SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
30 avril 2025
Politique
DES ZONES D'OMBRES DANS LA TENTATIVE D'ÉVASION PRÉSUMÉE DE BAZOUM AU NIGER
Comment Bazoum et ses accompagnants ont-ils pu échapper à la surveillance de la résidence présidentielle ? Qu'en est-il réellement de l'opération menée le matin dans une villa du quartier de Tchangarey ?
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 22/10/2023
La junte militaire au pouvoir au Niger depuis le coup d'État de juillet dernier affirme que l'ancien président Mohamed Bazoum a tenté de s'évader de sa résidence surveillée dans la nuit du 18 au 19 octobre dernier. Selon le récit publié par le magazine Jeune Afrique (JA), qui rapporte les faits sans les confirmer de source indépendante, voici ce qui se serait passé :
Mohamed Bazoum était comme chaque soir en communication téléphonique avec des proches jusqu'à minuit environ. Puis la liaison aurait été coupée soudainement. La junte dirigée par le général Tiani annonce ensuite que Bazoum aurait tenté de fuir vers 3h du matin en compagnie de sa famille et de gardes, pour rejoindre un véhicule devant l'emmener à une "planque" en ville.
Cependant, Jeune Afrique soulève de nombreuses zones d'ombre quant à la vraisemblance de ce récit. Comment Bazoum et ses accompagnants ont-ils pu échapper à la surveillance de la résidence présidentielle ? Qu'en est-il réellement de l'opération menée le matin dans une villa du quartier de Tchangarey ? La junte évoque aussi l'exfiltration prévue par hélicoptères vers le Nigeria, mais ne donne aucun détail crédible à ce sujet.
Depuis, Bazoum est totalement coupé du monde. Ses avocats dénoncent un "montage" et exigent sa libération immédiate. Cette affaire risque de marquer un tournant dans sa détention, la junte semblant chercher à se débarrasser de ce défi à son pouvoir selon un ancien ministre nigérien cité par JA.
LA VIE CHÈRE S'AGGRAVE AU SÉNÉGAL
Loyers, électricité, denrées alimentaires : les prix explosent dans le pays. Plusieurs collectifs et organisations de la société civile ont organisé à cet effet, un sit-in de protestation samedi 21 octobre, dans la capitale
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 22/10/2023
Dakar est devenue en 2022 la ville la plus chère d'Afrique de l'Ouest, selon des classements cités par RFI qui placent le Sénégal parmi les pays les plus chers du continent. Loyers, électricité, denrées alimentaires : les prix explosent dans le pays.
Des mesures d'encadrement des prix ont été prises par le gouvernement mais ne sont pas toujours appliquées, provoquant la colère des consommateurs. Plusieurs collectifs et organisations de la société civile ont organisé un sit-in dans la capitale sénégalaise samedi 21 octobre pour protester contre la hausse généralisée du coût de la vie.
Quelques dizaines de personnes se sont réunies sur la place de la Nation à Dakar, selon RFI, pour dénoncer notamment la flambée des loyers et des prix alimentaires. "Le kilo d'oignon est passé de 500 à 1 300 francs CFA en deux ans", indique un manifestant.
Les mesures d'encadrement des loyers prises au printemps dernier sont inefficaces, estime Moustapha Sène du collectif contre la hausse des prix, car "il n'y a pas de suivi". Le prix de l'électricité est lui aussi en forte augmentation après le retrait de subventions de 100 milliards de francs CFA par l'État, explique Momath Cissé de l'association des consommateurs du Sénégal. Une pétition en ligne contre ces hausses a recueilli près de 50 000 signatures, à en croire RFI.
SUITE ET PAS FIN
Le Directeur général des élections (Dge) est sorti de son mutisme. Dans un communiqué, Tanor Thiendella Fall explique les raisons de son refus de remettre des fiches de parrainage au mandataire de Ousmane Sonko.
