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1 mai 2025
Opinions
par Mamadou Niang
MIEUX COMPRENDRE LE PLAIDOYER FORT DE MACKY SALL POUR L’AFRIQUE !
La dette doit être annulée mais le système qui l’entretient doit aussi disparaître, car même si la dette est annulée, elle pourrait renaître de ses cendres si le système est maintenu
Au début de la crise sanitaire du COVID19, le président Macky Sall a très tôt pris les devants pour demander l’annulation de la dette publique africaine et le réaménagement de sa dette privée selon des mécanismes à convenir. Cet appel du président Macky Sall a eu des échos favorables un peu partout dans le monde. Cependant, il faut comprendre que le plaidoyer du président, va au-delà, de la simple demande d’annulation de la dette africaine.
Il plaide en outre, pour l’abolition de l’ordre mondial en cours et l’instauration d’un nouvel ordre mondial, qui redéfinit l’ordre des priorités, qui investit dans l’économie réelle, bref il plaide pour un monde nouveau. Ainsi, pour mieux comprendre l’aspiration du président à un nouvel ordre mondial, il est important de revenir sur quelques aspects factuels de l’ordre mondial en cours. En effet, nul besoin d’être économiste, statisticien, géographe, historien, philosophe ou sociologue pour appréhender le dérèglement du monde, il faut juste être un humain. Car l’humain débarrassé de tous ses titres, grades et distinctions demeure le seul baromètre de l’humanité pour moi.
Mais malheureusement, nous sommes dans un système qui petit à petit a gangrené le monde dans lequel nous vivons, un monde qui a perdu ses valeurs morales et éthiques, un monde où l'Homme est piétiné, humilié, instrumentalisé, réduit à une simple cellule réactive et fonctionnelle d’un macro-processus planétaire. Ce macro-processus est fondé et entretenu par le mercantilisme, le matérialisme et la cupidité, il est centré sur lui-même et sur ses propres intérêts. Ainsi, l’économie mondiale hyper financiarisée se caractérise aujourd’hui, par un jeu d’acteurs vicieux et véreux, car depuis que certains aventuriers financiers que j’appelle les rapaces de la finance mondiale ont su que l’on pouvait plus facilement et rapidement s’enrichir avec la finance qu’avec l’économie réelle, ils ont transformé la planète en un gigantesque casino où l’argent est complètement déconnecté de toute production, de tout effort physique et/ou intellectuel, et de toute activité socialement utile. Les places boursières sont transformées en des lieux de trading à haute fréquence où le sort de centaines de millions d’humain se décide sur un coup de dés. Le résultat de ces procédés ésotériques financiers font que des montants d’argent peuvent multipliés par mille ou perdus simplement, en quelques secondes sans qu’aucun banquier ou statisticien ne puisse expliquer, ce qui s’est exactement passé, car le robot en charge des opérations spéculatives a décidé en quelques nanosecondes de vous faire gagner ou perdre, l’opération échappe même au trader, c’est-à-dire à l’opérateur des marchés financiers. Personne ne comprend, mais les verdicts gagnés ou perdus sont acceptés par tous : bienvenu dans la sorcellerie financière 2.0 où le virtuel a pris le dessus sur le réel.
La conséquence immédiate de cette virtualisation de la finance mondiale est que l’économie est devenue profondément dysfonctionnelle, et désormais c’est la finance qui actionne l’économie et non l’inverse. Cette situation a eu comme corollaire la concentration de la richesse mondiale entre les mains d’une minorité active qui asservit la majorité passive. Ainsi, le fossé entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser à cause de cette dynamique négative qui habite l’actuel ordre mondial, d’ailleurs cet ordre mondial entretient les fondements d’un monde structurellement inégal. En outre, la dette des pays pauvres sous sa forme actuelle est un obstacle structurel au développement économique et social car le complexe enchevêtrement des causes historiques profondes fait que la dette est similaire à une addition dans un restaurant où les clients précédents laissent l’addition aux clients suivants ainsi de suite, de génération en génération.
Le malheur, c’est qu’à force de voir le système ainsi, on le croit créé et arrangé par Dieu. Alors que Dieu n’y est pour rien, car les mécanismes de prédation avec les prêts prédateurs auxquels les pays pauvres de la planète sont confrontés sont le fruit d’une invention humaine. Donc la dette, telle que nous la connaissons aujourd’hui est greffée sur ce système, qui à travers les institutions financières internationales, organise une prédation légale et systématique des pays pauvres. Ces propos en substance du juge Kéba Mbaye citant un éditorial de Béchir Ben Yahmed, lors de sa leçon inaugurale portant sur l’éthique, aujourd’hui, à l’UCAD, le 14 décembre 2005 sont illustratifs de la situation : « (…) De leur côté, les anciennes puissances coloniales ont mal aidé. Quant à la Banque mondiale et au FMI, agents d’un ordre économique mondial injuste, ils ont erré. Cette conjonction de facteurs défavorables, toujours à l’œuvre en 2005, près de cinquante ans après les indépendances, explique les malheurs actuels du seul continent qui voit augmenter le nombre de ses démunis». Ainsi, ma conviction personnelle est que non seulement la dette doit être annulée mais le système qui l’entretient doit aussi disparaître, car même si la dette est annulée, elle pourrait renaître de ses cendres si le système est maintenu, l’histoire nous l’a déjà démontré. Et je reprécise ici que je parle uniquement des prêts prédateurs qui deviennent des dettes non remboursables dans le temps et qui finalement asservissent les États qui les ont contractées.
Cependant, je ne saurais passer sous silence un fait, car il y quelques jours après les sorties réussies du président Macky Sall plaidant l’annulation de la dette africaine, l’économiste sénégalais, Felwine Sarr a soutenu lors d’une interview avec la TV5 que : « Économiquement, la dette n’est pas un problème si elle est sous contrôle, c’est-à-dire bien investie. Malheureusement, certains Etats africains profitent de cette crise pour jouer sur ce que je nomme la politique de la compassion et demander l’annulation de leur dette. Hors, nous ne devrions pas tendre la main. Il faut changer de discours. Assumons nos dettes, payons-les, gérons-les comme il faut et arrêtons de venir quémander une annulation tous les vingt ans. » Ces propos de Felwine Sarr ne se justifient pas car la demande d’annulation de la dette africaine n’est pas une stratégie de politique compassionnelle, non ! Cette demande est faite dans un contexte particulier où aucun économiste, mieux aucun oracle ne peut prédire ce qui va se passer après cette crise sanitaire. D’ailleurs, au-delà du contexte mondial marqué par cette crise du COVID19, il sait que la dette africaine comme toute la dette des pays pauvres est une stratégie de prédation savamment orchestrée.
En fin de compte, comme le président Macky Sall, je pense que le temps d’un postulat radical, qui place l’humain et l’environnement au cœur de nos préoccupations et de nos actions, est plus que venu, il faut que l’humanité accepte audacieusement d’instaurer un nouvel ordre international légitime. D’autant plus que cette crise sanitaire offre aux tenants de l’ordre mondial inique, la chance de restaurer leur crédibilité morale car elle a produit les conditions de dépassement de cet ordre cannibale. Sinon le monde post-covid2019 risque d’être un monde bipolaire, non pas idéologiquement mais cette fois ci matériellement avec d'un côté les très riches et de l’autre côté les très pauvres qui seront de plus en plus nombreux.
par Yoro Dia
L'AUTRE GRANDE GUERRE
Macky devrait d’ores et déjà dire aux Sénégalais que la bataille économique de l’après-Covid-19 sera plus dure que celle contre la pandémie et qu’il n’aura à offrir que de la sueur si on veut respecter le rendez-vous de l’émergence en 2035
«Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, des larmes et de la sueur.» Ainsi parlait Sir Winston Churchill à la Grande Bretagne à la veille de la seconde Guerre mondiale quand il en devint le Premier ministre dans des circonstances exceptionnelles. Il réussit avec son discours de vérité à fouetter l’orgueil de ce grand Peuple, à le mobiliser pour gagner cette grande guerre. Le président Macky Sall devrait d’ores et déjà dire aux Sénégalais que la bataille économique de l’après-Covid-19 sera aussi dure, sinon plus dure que la bataille contre le Covid-19 et qu’il n’aura à offrir que de la sueur, énormément de sueur si on veut respecter le rendez-vous de l’émergence en 2035, car le «temps et la marais» n’attendent personne, comme on dit au pays de Churchill.
Nous gagnerons la bataille contre le Covid-19. C’est évident. Est-ce que c’est une question de semaines ou de mois ? C’est tout ce qu’on ne sait pas. C’est pourquoi il faut se préparer à l’après-Covid-19 parce que, soit le virus disparaît soit il va rester un encombrant «hôte étranger qui vit parmi nous». Il n’y a pas de troisième voie. Mais quel que soit le cas, il faut que l’économie redémarre pour la simple raison que nous n’avons pas le choix. Les prochains mois vont être très durs. Macky Sall a été chef de guerre contre le Covid-19, il faut qu’il le reste dans la deuxième phase économique de la guerre. Churchill a été un grand chef de guerre. Avec ténacité, détermination et bravoure, il est parti d’une situation désespérée, a su redonner confiance à un pays à genoux, l’a relevé et l’a mené à une victoire éclatante. C’est une des rares fois où un homme seul a su changer le cours de l’histoire. Churchill savait parler aux généraux et amiraux, mais avait montré toutes ses limites en économie lors d’un précédent passage au gouvernement comme chancelier de l’Echiquier. Son passage à la tête des finances fut tellement catastrophique que Keynes prit sa plume pour attirer l’attention du pays sur les «conséquences économiques de M. Churchill». Dès la fin de la guerre, les Anglais qui savaient tout de Churchill choisirent de le renvoyer dans l’opposition après l’avoir porté au pinacle de la gloire.
Le président Macky Sall, contrairement à Churchill et ses limites économiques, a consacré l’essentiel de son énergie à l’émergence, dont la marche en fast track subit un coup de frein brusque avec l’obstacle Covid-19. C’est après le Covid-19 que le fast track aura tout son sens, parce qu’on saura si le président de la République est en mesure de profiter d’une situation exceptionnelle (comme Churchill à la veille de la guerre) pour mobiliser l’énergie des Anglais en leur vendant l’espérance (la victoire finale, objectif clairement défini), car comme dit Napoléon, «les grands chefs sont des marchands d’espérance». Le pays a besoin d’espérance.
