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1 mai 2025
Opinions
par Bado Ndoye
FAUT-IL LAISSER LE VIRUS CIRCULER ?
Tant que les tests massifs - qu’il faut saluer - ne seront pas complétés par une politique rigoureuse de confinement généralisé de tout le pays, le virus continuera à se propager. Si nous voulons éviter le syndrome anglais, c’est maintenant ou jamais
Au regard de la façon dont cette pandémie du covid-19 nous met à l’épreuve, il est possible d’y voir comme un test de résilience. Chaque pays y va de sa stratégie, en fonction des moyens dont il dispose, de son expérience des grandes épidémies et de l’intelligence de ses dirigeants. Le cas des anglais est de ce point de vue révélateur de ce qu’il ne faudrait pas faire. Pendant que le virus tuait des milliers de personnes en Chine et que toute la planète se préparait au pire, le Premier ministre Boris Johnson pensait, lui, qu’il n’y avait pas péril en la demeure. La solution, simple selon lui et quelques-uns de ses conseillers, consistait à laisser circuler le virus et pénétrer la population le plus profondément possible. Beaucoup de personnes mourront, c’est certain – environ 250 000 victimes selon les estimations des épidémiologistes anglais - mais à un moment donné les gens qui auront survécu développeront suffisamment d’anticorps, ce qui mettra un terme à la propagation du virus. C’est la fameuse théorie de « l’immunité de troupeau » (« herd immunity » en anglais) ou immunité collective. Ce que la théorie ne dit pas c’est qui va mourir. Dans la tête de Boris Johnson c’était pourtant très clair : ce sont les pauvres et tous ceux qui n’ont ni assurance maladie ni protection sociale, bref tous ceux qui n’ont pas les moyens de se soigner. Les quelques jours perdus en tergiversations, le temps que ses conseillers lui font changer d’avis, le mal était fait. Lui-même a contracté le virus et a développé une forme sévère, alors qu’il se croyait en sécurité au Ten Downing street. Aujourd’hui l’Angleterre est le pays qui recense le plus de morts en Europe, en partie à cause de cette doctrine, un avatar darwinien de la lutte pour la survie selon lequel seuls les plus aptes survivront.
La stratégie adoptée par le Sénégal est-elle sensiblement différente de ce que Boris Johnson prévoyait pour son pays ? Trois grandes mesures ont été prises pour rompre la chaîne de transmission du virus : l’interdiction des rassemblements, largement respectée, le couvre-feu dont l’efficacité est très limitée vu que l’écrasante majorité ses sénégalais ne sort pas le soir et l’interdiction de circuler d’une région à une autre. Pour le reste on compte sur l’application des gestes-barrières, c’est-à-dire sur l’autodiscipline des sénégalais. Autant dire sur une chimère. Qu’est-ce qui est fait pour limiter les déplacements à l’intérieur de chaque région et à l’intérieur de chaque ville ? Tant que les tests massifs - qu’il faut saluer - ne seront pas complétés par une politique rigoureuse de confinement généralisé de tout le pays, le virus continuera à se propager. Nous sommes sur une courbe ascendante, et il faut être d’une grande naïveté pour croire qu’elle va s’infléchir toute seule. Seules des décisions d’une grande ampleur permettront de l’aplatir et de soulager les hôpitaux. Le Professeur Seydi et ses collaborateurs, sans doute parce qu’ils n’ont pas voulu outrepasser leurs prérogatives, l’ont pourtant demandé, mais à mots tellement couverts que l’on se demande si les autorités ont capté le message.
Nous franchirons dans quelques jours le cap des 1000 malades, et déjà on ne compte plus le nombre d’agents des personnels soignants en quarantaine à travers le pays. Il est indécent de continuer à leur demander de toujours faire des miracles. Qui ne voit que nos structures hospitalières, déjà au bord de l’effondrement parce que fragilisées par des décennies de politique de coupes budgétaires ne supporteront pas le choc ? C’est ce scénario catastrophe d’hôpitaux débordés dont on a vu les effets désastreux en Italie et en Espagne qu’il faut éviter à tout prix ! La résilience des Africains que l’on a tant vanté ces jours-ci a des limites. Certes, le confinement est une décision difficile à assumer politiquement, dans un pays où la majorité des gens vit au jour le jour. Mais à quoi était censé répondre ce formidable élan de solidarité nationale de mobilisation de fonds – 1000 milliards – si ce n’est pour soutenir les sénégalais qui allaient être durement frappés par les rigueurs du confinement ? On le sait, le propre des situations d’urgence, c’est qu’il n’y a pas de solutions toutes faites. Il faut faire preuve de hardiesse et d’inventivité, mais avec la certitude que chaque mauvaise décision, ou chaque décision qui n’aura pas été prise au moment opportun se traduira fatalement pas des pertes en vies humaines. Si nous voulons éviter le syndrome anglais c’est maintenant ou jamais.
par Mohamed Taméga
L'HORREUR DE L'IMPOSTURE DANS LE DÉBAT PUBLIC
Quel autre nom est celui d'Adama Gaye quand il reproche à Souleymane Bachir Diagne d'avoir salué le "leadership" de Macky Sall parmi les présidents africains ? Notre espace public de pensée et de débats a besoin de normes
Je vais me mêler de cette « affaire » Adama Gaye - Souleymane Bachir Diagne. Diagne, comme tous ceux qui font métier de produire de la pensée, philosophique notamment, sait que ses interventions, à l'instar de toute philosophie, ont pour vocation de critiquer, pour destin d'être critiquées, voire contestées, à leur tour.
D'abord, un petit détour, par un tracé des lignes de front, idées et débats actuels au Sénégal. Il se passe quelque chose de très intéressant au Sénégal, à quoi Souleymane Bachir Diagne a certainement beaucoup contribué, que l'on peut apprécier, quel que soit son bord idéologique, philosophique ou politique, la reconstruction d'un espace public de pensée. Celui-ci se constitue autour de diverses identités politiques et philosophiques : de cette pensée de gauche, universaliste, socialiste et enracinée dans un panafricanisme ouvert et progressiste, incarnée à mon sens par l’essayiste Hamidou Anne et par mon ami Babacar Diop, le leader du FDS, entre autres. À ce bouillon d'approches transdisciplinaires que sont les Ateliers de la pensée, où l'on retrouve à la fois les fondements de la doctrine senghorienne et bergsonienne de l'intériorité vitale, et le geste critique proprement foucaldien de restauration d'une subjectivité débarrassée des gangues liberticides d'entités sociales, politiques et institutionnelles, des directives des institutions de Bretons-Woods à la prétention normative de prescriptions existentielles exogènes, geste assez fréquent chez Felwine Sarr et Achille Mbembe.
