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4 mai 2025
Opinions
par Yoro Dia
GOUDIRY, POSTE AVANCÉ DE LA STRATÉGIE MILITAIRE
Gouverner c’est prévoir. Prévoir pour le Sénégal, c’est tout faire diplomatiquement et militairement pour éviter l’effondrement du Mali, notre dernier rempart face aux hordes jihadistes qui n’ont jamais caché leur intention de marcher vers l’Atlantique
«Gouverner c’est prévoir, mais défendre c’est prévenir», nous dit Henry Kissinger. En implantant un camp militaire à Goudiry, l’Etat du Sénégal met le curseur sécuritaire au-delà du «prévoir», pour le poser sur le «prévenir». Rien qu’en regardant une carte, on comprend facilement que le camp de Goudiry a vocation à servir de verrou au cas où nous serions amenés à mener la guerre de l’Est, au cas où le Mali s’effondrerait de nouveau et qu’il n’y aurait pas l’Armée française pour stopper les hordes jihadistes. Les opérations Serval et Barkhane ont donné au Sénégal un sursis stratégique. L’Etat qui n’avait pas compris que l’intervention française était un sursis stratégique a tardé à prendre conscience que les menaces futures viendraient de l’Est. Mais avec le camp de Goudiry, l’Etat a enfin ouvert les yeux. Mieux vaut tard que jamais ! Le Sénégal s’en est très bien sorti avec les guerres du Sud (Casamance, Gambie, Guinée Bissau), mais doit se préparer à celles de l’Est, avec ses deux acteurs sur la scène internationale (le diplomate et le soldat).
Ce jeudi, le Président Macky Sall va faire le diplomate à Bamako pour aider à trouver une solution politique à la crise. Mais auparavant, il fait son devoir de chef des Armées en ordonnant la construction du camp militaire à Goudiry. Gouverner c’est prévoir. Prévoir pour le Sénégal, c’est tout faire diplomatiquement et militairement pour éviter l’effondrement du Mali qui est notre dernier rempart face aux hordes jihadistes qui n’ont jamais caché leur intention de marcher vers l’Atlantique. Prévenir c’est se préparer à affronter ce scénario catastrophe. Le Sénégal est à peu près dans la même situation que l’Angleterre au début de la seconde Guerre mondiale. Churchill, qui avait compris que la France était le dernier rempart contre les hordes nazies, a tout fait sur le plan militaire (corps expéditionnaire) et sur le plan politique (proposition d’union entre les deux pays) pour éviter l’effondrement de la France. Après la débâcle de Dunkerque, il s’est donné les moyens militaires de résister à la machine de guerre nazie. Aujourd’hui, éviter l’effondrement du Mali est le premier problème de sécurité nationale du Sénégal, car cela entre dans le cadre d’une logique de défense préventive qui veut qu’on n’attende pas les jihadistes à nos frontières, mais les contenir au Mali, c’est-à-dire aider les Maliens à les contenir.
Aider le Mali, c’est renforcer notre propre sécurité, ce n’est pas de l’altruisme sécuritaire. L’expression «Quand la case du voisin brûle, il faut l’aider à éteindre l’incendie» n’a jamais eu autant de sens pour nous. La case du Mali se consume militairement et politiquement, apportons des seaux d’eau pour aider à éteindre l’incendie, mais cherchons aussi à circonscrire l’incendie en nous préparant aux guerres de l’Est ! Dans le Sud, l’Armée est en train de gérer une violence résiduelle, mais la marche vers la paix est irréversible. Cette paix qui fera de la Casamance, de la Gambie et de la Guinée Bissau une zone de coprospérité. La guerre du Sud a été gagnée, celle du Nord n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu grâce au pétrole et au gaz qui nous lient à la Mauritanie. Préparons celle de l’Est, et le camp de Goudiry est un grand pas dans la bonne direction, car c’est la preuve que l’hypothèse de la guerre de l’Est a dépassé le stade de spéculation stratégique pour devenir une menace.
par Oswald Padonou
ET SI LE MALI OSAIT LE FÉDÉRALISME ?
Que vaut un gouvernement d’union nationale dans un contexte de discrédit de l’ensemble de la classe politique et une montée en puissance des leaders religieux au moyen de discours ambigus propres à rompre le pacte républicain vacillant ?
Jeune Afrique |
Oswald Padonou |
Publication 22/07/2020
Alors que cinq présidents ouest-africains sont attendus ce jeudi à Bamako pour tenter de trouver une issue à la crise politique, la solution envisagée d’un « gouvernement consensuel d’union nationale » est-elle la plus pertinente ?
Face à un risque de radicalisation des positions – celles de la mouvance du président Ibrahim Boubacar Keïta comme celles du Mouvement du 5 juin (M5-RFP) qui réclame son départ –, la seule véritable offre politique en débat est la formation d’un « gouvernement consensuel d’union nationale », proposition d’ailleurs soutenue par la Cedeao.
Sauf que cette recette, usée à l’envi sur le continent, souvent à mauvais escient, n’a jamais permis d’ancrer la démocratie. Tout au plus facilite-t-elle les jeux de positionnement du personnel politique et de répartition des rentes du pouvoir.
Au Mali comme ailleurs en Afrique subsaharienne, l’évocation d’un gouvernement d’union nationale répond généralement à des logiques inavouées de « partage du gâteau national » ou à des stratégies d’éviction des concurrents. Si cette formule en trompe-l’œil a la vertu de calmer les ardeurs des uns et des autres, elle se révèle fréquemment annonciatrice de tempête.
Briser le cercle vicieux
Sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré et sous celle d’Amadou Toumani Touré, le Mali a constitué, à plusieurs reprises, des gouvernements d’union nationale, et érigé au rang de théorème la gouvernance consensuelle, pensée et présentée comme la panacée aux crises – jusqu’à ce que ces dernières éclatent et deviennent parfois incontrôlables, comme celles qui courent depuis 2012.
Que vaut un gouvernement d’union nationale dans un contexte de discrédit de l’ensemble de la classe politique, avec un taux moyen de participation aux dernières élections en deçà de 35 % et une montée en puissance des leaders religieux qui occupent l’espace politique délaissé au moyen de discours ambigus propres à rompre le pacte républicain vacillant ? Certainement pas grand-chose.
EXCLUSIF SENEPLUS - Les méfaits de la mal-gouvernance qu'elle soit aux Etats-Unis, au Mali en Côte Ivoire ou encore au Sénégal - Volonté politique de favoriser l'accès à la propriété immobilière
Réalisation et montage Boubacar Badji |
Publication 22/07/2020
Lu Bees, avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar. Dans ce numéro :
Ousseynou Nar Gueye revient sur le foncier au Sénégal, au coeur de l'actualité. La volonté politique de favoriser l'accès à la propriété immobilière et de répondre aux demandes d'espaces verts urbains, mais aussi une persistance de l'insécurité juridique du régime des titres de propriété.
De son côté, René Lake met en exergue les méfaits de la mal-gouvernance qu'elle soit aux Etats-Unis, au Mali en Côte Ivoire ou encore au Sénégal avec cette polémique du transfert des oryx gazelles, espèces protégées, dans la propriété d'Abdou Karim Sall. Partout, la mal gouvernance a des effets désastreux. Que l'on soit dans un pays puissant comme les Etats-Unis ou un pays pauvre comme le Mali.
Lu Bees est un talk audiovisuel hebdomadaire de SenePlus et Tract, réalisé et monté par Boubacar Badji.
