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25 avril 2025
Politique
ZIGUINCHOR, LE PRÉFET CONVOQUE LE CONSEIL MUNICIPAL POUR LA SUCCESSION DE SONKO
A la course à la chaise, on retrouve 4 conseillers municipaux. Il s’agit d'Aïda Bodian, 1ère adjointe au maire et qui occupe le poste de maire intérimaire, Djibril Sonko, 2è adjoint au maire, Alassane Diédhiou, 4è adjoint et Bassirou Coly, 6e adjoint.
A partir du 27 juin 2024, on va connaître le nouveau maire de la ville de Ziguinchor.
Après la démission de son ancien maire, Ousmane Sonko à cause de sa nomination au poste de Premier ministre, le préfet de Ziguinchor a convoqué le conseil municipal pour élire le prochain édile de la ville.
A la course à la chaise, on retrouve 4 conseillers municipaux. Il s’agit d'Aïda Bodian, 1ère adjointe au maire et qui occupe le poste de maire intérimaire, Djibril Sonko, 2è adjoint au maire, Alassane Diédhiou, 4è adjoint au maire et Bassirou Coly, 6e adjoint.
A noter que Djibril Sonko peut être éliminé de la course. Mamadou Lamine Dia de l’UCS a déposé une lettre sur la table du Préfet pour évoquer un cas d’inéligibilité. Selon lui, l’article L277 de la loi 2021-35 du 23 juillet 2021 portant Code électoral, stipule que «tout électeur municipal peut saisir le représentant de l’Etat ou la Cour d’appel, lorsqu’il constate un cas d’inéligibilité ou d’incompatibilité». Dans ce cas précis, le susnommé est inspecteur du Trésor et occupe les fonctions de receveur-percepteur municipal de Gossas.
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LE POISON DU RASSEMBLEMENT NATIONAL
À Montargis, le vote RN a libéré la parole haineuse. Des habitants, autrefois modérés, expriment ouvertement leurs craintes face à l'immigration, brandissant le drapeau de "l'identité française" comme un bouclier contre l'Autre
Dans les rues paisibles de Montargis, une tempête couve. L'équipe d'Envoyé Spécial lève le voile sur une réalité glaçante qui secoue la France profonde. Au lendemain des élections européennes, où le Rassemblement National a fait une percée remarquable, les tensions latentes éclatent au grand jour.
Divine Kinkela, aide-soignante dévouée et citoyenne française depuis près de 30 ans, se retrouve soudain étrangère dans son propre pays. Son crime ? Sa couleur de peau. Son voisin, fervent partisan du Rassemblement National, la bombarde d'insultes racistes, allant jusqu'à imiter des cris de singe. "Va à la niche", lui lance-t-il, révélant la face hideuse d'un racisme décomplexé.
Ce reportage saisissant met en lumière la dangereuse normalisation du discours d'extrême-droite. Des habitants, autrefois modérés, expriment ouvertement leurs craintes face à l'immigration, brandissant le drapeau de "l'identité française" comme un bouclier contre l'Autre.
Mais l'espoir persiste. Des voix s'élèvent pour mobiliser les abstentionnistes, notamment dans les quartiers populaires. La lutte pour une France unie et tolérante continue, malgré les vents contraires.
par Amadou Ba
NOUVELLE RESPONSABILITÉ
Notre Nouvelle responsabilité est d'incarner une opposition adossée à une éthique politique soucieuse en priorité de la vie de chaque Sénégalais. Nous construirons dans les toutes prochaines semaines, un nouveau cadre porteur d'une nouvelle orientation
Terre d'ouverture, de tolérance et de liberté, le Sénégal a marqué tous ses rendez-vous avec l'histoire d'une empreinte indélébile de progrès. Toutes les crises que nous avons traversées ont révélé la grande capacité de notre pays à vaincre les défis, à transformer les obstacles en opportunités pour le maintenir dans sa trajectoire de paix et de solidarité. Chaque étape de notre histoire politique et sociale a raffermi en chacun de nous la volonté commune de maintenir le Sénégal comme une authentique république et un modèle de démocratie.
La dernière élection présidentielle est une preuve multipliée de cette capacité politique de notre peuple à veiller sur les équilibres et à tracer des lignes rouges, dont les institutions de la république demeurent les garants de leur inviolabilité.
A la lumière des événements douloureux de mars 2021 et de juin 2023, mais instruits également par les leçons de la dernière élection présidentielle, notre nouvelle responsabilité est de déclarer la péremption de la violence dans le règlement des différends politiques. Aussi, pourra-t-on s'accorder pour considérer que, désormais, la concertation et le dialogue doivent être considérés comme les premiers principes et les règles d'une gestion prévisionnelle des conflits.
Notre conviction intime est qu'à présent, nous devons regarder résolument vers l'avenir dans la perspective de nous assigner une Nouvelle Responsabilité. Nous y sommes même condamnés, si nous ne voulons laisser aucune chance aux démons de la division et de la violence de nous mettre face à de nouveaux périls, alors que nous avons de réelles opportunités de réaliser notre émergence politique et économique.
Ainsi, notre Nouvelle Responsabilité est de faire de l'espace politique un lieu apaisé, un cadre de confrontations d'idées, de définition de stratégies, de projets et de programmes dans l'unique but de construire une société équilibrée. Une société susceptible d'offrir à chaque citoyen les moyens de vivre heureux, en participant activement à la vie de la communauté.
Notre Nouvelle responsabilité est d'incarner une opposition démocratique et républicaine. Une opposition adossée à la fois dans sa conduite et dans son action à une éthique politique soucieuse en priorité de la vie de chaque Sénégalaise et de chaque Sénégalais.
La Constitution de notre pays indique clairement que les ressources naturelles appartiennent aux populations. Face à cette prescription impérieuse, notre responsabilité est de tout faire pour que ce qui est aujourd'hui perçu comme un idéal de bien commun passe d'un principe à une réalité dans la vie de chaque citoyen.
