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5 mai 2025
Politique
«JE SUIS POUR LA MANIFESTATION DE LA VERITE»
Cheikh Tidiane Gadio a donné sa version sur la candidature rejetée de Karim et sur l’audience que le chef de l’Etat leur avait accordée la semaine dernière
Bés Bi le Jour |
Cheikh Moussa SARR & Pape Doudou DIALLO |
Publication 29/01/2024
Cheikh Tidiane Gadio a donné sa version sur l’audience que le chef de l’Etat leur avait accordée la semaine dernière. « Faux, la question du report n’a jamais été évoquée », jure le candidat recalé, qui préfère «candidat spolié». Le leader du Mpc/L approuve la commission d’enquête parlementaire du Pds sur le rejet de la candidature de Karim Wade et qui vise des membres du Conseil constitutionnel.
Il figure parmi les membres de la délégation du Collectif des recalés reçus par le chef de l’Etat. Invité du Jury du dimanche, hier, Cheikh Tidiane Gadio précise d’abord : «Le mot ‘’recalé’’, dans l’étymologie du dictionnaire Le Robert, c’est quelqu’un qui a échoué. D’accord. Mais nous, on a réussi. Et des gens ont décidé de faire ce qu’ils ont fait, qui est absolument abominable et indigne. Donc nous sommes spoliés.» Cela dit, le président du Mouvement panafricain et citoyen/Luy jot jotna (Mpc/L) estime que le contrôle du parrainage a été «injuste» en ce qui le concerne. «J’ai trouvé des choses pratiquement indignes du Sénégal. C’est un fiasco, il n’y a pas un autre nom», a-t-il fulminé.
«On n’était pas au Palais pour négocier le report des élections»
Cette audience des candidats recalés avec le chef de l’Etat, alors que le Conseil a rendu sa décision, avait fait grand bruit. Ils avaient saisi le Président Macky Sall d’une correspondance pour l’informer de la situation causée par le parrainage, entre autres. Cheikh Tidiane Gadio veut «clarifier certaines choses». Il dit : «Il n’y a qu’au Sénégal que des gens qui ne se sont pas informés correctement, se lancent maintenant dans des divagations intellectuelles, des conjectures, en train de faire des hypothèses. Dès qu’on a annoncé la rencontre avec le Président Macky Sall, j’ai vu de ces écrits hallucinants. Et des gens qui affirment que c’est le report des élections présidentielles qui est à l’ordre du jour. Comme je vous l’ai dit, et je l’ai juré sur le Saint du Coran, et ça pour moi, c’est du sérieux, le mot ‘’report’’ n’a pas été évoqué. Aucune allusion, ni évocation n’a eu lieu par rapport au mot report.» L’ancien ministre des Affaires étrangères sous Wade d’insister : «Nous avions les mains pleines de choses qui nous intéressaient à discuter, plutôt que d’aller faire des spéculations sur un report quelconque. Et pourtant, la presse nous a dit, partout : ils sont allés négocier un report, etc. Ce qui est faux.»
«Je trouve que c’est une bonne chose d’informer Macky Sall…»
Il précise : «En allant le rencontrer au Palais, je vous jure, je ne souhaitais pas que le Président Macky Sall, en recevant notre lettre, essaie d’interférer sur le processus entamé par le Conseil constitutionnel. Un homme d’État ne peut pas souhaiter cela. Cela n’a aucun sens. Parce que votre Constitution dit que le président de la République est la clé de voûte et le garant du bon fonctionnement des institutions de la République. Dans la lettre, ce que j’ai compris, c’est que les gens se disent que si on a atteint ce niveau de crise avec une institution de la République, celui qui est garant du fonctionnement des institutions s’appelle Macky Sall, il faut l’en informer. Même à l’époque, les gens avaient dit que tout cela est commandité par Macky Sall. Je trouve que c’est une bonne chose d’informer Macky Sall.» Il a indiqué qu’ils ont eu avec le chef de l’Etat «une discussion approfondie» sur beaucoup de questions importantes dans la marche du pays. Sur le cas Bassirou Diomaye Faye, Gadio dit : «On lui a dit qu’on ne veut pas avoir un candidat à l’élection présidentielle en prison, comme l’a fait un pays d’Afrique (Ndlr : le Niger avec Hama Amadou), où le candidat est allé au deuxième tour en étant en prison. Parce qu’il a le pouvoir d’accorder des grâces, etc. On lui a dit, dans ce secteur au moins, vous avez la compétence, le pouvoir de faire quelque chose. Nous voulons d’abord apaiser l’espace politique. Il y a trop de prisonniers d’opinion, les prisonniers politiques, ou des gens qui ont commis des infractions, mais qui n’ont pas été jugés rapidement.»