Il urge, alternativement à la communication quotidienne sur le nombre de cas, le nombre de guéris et le nombre de morts, de «vendre» au pays une autre espérance, un futur à côté de ce présent sinistre. L’histoire a toujours montré que dans une situation exceptionnelle, si les chefs sont exemplaires, le Peuple suit. Avec le Covid-19 et surtout l’après, Macky Sall a une situation exceptionnelle. Est-ce qu’il va être le Churchill de 1939 ou de 1945, ou celui dépassé par la crise économique, nous le serons dans les jours qui viennent. La bataille de la reprise économique commence maintenant. Et c’est une guerre structurelle dont dépend notre avenir, alors que la bataille contre le Covid-19, au fond, est conjoncturelle.
par Ibrahima Silla
CE N’EST PAS SORCIER !
Il nous faut déconstruire les imaginaires de la modernité et donc revaloriser nos traditions culinaires et alimentaires. Ne pas tomber dans la facilité de la consommation de produits finis importés
Avec le coronavirus, c’est la ruée vers la plante vedette à partir de laquelle on espère venir à bout de ce virus qu’aucun laboratoire pour l’instant ne semble être en mesure d’éradiquer par l’administration d’un vaccin. Mais, ce n’est plus qu’une question de temps. Le virus sera vaincu. Entre temps, on aura perdu beaucoup de temps et d’êtres humains. L’Afrique – Dieu merci – s’en sort pour l’instant plutôt bien. Pourvu que ça dure. Pour une fois, nous ne battons pas les tristes records dans la tragédie. Ce qui ne nous rend pas insensible et profondément triste devant les centaines de milliers de morts dans le monde. Le temps de l’analyse rationnelle ou mystique de cette « exception africaine » viendra une fois la crise surmontée.
En attendant, s’il y a une leçon provisoire à tirer de tout ce remue-ménage sanitaire c’est que l’Afrique doit apprendre à ne pas toujours attendre, les bras croisés que les gestes barrières comme les remèdes miracles viennent d’ailleurs. Demain d’autres virus viendront malmener nos existences fragiles et nos vulnérabilités solides. Il nous revient, si nous ne voulons pas éternellement dépendre de la pitié et de la charité humanitaire du monde, d’être en mesure de rivaliser d’ingéniosité pour moderniser et rendre accessible nos produits médicinaux et thérapies que nous avons le devoir impérieux et salvateur de trouver. Ce qui nous permettra demain de ne plus faire partie des problèmes. Nous pouvons être une part de la solution pour le monde comme nous le sommes dans bien des domaines déjà où nous sommes malheureusement de simples fournisseurs. Hier comme aujourd’hui. Autrement, nous serons condamnés à l’assistance et à l’exploitation à perpétuité.
Nous le savons parfaitement et nous devons en tenir compte dans nos priorités de politiques publiques. La maladie fait partie inéluctablement de notre destin. Elle se présente comme une fatalité, c’est-à-dire ce qui ne peut pas manquer d’advenir quoi qu’on fasse. Avec une régularité constante, les maladies surviennent comme une loi de la nature. Chasser les virus ils reviennent au galop sous une autre forme toujours plus virulente. Chaque virus combattu et abattu annonce l’arrivée d’un virus pire que celui qui l’a précédé. Face à cette loi de la nature, quelle riposte et quels réflexes de survie envisager en amont ?
Depuis des lustres, l’humanité a trouvé dans les écorces, racines, feuilles et graines des solutions et décoctions pour guérir les maux et maladies. Nos ancêtres se sont parfaitement bien débrouillés avec la quinine, l’artemisia, le cola, le bissap, le moringa, le citron, le bouye, le gingembre, le corossol, la goyave, etc. qui ont depuis longtemps étalé leurs mille et une vertus médicinales. Le remède viendra certainement d’une de ces plantes dont les chercheurs, instituts et laboratoires scrutent et extraient les particules les plus précieuses et essentielles pour produire le « miracle » qui se trouve forcément dans les quelques 350 000 espèces végétales recensées dans la végétation.
Il n’est pas nécessaire de se perdre dans les limbes de la pensée magique, de la mythographie, de la mythomanie ou sur les pistes de la sorcellerie pour trouver des solutions thérapeutiques dans la botanique médicale. Ce n’est pas sorcier. Même si dans la maladie, symptômes physiques et symptômes psychiques sont étroitement corrélés, ouvrant ainsi la voie au charlatanisme médicinal.
Scientifiquement toutes sortes de spécialisations, de domaines de recherche et de savoirs académiques et pratiques, de thérapies médicinales et protocoles d’utilisation montrent que les chercheurs africains comme les tradipraticiens confirmés ne sont pas coupés du monde sensible et des réalités sociétales. Ils excellent, en dépit des maigres moyens qui leur sont alloués, dans la botanique, la cryptogamie, la pharmacognosie, l’anatomie, la morphologie, la biologie végétale, la physiologie végétale, les sciences pharmaceutiques, la mycologie générale, la phytopharmacie.
Tout un travail de recherche scientifique nous donne la possibilité de puiser dans la botanique médicale des moyens de terrasser tout virus. Nombre de travaux scientifiques et expériences réalisées dorment sous la poussière des laboratoires, sans que les pouvoirs publics ne daignent s’intéresser véritablement au travail de codification et d’exploitation.
Les chercheurs africains, faute de moyens, se retrouvent ainsi, sinon engloutis du moins récupérés par des multinationales obsédées davantage par le profit que par la santé des populations. Les solutions et remèdes à tous nos maux existent déjà, mais bizarrement nous attendons toujours les solutions chimiques et vaccins venant d’ailleurs, là où une simple tisane ferait l’affaire. Il aura fallu un soutien hors du continent puis malgache, pour que l’on daigne enfin s’intéresser aux travaux du Docteur Munyangi, à l’origine de ce projet d’utilisation du covid-organics. Aujourd’hui, tous les honneurs sont adressés au président malgache et l’on semble avoir oublié le rôle joué par ce jeune chercheur congolais dont les recommandations ont été déconseillées à l’origine par l’Académie française de Médecine. Quelle injustice à l’égard de ce dernier ! Ni son pays ni le continent africain ne lui manifesté une quelconque considération. Il aura été même, au début, gardé à vue dans son propre pays le Congo.
Depuis des siècles, tout nouveau contexte épidémiologique permet de découvrir :
L’existence de botanistes professionnels, d’explorateurs naturalistes qui contribuent à hisser la botanique au rang de science autonome.
La découverte des progrès de la systématique végétale
La redécouverte de l’existence d’espèces comestibles ou ayant des propriétés thérapeutiques.
Il convient de ne pas penser la botanique et la médecine séparément. De même qu’il ne faut pas séparer totalement médecine moderne et médecine traditionnelle. Des laboratoires universitaires s’y emploient déjà et sont logées dans le même département à l’université. Une sincère collaboration entre médecins et pharmaciens, botanistes et tradipraticiens devraient nous permettre de trouver une multitude de remèdes efficaces contre tous les maux qui nous guettent, à moindre frais et avec des possibilités de conquête d’un marché international pour les commercialiser. Ce qui requiert le respect de certains protocoles scientifiques, techniques, réglementaires, éthiques avant toute utilisation.
Plusieurs groupes de recherche liés ou non à des entreprises pharmaceutiques privées, misent sur la découverte de nouveaux principes actifs contre le cancer, le diabète ou toute autre maladie, à partir des données ethnobotaniques. Des procédés de dosage ingénieux pourraient permettre d’extraire de ces plantes des particules, huiles et thérapies essentielles.
La nature regorge de vertus esthétiques et thérapeutiques. Chaque fois que nous sommes confrontés à de tels problèmes de santé, nous retournons vers la nature pour y puiser les trésors nutritifs et de nombreuses vertus médicinales. Le temps est donc venu de nous réconcilier avec la nature pour réaliser l’indispensable alchimie entre l’homme et le végétal. Nous disposons de tout ce dont nous avons besoin pour vivre bien et en parfaite harmonie avec la nature qui constitue un incommensurable réservoir de phénomènes biologiques et un immense stock de matériel génétique qui peuvent nous permettre d’avoir une nourriture saine et une médication obtenue à partir des produits récoltés dans la végétation qui nous entoure, sur nos terres qu’il faut préserver des pesticides, des colorants et autres produits chimiques dont la nocivité est scientifiquement constatée.
Il nous faut déconstruire les imaginaires de la modernité et donc revaloriser nos traditions culinaires et alimentaires. Ne pas tomber dans la facilité de la consommation de produits finis importés. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut résorber le problème de la disparition des espèces végétales menacées par la protection des milieux naturels, la fin de la déforestation, le frein à l’urbanisation et le reboisement. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut des politiques très volontaristes de sauvegarde de la biodiversité et de restauration des habitats dégradés. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut reconnaître et soutenir le rôle déterminant des jardins botaniques pour la recherche et la conservation des espèces végétales. Ce n’est pas sorcier !
Il nous faut une véritable politique d’éducation à l’environnement, Une approche didactique forte au développement durable, aux pratiques culturales et aux plantes médicinales. Ce n’est pas sorcier !
Tout ce que nous devons faire et qui est à notre portée n’est pas sorcier. Il suffit que la magie de la volonté opère pour transformer nos vulnérabilités en de solides opportunités sécuritaires.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
MOUSSA SÈNE ABSA, ÉCRIN DE CINÉMA
EXCLUSIF SENEPLUS - L'écouter c’est côtoyer un artiste total. C’est une voix forte du paysage artistique, qui n’hésite pas à faire des incursions sur la scène médiatique lorsqu’une question de société l’interpelle - INVENTAIRE DES IDOLES
Figure majeure du cinéma sénégalais, Moussa Sène Absa a réalisé une dizaine de longs métrages, comme les mythiques Tableau Ferraille et Madame brouette, mais aussi des séries, comme Goorgoorlu. C’est aussi une voix forte du paysage artistique, qui n’hésite pas à faire des incursions sur la scène médiatique lorsqu’une question de société l’interpelle. Il se livre sur un parcours atypique, qui laisse deviner en creux le flair dont il a toujours fait preuve. Portrait.
