Pour la prochaine législature, le Sénégal pourrait se retrouver avec une Assemblée nationale composée de 160 députés. Cela pour prendre en compte un des points de la réforme constitutionnelle adoptée lors du référendum du 20 mars dernier et qui octroie désormais 10 sièges aux Sénégalais de la diaspora. Cependant, il faudra que le Président Macky Sall tranche la question car l'opposition n'est pas favorable à l'augmentation du nombre de députés de 150 à 160 contrairement à la majorité.
Le mandat des 150 députés de la douzième législature en cours arrive à terme en juillet 2017. Pour la législature à venir, le nombre des parlementaires va certainement connaître une hausse en passant de 150 à 160 députés. Cette augmentation du nombre des députés s'explique par l'entrée à l'hémicycle de nouveaux députés issus des rangs des Sénégalais de l'extérieur.
À rappeler que lors du référendum du 20 mars dernier, la réforme constitutionnelle avait décidé qu'il y aurait désormais 10 députés de la diaspora dans l'hémicycle. Cependant, cette question n'est pas complètement derrière nous car, il faut maintenant savoir dans quelle condition définir le rajout des 10 députés de la diaspora sur la liste nationale des députés. En tout cas, cette question a constitué un point d'achoppement lors du dialogue politique entre le pouvoir et l'opposition.
Le débat qui s'est posé lors des discussions était de savoir s'il fallait passer de 150 députés à 160 députés pour régler le problème ou s'il fallait inclure dans les 150 députés nationaux les 10 représentants les Sénégalais de la diaspora. La première thèse a été défendue par le camp de la majorité présidentielle et les non alignés alors que la deuxième thèse a été argumentée par l'opposition qui ne veut pas une augmentation du nombre des députés.
Cependant, la majorité a demandé à l'opposition de faire des propositions concrètes pour le maintien du nombre de députés à 150 en y intégrant les 10 postes de la diaspora. L'idée était de diminuer les députés nationaux en défalquant des départements les plus représentatifs comme Dakar ou Mbacké entre autres. Mais l'opposition, selon nos informations, n'a pas voulu endosser cette responsabilité au risque de s'attirer les foudres des départements lésés.
Compte tenu de ce blocage, la patate chaude a été transférée au chef de l'État, Macky Sall, qui devrait trancher la question avant la fin de l'année. Ce qui devrait entraîner l'adoption d'un nouveau Code électoral. Alors que l'on agite l'idée d'un report des législatives, comme pour couper court à la rumeur, le Gouvernement prévoit dans le budget du ministère de l'Intérieur 5 milliards dont une ligne de crédit prévue pour la diaspora.
À propos de la répartition des 10 sièges, il est prévu 2 députés par circonscription car la diaspora est divisée en 5 départements.
"QUAND ON ACCEPTE DE PASSER OUTRE, IL FAUT SUBIR D'INHALER DES GRENADES LACRYMOGÈNES…"
La violente répression de la marche de l'opposition a suscité une réaction de Serigne Mbaye Thiam, ministre de l'Éducation nationale. Le responsable socialiste fait la leçon aux leaders de "Mankoo wattu Senegaal".
La réunion du Comité national de l'Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres (Ifadem), avant-hier, a servi de tribune au ministre de l'Éducation nationale, pour se prononcer sur la marche de l'opposition. "Je pense que, raisonnablement, on ne peut pas parler de recul démocratique, l'opposition n'a pas été à mon sens raisonnable et réaliste. Il n'y a pas eu de problème d'interdiction de la marche. Le préfet a été clair, la marche a été autorisée, elle n'était pas interdite. Quand on est responsable, à ce moment là, c'est de s'en tenir à l'itinéraire que l'autorité administrative a arrêté", indique
Serigne Mbaye Thiam.
Se voulant plus clair, il ajoute : "Je parle de cela en connaissance de cause, parce qu'avant 2012, on ne fuyait pas nos responsabilités. Le 23 juin, on était là. Après, on était là. A chaque fois que le ministre de l'Intérieur ou le préfet demandait de changer l'itinéraire, on changeait l'itinéraire. Et chaque fois, qu'on pensait qu'il y avait interdiction de marche, on est passé outre. Et quand on passe outre, il faut accepter de subir les conséquences. Moi-même j'ai eu à inhaler beaucoup de gaz lacrymogène avant d'être là".