«Si des magistrats accusés sont coupables de quelque chose, ce serait le scandale…»
Après l’invalidation de la candidature de Karim Wade par le Conseil constitutionnel, le Parti démocratique sénégalais (Pds) a mis en place une commission d’enquête parlementaire. Parce qu’il estime que les juges Cheikh Tidiane Coulibaly et Cheikh Ndiaye auraient dû se récuser en raison de leurs «connexions douteuses et de leur conflit d’intérêts». Cheikh Tidiane Gadio trouve que «c’est une bonne chose». «Quand quelque chose n’est pas clair ou quand il y a des soupçons, il faut vider le contentieux. Maintenant, c’est le prestige de notre pays qui est en jeu. J’espère de tout cœur que ceux qui ont proposé cette démarche détiennent des preuves et des informations qui sont avérées. On a déjà eu le scandale du siècle, je crois que c’était le parrainage et la manière dont des milliers de Sénégalais qui ont parrainé ces 73 candidats rejetés, c’est plus de 3,5 millions d’électeurs, des centaines de milliers de Sénégalais qui ont été rejetés. Pour moi, c’est le scandale du siècle. Mais si des magistrats accusés sont prouvés coupables de quelque chose, ça va même effacer l’autre scandale pour en faire un scandale, parce que nos institutions sont remises en cause. Et tout le travail du Conseil constitutionnel jusque-là, sera remis en cause valablement par des citoyens comme moi et d’autres », soutient le leader du Mpc/L. «Je n’ai envie pas de me ranger derrière aucun candidat»
Beaucoup de candidats dont les dossiers ont été invalidés commencent à soutenir ceux qui sont passés. Alors, Cheikh Tidiane Gadio soutiendra qui? «Notre candidat s’appelle Cheikh Tidiane Gadio. Il a été spolié de ses droits de citoyen. J’ai eu beaucoup de demandes de candidats, intrigués mais validés, qui envoient des émissaires. Et je vous dis que c’est eux qui sont dans cette problématique. C’est eux qui pensent que ces élections-là peuvent être valables, peuvent être légales et légitimes. Nous ne le pensons pas. Nous sommes pour la réparation de l’injustice qu’il y a», a-t-il répondu. Il ajoute : «La gravité de la situation du Sénégal fait que l’interpellation première, c’est de sauver le Sénégal. Je ne vais pas me ranger derrière ceux qui sont là avec de grands programmes économiques, qui racontent des choses auxquelles je ne crois pas du tout. Et je n’ai franchement pas envie de me ranger derrière un candidat ? Maintenant, si un candidat se retrouve dans ce que je dis, et si je me retrouve dans ce qu’il dit ou ce qu’elle dit, pourquoi pas ? On pourra trouver peut-être des arrangements».
VIDEO
SONKO VOTE DIOMAYE FAYE ET DEMANDE AUX AUTRES DE SE RANGER
C’est sa deuxième vidéo pré-enregistrée qui a été diffusée, ce dimanche, sur les réseaux sociaux, notamment sur sa page Facebook.
C’est sa deuxième vidéo pré-enregistrée qui a été diffusée, ce dimanche, sur les réseaux sociaux, notamment sur sa page Facebook.
Dans la même apparence que la précédente, Ousmane Sonko a directement évoqué le nom de son candidat parmi les trois retenus par le Conseil constitutionnel. «C’est vrai que c’est mon petit frère et mon ami. Mais mon choix sur Bassirou Diomaye n’est pas un choix de cœur mais de raison. Je l’ai choisi parce qu’il remplit les critères que j’ai définis. Il est compétent et a fait la plus prestigieuse école du Sénégal.
Après presque 20 ans aux Impôts et domaines où il a abattu un travail exceptionnel, personne ne peut dire qu’il n’est pas intègre. Je dirais même qu’il est plus intègre que moi. C’est un homme extrêmement brillant. Il est posé, honnête et courtois. Il est aussi l’un des fondateurs du parti avec d’autres comme Birame Soulèye Diop. Nous lui avions confié la coordination du mouvement des cadres. Et c’est lui qui a travaillé sur mon programme», a justifié l’opposant en détention.