LU BEES AVEC RENÉ LAKE ET OUSSEYNOU NAR GUEYE
VIDEO
E FONCIER AU SÉNÉGAL, LA MAL-GOUVERNANCE PARTOUT
Les méfaits de la mal-gouvernance qu'elle soit aux Etats-Unis, au Mali en Côte Ivoire ou encore au Sénégal - Volonté politique de favoriser l'accès à la propriété immobilièr
Réalisation et montage Boubacar Badji |
Publication 22/07/2020
Lu Bees, avec René Lake à Washington et Ousseynou Nar Gueye à Dakar.
Dans ce numéro, Ousseynou Nar Gueye revient sur le foncier au Sénégal qui est au coeur de l'actualité. Volonté politique de favoriser l'accès à la propriété immobilière et de répondre aux demandes d'espaces verts urbains, mais aussi persistance de l'insécurité juridique du régime des titres de propriété.
De son côté, René Lake met en exergue les méfaits de la mal-gouvernance qu'elle soit aux Etats-Unis, au Mali en Côte Ivoire ou encore au Sénégal avec cette question du transfer des biches dans la propriété d'Abdou Karim Sall. Partout, la mal gouvernance a des effets désastreux. Que l'on soit dans un pays puissant comme les Etats-Unis ou un pays pauvre comme le Mali.
Lu Bees est un talk audiovisuel hebdomadaire de SenePlus et Tract, réalisé et monté par Boubacar Badji.
par Ousseynou Nar Gueye
BILLET D'HUMEUR, MON ADRESSE AUX DÉFAIDHERBEURS
Que les déboulonneurs « défaidherbeurs » soient cohérents et utilisent donc une autre langue, que celle du forcément infâme colonisateur : qu'ils commencent par s'interdire le recours au français
En ma qualité de Faidherbien, persuadé que je suis que Faidherbe est une figure sénégalaise à l'insu de son plein gré, je ne débattrai plus avec les déboulonneurs « défaidherbeurs » que s'ils sont cohérents et utilisent donc une autre langue avec moi, que celle du forcément infâme colonisateur : qu'ils commencent par s'interdire le recours au français.
Si nos échanges se font par écrit, je demande aussi aux « défaidherbeurs » de ne plus utiliser l'alphabet dans lequel nous avons "codifié" nos langues sénégalaises (et africaines), puisque cet alphabet est une resucée de l'écriture phonétique des langues latines et donc du français, oripeaux colonialistes qu'il faut jeter à la mer en même temps que les statues honnies. Les « défaidherbeurs » cohérents avec vous-même, j'attends que vous postiez vos audios en langues africaines en réponse sous cet article, dans les fils de mes réseaux sociaux, ou en direction de ma boite WhatsApp (bon, pour Whatsapp, appli "africaine", c'est plus facile...), en attendant que vous trouviez un alphabet dépouillé d'origine allogène et d'effluves coloniales, pour véhiculer vos mots dans la langue non d'origine coloniale avec laquelle vous me parlerez.
Il restera à remplacer, fissa et plus vite que ça, la langue officielle et la langue d'enseignement qu'est le "phrançais" par l'anglais par exemple (comme l'a fait l'exilé anglophone Kagamé après les 800 000 morts en 100 jours du Rwanda en 1994), des Anglais qui ont eu le bon goût de ne coloniser que la Gambie, ce suppositoire du Sénégal, dans notre proximité immédiate, et de s'arrêter à nos frontières comme les nuages du gaz de Tchernobyl. Ou mieux encore, remplacer le français par le suédois (la Suède, pays du SG des Nations-Unies, Dag Hammarskjöld, n'ayant colonisé personne, au moins pas dans nos contrées tropicales).
Je compte sur les Défaidherbeurs aussi pour persuader et même contraindre notre leadership politique actuel ou celui qui adviendra dans un futur proche, à rompre les relations diplomatique avec « l'Afrance » et à lui déclarer un état permanent de guerre de réparation, pour 130 ans.
Pendant cette guerre de réparation, nous ne manquerons pas de marcher militairement sur Lille, où on demandera aux indigènes du cru déboulonneurs de la statue locale de leur compatriote Faidherbe de nous restituer plutôt le fruit des rapines économiques de Faidherbe, évalué en monnaie constante au cours actuel de l'Éco non encore né, n'est-ce pas ; rapines et vols qui ont contribué au PIB de « l'Afrance ». C'est moins folklorique et plus efficace que de jeter à bas une statue lilloise. Bref, vaste programme que la « défaidherbisation », dont je me félicite d'être installé aux premières loges pour en contempler la reconquête martiale.
Ce qui me rappelle que devant une inscription murale : "A mort, les cons !", le certainement raciste De Gaulle avait aussi dit : "Vaste programme".
Ousseynou Nar Gueye est fondateur-éditeur du site d'informations Tract, General Manager d'Axes & Cibles Com
par Oumou Wane
DE LA MONTÉE EN PUISSANCE DE L’ANTI-FRANCE EN AFRIQUE DE L’OUEST
EXCLUSIF SENEPLUS - L’hypocrisie est à son comble entre le discours à succès de cette Afrique qui «décolle » et la réalité sur le terrain. Les contours d’une nouvelle relation entre l’Afrique et la France sont loin de se dessiner
Le problème avec la France, ce grand bailleur de l’Afrique de l’Ouest, c’est l’ambiguïté entre le sentiment d’amour qu’on lui porte et la dépendance structurelle de nos économies vis-à-vis d’elle.
Voici pourquoi la réforme du Franc CFA est une tâche délicate que l’Afrique devra réussir en gérant l’implication de la France pour ne pas réveiller de tensions dans la région autour de la création de cette monnaie unique, qui ne doit pas être un avatar du franc CFA, ni un mécanisme de substitution vécu comme une dépendance humiliante.
Oui le monde change et la France doit l’entendre si elle ne veut pas que la jeunesse africaine poussée au front par les souverainistes et panafricanistes la somme de ne plus toucher à l’Afrique ou de lui ficher la paix !
Bien sûr pour ma génération, il y a toujours cet attachement à la France et une partie de notre histoire commune mais la réalité aujourd’hui c’est que les solutions du passé ne sont pas à la hauteur des enjeux économiques et démographiques du continent.
D’une part, la France n’est plus la grande puissance coloniale qu’elle fut, mais surtout, la mondialisation et sa marche inéluctable a depuis plusieurs années changé la donne et redistribué les cartes entre les acteurs internationaux comme la Chine ou le Moyen-Orient qui ne tarderont pas si l’on n’y prend garde à contrôler à leur tour l’économie africaine.
Ce que les partenaires contemporains de l’Afrique ont bien compris, c’est que le XXIe siècle est le siècle africain, tant la croissance démographique y est forte et les besoins considérables.
En ce qui nous concerne au Sénégal, le pays connait depuis plus de dix ans une croissance économique record, de 5 à 6 points annuelle, et même s’ils ne sont pas suffisants pour éradiquer l’extrême pauvreté d’une partie de la population, ils sont une garantie qui nous permet de nous tourner vers d’autres partenaires, en particulier la Chine, dont la percée en Afrique rappelle que le continent n’est désormais plus une chasse gardée.