Yarakh, à 7 kilomètres de Dakar, fin des années 60. Un paisible village de pêcheurs. Peu de maisons en dur, des baraquements en tôle, en bois, coiffés de zinc. Les ruelles sont sablonneuses. L’air sent les matins favorables, les embruns et les cristaux de sel. Un matin, sur la route de l’école, un garçonnet est absorbé par ce qui se passe devant lui. La scène, il faut dire, est frappante : le bienfaiteur du quartier, sur qui la fortune et la réussite sont tombées, sur qui les louanges des populations ne se tarissent pas, est le malheureux élu d’une triste péripétie. Huissiers et gendarmes le cernent, saisissent ses biens, le malmènent et le laissent déboussolé. L’homme est accablé. Le sont peut-être plus encore, les témoins médusés de la scène, pour l’idole leur quartier. Ce jour-là, le petit garçon est saisi d’émois, que sa candeur ne sait sans doute pas encore lire, ou analyser. Mais il fige l’image, comme un cliché archivé dans sa mémoire. Et c’est plus 30 années plus tard que ce jeune garçon, devenu Moussa Sène Absa, en fera un film : Tableau Ferraille (1997), peinture de la déchéance d’un homme que la providence chahute. Dans le rôle de l’idole déchue, Daam Diagne, magistralement campé par Ismaël Lo, tour à tour député, ministre, avant de gouter l’amère chute, à cause de la trahison de ses compagnons d’ascension, échaudés par ses velléités de probité. Tableau Ferraille, réplique cinématographique de Yarakh, avec son poisson, ses rues sans lotissement, grouillant de vie, révèle aussi la somptueuse Ndèye Fatou Ndaw, femme dévouée de Daam Diagne. Le film met en scène, déjà, les sujets chers au cinéaste : l’argent, l’ascension, le féminisme, la polygamie ; cette dernière, un souvenir têtu chez Moussa Sène Absa, qui le dit désinvolte : « à Yarakh, presque tous les hommes étaient polygames pendant mon enfance. » Le film est le premier grand succès du cinéaste, tant il révèle un pays en éveil, miniaturisé en un village, où les ambitions sont en conflits, au mépris des valeurs. Un classique universel.
Un âge d’or du cinéma
L’anecdote, voilà semble-t-il, le petit caprice de la mémoire du cinéaste Moussa Sène Absa, chez qui le hasard semble avoir une provenance, et les anecdotes, une suite dans les idées. Son œuvre garde cette dimension affective pour les souvenirs. Voilà donc la matière, mais aussi à travers elle, la fidélité à la terre, qui feront de Yarakh le décor de fond, la source, l’origine, du cinéma de Moussa Sène Absa. Le cinéaste y voit le jour en 1958, à la vieille des indépendances. Il perd très vite son père et grandit sous les auspices de sa mère. La famille est pauvre, sans le sou. Moussa Sène Absa sera talibé, pendant trois ans. Yarakh est alors peuplé de prolétaires, tirant de la mer leur seule source de revenus. Mais Yarakh est déjà plus qu’un village, c’est une terre mixte, un quartier populaire aux loyers modérés, qui commence gentiment à se densifier sous l’aspiration de Dakar. La ville naissante offre toutes les commodités pour les travailleurs de la capitale et une retraite populaire. Mais, surtout, l’ambiance, dans ces années 60, y est belle et dynamisée par le contexte : l’euphorie de quête de souveraineté du pays. L’énergie est là. A l’école primaire Bara Gueye d’abord, où excellent élève, le petit Moussa trace un chemin qui le conduira au lycée Van Vollenhoven. Les périples vers la capitale sont joyeux, la distance se parcourt en marchant entre le fief et le lycée. Pour le garçon curieux, c’est le Dakar qui s’illumine, s’ouvre au débat, développe son cinéma, qui l’intéresse et l’exalte. Le cinéma itinérant par exemple, comme ce jour où en plein air on projette le Lion de Saint-Marc, réalisé par Luigi Capuano, en 1963. Premier contact avec le grand écran, premiers frissons face à cette histoire de la ville de Venise sous le joug de pirates qui tente de s’en libérer. L’ambition commence timidement. Le bon élève sait aussi écrire, de la poésie et se pique de lectures. Passions qu’il développe en cours de théâtre après son bachot. Son loisir premier, ce sont les films, il le sent définitivement. Il se souvient des économies mobilisées, des privations endurées, pour gagner le droit d’accès à quelques séances. Les salles combles, la fumée des cigarettes, les trafiquants de billets autour, l’effervescence avant le début du film, le silence qui s’abat comme le manteau d’obscurité dans la salle, où plus un bruit ne s’esquisse… Tout y passe, plus qu’une relation avec un film, le cinéma de l’époque est presque une liturgie, qui a des effets stimulants pour le jeune Moussa Sène Absa. Les libanais gèrent alors la majorité des salles et deux sociétés, la SEGMA et COMACICO, sont les grands distributeurs qui irriguent la capitale.
Les mentors
C’est riche de ce bagage, de ses souvenirs, que le jeune homme pose ses bagages à Paris, « pour l’amour d’une femme », en 1984. Il s’inscrit, comme une évidence, en licence de Cinéma à Jussieu. Assiste aux cours en dilettante et seulement pendant trois mois. Le temps d’avoir une première fulgurance : un cours métrage de 18 minutes, Le Prix du mensonge, qui séduit et obtient un cachet de 30000 Francs du GREC (Groupe de Recherches et d'Essais Cinématographiques), créé par Jean Rouch. Pour le jeune homme rincé au cinéma, ce sont les prémices du rêve qui se réalisent. Le film, qui sort en 1988, raconte les destins opposés de deux frères, vivant à Paris, et met en scène leur relation avec leur mère. Enfin au plus près de son milieu naturel, la vocation à portée de main, le cinéaste est lancé. En 94, ayant acquis un terrain à Popenguine, la cité sainte, il rentre au bercail. C’est chez lui qu’il veut ancrer son art. Dans le pays, le cinéma a encore une flamme vive, maintenue par les deux monstres sacrés du 7eme art, légèrement rivaux, Ousmane Sembene et Djibril Diop Mambéty. Il entretient des relations amicales et respectueuses avec les deux icones, même s’il se souvient de deux tempéraments différents, deux visions du monde, deux types de cinéma. Ousmane Sembene, qui l’appelle papa, parce que le père du réalisateur de Guelwaar se nomme aussi Moussa, est « un ours » se souvient-il. Quelques épithètes ? « Eruptif, bougonneux, rugueux et cassant ». Il fallait prier pour tomber sur un bon jour. Son cinéma était, selon lui, un cinéma « de confrontation, de combats ». Une drôle de peinture qui rejoint certains témoignages plus confidentiels sur les aspérités de l’enfant de Casamance qui tranchent avec l’image d’Epinal. Moussa Sène Absa pousse même la réflexion sur l’origine probable de ce tempérament chez Sembene : « une connaissance de la guerre, une vie d’épreuves », où il a dû tout arracher. Le vrai mentor, pour lui, c’est Djibril Diop Mambéty, « un gentleman, poète, raffiné, subtil, un écorché vif mais doux, qui a un cinéma de réconciliation ». A ses côtés, il apprendra aussi quelques secrets du métier. Mais pour s’affirmer, s’émanciper de l’ombre tutélaire de ces pères au talent qui peut être encombrant, il faut s’affirmer, tracer sa propre voix, et élargir le cercle des mentors, au-delà de l’Afrique.
Pour commencer la France ! Moussa Sène Absa aime Truffaut, la nouvelle vague des années 60. Un film en particulier, le mythique A bout de Souffle (1960), de Jean-luc Godard. Comment trouve-t-il le cinéma français actuel ? « Il s’américanise, n’a pas la force narrative qui pénètre les méandres de l’être », conclut-il un brin nostalgique. Cap l’Italie ! Il aime Fellini. Aux US, Spike Lee est un autre compagnon de route. De tous les pays, l’inde sera une étonnante une source d’inspiration. Le cinéaste s’entiche de la Tragédie d’Apu (1959), œuvre du réalisateur bengali Satyajit Ray. Fresque d’initiation qui parcourt toutes les dimensions de la vie, de la mort, avec l’amour comme sujet essentiel, la famille aussi. De l’Inde, il tombe aussi sous le charme d’autres films. Il visionne, par exemple, « 33 » fois Abhinetri (1970) un drame romantique réalisé en 1970 par Subodh Mukerji. Un film dans lequel brille la sublime Hema Malini, le fantasme de son adolescence. Un fantasme, plus vrai que nature, quand en 2003, convié comme juré au festival de Goa, il rencontre sa bien-aimée imaginaire, à table. Le beau clin d’œil du destin, qui valide, les paliers gravis et son appartenance au club des réalisateurs. De ces mentors, de ses inspirations, il tirera son cinéma, qui sent ces influences, notamment la dimension de l’amour, contrarié, complexe, tragique, qui s’épanouira tout de même dans ses films.
Un cinéma de sens et d’essence
Pour le dire rapidement, le cinéma de Moussa Sène Absa est un cinéma sensible qui s’ancre dans le réel, en explore les galeries, les couleurs, les odeurs, les rythmes, les sons. Les chœurs s’enchainent, les séquences bariolées, et, on sent un souffle, une énergie urbaine, qui de Yarakh et la mégapole dakaroise, donne des décors mixtes. Un cinéma qui retrace des destins, flaire les sujets du moment, garde un attachement au réel, et peint les émotions. C’est un cinéma en mouvement qui veille à ce que l’art ne se sacrifie pas sur l’autel du discours politique. Tous les thèmes ou presque sont là : dans Yoole, le sacrifice (2010), le drame de l’immigration, avec en toile de fond, le clin d’œil toujours à Yarakh et au destin des pêcheurs. Dans Teranga Blues (2006), le retour d’immigration et ses tourments, où l’ode urbaine perpétue le cinéma d’ancrage. Dans Ainsi meurent les anges (1999), l’immigration est aussi en scène, tout comme le destin de ces femmes qui rappellent le roman Celles qui attendent de Fatou Diome. Dans Ca twist à Popenguine (1994), le rêve par la danse, le goût de l’évasion, et les tensions post-coloniales déjà. Blues pour une diva (1998), qui célèbre la chanteuse et comédienne Aminata Fall Garmi… Et bien d’autres. Une décennie faste et prolifique ! Au total, une quinzaine de films, au spectre varié, qui racontent le Sénégal et le monde. On revoit aussi les même acteurs, Thierno Ndiaye Doss, la fétiche Ndèye Fatou Ndaw, et des invariants : un travail soigné sur les bandes originales, les images, qui suggère l’artisanat qui a donné naissance à ce cinéma du flair.
