Etat territorialement compétent délivre l’autorisation de construire, en vertu de son pouvoir de substitution que lui confère le décret n° 2020-1463 du 10 juin 2020 portant modification de l’article R 207 du décret n° 2009-1450 du 30 décembre 2009 portant partie règlementaire du Code de l’Urbanisme. Cette modification renforce, en outre, les garanties offertes aux requérants en matière d’autorisation de construire.
La dernière modification du Code de l’Urbanisme confère un pouvoir de substitution au représentant de l’Etat
Le représentant de l’Etat dispose d’un pouvoir de substitution lorsque le maire refuse ou néglige de prendre un acte qui lui est imposé par la loi ou qui s’impose dans l’intérêt de la commune. Au Sénégal, si ce pouvoir existait déjà en matière de police municipale et en matière budgétaire, il n’en était pas de même s’agissant de l’autorisation de construire.
Aux termes de l’article 119 du Code général des Collectivités territoriales, la police municipale a, sous réserve des dispositions de l’article 123 du même Code, pour objet d’assurer le bon ordre, la sûreté, la tranquillité, la sécurité et la salubrité publiques.
A ce sujet, il convient de préciser que l’article 123 susvisé porte sur les pouvoirs des représentants de l’Etat en matière de police, qu’ils exercent sans préjudice, sous certaines conditions, de ceux du maire en la matière. C’est que le maire exerce ses pouvoirs de police municipale, sous le contrôle du représentant de l’Etat.
En matière budgétaire, si le budget n’est pas adopté au 31 mars de la gestion à laquelle il s’applique, le représentant de l’Etat le règle et le rend exécutoire dans les quinze (15) jours suivant cette date, en vertu de l’article 254 alinéa 2 du Code général des Collectivités territoriales. De même, lorsque le budget n’est pas voté en équilibre réel, le représentant de l’Etat est tenu de le constater et de proposer les mesures correctives nécessaires, conformément aux dispositions de l’article 256 du même Code.
S’agissant de l’autorisation de construire, c’est un acte administratif préalable et obligatoire par lequel une autorité publique constate que l’exécution de travaux peut être autorisée au regard de règles relatives à la localisation, à la nature, à l’importance, au volume, à l’implantation, à l’aspect général des constructions projetées et leur harmonie avec les lieux environnants, au regard des prescriptions d’urbanisme et des servitudes de tous ordres, applicables à l’emplacement considéré, ainsi que des équipements publics et privés existants ou prévus.
L’autorisation de construire doit également respecter les dispositions législatives et réglementaires en vigueur en matière de sécurité, d’hygiène, de construction et d’esthétique. En France, l’autorisation de construire prend l’appellation de permis de construire.
Ce permis a été instauré, dans sa conception actuelle, par l’ordonnance du 27 octobre 1945, qui avait pour objet d’unifier des règles complexes. Cependant, la règle de l’autorisation de construire admet quelques exceptions prévues à l’article R 215 du Code de l’Urbanisme.
Il s’agit de :
- travaux courants d’entretien, de réparation ou de ravalement de constructions existantes qui n’apportent aucune modification extérieure au caractère desdites constructions et ne prévoient pas de peinture ou d’habillage de façade dans un but publicitaire ;
- travaux de construction de clôtures d’une hauteur inférieure à deux (2) mètres autres que celles bordant les grandes artères, notamment les boulevards et avenues, les places publiques existantes ou projetées ;
-travaux urgents de caractère conservatoire prescrits par l’autorité compétente pour la réparation ou la démolition de murs, bâtiments ou édifices quelconques longeant la voie ou la place publique, menaçant ruine et pouvant, par leur effondrement, compromettre la sécurité.
De même, par arrêtés conjoints du ministre chargé de l’Urbanisme et d’autres ministres intéressés, sont également exemptés, sur tout le territoire national ou dans certaines zones seulement, certains types de constructions ou de travaux déterminés en raison, notamment de leur caractère militaire ou sécuritaire ou de leur faible importance, à condition qu’ils ne soient pas soumis, par ailleurs, à des dispositions législatives ou réglementaires spéciales.
Au total, le pouvoir de substitution s’exerce aux deux conditions suivantes : le constat d’une carence du maire ; une mise en demeure préalable et écrite, servie par le représentant de l’Etat, au maire. Cette dernière condition n’est pas requise en matière d’autorisation de construire.
La portée de la modification de l’article R207 du Code de l’Urbanisme
A titre de rappel, la décision relative à la demande d’autorisation de construire est notifiée au demandeur dans un délai de vingt-huit (28) jours calendaires pour les dossiers ordinaires et quarante (40) jours calendaires s’agissant des dossiers complexes, à compter du dépôt de la demande, aux termes de l’article R 206.
En cas de demande de pièces ou renseignements complémentaires, les délais susvisés courent à compter du jour de leur réception, constatée par un récépissé ou par un avis de réception postale. En vue du respect des délais impartis, l’article R 206 prévoit les dispositions ci-après : l’utilisation d’une liste standard de pièces administratives pour faciliter le contrôle du dossier.
Cette liste est une pièce constitutive de la demande d’autorisation que tout requérant doit signer et déposer ; la systématisation de la consultation simultanée des services techniques concernés, le dossier étant déposé en sept (7) exemplaires. Ce qui permet de transmettre, pour instruction, un exemplaire à chaque service concerné ; la motivation des avis techniques émis par les services consultés ; l’encadrement des différents intervenants dans des délais précis, conformément à l’annexe II du décret.
A cet effet, il était prévu qu’une circulaire de l’ancien Premier Ministre fixât les dispositions appropriées pour un respect des délais prescrits.
La modification de l’article R 207 confère un pouvoir de substitution au représentant de l’Etat, auquel elle impose un délai de délivrance de l’autorisation de construire, en cas de carence du maire. Il est, dorénavant, fait obligation au représentant de l’Etat territorialement compétent, préfet ou sous-préfet, selon le cas, de délivrer, sous huitaine, l’arrêté portant autorisation de construire, sur saisine du requérant, à condition que la construction projetée soit conforme aux dispositions législatives et réglementaires en vigueur.
Dès lors, le représentant de l’Etat ne dispose pas de pouvoir discrétionnaire mais plutôt d’une compétence liée. Il intervient à l’expiration des délais fixés par l’article R 206, susvisé, vingt-huit ou quarante jours calendaires, selon le cas.
Outre l’instauration d’un pouvoir de substitution, l’article R 207, modifié, impose au représentant de l’Etat un délai de délivrance de l’autorisation de construire. Cette modification présente, pour le requérant, l’avantage d’obtenir une décision explicite du représentant de l’Etat , opposable à tous, et non plus implicite du maire, en cas de refus de délivrer l’autorisation de construire.
Macodou SENE
Administrateur civil principal de classe exceptionnelle
Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement du Secrétariat général du Gouvernement
Maire de la Commune de Niakhar, Département de Fatick
Ancien Directeur de Cabinet du Ministre de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire
CORA FALL RACONTE SON COMPAGNONNAGE AVEC FEU SERIGNE PAPE MALICK SY
Selon Cora, Al Makhtoum lui avait confié que Pape Malick Sy n’était pas seulement son ami, mais également son frère car ils appartenaient à la même famille
Etant alité pendant le décès du porte-parole du khalife général des Tidianes Pape Malick Sy, le président Cora Fall qui entretenait d’excellentes relations avec le marabout avec qui il a cheminé pendant une période, a tenu à lui rendre hommage, mais également à revenir sur les relations qui les liaient, à travers des extraits tirés de son œuvre autobiographique qu’il est en train d’écrire et consacrés au défunt marabout.
Le président Cora Fall a tenu avant tout à présenter ses condoléances au khalife général des Tidianes de même qu’à toute la famille de Seydi El Hadj Malick SY et plus particulièrement à l’épouse du défunt et à ses enfants. Cora Fall est revenu sur le soutien que Pape Malick Sy lui avait accordé pendant la période où il avait l’ambition d’aller à la conquête de la 5e coordination du Parti socialiste de Rufisque. C’était à une époque où les barons de ce parti régnaient en maîtres sur l’ensemble des coordinations socialistes du Sénégal.
Le maire honoraire du Rufisque renseigne également dans son livre que c’est grâce à Pape Malick Sy qu’il avait été reçu par Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Makhtoum dans sa résidence à Fann. Serigne Cheikh lui avait demandé de revenir le lendemain seul, pour déjeuner en sa compagnie et aussi pour discuter plus amplement avec lui avant de lui donner sa bénédiction. C’est lors de cette deuxième rencontre que Serigne Cheikh lui avait fait une révélation à savoir qu’il soutenait Alioune Badara Mbengue lors d’une déclaration qu’il avait faite chez Mbaye Diop Fary Mbaye, directeur de l’hôpital Aristide Le Dantec, pendant cette période. Et Cora Fall aussi d’informer le marabout que son engagement était relatif à l’amour qu’il avait pour sa ville et à sa détermination de travailler à son développement.