Pour y arriver le Sénégal doit offrir l'exemple d'un service public de qualité dans lequel la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'eau et l'électricité, l'emploi, le logement et le cadre de vie, la sécurité, la mobilité, la culture, la communication, l'environnement ne sont plus un luxe, mais des standards minimaux adossés aux droits imprescriptibles de chaque citoyen.
Le Sénégal a tous les atouts pour relever un tel défi par une culture entrepreneuriale de sa jeunesse, par le dynamisme et l'engagement de ses femmes, par l'intelligence et l'expertise de ses fils à l'intérieur et dans la diaspora, par la robustesse de son architecture institutionnelle et par sa crédibilité sur la scène internationale.
L'égalité de tous les citoyens devant la loi, le respect des libertés, notamment la liberté d'expression, la liberté d'organisation et la liberté de manifestation dans la légalité républicaine, la défense de l'intégrité physique et morale de tous et de chacun constituent entre autres, des conditions d'une paix sociale durable dans un Etat de droit.
Notre Responsabilité nouvelle nous impose de consentir davantage de sacrifices, pour que notre histoire nationale, ponctuée de moments mémorables de gloire, ne soit pas un simple étendard, un luxe ornemental, mais le souffle permanent de notre nation debout.
Cela, nous devons le faire en tant qu'héritiers des audaces créatrices des héros de notre histoire nationale qui se sont dressés contre les barbaries esclavagistes et coloniales, en tant que descendants d'authentiques autorités spirituelles, porteuses des résistances culturelles qui nous valent aujourd'hui une reconnaissance universelle, en tant que dépositaires du génie. Sans oublier, tant s'en faut, les notoriétés intellectuelles qui ont marqué l'excellence de nos universités.
Notre conviction que nous devons et que nous pouvons porter le lourd poids de cette nouvelle responsabilité sur nos épaules, réside dans le fait que nous la ressentons avec bonheur et enthousiasme. Si nous avons la confiance d'y réussir c'est parce que nous sommes, dans le labeur quotidien qui mobilise nos énergies et savons pouvoir compter sur le génie de notre peuple, sur sa participation efficace dans sa réalisation. Car c'est du peuple que la politique tire sa raison d'être, sa force et sa puissance.
C'est pourquoi, le peuple sénégalais est l'horizon absolu de notre conviction, la raison d'être de cette nouvelle responsabilité, que nous portons lourdement mais fièrement, et le socle indestructible de nos espérances.
Nous savons que le peuple est la principale richesse de la Nation. Il en est la chair et le sang. Il en est le souffle vital et l'énergie créatrice. Nous rendons grâce à ce peuple sénégalais souverain, source unique de toute légitimité.
C'est sur le fond de cet idéal républicain et démocratique, porté par une nouvelle responsabilité, que nous défendons la République, ses principes et ses valeurs. Sa vocation à assurer l'égalité des citoyens emporte notre totale adhésion de la même manière que nous tenons fermement à sa dimension de régulation qui offre à chaque citoyen les opportunités de sortir du cercle vicieux du besoin.
Nous défendons la démocratie, ses principes et ses valeurs. Dans le respect des institutions. La démocratie est le régime des saines compétitions, mettant en scène des idées et des projets dont le seul arbitre est le peuple souverain.
Nous défendons la paix, la stabilité et la sécurité des citoyens et du pays. Ce sont les bases même du développement et du bien-être des populations qui ne relèvent pas de la seule prérogative de l'Etat mais engage chacun de nous.
Nous défendons la panafricanité, comprise comme legs de nos devanciers et projet affirmatif d'une Afrique qui se construit pas à pas et s'impose comme puissance au cœur des décisions qui façonnent le monde.
Notre nouvelle responsabilité, à laquelle j'appelle toutes les bonnes volontés, est de conjuguer le futur au présent en multipliant les espaces de concertation, de discussions, de débats d'idées, de projets et d'action, où se tissent une nouvelle trajectoire, une nouvelle dynamique, une nouvelle manière de faire la politique.
C'est à ce combat pour asseoir et conduire cette nouvelle responsabilité que nous invitons tous nos compatriotes d'ici et de la diaspora, tous nos amis et tous les cadres de notre pays.
Je m'y engage, sans aucune concession possible, vous y engage également, en sachant pouvoir compter sur vous tous pour mener le combat.
Ensemble, nous construirons dans les toutes prochaines semaines, un nouveau cadre résolument porteur d'une nouvelle orientation et d'une nouvelle dynamique politiques.
Vive la République !
Vive le Sénégal !
CONSTRUIRE LA BIBLIOTHÈQUE POSTCOLONIALE
Pour écrire l’Histoire du Sénégal indépendant, le chercheur doit dès lors se rendre à l’étranger, le plus souvent en France. Ils sont ainsi tributaires du récit élaboré par l’ex-colonisateur dans la production de notre "roman" national
La volonté du chef de l’État de mettre en œuvre une véritable politique patrimoniale enthousiasme ceux qui s’inquiètent à juste titre de la détérioration progressive, de la dispersion et de l’insuffisante valorisation du patrimoine archivistique et documentaire sénégalais. A quelques jours du rapatriement de la bibliothèque de Senghor acquise par l’État en mai dernier se pose aussi la question de la création et du renforcement des institutions de conservation du patrimoine sénégalais ainsi que de leurs missions. L’enjeu n’est pas des moindres, il s’agit de renouveler, repenser et d’enrichir les collections patrimoniales pour constituer une bibliothèque qui reflète la diversité des voix, des langues et des savoirs d’ici. Et de les mettre à disposition des chercheurs mais aussi du public.