D'un autre bord de cet espace se tiennent quelques militants d'un étonnant procès populaire régulièrement instruit contre Senghor, et pour Cheikh Anta Diop. Et puis, un courant politique intrinsèquement d'extrême droite dont la figure dirigeante est Ousmane Sonko. Si le mot d'ordre fondamental de cette sphère politique est qu'il faut dégager l'actuelle classe politique, Ousmane Sonko aime dire à qui veut l'entendre qu'il n'est pas de gauche. Autrement dit, qu'il ferait la même politique que ceux qu'il combat aujourd'hui, mais sans leurs travers moraux. Pour la suite des pièces de ses coordonnées politiques, s'il en faut encore, son goût prononcé et revendiqué pour les sciences de l'optimisation fiscale plaide en sa faveur en ce qui concerne la crédibilité de l'alternative qu'il pourrait constituer et son sens de la justice fiscale et du progrès social. Ceux de Sonko et de l'égyptologue, anti-marxiste substantiel, anti-universaliste sans le savoir, Cheikh Anta Diop, se rejoignent sur une chose, assez étrange : ne rien affirmer de vrai, de commun à tous, pas grand-chose, sinon qu'il faut remplacer la constitution du Sénégal par les thèses du dernier. Mais, passons. Abandonnons-les à leur misère politique, à leur mélasse philosophique, leur destin réactionnaire.
Face à eux, Souleymane Bachir Bachir Diagne. Il déplie avec une rigueur très lucide et intransigeante, le principe philosophique Bergsonien de l'identité de l'Être et du changement, c'est-à-dire leur consubstantialité inextricable, contre les sirènes des identités carcérales, se constituant comme dispositif de résistance au passé colonial et à ses reliquats, et le fanatisme islamique. J'ai personnellement beaucoup de désaccords, beaucoup de choses à dire sur ce que je pense être l'angle mort, l'oubli générique, la "bévue, la présence-absence du dehors à l'intérieur, ou, pour emprunter le mot d'Althusser "la question non posée des réponses" que contiennent certains textes de Souleymane Bachir Diagne, Felwine Sarr et leurs amis à la pensée. Mais, ce n'est pas le sujet ici. Nous avons quand même un espace public de pensée et de débats. Il commence à vivre. Qu'il vive longtemps ! Par ailleurs, il a besoin de normes. Normes indispensables pour notre démocratie, si formelle soit-elle par endroits. Il en est une qui découle d'une exigence démocratique consistant dans la recherche en commun de la vérité, sous les auspices de laquelle seront tenues la vie publique, ses querelles et controverses intellectuelles : un devoir collectif et individuel de nous battre pour tenir éloignée de nous l'horreur du règne des imposteurs. Car quel autre nom est celui d'Adama Gaye ? Quand il reproche à Souleymane Bachir Diagne d'avoir salué le "leadership" de Macky Sall parmi les chefs d''État africain ? Il ne conteste pas la valeur du vocable comme catégorie politique, mais son attribution à Macky Sall. On le sait, le concept de leadership est polysémique. Il compte de nombreuses variations, aussi problématiques les unes que les autres. On aurait apprécié qu'Adama Gaye nous dise dans son long article à laquelle des acceptions de ce mot-concept il lie ses convictions politiques à lui. Le propre de l'imposture dans un débat est de travestir les mots de l'adversaire, d'en faire une arme contre lui et une ressource pour alimenter son propre vide, dont elle fait commerce. Pour ne pas laisser dire qu'elle mystifie et qu'elle ment.
Par Ousmane François GUEYE
LA FÉDÉRATION SÉNÉGALAISE DE BASKET DOIT RENDRE UN HOMMAGE POSTHUME A ASS GAYE
Toute légitimité qui n’est pas conférée par la base en matière de sport, doit être considérée désormais comme nulle et non avenue.
Je tiens à donner mon point de vue en qualité de militant du sport sénégalais mais particulièrement, celui du sport rufisquois. Je suis d’avis qu’après la fin de la pandémie liée au Covid 19, il urge de renouveler toutes les instances du sport sénégalais.
Dorénavant on doit mettre un terme au système de cooptage qui ne fait que favoriser le copinage et le pilotage à vue qui ne font que nuire au sport de notre pays. Toute légitimité qui n’est pas conférée par la base en matière de sport, doit être considérée désormais comme nulle et non avenue.
Le système de cooptage et celui relatif au tiers sortant, sont à la base de tous les maux que traverse le monde du sport et cela à tous les niveaux. Nous avons aussi pour opinion qu’aux lendemains de la pandémie qui sévit au Sénégal et un peu partout dans le monde, tous les renouvellements des instances liés aux sports dans notre pays soient supervisés par les inspecteurs des sports et cela en toute équité et dans la plus grande transparence.
Cette mesure va conduire non seulement à légitimer davantage ceux qui dirigent les sports dans notre pays, mais va également contribuer aux élus de faire preuve de plus d’humilité et plus de respect et de considération à l’endroit de la base qui les a conférés du pouvoir d’agir et de parler à son nom. Si jamais nous adoptons cette démarche, nous sommes surs que nous allons remporter la 1ère coupe d’Afrique des nations de l’histoire du football sénégalais. Une manière de remercier le Président Macky Sall, pour tous les efforts qu’il ne cesse de consentir pour le sport de notre pays. Je me souviens quand il était question d’élire Maitre Babacar Ndiaye à la tête de la fédération sénégalaise de basket alors qu’il était en compétition avec Baba Tandian, c’était Ass Gaye à l’époque Président des sections de handball et basket de l’Asc Le Saltigué, qui s’était mué directeur de compagne de l’actuel Président de la fédération sénégalaise de basket auprès de l’Asc Le Saltigué.