En guise d’alerte contre une probable discorde dans les rangs de son parti, Sonko s’est adressé à ses autres candidats retenus pour la Présidentielle. «Je suis convaincu que ce choix ne va pas nécessiter des justifications. J’invite aussi tous les candidats retenus à suivre ce choix et à le manifester publiquement. Je le dis parce que certains peuvent vite être tentés par le diable en refusant d’abdiquer», a-t-il mis en garde avant de demander la libération de son candidat : «Dès lors que le Conseil constitutionnel valide sa candidature, il doit être libéré au nom du principe de l’égalité des candidats, d’autant plus qu’il n’a pas été jugé.»
LES SCENARIOS QUI S’OFFRENT A BASSIROU DIOMAYE FAYE
Campagne électorale et temps d’antenne - Sera-t-il enregistré en prison ? Sera-t-il libéré ? Quels scénarios s’offrent à lui ?
La campagne électorale débute le 3 février prochain et va durer 21 jours. Ce lundi, les mandataires des candidats sont convoqués à la Rts par le Cnra pour assister au tirage au sort sur l’ordre de passage des candidats. Un seul attire l’attention : Bassirou Diomaye Faye. Babacar Diagne a précisé, ce week-end, que «seul le candidat lui-même peut en bénéficier». Sera-t-il enregistré en prison ? Sera-t-il libéré ? Quels scénarios s’offrent à lui ?
Babacar Diagne : «Le temps d’antenne est strictement réservé au candidat»
Depuis la validation de la candidature de Bassirou Diomaye Faye, le débat a été tout de suite posé. Ses proches, ses avocats et d’autres membres de l’opposition réclament sa libération pour qu’il puisse battre campagne. La question a été d’ailleurs soumise au chef de l’Etat par le Collectif des recalés. Et alors que le tirage au sort pour la répartition du temps d’antenne est prévu ce lundi, à la Rts, l’on se demande aussi comment le candidat en prison va enregistrer son passage. Le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) ne tranche pas, mais donne une idée. «L’octroi du temps d’antenne est strictement réservé au candidat lui-même lors d’une campagne présidentielle, contrairement aux élections législatives. Seul le candidat lui-même peut en bénéficier, excluant ainsi toute représentation par un tiers», a dit Babacar Diagne, ce week-end, à Mbour, en marge de la formation des journalistes de l’Aps sur la couverture de la campagne et du scrutin. La précision «contrairement aux élections législatives» suggère que le cas Khalifa Sall n’est pas le même que celui de Diomaye Faye. Le Cnra va-t-il se contenter de mettre ses images ?
Pas de communication avec l’extérieur sauf autorisation expresse
Le candidat Bassirou Diomaye Faye va-t-il alors faire sa déclaration en prison ? Ce serait une première. Et pour cause, les textes de l’administration pénitentiaire interdisent à une personne placée sous mandat de dépôt de communiquer avec l’extérieur sauf autorisation expresse. Qui va donc donner cette autorisation ? Le ministère de la Justice ? Le juge ? L’autre scénario serait d’accorder une liberté provisoire au candidat de la coalition Diomaye Président. Et là, si on en croit la déclaration des candidats recalés à la Présidentielle au sortir de leur audience avec le chef de l’Etat, cette option paraît plausible à condition que la demande soit faite et acceptée. Or, des spécialistes voient mal cette libération à ce stade puisqu’il n’est pas encore auditionné sur le fond.
«Rupture d’égalité»
Le troisième scénario est que le candidat reste en prison, ne bénéficie pas de temps d’antenne, ce qui constituerait une violation de la loi parce que le code électoral dispose que tous les candidats doivent être égaux. Ce serait une «rupture d’égalité», comme l’avait dénoncé le Nigérien Hama Amadou. Argument brandi aussi par les avocats de Diomaye. Seulement, au premier tour, l’ancien Premier ministre du Niger, resté en prison, avait battu campagne par l’entremise de ses partisans. Et lorsqu’il est admis au second tour, il s’est vu refusé une liberté provisoire et l’opposition avait décidé de boycotter le scrutin. Ce même cas peut se produire au Sénégal où en prison, Bassirou Diomaye Faye va battre campagne virtuellement non pas sur les plateformes de la Rts.