Selon toujours Cora, Al Makhtoum lui avait confié que Pape Malick Sy n’était pas seulement son ami, mais également son frère car ils appartenaient à la même famille. Serigne Cheikh avait convoqué l’Histoire en lui rappelant que le grand-père et homonyme de Pape Malick Sy, à savoir El Hadj Malick Sy, était l’ami de son grand grand-père à lui, Cora, El Hadj Amadou Fall. Raison pour laquelle, durant les séjours du vénérable El Hadj Malick Sy à Rufisque, il élisait toujours domicile chez El Hadj Amadou Fall. Serigne Cheikh a donc indiqué à son hôte que, rien que pour cette raison, il allait lui donner sa bénédiction.
Cora Fall donne un adiya de 500.000 frs à Serigne Cheikh qui lui offre en retour… 10 millions de francs !
Comme demandé par le marabout, l’ancien député-maire de Rufisque était donc revenu le lendemain en compagnie de Pape Malick Sy, pour remercier Al Makhtoum de son soutien mais aussi profiter de l’occasion pour lui remettre la somme de 500.000 francs en guise de adiya à titre symbolique. Serigne Cheikh, grand seigneur, en plus de lui avoir retourné l’enveloppe, s’empressa d’ouvrir son armoire pour remettre à Cora une somme de… 10.000.000 francs pour l’encourager dans son combat politique ! Et sur le champ, raconte Cora, Al Makhtoum avait donné instruction à Pape Malick Sy d’aller vers ses disciples pour les informer de sa décision de soutenir Cora Fall. A partir de ce moment, Cora Fall était constamment avec Pape Malick Sy, et il arrivait souvent qu’ils se retrouvent au niveau de leur quartier général à Bambilor, non loin de Rufisque, pour travailler en toute sérénité. Ce qui leur permettait de mettre à jour les registres dans lesquels étaient consignés les noms de tous les militants.
Dans son autobiographie, Cora Fall fait aussi un bref retour sur le passé pour évoquer le combat politique qu’il a eu à mener pour une démocratie à l’intérieur du PS. Lorsque le bureau politique du PS avait décidé d’envoyer une commission nationale de vente de cartes et de renouvellements simultanés des instances de base du parti dans l’ensemble des comités, sous la supervision du secrétaire politique, Moustapha Niass à l’époque, ce dernier avait délégué Abdoulaye Niang comme commissaire. Ce dernier était secondé par une équipe pour l’accompagner dans sa mission.
Selon Cora Fall, n’eût été le courage politique, la détermination, l’engagement et l’esprit militant de Moustapha Niass, cette démocratie interne au parti socialiste pour laquelle il se battait, n’aurait jamais vu le jour. Il a aussi rappelé que ces renouvellements se sont déroulés jusqu’à 4h du matin en présence des forces de sécurité (GMI). Et il a fini par remporter la victoire au niveau des 11 sections, sur les 12 que comptait la 5e coordination de Rufisque. La seule section qui avait échappé à cette razzia, était celle dirigée par Doudou Cissé, directeur de l’Imprimerie nationale à l’époque, et Badara Mamaya Sène, l’ancien maire de Rufisque qui vient lui aussi malheureusement de nous quitter.
A en croire Cora Fall, depuis cette période, il n’avait jamais été battu à des élections à Rufisque au temps du règne du PS. Les seuls revers politiques qu’il avait eu à subir, c’était sur la base de complots au niveau du parti ou au niveau de l’institution municipale de Rufisque. Il a tenu aussi à rendre hommage aux jeunes qui, en 1975, avaient 16 ou 17 ans mais qui, quand même, s’étaient organisés dans tous les quartiers et six ans après, étaient devenus les électeurs de la ville de Rufisque. Ces jeunes ont largement participé, à travers leur engagement citoyen, à le soutenir dans son combat politique, qui avait abouti à sa victoire en 1980. Cora dit revoir encore la joie et l’immense plaisir sur le visage de Pape Malick Sy qui, ce jour-là, très heureux, était comblé par cette victoire qui était aussi la sienne. Voilà les raisons pour lesquelles, le maire honoraire de Rufisque dit avoir consacré une partie importante de son ouvrage biographique en cours d’édition au défunt porte-parole du khalife général des Tidianes.
Cora assure qu’il a été le premier jeune socialiste sous Senghor, en 1980, à succéder à un baron à la tête d’une coordination PS sur l’ensemble du territoire national. Ce qui eut l’effet d’ouvrir une brèche dans le cercle très fermé de secrétaires généraux de coordinations dont l’essentiel était contrôlé par des gérontocrates. En effet quelque temps après cette victoire de l’alors président de la Jeune chambre économique du Sénégal, des jeunes commencèrent à prendre le relais à la tête des coordinations du Parti socialiste à l’image de Jacques Diouf (défunt secrétaire général de la FAO) à Saint Louis, Robert Sagna à Ziguinchor, en passant par Mar Diouf à Bargny, Falilou Kane à Diourbel etc…
Notre interlocuteur se souvient que feu Bara Diouf, à l’époque directeur général du quotidien national Le Soleil, avait surnommé les jeunes de sa génération qui avaient succédé aux barons « les hommes du président ». Une manière de faire allusion au président Abdou Diouf, qui était de leur génération qui venait de succéder au président Léopold Sédar Senghor et qui partageait la même vision que ces jeunes loups concernant la marche du Parti socialiste. Le maire honoraire de Rufisque soutient qu’il ne pouvait faire l’impasse sur l’histoire qui le lie à Pape Malick Sy, qui avait été toujours à ses côtés, depuis que Al Makhtoum leur avait donné sa bénédiction.
Le président Cora Fall se souvient qu’un mois avant le rappel à Dieu de Pape Malick Sy, le défunt porte-parole du khalife général des Tidianes, ayant eu écho qu’il était alité, s’était empressé de lui rendre visite à son domicile et avait même tenu à ce qu’ils prennent une photo ensemble. C’est la dernière fois que Cora Fall l’a vu jusqu’à avoir reçu l’information de son rappel à Dieu. « Puisse Allah l’accueillir dans Son saint paradis tout en continuant de veiller sur sa famille » a prié, pour conclure, le président Cora Fall à l’endroit de son regretté ami Pape Malick Sy.
par Amadou Tidiane Wone
COVID-19,TOUCHÉ MAIS PAS COULÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous avons vécu, mon épouse et moi, la maladie dont tout le monde parle. Une vingtaine de jours pendant laquelle on apprend que des patients traînent des pathologies sévères pendant des années avec une forte envie de mourir
Chroniqueur, animateur de blogs, pour ne pas dire web activiste, j'ai un devoir de transparence, au moins à l’endroit de mes quelques dizaines de milliers de « followers », terme désormais consacré. Ainsi que vis-à-vis de ma famille de plus en plus élargie. Mais aussi de tous ces amis virtuels devenus si proches, et de tous ceux qui ne reçoivent plus mes réactions ni par mail, ni par tout autre support électronique depuis plus d’un mois.
Alors oui ! Mon épouse et moi rendons profondément Grâces à Allah qui nous a soumis à une épreuve qui aurait pu être fatale : le face à face physique, douloureux, incertain et hors de contrôle avec le virus de la Covid 19 qui s’est introduit, à notre insu et contre notre gré, dans notre organisme.
Nous avons vécu la maladie dont tout le monde parle. En toute ignorance, le plus souvent. Hélas ! Ce qui contribue à brouiller les messages simples qui auraient pu aider à une prise en charge communautaire de la pandémie.
Forte envie de vivre mieux
Nous sommes, quant à nous, ressortis du sombre tunnel de la maladie avec une forte envie de vivre mieux le dernier versant du cours normal d'une existence : naître, grandir, vieillir, mourir… Sauf accident, c'est la marche normale d'une vie. Mais je me suis rendu compte, et je le partage avec tous ceux qui me lisent aujourd’hui, que chaque jour de la vie est une page blanche ouverte. A remplir. Avec de la volonté, du désir et surtout une bonne définition des priorités. La société et ses convenances peuvent vous entraîner vers des chemins de traverse, vous fixer un rôle et vous figer dans un quant à soi qui n'est pas vous ! Réveillez-vous ! Vous n’êtes peut-être pas celui que la société veut faire de vous. Vous valez sûrement mieux !
Et c’est pour moi la fonction essentielle de cette maladie telle que je l'ai vécue : je suis remonté à la surface avec des souvenirs d'enfance épurés, ordonnés et énergisants. Ils m’imposent d'aimer ce qu'il me reste de temps à vivre. De redéfinir de nouvelles priorités axées sur la famille, les amis et la qualité de la vie. Se rendre utile. Sans contrepartie. Parce que j'ai déjà reçu un supplément de vie incommensurable. Ne pas se laisser chosifier par le regard des autres. Vivre en essayant de procurer de la joie à ceux que l'on aime. Parce que la montre tourne et que nul ne sait à quel moment elle va s’arrêter.