Le Directeur général des élections (Dge) est sorti de son mutisme. Dans un communiqué, Tanor Thiendella Fall explique les raisons de son refus de remettre des fiches de parrainage au mandataire de Ousmane Sonko. Si des spécialistes estiment que le recours de l’Etat devant la Cour suprême pour casser l’annulation de la radiation de Sonko n’est pas suspensif, il répond : « Sur cette question, il y a lieu de préciser qu’il n’y a pas encore de décision définitive, l’Etat du Sénégal ayant décidé d’exercer les voies de recours qui s’offrent à lui. Par conséquent, le dossier suit toujours son cours judiciaire. Au terme dudit processus, l’Etat du Sénégal se conformera à la décision rendue comme il l’a toujours fait. » M. Fall considère que ses services n’ont pas violé la loi « dans ce cas d’espèce ».
KHALIFA SALL VICTIME DU BLOCAGE DE SA CARAVANE
Le leader du parti Taxawu Sénégal a vu son convoi de campagne bloqué entre les localités de Ndiosmone et de Ngohé par les gendarmes de Fatick, malgré sa déclaration au préfet. Il suit une longue liste de victimes comprenant Sonko, Gackou, Bougane, etc.
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/10/2023
Selon les informations obtenues par e-media ce samedi 21 octobre 2023, Khalifa Sall, leader du parti Taxawu Sénégal, a vu sa caravane de campagne bloquée entre les localités de Ndiosmone et de Ngohé par les gendarmes de Fatick. Pourtant, d'après des proches de l'ancien maire de Dakar, "les responsables locaux avaient fait une déclaration devant le préfet".
Un responsable de Taxawu Sénégal s'indigne de cette situation, la qualifiant de "zèle" et "d'abus", alors que "le candidat de Benno Bokk Yaakaar est en campagne dans le nord, sous le fallacieux prétexte d'une tournée économique". Au moment de la rédaction de cet article, la caravane "Mottali yeene" était toujours bloquée et Khalifa Sall tentait de "raisonner" les gendarmes, mais il y avait de fortes chances pour qu'il fasse demi-tour.
Avant lui, les caravanes d'Ousmane Sonko avec "Nemmekou tour", de Malick Gakou et "Yoonu ndamli", de Bougane Gueye avec "Gueum sa bopp" et d'Abdourahmane Diouf avec "Awalé" avaient déjà été bloquées.
Alioune Tine dénonce à ce propos sur X, anciennement baptisé Twitter, une situation de "conflit d'intérêts" alors que le candidat et Premier ministre Amadou Ba mène une campagne "avec les moyens de l’État", tout en étant ministre de la Défense dont dépendent les forces ayant bloqué la caravane de Khalifa Sall. Il appelle à plus d'"équité, de justice et d'éthique" dans le cadre de l'élection présidentielle.
par Ousseynou Nar Guèye
AMADOU BA, MIMI, IDY, KHALIFA... ET PLUS DE 200 PRÉTENDANTS
Que signifie cette explosion d’ambitions présidentielles ? Est-ce le signe d’une réelle ouverture du jeu politique ? D’un dynamisme démocratique où tout semble possible ?
Anciens chefs de gouvernement, ex-ministres, femmes et hommes d’affaires, patrons de presse. Ils sont plus de 200 à vouloir se présenter à la présidentielle de février 2024. Un record.
« Il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus », dit la parabole biblique. Une phrase que l’on peut aisément adapter à la campagne en cours pour la présidentielle du 25 février 2024 au Sénégal : « Il y a beaucoup de candidats à la candidature, mais peu seront éligibles. »
Plus que pour le scrutin de 2019, à l’issue duquel Macky Sall fut élu pour ce que l’on sait désormais être son dernier mandat, se présenter à la magistrature suprême au Sénégal passe aujourd’hui par un sacré parcours du combattant : la collecte – et la validation – d’au moins 44 559 « parrainages citoyens », soit l’équivalent de 0,6 % du corps électoral.
Le dialogue politique national organisé par Macky Sall en juin 2023 a abouti, entre autres, à la possibilité, pour les candidats à la candidature, de se faire également parrainer par au moins 13 députés ou 120 élus locaux (maires et présidents de conseil départemental). Mais peu pourront bénéficier de ces parrainages de « grands électeurs » et le gros des troupes sera donc obligé de recourir aux parrainages citoyens.