Et c’est après 3 réunions successives du comité directeur du club rufisquois qui devrait faire le choix entre les deux candidats en lice, Ass Gaye avait réussi avec beaucoup de difficultés, à convaincre la majorité du comité directeur de l’Asc le Saltigué, avant que ces derniers n’acceptent de soutenir la candidature de Maitre Babacar Ndiaye.
Dans cet exercice combien difficile, il avait même réussi à convaincre le Président Cora Fall de se ranger du côté de l’actuel Président de la Fédération Sénégalaise de Basket. Mais je peux affirmer sans risque d’être contredit, que les ¾ des sportifs rufisquois ont été déçus par Maitre Babacar Ndiaye et la fédération de basket qui n’ont pas été du tout reconnaissants, à l’endroit des sportifs de la vielle ville. Depuis le rappel à Dieu de Ass Gaye, aucun acte pour immortaliser sa mémoire, n’a été posée par Maitre Babacar Ndiaye et son équipe. Nous avons aussi constaté avec la plus grande indignation, que depuis que Ass Gaye nous a quittés, il n’y pas d’évènements majeurs du basket sénégalais, où une seule fois son nom a été cité.
Pourtant il a été pendant 4 ans Président de la Fédération Sénégalaise de Basketball. Et durant toutes les campagnes africaines du basket sénégalais, il avait été toujours mis à contribution comme éclaireur, pour permettre à nos équipes d’être dans les conditions optimales de performance.
Avec tout ce que Ass Gaye a consenti comme efforts pour le basket sénégalais, l’avait même amené à ne plus avoir une vie de famille ce qui le prédisposait après son rappel à Dieu, d’être honoré par la fédération sénégalaise de basket à qui il a tout donné. Je formule les même reproches à l’endroit de l’Asc Le Saltigué, pour ce club il a également consenti d’énormes sacrifices, allant même jusqu’à mettre à contribution tout son temps, son savoir-faire et ses avoirs au service du club. Voilà pourquoi on n’a pas compris à l’occasion de la célébration du cinquantenaire du Saltigué que son nom n’a été mentionné nulle part, durant cette manifestation et qu’aucun hommage ne lui avait été rendu. Voilà un acte qui constitue, une grande déception pour le spot rufisquois, mais aussi peut être considéré par d’aucuns parmi les témoins de l’histoire, comme une forme de trahison.
Ousmane François Gueye est président de la Convention des lébous de souche du département de Rufisque
texte collectif
LES LEÇONS AFRICAINES DU CORONAVIRUS
L’Afrique a démontré face à la pandémie une capacité d’adaptation sur laquelle il faudra capitaliser. Mais d’autres maladies viendront et le système de santé global dont le continent a besoin reste à bâtir, estiment cinq anciens ministres de la Santé
L’Afrique a démontré face à la pandémie une capacité d’adaptation et d’innovation sur laquelle il faudra capitaliser. Mais d’autres maladies viendront et le système de santé global, solidaire et durable dont le continent a besoin reste à bâtir. C’est la conviction de cinq anciens ministres de la Santé.
La pandémie du Covid-19 a surpris tant par sa brutalité d’apparition que par son effet dévastateur sur les populations à l’échelle du monde. Chaque pays a été pris de court, essayant d’apporter les réponses politiques et sanitaires à la hauteur de la crise. Même si l’activité humaine reprend désormais dans la plupart des pays touchés en Asie et qu’en Europe les stratégies de déconfinement se préparent, le covid19 continue à menacer.
La situation sanitaire inédite a suscité et nourri beaucoup de débats. Alors qu’en France, les tergiversations portaient sur la capacité à multiplier les lits de réanimation, sur la disponibilité d’équipements de protection comme les masques ou sur la pertinence de l’utilisation de chloroquine, au Royaume Uni ou aux États-Unis, on se demandait s’il fallait confiner les populations ou laisser se développer une immunité de masse.
Sur le continent africain, la situation a été toute autre, marquée par des décisions rapides et efficaces.
À la faveur de la survenue plus tardive de l’épidémie en Afrique, les autorités ne se sont pas laissées surprendre, bénéficiant de l’expérience de la gestion de l’épidémie sur les autres continents. Ainsi, des mesures sanitaires, financières et sécuritaires avec un confinement plus ou moins strict, ou un couvre-feu, selon les pays, ont été prises précocement. Quant au traitement par chloroquine, bien connu en Afrique, il a souvent été instauré systématiquement.
Réactivité des États
La fragilité des systèmes de santé en Afrique n’a pas empêché la réactivité des États ; souvent la riposte a profité d’équipements et d’un savoir-faire hérités des épidémies antérieures, notamment de la gestion de l’épidémie d’Ebola, qui a doté les pays concernés de ressources humaines compétentes et d’infrastructures adaptées. L’expérience du triage des patients à l’entrée des hôpitaux a été un acquis supplémentaire.
Même la faible densité médicale a parfois été compensée par des acteurs certes de nature culturelle et propre à l’Afrique, mais efficaces : les relais communautaires qui, à travers leurs comités locaux, ont participé activement à la sensibilisation des populations, avec une utilisation importante des réseaux sociaux, les autorités religieuses qui ont elles aussi pris des décisions pour endiguer l’épidémie.
Innovations locales
Mais le plus spectaculaire est la capacité de la société civile et des autorités à développer et soutenir des innovations locales. L’absence de mécanismes de solidarité internationale face au Covid-19 a engendré une émulation créatrice immédiate. Très vite, le Maroc était en capacité de produire cinq millions de masques par jour, rendant jaloux bien des pays occidentaux. Au Sénégal, de jeunes chercheurs ont conçu et fabriqué rapidement et à bas coût des respirateurs artificiels.