Reconnaissances
Et d'abord, chapeau bas à l’armée de résistance sénégalaise contre l’envahissement du virus Covid19 ! Respect et admiration sans limites pour des représentants éminents du corps médical sénégalais. Hommage au Professeur Moussa Seydi et à ses collaborateurs dévoués et engagés plus particulièrement au plateau de l’hôpital Aristide Le Dantec où nous avons été pris en charge de bout en bout. Merci, du fond du coeur au Docteur Attoumane Faye, du service de Médecine interne, mais aussi responsable du plateau Covid19 de l’hôpital A. Le Dantec, notre médecin traitant. Celui qui a accompagné, tant au plan physique, psychologique que… spirituel ( !) notre rémission progressive. Avec le sourire, l'humour et la joie de vivre communicative en prime. La médecine dans toute sa splendeur !
Coup d’oeil dans le rétroviseur
C’est après quelques évanouissements que j'avais été conduit à la Clinique SOS CARDIO du Docteur Ousmane Dieye pour, vraisemblablement, une exploration cardiaque. Et c'est de là que commence à se dérouler, sous mes pieds, une chaine de compétences, d’empathie et de « sénégalité" dont je souhaite vous faire l’économie. Parce que cela fait du bien de dire bravo à ceux qui suent, sang et eau, pour sauver des vies au quotidien. Ni par esprit de flagornerie ni par flatteries intéressées. Il s’agit juste d'un profond cri de coeur de reconnaissance et… de fierté à l'endroit de médecins sénégalais qui, du secteur privé comme du secteur public, ont déployé une chaine de savoirs, d’initiatives et de performances, qui nous a entraîné, mon épouse et moi-même, hors du fond du tunnel de la maladie. Et au bout de tant d'efforts, de jours et de nuits de souffrance indescriptible, ces mots libérateurs aux allures de sentences divines : « tous vos tests sont revenus négatifs… Vous êtes hors de danger. La phase post-hospitalière qui s'en suit va être plus efficiente à domicile. Vous ne représentez aucun risque pour vos proches, mais respectez les mesures barrières : port du masque, distances réglementaires et tout devrait bien se passer! ». Renaissance ! Sortie du couloir de la mort décrit avec des mots uniques par feu l’Ambassadeur Abdou Latif Gueye dont la voix m'a parfois rassuré dans les dédales sombres du tunnel…
Merci à mon frère, le Professeur agrégé de santé publique Issa WONE qui s'est oublié et mobilisé pour traduire en mots accessibles le langage parfois ésotérique des spécialistes ! Sa part est énorme dans notre guérison !
Merci à l’infirmière, Mariéme, de la Clinique SOS Cardio, le visage des prescriptions salvatrices du Docteur Dieye et de son staff. Celle qui prend les constantes et les humanise… Je vous raconterai à son sujet les anecdotes qui me marqueront pour le reste de ma vie. Elles sont formidables les infirmières, aux prises avec la douleur d'individus multiples, différents, d'humeurs inégales. Pour une durée non déterminée, ces personnels absorbent et amortissent des peines, des souffrances qui leurs sont pourtant étrangères. Merci Marieme !
Jusque là, il ne s'agissait que d'arythmie cardiaque et de l’éventualité de la pose d'un pacemaker….
Le basculement dans l’univers de la Covid s’opère en un retour de visite préopératoire grâce à la perspicacité du Docteur Niasse de la Clinique Les Madeleines. Il a distingué les premières traces de lésions suspectes à son scanner. Avec gentillesse et doigté, il m'a préparé à l’inconnu…
Retour à la case cardio et…Branle bas de combat : premier signal, le changement de physionomie de mon infirmière désormais en tenue de rigueur pour le traitement des malades Covid. Et pourtant, je distinguais dans son regard en allant vers l’ambulance toute sa volonté de me rassurer avant ce saut vers l'inconnu. Heureusement que mon épouse avait une forme plus asymptomatique de la maladie. Elle finira par me gérer à 100 % lorsque je descendais au fond du tunnel…. Elle me tiendra d'une main ferme à toutes les étapes. Des plus sombres aux plus lumineuses. Pour le meilleur et pour le pire m’avait-elle promis il y ‘a plus de 30 ans… Merci.
Et ce séjour en apesanteur dans les structures du Docteur Attoumane Faye. La maladie dans sa profonde douleur. L’appel de la mort. La résistance de la vie. Une vingtaine de jours coupé du monde, pendant laquelle on apprend que la maladie n'a rien à voir avec la mort ! Que de patients traînent des pathologies sévères pendant des dizaines d’années avec une forte envie de mourir et qui vivent pourtant ! Combien traversent en un clin d’oeil les affres d’une maladie sévère et qui en ressortent avec une nouvelle rage de vivre, une reconnaissance sans bornes pour le Maitre de toute vie.
Sortie de l’hôpital après une opération de désinfection totale de tous nos habits, de tous nos objets. Ainsi que de nos personnes. Aucun virus ne doit nous suivre.
Retour à la vie, retour à la maison ! Ma nièce le Docteur Marième Ciré Ly directrice de la Clinique A-Z Cardio ainsi que son infirmière Maimouna prennent en charge mon problème cardiaque, les soins infirmiers, l’encadrement psychologique subséquent. Elle a pris le relais, en toute confraternité et en toute complicité, du Docteur Kadia Ba qui m'a opéré avec succès et placé la petite pile qui améliore notablement mon confort vital. Elle a pris un gros risque. Elle a opéré un patient à haut risque ! Elle et ses collègues savent dans quelles circonstances …Merci !
Et enfin, d'apparence si fragile mais d'une puissance mentale au dessus de la moyenne, le Professeur Maimouna Ndour Mbaye, chef du service de diabétologie de l’hôpital Abass Ndao. Elle a pris en charge le rééquilibrage de mon autre comorbidité fortement mis a mal par la prise de médicaments prioritaires dans la gestion de la maladie. Il fallait désormais mettre de l'ordre, restaurer les équilibres, ramener l'organisme à naviguer sur des eaux plus calmes.. Chaque jour qui passe est devenu une conquête, la prise de nouvelles positions pour y installer des lignes avancées contre les ennemis invisibles…
Merci à tous ces éminents praticiens car, chaque jour, je mesure le fossé entre la science et l’ignorance, la différence que font des dizaines d’années d’études et d’expérience…
Merci au chef de service de pneumologie de l’hôpital Fann qui m'a examiné de fond en comble après mes premiers jours de convalescence pour s’assurer et nous rassurer que « tout allait bien » . Décidément diront certains ! Eh bien oui Encore une nièce, Le professeur Nafi Oumar Toure Badiane.. Je confonds dans ces remerciements son personnel médical, Fatimata et Fatou qui ont su solliciter et trouver des veines passablement éprouvées depuis plus d’un mois…
Merci à mon ophtalmologue, le Professeur Pape Amadou Ndiaye qui a eu la délicatesse de prendre des nouvelles régulières de mon état de santé. Là où le malade n'est pas qu'une fiche ou un numéro d'ordre mais un être de chair et de coeur.
Et enfin depuis ma sortie de l’hôpital et quelques jours de repos, je suis entre les mains de Ousseynou Faye, kinésithérapeute. Responsable du cabinet « Mon Kiné »… Il m'apprend, au jour le jour la réappropriation de mon corps, la coordination des mouvements. La réconciliation de la respiration avec les fonctions vitales essentielles… J'attends avec impatience nos séances matinales. Car elles éclairent, sous un jour nouveau, la beauté simple de la vie en soi et autour de soi. Même sans un sous en poche. La vie n'a pas de prix !
J’en aurai ennuyé certains… Mais je tenais surtout à partager un plaidoyer après ce chapelet de reconnaissances détaillées. Je le devais à chacun et à chacune de ces personnes formidables qui allient leurs vies de familles et leurs multiples obligations à la prise en charge de milliers de détresses humaines. Mon rêve est que chaque sénégalais puisse bénéficier un jour de la plénitude des compétences des professionnels sénégalais de la santé. Cela a un prix et sûrement des coûts. Mais il n'y a rien de plus important que la santé ! Surtout lorsque le savoir-faire est à portée de main. Mobilisons des moyens conséquents pour équiper nos hôpitaux et nos structures de santé. Donnons-nous les moyens de rapatrier les meilleures ressources humaines de la diaspora. Mettons les moyens qu'il faut, la où il faut ! Alors le Sénégal pourrait prétendre à une place de choix sur l’échiquier du tourisme médical international. Imaginez les effets d’entraînement sur tous les autres secteurs d’activités…
Voilà ! J'ai voulu témoigner de ce que j'ai vécu. Et partager quelques pierres précieuses glanées dans les bas-fonds. En espérant que cela puisse avoir une quelconque utilité, pour quelqu'un. Quelque part.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
LE TEMPS, ANGOISSE DES DICTATEURS
EXCLUSIF SENEPLUS - S’éterniser au pouvoir, oui, mais pour quels résultats ? Quel espoir pour demain ? L’exercice du pouvoir devient dérisoire quand la seule raison est la satisfaction de l’ambition, toujours folle, d’un égo hypertrophié
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 20/07/2020
« Le temps sera le maître de celui qui n’a pas de maître » (proverbe arabe)
L’horloge de la vie, indifférente, inusable, tourne. Elle égrène pour l’homme le temps insaisissable, forme achevée de son impuissance.