A son avis, "quand on accepte de passer outre, il faut subir d'inhaler des grenades lacrymogènes, et les matraques électriques qui vous touchent". "Je pense que le gouvernement, l'Etat, doit concilier le droit à la marche à la liberté des autres citoyens. Parce que faire une marche à la place de l'Indépendance gênerait beaucoup de Sénégalais. Donc, on concilie les deux. Ce n'est pas le droit à la marche qui est remis en cause, c'est les conditions de le faire, de concilier le droit à la marche à la liberté de déplacement des autres", indique également Serigne Mbaye Thiam.
Le responsable socialiste estime: "Une marche bien encadrée dans certains endroits porterait plus préjudice aux Sénégalais qui, eux, préfèrent ne pas aller à la marche". Pour lui, "il ne s'agit pas de dire que les forces de l'ordre ne peuvent pas encadrer une marche". "Une marche à la place de l'Indépendance gênerait beaucoup plus la mobilité des Sénégalais que ce trajet indiqué par le préfet. C'est comme cela qu'il faut le prendre. Eux, ils ont détalé. Le 23 juin, on était à la place Soweto, on n'a pas bougé. Moi, je l'ai quittée pour être évacué à l'hôpital Principal. Donc, il faut accepter de subir les conséquences, si on défie l'autorité. Mais, je pense qu'ils n'ont pas été raisonnables. Ce n'était pas un problème qui mérite qu'on en arrive là", affirme M. Thiam.
UN RESPONSABLE SOCIALISTE DEMANDE LA DISSOLUTION DES MOUVEMENTS AFFILIÉS AU PS
Mbour, 17 oct (APS) – Le secrétaire aux élections de l’Union départementale des coordinations du parti socialiste (PS, majorité) à Mbour, Moustapha Ndiara Faye a demandé, dimanche, au bureau politique de son parti de dissoudre les mouvements affiliés pour sa stabilité.
"Nous demandons la dissolution des mouvements affiliés au PS, telle que la JDS (jeunesse pour la démocratie et le socialisme), qui s’attaque à l’image du parti et de son secrétaire général (Ousmane Tanor Dieng), et l’arrêt de la pétition lancée par ce mouvement", a indiqué M. Faye, par ailleurs membre du bureau politique du PS.
"Ces mouvements de soutien sont composés de socialistes certes, mais aussi et surtout de non socialistes et de militants d’autres partis opposés au PS. Et quand on donne aux non socialistes et aux militants d’autres partis l’occasion de participer à la vie du parti, ils ne peuvent que détruire le PS", a estimé Moustapha Ndiara Faye.
Il animait un point de presse à la mairie de Mbour pour, dit-il, apporter "un éclairage" sur la situation du parti socialiste (PS) qui inquiète certains militants.
Pour Moustapha Ndiara Faye, "ces mouvements ne peuvent prendre, orienter ou influencer aucune décision du PS et se débarrasser d’eux est d’autant plus utile qu’ils ne sont ni crédibles ni durables".
"Il est tout à fait utile de rappeler que c’est le bureau politique du PS qui a laissé aux différentes coordinations la prérogative de décider si le parti doit aller aux prochaines élections législatives avec ou en dehors de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, majorité)", a souligné M. Faye.
Il a fait remarquer à cet effet que "la majorité des coordinations qui se sont exprimées et veulent que leur parti aille à ces élections dans le cadre de BBY".
Selon lui, "le parti socialiste n’a aucun problème. Ce sont ces gens qui veulent être députés, qui n’ont aucune chance d’être sur la liste du PS mais qui ont un réel problème de voir le parti aller aux législatives avec BBY".
Pour mettre fin aux polémiques qui, à son avis, détruisent l’image du PS, M. Faye a demandé à la direction de son parti d’officialiser la décision des coordinations d’aller aux législatives avec BBY.
Le responsable socialiste a par ailleurs invité le secrétariat exécutif national, le bureau politique, le comité central, les coordinations et les sections "à vulgariser et désaffilier les mouvements qui agissent et communiquent contre le PS et son secrétaire général".