La France mesure-t-elle pleinement ce grand changement qui est en train de se produire dans le monde ? Car à part réécrire mille fois la page de la colonisation, multiplier les paroles de repentance et dénoncer les dérives de la «Françafrique », les contours d’une nouvelle relation d’amitié désintéressée entre l’Afrique et la France sont loin de se dessiner. Pire encore, l’hypocrisie est à son comble entre le discours à succès que l’on connait, cette Afrique qui «décolle », « novatrice et dynamique » et la réalité sur le terrain social et sociologique.
Dans la société française, combien encore aujourd’hui de jeunes et moins jeunes trouvent les portes closes à cause de leur couleur de peau ? Combien sont bloqués dans leur ascension sociale ? Combien occupent des postes en vue ou à responsabilité ? En France en 2020, être banlieusard, musulman et noir, c’est encore être victime de discriminations ordinaires. Un racisme vécu tous les jours qui se nourrit de préjugés : " Dans leur tête, quand tu es noir, la violence, tu connais..."
Comment s’étonner dès lors que resurgisse en Afrique francophone le sentiment antifrançais, même s’il va de soi qu’il faut le réfréner et le condamner, au nom de la tolérance et du vivre-ensemble. La France, à travers ses équipes gouvernementales successives, tente de se faire pardonner ses fautes en Afrique par l’usage politicien et intéressé de slogans opportunistes. Ne devrait-elle pas, tout au contraire, se lancer dans la refondation du partenariat culturel pour une relation d’amitié vraiment renouvelée ?
Il est plus que temps avant toute chose que les préjugés cessent et que la société française change et se transforme en profondeur. C’est un devoir de justice et de vérité. Non, la couleur de peau ne vous définit pas, ne limite pas vos possibilités, bien au contraire. Mais si on vous fait comprendre dès votre naissance que votre couleur est différente, vous êtes déstabilisé et fragilisé.
Il faudrait pour changer les choses une prise de conscience historique, notamment des ex-puissances coloniales, qui devront en premier lieu rendre les biens culturels accumulés durant la période coloniale ! Et tant pis pour ceux qui pensent que rendre les biens culturels à l’Afrique ne sauvera pas la culture africaine, car ce ne sera plus leur affaire !
A ce sujet, et comme on ne peut pas tout reprocher à la France qui est loin d’être majoritairement raciste et nationaliste, je veux saluer l’engagement très fort sur les patrimoines africains du président Macron « pour que la jeunesse africaine ait la possibilité d’accéder à son patrimoine, à son histoire en Afrique ».
Pour autant, même si restitution et réparation sont indissociables pour apaiser les esprits, restaurer la confiance et retrouver l’estime réciproque, il restera un long chemin à faire contre l’oubli et l’amnésie.
Par Abdou SANE
APRES DIX ANS D’APPLICATION DE LA LOI SUR LA PARITE, QUELLES PERSPECTIVES ?
Face aux inégalités constatées entre les hommes et les femmes, le législateur au terme de plusieurs textes législatifs et réglementaires a mis en place de l’Observatoire National de la Parité afin d’impulser une dynamique pour redresser ces injustices.
Face aux inégalités constatées entre les hommes et les femmes, le législateur au terme de plusieurs textes législatifs et réglementaires a mis en place une institution dénommée Observatoire National de la Parité en vue d’impulser une dynamique à même d’aider à redresser des injustices que rien ne justifie.
Toutefois, dix ans après, le constat est toujours amer. La situation de la femme est peu reluisante (aggravation de la pauvreté, fréquence d’atrocités multiformes, persistances de certaines barrières aux antipodes de la dignité humaine…).
Conscient du fait que c’est par le contrôle du pouvoir que la femme va pouvoir s’affranchir de l’injustice, le législateur a décidé que pour les instances électives, la parité reste absolue (loi 2010-11 du 28 Mai 2010).
Etre présent dans les instances électives ne signifiant pas une fin en soi mais plutôt un moyen permettant d’atteindre un idéal : un monde où la différence de sexe ne doit plus être considérée comme une contrainte. Un monde où les deux sexes doivent être d’égale dignité.
L’erreur a été de croire que ce combat est celui des femmes. Ce qui s’est traduit par une inégale répartition dans la composition de l’observatoire national de la parité où les hommes occupent une place marginale. Plus absurde la présidence ne peut être exercée que par une femme. Ce qui est contraire à notre législation qui ne reconnait pas le principe de la discrimination fondée sur le sexe, la race, l’ethnie, la religion, l’origine géographique ou sociale…
En réalité la bataille en faveur de la promotion du genre relève moins d’une appartenance à un quelconque statut plutôt que par l’existence de fortes convictions fondées sur la justice sociale, les droits humains. A ce niveau aucun sexe n’a le monopole de la justice…Il ya lieu de faire preuve de discernement pour éviter de tomber dans les travers des préjugés.
Autant des hommes ont affiché des idées rétrogrades visà-vis des femmes, autant des femmes ont manifesté des comportements à la limite de l’hérésie. Dans certains cas nous avons noté l’opportunisme d’une certaine catégorie de femmes qui se nourrissent des misères de leurs sœurs. Elles exploitent les données peu reluisantes sur la femme, pour alimenter leurs ambitions personnelles. Ce cas s’illustre au niveau politique.
Des femmes à la faveur de la loi sur la parité ont été élues. Une fois installée, elles renoncent à leurs convictions au motif que leur nouvelle position est incompatible avec certaines formes de combat. Leurs nouveaux soucis restent liés à la stratégie de consolidation de leurs nouveaux privilèges… Que la loi soit bafouée sous leur nez, elles préfèrent s’auto censurer car leur priorité demeure la sauvegarde de leurs ambitions personnelles.
Pour la mémoire historique, des femmes politiques de convictions à l’abri de toute forme d’opportunisme ont brillamment marqué l’histoire de la lutte en faveur de la promotion de la parité. Ce sont des femmes intraitables sur la question peu importe la situation : il s’agit de la brillante intellectuelle Marieme Wone ly, une des premières femmes candidates à une élection présidentielle, Mme Aida Mbodj toujours constante et icône de ce combat, de l’incorruptible Ministre Marie Pierre Sarr.
Des femmes promues au nom de la parité oublient leur combat initial .Leur nouvelle fonction devenue subitement une fin en soi. Force est de reconnaître que le combat pour la réussite de la loi sur la parité est donc une affaire de tous sans distinction de sexe. Travaillons à identifier des hommes et des femmes de convictions pour gagner cette bataille gage d’un développement durable.
par El hadji Malick Ndiaye
L’ART DU PEU OU L’AGRICULTURE À L’ÉPREUVE DE LA CULTURE
Les Occidentaux veulent une agriculture à taille humaine, des moyens de transports plus propres, plus d’activités physiques, moins de sucre, moins de gras. Tout ce que nous avions chez nous et que le consumérisme radical nous apprend à dévaloriser
Je fais partie de cette catégorie de la population qui ne sert à rien et qui ne fait que parler, c’est à dire les universitaires, et qui plus est, intervenant dans les sciences humaines. Je n’ai pas l’intention de vous juger sur Ndingler et je me réjouis que vous ayez accepté de céder un peu de terrain aux paysans. Je m’excuse aussi de m’adresser à vous plutôt qu’à la SEDIMA comme vous l’auriez peut-être souhaité. Il se trouve que c’est vous même qui avez entretenu la confusion puisque vous dites qu’en vous retirant des affaires, vous irez quand même vous installer sur les terres de la SEDIMA. Si vous pouvez vous octroyer ce privilège, c’est peut-être parce qu’en un sens la SEDIMA c’est vous.