En l’occurrence, depuis le 27 septembre et pour deux mois, la chasse aux parrainages est ouverte. La Direction générale des élections a fourni les fiches de collecte de parrainages (formats papier et numérique), qui doivent être remplies par les parrains citoyens, chacun ne pouvant accorder son parrainage qu’à un seul prétendant... Et c’est dans les probables doublons de parrainages à des candidatures concurrentes que le Conseil constitutionnel, qui examinera les dossiers entre le 23 décembre et le 12 janvier 2024, trouvera motif à invalider bon nombre de candidatures.
Malgré ce filtrage par le parrainage, auquel s’ajoute celui de la caution de 30 millions de F CFA (45 735 euros), plus de 200 candidats à la candidature avaient déjà fait leur « coming-out » à la mi-octobre. Et le délai de dépôt des dossiers au greffe du Conseil constitutionnel devant se faire « 75 jours au plus et 60 jours au moins avant le scrutin » – soit entre le 11 et le 26 décembre prochain –, le nombre de prétendants battra sans aucun doute tous les records.
Pourquoi autant de « pourquoi pas moi ? »
Anciens chefs de gouvernement, ex-ministres, femmes et hommes d’affaires, patrons de presse, universitaires... Les horizons politiques et profils socioprofessionnels sont très divers, et c’est une bonne chose. Toutefois, hormis quelques leaders investis par leur parti, pourquoi sont-ils aussi nombreux – plus de 200 !... – à se sentir à la hauteur au point de se dire « pourquoi pas moi » ? Que signifie cette explosion d’ambitions présidentielles ? Est-ce le signe d’une réelle ouverture du jeu politique ? D’un dynamisme démocratique où tout semble possible ?
Parmi les « poids lourds » de la politique, l’actuel Premier ministre, Amadou Ba, 62 ans, désigné par Macky Sall, le 9 septembre, pour porter les couleurs de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), ainsi qu’Idrissa Seck, président de Rewmi, allié de Macky Sall jusqu’à ce qu’il officialise sa candidature, en avril – quelques semaines après celle de son ex-bras droit, Déthié Fall, coordonnateur de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi (YAW) et chef du Parti républicain pour le progrès-Disso ak Askan Wi.
Ousmane Sonko, le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), étant inéligible, les plus emblématiques figures de l’opposition dans la course restent Karim Wade, le fils prodigue du Parti démocratique sénégalais (PDS), pour le moment « candidat épistolaire », et Khalifa Sall, ex-maire de Dakar (Taxawu Sénégal) qui, bien qu’exclu du Parti socialiste, pourrait rallier les suffrages des militants du PS.
Nombreux « ex- » du gouvernement
Vient ensuite un lot d’anciens Premiers ministres de Macky Sall – Abdoul Mbaye, Mahammed Boun Abdallah Dionne, Aminata « Mimi » Touré – et d’Abdoulaye Wade – Souleymane Ndéné Ndiaye. Suivis d’un déjà long cortège d’ex-membres du gouvernement : le Saint-Louisien Mary Teuw Niane, ancien emblématique ministre de l’Enseignement supérieur ; Alioune Sarr, qui a défié son mentor Moustapha Niasse au sein de l’Alliance des forces de progrès (AFP) en faisant acte de candidature malgré le veto de ce dernier ; Malick Gackou, ex-ministre du Commerce et ancien numéro deux de l’AFP, dont la formation, Le Grand Parti, a sa base politique à Guédiawaye ; Birima Mangara, ex-ministre du Budget qui a démissionné de l’Inspection générale d’État en août pour se lancer dans la course, ainsi qu’Aly Ngouille Ndiaye, qui vient tout juste de quitter l’Agriculture ; Thierno Alassane Sall (TAS), qui a détenu le portefeuille de l’Énergie jusqu’à son limogeage, en mai 2017 ; ou encore Cheikh Tidiane Gadio, qui a battu un record de longévité à la tête du ministère des Affaires étrangères sous Wade.
Côté société civile, se sont positionnés, entre autres, les patrons de presse Mamoudou Ibra Kane (E-Media Invest) et Bougane GuèyeDani (Dak’Cor, Sen TV, La Tribune), Anta Babacar Ngom, directrice du groupe Sedima, le tonitruant avocat El Hadji Diouf, ou encore la professeure de droit Amsatou Sow Sidibé, déjà candidate en 2012.