"Pourquoi spéculent-ils sur la candidature du PS à la prochaine élection présidentielle alors que le comité central a déjà rappelé que le parti socialiste présentera un candidat pour cette élection présidentielle", s’est interrogé Moustapha Ndiara Faye.
MACKY SALL DANS LES ZONES AGRICOLES POUR S’ENQUÉRIR DES ACTIVITÉS DU PUDC
Kaolack, 17 oct (APS) – Le chef de l’Etat entame ce lundi jusqu’à jeudi une tournée économique à vocation agricole, dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Tambacounda, une occasion également pour Macky Sall de s’enquérir de l’état d’avancement des activités du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC).
Selon un communiqué de la présidence, le chef de l’Etat "envisage, pendant cette tournée, de visiter des zones de productions agricoles".
Macky Sall va aussi de s’enquérir de l’état d’avancement des activités du PUDC dans les régions de Kaolack, Kaffrine et Tambacounda, en particulier les projets du secteur hydraulique, les pistes rurales, l’électrification et les équipements.
’’Ce déplacement permettra au chef de l’Etat d’apprécier le niveau de réalisations des investissements engagés depuis 2012 dans ces localités. Il saisira cette opportunité pour communier avec les populations de ces régions", ajoute la même source.
Plus d’un an après son lancement par le chef de l’Etat, le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) imprime sa marque dans plusieurs endroits du pays où la perspective d’une vie meilleure se profile grâce à la réalisation d’un forage ou d’une piste de production.
Programme phare de la politique de développement économique et social du chef de l’Etat, le PUDC a connu un niveau d’exécution "appréciable" en termes de pistes, de forages et d’équipements post-récolte, selon son directeur national, Cheikh Diop.
M. Diop s’exprimait récemment à la fin d’une mission d’inspection de 8 jours dans les régions de Diourbel, Kaolack, Fatick, Kaffrine, Tambacounda, Kolda, Sédhiou et Louga.
A l’échelle du territoire, 157 forages et 70 châteaux d’eau ont réalisés, soit un taux de réalisation entre 80 et 90%, selon le directeur national du PUDC, soulignant que la plupart des ouvrages sont déjà fonctionnels.
Concernant les pistes de production, sur un linéaire de 3000 kilomètres, le PUDC a déjà réalisé 790 kilomètres pour les séries 1 et 2, soit un niveau d’exécution de 60%. Les études sont finalisées pour la réalisation de 2621 kilomètres dont 1000 kilomètres seront réalisés en 2017.
S’agissant du volet électrification rurale, les travaux se déroulent normalement, s’est réjoui également Cheikh Diop, soulignant qu’il est prévu l’électrification de 406 villages, soit un réseau de 2000 kilomètres.
Pour le volet équipements post-récolte, les travaux de fabrication et d’assemblage de plus de 5000 équipements sont presque finalisés. La distribution a déjà démarré dans les régions de Fatick, Kaffrine et Kédougou. D’autres lots seront distribués d’ici la fin du mois d’octobre.
En partenariat avec la SAED (société nationale d’aménagement des terres du Delta et de la Vallée du Fleuve), les riziculteurs de la vallée ont reçu 400 motopompes sur une commande de 600 unités.
Le Programme d’urgence de développement communautaire vise à contribuer à l’amélioration de l’accès des populations rurales aux services sociaux de base à travers la mise en place d’infrastructures socio-économiques.
Le milieu rural qui concentre la majorité de la population (57%) se consacre essentiellement à des activités agro-pastorales. Il est marqué par l’exode des jeunes vers les villes en quête d’emplois.
Le budget global du PUDC est évalué à 500 milliards de francs Cfa. La première phase, lancée en juillet 2015 pour une durée de trois ans avec un budget de 113 milliards, est entièrement financée sur ressources propres du Sénégal.
Le Sénégal présentera le PUDC en novembre à New-York, aux bailleurs de fonds en vue d’obtenir des financements additionnels.