Le Sénégal dispose d’anciens et riches fonds d’archives historiques, culturelles, administratives, de manuscrits anciens, journaux, ouvrages imprimés conservés principalement aux Archives nationales, à l’Ifan-Ucad, au Crds (Ex Ifan) de Saint-Louis, dans certaines préfectures, mairies et dans les familles, etc. Ils constituent en outre ensemble un support de l’histoire et de la mémoire historique sénégalaise et ouest-africaine ainsi qu’un moyen de transmission et de pérennisation de celles-ci. Mais au-delà de ce qui est d’ores et déjà conservé dans les institutions plus haut citées, les chercheurs le savent bien, les archives du Sénégal indépendant, dont le rôle dans la construction d’un État moderne est fondamental, restent encore à constituer. Faute peut être d’espaces et de ressources humaines et matérielles suffisantes, la Direction des archives nationales du Sénégal n'a pas depuis longtemps assurer sa mission première, celle de collecte et de classement d’archives publiques. Encore moins d’archives privées. Pour écrire l’Histoire du Sénégal indépendant, le chercheur doit dès lors se rendre à l’étranger, le plus souvent en France, où sont conservées les archives diplomatiques et consulaires et à la Bibliothèque nationale de France (BNF) à Paris pour les archives de l’Institut National d’Audiovisuel notamment. Cette situation rend les chercheurs, en partie, tributaires du récit élaboré par l’ex-colonisateur dans la production de notre "roman" national.
Le débat posé récemment par la vente des objets d’arts, décorations militaires, cadeaux diplomatiques et de la bibliothèque du président Léopold Sédar Senghor traduit avec éloquence cette préoccupation. Les archives du président Senghor ainsi que l’une de ses plus importantes bibliothèques sont pour la plupart d’entre elles restées en France, dans sa maison de Verson en Normandie et, concernant ses archives littéraires, elles ont été léguées par l’académicien lui-même à la BNF en 1979. Ces fonds d’archives mêlent documents officiels liés à ses différentes fonctions politiques et personnels (manuscrits, correspondances, discours, notes, rapports….) qui concernent au premier chef le Sénégal. L’inventaire et la relocalisation de ces fonds doivent dès lors être sérieusement et rapidement envisagés. Plusieurs initiatives politiques ou scientifiques, portées par des projets et des instituts de recherche à l’étranger et au Sénégal, ont d’ores et déjà procédé à des rapatriements d’archives, au moins de leur copie numérisée et à leur relocalisation au Sénégal. C’est le cas des archives de Thiaroye remises le 1er décembre 2014, par le président français François Hollande au président Sénégalais Macky Sall, qui ne sont pourtant pas, dix ans après, accessibles aux chercheurs. Plus récemment l'université Cheikh Anta Diop de Dakar a réceptionné un "important trésor de l'histoire" (Dircom de l’UCAD), une "collection d’archives sonores des tirailleurs sénégalais de la Première Guerre mondiale" issue des Archives du Centre pour la Technologie Culturelle de l’Université de Berlin confiée à l'IFAN. La Bibliothèque Universitaire vient quant à elle, grâce à l’entremise du groupe international de recherche Senghor (ENS/UCAD), de recevoir les enregistrements des entretiens du président poète Léopold Sédar Senghor" avec l’historienne américaine Janet G. Vaillant, réalisés dans le cadre de ses travaux de recherches sur la Négritude menés dans les années 1970. 17 enregistrements avec des amis (Léon Gontran Damas), des membres de la famille (Hélène) ou encore des responsables politiques (Mamadou Dia) sont déjà consultables.
Du fait de la dispersion, du non-classement et de la non-accessibilité de nombreux fonds d’archives postcoloniales, il en coûte parfois des heures, voire des jours de recherche pour repérer un document et le succès n’est pas toujours garanti. Cet état de fait rend souvent impossible de tirer pleinement parti de la documentation existante et, n’est pas sans incidence sur la recherche en histoire. Il n’en reste pas moins important de sortir d’une vision positiviste de l’histoire qui impose l’archive écrite comme source unique d’écriture de l’histoire, particulièrement dans des espaces où l’oralité prime le plus souvent. Il existe bien sûr un patrimoine immatériel très riche fait de traditions orales, de pratiques culturelles, de chants, de contes, de sons, de jeux…joolas, serer, soninke, wolof, mourides, chrétiens, sénégalais qui n’étant pas systématiquement collectés risquent de se perdre, en partie. La création par le président Senghor en 1968 des archives culturelles avait permis en son temps la collecte d’une partie de ce riche patrimoine immatériel qui a vocation à renaître. Le « Dyâli», qui parle en "Nous" aux historiens disait qu'il "faut que nous refassions, nous repensions l'histoire africaine en négro-africaine, (...) dans une confrontation constante avec les historiens européens" (Fonds vaillant, enregistrement n°14, BU-UCAD). Senghor avait pensé à mettre à la disposition des chercheurs de la matière, tout comme il le faisait avec ses poèmes. Dans cette perspective, les chercheurs en histoire africaine, disons en sciences humaines et sociales, ont toute une réflexion méthodologique et épistémologique à approfondir.
Les pouvoirs publics à travers notamment la Direction des archives nationales, l’IFAN, et avec le concours des chercheurs, doivent engager une vaste opération de collectes des archives publiques et privées, de traditions orales villageoises, pour constituer un corpus national de documentation écrite, orale, iconographique, etc. La construction ou l’affectation d’un bâtiment pour les archives nationales (transférées depuis 2014 dans un centre commercial), incluant des archives culturelles, auxquelles seraient adossées une bibliothèque nationale, ainsi que le renforcement d’institutions patrimoniales sont ainsi d’une grande nécessité tant pour la recherche que pour l’enseignement. C’est en réalité sa bibliothèque postcoloniale que le Sénégal doit construire pour pouvoir explorer en profondeur son histoire et demain écrire l’histoire d’aujourd’hui, à partir du continent.
Céline Labrune Badiane est historienne, ITEM/CNRS (France).
Pape Chérif Bertrand Bassène, Akandijack est historien/Ucad.
Mouhamadou Moustapha Sow, "Foyre" est historien/Ucad.