Le temps est la terreur des dictateurs car il leur indique que tout a une fin. Et les ramène à leur statut de simple mortel. Alors, pour eux, le sablier devient signe d’angoisse et symbole de terreur. Il leur rappelle constamment que la fin, inéluctablement, se rapproche. C’est la clepsydre, ce vieil instrument qui servait à mesurer la durée d’un évènement.
Au fil du temps, se fait le tri des promesses et des réalisations dans les gouvernances. C’est bien lui qui révèle la démagogie des dirigeants dont les programmes alléchants n’étaient pas réalisables au regard des possibilités du pays, à commencer par les moyens financiers et les ressources humaines limités.
Atteints de cette maladie incurable provoquée par un virus indétectable, sévissant dans le monde entier, ceux qui veulent s’éterniser au pouvoir ont le temps comme autre adversaire incorruptible et insaisissable.
Ni le tripatouillage des constitutions, ni le trucage des élections, ni le renouvellement des mandats à la « demande générale » des « masses reconnaissantes » n’arrêtent sa marche inexorable. Le temps qui passe est encore plus fatal aux boulimiques du pouvoir qui réalisent, plus que quiconque, que l’éternité n’est pas de ce monde.
Adeptes de la navigation à vue, l’ambition personnelle est leur boussole et l’égo surdimensionné leur mesure. Le désir suprême qui les habite se limite à rester au gouvernail qui devient ainsi un moyen et une fin en soi. Toute leur gesticulation vise cet objectif ultime et rappelle le serpent hégélien qui se mord la queue.
De fait, tout s’organise autour d’eux pour justifier une seule finalité, le maintien du dictateur dans son fauteuil.
Ainsi, le choix des « conseillers » courtisans, des membres du gouvernement, l’élaboration de l’organigramme du parti, les candidatures aux élections générales, les options de la politique intérieure, les priorités diplomatiques, le bâton pour l’opposition, la carotte pour les hauts fonctionnaires, la mise au pas de la presse, la corruption de l’élite, le musèlement de la société civile, les attentions en espèces sonnantes et trébuchantes envers les notabilités, les leaders d’opinion ayant pignon sur rue ou tapis dans l’ombre, la sélection des derniers visiteurs du soir, ne sont que les signes permanents de cette entreprise.
En plus de la peur qu’ils inspirent aux cadres maintenus dans le besoin, les dictateurs ont approprié de nouveaux outils pour se maintenir. Ainsi, la famille est mise à contribution, l’ethnie privilégiée, les religions manipulées, les médias sous coupe réglée.
Le Grand Timonier, le Guide suprême, l’infaillible Père fondateur, le Leader Bien-Aimé, le Génie infaillible, en quête permanente de prétextes, de faux fuyants, englué dans des atermoiements pour retarder l’échéance, se trouve face au temps, l’impitoyable maître qui veille. Les conseillers courtisans du chef n’ont de cesse de rappeler un programme à achever, un projet en cours, une réalisation à inaugurer, une première pierre à poser, une visite officielle à effectuer, un homologue à accueillir, etc. pour justifier son maintien. En plus, le peuple ne lui demande-t-il pas spontanément de continuer la tâche dont lui seul est capable de supporter le poids ? Sans oublier que le pays est sous la menace des terroristes, des sécessionnistes, des criquets pèlerins ou encore des oiseaux migrateurs ou même des martiens attendus de l’espace. En plus de toutes ces menaces la conjoncture internationale défavorable exige la présence d’un homme fort.
Ainsi, les mandats se suivent et se ressemblent jusque dans la caricature. D’insatiables thuriféraires obsédés par leur pitance quotidienne proclament le président à vie, le seul apte à conjurer tous les périls, à assurer le bonheur du peuple, à travers des slogans dans une pathétique mise en scène digne des représentations les plus ubuesques.
Ennemis de la pensée et de la création, les dictateurs les inhibent, achètent le silence de certaines élites soumises, règnent sur des travailleurs sans droit de grève, mettent au pas société civile et opposition ainsi stipendiées largement présentées dans des médias téléguidés. Résignée dans ses blessures contenues, la majorité silencieuse regarde des grabataires, accrochés au pouvoir depuis d’incalculables années, la garder en otage au mépris du droit et de la loi.
S’éterniser au pouvoir, oui, mais pour quels résultats ? Au bilan, combien de logements et d’écoles construits, d’emplois créés, d’hôpitaux, de routes ? Quel espoir pour demain ? L’exercice du pouvoir devient dérisoire quand la seule raison est la satisfaction de l’ambition, toujours folle, d’un égo hypertrophié.
Le peuple épuisé, opprimé, attend la solution ultime que le temps finit toujours par imposer : la réalité de la biologie humaine qui met un terme à toute vie.
Pour le peuple, souverain primaire, le temps reste l’allié qui ne trahit jamais. Plus que pour le commun des mortels, il est pour les dictateurs une angoisse permanente. Ils ont beau s’accrocher, ils partiront un jour car comme dit le dicton venu d’Arabie, « le temps sera le maître de ceux qui n’ont pas de maître ».
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
PARTI SOCIALISTE, ENTRE POSTURE ET IMPOSTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes en 2020 et aucune perspective d’affranchissement du PS de l’APR n’est encore dans les limbes. Le parti est privé de la liberté lui permettant d’engager une reprise en main de son destin politique
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 20/07/2020
Les lampions se sont éteints sur le premier anniversaire de la mort d’Ousmane Tanor Dieng, ex-Secrétaire général du Parti socialiste (PS). Les couronnes et les fleurs n’ont pas manqué d’orner l’œuvre politique du défunt patron du PS. Elle a été magnifiée par ses partisans à travers le prisme d’une épopée socialiste flamboyante dont nous n’avons ni connaissance, ni souvenance, ni rémanence. Aussi, ai-je lu et parcouru maintes fois le texte que son successeur très controversée à la tête du PS, Aminata Mbengue Ndiaye, lui a dédié en guise d’hommages. Mais lu avec des lunettes non partisanes et non opposantes, je perçois en filigrane dans ce texte un réquisitoire subliminal ripolinant les dysfonctionnements au sein du PS dans la séquence tri-décennale 1988-2018. Dans son texte, la présidente du Haut Conseil des Collectivités territoriales (HCCT) déclare que « c’est à la faveur du 13e congrès ordinaire de 1996 qu’il (Tanor, ndlr) fut proposé, par le président Abdou Diouf, pour occuper le poste de 1er Secrétaire chargé, entre autres, d’assurer la gestion quotidienne du Parti ». C’est cette proposition impopulaire jurant avec les principes antidémocratiques du parti qui a déroulé le tapis rouge au dauphin putatif de Diouf mais qui a aussi plongé le plus vieux parti du Sénégal dans un maelström de problèmes sans fin.
30 mars 1996 : la descente aux enfers
Lors du congrès sans débat en cette triste et mémorable journée du 30 mars 1996, Aminata Abibatou Mbaye, l’alors présidente de l’Union régionale socialiste des femmes de Saint-Louis, a mis en branle le plan qui a été concocté pour adouber l’héritier présomptif de Diouf. «Nous désignons à l’unanimité Abdou Diouf au poste de président du Parti socialiste et unique candidat à l’élection présidentielle de 2000 et nous lui donnons carte blanche pour la formation du Bureau politique avec Ousmane Tanor Dieng au poste de secrétaire exécutif», a déclaré Abibatou dans une salle plénière en surchauffe où les 2500 délégués, par acclamation, ont investi Abdou Diouf au poste de président du PS et candidat à la présidentielle de 2000 et proposé Tanor Premier secrétaire. C’est le triomphe des refondateurs en vérité conservateurs.
Ainsi la messe était dite pour tous ceux-là qui pensaient que ce congrès allait aboutir à une mue régénératrice, à un PS réformé, plus ouvert, plus démocratique et débarrassé de ses vieux démons de la division. Sans vote, sans échange d’idées, sans débat autour des nouvelles orientations et réformes relatives à l’instauration du poste de président du parti et d’un premier secrétaire, le binôme Diouf-Tanor est imposé au sommet de la pyramide socialiste. Certes, l’on nous rétorquera qu’une commission avait travaillé de 1993 à 1996 pour ces réformes et qu’il était inopportun de débattre sur des questions déjà traitées et résolues. Mais un congrès présente un cadre spatio-temporel de discussions houleuses, de contestations hargneuses, d’échanges d’idées fertiles même s’il aboutit à une résolution consensuelle.
