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30 avril 2025
Politique
LES DÉPUTÉS AUTORISENT LE CHEF DE L’ETAT À RATIFIER TROIS CONVENTIONS INTERNATIONALES
Ces projets de loi autorisant le président de la République à ratifier des conventions internationales sont très importantes parce qu’il s’agit d’associer la représentation nationale à l’adhésion de notre pays à la réglementation internationale
Dakar, 29 déc (APS) – Les députés ont adopté, vendredi à la majorité, trois projets de loi autorisant le président de la République à ratifier des conventions internationales dont celle relative à l’accord sur les subventions à la pêche, adopté à Genève, le 17 juin 2022.
« Ces projets de loi autorisant le président de la République à ratifier des conventions internationales sont très importantes parce qu’il s’agit d’associer la représentation nationale à l’adhésion de notre pays à la réglementation internationale », a dit le ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Ismaëla Madior Fall, venu défendre les textes devant les députés.
Il s’agit du projet de loi N°14/2023 autorisant le président de la République à ratifier l’accord sur les subventions à la pêche, adopté à Genève, le 17 juin 2022.
Selon le ministre, cette ‘’convention vise à sauvegarder la ressource halieutique dans notre pays parce qu’il s’agit de faire en sorte que la plupart des bateaux, des navires qui viennent pêcher dans nos eaux ne soient plus subventionnés par leur pays d’origine’’ et lorsqu’ils ne ‘’bénéficient plus de subventions, ils ont plus de difficultés à venir pêcher’’.
A en croire M. Fall, « le but de ce projet de loi est de préserver la ressource halieutique à partir d’une réglementation définie à l’échelle internationale’’. L’accord en question est à l’initiative de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Sur ce point, les parlementaires ont exhorté le gouvernement à davantage accentuer les vérifications sur les bateaux de pêche que les Sénégalais portent au nom d’entreprises étrangères.
Ils demandent également aux pouvoirs publics de tout faire pour appliquer les accords signés afin de mettre un terme à la pêche non réglementée.
Le projet de loi N°16/2023 autorisant le président de la République à ratifier la convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications de l’enseignement supérieur, adoptée à Paris le 25 novembre 2019, a été voté sans débat par les parlementaires.
« Il s’agit de faciliter la mobilité internationale des étudiants comme ça, quand les étudiants changent de pays, ils n’ont pas de problème pour faire prévaloir leur diplôme. C’est un peu le système LMD (licence, Master, Doctorat)’’, a expliqué le ministre des Affaires étrangères.
Le ministre a souligné que « cette deuxième convention prend en compte la subvention relative à l’harmonisation des titres et grades dans l’enseignement supérieur notamment le système LMD ».
Les députés ont autorisé le président de la République à ratifier la constitution et la convention de l’Union africaine des télécommunications, signées le 7 décembre 1999, au Cap, en Afrique du Sud et révisées à Harare en République du Zimbabwe, le 10 juillet 2014.
INTERDICTION DE L’INVESTITURE DE SONKO, LA RÉACTION DE MIMI TOURÉ
«Amadou Ba le candidat du Président Macky Sall a été investi publiquement moult fois pendant que la Coalition Sonko 2024 est interdite d’investir son candidat»
Les membres de la coalition «Sonko Président 2024» avait prévu de tenir la cérémonie d’investiture de leur candidat demain samedi. Mais, l’autorité leur a opposé une interdiction. Une mesure dénoncée par Aminata Touré.
«Amadou Ba le candidat du Président Macky Sall a été investi publiquement moult fois pendant que la Coalition Sonko 2024 est interdite d’investir son candidat», fulmine l’ex cheffe du gouvernement.
Pour la candidate à la présidentielle de 2024, la Démocratie sénégalaise n’en finit pas d’être agressée, «et les démocrates doivent se mobiliser pour rétablir le cours normal de notre Démocratie qui a longtemps été une référence en Afrique et dans le monde.»