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À PARIS, BASSIROU DIOMAYE S’EST ENTRETENU AVEC L’ANCIEN PRÉSIDENT ABDOU DIOUF
« Je remercie le président Diouf et sa famille pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé », se réjouit le chef de l’Etat
Le président de la République Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Faye s’est entretenu, vendredi, à Paris avec Abdou Diouf, ancien président du Sénégal.
« En marge de mon séjour à Paris, j’ai rendu visite au président Abdou Diouf avec qui j’ai eu un riche entretien », a déclaré Bassirou Diomaye Faye sur son compte X.
« Je remercie le président Diouf et sa famille pour l’accueil chaleureux qu’ils m’ont réservé », se réjouit le chef de l’Etat.
« Je prie Allah de lui prêter longue vie et bonne santé afin qu’il continue de nous éclairer de sa sagesse et de ses conseils avisés », a-t-il ajouté.
MÉDINA GOUNASS, VILLE MORTE
Fantôme de sa splendeur passée, Médina Gounass erre dans un calme inquiétant. Ses rues vidées, ses boutiques closes et son économie exsangue témoignent des séquelles des violents affrontements survenus le jour de la Tabaski
Médina Gounass donne l’image d’une ville morte. Les habitants sont terrés chez eux. Il y a une paralysie de tous les secteurs d’activités économiques et les menaces sur la sérénité sociale sont toujours latentes. Bref, la cité religieuse est à la croisée des chemins au lendemain des affrontements sanglants de la Tabaski. Dans la ville, il y a les Fds qui font des patrouilles pour prévenir d’éventuels troubles. Le Quotidien s’est rendu hier dans la cité religieuse qui sonne vide.
Il règne un silence absolu dans la cité religieuse. Loin de l’image d’une ville enfiévrée, qui vit à un rythme frénétique où se confondent activités économiques et religieuses. A l’entrée de Médina Gounass, au centre de santé de la ville communément appelé «Régional», le chauffeur du car est catégorique : «Descendez. Je m’arrête là. Pas question que je rentre dans la ville.» Pourtant, il est l’un des rares à avoir accepté de faire la navette entre Manda Douane et Médina Gounass, situé dans département de Vélingara. Il ne veut prendre aucun risque à cause de la volatilité de la situation, avec une tension toujours en latence. Bien que non habitués à être «déchargés» à l’entrée, les passagers semblent comprendre l’inquiétude du conducteur et de son apprenti. Les voyageurs descendent du véhicule. Mais un autre problème se présente : le moyen de transport pour rallier le centre-ville situé à quelques deux kilomètres de là. Car, à l’instar de bon nombre de travailleurs, les conducteurs de tricycles, qui assurent généralement le transport intra-urbain à Gounass, n’ont pas voulu non plus prendre de risque, au vu des évènements de la journée du mercredi où des véhicules et motos ont été pris pour cible par des fauteurs de troubles, des magasins et boutiques de commerce vandalisés. Ne trouvant pas de moyens de transport, les passagers se voient obligés d’emprunter le «train onze». Une ligne que certains d’entre eux ne veulent pas emprunter, du fait notamment du climat d’insécurité qui règne à Médina Gounass. Mais, la situation oblige tout le monde à se réajuster.
Les populations terrées chez elles
Les commerces sont fermés, les services à l’arrêt. Ça prendra le temps que ça prendra, mais Médina Gounass panse ses blessures à huis clos et pense aux jours d’après-crise. Il faut dire que les habitants de la ville de Médina Gounass ont pris avec beaucoup de sérieux les menaces de violences que se livrent les deux camps à la suite des épisodes du jour de la Tabaski. Depuis les évènements malheureux de lundi, mardi et mercredi derniers, à travers la violence exercée sur des personnes et la destruction de biens, la quasi-totalité de la population de cette cité religieuse s’est retranchée dans les habitations afin de se mettre à l’abri d’éventuelles scènes de violences. Sur les rues autrefois bondées, où les échanges commerciaux notamment sont parmi les plus dynamiques de la région de Kolda, le décor donne l’image d’un désert. C’est le calme absolu. Un silence ! La plus grande démographie et plus grande économie du département de Vélingara est devenue une ville fantôme où seules les Forces de défense et de sécurité font des rondes.
Pour le moment, malgré les appels au calme et à la sérénité du gouvernement, à travers son ministère de l’Intérieur, et les deux guides religieux, et les tentatives de médiation, la bombe n’est pas totalement désamorcée à cause de la peur de représailles.
Paralysie de l’activité économique
Médina Gounass, ce n’est pas qu’une cité religieuse. Il existe un écosystème économique, et depuis les affrontements du jour de la fête de Tabaski, toutes les activités économiques sont paralysées. L’économie florissante de la ville risque d’être mise à mal du fait de la fermeture des boutiques, magasins et autres centres de commerce. Une situation qui ne devrait point perdurer au point d’éprouver les ménages. «Certains appellent même au niveau des boutiques pour se faire livrer des provisions. C’est une situation intenable», note un interlocuteur. Pour l’instant, il n’y a que les chants d’oiseaux et le vent pour animer cette ville à l’arrêt depuis les évènements de la Tabaski qui ont fait un mort et plusieurs blessés.
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AYIB DAFFÉ, NOUVEAU PRÉSIDENT DU GROUPE PARLEMENTAIRE DE YEWWI ASKAN WI
Après la nomination de Birame Souleye Diop comme ministre du Pétrole et des Mines dans le gouvernement 1 d’Ousmane Sonko, il a perdu d’office sont statut de député et de président du groupe parlementaire de YAW
Après la nomination de Birame Souleye Diop comme ministre du Pétrole et des Mines dans le gouvernement 1 d’Ousmane Sonko, il a perdu d’office sont statut de député et de président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi.
Deux mois après, les députés du groupe ont un nouveau président. Selon Abass Fall, le secrétaire général intérimaire du PASTEF a été nommé à ce poste.