Le président togolais Faure Gnassingbé a signé en février à New-York, avec le PNUD, un Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC) calqué sur le modèle sénégalais
LES PROLONGATIONS DE LA MARCHE AVORTÉE DE L’OPPOSITION À LA UNE
Dakar, 17 oct (APS) - Une bonne partie de la presse quotidienne reçue ce lundi à l’APS s’intéresse aux prolongations de la marche avortée du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal.
L’Observateur rapporte que "le Président Macky Sall s’est confié à quelques-uns de ses collaborateurs" après la tentative de marche de l’opposition, vendredi, à Dakar.
Selon le journal, le chef de l’Etat leur aurait notamment dit : "Vraiment, il faut éviter de telles scènes qui ne donnent pas une bonne image de notre pays. Je pense qu’il faut que les gens apprennent à respecter la légalité républicaine".
"On ne peut pas autoriser une marche et que les gens se mettent à marcher sur les forces de l’ordre sur un itinéraire qui était déjà défini", a-t-il fustigé
Le Quotidien note que c’est toujours "la guerre des chiffres" au sujet de la mobilisation de l’opposition lors de sa marche dispersée par les forces de l’ordre, vendredi dernier, à Dakar.
Si Mankoo Wattu Senegaaal "soutient avoir gagné le pari de la mobilisation avec 15.000 personnes ayant répondu à l’appel", le leader d’AJ PADS, Mamadou Diop Decroix, lui rectifie ce chiffre. Selon lui, il y a eu "50.000 personnes", car "jusqu’à 18h30, les gens affluaient sur la place de l’Obélisque".
La guerre des chiffres entre opposition et pouvoir fait dire au Témoin que c’est désormais la "troisième mi-temps" de la manifestation de vendredi. Car si le pouvoir parle de 3.000 manifestants, Mankoo Wattu Senegaal avance lui le chiffre de 15.000 manifestants.
Quoi qu’il en soit, l’opposition se veut formelle en assurant dans les colonnes du Populaire avoir mobilisé 15.000 manifestants.
En tout cas, si l’on croit Sud Quotidien le Front Mankoo Wattu Senegaal ne décolère pas. "L’opposition dans une colère noire", titre le journal. Il prédit que "la réunion d’évaluation de la marche réprimée par la police, le vendredi 14 octobre, fera monter la moutarde au nez des opposants contre le régime de Macky Sall qui n’y est pas allé de main morte pour contrer l’opposition".
Sur la même lancée, WalfQuotidien prévient que le coordonnateur de Mankoo Wattu Senegaal, Malick Gacko, et les autres leaders de cette coalition "n’ont pas dit leur dernier mot". Selon le journal, "ils se réunissent aujourd’hui [lundi] pour peaufiner une stratégie et pour faire face au régime de Macky Sall".
Rewmi Quotidien parle d’"une grande faute de l’opposition" à propos de la manifestation "ratée" du 14 octobre. Mais le journal estime en même temps que c’est la "marche-arrière" concernant notamment les libertés publiques et le droit de manifestation.
De toutes les façons, prévient Moussa Diaw, chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger, "la tension ne profite ni à l’opposition ni à la majorité".
Loin de tout cela, L’As annonce que, dans le cadre de la promotion de la diaspora, "le nombre de députés passe de 150 à 160".
En économie, le quotidien Enquête s’intéresse à la publication, par Global Risk Insights (GRI), des perspectives pour le Sénégal "dans la foulée des grosses polémiques sur les découvertes de pétrole et la situation houleuse au pays de la Téranga". Selon le journal, GRI "s’attend à de bonnes perspectives économiques pour le Sénégal".
Revenant sur le sommet de l’Union africaine (UA) sur la sécurité maritime, qui s’est tenu samedi à Lomé, au Togo, le Soleil écrit en Une que "le Sénégal émet des observations sur le projet de Charte".
Arrêté et mis en prison sous Wade, Barthélémy Dias a été libéré à l'accession de Macky Sall au pouvoir. C'est sous ce même régime qu'il est sur le point d'être présenté à nouveau devant le juge pour la même affaire : l'attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur, qui a coûté la vie au lutteur Ndiaga Diouf. Retour sur une affaire judiciaire qui sent fort une arme de règlement de comptes politiques.