En vérité, dans l’histoire mouvementée du PS, jamais, il n’y a eu de refondation après Senghor. Des refondations s'opèrent par des ouvertures, des fusions, des élargissements, des changements de nom et de sigles, des mutations doctrinales. Du Bloc démocratique sénégalais (BDS) au Parti socialiste (PS) en passant par le Bloc populaire sénégalais (BPS) et l’Union Progressiste Sénégalais (UPS), Léopold Sédar Senghor a eu à refonder en 23 ans quatre fois le parti qu’il a porté sur les fonts baptismaux le 27 octobre 1948.
Ce qui s’est passé le 30 mars 1996 n’est que l’œuvre d’un chef de parti hyperpuissant, autoritariste qui excellait plus dans les purges staliniennes que dans la massification. Dans la première décennie de son règne, il a entrepris une désenghorisation outrancière au sein du parti sous la férule de son missi dominici Jean Collin en expurgeant tous les mammouths contemporains de Senghor. Et dans la seconde, il a été question de se débarrasser de ses congénères politiques qui pouvaient porter ombrage à son héritier qu’il louait comme un « homme plein de vertus, de talent, de courage, de compétence, d’une loyauté et d’un engagement sans pareil ».
Dans le choix du président de parti et du premier secrétaire, tout détonnait avec les règles basales de la démocratie. D’ailleurs, en 2005 lors de l’émission « Livre d'or » de la RFI, animée par Philippe Sainteny, Abdou Diouf a avoué le crime démocratique du 30 mars 1996 : « J'ai mis M. Ousmane Tanor Dieng (avant de rectifier) j'ai proposé M. Ousmane Tanor Dieng comme premier secrétaire pour gérer le parti au quotidien ». Pour parachever son emprise sur le parti, Abdou Diouf avait choisi à la tête des dix unions régionales des secrétaires généraux dévoués à son poulain. Les récalcitrants Djibo Kâ, André Sonko, Moustapha Niasse étaient écartés de toutes les instances décisionnelles. Je ferai abstraction des remous qui ont déstabilisé le PS et qui l’ont conduit à la chute en 2000. Seulement, j’évoquerai un passage très édifiant à cet égard de la lettre de démission d’Abdoulaye Makhtar Diop du PS rédigée le mercredi 18 juin 2003. « Depuis 1988, le fléchissement des suffrages du Ps, plus tendanciel que circonstanciel, était évident », avant d’ajouter que « les élections du 19 mars 2000 où les électeurs de ce dimanche historique et fatal au PS, dans leur grande majorité, ont confirmé une défaite annoncée et programmée, mais jamais sentie », déclare Abdoulaye Makhtar. C’est donc dire que le congrès de 1996 n’a jamais été un congrès de réformes en profondeur mais de perpétuation des méthodes éculées de gouvernance partisane totalitariste qui ne cadrait pas avec une vision refondatrice.
La résistance à l’offensive wadienne
J’épouse la position d’Aminata Mbengue Ndiaye quand elle déclare qu’après la perte du pouvoir, « Tanor Dieng a fait montre d’une grande capacité de résilience et de leadership en s’illustrant, dans ce contexte politique inédit, comme le digne continuateur de l’héritage de Senghor, confronté aux coups bas internes et aux tentatives de démantèlement du parti par le pouvoir libéral ». Cette opposition de Tanor au régime de Wade sans tache constitue la plus glorieuse page de son œuvre politique. Des membres du bureau politique tels que Robert Sagna, Mamadou Diop, Souty Touré, Moustapha Kâ, Madia Diop, Amath Cissé ont remis en cause le leadership tanorien avant de tourner casaque. Seul Abdoulaye Makhtar Diop a, avec une rare élégance intellectuelle, démissionné pour créer les Socialistes unis pour la Renaissance du Sénégal (les Surs).
D’autres socialistes plus ou moins proches de Tanor (Abdoulaye Diack, Aïda Mbodj, Sada Ndiaye, Léna Fall Diagne, Adama Sall, Abdourahmane Sow, Cora Fall, Mbaye Diouf, Aïda Ndiongue, sa sœur Bakhao et époux Mame Birame Diouf, Tieo Cissé Doucouré, André Sonko, Paul Ndong, Balla Moussa Daffé, Salif Bâ, Assane Diagne, Alassane Dialy Ndiaye, Lobatt Fall, Abdoulaye Babou, Serigne Mbacké Ndiaye…) ont quitté le navire socialiste tanguant pour transhumer vers les prairies bleues. Abdoulaye Wade vindicatif s’est attelé avec son gourou Idrissa Seck à démanteler le PS comme Abdou Diouf l’avait fait en 1982 au point de faire perdre au PDS son groupe parlementaire. Avec stoïcisme, Tanor a résisté à Wade nonobstant l’agitation systématique intimidante des licences de pêche accordées aux Russes en 1992 lors de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) au Sénégal. Et le combat de Tanor s’inscrivait autour du triptyque : la remobilisation des troupes, la contre-offensive et la reconquête du pouvoir. Et cette nouvelle vision oppositionnelle trouvait sa consécration avec l’apport des structures de réflexion et de lutte comme Vision socialiste dirigée par Moussa Taye, Convergence socialiste avec Barthélemy Dias et le Réseau des universitaires. Mais cette opposition n’a pas suffi pour redorer le blason du PS terni par 40 ans de gestion catastrophique du pouvoir.
Les réformes attendues n’ont pas été au rendez-vous. En 2007, le score à la présidentielle (13%) met à nu l’ampleur du divorce des Sénégalais et du parti de Senghor. Seulement, l’embellie viendra en 2009 quand Khalifa Sall, sous la bannière de Bennoo Siggil Senegaal, est élu maire de Dakar. D’autres localités estampillées du Sénégal tombent dans l’escarcelle de BSS. Mais l’élection présidentielle de 2012 ne fait que confirmer la désaffection des Sénégalais pour le PS quand Tanor obtient 11% derrière Moustapha Niasse, Macky Sall et Abdoulaye Wade. La leçon qu’il faut tirer de cette situation est le nécessaire passage du témoin à la jeune génération. Mais quand Aminata Mbengue soutient que « c’est le respect de la ligne d’orientation politique consacrée par le congrès de 2007 et confirmée par le congrès de 2014 qui justifie la présence du Parti, au sein de l’attelage gouvernemental », il y a de quoi se poser des questions sur les ambitions politiques du PS.
L’agitation trompeuse du « gouverner ensemble »
Défait encore en 2012, le parti de Tanor qui a traversé le désert aride de l’opposition pendant 12 ans ne peut plus se permettre d’entamer une nouvelle opposition qui peut encore durer plus d’une décennie. C’est cette volonté de « gouverner ensemble » qui a été la pomme de discorde entre Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall et Ousmane Tanor Dieng. A Aïssata et Khalifa qui déclaraient respectivement : « Le PS présentera un candidat issu de ses rangs à la prochaine présidentielle et qu’il est impensable que le parti de Léopold Sédar Senghor qui a participé à toutes les joutes électorales s’absente, au nom d’une logique de coalition, à une seule élection », « Le PS ne sera jamais un parti yobaléma (à la remorque, NDLR). Senghor et Abdou Diouf ont fait des choses dans le parti. Ousmane Tanor Dieng, dans des moments difficiles et périlleux, a su tenir le flambeau. Aujourd'hui avec lui, il faut que le parti reprenne sa place et revienne au pouvoir », Tanor répondait : « Le moment venu, les instances du parti ouvriront la voie à la concertation pour voir ce qu’on va faire ».
Ces deux positions antinomiques ont abouti à la fracture du PS même si Aïssata a fini par déposer ses baluchons dans BBY. La résistance de Khalifa a abouti au déclenchement d’une affaire judiciaire absurde télécommandée par le pouvoir et qui finira par anéantir toutes ses ambitions présidentielles. Et pour parachever le crime, des enquêtes judiciaires sur le saccage de la maison de Colobane aboutiront à l’incarcération des proches de Khalifa Sall avant leur exclusion du PS.
Comme le dit Aminata Mbengue, « Tanor est parti, en homme de devoir, après avoir pleinement rempli sa mission », mais dire dans sa posture de Secrétaire générale du PS jouissant des passe-droits du HCCT« qu’il laisse un parti revigoré et sorti de l’auberge », c’est verser dans l’imposture. De qui se moque la Secrétaire générale du PS ? Aujourd’hui, on est à même de se demander si le PS, depuis 2012, est toujours porteur d’un projet de société ou bien s’il a fini de jouer son rôle dans l’histoire politique de notre pays ? Un parti, c'est à la fois une idéologie, une implantation nationale et une incarnation par des hommes et des femmes susceptibles de gouverner. Le décès de Tanor a mis nu la carence d’un leadership au sein du PS. Aminata Mbengue est devenue par la force du destin la Secrétaire générale mais rien en elle ne lui donne une stature présidentielle. D’ailleurs, elle se le refuse en se suffisant du menu fretin dont bénéficie son parti dans le trompeur « gouverner ensemble ».