PRÉSIDENTIELLE 2024, DÉTHIÉ FALL PERD UN ALLIÉ DE TAILLE
Dr Souleymane Mbengue, membre fondateur du PRP, a claqué la porte pour, dit-il, des raisons personnelles.
À quelques encablures de la présidentielle de février 2024, le leader du Parti Républicain pour le Progrès (PRP) est sevré d’une pièce importante de son dispositif.
En fait, Dr Souleymane Mbengue, membre fondateur, a claqué la porte pour, dit-il, des raisons personnelles. Ce dernier « juge nécessaire de continuer son combat pour la démocratie, l’équité, le mérite et la vertu dans un autre espace qui lui conviendrait le mieux ».
Il donne rendez-vous à ses compatriotes, amis et sympathisants, dans les jours à venir dans le but de s’unir pour une république vertueuse.
A noter que Dr Souleymane Mbengue a eu à occuper le poste de coordonnateur départemental adjoint de la coalition Yewwi askan wi.
INVESTITURE SOUS LES CRITIQUES POUR AMADOU BA
Désigné comme successeur de Macky Sall, le Premier ministre semble peiner à s'imposer comme figure de proue de la majorité, au point de susciter l'ire de certains alliés contraints à la dissidence. Ses soutiens s'alarment d'une campagne qui ne décolle pas
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/12/2023
Investi par le parti au pouvoir pour l'élection présidentielle du 25 février 2024, le Premier ministre sénégalais Amadou Ba doit faire face aux candidatures dissidentes d'autres cadres de la majorité, révèlent des informations publiées dans Le Monde le 29 décembre 2023.
Devant une assistance acquise à sa cause réunie au King Fahd Palace de Dakar, hôtel de luxe de la capitale, Amadou Ba a promis lors de son investiture le 21 décembre dernier de "marquer le Sénégal comme le président de l'emploi" et de faire du pays "une société de plus d'équité sociale et de prospérité partagée", selon le quotidien français.
Cependant, "sa campagne ne prend pas" et risque de se solder par "un désastre", prédisent en privé des cadres de la majorité. L'inquiétude est telle que certains n'hésitent plus à le dire publiquement, à l'image du ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang qui "assume" d'avoir jugé dans Le Monde qu'"il ne passe même pas au premier tour" sur la base "d'études".
Ce faisant, le candidat du camp présidentiel se retrouve confronté à de sérieuses dissidences. L'ancien ministre de l'Intérieur Aly Ngouille Ndiaye et l'ex-Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne se sont lancés dans la course à la présidence, dénonçant selon Le Monde l'illégitimité" d'Amadou Ba, encarté à l'Alliance pour la République (APR) seulement depuis 2017.
"Si les candidatures de son clan sont validées par le Conseil constitutionnel, Amadou Ba aura ses propres alliés contre lui", constate l'analyste politique Babacar Ndiaye, cité par le journal. Car derrière ces dissidents se cache un sentiment d'"aigreur de ne pas avoir été choisis" par le président Macky Sall pour porter les couleurs de la majorité.
Promoteur du Plan Sénégal Emergent, Amadou Ba compte sur les réalisations économiques et infrastructures de l'ère Macky Sall. Mais pour imprimer son style et différencier sa campagne de celle de son mentor, le grand commis de l'Etat a du pain sur la planche, alors que le retrait de Macky Sall rend inéluctable la perte d'influence de ce "chef d'Etat [qui] tenait son parti d'une main de fer".
par Khadim Ndiaye
CHEIKH ANTA DIOP, 100 ANS AUJOURD’HUI
A l'occasion du centenaire de sa naissance, replongez dans les souvenirs que Jan Carew a laissés de sa rencontre avec Cheikh Anta Diop en 1972 en Éthiopie
En 1972, Cheikh Anta Diop se rend à Addis-Abeba (Éthiopie) pour assister à la Conférence annuelle de l’Association of African Studies (ASA) qui se tient dans l’immeuble de l’Organisation de l'unité africaine (OUA).