Les solutions technologiques sont nombreuses, à chaque fois adaptées à l’environnement local et aux moyens disponibles : applications numériques pour informer et recenser les cas (Algérie), détecter et lutter contre les fausses informations (Tunisie) ou réaliser des autodiagnostics (Burkina Faso), drones autonomes pour livrer des fournitures médicales ou des médicaments (Nigéria), plateforme de télédiagnostic utilisant l’intelligence artificielle pour le diagnostic du Covid-19 (Kenya), dispositifs mécaniques de lavage des mains et de bavettes en tissu ou masques alternatifs (Bénin), etc…
Capitaliser sur l’inventivité
Bref, l’Afrique a su créer son écosystème pour faire face à la pandémie. Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Parmi les 3,5 millions de cas répertoriés dans le monde, seuls 12 % sont recensés sur le continent africain et ces cas sont moins graves.
Pourtant, l’Afrique n’est pas à l’abri de nouvelles crises sanitaires bien plus dévastatrices au regard des évolutions épidémiologiques annoncées, en terme de maladies infectieuses ou chroniques, et les systèmes de santé actuels ne seront pas assez solides.
Pour y face, il faudra capitaliser sur l’inventivité des pays du sud, s’inspirer des approches innovationnelles plus frugales et agiles qui pourront s’adapter en période de crise et enfin ouvrir la voie aux partenariats public-privé en santé.
Il faudra aussi enfin bâtir ce système global, solidaire et durable, s’appuyant sur des coopérations scientifiques et sanitaires solides, des transferts de compétences médicales et stratégiques et faire émerger des partenariats justes et équitables.
Cette tribune est co-signée par : Nora Berra, ancien ministre de la Santé, France Abdou Fall, ancien ministre de la Santé, Sénégal Diye Ba, ancien ministre de la Santé, Mauritanie Dorothée Kindé-Gazard, ancien ministre de la Santé, Bénin Samira Meraï-Friaa, ancien ministre de la Santé, Tunisie
Par Me Doro GUEYE
LA RESILIENCE DE LA DIASPORA A L’EPREUVE DE LA PANDEMIE DU COVID-19
En ces temps de crise mondiale de la pandémie de Covid 19, aggravée par des mesures de restriction de la mobilité des personnes au niveau internationale, la diaspora sénégalaise doit pleinement jouer son rôle dans le développement du Sénégal
En ces temps de crise mondiale de la pandémie de Covid 19, aggravée par des mesures de restriction de la mobilité des personnes au niveau internationale, la diaspora sénégalaise doit pleinement jouer son rôle dans le développement du Sénégal
En effet, la crise mondiale provoquée par la pandémie du Covid19, a causé des conséquences néfastes sur la vie des sénégalais. Dans ce contexte de crise sanitaire, suivie d’une crise économique mondiale sans précédent, la diaspora sénégalaise ne doit pas rester en marge des solutions de développement de son pays. Il serait intéressant d'apporter une contribution et des idées en vue de trouver des solutions aux problèmes de la diaspora et du Sénégal.
Cette crise sanitaire et économique mondiale nous a appris que les solutions de développement économiques d’un Etat doivent se baser sur initiatives locales et nationales. Une « solidarité verticale » c’est-à-dire entre les sénégalais serait d’abord un début de solution idoine. Car en cette période de crises graves, il faudrait mettre entre parenthèse les différences et les individualismes qui divisent parfois les sénégalais, surtout ceux de la diaspora.
En ce sens, la diaspora doit être une force vive pour influer sur les décisions qui la concernent et qui déterminent le développement futur du Sénégal. La diaspora doit aussi être un vivier d’intellectuels et d’entrepreneurs pour le Sénégal, du fait des expériences et des connaissances qu’elle a pues accumuler à travers le monde. Elle pourrait donc être un levier de développement primordial pour le Sénégal.
En cette période de pandémie mondiale beaucoup de décisions ont été prises et qui ont des conséquences sur la vie quotidienne des sénégalais de l’extérieur (interdiction de retour sur le sol sénégalais, interdiction de rapatrier au Sénégal les dépouilles des sénégalais de l'extérieur décédés du Civid19.) Il serait important de consulter la diaspora avant de prendre des décisions qui l’impactent son existence et son apport pour le Sénégal.
Dès lors, une instance apolitique, indépendante et dynamique, à savoir une association, ou une fédération d’association, pourrait être un interlocuteur crédible auprès des pouvoirs publics, des instances nationales et internationales. Force est de reconnaître que le Sénégal ne saurait se développer en laissant en marge sa diaspora.
En effet, l’apport des transferts de fonds de la diaspora dans l'économie nationale sénégalaise est considérable, avec 1,8 milliard d'euros (12.000 Milliards de FCFA), soit près de 14 pour cent du PIB. La capitalisation de cette manne financière serait un trésor qui pourrait servir aux investissements économiques pour le développement du Sénégal. La création d’une "Banque d'investissement des sénégalais de l'extérieur" pourrait permettre d'entreprendre et d'investir dans des secteurs essentiels (l'agro-alimentaire, les industries tertiaires et de transformation de produits...), au lieu d'investir uniquement sur l'immobilier ou le commerce. Une réorientation des investissements de la diaspora dans les secteurs qui permettent le développement économique du Sénégal et la création d’emplois durables, serait essentiel. Il faut donc impulser une dynamique d'organisation et développement sans esprit politicien, partisan ou stricto personnel, par le biais d’une association et d’une Banque d’investissement.
Bien évidemment, l’Etat du Sénégal doit être le garant de cette structure bancaire pour ainsi donner une meilleure crédibilité auprès des institutions financières mondiales et permettre la réalisation de cette banque d’investissement. Cette garantie étatique doit être formelle et ne doit nullement saper les caractères d’indépendance, d’apolitique et de libérale de cette association et de cette banque d’investissement.
Pour ce faire, des membres de l’association de la diaspora et un représentant de l’Etat, devraient siéger dans le Conseil d’administration de la Banque d’investissement pour lui impulser une vision de développement économique du Sénégal. Le dénominateur commun de ces deux instances doit être la défense exclusive des intérêts des sénégalais de l'extérieur et le développement économique du Sénégal. Servir au lieu de se servir et mettre les compétences, les connaissances, les expériences et les talents de la diaspora au service de son pays, doit être le credo et la soupape qui sous-tend cette Banque et cette organisation associative. Il serait donc opportun de mettre en place cette " association des sénégalais de l'extérieur" qui adhère toutes les composantes de la diaspora, pour mieux faire entendre la voix des sénégalais de l’extérieur autrement que par la politique politicienne. Les représentants diplomatiques ainsi que les instances représentatives des sénégalais de l’extérieur doivent pleinement jouer leur partition pour la réalisation d’une « symphonie », dans le concert des nations.