La démocratie, une idée toujours jeune
A priori, la grande majorité des dossiers ne seront pas menés jusqu’au bout ni retenus par le Conseil constitutionnel, ce qui permettra le désordre assez ridicule d’un trop grand nombre de concurrents. Toutefois, la liste des candidatures validées – qui sera rendue publique à la mi-janvier 2024 –, devrait être plus longue que celle de la présidentielle de février 2019, à laquelle seuls cinq candidats avaient été admis à se présenter, sur la vingtaine qui avaient maintenu leur dossier devant le Conseil.
Si, en janvier prochain, les sages valident dix ou quinze candidatures (ce qui est mon vœu), ce sera le top départ d’une bataille « de bonne guerre » pour la magistrature suprême. Ce sera surtout un nouveau temps fort de la démocratie, qui restera toujours une idée jeune, et un défi à relever pour les électeurs.
UN MAL PRESQUE INSOLUBLE
L’immigration a toujours existé. Elle est aussi vieille que le monde. Toutefois, l’immigration dite irrégulière constatée ces dernières années semble prendre une ampleur de plus en plus inquiétante
L’immigration a toujours existé. Elle est aussi vieille que le monde. Toutefois, l’immigration dite irrégulière constatée ces dernières années semble prendre une ampleur de plus en plus inquiétante. Les diverses politiques mises en œuvre en plus de la réponse sécuritaire n’arrivent toujours pas à freiner l’hémorragie. Au contraire ! Ce, à cause des conditions de vie et/ou de survie qui ne concourent pas à retenir les jeunes africains. Entre modicité des salaires et cherté de la vie, ils peinent à tirer leur épingle du jeu. La seule solution qui s’offre à leurs yeux c’est d’affronter l’océan au péril de leur vie.
Une femme enceinte qui accouche en plein voyage à bord d’une embarcation de fortune en partance pour l’Espagne et les milliers de jeunes sénégalais arrivés en Europe cette année. Des images qui font froid dans au dos. Pourtant elles ne déchantent les candidats à l’immigration irrégulière, encore moins leurs parents qui mettent la main à poche pour envoyer leur progéniture vers des cieux supposés plus cléments. Au contraire ! Ils sont en permanence à la recherche des voies et moyens devant les permettre de quitter le Sénégal, la Gambie, la Guinée, le Nigeria, le Mali etc. Bref, le continent africain qui est pourtant considéré à tort ou à raison comme celui du 21ème siècle. D’ailleurs, en plus de l’Europe, de jeunes sénégalais ont aussi pris le chemin de l’immigration irrégulière aux Etats-Unis en passant par le Nicaragua. L’immigration irrégulière telle qu’elle se présente actuellement, est la preuve du désespoir qui ronge les jeunes.
EMPLOIS PRECAIRES ET SALAIRES DE MISERE
On parle souvent d’emplois créés pour empêcher les départs massifs, exemple du programme «Xeyu Ndawi Ni» au Sénégal. Mais, il faut reconnaitre que la plupart des postes à pourvoir ne permettent pas aux Sénégalais de s’en sortir financièrement. Ce, à cause des salaires de misères ne dépassant pas souvent 150.000 F CFA dans une ville (Dakar) réputée la plus chère d’Afrique voire du monde. Rares sont actuellement les Sénégalais qui parviennent à assurer convenablement leurs charges familiales. A la modicité des rémunérations, il faut ajouter l’inflation galopante. Les denrées de première consommation prennent l’ascenseur. Une hausse des prix que les nombreuses tentatives de l’Etat se sont pas parvenues à réguler. A cela s’ajoute la cherté de l’habitat, de l’explosion du prix de la location dans la capitale qui est hors de portée. La situation n’est guère plus reluisante dans les régions. Les zones côtières restent confrontées à la pêche illicite sans occulter la «sénégalisation» des bateaux étrangers qui empêche les pécheurs à faibles revenus de vivre de leur métier. La pêche est aussi touchée par l’installation des usines de farine de poissons et les découvertes pétrolières et gazières qui ont restreint l’accès à plusieurs zones de pêche. Cette ruée vers les pays occidentaux s’explique aussi par une perte de repères. L’élite politique ne donne plus espoir aux jeunes qui bravent tous les dangers à la recherche d’une vie meilleure en Occident.