SIGNATURE IMMINENTE D'UN PACTE NATIONAL DE BONNE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE
La société civile organise demain une cérémonie de signature d'importance : un Pacte pour une démocratie apaisée. Plusieurs candidats à la présidentielle ont déjà promis d'y souscrire. Un signal fort en faveur de réformes institutionnelles consensuelles
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/01/2024
Un événement majeur aura lieu demain à Dakar avec la signature solennelle d'un Pacte national pour une bonne gouvernance démocratique. Cette cérémonie qui se déroulera à L'Harmattan à partir de 16h réunira la Coalition de la société civile pour l'application des conclusions des Assises Nationales et des recommandations de la CNRI ainsi que plusieurs candidats déclarés à l'élection présidentielle de février prochain.
L'objectif de ce Pacte est d'engager formellement les candidats sur des enjeux cruciaux liés à la construction d'un Etat de droit, à la sauvegarde des institutions et au renforcement de la cohésion sociale. Ces thématiques correspondent directement aux conclusions majeures issues des Assises Nationales de 2008 ainsi que des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions mises en place en 2013.
Lors d'une session publique organisée le 25 janvier dernier par la Coalition de la société civile, huit candidats avaient d'ores et déjà manifesté leur volonté de signer ce Pacte. Il s'agit, dans l'ordre alphabétique, de Mamadou Lamine Diallo, Cheikh Tidiane Dieye, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Bassirou Diomaye Faye, Serigne Mboup, Khalifa Ababacar Sall, Thierno Alassane Sall et Rose Wardini. Ces personnalités politiques se sont déclarées "convaincues de l'actualité et de la pertinence" des conclusions des Assises Nationales et de la CNRI, qu'elles entendent placer au cœur des débats de la campagne à venir.
Hier, le candidat Boubacar Camara a également fait part de son intention de parapher ce Pacte de bonne gouvernance démocratique. La Coalition de la société civile invite par ailleurs tous les autres prétendants à la magistrature suprême qui souhaiteraient s'engager sur ces enjeux à se présenter demain dès 15h30 à L'Harmattan. Cet événement, qui devrait réunir représentants de la société civile, personnalités politiques et médias, pourrait marquer un tournant dans le débat public en amont du scrutin présidentiel.
SONKO ADOUBE BASSIROU DIOMAYE FAYE
Exclu de la course à la présidence, l'opposant encourage le vote pour son secrétaire général. Celui-ci défendra les couleurs du parti Pastef dissous devant les 19 autres candidats engagés
L'opposant Ousmane Sonko, exclu plus tôt ce mois-ci de l'élection présidentielle sénégalaise prévue le mois prochain, a apporté son soutien à son adjoint Bassirou Faye pour le remplacer. Sonko, jusqu'alors vu comme le principal adversaire du candidat soutenu par le président sortant Macky Sall, le Premier ministre Amadou Ba, a exprimé son choix pour Faye dans un discours enregistré diffusé sur sa page Facebook officielle.
Sonko avait été détenu en juillet dernier et accusé de complot, association de malfaiteurs et vol, entre autres crimes. "Si la candidature de Bassirou Faye était approuvée, c'est notre choix", a-t-il déclaré dans l'enregistrement réalisé avant la publication le 20 janvier de la liste officielle des candidats par le Conseil constitutionnel, qui incluait effectivement Faye.
Secrétaire général du parti dissous Pastef de Sonko, Faye affrontera 19 autres candidats dont le Premier ministre Ba, l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall et l'ancien dauphin Idrissa Seck, lors du scrutin du 25 février. Lui-même détenu depuis avril, Faye pourra compter sur la popularité grandissante d'Ousmane Sonko chez les jeunes Sénégalais. Âgé de 43 ans, l'ancien inspecteur des impôts fait face à des poursuites après avoir critiqué un magistrat dans une affaire de diffamation impliquant Sonko et un ministre du Tourisme. Sonko avait par la suite été condamné pour diffamation, le privant de course à l'élection présidentielle.
LES MAGISTRATS DÉNONCENT LES ATTAQUES CONTRE L'INDÉPENDANCE DE LA JUSTICE
Selon l'UMS, "aucune commission parlementaire n'a compétence pour entendre un magistrat, surtout pour des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale, de la compétence exclusive des juridictions répressives"
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/01/2024
L'Union des Magistrats Sénégalais (UMS) dénonce vigoureusement les attaques d'un parti politique envers deux membres du Conseil Constitutionnel.
Suite à la décision du Conseil Constitutionnel établissant la liste des candidats à l'élection présidentielle du 25 février 2024, un groupe parlementaire a publiquement accusé deux éminents membres de cette institution de corruption et de conflit d'intérêt. Sous ce prétexte, l'Assemblée Nationale a été convoquée pour mettre en place une commission parlementaire destinée à les entendre.