Il ne s’agit donc nullement de vous critiquer, mais en tant qu’apprenti-paysan de partager ma vision qui bien évidemment est aux antipodes de la vôtre. Il y a quelques années j’ai décidé d’investir dans l’agriculture, en achetant un petit lopin de terre (environ 2ha). J’aurais pu acheter plus grand, viser plus haut, m’inspirer, comme vous le dites si bien, des champions. Mais j’ai compris que la plus belle des réussites, ne sera jamais d’accumuler des terres et de la richesse, mais de contribuer à faire de l’Afrique un endroit meilleur à vivre. C’est l’ambition qui devrait nous animer pour ce millénaire, et c’est sûrement le vôtre, mais je me permets de vous dire avec beaucoup d’humilité que certains moyens peuvent être discutables. S’octroyer des centaines d’hectares n’est pas forcément le choix le plus productif de faire de l’agriculture. Ni le meilleur moyen de promouvoir plus de justice sociale, vous vous en êtes rendu compte. Mais au-delà de votre personne, c’est notre pays qui se fourvoie dans son idée de la réussite.
Le plus grand désastre de la colonisation, c’est peut-être pour l’Afrique, ce grand complexe du gigantisme. Notre course au succès est en décalage total avec des phénomènes aussi simples et décisifs que le développement humain et l’intelligence communautaire. Nous sommes tous convaincus que nous avons besoin d’en amasser le plus possible pour être au sommet. Au moment même où les pays qui nous servaient de modèles font leur mea-culpa, repensent leurs économies pour réduire leur impact sur l’environnement et offrir plus de place au vivant.
Nous sommes convaincus que l’agro-business doit être le choix ultime alors tous les gouvernements responsables encouragent la permaculture et l’occupation intelligente des terres et l’agroforesterie. Sur les 12170 millions d’hectares de terres plus ou moins utiles sur cette planète, nous utilisons environ 2,9 hectares par personne, encore que la biocapacité individuelle est largement inférieure (1,7 ha/per capita). Notre responsabilité n’est pas de produire plus que les autres, mais de produire assez pour vivre et durer. Nous célébrons un contre-modèle de développement malgré le succès discutable des cultures latifundiaires américaines et brésiliennes. Ces pays où l’heure est davantage aux questionnements sur des modèles d’agriculture durable et respectueux des sols. En homme intelligent et informé, vous avez certainement entendu parler du SARE (The Sustainable Agriculture Research and Education) aux USA et de l’AS-PTA (Assessoria e serviços a projetos em agricultura alternative) au Brésil. L’agro-écologie est inscrite au cœur des politiques gouvernementales de la France, de l’Allemagne, de la Suède…Ces initiatives visent à imaginer des pratiques agricoles favorables au plus grand nombre et non plus à enrichir de grands investisseurs. Et ne parlons pas d’autosuffisance alimentaire. Nous savons aujourd’hui que les techniques de permaculture intensive permettent d’obtenir sur 1000 m2 une production égale ou proche à celle d’un hectare d’agriculture motorisée. Mais cela demande de l’effort et de l’imagination. C’est certainement aussi une question de vision.
Le monde qui nous fascine, celui des occidentaux qui nourrit notre névrose est d’accord pour inscrire le biologique comme priorité dans son alimentation. Les Occidentaux veulent une agriculture à taille humaine, des circuits de production de plus en plus courts. Ils veulent des moyens de transports plus propres, plus d’activités physiques, moins de sucre, moins de gras. Tout ce que nous avions chez nous et que le consumérisme radical nous apprend à dévaloriser et à détester. Vous savez tout cela. Mais vous nous dites que le fastfood c’est bien, les tracteurs qui déracinent les baobabs c’est bien, les tonnes de méthane et de gaz à effet de serre issues de l’agriculture industrielle, c’est bien. Pour vous, imaginer un modèle calibré sur ce que notre sol peut contenir ressemble à un manque d’ambition. C’est d’ailleurs ce qui ressort de votre lecture des pratiques séculaires agricoles. Ces « riens », ces grandes surfaces inexploitées sont notre plus grande richesse, ne les saccageons pas pour le profit. J’applaudirais si les 300 hectares que l’on vous a octroyés pouvaient servir à développer des modèles alternatifs de cultures en s’appuyant sur la paysannerie et son savoir-faire. Je ne dis pas que c’est votre responsabilité, vous êtes libre d’utiliser votre fortune comme bon vous semble. Mais vous parlez beaucoup de votre amour du Sénégal, et j’essaie d’attirer votre regard sur ce qui pourrait servir aux paysans sénégalais : ce n’est pas le cultiver plus, c’est le cultiver mieux. Mettez vos moyens à disposition de nos communautés, apportez une expertise, une logistique, financez la recherche et respectez le choix de ne pas demander à la terre plus que celle qu’elle ne peut donner. Vous serez mon champion.
Pour finir, je vous dirai que je n’ai aucune animosité à votre égard, je n’ai aucune ambition politique, aucun désir de vous mettre à mal contre qui que soit. Ne développez pas cette paranoïa de penser que tous ceux ne sont pas d’accord sur Ndingler ont quelque chose contre vous. Je m’adresse à vous comme à tous les capitaines d’industrie de notre pays. L’ultralibéralisme n’est pas l’avenir de l’Afrique. C’est un système qui ne marche nulle part sauf pour une petite partie de la population. En cela, il est injuste. Vous avez certainement votre ambition et les lois de notre pays avec vous. Cela peut se concevoir. Mais il y a deux choses que nos paysans ont avec eux : la dignité et la sagesse. Et c’est ce qui les rend si admirables à nos yeux.
par l'éditorialiste de seneplus, ousseynou bèye
CES INTELLECTUELS SÉNÉGALAIS AU GARDE-À-VOUS DEVANT FAIDHERBE
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment ne pas comprendre cette vérité évidente selon laquelle : les héros d’une nation conquérante et coloniale sont aussi les bourreaux du peuple conquis et asservi ?
Ousseynou Bèye de SenePlus |
Publication 21/07/2020
« Ce que je vous demande,… de quel côté vous auriez été, vous Cordelier Mathews, il y a mille neuf cent soixante et une années, lorsqu’on arrêta et mit à mort, en Judée, sous l’occupation romaine, un de vos contemporains, un certain Jésus ? Allons ! Retirez-vous ! Assassin du Christ ! »
Aimé Césaire (Une saison au Congo, Editions du Seuil)
C’est Antonio Gramsci, intellectuel et philosophe italien du début du 20e siècle et théoricien de la révolution et du rôle de l’intellectuel dans la société, qui disait que « Tous les Hommes sont des intellectuels, (mais que) tous n’ont pas la fonction sociale d’intellectuels ».
Il faut bien convenir en effet, que tout être humain est doué de cerveau, siège ou outil de la réflexion et qu’en plus, la société se charge de lui inculquer la culture, cet « acquis » qui lui permet de se projeter à la fois dans l’abstraction et dans le futur. Ce faisant, n’importe quel individu est à même de « produire un discours ». Mais pour le philosophe italien, l’intellectuel est celui-là qui, au-delà du discours qu’il sert, sait sentir et exprimer le vécu du peuple. Il anticipe alors sur le devenir de celui-ci en lui indiquant la voie de son émancipation. Cela ne serait possible que si lui-même, élément « organique » de ce peuple, sait traduire justement les aspirations de celui-ci.