La réalisation de ce projet économique de développement suppose une abstraction totale des intérêts partisanes et des divisions intestines qui pourraient menacer la survie de l’instance associative et la structure bancaire. Je finirai cette contribution en par cette phrase « Personne ne se libère seul, les sénégalais se libèrent ensemble, pour ainsi impulser le développement du Sénégal ».
Alors que les acteurs des médias s’attendaient à ce qu’il décline les critères d’attribution de cette aide et surtout, publie la liste des ayants droit et les montants reçus, Ousseynou Dieng s’efforce de jeter l’anathème sur la presse privée du Sénégal
Le Directeur de la communication du ministère de la Culture et de la Communication est sorti de sa réserve pour s’expliquer sur la polémique née de la manière partisane dont l’aide à la presse que le Chef de l’Etat a fait passer du simple (700 millions) au double (1,400 milliard) pour cause de l’impact négatif des effets du Covid-19 sur les entreprises de presse, a été distribuée.
Alors que les acteurs des médias s’attendaient à ce qu’il décline les critères d’attribution de cette aide et surtout, publie la liste des ayants droit et les montants reçus, pour rester sur la volonté de transparence, clairement réitérée hier, encore en conseil des ministres, par le Président de la République, à son patron, Ousseynou Dieng s’est prêté à une sorte de baroud d’honneur avec des arguments spécieux dans le seul but de jeter l’anathème sur la presse privée du Sénégal.
Enfonçant des portes ouvertes, il fonde son argumentaire sur la caducité de la loi 96-04 organisant l’aide à la presse. Mais aussi, la prolifération des sites en ligne qui, selon lui, se sont partagés 260 millions en lieu de 120 millions, habituellement. M. Dieng qui en veut visiblement à la presse privée indépendante, ne n’est pas non plus privé de rappeler les nombreuses fois que l’Etat du Sénégal a annulé la dette fiscale des médias et/ou autres redevances qu’elle restait devoir à l’Autorité pour la Régulation des télécommunications et des postes (ARTP).
Pourtant, on n’a aucune souvenance d’une annulation des redevances même si celles-ci ne sont pas honorées. Même le président du Cdeps, Mamadou Ibra Kane en prendra pour son grade. Son pêché : avoir publié un communiqué au nom de ses pairs dénonçant les conditions d’attribution de l’aide alors qu’il serait le premier à venir prendre son chèque.
Encaisser de l’argent qui est dû ne signifie pas approuver l’opacité qui entoure cette affaire. Alors qu’on attendait à plus d’informations sur la répartition de l’aide comme le réclament le Cdeps, la CJRS, l’Appel et le Synpics qu’il cite pourtant comme étant témoins de cette «forfaiture» qui ne dit pas son nom, le directeur de la Communication, convoque également le développement exponentiel des radios communautaires qui ont vu leur part passer de 125 à 280 millions.
Bien qu’il soutienne, lui-même, que la concentration de différents supports au sein d’un seul groupe est bannie (par la loi), il ne s’est pourtant pas gêné d’affirmer que les grands groupes de presse qui, selon lui, sont au nombre de sept, ont vu leur part doublée voire triplée, passant de 112 à 225 millions. A moins que sa langue ait fourché, les «7 majeurs» devraient empocher au total, 1,575 milliard.
En revanche, s’ils se partagent les 225 millions annoncés, alors chaque groupe devrait percevoir un peu plus de 32 millions. Ce qui est loin d’être le cas en vérité. Ce qui apporte ainsi de l’eau au moulin à ceux qui contestent l’aide qui leur a été attribuée à l’image de Bougane Guèye Dani qui a craché sur 30 millions, nonobstant ses différents supports (journal, radio, télévision, site internet…)
Last but not least, une partie de l’argent (combien ?) est destinée au Cesti parce que soutient M. Dieng, il y a «trop dérives» dans les médias particulièrement la presse en ligne. Par conséquent, il serait nécessaire de former davantage les journalistes.
Sur la liste des ayants droit, il cite aussi l’agence de presse sénégalaise en se rappelant de son rôle hautement important de pourvoyeuse de dépêches aux journaux. Pourtant, cette agence est en train de mourir de sa belle mort à cause d’une absence de politique de restructuration. Quant au Soleil, sa part se justifierait par le «travail extraordinaire» qui est abattu.
En gros, 225 millions ont été attribués à 7 grands groupes, 280 millions aux radios communautaires et 260 millions à la presse en ligne. Ce qui fait un total de 765 millions sur une enveloppe de 1,400 milliard. Quelle est la destination des 435 millions restants ?
par Philippe Nelson Ndiaye
LA CRÉATIVITÉ ET L'INNOVATION SCIENTIFIQUE FRAPPENT A NOS PORTES
Le Covid-19 aura permis la valorisation des talents africains et le sentiment de patriotisme comme stratégie de survie - Nous devons faire les choses par nous-même et au-delà protéger notre économie
En Afrique-subsaharienne, au Sénégal en particulier, la science est souvent restée marginalisée par la communauté scientifique internationale moderne, le terme « pays non industrialisés » n'est pas anodin en ce sens.
En effet, le progrès scientifique et technologique n'a juste été jusque-là qu'une consommation du produit d'ailleurs. Le continent a toujours nourri un espoir de développement futur fondé sur le partenariat avec les pays développés. Cette réalité modélisée par plusieurs concepts contemporains tels que l’aide au développement, l'annulation de la dette, les accords de partenariat peut être une illusion ou un cercle vicieux plongeant nos pays dans un perpétuel recommencement.
Aujourd'hui depuis maintenant plus de 2 mois que le premier cas testé positif au covid19 a été signalé au Sénégal, dans un contexte où les pays développés, partenaires commerciaux ont limité leurs exportations vers le Sénégal, le gouvernement et la population n'ont eu d'autre choix que de reprendre le destin du pays en main. Dans cette situation de crise sanitaire mondiale chaque pays se replie sur soi et tente de trouver des solutions propres à sa survie, c'est ce qu'a compris les pays exportateurs en choisissant de stocker leurs produits alimentaires, pharmaceutiques, etc.