Cependant, selon l'UMS, "aucune commission parlementaire n'a compétence pour entendre un magistrat, surtout pour des faits susceptibles de recevoir une qualification pénale, de la compétence exclusive des juridictions répressives". Le syndicat rappelle que "le Conseil Supérieur de la Magistrature est l'organe disciplinaire des magistrats" et que "sauf cas de flagrant délit, les membres du Conseil Constitutionnel ne peuvent être poursuivis qu'avec l'autorisation du Conseil".
Ces attaques seraient donc "attentatoires au principe de la séparation des pouvoirs et constitutives d'un précédent dangereux pour l'indépendance de la Justice", selon les termes du communiqué. L'UMS "condamne vigoureusement une telle démarche" et apporte son "soutien indéfectible aux collègues concernés".
Le syndicat appelle les magistrats à faire bloc pour défendre leurs collègues, et rappelle aux acteurs politiques "la nécessité irréductible de respecter les institutions de la République". Une mise en garde claire alors que les tensions sont vives à l'approche du scrutin présidentiel.
L'IMPOSTURE DÉMOCRATIQUE FRANÇAISE EN AFRIQUE
Dès la colonisation, la France a imposé sa conception biaisée de la démocratie en Afrique. Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla détricotent méthodiquement ces fils historiques, de l'éviction des rois africains aux contestations électorales contemporaines
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/01/2024
Dans leur dernier ouvrage intitulé "De la démocratie en Françafrique", paru récemment aux éditions La Découverte, Fanny Pigeaud et Ndongo Samba Sylla s'intéressent à un sujet essentiel pourtant peu étudié : l'instrumentalisation du processus démocratique dans les anciennes colonies françaises d'Afrique. Selon le site d'information XXL Afrique, qui a récemment interrogé l'un des co-auteurs, les deux auteurs s'attachent à déconstruire la notion même de démocratie et à documenter son détournement dans le contexte colonial et post-colonial.
Habitués à travailler ensemble sur les questions liées à la Françafrique, Fanny Pigeaud, journaliste française collaborant régulièrement avec XXL Afrique, et Ndongo Samba Sylla, économiste sénégalais, avaient déjà co-écrit en 2018 un ouvrage sur le rôle du franc CFA dans la domination de la France sur l'Afrique. Avec leur nouvelle publication, ils s'intéressent cette fois à un aspect moins étudié des relations entre la France et ses anciennes colonies : le processus électoral et la démocratie de façade qui a longtemps prévalu.
Adoptant une démarche d'histoire contradictoire, les auteurs replacent au cœur de leur analyse l'héritage du colonialisme français. Ils reviennent sur l'instrumentalisation des élections dès la fin du XVIIIe siècle dans les colonies américaines et africaines, puis durant la période de la colonisation de la fin du XIXe siècle. Ils démontrent comment la France a imposé son modèle de gouvernance excluant et frauduleux, avant de s'attarder sur les indépendances de la décennie 1960, pendant laquelle elle a placé des dirigeants complaisants.
Pigeaud et Sylla analysent ensuite les décennies suivantes jusqu'à la période actuelle, documentant les multiples ingérences françaises dans les processus électoraux pour défendre ses intérêts. Ils déconstruisent également certains mythes comme celui du discours de La Baule de François Mitterrand. À travers de nombreux exemples historiques détaillés, dont celui de la Côte d'Ivoire en 2011, ils permettent de mieux comprendre les racines de la crise démocratique que traverse aujourd'hui une partie du continent.
Grâce à cet ouvrage riche en données historiques, les deux auteurs apportent un éclairage original et éclairant sur les ressorts profonds de la Françafrique et de sa conception biaisée de la démocratie. Leur démarche de contre-histoire replace au cœur du débat les héritages du passé colonial encore trop souvent invisibilisés.
LA CEDEAO DÉMENT LE RETRAIT DU BURKINA, DU MALI ET DU NIGER
L'organistion affirme n'avoir toujours pas reçu de notification officielle directe des trois États membres concernant leur intention de sortir de la Communauté
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/01/2024
La Commission de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a pris note d'une déclaration télévisée diffusée sur les chaînes nationales du Mali et du Niger annonçant la décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de se retirer de la CEDEAO.