Or donc, tous ces derniers temps le pays, le Sénégal, bruit d’un tintamarre des plus surréalistes nous venant essentiellement de sa frange intellectuelle. Le sujet de tant de fureurs n’est rien d’autre que la statue du colonialiste en chef, Faidherbe, qui trône sur la place éponyme, sise à Saint-Louis du Sénégal, ancienne capitale coloniale de l’ex-empire français d’Afrique de l’Ouest.
Certains sénégalais seraient-ils pris de nostalgie coloniale ?
La tragique question est de savoir s’il faut déboulonner ou maintenir en l’état cette statue érigée par l’ancien occupant, il y a de cela exactement cent trente-quatre années. C’était en 1886.
Pendant ce temps, aux Etats Unis d’Amérique, en Europe et un peu partout ailleurs, dans le monde, à la faveur du vaste mouvement protestataire né de l’assassinat abominable de Georges Floyd par des sbires racistes, les activistes abolitionnistes ou progressistes, sans se poser de questions, s'en sont donnés à cœur-joie pour faire tomber tous les monuments érigés à la gloire des esclavagistes de l’époque du dressage et de l’exploitation de « l’outil animé ».
Chez nous donc, certains membres de l’intelligentsia sénégalaise, et pas des moindres, se sont fait les avocats du statu quo, arguant pour l’essentiel, qu’il faut respecter l’Histoire et le patrimoine national, étant entendu que le fait colonial en serait partie intégrante. De ce point de vue, il importerait de se prémunir de tout complexe d’infériorité et de tout racisme à rebours ! Mieux ou pis (c’est selon), il faudrait être objectif et reconnaitre « certains bienfaits du colonialisme », lequel « renfermerait tout de même certains aspects positifs ». La preuve la plus édifiante brandie pour asseoir une telle argumentation : l’érection du monumental Pont… Faidherbe qui a survécu à son concepteur dont il porte le nom, au grand bonheur des Sénégalais en général, et des Saint-Louisiens en particulier. Et l’un de ces éminents intellectuels de brandir malicieusement son argument-massue : si jamais les Sénégalais passaient le Rubicon, les Lillois, citoyens d’une métropole de moyenne envergure du Nord de la France et ville natale de Faidherbe, risqueraient – oh, malheur ! – de retenir désormais les « éventuelles » subventions qui accompagneraient le jumelage de cette municipalité avec la capitale du Nord du Sénégal. Toujours cette propension incontrôlée du colonisé (vaincu et servile), à se jeter sur les « desserts » offerts par le colon magnanime, trônant et plastronnant au milieu des corps faméliques ; la main pathétiquement tendue.
Les tenants de cette position du statu quo ont certainement sorti d’autres arguments se voulant plus persuasifs, les uns que les autres.
Pour se faire plus convaincants, certains ont jugé bon d’exhumer la mémoire de feu Golbert Diagne, personnage charismatique et emblématique de la ville de Saint-Louis, s’il en fût, et qui s’était montré l’avocat éloquent de cette position, avant de nous quitter pour l’autre monde – qu’Allah swt ait pitié de son âme ! -.
Et pourtant, devant la faiblesse de ces arguments, on est bien tenté de lancer aux défenseurs de Faidherbe : RIEN QUE CELA !
Tout d’abord, il importe tout de même de prendre bien soin de délimiter et déterminer les contours et la teneur du débat.
Le Sénégal, à l’instar de la plupart des pays africains, après trois cents ans d’esclavage, fut soumis au joug colonial durant près de deux siècles, suite à la conquête et à l’occupation du territoire national par la puissance française, par le glaive, le feu et le sang. Cette entreprise impériale coûta au continent africain plus de deux cent millions de pertes en vies humaines, la dévastation de son environnement, le pillage de ses ressources, la démolition de ses villes et villages avec leurs infrastructures, la destruction de ses structures sociales, l’abolition de ses rites et croyances… Et l’on ne pourrait taire le viol de ses femmes, l’enrôlement forcé dans les armées coloniales de ses hommes les plus valides, l’endoctrinement de ses enfants domestiqués (endoctrinement dont les effets se font encore sentir à présent, au cœur même de ce débat qui nous préoccupe). La colonie du Sénégal, la plus ancienne des colonies françaises d’Afrique de l’Ouest, a payé un lourd tribut dans cette dramatique et sanglante séquence historique.
Naturellement, la nation française, comme il est de coutume en de pareilles circonstances, n’a pas manqué d’honorer ses filles et ses fils qui ont été les porte-étendards de ces conquêtes, de ces razzias, de ces « hauts faits d’armes », sans lesquels les desseins impériaux seraient restés vains. Qui songerait à leur en faire le reproche ? Tous les Etats ont le droit, voire le devoir (moral) de célébrer, d’honorer, de fêter leurs héros.
Et nous touchons ici au cœur du débat : il s’agit en l’espèce, non pas d’écrire (ou de nier) l’Histoire, mais de sanctifier (ou non) le culte de la mémoire de ceux qui auront déjà écrit cette Histoire (ou tout au moins des pans entiers de celle-ci) ; avec l’érection de leurs statues, la communauté concernée aura cherché, à bon droit, à garder en mémoire le souvenir de ses héros. Pour le partage avec les générations à venir, du culte qui leur est dédié.
Qu’on ne vienne donc pas prétendre que le geste consistant à déboulonner une statue reviendrait à nier la réalité de l’Histoire que charrierait le monument détruit. Car il ne s’agit pas ici de se positionner en négationniste pour occulter le fait accompli du passé. Ne s’agirait-il pas là plutôt, d’un geste d’une éminente signification culturelle, d’une haute portée politique, un geste historique qui exprimerait le refus de continuer à célébrer un personnage historique déterminé ; personnage qui serait un héros pour le conquérant et ancien colonisateur, mais qui aura été aussi, indubitablement, un bourreau pour le pays anciennement colonisé ? Comment ne pas comprendre cette vérité évidente selon laquelle : les héros d’une nation conquérante et coloniale sont aussi les bourreaux du peuple conquis et asservi ?
Faudrait-il désespérer de nos intellectuels ?
Il n’y a aucun doute, Louis Léon César Faidherbe, né le 3 juin 1818 à Lille et décédé le 28 septembre 1889 à Paris, ancien administrateur colonial au titre de Gouverneur du Sénégal, fut assurément un héros français, célébré encore es-qualité. Il en sera ainsi tant que le peuple français ou ses mandants n’en décideront pas autrement.
Faidherbe fut-il un héros du Sénégal ? La grande affaire !