Ayib Daffé remplace Birame Souleye DIOP au sein de Yewwi Askan Wi.
LES NOUVEAUX HABITS DE LATIF COULIBALY
L'ex-SG du gouvernement se livre à cœur ouvert. Dans un réquisitoire impitoyable, il dénonce les dérives du régime déchu et l'humiliation subie lors de la présidentielle. Engagé aux côtés d'Amadou Bâ, il appelle à une opposition "républicaine" (1/2)
Propos recueillis par :Zaynab SANGARÈ |
Publication 21/06/2024
En retrait de la scène publique nationale depuis l’annonce de sa démission du gouvernement, à la veille de la présidentielle du 24 mars dernier, l’ancien Secrétaire général du gouvernement, sous le magistère du président Macky Sall, Abdou Latif Coulibaly, a accordé cette interview au Témoin. L’occasion pour l’ancien journaliste d’effectuer un large tour d’horizon de l’actualité politique marquée notamment par l’avènement de nouvelles autorités à la tête de notre pays.
Dans la deuxième partie de cet entretien, que nous publierons mardi prochain, il aborde sa pratique du journalisme, son œuvre littéraire, les faits et les hommes qui l’ont inspiré pour le mener à la pratique d’une passion et d’un métier, alors qu’il n’avait que sept ans. Depuis lors, le virus ne l’a plus jamais quitté alors pourtant que Latif aurait pu choisir de faire une carrière de juriste, en particulier de magistrat ou d’avocat, vu ses études de droit. Encore une fois, l’attrait du journalisme a été plus fort pour cet enfant du Saloum dont le grand-frère siège au Conseil constitutionnel après avoir été président de la Cour Suprême !
Le célèbre journaliste d’investigation reconverti en homme politique a, en outre, levé un coin du voile sur une initiative politique portée sur les fonts baptismaux par un groupe d’hommes et de femmes ayant fini de dessiner les contours et les objectifs politiques majeurs d’une opposition responsable et républicaine. Grand entretien avec un éminent journaliste et un brillant homme politique pas adepte de la langue de bois pour un sou !
Le Témoin : Depuis votre démission du gouvernement, vous vous exprimez peu. Pourquoi parlez-vous si peu, pour ne pas dire presque pas, vous que l’on a connu plutôt loquace ?
Croyez-bien que mon attitude ne marque nullement -j’insiste bien sur ce point -, un désintérêt par rapport à la chose politique et encore moins l’activité politique. Je dois reconnaître qu’après mon départ de l’équipe gouvernementale, je me suis un peu réservé, après avoir parlé dans les médias pour expliquer les raisons de ma décision. Je suis toutefois resté actif en politique, en soutenant de toutes mes possibilités la campagne électorale du candidat Amadou Bâ. Nous avons perdu la bataille électorale. Seulement, il faut en convenir, là où notre candidat a subi un échec électoral, notre régime, quant à lui, a connu une débâcle politique, sans précédent sûrement dans le pays. Cette débâcle n’est pas le fruit d’un hasard. En tant que collectif politique, nous avons au contraire, par moments et en certaines occasions, volontairement travaillé à rendre inévitable cette débâcle.
On notera dans l’autocritique ce qui s’est passé dans la gouvernance des affaires publiques, en particulier, dans les orientations politiques définies, dans le secteur judiciaire et dans celui de la sauvegarde de l’intégrité dans la gestion des deniers publics. On a cru pouvoir nous dispenser dans ces domaines d’une extrême rigueur, sous le prétexte fallacieux, pensait-on, que nous étions des champions en matière de réalisations économiques. Et pour conclure que ce sont de telles réalisations qui intéresseraient prioritairement les populations. Le réveil de nos illusions aura été brutal et fatal. Nous avons manqué de jugement dans notre gouvernance, particulièrement au cours des trois dernières années.
Il s’y ajoute la qualité de la prise en charge plus que défaillante des intérêts de la candidature portée par Amadou Bâ. A l’arrivée, le comportement global de certains dirigeants de l’Alliance Pour la République (APR), dans leurs localités respectives, ainsi que l’attitude hostile de Macky Sall envers « son candidat », à la fin de la campagne électorale, auront ajouté à l’humiliation subie, pour la transformer en une terrible débâcle politique.
Pourquoi parler d’humiliation ?
Je parle d’humiliation, en considérant l’écart enregistré entre le candidat de Benno et celui de l’opposition, mais en pensant également à la volteface du président de la République qui s’est ostensiblement mis au service du PASTEF. Je voudrais dire qu’en effet, depuis la proclamation des résultats du scrutin, j’avais décidé de geler toutes mes activités dans Benno et dans l’APR, en attente d’une initiative politique majeure dans laquelle je pourrai éventuellement continuer mon engagement politique. J’ai été trop blessé par tout ce qui a été fait au nom de notre alliance, selon le bon vouloir de l’intérêt d’un clan, redoutant tant la perte du pouvoir que ses conséquences.
Si ce n’est pas secret, pouvez-vous nous dire si l’initiative dont vous venez de parler est en voie d’être mise sur les rails ?