Mais, de toute l’œuvre, c’est surtout à la télévision, tous les jours, que les sénégalais avaient rendez-vous avec le cinéaste. Avec le mythique personnage de Goorgoorlu, débrouillard qui trime pour nourrir sa famille, le tour de force est géant, d’arriver à capter, en si peu de temps - les épisodes étaient brefs -, un cliché qui rend si bien compte d’un pays en proie à la survie, mais qui garde une énergie vive, une bonne humeur et une bonne dose d’humour. Avec la tragédie du quotidien bien amortie par le registre comique et les comiques de situation, l’équipe qui produit la série du personnage culte du dessinateur Alphonse Mendy alias TT Fons, permet l’identification, l’évasion, l’hilarité, tous les jours. En filigrane, toutes les obsessions du cinéaste apparaissent encore dans les décors dépouillés, les vies simples racontées, et même le même acteur, le mythique Baye Eli. En revenir presque toujours à cette terre de Yarakh, où est aussi né le film le plus célèbre de Moussa Sène Absa, les pérégrinations de Madame Brouette (2002). Cet avatar d’une amie d’enfance, à la beauté foudroyante, mariée plusieurs fois, avant de décider de s’affranchir des hommes. La force de l’anecdote ici encore, comme dans Tableau Ferraille. Cette amie, bien réelle, rudoyée par ses relations avec les Hommes, confie un jour à au cinéaste à propos de son ancien amant qui l’a abandonnée : « s’il revient, je le tue ». C’est par cette scène de meurtre que le film commence… Film culte au féminisme précurseur, Madame bouette raconte l’univers plus que réel, des vies de femmes africaines qui animent les marchés, les gargotes, les foyers, véritables piliers qui doivent affronter toutes les pesanteurs sociales. Dans les galeries, la prostitution, la drogue, les magouilles, l’auteur ne laisse rien du plateau social.
L’importance de l’Art
Aujourd’hui, le cinéma peine à rebondir. Seules les gloires rapatriées depuis la France – Mati Diop, la nièce qui prolonge la filiation de Mambéty ou encore Alain Gomis - semblent reprendre les flambeaux des aînés comme Moussa Sène Absa. Le nerf de la guerre reste le financement. Se pose toujours en effet, la question de l’argent, qui rend encore le cinéma si peu souverain. C’est toujours « la croix et la bannière faire un film », concède-t-il, même si le FOPICA (le Fonds de promotion de l'industrie cinématographique et audiovisuel), essaie de jouer sa partition. Mais bien plus encore, les cinémas comme lieux physiques, comme enthousiasme collectif, ne suscitent plus vraiment l’engouement d’antan. Les séries sont venues combler un vide, en gagnant en technicité ce qu’elles perdent en authenticité. Comment ne pas évoquer Maîtresse d’un homme marié, la coqueluche du moment ? Moussa Sène Absa est loin d’être emballé : « il manque de l’art », juge-t-il. Aujourd’hui dans sa maison à Popenguine, le cinéaste, qui est aussi un grand peintre, regarde avec une certaine amertume le devenir de son pays. Dans une récente et décapante interview, pour SenePlus, il a fustigé les politiques et les religieux qui « tiennent en otage le pays ». Il se désole du manque d’empathie. On sent tantôt chez lui, une nostalgie d’une époque faste révolue, tantôt, une énergie prête à rebondir. Sur la précarité des artistes, il suggère des pistes de réflexions : « pourquoi ne pas créer une collection d’art nationale, un véritable musée, nourrie de la création locale ? La création d’une mémoire collective qui satisfait le double but de laisser un trésor mais aussi de financer les artistes. Un fond de solidarité, bien administrée, pour éviter les drames récurrents d’artistes, morts sans rien et souvent morts de dénuement ? » Mais bien plus encore, encourager une « diplomatie culturelle » comme sut le faire Senghor, et faire de l’art un centre important, une identité, un legs, pour les générations. Des idées généreuses pour rebâtir qu’il propose aux décideurs !
Dans sa maison à Popenguine, au bord de la mer, sans doute pense-t-il à Yarakh, par le courant complice des alizés. Le village de son enfance est devenu un pôle qui englobe la baie de Hann mais qui n’a pas – encore – connu la transformation des Almadies ou de Ngor, autres historiques villages de pêcheurs, devenus abris de résidences cossues. Le grand lecteur de Gabriel García Márquez et de Jorge Amado, semble avoir dans ses lectures un tropisme sud-américain. Lui qui est sensible « à la beauté, à la tendresse », doit épouser cette vie romantique, presque bohémienne. Savourer les jeux de ses enfants sur la grève, lui qui est resté un gamin, comme ceux qu’on voit dans ses films, incarner une candeur pleine de rêve. Savourer aussi, avec de la fierté, ce chemin parcouru, avec sa canne à la main, ses tenues, qui donnent à son allure, des accents de seigneur fantasque. C’est peut-être, une des choses à retenir : écouter Moussa Sène Absa, c’est vivre un moment exaltant, côtoyer un artiste total, un gueulard, génial homme de théâtre, possiblement excentrique, qui est le personnage - annexe, voire central - de tous ses films. Et cette verve et cette droiture, héritées de sa mère qui lui a appris à « ne jamais baisser la tête, à ne jamais mentir », sont restées comme des boussoles, qui se fichent des ragots et des injonctions à la bienséance. Le cinéma ne peut pas juste « survoler » les problèmes, et cette dimension de « l’engagement » dans l’Art n’est plus un débat, il l’a tranchée. Reste à trouver la mesure et l’équilibre pour préserver l’harmonie. Une quête perpétuelle. Il fournit l’écrin, il appartient aux amateurs de l’ouvrir, de le découvrir. Et, l’homme n’a pas abattu ses dernières cartes. Si récemment, il n’a pas fait beaucoup de films, il n’est pas question de prendre sa retraite. Il est d’ailleurs actif sur le front des séries, dont une pour France télévisions, Black & White, quatre épisodes prévus pour l’automne. Impatient et curieux d’y voir sous quels traits, apparaîtra Yarakh…
Les éventuels essais de vaccins contre le coronavirus ont suscité beaucoup de débats. Des voix plus ou moins malintentionnées, selon certaines affirmations, ont pensé utiliser les africains comme des cobayes
Les éventuels essais de vaccins contre le CORONAVIRUS ont suscité beaucoup de débats. Des voix plus ou moins malintentionnées, selon certaines affirmations, ont pensé utiliser les africains comme des cobayes. Toutefois, les auteurs d’une arme bactériologique ou d’un vaccin empoisonné ne survivront pas à leur forfaiture. Le virus COVID-19 nous en fournit la preuve tangible et indéniable.
En deux mois, il a fait le tour du monde. Il s’est répandu à la vitesse de la lumière en pandémie dans tout le globe terrestre. Il n’a épargné ni européen ni américain ni asiatique ni africain ni australien. Chaque race a son lot de morts et d’infectés. La communauté scientifique internationale surprise reste ébahie et désarmée face à ce fléau brusque et brutal. Notons qu’autant la biodiversité animale et végétale est nécessaire à l’équilibre écologique autant la biodiversité de la race humaine est nécessaire. Qui sait combien de virus épidémiques ont été absorbés par le système immunitaire de l’africain en les empêchant de se propager ?
La propagation de l’épidémie Ebola a été confinée en Afrique de la même façon que celles de la grippe A/H1N1, de MERS (Middle-East respiratory syndrome) et de SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) se sont localisées en dehors du continent noir.
Soulignons en passant que vous pouvez nous effacer de la surface de la terre. Nous n’avons pas peur de la mort. Notre vie sur terre n’a été qu’un fardeau de souffrances, de douleurs, de haines, de racisme, de négations,… Nous n’avons vécu que pour les autres. Les autres ont besoin de nous pour vivre. L’esclavage, la colonisation, l’échange inégal et l’actuel endettement usuraire sont là pour en témoigner. Nous méritons de vivre plus que n’importe qui parce que nous avons donné plus que tous les autres. Il a été observé par ailleurs que les constantes biologiques, physiologiques et immunitaires des populations sont différentes d’un continent à l’autre, d’une région à l’autre, d’un sol à un autre, d’un environnement à un autre.
Les chinois, les allemands, les indiens, les noirs, les mexicains,… sont répartis géologiquement sur la terre. Ils ne se ressemblent ni morphologiquement ni physiologiquement ni anatomiquement à cause de la topologie géologique de leur lieu de naissance, du milieu et de l’écosystème dans lequel ils vivent. Leur phénotype de même que leur capital immunitaire et génétique portent les marques et les impacts des influences locales du terroir, du climat, de la végétation, du sol, de l’eau et des us et coutumes, etc. Les peuples forestiers et les peuples sahéliens de l’Afrique ont des tailles et des volumes corporels distincts. Nous estimons donc, que pour tester l’efficacité d’un vaccin, il faudrait au contraire l’essayer sur plusieurs échantillons de populations d’origines diverses. La diversité de l’espèce humaine serait-elle fortuite ? L’humanité pourrait-elle survivre sans ces déterminismes environnementaux du biologique ?
Notre immunité, notre santé, notre durée de vie, la continuité biologique,… ne dépendraient-elles pas de cette interaction avec le milieu dans un contexte d’isolement et de sous-développement de la médecine qui caractérise nos sociétés primitives. Le cancer se propage-t-il de la même façon sur tous les sols, auprès de tous les cours d’eau, dans toutes les cultures du sommeil (à la belle étoile, avec des heures précises,…) ?