Le parquet de Dakar a exhumé l'affaire Ndiaga Diouf. Du nom de ce jeune lutteur tué le 22 décembre 2011 lors de l'attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur. Il a distribué des citations à comparaître à Barthélémy Dias, édile de la commune concernée, ainsi qu'à Habib Dieng et Boubacar Faye.
Le trio devrait être jugé jeudi prochain devant le tribunal correctionnel. Le premier est poursuivi pour coups mortels et les deux autres pour complicité de coups et blessures volontaires et détention illégale d'armes.
Malgré la gravité des faits et les risques qui pèsent sur sa tête, Dias se montre confiant. Il dit : "C'est la politique qui m'a mis en prison et c'est la politique qui m'a sorti de prison. Et, aujourd'hui, c'est pour des raisons politiques que certains considèrent qu'ils peuvent instrumentaliser la justice sénégalaise. Je vais répondre à la justice sénégalaise parce que je suis convaincu que si les magistrats disent le droit, je sortirai vainqueur de ce combat."
Retour sur le lieu du crime
Une affaire politique ? Difficile de contredire le maire socialiste de Mermoz-Sacré Cœur.
Rétrospective d'une histoire qui a pris ses racines sous Abdoulaye Wade avant de se tasser et de repartir de plus belle sous Macky Sall.
Jeudi 22 décembre. Le Sénégal est témoin d'un spectacle qui renvoie aux années sombres de New York avec ses violentes guerres des gangs. Au milieu d'un groupe de jeunes armés de pierres, Barthélémy Dias, maire de Mermoz-Sacré Cœur fait face à un des gros bras surgis de véhicules postés aux alentours des locaux de sa municipalité. Un pistolet dans chaque main, il tirait en direction des assaillants. Dans une vidéo qui a fait le tour du monde, un de ses partisans l'encourageait à se rapprocher de ses cibles et de vider ses chargeurs sur elles. Les tirs durèrent plusieurs minutes avant que les "visiteurs" ne remontent dans leurs véhicules pour se fondre dans la nature.
La police était témoin de la scène. Visiblement satisfait de sa réaction musclée, Barthélémy Dias reconnaît avoir dégainé et atteint deux ou trois "agresseurs". Ndiaga Diouf, un jeune lutteur de la banlieue, qui a perdu la vie suite à ses blessures subies lors de l'attaque, faisait-il partie victimes du maire socialiste ? Mystère.
Barthélémy Dias, hors d'état de nuire… à Wade ?
Mercredi 28 décembre. Après 72 heures de garde à vue, Barthélémy Dias est inculpé et placé sous mandat de dépôt. Il est poursuivi pour "homicide volontaire, détention d'arme sans autorisation administrative et coups et blessures volontaires".
À l'époque, le pouvoir d'Abdoulaye Wade était au plus mal. Les tensions sociales couplées aux coups de boutoir de l'opposition, regroupée au sein de Benno bokk yaakaar, pourrissaient la vie aux libéraux. Les événements du 23 juin avaient fini de sonner le glas d'un régime aux abois. Barthélémy Dias, qui n'accordait aucun répit à son "grand-père" Wade, passait pour une cible à abattre.
Sa réaction face aux assaillants de sa mairie était du pain béni. Il est arrêté et mis en prison. Après un court séjour à Rebeuss, il est transféré à Tamba. S'ensuit une longue bataille politico-judiciaire sur fond de course pour la présidentielle de 2012.
Février 2012. Les avocats du maire socialiste saisissent la Cour de justice de la Cedeao, considérant que leur client est victime de détention arbitraire. Le 23 mars, l'organe de la Cedeao tranche. La demande de Dias est rejetée. Le Sénégal, dit-on dans l'arrêt, "n'a pas commis de violation des droits de l'homme à l'encontre de M. Dias".
Macky Président, la revanche de Dias
Débouté, le jeune responsable socialiste peut se consoler de la victoire, deux jours après la publication de la décision de la Cedeao, de la victoire de Macky Sall au deuxième tour de la présidentielle. Le régime de Wade, qu'il combattait de toutes ses forces, est renversé.