Conquérant colonial du Sénégal, il présida aux destinées de notre pays pendant onze longues années (1854 – 1861 et 1863 - 1865) en tant que Gouverneur. A ce titre, parmi ses « bienfaits », on relève souvent : son « génie militaire » qu’il utilisa, avec un armement sans pareil pour l’époque et le contexte géographique, pour tirer sur tout ce qui bougeait, n’hésitant pas à enrôler les insoumis qui auraient eu la chance de ne pas périr de son fait ; sa « vision économique » qui le guidait dans la construction de forts, ponts avancés du négoce capitaliste européen pour mieux asseoir l’empire colonial ; son « humanisme » qui l’amenait à instituer l’école coloniale, lui permettant d’assujettir et de domestiquer les « indigènes ignares » ; son « altruisme » qui l’incitera à faire ménage avec une « négresse » qui ne méritera jamais d’être élevée au titre réservé d’épouse ; son ouverture d’esprit qui fit de lui le « fondateur des études africanistes », maitrisant à merveille les « langues locales », pour mieux connaitre de l’intérieur l’ennemi à abattre ou à soumettre ; sa « grande magnanimité » qui l’inspira à concevoir et à faire construire par la sueur et le sang des colonisés, le majestueux pont qui aujourd’hui encore porte son nom, une infrastructure maitresse dans le système d’occupation, de contrôle et d’administration de l’empire colonial français qui s’étendait bien au-delà des frontières du Sénégal…
Et quoi encore ? On pourrait certainement continuer à lister les nombreux « bienfaits » du généreux général… L’immense Aimé Césaire nous vient à la rescousse avec son art unique, singulier, répondre aux tenants des « progrès » et autres « bienfaits » du colonialisme :
« J’entends la tempête. On me parle de progrès, de « réalisations », de maladies guéries, de niveaux de vie élevés au-dessus d’eux-mêmes. Moi je parle de sociétés vidées d’elles-mêmes, des cultures piétinées, d’institutions minées, de terres confisquées, de religions assassinées, de magnificences artistiques anéanties, d’extraordinaires possibilités supprimées. On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilomètres de routes, de canaux, de chemins de fer. Je parle de millions d‘hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme. »
Mais qui donc commandait les forces étrangères qui envahirent et rasèrent, en mars 1855 les villages de Sowet, Njak-Aral, Njaral, Njajer, Marsa et Bakel… si ce n’est Faidherbe ? Qui alla récidiver le mois suivant pour massacrer 400 villageois à Nayé, petite bourgade de l’Est du Sénégal ? C’est bien toujours le même Faidherbe. Qui était allé raser en en juin et août de la même année les villages de Sóokóon, Njat Amar Faal, Cileen, Ros, Damga, Bakel, Kungël, Caabo… ? Encore lui, le général Louis Léon César Faidherbe. Mais qui donc a commis en décembre 1856 le forfait de piller et d’incendier Njit (dans le Njàmbur), Wadan et Baral ? Encore lui, le même insatiable Faidherbe. Qui donc encore, en mai 1859 s’en est allé brûler les champs, incendier les habitations et tuer les habitants des villages de Fatig et environs ? Sans surprise, la réponse demeure la même : Faidherbe le sanguinaire est encore aux manettes. Et qui, encore et encore, en mars et avril 1861 s’en est pris aux 25 villages de Kel et Mexe, puis Kër Aali et environs, laissant derrière lui désolation, ruines et cendres ? Faidherbe, toujours, le soldat au service de sa patrie, la France, pour casser du nègre et lever haut l’étendard impérial. Le récidiviste en chef ne s’arrêtera pas en si bon chemin : en 1864 le Boseyaa, dans le Fuuta connaitra à son tour, son lot de désolation… Qui pourrait dresser un tableau exhaustif de ces razzias et de ces meurtres, de ces pillages et de ces abominations ? L’éminent professeur Iba Der Thiam ne s’y est pas aventuré ; nous renvoyant à un hagiographe de Faidherbe, il se contente du chiffre indicatif, et probablement sous-estimé de « 20 000 tués en 8 mois » !
En d’autres lieux et en d’autres temps, on parlerait certainement de génocide et/ou de crimes contre l’humanité. Et pourquoi donc le lieu et l’époque détermineraient-ils la caractérisation de faits barbares, dans l’absolu ? Tout ceci peut être constaté en toute lucidité et en toute sérénité. Sans émotion ni colère aucune. « Sans subjectivisme ». Mais sans avoir peur d’appeler les choses par leurs noms. Au risque d’être affublé d’un sarcastique « complexe de colonisé ».
Mais, il faut bien le dire, le génocidaire en service était bien fier de ses performances. Ne confiait-il pas, cyniquement, comme nous le rapporte l’historien Khadim Ndiaye, à sa tendre et chère maman, depuis l’Algérie où il régnait avant de venir continuer ses œuvres au Sénégal :
« J’ai détruit de fond en comble un charmant (sic !) village de 200 maisons et tous les jardins. Cela terrifia la tribu qui est venue se rendre aujourd’hui. »
Quel autre commentaire ajouter à cela ?
Voilà le monsieur que le Sénégal indépendant continue d’honorer. Et au moment où la jeunesse de ce pays, quelque peu déboussolée, se pose des questions sur la légitimité d’une telle posture, certains de nos intellectuels parmi les plus éminents se dressent en bouclier du général : « Touche pas à mon Faidherbe ! » C’est comme si notre pays était orphelin de grandes figures historiques ! Heureusement c’est un autre grand intellectuel, Ousmane Sémbène qui, avant de nous quitter (en 2007) posait déjà la question cruciale :
« Notre pays n’a-t-il pas donné des femmes et des hommes qui méritent l’honneur d’occuper les frontons de nos lycées, collèges, théâtres, universités, rues et avenues, etc. ? »
Pourtant le ministre Iba Der Thiam, sous le magistère de Diouf, avait bien ouvert la brèche en rebaptisant les écoles, collèges, lycées et universités dont il avait la charge ; mais probablement la volonté politique qui devait sous-tendre et accompagner cette heureuse initiative avait-elle fait défaut. Sinon, le débat qui nous occupe aujourd’hui n’aurait peut-être pas eu sa raison d’être ? En n’allant pas dans le sens indiqué par le célèbre cinéaste et grand patriote devant l’Eternel, ne nous ferions-nous pas les complices des assassinats de nos ancêtres par le Général Louis Léon César Faidherbe, ex-gouverneur du territoire du Sénégal ? Serions-nous des « Cordelier Mathews » qui, mille neuf cent soixante et une années après l’assassinat du Christ, se vit accuser, sans rien y comprendre- le pauvre ! -, d’en être l’auteur ? Mais, Cordelier Mathews, lui au moins, pourrait se cacher derrière l’alibi du temps qui aura fait son œuvre. Mais les cent trente-six années passées depuis les actes génocidaires du gouverneur français, pourront-elles nous servir du même alibi ? Moins d’un siècle et demi, c’est quoi dans la vie d’une nation ?
Honorons les nôtres. « Sama bopp ma la gënal, tekkiwul ne dama laa bañ ». Refusons d’être les complices, encore moins les boucliers de Faidherbe. Jetons Faidherbe à terre ! Ces reliques du passé pourront être les bienvenues dans un musée. Ainsi, l’histoire de Faidherbe ne sera pas oubliée (et bien heureusement !) Cela dit, l’Histoire du Sénégal mérite d’être réécrite, comme s’y attèle du reste – avec beaucoup de difficultés, il est vrai - la Commission Nationale mise sur pied à cet effet. Cette Histoire mérite surtout d’être enseignée à la Jeunesse, dans les écoles et les collèges, dans les lycées et les universités, partout dans les foyers ardents du savoir. En attendant, vivement !... Qu’on déboulonne la statue du sanguinaire soldat.
Quel sort sera-t-il réservé à ces quatre rapports tardifs de l'IGE ? La réponse est connue d’avance de tout le monde : dans une semaine ou deux, on n’en reparlera plus et le pillage de nos maigres ressources continuera de plus belle
Le mercredi 15 comme le jeudi 16 juillet 2020, j’ai été appelé parfois tôt le matin pour des journalistes qui me demandaient mon avis sur la présentation enfin du Vérificateur général de l’Inspection général d’État (IGE) des rapports publics sur l’état de la Gouvernance et de la Reddition des Comptes 2016, 2017, 2018, 2019 au Président de la République. Le lendemain jeudi, d’autres reviennent à la charge pour me demander cette fois-ci mon avis sur la ‘’colère’’ du président-politicien qui, lors du Conseil des Ministres de la veille, avait ‘’instruit’’ les ministres et autres assujettis, de faire leurs déclarations de patrimoine dans les 45 prochains jours (30 août au plus tard).