Certes, certains responsables socialistes jouissant de postes de ministre, de chef d’institution, de député, de direction, de président de conseil d’administration ou de chargé de mission n’ont plus d’ennuis financiers mais politiquement le parti désincarné est en état de collapsus avancé. Que reste-t-il des 11% de 2012 du PS depuis son compagnonnage avec l’APR ? Le responsable socialiste de Thiès, Doudou Gnagna Diop, croit fermement que l’érosion électorale de son parti n’est qu’une vue de mon esprit emprisonné dans une bulle épaisse mais les scores électoraux dégressifs depuis les locales de 1996 sont des indicateurs éloquents imparables.
Aujourd’hui, le PS est privé d’une liberté intellectuelle qui lui permet d’engager une reprise en main de son destin politique. Quel est le seul socialiste qui a le courage de se prononcer sur un éventuel troisième mandat de Macky Sall alors que cette problématique a été le ferment de la bataille entre Wade et l’opposition de 2008 à 2012 ? Quel est le seul socialiste qui a le courage de déclarer que le PS aura un candidat issu de ses rangs en 2024 ? Aminata Mbengue et les siens préfèrent sombrer dans le béat acquiescement devant l’exercice du pouvoir. Nous sommes en 2020 et aucune perspective d’affranchissement du PS de l’APR n’est encore dans les limbes. A moins de croire ce que certains des socialistes supputent en catimini : l’imminent sabordage du PS dans l’APR pour acter le mariage définitif entre les verts et les beige-marron.
Réhabiliter Sandaga signifie aussi transmettre les savoir-faire qui aujourd’hui se perdent. Il ne s’agit pas d’un vieux bâtiment mais d’un bâtiment victime de son manque d’entretien. Dakar perd la face sous prétexte de se moderniser
Démolir Sandaga, pour le reconstruire à l’identique ? Réhabiliter Sandaga ? Au moment où le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat s’est engagé à libérer les emprises de l’édifice quelques jours après la fête de Tabaski, Anne Jouga , architecte et citoyenne comme elle se définit, invite au débat qui n’a été initié ni avec les riverains ni avec la ville de Dakar, propriétaire des lieux, sur le sens et l’importance du Patrimoine national. Sandaga.
L’arbre qui cache la forêt, avions nous osé écrire en août dernier, à la suite de la tapageuse annonce de faire tomber l’édifice éponyme, prétendument, pour des raisons de sécurité et après la Tabaski 2020 !
En effet, à voir la ville de Dakar, sous prétexte de se moderniser, de perdre la face, on se questionne. Dans sa conception actuelle, elle reste une création coloniale, tant dans son tracé, son organisation spatiale que dans son expression architecturale, et cela depuis le milieu du 19e siècle. Exit les quartiers traditionnels Lébu implantés dans la presqu’île des siècles avant, sinon quelques traces récalcitrantes que, jusqu’à aujourd’hui, l’administration ne se donne pas les moyens de valoriser, encore moins d’y trouver une inspiration. et sur la trame coloniale, cette administration vient poser son projet de la ville de Dakar post-indépendance.
Mieux, aujourd’hui elle construit ses grands pôles urbains sur une trame quasi similaire, sans aucune remise en question. L’architecture dite coloniale ressemble à l’architecture européenne. Normal me direz-vous, mais elle est fortement inspirée de notre architecture traditionnelle et donc particulièrement adaptée au climat. Elle raconte une histoire, son histoire, et par conséquent la nôtre aussi. À partir des années 30, pour mieux asseoir son pouvoir et question de se faire encore plus accepter du public, c’est à dire nous, changement de cap !
L’administration coloniale demande à ses architectes de France et peut-être d’ailleurs en Europe, de s’inspirer de l’architecture des grands empires d’Afrique et notamment du Mali. Une importante production de bâtiments d’envergure et de style soudano-sahélien voit le jour, construits avec le matériau moderne de l’époque, le béton armé. Beaucoup sont des infrastructures sanitaires : la maternité de Le Dantec, l’actuel institut d’Hygiène public, l’ex service d’Hygiène (ex Polyclinique), et également des stations-services, le marché Sandaga et bien d’autres encore. La même démarche est adoptée dans plusieurs pays de la sous-région, du Mali au Niger en passant par la Côte d’ivoire, etc.
A partir de la fin de la 2e guerre mondiale, et surtout dès le début des années cinquante, on assiste à un tournant important de l’histoire de l’architecture au Sénégal et principalement à Dakar, Thiès, Saint-Louis, avec la construction de grands ensembles répondant souvent à un besoin d’habitat et de gestion du foncier. Le building Maginot, le building des eaux, l’ex building du ministère de la Communication et l’extension de celui des Finances, tous deux sur la place Washington face au ministère de l’intérieur, la version première du building administratif, l’immeuble Brière de L’isle, qui d’ailleurs depuis quelques jours, fait l’objet d’une « sauvage démolition », bien qu’il soit classé patrimoine national.
Dans le même courant architectural viennent s’ajouter presque tous les bâtiments de l’Ucad dont la Bibliothèque, le rectorat, différentes facultés ... Mais aussi l’ex Palais de Justice au Cap Manuel, l’hôtel de Ngor, l’Assemblée Nationale, l’École Thiers (le prochain sur la liste des démolitions semble-t-il ?) etc. Ces architectures modernes sont précurseur du courant architectural dit post-moderne. Elles sont bien localisées, bien conçues, solidement construites, toujours adaptées à notre climat, un réel modèle d’adaptation thermique. Avec les années 60/70, une vision qui nous ressemble vient enfin s’imposer ! Elle est basée sur le parallélisme asymétrique théorisé philosophiquement par le Président poète, Léopold Sédar Senghor.
Inscrit dans la loi 78-43 du 2 juillet 1978 portant orientation de l’architecture sénégalaise, le parallélisme asymétrique va au-delà de l’architecture, s’ancre dans la modernité à travers notre propre culture et donc la science africaine, et l’on y retrouve comme dans tous les arts africains « une répétition diversifiée du rythme dans le temps et dans l’espace » et ce, contrairement aux différents courants d’architecture européens. et bien qu’il n’existe à ce jour aucune codification, ces années ont malgré tout produit des architectures impressionnantes telles l’Ebad/Ucad, le Building Communal, l’Enam, l’immeuble Kébé, l’ex Musée dynamique, actuelle Cour suprême, le Cices (lui aussi sur une liste de bâtiment à démolir ?), la Bceao, l’hôtel Pullman Téranga, l’hôtel indépendance … démoli ! Et à Saint-Louis, l’UGB, etc.
Le Cices a à peine 45 ans et est lui aussi fortement menacé ! Joyau architectural et symbole du parallélisme asymétrique après avoir été enclavé, enfermé et sa réserve foncière vendue par des marchands de sommeil aux appétits boulimiques dans les années 2000, voilà que des prédateurs pensent en faire…un golf ! Ou je ne sais quel autre projet… le foncier, disais-je ? Le Cices aura coûté 7 milliards en 1974 ! C’est à croire que tout cet argent avec lequel on construit le pays n’est pas le nôtre ! Car le Cices tout comme …
Sandaga, et tout ce que l’on construit, nos parents puis nous-mêmes les avons payés, et ensuite au tour des générations à venir. N’apprend-on pas en économie qu’une patrie s’enrichit lorsque son capital est la base de ses revenus passés, présents et … futurs ? Toutes ces architectures depuis le 19ème siècle, se côtoient et viennent faire l’identité de Dakar. Il nous appartient dès lors de les sauvegarder, c’est-à-dire leur faire traverser le temps et avec dignité. Moderniser une ville ne saurait vouloir dire démolir et reconstruire mais bien au contraire, pour lire la ville, il est important de faire cohabiter avec intelligence ces différentes périodes, d’où la valorisation de ce qui reste des quartiers lébus s’impose ! Elle est même urgente.
Et pour aller au-delà de la ville de Dakar, le problème se retrouve à d’autres endroits du pays, par exemple, les destructions des Tumulus, trace de nos anciens royaumes du Sénégal, qui font pleurer nos archéologues et pourtant ce sont ces lieux historiques qui devraient être valorisés et qui sont un formidable moteur de développement touristique.
Sandaga est construit dans le quartier traditionnel Thieudème, il faut sauver son authenticité en le réhabilitant et en l’inscrivant dans une vision de ville. Il ne s’agit pas d’un vieux bâtiment mais d’un bâtiment victime de son manque d’entretien. Il a 25 ans de moins que la gare de Dakar qui vient d’être réhabilitée dans les règles de l’art et appréciée de tous.
Réhabiliter Sandaga ou tout autre bâtiment signifie aussi transmettre les savoir-faire, qui aujourd’hui se perdent : les métiers comme la pose de couverture, charpente, plancher bois …, mais également des métiers de restauration (maintenance technique) à créer … Mieux les abords de Sandaga doivent être aménagés pour le valoriser et non lui faire ombrage.
Enfin, aujourd’hui toutes les villes du monde qui se modernisent, mettent l’accent sur le désengorgement des centres villes au profit du bien-être de la population et notamment des piétons ainsi que la mise en place de mobilité douce.