Diop y est accueilli par Tsegaye Gebre-Medhin (1936-2006), son disciple éthiopien, qu’il dirigera en thèse sur le théâtre égyptien dans les années 1980. Il y rencontre également Jan Carew (1920-2012), homme de lettres d'origine guyanaise, qui enseignera plus tard à Princeton et Northwester University.
La conférence enregistre la présence d’un autre invité de marque : le Guyanais Walter Rodney, auteur du fameux ouvrage, How Europe Underdeveloped Africa.
Jan Carew, narrateur enchanteur, rapporte quelques détails de ce séjour qu’il passa en compagnie de si distingués participants.
« Rodney et Diop ensemble à Addis-Abeba, quel événement historique ! », s’exclame-t-il. Le premier, « fils de la diaspora africaine », avait, selon ses termes, « consacré sa vie d'érudit-militant à entretenir la flamme de la libération africaine », tandis que le second « avait usé de ses formidables dons intellectuels, de son courage et de sa vision d'une Afrique libérée, pour redonner à ce continent et à ses peuples la place qui leur revient dans l’histoire du monde ».
Diop et Rodney n’ont pas pu, malheureusement, échanger longuement. Ils se sont croisés en passant, sollicités qu’ils étaient, tous les deux, par les interpellations de nombreux étudiants et curieux venus assister à la conférence. Décrivant leur aura et l’attraction qu’ils exerçaient lors de cette rencontre, Carew note que les deux illustrent invités étaient « comme des lions intellectuels au milieu des moutons académiques lors de cette conférence de l’ASA en 1972 ».
Carew loue également leur intégrité morale, soulignant chez eux, « le même genre d’honnêteté intellectuelle et d'intégrité morale » qui faisait grimacer les « accommodants ».
Ce face-à-face de 1972 entre ces deux grands esprits était leur première et dernière rencontre.
En marge de la conférence, Tsegaye, emmena Diop et Carew en excursion d’une journée durant laquelle ils découvrirent les beautés de la campagne éthiopienne.
Carew raconte exquisément le périple : « Nous traversâmes des lits de rivières asséchés et nous nous reposâmes à l’ombre d’acacias solitaires que les charbonniers avaient épargnés. Le premier lac que nous avons visité se trouvait dans un immense bassin concave bordé de collines blanchies jusqu’à l’os. Une combinaison de bûcherons débauchés, de pluies et d’érosion avait dénudé le paysage de sa végétation. Au bord du lac, il y avait un arbre sacré comme une sentinelle solitaire qui contemplait son image dans l’eau calme. L’écorce était tachée de sang sacrificiel et des centaines de clous avaient été enfoncés dans son tronc. »
Au cours de l’excursion, ils rencontrent une vieille femme que Carew décrit comme « courbée en deux sous le poids d'un énorme paquet de fagots ». La femme, poursuit Carew, « monta lentement la colline, équilibrant son fardeau et agrippant la terre de ses pieds nus. Elle luttait, non seulement avec le poids de son baluchon, mais aussi contre un vent froid et persistant. »
De manière spontanée, les trois hommes allèrent à sa rencontre pour l’aider. « Son visage, rapporte Carew, qui avait été brûlé par le vent et le soleil pendant des décennies, avait des rides profondes creusées par les saisons de labeur, en portant et en élevant des enfants et en luttant contre les angoisses quotidiennes. Pendant un instant, il y eut un regard effrayé dans ses yeux. Tsegaye lui parla doucement, mais elle continua péniblement, ignorant notre offre d'aide. »
Cheikh Anta Diop insista et la suivit. Se faisant aider de Tsegaye qui traduisait ses propos, Diop arriva à persuader la vieille dame d'accepter un don d'argent à sa famille. Ce que Carew qualifia de « geste d'amour, de compassion et d'amitié ».