La guerre menée contre l'ennemi invisible aura le privilège au moins d'avoir réveillé ou augmenté l'esprit de créativité qui siestait en nous. En effet, en période de crise, l'ingéniosité humaine a toujours brillé, la révolution industrielle des pays occidentaux dans les années 1840 s'était considérablement accélérée durant l'entre guerre (1914-1945) et elle s'est poursuivie.
On pourrait facilement observer que les catastrophes ont toujours participé à attiser l'intellect humain, les inventions avaient facilité l'autonomie de plusieurs pays par la recherche de solutions propres aux difficultés du quotidien.
Serait-il l'occasion pour les pays africains de se libérer des diverses dépendances économiques et d'investir sur l'expertise locale ?
De nos jours avec la situation qui sévit dans le monde, le Sénégal a su saisir sa chance, et comme un déclic, les universitaires se sont approprié le combat. En effet, avant de parler des inventions technologiques, il faut noter que dès le début de la crise les universitaires ont créé des groupes de travail par champs de compétence. Selon l'économiste et écrivain Felwine Sarr, un groupe a été monté en économie afin d’anticiper l’impact au niveau des transports, du tourisme, du commerce, de la culture et du secteur informel très exposé en ce moment. Des réflexions à des mesures qui pourraient aider l’État à garantir aux individus des revenus plus durables et stables ont été initiées, allant plus loin, on serait tenté de dire que c’est une aubaine pour nos économistes d’appliquer un modèle économique intrinsèque indépendant, basé par exemple sur les concepts de microfinances. Cette synergie s’est aussi produite dans le domaine du droit, de la gestion, de la science et de la médecine, et même chez les activistes ou chez les leaders communautaires. C’est une excellente démonstration de l’impact que la société civile peut avoir.
Revenant ainsi dans le domaine de la science et des inventions, on assiste dorénavant à une renaissance du génie africain. Allant du respirateur artificiel et du Dr Car produits par des professeurs et des étudiants de l'université polytechnique de Thiès au lavabo mobile et gels hydro-alcooliques (UCAD), nos scientifiques ont relevé les défis.
Des initiateurs particuliers se sont distingués sur des ébauches de confection de masques et autres équipements de protection. Ils ont participé de ce fait à donner un certain souffle d'autonomie au pays.
Ces inventions et innovations sont attendues aussi dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie, de la pharmacie et de la médecine, etc.
Le Covid19 aura permis la valorisation des talents africains et le sentiment de patriotisme comme stratégie de survie, enfin les autorités africaines en général et du Sénégal en particulier à travers ces exemples nombreux devraient s’atteler à la promotion et à l’encouragement des initiatives et des expertises locales. Car enfin on commence à comprendre que nous devons faire les choses par nous-même et au-delà protéger notre économie.
par Momar Dieng Diop
PA SOULEY : UNE VIE, TROIS TEMPS !
Je découvre avec ta disparition que la générosité n’a de sens que lorsqu’elle est englobée de discrétion, de foi et d’humilité
Ancien de l'école William Ponty, Souley ou Grand Jules comme l'appelaient affectueusement ses parents de Kaffrine, fief Ndoucoumane, est de la lignée des Beuleup. Fils de Ahmadou Diakhou Ndao et de Adam Kéwé Ndao, Souley est le petit fils de Kéwé Ndao, sa grand mère maternelle. Son grand père paternel Ngouniary, Général et Chef de guerre, était le frère du dernier Beuleup Ibrahima Ndao de son vrai nom Kimitang. Orphelin de père, il fut élevé par son oncle Ousmane Kéwé Ndao avec son frère et ami Mady Ndao, mon homonyme. Son enfance était rythmée par l’école coranique, l’école française et les travaux champêtres à Sanghol.
Sa carrière professionnelle débute à Khombole, puis Thiès (école Chateau d’eau) et ensuite Louga(C.E.G Montagne), sa ville natale. Oui, le Saloum Saloum est né à Louga, au début des années 30, où son père servait dans l’administration coloniale. Informé de sa naissance pendant qu’il était de passage à Louga, Ckeikh Al Khalifa Serigne Babacar Sy (RTA) demande à ce qu’on lui donne le nom de Souleymane.
Arrivé à Kébémer en 1969, il ne quitta cette ville qu’en 1996, année de sa retraite. Moussé Ndao, pour parler comme les kébémerois ou Doyen comme on l’appelait, en pionnier, y ouvrit le premier C.E.G (College d’Enseignement Général) avec une classe. Il l’élargit en C.E.M, puis en C.E.S et enfin en Lycée. 27 années durant lesquelles, en bon éducateur, il planta des graines du savoir et aida des jeunes à traverser les problématiques de l’adolescence.
A sa retraite en 1996, il s’installa à Thiès où habitaient sa belle famille et ses grand frères Elhadj et Mamadou Ndao. A mon retour au Sénégal, je découvris un autre homme communément appelé Pa Ndao ou Délégué de quartier. Oui, il fut le Délégué de quartier de Mbour 3 pendant plus d’une décennie mais rendit le tablier malgré l’opposition des autorités administratives de la ville. Il voulait se consacrer davantage à Dieu son Créateur. Ses journées étaient partagées entre la mosquée et les daraas jusqu’à son rappel à Dieu à l’age de 88 ans.
Papeu, je découvre avec ta disparition que la générosité n’a de sens que lorsqu’elle est englobée de discrétion, de foi et d’humilité.
Ton épouse, notre maman, en bonne musulmane, est restée stoïque face à l’épreuve.Tes enfants font leur deuil en priant pour toi mais aussi en racontant des anecdotes sur ta vie.
Des récitals de Coran ont été organisés dans les mosquées et Daraas de Kébémer, Ndande, Thiès, Sokone, Darou Marnane, Kaffrine, Siweul et Dakar.