Sur le terrain judiciaire l'affaire est toujours pendante. Le nouveau pouvoir s'agite dans les coulisses pour la libération de Barthélémy Dias. Le procureur de la République de l'époque, Ousmane Diagne, pose son véto. Il laisse le maire de Mermoz-Sacré Cœur croupir en prison en refusant de lui décerner un non-lieu.
Ousmane Diagne dont les relations avec le ministre de la Justice étaient tendues à ce moment-là, sera remplacé par Serigne Bassirou Guèye. Mais ce n'est que le 22 mai 2012 que Dias sort de prison. Il bénéficie d'une liberté provisoire. Il reste sous contrôle judiciaire.
Le Ps est à moitié satisfait de la libération de l'une de ses principales figures. "C'est une bonne nouvelle pour le Parti socialiste, mais le combat n'est pas terminé. Nous allons continuer la lutte jusqu'à obtenir un non-lieu total parce que nous n'avons jamais perdu de vue que Barthélémy est innocent", a déclaré le porte-parole des Verts, Abdoulaye Wilane.
Même si l'affaire était encore pendante et malgré les protestations de la nouvelle opposition et de la famille de Ndiaga Diouf, le nouveau régime investit Dias sur la liste de Benno bokk yaakaar pour les législatives. Il obtient son siège à l'Assemblée nationale et peut, désormais, brandir son immunité parlementaire pour échapper à toutes poursuites dans le cadre de l'affaire de l'attaque de sa mairie.
Le tournant des Locales de 2014
Ça ne sera pas nécessaire. Entre partisans de la majorité, c'est l'entente parfaite. Le jeune responsable socialiste peut dormir tranquille, la justice semble avoir rangé son dossier.
Mais l'approche des législatives de 2014 va tout changer. Khalifa Sall est à la tête de la coalition Taxawu Ndakaru pour la reconquête de la mairie de la capitale. Barthélémy Dias est dans ses rangs. En face d'eux, Mimi Touré, à l'époque Premier ministre, tête de liste de Benno bokk yaakaar.
Taxawu Ndakaru rafle la mise. La pilule est amère pour le régime de Macky Sall. Les premiers nuages s'amoncellent au-dessus des rapports entre Dias et l'Apr. Les échanges de piques se multiplient. Comme par hasard, de rumeurs font état de la décision du doyen des juges de remettre sur la table l'affaire Ndiaga Diouf. On était au mois d'octobre 2014, les plaies des dernières locales, trois mois plus tôt, ne sont pas encore cicatrisées du côté de la majorité présidentielle.
Barthélémy Dias prend les devants. Il promet de saisir le président de l'Assemblée nationale pour demander la levée de son immunité parlementaire. Dans la foulée, il martèle avoir agi en légitime défense.
Auparavant, Sémou Diouf et Baye Moussé Bâ dit Bro, désignés comme deux des exécutants de l'attaque de la mairie de Mermoz-Sacré Cœur, obtiennent un non-lieu. Dias a fustigé cette décision.
Le doyen des juges n'ira pas plus loin. Faisait-il du bluff, histoire de calmer les ardeurs d'un des membres de la majorité qui ne cessait de critiquer la gouvernance de Macky Sall ? Y aurait-il eu des tractations en coulisses pour retenir sa main ?
Le Parquet remet le couvert
Dans tous les cas, le député socialiste ne sera plus inquiété. Jusqu'à ce mois d'octobre 2016, près de 5 ans après les faits. Dans un entretien paru dans le journal Libération, le député Benno Seydina Fall "Boughazelli" réclame que Barthélémy Dias soit jugé. Il pousse le bouchon jusqu'à menacer d'une plainte le ministre de la Justice, Sidiki Kaba, si son collègue n'est pas présenté devant un tribunal.
Simple coïncidence ou relation de cause à effet, le parquet vient de décerner des mandats à comparaître à Barthélémy Dias ainsi qu'à ses supposés complices. Ils sont convoqués jeudi prochain devant le tribunal correctionnel. Dias est poursuivi pour coups mortels tandis qu'Habib Dieng et Boubacar Faye devront répondre des chefs de complicité de coups et blessures volontaires et détention illégale d'armes.