Je présente mes excuses à mes amis journalistes qui m’ont appelé pour solliciter mon avis sur les deux cas. J’ai décliné évidemment l’offre et ma réponse laissait parfois une impression d’énervement qui ne leur était point destiné. En m’interpellant, ils faisaient leur travail. Mon énervement était plutôt dirigé contre le président-politicien qui n’a aucun respect pour nous, et peut-être aussi, contre ce peuple sénégalais qui avale passivement toutes les couleuvres. Comment peut-on faire d’un événement, en tout cas d’un événement qui mérite de retenir l’attention, la présentation du Vérificateur général de l’Inspection général d’État (IGE) des rapports publics sur l’état de la Gouvernance et de la Reddition des Comptes 2016, 2017, 2018, 2019 au Président de la République en 2020 ? Manifestement, le président-politicien ne tenait pas à ce que le Vérificateur général les lui présente et surtout qu’ils soient diffusés – j’ai choisi à dessein ce qualificatif.
Il n’y avait vraiment rien de nouveau sous le soleil. En effet, quel est l’intérêt de ces ‘’petits’’ rapports qui sont des résumés même importants, comparés aux vingt-cinq (25) dossiers de l’OFNAC qui dorment sur le bureau du Procureur de la République et aux autres, très nombreux, qui gisent sous le coude du président-politicien ? Quel sort sera-t-il réservé à ces quatre rapports publics tardifs ? La réponse est connue d’avance de tout le monde : dans une semaine ou deux, on n’en reparlera plus et le pillage de nos maigres ressources continuera de plus belle, les gestionnaires ne craignant aucune sanction, qui n’a pas de place dans la gouvernance ‘’sombre et vicieuse’’ du président-politicien.
J’ai répondu avec le même énervement à la question sur la ‘’colère’’ du président-politicien qui se moque de nous au point d’attendre sept ou huit ans pour ‘’instruire’’ tous les assujettis à la déclaration de patrimoine de s’acquitter de ce devoir avant le 30 août 2020. Il se moque de nous car la loi portant déclaration de patrimoine date du 2 avril 2014 (n° 2014-17) et le décret d’application n° 2014-1463 du 12 novembre 2014. Si le décret n’a pas été modifié entre-temps, son article premier dispose[[1]]url:#_ftn1 :
« Conformément à l’article 2 de la loi n° 2014-17 du 2 avril 2014, relative à la déclaration de patrimoine, sont assujettis à la déclaration de situation patrimoniale, les personnes ci-après : Le Président de l’Assemblée nationale, Le Premier Ministre, Le Président du Conseil économique, social, et environnemental, Le Premier Questeur de l’Assemblée nationale ».
S’y ajoutent, selon le même article « tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et dépenses et les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur à un milliard (1.000.000.000) de francs CFA. » Le Président de la République n’est pas cité ici parce que la Constitution l’assujettit déjà à la déclaration de patrimoine une fois élu. En effet, aux termes de l’article 37 de la Constitution du 22 janvier 2001 – s’il n’a pas été modifié entre-temps –, « le Président de la République nouvellement élu fait une déclaration écrite de patrimoine déposée au Conseil constitutionnel qui la rend publique ». Ce ‘’nouvellement élu’’ doit être précisé car, après son élection de 2012, il a vraiment pris son temps pour s’acquitter de cette obligation constitutionnelle. Peut-être, le patrimoine était-il très, peut-être trop substantiel. Une fois réélu, il devait être assujetti à la même obligation constitutionnelle. L’esprit de cette obligation, selon le profane que je suis, c’est que chaque fois qu’il termine un mandat, on devrait comparer le nouveau patrimoine avec le précédent, pour s’assurer que, entre-temps, il ne s’est pas exagérément enrichi sur le dos du pauvre contribuable.
Selon une information qui circule dans les réseaux sociaux, il aurait déposé une nouvelle déclaration de patrimoine au Conseil constitutionnel. Le patrimoine est détaillé et l’origine précisée. Ce qu’on constate, c’est qu’il a pris de la taille et du poids par rapport au premier.Et tout n’est certainement pas déclaré. Si l’information est avérée, les patrimoines des anciens présidents français sont des nains par rapport à son monstre. Pourtant, François Mitterrand a été plusieurs fois ministre et député avant d’être élu et réélu Président de la République, pour quatorze ans. Jacques Chirac était déjà Secrétaire d’État en 1967, puis ministre, Premier Ministre, Maire de Paris pendant dix-sept (17) ans, avant d’être Président de la République pendant douze (12) ans. Pourtant, la France est la sixième, peut-être la septième puissance économique, financière et militaire du monde, pendant que notre cher Sénégal est en bonne place parmi les vingt-cinq (25) pays les plus pauvres et les plus endettés du monde. Quel paradoxe !
Pour revenir à son injonction, celle de notre président-politicien donnée à ses ministres de faire leurs déclarations de patrimoine avant le 30 août 2020, c’est vraiment du cinéma, de la comédie, comme il en a l’habitude. Considérez le nombre des gestionnaires de deniers publics assujettis à la déclaration de patrimoine ! Combien doivent-ils être, conformément à l’article 2 de la loi n° n° 2014-17 du 2 avril 2014 ? Certainement des milliers. Malgré tous les efforts fournis par l’ancienne présidente de l’OFNAC pour convaincre les assujettis de faire leurs déclarations, peu d’entre eux s’en sont acquittés.
Le grand nombre, composé des plus riches, a carrément refusé, étant sûr que la loi portant déclaration de patrimoine n’était pour le président-politicien qu’un trompe-l’œil, comme l’était d’ailleurs l’OFNAC, qui devait recevoir les déclarations. Ils sont nombreux, les riches à milliards, qui ne feront jamais honnêtement de déclarations de patrimoine. Ils craignent comme la peste que leurs fortunes immenses soient connues, ne serait-ce que par l’OFNAC. Quand, dans un certain pays d’Afrique, on est successivement et pendant plusieurs années directeur puis directeur général dans une certaine administration ; quand on passe ensuite ministre de ceci, ministre de cela et le premier étant des plus courus et pour cause ; quand on y est questeur inamovible d’une Assemblée nationale qui est au service exclusif du président de la République ; quand on y est ministre des infrastructures terrestres, aériennes ou ministre de la pêche, etc., on trouve facilement une bonne place parmi les milliardaires qui ne veulent pas entendre parler de déclarations de patrimoine. Le président-politicien le sait parfaitement, lui qui ferme les yeux et se bouche les oreilles pendant huit ans sur leurs graves forfaits de sa gouvernance hideuse. Qu’il les laisse donc continuer à s’enrichir impunément mais, de grâce, qu’il cesse de nous prendre pour ce que nous ne sommes pas : des demeurés.