Bien sûr que oui ! D’ailleurs, un des membres notoires du collectif des initiateurs, en l’occurrence, l’ancien ministre Cheikh Oumar Hanne en a déjà parlé devant des journalistes de la chaîne ITV. Je me sens aujourd’hui soulagé de savoir qu’elle va bientôt être portée sur les fonts baptismaux par un groupe d’hommes et de femmes décidés à continuer à mener des activités politiques autour de personnalités dignes de confiance à cet égard. Je m’honore d’y avoir été associé dès le début des discussions pour dessiner les contours et les objectifs politiques majeurs. L’initiative va se réaliser autour de celui qui incarne, par la posture de leader, par les compétences et l’expérience, le profil d’un dirigeant qui pourrait assumer cette nouvelle responsabilité. Tous ceux qui ont pris part aux réflexions ayant abouti à la mise en place de cette initiative, ont pensé à Amadou Bâ. Il en assurera le leadership. Il l’accepte avec enthousiasme et détermination et s’apprête à assumer cette mission avec d’autant plus d’ardeur que c’est le suffrage universel même qui l’a indiqué aux initiateurs. N’oublions pas que l’ancien Premier ministre a fait un score de 36% à la dernière élection présidentielle. C’est, entre autres, ce score qui valide son choix et lui confère naturellement sa qualité de chef de l’opposition politique nationale. Une telle initiative ne peut manquer à son devoir de s’ouvrir à tous les démocrates sincères, à tous ceux qui sont en politique dans d’autres entités ou désireux d’en entreprendre. Cette nouvelle initiative se construit avec un leadership intégrant parfaitement l’idée d’un dirigeant qui assume ses charges avec la pleine conscience qu’il ne saurait être un chef majestueusement assis sur un trône, comme maître absolu disposant à sa guise d’un droit de vie et de mort politique sur tous ses camarades. Il s’agira de conduire une dynamique politique autour d’un chef qui ne pense pas que tout doit partir de lui, se ramener à lui, avant de se conclure, comme, lui-même et seul, en a le désir.
Est-ce que vous citez d’autres personnes: femmes et hommes, jeunes et adultes prenant part à cette initiative.
Je comprends votre impatience, mais je souhaiterais être compris également. Je crois en avoir un peu trop dit. Je préfère laisser l’avantage et le soin aux initiateurs réunis dans un cadre officiel pour vous en faire l’annonce. L’opposition devrait davantage se structurer et mieux définir ses objectifs et les priorités de l’action politique à mettre en œuvre, pour espérer conduire une dynamique oppositionnelle efficace et efficiente, sans rancune, ni ressentiment, afin d’incarner une alternative au pouvoir en dépassant l’idée d’une simple alternance si jamais elle arrive à réussir sa mission.
Comment appréciez-vous les accusations de corruption qui ont été portées contre des juges du Conseil Constitutionnel à la veille de la dernière élection présidentielle ?
Je ne voudrais pas revenir sur cette accusation tant je la trouve ridicule. J’ai vécu cela avec sérénité car je les savais fausses et mensongères. Je ne cesserai jamais d’opposer un mépris souverain aux accusateurs qui, avec le ou leurs commanditaires, cherchaient à légitimer maladroitement un coup d’Etat constitutionnel que les juges ont fait avorter. Et heureusement pour ce pays.
En son temps aviez-vous eu l’occasion d’échanger avec Amadou Bâ sur les accusations portées sur deux juges et sur les événements que nous connus ?
Ce n’est pas que je soutenais. C’est nous qui l’avionsinvesti comme candidat. Mon devoir était d’aller avec lui jusqu’à la fin, avec responsabilité et loyauté. En sa qualité de Premier ministre et moi Ministre Secrétaire général du Gouvernement, j’étais son premier collaborateur dans la hiérarchie administrative. Aucune question n’était tabou dans nos discussions. Au besoin nous parlions de tout.
Comment jugez-vous les premiers pas du président Bassirou Diomaye Faye sur la scène internationale ?
Je dirai que, sur la scène internationale, le Sénégal s’est taillé une place diplomatique certaine dont l’envergure dépasse depuis longtemps le gabarit et la taille réelle de notre poids économique. C’est une réalité qui bénéficie aux nouvelles autorités si toutefois ces dernières se montrent à la hauteur pour pouvoir préserver ces acquis indéniables qui ont été construits depuis des décennies par leurs prédécesseurs. Sur la scène internationale, ces nouvelles autorités n’existent pas encore, considéré autrement, sinon que placé sous le parapluie de la diplomatie, celle de l’Etat du Sénégal. Ces autorités doivent maintenant travailler à exister par elles-mêmes, mais aussi et toujours par la diplomatie du Sénégal. Dans son état actuel, cette diplomatie se présente comme une sorte d’objet très fragile ne s’accommodant nullement de rhétoriques conflictuelles ou d’approximations qui lui seraient fortement préjudiciables.
Si on vous demandait de citer les principaux défis auxquels le président Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko sont confrontés, que diriez-vous ?
Ces défis tournent autour d’une bonne organisation de la gouvernance ; la justesse et la mesure des décisions à mettre en œuvre pour lancer leur politique parla construction, la définition d’un cadre théorique et opérationnel de mise en œuvre de nouvelles politiques publiques, qui ne saurait nullement se suffire de slogans, de pétitions de principe faites sur une base idéologoque, aux contours encore assez approximatifs, du point de vue conceptuel. Elles doivent aussi prendre conscience, je crois que c’est déjà fait, à en croire du moins le chef de l’Etat, On peut le croire en relisant certains communiqués du Conseil des ministres dans lesquels le président de la République revient souvent sur cette question.
Pensez-vous, à l’instar de certains acteurs politiques ou observateurs nationaux et internationaux qu’il y ait actuellement un bicéphalisme au sommet de l’Etat sénégalais ?
Nous avons d’autant plus des raisons de nous interroger que le bicéphalisme en développement est certainement voulu et désiré par les deux têtes de l’Exécutif. Seulement, il n’est pas organisé, juridiquement s’entend par des textes clairs. C’est le président de la République élu qui l’a librement consenti. ;Et, lui, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, tant que rien ne le gêne dans la pratique et qu’il s’en accommode sans aucun souci, ni orgueil, on peut alors ne pas nourrir trop de craintes. Pour l’instant du moins, disons-nous !
Quelles sont vos relations actuelles avec l’ancien président Macky Sall ? Pourquoi aviez-vous démissionné de vos fonctions de ministre ?