Poursuivant leur chemin, les trois hommes semblaient fusionner avec la nature. Diop, solide, paraissait infatigable. « En marchant, écrit Carew, dans les collines où l’herbe desséchée avait été aplatie par le vent, et où Diop ne semblait jamais se fatiguer, nous nous arrêtions pour regarder un pélican se poser gracieusement sur la surface ensoleillée du lac. »
Subjugué par l’énergie du Sénégalais, déployée tout au long du séjour, Carew conclut : « Diop semblait avoir réussi une enviable harmonie entre énergie physique, spirituelle et intellectuelle. Je n’ai pas pu m’empêcher de le voir en contraste frappant avec les nombreux intellectuels noirs que je devais rencontrer constamment lors de conférences, et qui, dans leur tentative frénétique de redorer leur héritage et d’être acclamés par leurs mentors blancs, se déchiraient littéralement psychologiquement. »
Eh bien, cet homme sur lequel Jan Carew ne tarissait pas d’éloges aurait eu 100 ans aujourd’hui
par Alioune Dione
CHEIKH ANTA DIOP, INTINÉRAIRE D’UN SAVANT COURGEUX ET ANTICONFIRMISTE
Cheikh Anta Diop est avant tout un mémoire vivant, le panthéon du savoir nègre qui a su remettre sur les rails une vérité mise sous silence depuis plusieurs générations. Ces réflexions ne doivent pas être laissées aux oubliettes
« L’ignorance de l’histoire de son peuple est une forme de servitude ».
La lumière a jailli le 29 décembre 1923 dans le terroir de Caytu, un village se situant à 29 kilomètres du département de Bambey dans la région de Diourbel. C’est dans cette contrée qui se trouve à 150 Kilomètres de Dakar que Cheikh Anta Diop, digne fils de la Linguère Maguette Diop et du jeune Massamba Sassoum Diop qui décède peu de temps après la naissance de son prodige, a vu le jour. Orphelin de père, le jeune Cheikh Anta passe son enfance sous la tutelle d’érudits soufis, ce qui lui confère une base d’enseignement coranique et philosophique ancrée dans l’esprit du mouridisme. Son intelligence frappe très tôt son entourage, ce qui lui donna la possibilité d’entamer ses études scolaires à l’école française de Diourbel. Dès son arrivée à Diourbel, il vit sous le toit de Cheikh Ibra Fall, disciple ésotérique de Cheikh Ahmadou Bamba et père adoptif de Cheikh Anta, il lui inculqua la rigueur et l’ardeur du travail, valeurs intrinsèques du mouridisme.
Diourbel fut un terroir de formation et d’émancipation pour Cheikh Anta Diop, son enseignement en primaire fut sanctionné par le certificat de fin d’études primaires qu’il obtint en étant le premier du centre. Après sa réussite, il retrouve sa mère à Médina dans la banlieue dakaroise pour s’inscrire au lycée Vallenhoven qui est l’actuel lycée Lamine Guèye. Sa soif de connaissances et ses bases linguistiques solides en Wolof lui poussent à vouloir créer un alphabet commun pour les langues africaines. Un projet osé qu’il va abandonner pour mieux poursuivre sa carrière scientifique. Cheikh Anta fit sa première partie d’études secondaires à Dakar mais ses différends avec son professeur de français M. Boyau lui poussent à quitter Dakar pour s’inscrire en série mathématique au lycée Faidherbe de Saint Louis.
Esprit curieux, Cheikh Anta finit par obtenir son baccalauréat en Mathématique à Saint Louis, diplôme qu’il va réenrichir par son brevet de capacité coloniale en philosophie à Dakar. Parcours typique d’un jeune intellectuel à la conquête du savoir. Cette ingéniosité acquise si tôt lui conduit à Paris où il s’inscrit au lycée Henri-IV pour devenir ingénieur en aéronautique. Parallèlement, il va s’inscrire à la Sorbonne où il décroche sa licence de philosophie.