Pour le maire de Mermoz-Sacré Cœur il ne fait aucun doute, sa convocation relève du règlement de comptes politique. "Aujourd'hui, c'est pour des raisons politiques que certains considèrent qu'ils peuvent instrumentaliser la justice sénégalaise"
En tout cas, l'action enclenchée par le Parquet se déroule dans un contexte où les relations entre Barthélémy Dias, d'un côté, et la coalition Benno bokk yaakaar et la direction du Ps, de l'autre, sont tendues. Le maire de Mermoz-Sacré Cœur multiplie les saillies contre la majorité présidentielle et le régime de Macky Sall. Aussi, il ne manque pas une occasion d'égratigner les principaux responsables socialistes, revendiquant ostensiblement sa proximité avec le maire de Dakar, Khalifa Sall.
D'ailleurs c'est dans cet esprit qu'il a battu campagne pour la victoire de la liste de ce dernier pour l'élection des Hauts conseillers des collectivités territoriales, le 4 septembre dernier avant de démissionner du bureau de l'Assemblée nationale et de prendre part hier, vendredi 14 octobre, à la marche de l'opposition contre le pouvoir de Macky Sall.
Après avoir pansé ses plaies, Wattu Senegaal pense aux chiffres. Elle a sorti sa calculatrice pour évaluer ses sympathisants qui ont inhalé le gaz vendredi. Ils sont 3 mille, 15 mille ou 50 mille ? On ne pourra jamais évaluer le volume de manifestants qui n’ont pas fait le dos rond lors de la répression policière devant le rond-point de la Rts. Cette guerre des chiffres est la suite du dialogue de sourds instauré dans ce pays depuis quelques jours entre pouvoir et opposition sourds aux appels à l’apaisement. Et le gaz a finalement explosé…
"C'EST UNE IMAGE HIDEUSE DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE"
Dr. Maurice S. Dione sur la répression de la marche de l'opposition
La répression policière de la marche de l'opposition regroupée autour du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Sénégal, du vendredi 14 octobre dernier, "est une image hideuse de la démocratie sénégalaise". C'est le commentaire du docteur en science politique, Maurice Soudieck Dione, qui estime que cela est une anomalie dans une démocratie et un État de droit. L'invité de l'émission politique Objection de la radio Sud Fm du dimanche 16 octobre pense qu'il faudrait renforcer la régulation normative et celle discursive de la démocratie.
En effet, l'enseignant chercheur à l'Université Gaston Berger (Ugb) de St-Louis estime que "c'est une image hideuse de la démocratie sénégalaise". Pour cause, le professeur soutient que c'est "parce qu'on croyait qu'on avait dépassé les considérations liées à l'expression des libertés".
Cela, d'autant plus que, selon lui, la Constitution du Sénégal pose en son préambule que le respect des libertés fondamentales du citoyen constitue la base de la société sénégalaise et que la marche est une liberté reconnue par l'article 8 de la Constitution. Ainsi, pour lui, "il est inacceptable que l'ordre constitutionnel qui doit assurer la promotion et la protection effective des droits et libertés soit violé".
Le docteur en science politique a par ailleurs peint un tableau tant soit peu sombre de la démocratie sénégalaise, même s'il reconnait qu'il y a des acquis avec notamment l'organisation d'élections libres et transparentes. Pour autant, il soutient "qu'aujourd'hui, on est dans une situation où les manifestations de l'opposition et de la société civile sont presque systématiquement interdites".
Pis, il laisse entendre "qu'on a, aujourd'hui, au Sénégal un déficit de dialogue et une rupture de confiance entre les acteurs intéressés et impliqués dans le jeu politique". Ce qui semble, à son avis, une anomalie "inacceptable" dans une démocratie et un État de droit. Il trouve en effet que l'opposition est un rouage important dans le système démocratique et "qu'elle ne doit pas être diabolisée, réprimée car elle est dans son rôle et elle doit le jouer pleinement".
Par conséquent, estimant que la démocratie sénégalaise souffre doublement, Maurice Soudieck Dione dira qu'il y a lieu de "renforcer la régulation normative et la régulation discursive de la démocratie".