Nous croyons d’ailleurs en Afrique que se rouler dans la poussière de sa terre natale après un long séjour à l’étranger peut guérir une maladie. Il est dit en outre que se laver avec ou boire l’eau du terroir qui transporte des métaux et des éléments constitutifs du sol et du tapis végétal du milieu pourrait posséder plus de vertus thérapeutiques, sanitaires et nutritionnelles que « l’eau assainie », de provenance lointaine, qui coule dans nos robinets du Lac de Guiers à Dakar. Cette dépendance de la diversité biologique et immunitaire à l’environnement est valable aussi bien dans le règne animal que dans le règne végétal.
La diversité animale et végétale met à notre disposition des stocks de vitamines, des protéines, des glucides et des lipides qui renforcent la qualité de notre nutrition voire de notre système immunitaire. Les vers, les insectes, les arbres sont autant nécessaires à notre existence que la lumière du soleil. Ils participent à l’équilibre écologique des milieux. La couleur noire de la peau, les cheveux satins et longs des européens, les petits yeux des chinois et des japonais comme les gros yeux des indiens répondent certainement à des nécessités d’adaptation en réaction à leur milieu. Tous ces caractères sont conservés et transmis par l’hérédité pour permettre aux individus de survivre dans leur espace vital. S’attaquer à cette diversité, équivaudrait à s’attaquer inconsciemment à l’équilibre biologique, immunitaire et écologique de la planète.
Eliminer l’africain en l’empoisonnant par un vaccin pourrait être plus dangereux que d’éliminer certains vers ou insectes qui participent à la sécurité de l’existence du vivant. Le patrimoine génétique et immunitaire de l’africain n’aurait-il pas joué un rôle décisif dans la préservation et la continuité biologique de l’espèce humaine ? N’aurait-il pas servi de barrière en dissipant l’énergie mortelle d’épidémies d’origines africaines pour les empêcher de se propager à travers le monde?
La nature a choisi de frapper chaque être humain d’empreintes digitales pour s’assurer qu’elle ne reproduit pas le même individu. Par conséquent, nous sommes déjà différents de nos mères et de nos pères à fortiori entre nos peuples. Pourquoi identifier et enregistrer des milliards et des milliards d’hommes par des empreintes biométriques en évitant de les répliquer ?
Je ne sais pas. Ceux qui, comme moi, n’ont pas de réponse à ce choix de la nature doivent avoir la sagesse de respecter la création (de la nature). La nature ne tâtonne pas, la nature ne crée pas de déchets, c’est l’économie parfaite du recyclage. La nature est rationnelle, connait la finalité et la nécessité. Si le phénotype noir n’était pas nécessaire, il n’existerait pas. Nous ne vivons plus dans le monde isolé d’hier, des tribus, des clans et des royaumes où une épidémie peut éclater localement et se dissiper localement. Nous sommes dans un monde ouvert, le monde de la globalisation marqué par les réseaux de télécommunications.
Les merveilles techniques et technologiques de nos moyens de transport nous encouragent, en excitant notre plaisir de voyager, de se déplacer d’un endroit à l’autre, d’une ville à l’autre, d’un pays à l’autre, à faire du tourisme. Nous nous déplaçons dans les airs, les terres, les eaux mais aussi et surtout nous émigrons. Nous sommes en perpétuel contact les uns avec les autres, nous vivons ensemble. La notion de pays demeure administrativement mais physiquement elle disparait progressivement. Nous habitons dans un village planétaire. La terre entière est notre milieu d’évolution. Nous sommes en plein dans la civilisation du métissage culturel, biologique et territorial. Nous sommes à la fois américain, européen, indien, asiatique et africain.
N’estil pasplus judicieux dans cette situation de modifier nos constantes biologiques au moyen du métissage par le mariage pour mettre en place un dispositif immunitaire qui résiste à toute pandémie ? Ce dispositif biologique s’enrichirait de tout le capital immunitaire humain en renforçant toutes ses capacités de défense contre toute sorte de maladie. Il serait plus sage et plus intelligent de s’orienter vers l’acquisition d’un tel dispositif que de vouloir faire disparaitre les africains de la surface de la terre pour se faire plus de place ou pour accéder à des ressources minières. Heureusement que la nature est intelligente. Elle possède ses propres mécanismes de régulation.
Notre environnement technique et technologique a bouleversé tous les biotopes, tous les écosystèmes. La pollution de la lumière, la pollution sonore, la pollution des ondes radioélectriques, la pollution causée par nos fréquents déplacements ont rompu ou dégradé tous les équilibres nécessaires à l’épanouissement et à la survie du monde animal et végétal. Les animaux et les végétaux pourraient jouer le rôle de paravents immunitaires contre les virus avant qu’ils n’atteignent l’homme.
Malheureusement, nous avons perturbé par nos actions et nos inventions les mécanismes naturels de régulation. Nous ne sommes pas à notre dernière pandémie. Nous devons nous préparer à en affronter d’autres. La porte est ouverte à de nouveaux virus et de nouvelles bactéries. Il nous faut en conséquence renouveler notre conscience écologique en l’élargissant pour s’investir dans une approche globale intégrative de l’immunité humaine. Il s’agit donc de réfléchir sur une stratégie (s’appuyant notamment sur l’intelligence artificielle) de bâtir un système immunitaire collectif résilient qui résiste à tous les évènements climatiques et à tous les accidents géologiques qui sont à l’origine de la disparition d’espèces animales et végétales au cours de l’histoire. La globalisation repose sur une dynamique d’unité, d’unification et d’homogénéisation.
Par Oumar-Diouf FALL
LA PRESSE SENEGALAISE AU DEFI
L'ancien Président français François Mitterrand faisait observer à ceux qui aujourd’hui feignent de l’oublier que « tout pouvoir a besoin de contre-pouvoir ».
« Parler de liberté n’a de sens qu’à condition que cela soit la liberté de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre » : ces mots, d’une si excitante pertinence, sont du célèbre écrivain anglais Eric Arthur blair dit Georges Orwell repris autrement par l’ancien Président français François Mitterrand qui faisait observer à ceux qui aujourd’hui feignent de l’oublier que « tout pouvoir a besoin de contre-pouvoir ».
Ce contrepouvoir ne s’acquiert que dans un champ vertueux de Liberté, une liberté acquise au forceps au prix de sacrifices de générations malmenées par des pouvoirs politiques autoritaires et tortionnaires, totalement imperméables à la critique et à la contradiction. Ce combat pour la liberté du journaliste et la promotion des diversités est toujours au cœur des enjeux du moment. C’est la raison pour laquelle nous, journalistes, considérés dans une lointaine époque — aujourd’hui révolue ? — comme animateurs d’un « quatrième pouvoir », ne devons pas nous priver de célébrer, certes différemment, ce 3 Mai, journée internationale de la liberté de la presse, en ces moments de grisaille oppressante de notre vie trépidante ponctuée par les tristes cliquetis du Coronavirus. Oui, il faut célébrer cette journée en nous posant un peu pour aborder quelques questions qui fâcheraient certains.
1. Peut-on parler d’entreprise de presse au Sénégal ?
2. Les journalistes sénégalais sont-ils bien formés ?
3. Sont-ils dans des conditions psychologiques, financières et matérielles pour exercer pleinement leur mission ?
4. Les journalistes sont-ils respectueux des codes d’éthique et de déontologie de leur profession ?
5. En clair, la presse sénégalaise est-elle sérieuse ? Crédible ? Peut-on lui faire confiance ?
6. Est-elle indépendante ? En a-t-elle les moyens ?
7. Les journalistes femmes sont-elles bien représentées aux postes de responsabilités ?
8. La presse est-elle bien régulée ? Doit-elle être régulée ? Peut-elle être régulée ? Et comment la réguler ?
9. Les organes de régulation, le CNRA (Conseil nationale de régulation de l’audiovisuel), d’autorégulation, le CORED (Conseil pour le respect de l’éthique et de la déontologie) jouent-ils leur rôle ?
10. Les réseaux sociaux peuvent-ils cohabiter avec la presse traditionnelle ?
11. quels modèles de presse à l’ère du numérique et dans un environnement concurrentiel ? Notamment en période de récession économique, financière et de crise sanitaire, écologique, identitaire etc.? Les questions, j’en oublie encore, sont nombreuses et toutes importantes. Il est clair que les destinataires du produit de presse, récepteurs de l’information qui leur est livrée quotidiennement, sont les mieux indiqués pour y répondre.
Néanmoins, nous allons tenter le périlleux exercice d’apporter notre point de vue. Sans complaisance et sans langue de bois. Pour répondre de façon succincte à la première question, il existe bel et bien une entreprise de presse dans notre pays, si l’on considère l’entreprise comme une unité économique de production à but commercial de biens et services, contrôlée soit par l’Etat, soit par une entité ou société privée juridiquement constituée.
L’entreprise de presse est un « marchand de nouvelles » qui produit de l’information qu’elle rend la plus attractive possible pour l’acheteur. Et dans un système de libéralisme économique exacerbé, le modèle concurrentiel favorise une lutte pour la conquête de marchés créateurs de richesses, ce qui induit une quête effrénée de la publicité qui génère l’essentiel des ressources financières de l’entreprise de presse. La question que l’on peut se poser reste toutefois la viabilité économique de cette entreprise de presse dans un pays comme le Sénégal qui n’a pas une marchandise publicitaire élastique dans un système concurrentiel sauvage, complètement désorganisé et désarticulé. Dès lors, la seule manne publicitaire ne peut nourrir l’entreprise de presse. Alors la question qu’il faut poser à ceux qu’on appelle les « patrons de presse », chefs de l’entreprise et très souvent sans formation en management, est de savoir par quelle gymnastique, par quels magie et tour de passe-passe ils arrivent à assurer la survie de leurs sociétés de presse ?
En plus des charges courantes et incompressibles des salaires et de fonctionnement comme l’électricité, le téléphone par exemple, il va aussi falloir obligatoirement payer les charges sociales et fiscales. Qui peut, à défaut de vouloir « jeter la maison par la fenêtre », c’est à dire fanfaronner — je dis bien — qui peut se targuer de remplir ces critères déjà évoqués, que l’on soit dans le secteur public ou privé de l’information? Je laisse le soin aux concernés d’y réfléchir et de répondre.