Aujourd’hui, marquant le 8eme jour de ton rappel à Dieu, nous allons encore prier pour toi dans les mosquées et les daraas que tu affectionnais tant. Nous sommes tristes mais acceptons la volonté divine sur toi le Talibé Cheikh. Nous prions que Cheikh Ahmed Tidjany Cherif (RTA) t’accueille pour te remettre entre les bras de notre Prophète Mouhammad (PSL). Qu’Allah te couvre de sa miséricorde et que Firdaws soit ta demeure éternelle.
Je ne pourrais terminer sans présenter mes condoléances et celles de la famille à tout le Ndoucoumane, à tout le département de Kébémer et à toute la ville de Thiès.
Ndoucoumane prie pour toi Souley / Grand Jules
Kébémer prie pour toi Moussé Ndao / Principal /Doyen
Thiès prie pour toi Pa Ndao / Délégué.
Une vie, trois temps! Repose en paix Pa. Amen
Al Fatiha + 11 Likhlass
par Amdy Moustapha Niang
DU DÉSÉQUILIBRE ENTRE L’HOMME ET LA FEMME DANS NOTRE SOCIÉTÉ
Dans la famille sénégalaise où nous avons construit notre humanisme, la femme reçoit une éducation de soumission
Qu'est-ce qui serait à l'origine du déséquilibre dans la relation de complémentarité du binôme Homme & Femme dans la société sénégalaise ?
Je dirai notre éducation sans sourciller.
Nous sommes dans une société patriarcale où la démarcation entre les sexes est très tôt opérée, même dans les taches ménagères.
Dans la famille sénégalaise où nous avons construit notre humanisme, la femme reçoit une éducation de soumission. Ce qui n'est certes pas répréhensible dans une certaine mesure.
Mais paradoxalement, le sexe opposé, lui, est éduqué à être dominant, servi comme un prince sans qu'il y ait à son niveau une préparation à une vie de complémentarité mais plutôt à une relation asymétrique à son fort avantage.
Ce qui laisse apparaître une nette césure dans le legs social entre homme et femme.
Cela modèle une psychologie phallocentrique populaire qui ne donne à la femme aucune chance d'exprimer ses prédispositions naturelles.
Grandi dans cette atmosphère, nous reproduisons les mêmes stimuli dans nos relations de couple.
Ce qui, à mon avis de profane, constitue la chape de plomb qui fait couler beaucoup ménages.
Dans nos sociétés africaines en général, celle sénégalaise en particulier, le mariage ne s'apprend pas dès le bas âge. Le train du mariage est pris après-gare par un nombre incalculable de gens qui, n'ayant pas tort d'eux d'eux-mêmes, passent à côté de la moyenne. Qui accuser, alors ? Notre structure sociale bien sûr !
Oui la femme doit se soumettre, mais à quel genre d'homme ?
J'ai l'habitude de dire que si les femmes doivent copier sur Soxna Jàara, les hommes également ont l'obligation de ressembler à Màam Mor Anta Saly Mbackè.
C'est ça l'équilibre !
par Abdourahmane Sarr
FINANCEMENT DE L’UEMOA : PROPOSITION POST-COVID
Là où l’Europe peut créer un mécanisme de stabilité en faisant lever des fonds par une entité garantie aux titres refinançables par la BCE, nous pouvons faire jouer le même rôle à la BCEAO sans la garantie des Etats si elle a la maîtrise de son bilan
Le Sénégal a lancé le débat sur la dette africaine, et par la voix de son ministre des Finances, a soutenu que son annulation permettrait de mobiliser des ressources nouvelles pour financer une reprise intéressante pour l’Afrique et ses partenaires. Il s’agirait donc de la reconstituer et rapidement en levant notre contrainte de critère de convergence sur le déficit budgétaire. Le Bénin, par la voix de son ministre des Finances, a lui exprimé une préférence pour des financements nouveaux plutôt que l’annulation ou le moratoire d’une dette jugée soutenable, invoquant des difficultés futures de mobilisation de ressources du marché qui en découleraient. Tidjane Thiam, figure emblématique d’une Afrique compétente et écoutée de la finance internationale, signataire d’une tribune en faveur du moratoire, voit en ce moratoire une solution immédiate et temporaire de libération de liquidités sans ressources nouvelles. Pour notre part, nous nous sommes exprimés contre l’annulation de notre dette et pour une autonomie monétaire afin de faciliter le refinancement de cette dette en monnaie nationale principalement, avec la souscription de non-résidents (voir Annulation de Dettes Non, Souveraineté Monétaire Oui). En effet, dans la gestion d’une dette souveraine, l’accès aux marchés pour le refinancement d’un niveau de dette soutenable est plus important que la capacité de remboursement avec des recettes effectives. Il est donc important d’être perçu par les marchés comme un souverain solvable qui respecte ses engagements. Nous soutiendrions une annulation de dette pour le Sénégal, si le président Macky Sall s’engageait à ne pas la reconstituer principalement en devises bien que finançable de l’extérieur.
Cela dit, ce débat public est sain comme le soulignait Kako Nubukpo dans une récente contribution, puisque pour notre part, le dénominateur commun de ce débat est que l’Afrique a besoin de ressources extérieures complémentaires pour son développement. Comment mobiliser ces ressources tout en nous affranchissant du joug de nos « partenaires au développement » ? Nous avons noté que Tidjane Thiam en des circonstances différentes de temps et de lieux a exprimé les points de vue suivants : i) « il faut du capital supplémentaire qui entre en Afrique pour la croissance » (ii) « c’est une folie que de financer les infrastructures avec des eurobonds » (iii) « l’Afrique doit utiliser son épargne pour financer ses infrastructures ». Comment réconcilier ces trois positions ? Clairement, l’insuffisance de l’épargne intérieure ou une utilisation optimale de nos revenus pour la consommation intérieure plutôt que l’investissement, nécessite un complément d’épargne extérieure n’ayant pas meilleurs usages (dettes ou fonds propres). Cette épargne extérieure peut être mise à disposition sous forme d’engagements en devises ou en monnaie nationale. Nous supposons donc que le problème que Tidjane Thiam a eu avec les eurobonds est qu’ils sont une dette en devises. Si tel est le cas, nous partageons avec lui une préférence pour l’endettement en monnaie nationale afin de réduire le risque de change du portefeuille de dette extérieure de nos Etats.