Je n’entretiens aucune relation avec Macky Sall, depuis le jeudi 8 février. Il m’a reçu dans la nuit du jeudi 8 février 2024, soit cinq jours après avoir déposé ma lettre. La cause de ma démission relève aujourd’hui du passé. Je l’avais déjà dit, quand je constatais que le chef de l’Etat croyait, à tort, pouvoir suspendre l’histoire de ce pays, en tentant de faire annuler l’élection, pour se donner ainsi dix mois de prolongation de mandat. Il en voulait, d’ailleurs, au début de l’opération, vingt-quatre mois. Je ne supportais pas cette méprise totale sur ses comme je ne l’avais pas supporté quand, en 2012, Abdoulaye Wade avait voulu cette même prolongation dont l’annonce aux Sénégalais fut confiée à l’ancien président du Nigéria, Olosegun Obasanjo. Macky Sall disait à ce sujet : « le président de la République ne pouvait augmenter même d’une journée son mandat ». Devenu certainement amnésique après douze ans de pouvoir grisant, Macky Sall pensa que cette augmentation envisagée, qu’il avait lui-même refusée à Wade, était un dû pour lui.
A l’aune de la politique de souveraineté et rupture intergénérationnelle mise en œuvre par les nouvelles autorités, comment entrevoyez-vous l’avenir de ce pays ?
Je ne crois absolument pas à cette notion qui, pour moi ne rime à rien. « Les générations se suivent dans un pays, et chacune d’elles découvre, dans une relative opacité, sa mission la remplit ou bien la trahit », disait Fanon.
Votre analyse sur la position de l’Afrique par rapport aux conflits de la géopolitique ?
L’Afrique essaie d’exister, tant bien que mal. Pour l’Afrique sûrement sa place dans ce contexte est intéressante et même importante. Il faut cependant se montrer réaliste. Pour ce qui concerne l’AES (Ndlr, Alliance des Etats du Sahel constitue du Mali, du Burkina et du Niger), j’ai envie de dire que chaque Etat a le droit de se trouver des alliances et des cadres de coopération à la seule condition que ces cadres servent et fassent faire des pas qualitatifs à la cause des peuples. Si c’est pour satisfaire des égos, faire dans le populisme afin de tromper les peuples, ce serait déplorable.
Et sur le souhait du président Diomaye Faye de faire revenir ces pays de l’AES dans la CEDEAO ?
Je pense que ce n’était pas une mauvaise chose d’aller voir des voisins. Je suis conscient que, pour les démocrates, la visite dans les pays de l’AES peut susciter des interrogations légitimes. Mais enfin, en Afrique, si on doit choisir des interlocuteurs en fonction de critères démocratiques, on n’en aura pas beaucoup. Ayant entendu le président Faye dire qu’il n’était dans ces pays avec les habits d’un médiateur, la précision était à mon avis opportune. De toutes façons une médiation de sa part n’aurait servi à rien. Laissons le temps faire son œuvre pour que chacun revienne à la raison. Vous savez, dans des pays vivant les circonstances politiques qui sont les leurs, il est presque impossible de s’y faire entendre.
N’êtes-vous pas avis que les discours radicaux des jeunes leaders populaires africains ont une bonne part de responsabilité dans les nombreuses morts de jeunes lors de révoltes populaires ?
Ce ne sont pas que les discours mais c’est le comportement en totale rupture avec les règles élémentaires et les règles de base de la vie en société qui sont souvent bafoués qui en sont les causes. Ces discours ne sont parfois rien d’autre que de terribles aveux d’impuissance et d’échecs que l’on tente ainsi de dissimuler par des discours enflammés et radicaux. Pour certains, il s’agit de produire des discours pour tenter d’embrigader les masses sous-informées, en vue d’en faire du bétail politique. Pour d’autres dirigeants, il s’agit d’utiliser des techniques de propagande politique pour mystifier les électeurs. Les populistes en action politique peuvent se révéler dangereux pour un peuple.
En quoi les populations peuvent-elles être amenées à avoir des regrets en portant des populistes au pouvoir suprême ?
Instruit par les leçons tirées de l’histoire, en particulier des enseignements tirés de la pratique politique de certains Etats, comme l’Allemagne et l’Italie, à la fin des années 30, jusqu’au milieu des années 40 (39-45), j’ai appris à me méfier des populistes. Je me souviens avoir écrit un article dans lequel j’alertais en attirant l’attention sur un type de communication qui se mettait savamment en branle dans notre pays et qui empruntait beaucoup ses méthodes à la stratégie de mise sous hypnose des peuples. Je disais qu’il y avait matière à réflexion à ce sujet.
Pourquoi aviez-vous cru devoir alerter et dire qu’il y avait matière à réflexion à ce sujet ?
J’alertais d’abord en étant conscient que cette méthode de communication opérait par un travestissement translucide monumental qui partait d’un ou de plusieurs faits réels autour du ou desquels on construit astucieusement une montagne de contrevérités. Aussi, tente-t-on par cette méthode de communication politique d’émerveiller, de séduire, en vue d’embastiller les consciences, en embrigadant les opinions. Par là, la posture de sauveur du peuple affichée opère bien et développe ses pleins effets du fait de l’énormité des choses dites ponctuées d’accusations mensongères et de calomnies n’épargnant personne parmi les dépositaires de l’autorité publique. On joue avec le paroxysme de l’invraisemblable. Comme dans un scénario de film fantastique, on s’amuse avec un désarmant aplomb avec la naïveté, l’ignorance des masses, ainsi que sur la crédulité, supposée ou réelle, d’une opinion publique qui reste encore moyennement formée à la complexité de la gouvernance, à la subtilité de la conduite des affaires publiques. On escompte produire des effets politiques massifs pour dresser des fanatiques chauffés à blanc qui aideront à renforcer les moyens de la propagande bien élaborée pour embarquer l’opinion publique.