Toutefois, ces promoteurs privés, notamment les précurseurs qui ont vécu de souffrances, de cauchemars et d’hostilités sans foi ni loi, doivent être salués et au besoin honorés pour leur courage et leur obstination à vaincre les tabous et railleries d’oiseaux de mauvais augure, en son temps dubitatifs sur la viabilité existentielle de cette presse privée qu’ils ont farouchement combattue. En vain. En ce 3 Mai, journée internationale de la liberté de presse, ils méritent notre respect par le rôle social et économique qu’ils procurent et doivent davantage bénéficier du soutien de l’Etat et de l’attention de nos concitoyens. L’un et les autres doivent comprendre que l’information et la liberté de presse ont un prix qu’il faut payer au risque de voir tout simplement la démocratie et les valeurs qu’elle irrigue sérieusement hypothéquées dans leurs fondements.
Sur la formation des journalistes, même s’il faut laisser le soin aux hommes de l’art, aux lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, donc consommateurs du produit presse, d’apprécier la qualité de la ressource journalistique, nous n’avons pas à rougir du niveau de formation des journalistes dont beaucoup ont un haut niveau universitaire qui élève la qualité d’exercice du métier. Pour faire simple, le journalisme, c’est la restitution précise et concise des faits. Après chacun en tire les conclusions qui lui plaisent.
Évidemment, notre métier de journaliste a connu une singularité initiale dans sa trajectoire du fait qu’à ses débuts les journaux se sont faits sans journalistes formés dans des instituts de formation dédiés mais par des collaborateurs de presse, «qui ne vivent pas leur activité comme un métier à part entière avec ses savoir-faire propres et sa logique de carrière », tel que enseigné par le professeur et chercheur en sciences politiques Eric Neveu. Il faisait remarquer dans son ouvrage « Sociologie du journalisme » que « travailler pour un journal était une position d’attente vers les vraies carrières de la littérature et de la politique », c’est d’ailleurs ce phénomène que décrivait Balzac dans ses ouvrages « Illusions perdues » et « Monographie de la presse parisienne », en 1843 déjà. Cette monographie rend bien visible ce qu’il appelle « le vide du journalisme qui ouvre la voie vers la réussite ailleurs, ou stérilise ceux qui s’y engluent ».
Ah, c’est comme si Honoré de Balzac était un contemporain ! bien entendu, entre-temps la morphologie du journalisme a beaucoup évolué positivement, tant dans ses variables formation avec un fort niveau académique que dans sa féminisation plus poussée. En attendant d’apporter, sans fausse modestie, mes réponses aux autres questions dans une prochaine chronique, j’invite à répondre à ces questions : la presse est-elle utile pour notre pays? Et comment concilier viabilité économique et indépendance éditoriale ? A la semaine prochaine, inch’Allah !
Oumar-Diouf FALL
MediaPower221.com
par Ibrahima T. Cissé et Ismaïla B. Sène
GESTION DU COVID 19 : ET SI L’AFRIQUE ASSUMAIT SA FORCE ?
La mondialisation ne doit pas nous pousser à reprendre les modèles de penser et d’action du maitre colon car nous appartenons à des histoires et des contextes différents
Ibrahima T. Cissé et Ismaïla B. Sène |
Publication 06/05/2020
Le 27 février 2020, le premier cas de contamination au Covid19 venait d’être déclaré en terre africaine plus précisément à Lagos capitale économique du Nigéria. Au moment où le monde commençait à penser que le continent africain avait une sorte d’immunité face à cette pandémie qui faisait déjà, en début 2020, des ravages en Chine et dans certains pays européens, le continent noir a été frappé de plein fouet, à son tour, par le virus du covid19.
Aujourd’hui, l’Afrique enregistre plus de 40.000 cas confirmés pour environ 1700 décès. Ces chiffres peuvent être considérés comme négligeables si on les compare à ceux que l’on recense en Europe et aux Etats-Unis et même quand on les compare aux dégâts des épidémies répétitives qu’a connues l’Afrique depuis plus de 50 ans et dont les dernières sont, outre le Covid19, le choléra, le paludisme et l’épidémie Ebola qui ont causés plusieurs milliers de morts dans le continent noir.
Toutefois, à l’image du Covid19, la progression de ces maladies a souvent été considérée, à tort ou à raison, comme lente compte tenu de la vulnérabilité des systèmes de santé en Afrique et en comparaison avec les effets qu’elles ont eus dans d’autres continent où elles se sont parallèlement fait déclarer.
Cet argument met en évidence une sorte de résilience développée au fil des années par les africains et le continent face aux crises sanitaires à grandes ampleurs.
Dans une analyse SWOT, on pourrait classer cet état de fait dans la case des forces et/ou des opportunités du continent et de ses peuples. C’est selon les raisonnements.
Et de ce point de vue, on est tenté de se poser la question suivante : et si l’Afrique assumait sa force ?
L’objectif d’une analyse SWOT c’est, entre autres, de déterminer ses forces pour s’y adosser afin de relever le défi. Et dans le cas de l’Afrique, le défi actuel serait de continuer à faire tourner l’économie qui, à coup sûr, va subir les conséquences douloureuses de l’après Covid.
D’ailleurs, ces conséquences sont déjà perceptibles avec le ralentissement des activités économiques et la vulnérabilité qu’il induit pour plusieurs familles africaines vivant grâce à l’économie informelle. Une telle situation a été favorisée par l’application du confinement dans certains pays et la fermeture de certains commerces dans d’autres. On sait tous qu’en Afrique le secteur informel est le premier secteur pourvoyeur d’emplois. Et une bonne partie des agents de l’informel s’active dans le sous-secteur informel de survie c’est-à-dire qu’ils développent, au jour le jour, des activités à finalité alimentaire qui génèrent un revenu qui dépasse rarement le minimum vital.
Dès lors, au regard de la situation, nul doute que la prolongation des mesures drastiques de prévention du Covid constitue une menace pour la survie de centaines de milliers de familles africaines. Autrement dit, en plus de devoir faire face au Covid, ces familles seront obligées de subir les lourdes conséquences économiques qui vont en résulter. Et ce ne sont pas les aides alimentaires fournies par les Etats qui vont permettre aux « gorgorlous » (débrouillards) d’éviter le « corona-misère ».
Bien évidemment, la crise économique qui s’annonce constitue pour cette classe pauvre une menace à l’accès et l’exercice des droits économiques. Un droit dont l’effectivité a longtemps reposé sur le développement d’activités économiques informelles ; ce pour faire face à l’incapacité des Etats à développer des politiques d’emplois pertinentes et efficaces.
C’est pourquoi, deux mois après l’apparition du Covid 19 en Afrique, il nous parait évident qu’il est encore temps de redresser la balance économique et de réorienter voire repenser la stratégie de riposte des Etats africains face à cette pandémie. S’il y’a une chose à retenir de l’historicité épidémiologique africaine, c’est que malgré toutes les épidémies répétitives que le continent a connue et quelques soient les difficultés et les nombres de morts que l’on a compté par centaine voire par millier, l’Afrique s’est toujours montrée résiliente.
L’arrêt brusque des activités économiques n’a jamais été une option africaine de lutte contre les pandémies. Aujourd’hui, on se rend compte que cette décision, loin d’être une stratégie pensée sur la base de l’analyse de l’imaginaire africaine des épidémies, est le fruit d’un manque de sérénité et d’une peur construite sur la base d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de l’occident. En effet, on a pensé que si l’occident est vulnérable nous le serons forcement. Nous avons certes conscience que la mondialisation nous oblige à penser global mais elle ne doit pas nous pousser à reprendre les modèles de penser et d’action du maitre colon car nous appartenons à des histoires et des contextes différents.
Contrairement à l’occident, l’économie africaine repose sur le secteur informel et les sociétés africaines sont des sociétés de consommation. Dans une telle configuration, travailler au jour le jour pour se nourrir n’est peut-être pas une option viable, mais c’est une solution qui permet à des milliers de ménage africains de survivre face à la pauvreté.
Ce n’est donc pas le fait de l’insouciance ou de l’inconscience si bon nombres d’africains craignent plus la famine que le Covid 19. En réalité, en Afrique, les épidémies et les pandémies sont contextuelles (passagères) alors que la famine est durable. Donc, l’option actuelle consistant à penser le bien-être et la sécurité sous l’angle purement médicale n’est viable que pour les classes aisées, dont les appels au confinement sonnent comme un manque d’empathie.
Au contraire, l’Afrique doit envisager l’option de vivre avec l’épidémie. Cela suppose donc de maintenir haut le niveau d’alerte et d’opter pour les mesures barrières tout en laissant les activités économiques, surtout informelles, se développer pour permettre aux familles vulnérables de ne pas souffrir doublement à la fois du covid 19 et de la famine.
Voilà le défi de l’Afrique. Et, ce défi suppose donc de faire un diagnostic exhaustif de toutes ces épidémies que le continent a pu vaincre pour tirer des leçons utiles de notre histoire épidémiologique.
Parlant de l’histoire, elle nous a suffisamment appris que notre force ne réside pas dans le suivisme, elle est sûrement ailleurs. Il est donc temps pour nous de dépassionner le débat et de réorienter notre raisonnement afin de nourrir notre stratégie de riposte de nos expériences anciennes et de nos spécificités locales.
La pandémie fera surement des dégâts mais si on ne revoie pas notre stratégie, la crise économique qui attend au bout du tunnel en fera pire. En effet, en plus des morts qu’elles peuvent générer, les crises économiques déstructurent les liens sociaux et créent une fracture sociale qui active, à son tour, la bombe sociale que le secteur informel à toujours permis de désamorcer.
A l’image d’un cercle vicieux, nos soi-disant sauveurs nous prêterons encore de l’argent pour nous aider à gérer la crise post-covid. Ce faisant, ils vont nous imposer des modèles d’action et des restrictions de dépenses publiques.
L’histoire, encore elle, nous apprend également que ce scénario n’est pas nouveau en Afrique.
Mais encore une fois on fait fi de l’histoire, mais elle est têtue.
Le débat sur l’annulation de la dette africaine prouve, à suffisance, que ceux qui sont chargés des politiques publiques africaines ne se sont pas donnés la peine de pousser la réflexion pour envisager qu’une solution africaine était possible face à cette crise ou au moins pour interroger les capacités de l’Afrique à tenir debout sur ces pieds de géants après cette crise.