Il se trouve néanmoins que la raison principale pour laquelle nos Etats, Côte d’Ivoire et Sénégal, avaient émis des eurobonds dans des montants qui ont alerté Tidjane Thiam en 2018 n’était pas seulement liée au financement d’infrastructures (voir notre contribution « Eurobonds : le Sénégal et la Côte d’Ivoire au Secours de la BCEAO et des Banques»). Il s’agissait beaucoup plus d’une gestion macroéconomique, car notre banque centrale avait besoin de renflouer ses réserves de change après avoir excessivement financé nos états en monnaie nationale par le bais du refinancement de titres détenus par les banques. Cette thèse a été confirmée par le FMI. Une réduction relative de son volume de refinancement en conséquence avait créé une tension de liquidité dans le secteur bancaire et le marché des titres, générant un effet d’éviction du secteur privé. Au vu de cette expérience, comment lever des fonds sur les marchés internationaux pour renflouer nos réserves de change et soutenir la liquidité bancaire sans contraindre nos Etats à s’endetter en devises ?
Nous avons proposé que la BCEAO puisse émettre des titres sur le marché international sans la garantie des Etats sur la base de la solidité de son propre bilan dans la mesure où ses statuts le lui permettent. Elle pourrait ainsi lever jusqu’à 16 milliards de dollars, soit l’équivalent de ses réserves de change. Les fonds levés représenteraient des réserves de change portant leur niveau à 32 milliards de dollars immédiatement disponibles, alors que l’engagement extérieur de 16 milliards pourrait être sur une période relativement longue (5 ans) et renouvelable. Ainsi, une BCEAO à la gouvernance réformée aurait une capacité renforcée d’intervention, et donc de refinancement de crédits en soutien à la croissance mais sous le leadership du secteur privé.
Les non-économistes ne comprennent souvent pas comment il se fait qu’on ne puisse pas utiliser nos réserves de change pour des investissements alors qu’elles sont disponibles. Les économistes leur répondent toujours que la contrepartie circule déjà dans l’économie, et qu’il n’était pas possible de la réinjecter une deuxième fois. C’est vrai. Mais une façon de s’assurer que cette épargne extérieure est utilisée dans notre économie, est de permettre à la banque centrale d’emprunter son équivalent plutôt que d’attendre qu’on nous la prête par le biais d’eurobonds émis par nos états à des banques internationales. Si le financement graduel de l’économie que ces réserves permettraient ne réduit pas significativement le niveau de nos avoirs extérieurs nets, l’opération ne se solderait pas nécessairement en une dette nette ingérable par la BCEAO. Une autonomie d’objectif donnée à la BCEAO sur le taux de change tout en préservant sa mission première de stabilité des prix faciliterait cette gestion. Le refinancement par la banque centrale, à sa guise, de projets en soutient à l’exportation, à la substitution efficiente d’importations, et à la croissance serait ainsi bénéfique pour notre économie. Titrisés, des actifs de certains projets bien structurés pourraient même être vendus à l’international avec la participation de la BOAD.
Nous voyons là que notre destin n’est pas entre les mains de nos partenaires au développement, bilatéraux ou multilatéraux, si nous décidons de prendre la responsabilité de gérer nos finances. Là où l’Europe, par la solidarité, peut créer un mécanisme de stabilité en faisant lever des fonds par une entité garantie aux titres refinançables par la BCE, nous pouvons faire jouer le même rôle à la BCEAO sans la garantie des Etats si elle a la maîtrise de son bilan. Elle est notre meilleure institution et devrait pouvoir jouer un rôle réellement supranational auprès de nos états dans un monde post-Covid submergé de liquidités.
Ce que nous disons a été mis en œuvre par la Tunisie au début des années 2000. La Banque Centrale de Tunisie avait alors un programme d’émission de titres à moyen terme sur les marchés européens, japonais, et américains d’une valeur de 2 milliards de dollars qui équivalait au niveau de ses réserves de change de l’époque. Le prospectus indiquait que les fonds étaient destinés à renflouer ses réserves de change et à financer l’état Tunisien sans sa garantie. Si nous faisions la même chose, n’utiliserions-nous pas l’épargne nationale pour financer le secteur privé et des projets d’infrastructures rentables allant dans le sens de l’interpellation de Tidiane Thiam ? Crédit Suisse faisait partie des banques participantes. Cela nous semble préférable que d’emprunter la même épargne à travers le trésor d’un état tiers comme nous l’avons fait depuis 1960 pour remettre les fonds à nos états défaillants qui ont voulu conduire le développement à la place du secteur privé national. Annuler la dette pour la reconstituer de cette manière n’est pas souhaitable. Nos Etats pourront davantage se concentrer à développer le marché financier régional avec l’apport de non-résidents en monnaie nationale.
Alors, respectons les critères de convergence après le rattrapage contracyclique de la crise, renforçons notre banque centrale indépendante, et donnons-lui le mandat d’accompagner le développement sous le leadership du secteur privé et l’appui des états sur des choix consensuels avec l’exutoire du taux de change. Nos Etats se concentreraient davantage sur les services publics qui nous sont communs (santé, éducation, infrastructure de base, sécurité) dont la qualité dépendra d’une vraie politique de décentralisation. L’inclusion financière de nos populations et de nos collectivités locales leur permettra de participer à l’avènement de collectivités locales fortes soutenues par des petites et moyennes entreprises nationales résilientes.
De ce dernier point de vue, nous réitérons que l’Afrique devra capitaliser sur sa démographie en reconstruction et son urbanisation croissante qui ne seront plus des handicaps mais des atouts. Ces deux facteurs conjugués à la digitalisation des échanges permettront aux populations des zones urbaines de mobiliser l’épargne en monnaie nationale correspondant aux dépôts stables de leurs portefeuilles électroniques pour leur transformation en financements à moyen terme. Elles auront ainsi également une option sur le refinancement de la banque centrale, et donc sur les réserves de change, et pourront disposer de fonds propres pour leurs projets sans passer par le crédit bancaire. En effet, nos banques peinent à transformer nos dépôts à vue stables en des financements à moyen et long termes au profit de nos entreprises.