Sous le pavé…… le foncier
Avec le tracé issu de la colonisation, il est difficile d’agrandir les rues d’un coup de baguette magique et par conséquent, les portiques donnent l’illusion d’élargissement. Ils existent encore autour de la place de l’indépendance, sur l’avenue L. S. Senghor, un peu sur les avenues Faidherbe et Pompidou mais sont hélas menacés par l’appât du gain de certains promoteurs et par la faiblesse des services compétents à les conserver ou mieux, à les imposer. il nous faut penser une ville où les prospects (le bon rapport entre largeur de rue et hauteur de bâtiment permis) s’équilibrent et proposent un gabarit d’ensemble d’une grande homogénéité ; et non pas celle qui nous renvoie trop souvent ses façades ventrues prêtes à nous vomir dessus tant elles sont menaçantes au-dessus de nos têtes, et quand péniblement nous essayons de nous frayer un chemin le long d’un trottoir rare voire inexistant, où la voiture est reine.
La Ville de Dakar, propriétaire du bien Sandaga, a élaboré un plan stratégique pour Dakar 2025 avec la promesse de transformer la ville pour un meilleur épanouissement de ses habitants : ville attractive dans une perspective de vie améliorée. Son programme d’aménagement urbain s’inscrivant dans le cadre du développement durable, la réhabilitation de Sandaga prend tout son sens dans ce programme. Aujourd’hui l’exemple semble être le Rwanda, alors regardons du côté de Kigali qui est la première ville africaine à avoir créé un quartier piéton dans le centre-ville, depuis 2015. espace vert, aire de repos et de jeux, wifi gratuit … sur le boulevard le plus emprunté du centre-ville … interdit aux voitures. « Et ce n’est que le début du projet urbain », disent les autorités municipales qui y travaillent depuis le début des années 2000. Cela est donc possible chez nous. Il suffit d’en avoir la vision et d’aller jusqu’au bout, il suffit d’arrêter de prétendre que le temps politique n’est pas le temps technique. Une vision si elle est bien structurée doi
Derrière la question de Sandaga, tout comme d’autres bâtiments, se cache un problème de foncier, je veux parler bien entendu de ce foncier qui permet un enrichissement sans cause ! Aujourd’hui comme déjà il y a quelques années, on assiste à une course effrénée autour de milliers de m2 en ville et sur le littoral, autour de centaines d’hectares dans les campagnes… d’autres que moi en parlent et mieux ces temps-ci. Alors, oui Sandaga n’est pas épargné, peu importe ce qu’on pourrait y mettre pourvu que l’on dispose du sol et bonjour la spéculation !
Autre exemple, comment comprendre la démolition de l’immeuble Brière de L’Isle qui au-delà de son architecture remarquable est un bâtiment techniquement sain, simplement victime lui aussi d’un manque d’entretien. Cet ex-building ainsi que d’autres maisons de ce quartier déjà démolies sur l’avenue Carde X Kléber notamment, elles aussi classées au patrimoine national, valent leur pesant d’or du fait de leur emplacement dans la ville appelée le haut-plateau. Aujourd’hui une grande partie de l’avenue de la république est en train de changer de face, un nouveau style s’impose dorénavant, avec des façades peu adaptées à notre climat, construites de matériaux aluminium, verre venus d’ailleurs et difficiles d’entretien. Attendons de les voir vieillir et surtout, cherchons l’- histoire qu’ils peuvent raconter et à travers laquelle nous pourrions nous retrouver…
La “customisation” du rondpoint de la place Washington arrive à grand pas Le prochain building sur la liste sera sûrement le building Maginot. L’actuel Building administratif, un bloc de verre et de fer ! Patrimoine national classé jusqu’en 2010 et qui comme par enchantement ou par je ne sais quelle magie n’apparaît plus sur la liste officielle des monuments classés de 2011 ! “Architecture intelligente” s’était targué le ministre de la Culture de l’époque, lors d’une interview dans la presse nationale. La bonne blague, quand on fera la comparaison des charges récurrentes on en reparlera … avec ses façades vitrées. il y avait là pourtant une incroyable opportunité pour un projet de réhabilitation, en lui gardant sa ligne directrice et surtout, en rectifiant le réel problème d’ensoleillement de ses façades. Quelle incohérence de vision architecturale, quel symbole de modernité à côté du Palais de la république qui, si on va dans la même logique devra lui aussi changer de face. D’ailleurs doit-on appeler cela de l’architecture ?
Faire de l’architecture c’est arriver avec humilité à “dialoguer” avec les architectures qui nous ont précédé…, et leur rajouter de la valeur. Je perçois cela plutôt comme un maquillage inadapté, customisé dit-on ! Les États-Unis ont créé l’école de Chicago, mouvement d’architecture et d’urbanisme marqué par une construction rationnelle et utilitaire, basé sur la durabilité des matériaux utilisés et produits chez eux : l’acier, le verre, le ciment. C’était il y a … 150 ans !
Alors oui, il est l’heure de créer notre mouvement avec notre matériau, nos matériaux à partir de notre matière première et avec le génie de nos inventeurs. Nos architectures résultant de notre culture, notre façon de vivre, d’habiter, d’être, ne seront conformes qu’à partir de matériaux adaptés.
Alors oui, le problème de Sandaga est ailleurs ; ne nous trompons pas d’objectif. Non, Sandaga ne doit pas être démoli parce qu’il appartient à ce passé que nous partageons ! Assumons-le. il faut s’en approprier, il faut le documenter pour que le public en ait une meilleure lecture. il doit rajouter de la fierté à notre sentiment d’appartenance, il doit nous enrichir. La réhabilitation de Sandaga est un vecteur de développement, de stabilité et de renouveau économique.
LA CHRONIQUE HEBDO DE PAAP SEEN
LE PAYS INVIVABLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi l’intelligence collective est déviée vers autre chose que la rationalité et le bien commun ? Pourquoi les accidents et les blessures de l’histoire ne sont pas des expériences utiles ? - NOTES DE TERRAIN
Samedi 18 juillet 2020. 10h15. J’aurais pu attendre encore, avant de descendre du bus. Mais j’ai voulu me dégourdir les jambes, et marcher quelques minutes. Je ne suis pas pressé, ce matin. J'ai demandé l’arrêt, juste après la pharmacie Guigon. Ça me fera un petit trot. Et puis, dehors, il y a l’odeur de la pluie. Quel merveilleux parfum. La matinée est calme, à Sandaga. Mes lunettes tombent depuis hier. Comme je suis en ville, je vais en profiter pour les faire ajuster. Des gouttes de pluie fines s’écrasent sur le bitume. Je pense qu'il va bientôt pleuvoir très fortement. Je sens la menace imminente, dès que je sors du magasin d’optique. Je hâte le pas. Le ciel est sombre.
On dirait que le cœur de Dakar se détend. Il y a bien quelques marchands ambulants, qui déambulent. Les boutiques sont ouvertes. Par contre, la circulation est calme. Très peu de piétons sont dans les rues. À partir de l’avenue Léopold Sédar Senghor, le relâchement est plus saisissant. Dakar, si tendue les jours de semaine, travaille au repos. Tel un athlète qui décrasse ses muscles après un effort intense. Les gros arbres qui jalonnent l’artère se prélassent dans une grande sérénité. Un petit vent fait sautiller les feuilles mortes, au sol. Un gars, qui travaille pour la compagnie de gestion des déchets, balaie les environs du palais de la République. Des hommes armés sont en faction.
Plus loin, mon regard s’abandonne sur le fronton de l’ancienne primature. Les inscriptions ont été changées. On peut y lire, maintenant, « Maison militaire ». Je ne peux m’empêcher de penser à l’arbitraire, dans nos pays africains. Un individu, qui a trouvé une République, avec son organisation, ses lois, ses organes, s’est levé un jour, et a décidé, sans crier gare, qu’il n’y aurait plus de primature, ni de chef du gouvernement. Au mépris des règles élémentaires. Comme ça, sans embarras. Sans aviser personne. Comment nos pays peuvent-ils avancer, avec cet esprit ? Le premier venu peut modifier la marche de la nation. Selon son bon vouloir, il fait ce qu’il veut. De nos institutions, de nos vies. Je ne crois pas trop à la fatalité, pas plus qu’au destin tracé d’avance. Mais il nous faut, très vite, des hasards heureux. Car les déterminismes sociaux jouent contre le bon sens, la raison et la justice.
Ce qui est aussi frappant, sur cette avenue, c’est la propreté. Il n’y a pas de bordel, ni de saleté. Tout est propre, bien ordonné. C’est un univers à part. Qui contraste avec les autres cartes de la ville. Plus loin, l’éclat du building administratif rénové, ne manque pas d’attirer mon attention. Le grand bâtiment rayonne, et étrenne ses habits neufs. Sa façade en verre scintille. Le réaménagement est plutôt réussi. Je présume, malheureusement, que nous y avons perdu beaucoup de nos maigres ressources. Comme c’est le cas avec d’autres infrastructures, à l’utilité douteuse. Je ne me sens pas intimidé par cette lourde barre immobile. Malgré sa posture impressionnante. J’ai l’impression d’être en face d’un corps robuste, mais timide. La forme est vague. Le bloc, symétrique, est rigide. Il n’y a pas d’ombres. On ne sent ni souffle, ni mouvement.