Tout porte à croire que nos dirigeants, influencés par l’imaginaire occidentaliste, ne croient pas en notre capacité à assumer notre propre destin.
Comme l’a si bien dit l’économiste Felwine Sarr, demander l’annulation de la dette africaine, c’est continuer à nous mettre dans une position de subalternité, c’est-à-dire dans une position de quémandeur alors que nous devrions plutôt traiter avec nos pays frères des autres continents en partenaires. Faut-il rappeler que le Japon est le pays le plus endetté au monde. Il est suivi des pays européens et d’Amérique. Les pays africains viennent donc en dernière position dans ce classement. Et paradoxalement, ce sont les pays les moins endentés au monde qui implorent le pardon des institutions de breton Wood, aidés en cela par leur parrain français qui, comme toujours, se positionne en ami pour tirer les ficelles après.
Pourquoi devons-nous toujours être les champions de la mémoire courte et de la vision à court terme ?
L’exemple du Covid montre que les pays vers lesquels nous nous tournons et que nous citons en modèle, ont aujourd’hui mille fois plus de problèmes que nous.
Si nous craignons de subir la catastrophe plus que les autres c’est parce que nous avons décidé de leur confier notre destin en ignorant nos savoirs endogènes et nos capacités de résilience. Heureusement que l’exemple du Madagascar, avec la découverte de l’Arthémisia comme remède au Covid, nous rappelle que tout n’est pas perdu.
L’Afrique ne doit pas devoir son salut à autrui.
par Calame
LA TYRANNIE DES BESOINS, LA ZIZANIE DE L’AIDE
La distribution de l'aide à la presse a toujours fait l'objet de critiques et de controverses au sein des bénéficiaires, alimentées par les différents ministres qui se sont succédés à la tête de la tutelle du secteur de la presse
Les années passent, les pratiques dolosives perdurent, à des niveaux qui dépassent l'entendement. La distribution de l'aide à la presse a toujours fait l'objet de critiques et de controverses au sein des bénéficiaires, alimentées par les différents ministres qui se sont succédés à la tête de la tutelle du secteur de la presse. (voir article «La pitoyable danse du scalp,)
Le principe de l'aide à la presse découle de l'idée que celle-ci, assurant une fonction de service public, sur autorisation de la puissance publique, doit bénéficier du soutien de l'État afin d'être en mesure de remplir ses missions, dans des conditions de fiabilité et de viabilité correctes, en s'affranchissant des pressions de toutes sortes, de toutes origines.
Dans le modèle français dont notre pays s'est inspiré, le décaissement d'argent public en faveur des organes de presse représente une mesure complémentaire, conjoncturelle, pour aider à résorber en partie des pertes d’exploitation et un déficit de trésorerie pouvant impacter le fonctionnement et les différents emplois de l'entreprise de presse, (charges d'exploitation y compris les ressources humaines), de manière à préserver son indépendance et son autonomie. C'est ce rôle de l'État régulateur, jacobin que cette France-là a inoculé à ses ex-colonies, qui en ont détourné la pratique jusqu'à la caricature, en forçant le trait. Le plus important dans cette politique d'appui à la presse réside dans la conception d'un modèle économique pertinent et adapté, avec la promotion d'un environnement économique favorable et un écosystème médiatique sain et émulatif.
Des mesures structurelles inscrites dans les politiques publiques et des sources de financement avec des lignes de crédit segmentées, adaptées aux besoins différenciés des medias, sont sur la table du gouvernement depuis belle lurette, sans faire l'objet d'un examen attentif et bienveillant. A ce propos, cet argent public distribué à la tête du client et au gré des accointances de certaines autorités, aurait plus utilement d'impact, s'il était versé dans le fonds d'appui à la presse dont le projet est jusqu'à présent enseveli dans les alcôves du ministère de la Communication. Ce fonds, adopté et proposé à l'unanimité à l’Etat par les entreprises de presse et les professionnels dignes de ce nom, prévoit en effet plusieurs guichets avec des critères d'éligibilité rigoureusement pertinents.
En lieu et place d'une distribution à fonds perdus, il prévoit le remboursement des crédits alloués aux entreprises de presse, même s'il intègre la possibilité d'octroyer des subventions à petite échelle et à la demande, sur la base de la satisfaction aux critères donnant l'accès à ce fonds. Plus d'une dizaine de milliards auraient pu être engrangés et alloués aux organismes de presse qui ont le souci de respecter la légalité en se constituant en véritables entreprises, sous le régime du Droit des sociétés. Ce serait la meilleure manière d'assainir le secteur, d'éliminer les passe-droits d'en finir avec ce saupoudrage d'une aide aliénante et corrosive qui jette en pâture les acteurs de la presse à l'opinion et aux récriminations de certains secteurs d’activités, à d'autres citoyens, agents économiques exclus de ce genre de «privilèges».
La presse comme la société, et l'Etat ont tout à gagner de ce changement de paradigme. Le doublement de l'aide à la presse n'aura pas l'impact prévu sur la plupart des entreprises ciblées, si d'aventure un groupe de presse régulièrement établi comme Dmedias, pour prendre un exemple, avec une télévision, un journal quotidien et plusieurs chaînes de radio à travers le pays, reçoit 20 ou 30 millions pour faire face à l'exigence de maintien des emplois, au risque de ne pas faire fonctionner l'entreprise vu que le montant alloué couvre à peine un mois de charges. Il est même arrivé, l’année dernière, qu’un groupe de presse de la dimension de Dmedia, avec près de 300 emplois directs et indirects, reçoive 15 malheureux millions là où un de ses correspondants en région, salarié de la boîte, récupère 5 millions de francs cfa au titre d’un site en ligne connu de lui seul et de certains membres de son entourage.
La tyrannie des besoins exclut l'attitude bien tentante consistant à renoncer à cette obole, malgré l'injustice (punitive ?) et les disparités notées dans le traitement inéquitable de cette aide «à la paresse», comme la brocarde un membre d'une centrale syndicale, vétéran des luttes ouvrières. Le favoritisme et le clientélisme ont toujours été la marque de fabrique et la démarche de certaines autorités qui, à force de prétextes fallacieux, se servent d'abord, en retenant dans les caisses du ministère de la Communication une quote-part - une commission?- que rien ne justifie, sauf la volonté de se constituer une cagnotte sous forme de fonds libres…de tout contrôle.
Ensuite viennent la kyrielle de médias, journaux traditionnels et sites en ligne, à la dévotion du régime et de quelques affidés, dont certains créés juste le temps de capter leur part de "tong tong" ou portion d'aide, sans oublier ceux qu’«il faut gérer» même s'ils ne sont même pas donné la peine de créer une entreprise. Un ordinateur suffit à ces scribouillards du clavier -qui donnent le tournis aux véritables professionnels- connectés à des réseaux d'aboyeurs et de brouteurs du Net, chasseurs de primes au service du plus offrant.
En traînant les pieds pour adopter les mesures proposées par les professionnels ayant fait l'objet d'accords consensuels, les autorités semblent plus enclines à tirer profit du désordre et de la précarité, sources de toutes les «mal practices» qui gangrènent le secteur des médias au Sénégal. Une typologie manichéenne, classique dans la conception reptilienne de nos Etats, répertorie les médias entre «bons» et «mauvais». «Mauvais» sont ceux qui refusent de courber l'échine ou de se laisser appâter ou amadouer. «Bons», évidemment, ceux qui acceptent le rôle de "héraut", parcimonieusement récompensés suivant les tâches auxquelles ils sont préposés. Dans ces jeux de mains, jeux de vilains, un seul perdant, le journalisme, à la fois engagement au service de la société, éthique normative avec ses impératifs catégoriques, passion avec tout ce que cela recouvre de souffrance en lien avec un pathos à forte récurrence.
A l'évidence, le Président de la République a une plus haute idée de la fonction originelle et organique de la presse du moins dans son énoncé, que certains de ses ministres et hauts cadres de son administration. Il lui arrive d'adopter des postures qui reflètent une claire conscience du rôle primordial d'une presse crédible, libre et économiquement viable. Le système dans lequel il s'est enserré lui permet-il de dépasser le stade des velléités, des considérations politiciennes pour envisager un rapport à l'information autre et avec la presse, à l’aune du respect mutuel de leurs postures et de leurs missions respectives? Jamais dans notre histoire contemporaine, un chef d'État n'a été aussi "entouré" par des professionnel(le)s des médias et de la communication que l'actuel Président de la République. Il a l'occasion unique de faire faire à notre société, sénégalaise et démocratique des avancées notables et enviables en matière de pluralisme, libertés individuelles, collectives, politiques chevillés autour des libertés d'expression et de presse. Cependant, ce sont des signaux contradictoires voire contraires qui émanent de son magistère.
Dimanche 3 mai 2020, jour de célébration de la Journée de la Presse, aucun écho du palais si prompt à twitter pour ce genre d'événements et d'autres de bien moindre importance. Personne parmi les journalistes et les communicants autour de lui pour lui rappeler la date et lui proposer un tweet. Heureusement que le ministre de la Communication, à travers un communiqué de presse, s’est hissé à la hauteur, en saluant comme il se doit, le travail des journalistes et en déplorant les désagréments qu’ils rencontrent dans l’exercice de leur sacerdoce, particulièrement en ces temps d’incertitudes liées à la pandémie du Coronavirus. Il n’empêche !
Il est vrai que les premiers concernés, les journalistes eux-mêmes ne se sont pas beaucoup manifestés – à la notable exception du Secrétaire général de Synpics et de très rares organes de presse- pour célébrer leur journée alors qu’ils passent 365 jours 1/4 à parler des autres! Quand est-ce que les journalistes comprendront que ceux qui les cajolent, les dorlotent, les divisent et les répriment au besoin, n'ont que faire d’eux (d'elles). Ce qui intéresse cette engeance, ce sont leurs supports dont ils veulent faire des suppôts. La promotion d'une presse professionnelle, crédible et forte n'entre pas dans leurs plans qui pourraient être, nolens volens (bon gré, mal gré) contrariés. Par contre, une presse en permanence sur le gril, voilà la belle affaire, surtout pour les gens d'affaires, les affairistes et ceux qui sont aux affaires ou aspirent à en être.