Cependant, la Commission de la CEDEAO affirme n'avoir toujours pas reçu de notification officielle directe des trois États membres concernant leur intention de se retirer de la Communauté. Selon ses propos, "la CEDEAO reste saisie de l'évolution de la situation et fera de nouvelles déclarations au fur et à mesure que les événements se développeront".
Sur instruction de l'Autorité des chefs d'État et de gouvernement, la Commission de la CEDEAO indique travailler "assidûment avec ces pays pour le rétablissement de l'ordre constitutionnel". Le Burkina Faso, le Niger et le Mali demeurent "des membres importants de la Communauté" et l'Autorité "entend continuer à trouver une solution négociée à l'impasse politique", cite-t-elle.
Ces déclarations laissent entendre que la CEDEAO ne confirme pas pour le moment l'intention des trois pays de se retirer de l'organisation ouest-africaine. La Commission dit attendre une notification officielle directe de leur part avant de se prononcer sur le sujet.
JOG NGIR SENEGAAL ALERTE SUR LA NÉCESSITÉ D'AUDITER LE FICHIER ÉLECTORAL
Si des soupçons de corruption planent sur le Conseil constitutionnel et que l'opposition réclame des comptes, ce collectif citoyen appelle à se concentrer sur l'essentiel : la régularité des listes électorales
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 28/01/2024
Alors que les candidats non retenus à l'issue du contrôle des parrainages réclament davantage de transparence et qu'une commission d'enquête parlementaire a été ouverte sur des soupçons de corruption au sein du Conseil constitutionnel, l'Initiative citoyenne Jog Ngir Senegaal estime que la priorité doit rester l'audit du fichier électoral.
Dans un communiqué de presse publié le 27 janvier, cette organisation déplore que "le plus important, en vue de la crédibilité de l’élection présidentielle qui doit impérativement se tenir le 25 février 2024, se trouve ailleurs" que dans ces récents développements politiques. Selon Jog Ngir Senegaal, "le conseil constitutionnel a pris sa décision" concernant la validation des candidatures et "il est peu probable qu’elle revienne sur cette décision".
L'initiative citoyenne affirme qu' "en ce moment-ci pour le peuple sénégalais, le plus important est d’obtenir que l’audit du fichier électoral soit fait par des experts sénégalais, en rapport avec la Direction de l’automatisation des fichiers (DAF) et sous le contrôle de la Commission Electorale nationale autonome (CENA)". Elle cite une rencontre qui s'est tenue le 17 janvier dernier entre des experts et des candidats écartés, au cours de laquelle "il avait clairement indiqué que cet audit était bien faisable et avaient rappelé que cela fut le cas en 2000".
L'objectif de cet audit serait de "s’assurer que tous ceux qui avaient voté aux élections législatives de 2022, et qui n’ont pas été légalement radiés, figurent bien dans le fichier mis à jour, aux bons lieux et bureaux de vote, et que les nouveaux inscrits lors de la révision exceptionnelle de 2023 y figurent et qu’ils disposent de leurs cartes d’électeurs".
En conclusion, l'Initiative Jog Ngir Senegaal "invitent donc la CENA, la DAF, la Direction Générale des élections (DGE) et les partis politiques à s’engager pour la réalisation, en extrême urgence, de cet audit qui est indispensable pour la crédibilité de l’élection présidentielle du 25 février 2024".
MACKY SALL EN VISITE À ROME ET À LA BARBADE
Ces déplacements visent à renforcer les relations bilatérales sur des sujets clés
Le chef de l’Etat va prendre part lundi à Rome au sommet Italie-Afrique avant de se rendre à La Barbade pour une visite officielle de trois jours, a appris l’APS de la présidence de la République.
»Le président Macky Sall quitte Dakar ce dimanche 28 janvier pour prendre part au Sommet Italie-Afrique prévu à Rome le 29 janvier’’, annonce la présidence dans un communiqué.
Selon le document, ‘’ce Sommet portera sur des thématiques comme l’énergie, la sécurité alimentaire, l’éducation, la culture, la lutte contre le terrorisme et la migration entre autres’’.
Après l’Italie, le président Macky se rendra, mardi, à La Barbade pour une visite officielle de trois jours.
La Barbade est une ancienne colonie britannique située dans les Iles Caraïbes. Indépendante depuis 1966, elle s’est officiellement affranchie de la Couronne britannique le 30 nombre 2021.
Le retour à Dakar du chef de l’Etat à Dakar est prévu le 1er février.