Finalement d’ailleurs, avec nos comportements de tous les jours passifs, dociles, indifférents à tout, je ne suis même plus sûr que le président-politicien n’ait pas raison. Je me demande parfois où est le peuple, où est ce qu’on appelle la société civile, où est notre opposition, où sont nos chefs religieux qui méritent vraiment de porter le titre. Ce qui se passe au quotidien dans notre pays devient insoutenable.Pourtant, le bruit court de plus en plus que le président-politicien va ouvrir son gouvernement à l’opposition. Lui, peut y penser pour préparer son troisième mandat. Quant aux autres, ils perdraient tout crédit, tout sens de l’honneur et de la dignité. Accepter, alors qu’on se réclamait de l’opposition, de rejoindre la gouvernance meurtrie du président-politicien, c’est se défaire de toutes les valeurs qui font l’homme et la femme de bien. C’est manifester la preuve que leurs seules préoccupations, c’est de prendre leurs parts de l’infect gâteau. C’est de donner un violent coup au ‘’penccoo’’ qui les retarde, et d’opter résolument pour le ‘’paacoo’’ qui les place au cœur des ‘’délices’’ du pouvoir.
Le ‘’paacoo’’ vaut-il vraiment ce qu’on perd en acceptant le compagnonnage avec ce président-politicien qui incarne ce qu’il y a de pire dans la mal gouvernance ? Sa parole ne vaut plus un kopeck. Il a béni sans état d’âme la détestable transhumance et en fait l’une de ses stratégies de gouvernance. Il ne se passe pratiquement pas de conseils de ministres sans qu’il ne nomme un pitoyable transhumant à un poste, et parfois des plus importants. Il entretient et nourrit au grand jour la corruption, les détournements de deniers publics et toutes les autres plaies béantes et puantes qui infectent sa nauséabonde gouvernance.Voilà huit ans que des scandales succèdent aux scandales, scandales mis en évidence dans des rapports de nos organes de contrôle et qui mettent en cause des hommes et des femmes de son camp. Des dizaines de ces rapports gisent sous son coude à la Présidence de la République. Plus de vingt dossiers de l’OFNAC, exactement vingt-cinq (25), précise-t-on, dorment eux aussi d’un sommeil profond sur le bureau du Procureur de la République.
Contrairement à l’un de ses engagements – car il en a beaucoup pris –, la patrie est écrasée sous le poids du parti. Il a pratiquement privatisé l’État au profit de sa famille, de sa belle-famille, des membres de son parti et de ceux de sa coalition à un moindre degré. Pas seulement. S’y ajoutent certains chefs dits religieux, des hommes et des femmes dits d’affaires qui s’accrochent aux basques de tous les régimes qui se sont succédé au pays depuis le 17 décembre 1962, pour la seule sauvegarde de leurs intérêts. Comment peut-on, se réclamant de l’opposition, de la République, de la Patrie donc de l’intérêt supérieur de la Nation, faire compagnonnage avec cet homme qui a divisé le pays en deux camps nettement opposés : son propre quand qui bénéficie largement du régime et l’autre, traité réellement en parent pauvre ? Et puis, il y a une nette incohérence dans cet éventuel gouvernement de large majorité. Qu’a-t-il besoin de d’ouvrir son gouvernement à l’opposition et à d’autres catégories de la société, si telle est son intention ? Le 27 février 2019, il a réussi le coup qu’il préparait depuis le 2 avril 2012, sa première installation comme troisième président de la République du Sénégal : dès le premier tour du scrutin, il a gagné avec un peu plus de 58% des suffrages exprimés. Que va-t-il chercher une autre majorité ? Que se passe-t-il de particulier au Sénégal pour justifier cette ouverture politicienne avec probablement des arrière-pensées d’un troisième mandat ? Il a largement gagné et dispose d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Que veut-il encore de plus ? Il a tout ce qu’il lui faut : qu’il gouverne !
Le lecteur, la lectrice a dû remarquer que je ne me suis pas attardé sur les quatre fameux rapports publics, ni sur leurs contenus, qui sont pratiquement les mêmes qu’on trouve dans ceux d’autres organes de contrôle. Ils illustrent tous la mal gouvernance que nous vivons depuis bientôt soixante (60) ans, en particulier depuis le 1er avril 2000. J’ai quand même jeté un coup d’œil sur le ‘’Mot du Vérificateur général’’ du Rapport de 2016, le quatrième du genre. Il considère que sa publication « constitue désormais un événement marquant de la vie publique de notre pays (…), un élément majeur du dispositif de reddition des comptes auquel l’IGE se trouve soumise ».
Il précise ensuite que « ce rapport public est d’abord destiné à être solennellement présenté à Monsieur le Président de la République, (…) ensuite mis à la disposition de l’Administration, de ses usagers, des partenaires au développement et, de façon général, à l’opinion publique ». Si on peut considérer cette activité comme un double objectif, le second ne me semble pas entièrement atteint s’il ne consiste qu’à inviter les gens à se reporter au site du Gouvernement. Combien sont-ils à y accéder ? Combien sont-ils à savoir lire et comprendre le français ?
Le rapport public doit, en principe, satisfaire un de nos droits reconnus par la Constitution, en son article 8 de son chapitre II. Il s’agit de notre droit « à une information plurielle ». S’y ajoute le Code de la Transparence dans la gestion des finances publiques de l’UEMOA, qui recommande à tous les États membre de l’intégrer dans leur droit interne. Ce qui a été fait au Sénégal par le vote de la Loi 2012-22 du 27 décembre 2012 portant Code de Transparence dans la gestion des Finances publiques. La loi insiste beaucoup sur le droit que nous avons d’être informés sur la manière dont nos finances publiques sont gérées. Elle fait même obligation à certains agents de l’Administration de dénoncer auprès de qui de droit certaines pratiques qui lui tordent le cou, ce qui arrive souvent dans notre Administration.
Nous avons donc le droit de savoir, d’être largement informés. Pas surtout, évidemment, mais qu’on ne nous oppose pas toujours le caractère ‘’anonyme’’, ‘’secret’’ et ‘’confidentiel’’ des choses traitées. N’est pas toujours confidentiel ou secret ce qui est présenté comme tel. Le monde bouge et avec elle la manière de gérer, surtout nos maigres finances publiques. Il faut s’y résoudre : la nécessité de la transparence dans la gestion des affaires publiques bouscule de plus en plus le ‘’secret’’ et le ‘’confidentiel’’.
Je n’ai pas pu résister à la tentation de terminer ce texte en citant la conclusion du ‘’mot’’ du prédécesseur de l’actuel Vérificateur général. C’était quand elle présentait au Président de la République, en juillet 2013, le premier ‘’Rapport public sur l’état de la Gouvernance et de la Reddition des Comptes ». Elle disait ceci : « Je forme le vœu que ce premier Rapport sur l’état de la Gouvernance publique puisse jeter les bases d’un dialogue fécond entre l’IGE, les organisations de la société civile, les citoyens et toutes les parties intéressées à la promotion d’une gouvernance da qualité au Sénégal. »
Cette conception du Rapport public est bien plus en rapport avec la Constitution comme avecla Loi 2012-22 du 27 décembre 2012, portant Code de Transparence dans la gestion des Finances publiques. Elle est nettement plus en conformité avec les vœux ardents formés par des citoyennes et des citoyens qui s’activent au quotidien, pour l’avènement dans notre pays de la Bonne Gouvernance que nous attendons depuis 58 ans. Malheureusement, avec nos comportements passifs qui laissent le président-politicien gouverner à sa convenance le pays, cet avènement n’est sûrement pas pour demain. Á moins que . . . .
[[1]]url:#_ftnref1 Ou stipule. Je ne suis pas juriste.