Calame
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
LE CHEF, CE SUPER HÉROS
EXCLUSIF SENEPLUS - Au nombre et à la durée des mandats, un chef aura toujours la biologie et l’outrage du temps comme adversaires. Les Etats survivent aux hommes indispensables dont sont pleins les cimetières
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 05/05/2020
Ils peuvent se tromper comme tous les autres hommes » (Corneille)
Dans notre monde moderne, plus particulièrement dans notre tiers-monde, le président élu attribue sa victoire non pas à ses seules qualités personnelles mais surtout à sa bonne étoile, dont la déclinaison a pour nom le destin. Les magouilles, achats de conscience, intimidations et autres promesses électorales qui n’engagent que ceux qui y croient sont vite classées au rebut de l’histoire.
De même, le perdant de l’élection, justifie sa défaite par le même coup du destin, accusant rarement les ratés de l’organisation de sa campagne électorale, son maillage territorial, le poids de ses arguments, l’engagement de ses militants. S’y ajoutent la fatale méprise entre foules et électeurs et une campagne de communication mal ciblée.
Faute d’introspection véritable donc de remise à plat les mêmes causes produiront les mêmes effets à la prochaine élection. Et ce, jusqu’à ce qu’on comprenne et admette cette vérité tant de fois clamée : une élection présidentielle est la rencontre entre un homme et son peuple. François Mitterrand, après deux échecs à l’élection présidentielle française (1965 et 1974) entre enfin à l’Elysée en 1981 porté par un puissant désir des électeurs pour le changement, lui qui avait soupiré, un jour de défaite : “l’histoire ne m’aime pas”. On le voit, l’histoire n’y était pour rien. Elle venait d’être écrite comme toujours par les circonstances et les exigences du moment.
Le pouvoir est de droit divin, entendons-nous souvent, entraînant ainsi notre capacité à contredire le roi, le président de la République, le chef et par extension toute autorité, à s’émousser, voire à être annihilée. Cette assertion qui nous vient du fonds des âges et des civilisations, sans cesse serinée, est surtout développée par les dirigeants et leurs obligés du moment. Elle entretient chez le petit peuple la mystique de l’extraction divine de celui qui est au-dessus de tous.
Chez nous, une vieille superstition situe le chef hors de toutes les contingences. Le citoyen ordinaire ne conteste pas celui que Dieu a placé en tête, donc au-dessus de tout, à l’abri du besoin, insensible à la douleur et à la maladie. A-t-on déjà vu nos dirigeants suprêmes consulter nos médecins et se faire hospitaliser dans une structure sanitaire nationale ? Qui a en mémoire leurs bulletins de santé ? Dans une démocratie, rien de plus normal que la capacité du président à diriger le pays, composé de millions de citoyens, soit connue et jugée. Car de lui, le peuple profond ne connaît que les images de la télévision de service, rythmées par les campagnes électorales, les réceptions, les lambris dorés du palais.
Notre conscience collective le situe au-delà de nos embarras et frustrations au quotidien. Et pourtant, l’avertissement de Corneille transpire la sagesse : « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes. Ils peuvent se tromper comme tous les autreshommes ». Cette vérité simple a été énoncée il y a quatre siècles. Ajoutons en pastichant le célèbre écrivain français du 17è siècle, qu’ils peuvent tomber malades comme tout le monde. Pourtant, nous en sommes à prêter à nos chefs d’Etat des pouvoirs magiques, certains croyant naïvement qu’ils sont invulnérables, entendent et voient tout, ont l’art d’éventer les complots et de percer les secrets les plus ténus. Jusqu’à ce qu’un militaire hardi vienne prouver le contraire en s’emparant du pouvoir et auquel nous nous empresserons de prêter les mêmes attributs supra humains. Tels nous sommes.
Aussi, nouveau dirigeant, nouvelle flagornerie et nouvelle inspiration qui font remonter les qualités du nouveau chef à ses ancêtres, qui eux-mêmes, le doivent à des aïeux fictifs. Force-t-on le trait lorsque l’on voit tel personnage de flatteuse réputation intellectuelle ou civile, de notoriété notabilisante, issu de surcroît de la république et de la démocratie, faire acte de contrition obséquieuse devant le prince du jour ? Assurément non, tant les exemples sont légion, mais ne nommons personne. Il est vrai que la susceptibilité de nos chefs va jusqu’à se nicher dans la sémantique protocolaire lorsque l’appellation “Monsieur le Président” n’est pas précédée de “Son Excellence”. Colère puérile quand l’usage protocolaire consacre l’appellation “Monsieur le Président ou Madame la Présidente” qui n’offense en rien le prestige et la dignité de la plus haute charge.
Nos présidents ne se veulent jamais malades et croient que nous leur dénions ce “droit”. C’est pourquoi le moindre rhume devient secret d’état, la plus petite grippe soigneusement camouflée. Tant de journalistes ont été arrêtés, emprisonnés voire torturés pour avoir cherché à connaître si le Chef avait encore bon pied, bon œil ! Rien de surprenant alors quand la masse populaire considère qu’un super héros n’a jamais faim, ni soif. Jamais fatigué ni malade. Alors, le génie populaire qui a le secret de la dérision malicieuse transforme chez nos dirigeants la quinte de toux en tuberculose, la simple céphalée est décryptée comme un cancer en phase terminale. Le vulgum pecus (la multitude ignorante, le commun des mortels) se venge ainsi d’eux par l’imagination comme pour se convaincre que tous les hommes sont égaux devant la douleur. Comme bien souvent, la vérité sert plus qu’elle ne nuit aux gouvernants. Elle peut tenir les gouvernés à distance des supputations parfois ravageuses face au black-out officiel. Ils savent remplir les silences de l’autorité par des rumeurs et des fantasmes qui sont autant de façons de dénoncer la mauvaise gouvernance, surtout depuis l’irruption des réseaux sociaux dans nos façons de communiquer.
De fait, une conception irrationnelle du pouvoir empêche de regarder au-delà de nos pratiques, de notre histoire et de nos frontières. Comment sous d’autres cieux se comporte-t-on vis-à-vis des tenants du pouvoir ? Question simple en effet à l’heure du village planétaire. Chacun de nous a sa propre réponse.
Toutefois, un fait significatif n’est sans doute partagé que sous notre hémisphère : la terreur qui s’empare de la plupart de nos dirigeants, à quelques exceptions notables, quand sonne l’heure de quitter le pouvoir au terme du mandat constitutionnel. Comment expliquer autrement ce syndrome des derniers moments de règne qui altère leur lucidité dont font fonds de commerce des conseillers redoutant la fin de privilèges et des prébendes. C’est alors le bal des experts en tripatouillages de la Constitution et d’organisateurs de marches de soutien à la spontanéité provoquée.
Au nombre et à la durée des mandats, un chef aura toujours la biologie et l’outrage du temps comme adversaires. Les Etats survivent aux hommes indispensables dont sont pleins les cimetières. Les reliques du pouvoir, suprême soit-il, ont aussi leurs poussières.
Le petit peuple veut un dirigeant à hauteur d’homme, à son écoute, informé de ses préoccupations ordinaires, porteur de ses rêves de grandeur. Il le juge à l’aune de son dévouement désintéressé à accomplir le mandat qui lui a été confié et qui ne peut être qu’un renoncement à soi. Le reste, tout le reste, est juste hochet de la vanité, comme dirait Napoléon.
MISE EN GARDE CONTRE LA SPÉCULATION SUR L'ARTEMISIA
Cette plante traditionnelle utilisée contre le paludisme est à la Une de l’actualité avec la tisane présentée par le président malgache comme un remède au covid-19. Malgré les mises en garde, la demande de produits à base d’artémisia flambe
Au Sénégal, c’est la ruée sur l’artemisia. Cette plante traditionnelle utilisée contre le paludisme est à la Une de l’actualité avec la tisane présentée par le président de Madagascar comme un remède au coronavirus. Malgré les mises en garde, la demande de produits à base d’artémisia augmente substantiellement.
L’Organisation mondiale de la santé reste très prudente sur ce « Covid Organics ». Selon l’OMS, son efficacité n’est pas prouvée. Au Sénégal, le professeur Moussa Seydi, responsable de la prise en charge des patients, estime également qu’il faut des tests et ne valide pas son utilisation dans le protocole de traitement à ce stade. Malgré ces mises en garde, la demande de produits à base d’artemisia explose au Sénégal… et les prix aussi.
« Gélules disponibles, livraison immédiate ». Sur Facebook, ce revendeur prend les commandes. Nous l’appelons en nous faisant passer pour un client. « Les gélules sont disponibles mais les tisanes sont épuisées », nous dit-il avant d’ajouter que « les gélules coûtent 6500 et les tisanes 7500 FCFA »et qu’il «peut nous livrer en moins d’une heure, à Dakar ».
7 500 FCFA le sachet de tisane au lieu de 2 500, moins de 4 euros comme indiqué sur le paquet.
Au Sénégal, l’artemisia est notamment cultivée dans la région de Tivaouane, et vendue sous le label « Le Lion Vert ». Son représentant, le Belge Pierre Van Damme, croule sous la demande.
« En moyenne, Le Lion Vert vendait plus ou moins entre 3 000 et 4 000 paquets par mois. Aujourd’hui, nous sommes à une production de 2 000 paquets par jour et nous avons une demande de 4 000 paquets par jour. Cela a fait un boom. Nous, notre position est très claire : il n’y a rien qui est encore prouvé scientifiquement. Notre premier objectif, c’est le palu et on stipule bien que l’artemisia, ce n’est pas un médicament, c’est un complément alimentaire. Nous, on ne veut pas du tout que l’artemisia devienne politique ni un business aussi », a-t-il tenu à préciser.
Face à la spéculation, Le Lion Vert a mis en ligne une vidéo humoristique : un père se faisant piéger par son fils avec… de fausses gélules.
Le Sénégal a enregistré lundi 4 mai son dixième décès lié au Covid-19, un homme de 58 ans décédé à l’hôpital Principal de Dakar. A ce jour, le pays enregistre 1 271 cas positifs dont 845 sous traitement.