Je dépasse l’édifice et traverse le passage clouté, menant à l’hôpital Principal. À l’entrée, une dizaine de jeunes discutent. Leur accent est étranger. Le sas de désinfection est bloqué par une barrière de la gendarmerie. Ces derniers jours, une infirmière, il me semble, était en permanence postée devant la porte principale. Elle prenait la température des visiteurs et leur coulait du gel désinfectant à la main. Elle n’y est pas, ce matin. Un gendarme tient la manœuvre. Distribution de gel mais pas de prise de température. Je passe le cordon d’entrée et accède à la cour de l’hôpital. Le jardin est bien entretenu. Les plantes taillées à la perfection. Les arbres, en rang, ordonnés. Le visage extérieur de l’hôpital Principal de Dakar est bienveillant.
Je n’en dirais pas autant de l’intérieur. Dans le service, où je me rends, les portes sont déglinguées. L’atmosphère foireuse. On dirait que l’endroit n’accueille pas des malades. Ici, on pourrait presque sentir des zombies errants. Dans la chambre que je visite, les chaises et le lit sont des débris qu’il faut jeter. La moitié du volet de la fenêtre est absente. La lunette de toilette a été démontée. Le malade, en cas d’urgence, ne peut pas sonner l’alerte. Le système d’appel d’urgence n’est pas fonctionnel. Imaginons un patient, seul, en détresse, ne pouvant pas bouger, et qui tente de joindre les soignants. Il peut bien crever, dans la plus grande souffrance, personne ne viendra à son secours. Ce serait juste la volonté de Dieu. On passera à autre chose. Les défaillances humaines seront tues.
C’est ce qui est arrivé, un jour, il y a quelques années, dans cet hôpital, à mon père. Son voisin de chambre nous a révélé qu’il était sorti, pour voir un infirmier. Moins d’une heure avant sa mort. Il n’a vu personne. Il avait refusé que l’un de nous veille dans la chambre, avec lui. Nous avons insisté. Il était catégorique. Il était bien remis et il n’y avait pas de danger selon les médecins. Il devait même sortir de l’hôpital, le lendemain. Il faut voir comment les choses marchent au Sénégal. On peut très bien trimer toute sa vie, nourrir l’espoir que ce pays soit un jour vivable. Que les femmes et les hommes qui l’habitent gagnent en dignité. Qu'il soit une terre de justice et de prospérité. On peut lutter pour tout cela. Et payer ses impôts, s’acquitter de ses droits et devoirs pour qu’il y ait des institutions qui tiennent, des écoles qui fonctionnent et des hôpitaux qui marchent. Ça sert, presque, à rien. Peu de choses changent véritablement.
Nous sommes fragiles, en habitant ce pays. Nos destins sont instables et précaires. Des individus grotesques continuent de nous rendre la vie dure. Quelles existences doivent subir ceux qui n’ont pas grand chose, où qui vivent loin de tous les services sociaux ? J’ai pensé ces derniers jours à nos concitoyens, qui habitent loin des infrastructures sanitaires. Si nous, qui sommes à Dakar, sommes ainsi lotis, quel doit être leur sort ? Ils peuvent recevoir toutes les claques de la vie, ils ne pourront que prier et accepter leur mauvaise fortune. Il faut leur souhaiter de ne pas tomber malades. Nous en sommes arrivés à ce point. Comme si nous étions mutilés, incapables de changer nos destins. La vérité, elle est là, indécente : au Sénégal nos possibilités de bien vivre sont limitées.
C’est pourquoi il faut régler les comptes, ici, sur terre. C’est impossible de continuer à vivre dans ces conditions dégradantes. Ce qui frappe, c’est que tout cela semble normal. Pourquoi cette démission de l’humanité, chez nos dirigeants ? Pourquoi tant d’arbitraire dans leur esprit ? Pourquoi cette faiblesse du corps social, toujours stoïque, face à ces situations de précarité ? Pourquoi l’intelligence collective est déviée, vers autre chose que la rationalité et le bien commun ? Pourquoi les accidents et les blessures de l’histoire ne sont pas des expériences utiles ? Pourquoi nous ne répudions pas les fatalités qui nient notre droit à la vie ? Pourquoi toutes ces négligences ? Il faut certainement que s’ouvre dans notre pays, et partout ailleurs en Afrique, une nouvelle ère. Qui sera le début d’une civilisation en croissance.
Retrouvez sur SenePlus, "Notes de terrain", la chronique de notre éditorialiste Paap Seen tous les dimanches.
ILS ONT ESSAYÉ D'ENTRAVER LA MISSION DE SERIGNE TOUBA
Le livre de Mbaye Gueye Syll révèle comment des responsables autochtones ont servi de relais à la haine, pour libérer la force coloniale contre les disciples de Cheikh Ahmadou Bamba
«Ce Cheikh Ahmadou Bamba détient certes, une puissance innée dont la raison ne parvient pas à saisir la source et expliquer la capacité de forcer la sympathie. La soumission des hommes envers lui est extraordinaire, leur amour pour lui les rend inconditionnels.»
C’est le livre de Mbaye Gueye Syll qui nous rappelle ces lignes d’Arthur Antoine Lasselves. Contemporain de Marty, Lasselves a été commandant du cercle de Diourbel de 1913 à 1915.
Ce récit historique princeps, était devenu impérieux. Il nous apporte beaucoup de précisions sur les noms, mais surtout les dates et les lieux. Il corrige des confusions qui parasitent une partie du geste de Serigne Touba relayé par la tradition orale. La vérité est rétablie sur les motifs de destitution et déportation de Samba Laobé Ndiaye, roi du Djolof. Il a rejoint Serigne Touba au Gabon en Janvier 1896.
Dans «Que sont devenus ceux qui ont essayé d’entraver la mission de Cheikh Ahmadou Bamba», le lecteur peut suivre à la trace «la trajectoire d'administrateurs coloniaux qui ont en commun un destin tragique, après avoir partagé leur haine contre Cheikh Ahmadou Bamba.»
Les détails sur le Lieutenant-colonel Marty, natif de l'Algérie française et fin lettré en arabe, rappellent le contexte hostile. Lorsque Paul Marty débarque à Dakar en octobre 1912, Cheikh‘ul Khadim réside en surveillance à Diourbel depuis neuf mois. Marty inaugure «un poste taillé à sa mesure : la Direction des Affaires musulmanes au Gouvernement général de l’AOF». Dès lors, il va s’échiner avec une obsession morbide à opposer des Sénégalais entre eux, en faisant subir aux mourides l’acrimonie de leurs compatriotes.
Le livre de Mbaye Gueye Syll révèle comment des responsables autochtones ont servi de relais à la haine, pour libérer la force coloniale dans sa propension à multiplier les abus de tout genre contre les disciples de Cheikh Ahmadou Bamba et conduire aux deux déportations de leur guide.
Quant aux administrateurs coloniaux, ils sont impliqués à des degrés divers dans les persécutions. Dépoussiérés de l’anonymat par le livre, ils ont pour nom Clément Thomas, Allys, Chaudié, Merlin, Mouttet, Leclerc. Ces deux derniers, revêtus de leur manteau d'administrateur se sont pris pour des commis de l’empyrée. Ils n’étaient juste que des apprentis flibustiers de la colonie. Ils se sont engouffrés et embourbés dans la geste non-violente d’un Cheikh Ahmadou Bamba, dont la mission dans les forêts périlleuses du Gabon était inéluctable. Louis Mouttet et Marius Leclerc appuyés par un certain Martial Merlin, ont essayé d'habiller des motivations privées pour élaborer un procès-verbal apparemment postdaté, de ce conseil bien privé, du samedi 05 septembre 1895.
Dès lors, leur carrière voguera de charybde en scylla «comme celle du bateau ville de Pernambouc qui a transporté Cheikh’ul Khadim vers Libreville. Le navire finira à la démolition navale en novembre1907.»
Le Paquebot du retour, identifié sous le nom de «ville de Macéo, semble avoir eu une destinée plus heureuse, qui accostera en fin de cycle dans un musée navale. En effet, c’est un passager extraordinaire qui a débarqué de son flanc, le 11 novembre 1902, sur le quai du tout nouveau port de Dakar. La foule compacte, était en extase devant Serigne Touba auréolé de gloire, comme s’il venait de survoler la canopée de la forêt équatoriale où des ennemies avaient voulu enfouir son aura.
Merci encore à Mbaye Gueye Syll, pour sa rigueur d’archiviste que tous lui reconnaissent. Avec générosité, il vient d’offrir aux disciples mourides, aux sympathisants et aux lecteurs de la Diaspora sénégalaise, une nouvelle contribution scientifique, sur ce pan de l’histoire de l'Afrique.