Préparant sa thèse sur l’historiographie africaine intitulée De l’antiquité Nègre Egyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’Aujourd’hui dans laquelle, il affirme l’origine négroïde de la civilisation égyptienne, Cheikh Anta peine à réunir un jury pour sa soutenance. Ce refus des académiciens d’être membres du jury de sa thèse n’avait rien d’académique mais il était d’ordre idéologique. Le jeune chercheur sénégalais venait de faire bouger la ligne de stabilité scientifique sur l’hégémonie hellénistique comme source et fondement de toute science.
Les idéologues de ce refus cherchaient à protéger une supériorité scientifique et culturelle de l’Occident à l’égard des autres « races » secondaires, de ce fait, ils ne pouvaient pas accepter cette « vérité » qu’avançait un jeune nègre. Le combat d’historicité qu’a entamé Cheikh Anta a laissé perplexes le monde scientifique et surtout les Egyptologues sur l’origine négroïde des égyptiens. Une thèse que Cheikh Anta n’est pas le premier à avancer mais il est le premier à le démontrer avec tant d’acuité. Son courage intellectuel pour montrer que la scientificité n’obéit pas à des critères standards lui rapproche d’Aimé Césaire qui s’est battu pour lui trouver une maison d’édition. Quoi de plus normal que de publier cette thèse chez un éditeur africain ? L’ouvrage fut publié dans Présence Africaine, une maison d’édition créée par le philosophe Sénégalais Alioune Diop pour définir l’originalité africaine. L’ouvrage publié sous le titre Nations nègres et culture va bousculer l’univers intellectuel occidental. Historien, socio-anthropologue, philosophe et scientifique Cheikh Anta s’est battu sur tous les fronts de la science pour défendre sa thèse. Cette opiniâtreté lui a valu l’acceptation de sa soutenance en 1960. Cette soutenance polémique qui a duré sept heures de temps fut sanctionnée par une mention honorable pour tenir l’intellect rebelle hors des amphithéâtres occidentaux. Les critiques qui lui ont été faites sont d’ordre bibliographique et méthodologique pourtant dans le fond du problème aucune antithèse concernant l’origine négroïde de l’Egypte antique.
Cette brèche historique qu’à ouvert Cheikh Anta dans le monde scientifique ne sera pas laissée inexplorée. De conférence en conférences, d’ouvrage en ouvrages, Cheikh Anta approfondit sa pensée avec des arguments à la fois comparatifs, linguistiques et génétiques. L’ouvrage Nations nègres et culture vu comme un nouveau souffle de revalorisation de la conscience africaine n’en est pas seulement un ouvrage de galvanisation des Noirs et d’anoblissement des origines nègres, il est avant tout une thèse scientifique affirmant l’origine négroïde et monocentrique de l’Égypte antique. Elle démontre une souveraineté scientifique de l’Afrique noire dans les mathématiques, la géométrie et les sciences dites molles, ce qui lui opposera aux fondateurs du mouvement de la négritude qui s’axaient plutôt sur une relativité culturelle alors que Cheikh Anta Diop va au-delà d’une relativité qui ne décrit pas la réalité historique des faits.
La publication de l’œuvre de Cheikh Anta en 1954 annonce une rupture de perception rendant caduques toutes les théories qui avançaient l’origine polycentrique de l’Homme. Son courage intellectuel et son anticonformisme scientifique se confirment juste après sa soutenance où il prend le chemin du retour au Sénégal pour former les futurs intellectuels. Pourtant, sa candidature à la chaire de Sociologie à l’université de Dakar fut rejetée afin qu’il ne puisse pas formater les nouveaux étudiants à adhérer aux théories qu’il avançait. Ce rejet du poste d’enseignant-chercheur à ladite université qui porte son nom aujourd’hui va lui ouvrir les portes de l’IFAN où il sera assistant sous la direction de Théodore Monod. Ses travaux à l’IFAN sur le Mali et son laboratoire de datation des échantillons archéologiques par la méthode de radiocarbone lui donnent accès à des données qui vont plus éclairer sa thèse sur l’origine négroïde de l’Egypte et les relations socioculturelles et historiques que partagent les ethnies africaines et ceux des égyptiens antiques. Cette posture rebelle de l’intellect qui affirme que l’humanité a pris naissance en Afrique n’a pas manqué de résistances même chez ses disciples comme Amadou A. Dieng qui affirme : « l’un deçà de l’homme et l’au-delà de l’homme ne peut être connu par l’homme ». Cette critique est loin d’être scientifique dans la mesure où il est tout son ancrage repose sur une doctrine ésotérique refusant à l’Homme la capacité d’être à la fois sujet et objet de son origine et de son devenir.