S'expliquant par rapport à la régulation normative, il dira que "les acteurs doivent ensemble dégager des consensus forts autour des règles par rapport aux questions électorales, et par rapport à la vie démocratique, c'est-à-dire l'exercice des libertés".
Cela, tout en rendant crédibles, légitimes et efficaces les institutions devant appliquer les normes visées, selon lui. Plus, "il faut qu'il y ait une régulation discursive, car l'éthique de la discussion est une double démarche : une démarche d'humilité qui amène à la relativisation de son propre point de vue et une démarche vers l'altérité pour s'ouvrir à la fécondation du point de vue de l'autre", soutient-il.
La réunion d’évaluation de la marche réprimée par la police, le vendredi 14 octobre, du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal, fera monter la moutarde au nez des opposants contre le régime de Macky Sall qui n’y est pas allé de main morte pour contrer l’opposition. Des sources dignes de foi indiquent que l’opposition ne reculera pas devant ses droits constitutionnels et entend les exercer contre vents et marées. D’ailleurs, la Conférence des leaders du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal, va évoquer au cours de cette rencontre, la perspective d’autres manifestations pour fustiger la mauvaise gestion du pays par le régime de Macky Sall.
Par ailleurs, les cinq Les cinq manifestants de Mànkoo Wattu Senegal, arrêtés lors de la marche du vendredi 14 octobre par les forces de l’ordre, et en garde à vue à la police de Médina, ont finalement été libérés hier, dimanche, aux environs de 14h30 mn.
La Conférence des leaders du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal, se réunit ce lundi 17 octobre, à 16h, au siège du Grand Parti pour procéder à l’évaluation de la marche réprimée par la police, vendredi dernier. Nos sources indiquent que ce sont des opposants très remontés contre le régime de Macky qui ne rateront aucune occasion pour faire le procès de ce dernier «qui a choisi la dictature pour contrer une opposition républicaine». La perspective d’autres manifestations, rapportent nos sources, sera aussi évoquée par la conférence des leaders qui ont promis de répondre tous présents, compte-tenu des enjeux. Et ceux qui pensent que l’opposition réunie au sein du Front Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal va faire machine arrière, après la répression policière du vendredi 14 octobre, doivent déchanter. Les opposants au régime de Macky Sall sont dans le même état d’esprit et promettent, contre vents et marées, d’exercer leurs droits constitutionnels.
Les 5 manifestants libérés…
Par ailleurs, les cinq manifestants de Mànkoo Wattu Senegal, arrêtés lors de la marche du vendredi 14 octobre par les forces de l’ordre, et en garde à vue à la police de Médina, ont finalement été libérés hier, dimanche, aux environs de 14h30 mn. Il s’agit de Daouda Guèye, d’El Hadj Diawara et de Lat Dior Diouf, tous du Grand Parti ; de Gui Marie Sagna du Collectif Non Aux APE et de Cheikh Omar Sall du parti démocratique sénégalais (Pds). Déthié Fall, joint par nos soins hier, soir, a confirmé l’information. Quant à la question de savoir si ces manifestants qui ont fait l’objet de garde à vue à la Police de la Médina, ont été oui ou non bien traités, notre interlocuteur précise «qu’ils n’ont pas encore fait le compte-rendu de leur séjour à la police». Tout en soulignant que les leaders de Mànkoo Wattu Senegal ne se sont pas rendus au chevet des manifestants arrêtés.
Des blessés admis à l’hôpital
Il y aurait, à côté de ces manifestants arrêtés et libérés, d’autres qui seraient blessés et admis à l’hôpital, dont certains, victimes de fracture, selon Mamadou Diop Decroix, chargé de communication du Front pour la défense du Sénégal/Mankoo Wattu Senegaal
"Vraiment, il faut éviter de telles scène qui ne donnent pas une bonne image de notre pays. Je pense qu'il faut que les gens apprennent à respecter la légalité républicaine. On ne peut pas autoriser une marche et les gens se mettent à marcher sur les forces de l'ordre, sur un itinéraire qui était déjà défini. Il faut respecter les décisions prises par l'autorité et sincèrement, cette marche ne devait pas dégénérer."