Je pense ici à tout ce que nous dit l’excellent ouvrage publié en 1937 à Paris par Hünenberg, un homme d’Etat et intellectuel allemand. Il a expliqué ce que signifie « la propagande en tant qu’arme en politique ». En Allemagne nazie et en Italie fasciste, c’est bien cette méthode qui aidera à produire les atrocités de la deuxième guerre mondiale. Pour ceux qui l’ont suivie, la conférence à laquelle le Premier ministre avait convié la jeunesse de son parti rappelait par endroits et en des séquences précises certaines clés de la méthode. Un propagandiste de l’époque : « je considère la radio comme le moyen de conditionnement des masses le plus moderne et le plus important ». Apparemment, le Pastef utilise des codes et méthodes avoisinant beaucoup celles d’il y a un peu plus de 70 ans dans sa volonté d’embarquer les masses.
Aujourd’hui, le discours politique construit par la direction de ce parti et par ses partisans veut faire sonner dans l’oreille de certains citoyens l’idée que le politicien Ousmane Sonko signifie la bonne gouvernance, la transparence et la droiture. Et comme pourrait dire l’autre : « l’Internet est le moyen de conditionnement des masses le plus moderne et le plus important ». Pour saisir le mode opératoire de la propagande de Sonko, il suffit de revisionner le film du dernier épisode projeté lors de sa dernière conférence devant la jeunesse de son parti qui entra en transe quasi hystérique, pour ponctuer chaque parole du chef par des tonnerres d’applaudissements. Cela a bien marché le 24 mars 2024. Pourquoi alors arrêter une méthode qui fonctionne, au grand bonheur du parti et de celui de ses militants ? Ceux-ci en redemandent, à juste raison, d’ailleurs !
DIOMAYE DIT NON À LA PRÉSIDENCE DE LA CEDEAO
Le président sénégalais était courtisé pour prendre les rênes de l'organisation. Son profil prometteur faisait de lui un candidat idéal pour dénouer les crises secouant certains États. Mais il a finalement décliné l'offre d'après Africa Intelligence
(SenePlus) - C'est un scénario qui aura finalement fait long feu. Selon les informations du magazine Africa Intelligence, Bassirou Diomaye Faye, le président sénégalais, a décidé de décliner la proposition de plusieurs capitales ouest-africaines de se porter candidat à la présidence de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).
Pourtant, le nom de Bassirou Diomaye Faye avait été ardemment poussé par plusieurs pays de la région. "En raison de son profil jeune et dynamique, pouvant potentiellement faciliter le retour des États suspendus comme le Mali et le Burkina Faso", écrit Africa Intelligence. Une candidature francophone séduisante, alors que la présidence aurait dû théoriquement revenir à un pays francophone, conformément à l'alternance établie au sein de l'organisation.
Malgré ces pressions, le chef d'État sénégalais a finalement renoncé, sur les conseils de ses proches conseillers. La situation politique délicate qu'il doit gérer au niveau domestique aurait également pesé dans la balance, le poussant à décliner cette opportunité régionale.
Ce refus de Bassirou Diomaye Faye laisse désormais la voie grande ouverte à la reconduction de Bola Ahmed Tinubu, l'actuel président nigérian de la Cedeao. Une perspective qui, bien que critiquée pour son bilan mitigé selon Africa Intelligence, semble se concrétiser "en l'absence d'autres candidats crédibles".
La succession du président Tinubu, dont le mandat arrive à échéance en juillet prochain, n'aurait en effet "suscité qu'un intérêt limité parmi les États membres". Des dirigeants comme Patrice Talon, Alassane Ouattara ou Faure Gnassingbé, bien qu'éligibles, n'ont pas non plus manifesté d'intérêt pour le poste.
Dès lors, sauf rebondissement de dernière minute, un nouveau mandat de Bola Ahmed Tinubu à la tête de la Cedeao semble se profiler. Une perspective qui, conclut Africa Intelligence, "est accueillie sans grand enthousiasme par les membres de l'organisation régionale".
Cet éclairage exclusif, basé sur les informations du magazine Africa Intelligence, met en lumière les défis et les atermoiements ayant entouré le choix du prochain leader de cette instance cruciale pour la stabilité et l'intégration en Afrique de l'Ouest.
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CAMP PÉNAL : LES SECRETS DERRIÈRE LES BARREAUX
Un téléphone caché dans un Coran évidé, des cuillères transformées en armes : bienvenue dans l'univers parallèle du Camp pénal de Liberté 6. Ici, la créativité des prisonniers n'a d'égale que la détermination des gardiens à maintenir l'ordre
Dans un reportage saisissant, la RTS nous emmène en immersion au cœur du Camp pénal de Liberté 6, à peine 24 heures après une mutinerie qui a secoué l'établissement. Sous l'œil vigilant des autorités pénitentiaires, les caméras ont pénétré pour la première fois dans ce lieu habituellement hermétique, dévoilant les séquelles encore fraîches d'une rébellion née, selon l'administration, d'un simple refus d'appel nominatif.
Le spectacle qui s'offre aux yeux est à la fois fascinant et effarant. Dans les couloirs encore imprégnés de l'odeur âcre des lacrymogènes, s'étalent les vestiges d'une ingéniosité carcérale poussée à son paroxysme. Des téléphones portables dissimulés dans les pages évidées du Coran, des cuillères métamorphosées en armes tranchantes : l'inventivité des détenues n'a d'égale que la détermination des gardiens à maintenir l'ordre.
La caméra s'attache sur ces "trophées de guerre", saisies lors d'une fouille minutieuse post-mutinerie. Téléphones, drogues, armes artisanales... Chaque objet raconte une histoire de ruse, de désespoir ou de violence latente. Le directeur de la sécurité pénitentiaire, visage grave, explique la gradation des moyens employés pour ramener le calme, insistant sur l'absence de victimes malgré la tension palpable.
Au fil du reportage, se dessine le portrait d'une prison en équilibre précaire, où la surpopulation attise les braises de la révolte. Les autorités, conscientes de marcher sur un fil, jonglent entre fermeté et dialogue. Le ministre de la Justice lui-même s'est déplacé, ordonnant une enquête dont les premiers résultats promettent sont attendus.