Malgré la richesse de son parcours intellectuel, l’engagement politique de Cheikh Anta Diop fut un moment déterminent de son itinéraire intellectuel. Élevé dans un environnement mouride ou le nationalisme et l’anticolonialisme sont des doctrines for imprégnées, Cheikh Anta avait très tôt intériorisé les prérequis idéologiques contre toute négation ou domination. Ce qui lui a valu cet attribut d’adolescent hostile à l’autorité que lui taxait M. Boyau. Cette idéologie contestataire lui pousse à lutter farouchement contre la colonisation. Engagé en politique dès l’année 1947, Cheikh Anta consacre sa vie aux indépendances africaines. Il milite au Rassemblement Démocratique Africain dont il devient le secrétaire de 1950 à 1953. Dans cette organisation Diop fustige l’union française entre les pays africains et la France et propose un État fédéral africain. Ses prises de position à l’encontre de la Métropole vont se poursuivre jusqu’aux indépendances des pays africains en général et celle du Sénégal en particulier.
Dès 1961, Cheikh Anta Diop créa le Bloc des Masses Sénégalaises. Son engagement politique sera la cause de son emprisonnement en Juillet 1962, il sera libéré le mois d’Août de cette dite année. Son parti BMS fut dissout par le président Léopold Sédar Senghor en 1963. Suite à cela, il fonde le Front National Sénégalais pour contrecarrer la politique pro-occidentale Senghorienne, le parti sera interdit en 1964. En 1976, il crée un nouveau parti, le Rassemblement National Démocratique (RND), déclaré illégal peu après. Senghor démissionne du pouvoir en décembre 1980 et Abdou Diouf son successeur supprime les lois interdisant la formation de partis politiques. De cette façon, les charges qui pesaient contre Cheikh Anta Diop ne sont plus valables et le RND est légalement reconnu. Cependant, après les élections, Anta Diop refuse d’occuper le siège obtenu à l’Assemblée nationale pour protester contre ce qu’il considère comme des élections frauduleuses. Son esprit nationaliste et anticonformiste ne l’a pas propulsé en politique mais il a permis l’éclosion d’idées foisonnantes donnant corps et âme à l’afrocentrisme. Cheikh Anta au-delà de son apport intellectuel a donné un nouveau souffle de vie aux africains afin qu’ils se départissent de leur pessimisme ambiant et des affirmations fallacieuses faisant des peuples africains des populations non prométhéennes, primitifs et anhistoriques.
Cheikh Anta Diop est avant tout un mémoire vivant, le panthéon du savoir nègre qui a su remettre sur les rails une vérité mise sous silence depuis plusieurs générations. Ces réflexions ne doivent pas être laissées aux oubliettes car elles permettent un renouveau culturel et scientifique et déclenche un vent de changement et d’autonomie qui commencent à souffler partout en Afrique.
« Il faut veiller à ce que l’Afrique ne fasse pas les frais du progrès humain. (..) froidement écrasée par la roue de l’histoire. (…) On ne saurait échapper aux nécessités du moment historique auquel on appartient ».
Alioune Dione est Socio-anthropologue, auteur : Afrique et Contemporaneïté.
L'INVESTITURE DE SONKO INTERDITE, PASTEF S'INSURGE CONTRE LA PROVOCATION
Principal adversaire déclaré du régime, le chef de Pastef se voit refuser la tenue de l'événement officiel de lancement de sa candidature samedi 30 décembre, par le préfet. Son parti y voit une manœuvre de plus pour l'empêcher de concourir au scrutin
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 29/12/2023
La cérémonie d'investiture du candidat déclaré Ousmane Sonko prévue le 30 décembre 2023 à Dakar a été interdite par le préfet, a annoncé ce jour le parti Pastef. Une décision qui suscite l'indignation des partisans du leader emprisonné depuis plusieurs mois.
La cérémonie devait se tenir à partir de 15 heures au terrain Acapes des Parcelles Assainies, dans la capitale sénégalaise. Mais le préfet de Dakar en a décidé autrement, signifiant son interdiction au parti de l'opposant.
"Nous venons de recevoir l'arrêt portant interdiction de notre cérémonie d'investiture du 30 décembre", a déclaré El Malick Ndiaye, secrétaire national à la communication de Pastef, dans un communiqué. "Au même moment, le candidat de la servitude volontaire [en référence au Premier ministre Amadou Ba, porte-étendard de la coalition présidentielle] est en train de multiplier les meetings d'investiture un peu partout dans le pays", a-t-il dénoncé.
Pour le parti, cette décision préfectorale n'est qu'"une provocation de plus" visant à empêcher Ousmane Sonko de mener sa campagne électorale, alors qu'il reste emprisonné depuis plusieurs mois. "Nous invitons les militants et sympathisants à rester à notre écoute", a ajouté El Malick Ndiaye, laissant entendre que d'autres actions pourraient être menées en réaction à cette décision du représentant de l'État.
Cet énième rebondissement dans le bras de fer qui oppose le régime de Macky Sall à Ousmane Sonko risque de raviver les tensions, alors que l'opposant fait figure de principal challenger à la présidentielle de février 2024. Son emprisonnement et les entraves judiciaires à son parti sont souvent dénoncés comme autant d'atteintes à la démocratie sénégalaise.
La détermination affichée par Pastef souligne en tout cas que le bras de fer est loin d'être terminé.
PARLEMENT DE LA CEDEAO, LE GROUPE REPRESENTANT LE SENEGAL RENOUVELE
L’Assemblée nationale du Sénégal a procédé vendredi au renouvellement du groupe de députés devant la représenter au Parlement de la Cédéao, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
Dakar, 29 déc (APS) – L’Assemblée nationale du Sénégal a procédé vendredi au renouvellement du groupe de députés devant la représenter au Parlement de la Cédéao, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, a constaté l’APS.
Cent-treize députés ont participé à la plénière organisée à cet effet, cent-huit ont voté en faveur du renouvellement de la composition des députés sénégalais de la Cédéao. Un député a voté contre, un autre s’est abstenu.
La députés Souleymane Ndoye, Ibrahima Baba Sall, Abdoulaye Wilane, Maimouna Sène, Woré Sarr et Guy Marius Sagna vont désormais représenter le Sénégal au Parlement de la Cédéao, au terme de ce vote.
Le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, citant l’article 4 du fonctionnement du Parlement de la Cédéao, a rappelé que les députés ayant prêté serment et reconduits comme députés dans leur pays sont systématiquement membres de l’institution sous régionale.
Seuls Maimouna Sène et Guy Marius Sagna font donc leur entrée au Parlement de la Cédéao au titre du Sénégal, les autres étant déjà membres de la précédente équipe.
Ces parlementaires sénégalais titulaires auront comme suppléants Moussa Souaré, Dior Mbengue, Mame Fatou Ndiaye, Ramata Sall, Rama Cissokho et Lamine Faye.
PRÉSIDENTIELLE 2024, VOICI L’ORDRE DE PASSAGE DES CANDIDATS POUR LE CONTRÔLE DES PARRAINS
Le Conseil constitutionnel a établi l’ordre de passage des candidats à l’élection présidentielle du 25 février prochain, au terme d’un tirage au sort effectué en présence des candidats ou de leurs représentants et mandataires
Le tirage au sort déterminant l’ordre de contrôle des fiches de parrainages des candidats déclarés à l’élection présidentielle du 25 février 2024 a été effectué ce vendredi au siège du conseil constitutionnel.
1- Boubacar Camara
2- Cheikh Hadjibou Soumaré
3- Ousmane Kane
4- Ousmane Sonko
5- Amadou Aly Kane
6- Papa Eugène Barbier
7- Me El Hadji Moustapha Diop ( Me El Hadji Diouf président)
8- Abdoulaye Sylla
9- Cheikh Tidiane Gadio
10- Mohamed Ben Omar Sy Diop (Grande Coalition pass-pass)
Suite au tirage, le Conseil constitutionnel entamera la vérification des parrainages, un processus qui s’annonce aussi laborieux que crucial. Les candidats dont les dossiers présentent des irrégularités, notamment des doublons, seront notifiés et auront 48 heures pour rectifier le tir. Cette étape est vitale pour préserver l’intégrité de l’élection et garantir que chaque candidature répond aux critères légaux et réglementaires établis.
Le juge Mamadou Badio Camara a, en outre, indiqué que tous les 93 dossiers déposés au Conseil constitutionnel sont concernés par le tirage au sort. Toutefois, seuls ceux qui présentent les 9 pièces exigées à l’article 121 du Code électoral et qui comprennent un nombre de parrains au moins égal au minimum requis par la loi feront l’objet d’un contrôle de parrainage. Cette mesure s’explique par le souci de ne point entraver les candidatures en accroissant les risques d’éliminations du fait de doublons externes.
A noter aussi que l’obtention du nombre requis de parrainages validés est une condition nécessaire mais non suffisante à la recevabilité des candidatures. Celles-ci étant en outre soumises aux conditions de fond prévues par l’article 28 de la Constitution et aux autres conditions de l’article L121 du Code électoral.
PRÉSIDENTIELLE 2024, 93 DOSSIERS DE DÉCLARATION DE CANDIDATURE
Le greffe du Conseil constitutionnel a reçu 93 dossiers de déclaration de candidature à l’élection présidentielle du 25 février prochain, a déclaré, vendredi, le président de ladite institution, Mamadou Badio Camara.
Dakar, 28 déc (APS) – Le greffe du Conseil constitutionnel a reçu 93 dossiers de déclaration de candidature à l’élection présidentielle du 25 février prochain, a déclaré, vendredi, le président de ladite institution, Mamadou Badio Camara.
Lors de la dernière élection présidentielle, en 2019, le service du greffe avait enregistré 27 dossiers de déclaration de candidature, ce qui était un record, a-t-il rappelé.
À l’expiration du délai fixé pour le dépôt des dossiers, mardi 26 décembre à minuit, 36 mandataires étaient encore au siège du Conseil constitutionnel pour remettre au greffe leur dossier, a signalé M. Camara.
Cela a conduit l’institution à prolonger le délai de quelques heures, selon lui.
Au moment du dépôt de la déclaration de candidature, le greffe du Conseil constitutionnel ne procède qu’à l’inventaire des pièces censées constituer le dossier, a précisé Mamadou Badio Camara.
« Tous les dossiers sont concernés par le tirage au sort. Seuls les dossiers comprenant les neuf pièces exigées et le nombre de parrains feront l’objet de contrôle », a-t-il déclaré.
L’obtention du nombre de parrains exigé est certes nécessaire, mais elle n’est pas suffisante pour que les dossiers soient jugés recevables, a rappelé le président du Conseil constitutionnel.
Selon lui, quatre dossiers de déclaration de candidature comportent des parrains fournis par des députés, deux des candidats ont fait recours au parrainage par les élus territoriaux (les maires et les présidents des conseils départementaux) et 88 autres au parrainage citoyen.
La cérémonie de tirage au sort de l’ordre de contrôle des dossiers de parrainage a démarré peu de temps après 10 heures, en présence des mandataires des candidats et d’un huissier de justice.