FEMINISATION DE L’IMMIGRATION
Par ailleurs, on peut noter que ces dernières années, l’immigration irrégulière est marquée par une présence des femmes. La féminisation de la migration se confirme de plus en plus avec de nombreuses candidates au départ. Il y a aussi la forte présence des adolescents. Les récents chiffres de la migration montrent une présence des jeunes qui n’ont pas atteint l’âge de la majorité. Les pirogues qui arrivent en Espagne sont bondées le plus souvent des mineurs qui rêvent d’une vie meilleure. Un désarroi indescriptible qui confirme un mal presque insoluble.
« C’EST UNE VIOLATION DE L’ORDONNANCE PRISE PAR LE PRESIDENT DU TRIBUNAL DE ZIGUINCHOR»
Djibril Gningue, expert électoral, membre du Gradec et directeur de la plateforme des acteurs de la société civile pour la transparence des élections
« La Direction générale des élections (Dge) ne devrait plus avoir d’autres préoccupations que de procéder à la réinscription de Ousmane Sonko et de remettre à son mandataire les fiches de parrainage. Car, même en cas de recours de la partie adverse, il faut savoir qu’il n’est pas suspensif et que la décision du juge est donc exécutoire. Je rappelle que c’est sur la base de la saisine des avocats de Monsieur Ousmane Sonko que le tribunal d’instance de Ziguinchor « statuant publiquement, contradictoirement à l’égard des parties en matière électorale et en dernier ressort » a annulé la radiation du nom de Ousmane Sonko des listes électorales. Par ordonnance en date du 12 octobre 2023, ce même tribunal d’instance de Ziguinchor a ordonné sa réinscription par les services centraux du Ministère de l’intérieur sur la liste électorale de la commune de Ziguinchor ainsi que sur le fichier général des électeurs ». Cette décision a été notifiée à l’intéressé et au préfet de Ziguinchor « chargé de transmettre les décisions du président du tribunal d’instance à la commission administrative ou aux services centraux chargés du fichier général» conformément aux dispositions des articles R.41 et R.42 du code électoral. Donc, je trouve que l’interdiction d’accès du mandataire de Ousmane Sonko à la Dge est une violation pure et simple de l’ordonnance prise par le président du tribunal de Ziguinchor et donc elle constitue un acte inélégant et illégal attaquable devant les tribunaux ».
« LE MOTIF D’ABSENCE D’UNE DECISION DEFINITIVE DANS CETTE AFFAIRE INVOQUE PAR LA DGE NE TIENT PAS LA ROUTE»
« S’agissant du motif d’absence «d’une décision définitive dans cette affaire» invoqué par la Dge dans son communiqué rendu public hier, vendredi 20 octobre, à mon avis, il ne tient pas la route puisque le Code électoral dispose en son article L.47/4 que «les décisions de justice rendues et transmises à l’autorité compétente ou au service de gestion du fichier électoral seront immédiatement prises en compte et traitées dans le sens prescrit nonobstant la clôture de la période de révision». Il faudrait dire que ce refus de l’application de la décision du juge de Ziguinchor pourrait avoir un impact sur le processus électoral. Car, pour qu’il y ait un processus électoral intègre et crédible, il faudrait qu’il soit strictement conduit sur la base du respect de la loi électorale et des décisions de justice y afférentes. Sinon, il ne serait pas fiable et pourrait même à partir de ce moment être corrompu ce qui remettrait totalement en en cause la crédibilité du processus électoral et des élections elles-mêmes »
TIRS GROUPÉS SUR TANOR THIENDELLA SIDY FALL
Des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile élèvent la voix pour réclamer le départ de l’actuel Directeur général des élections, accusé d'entrave à l'exécution de la décision judiciaire ayant réintégré Sonko sur les listes électorales
Des acteurs politiques de l’opposition et de la société civile élèvent de plus en plus la voix pour réclamer le départ de l’actuel Directeur général des élections (Dge), Tanor Thiendella Sidy Fall. Cette demande fait suite au refus de ce dernier de recevoir le mandataire du candidat déclaré à la présidentiel du 25 février 2024 prochain, Ousmane Sonko en vue de l’exécution de la décision du président du tribunal d’instance de Ziguinchor qui a ordonné sa réintégration dans le fichier électoral.
Le contrôleur général de police, Tanor Thiendella Sidy Fall, est-il en train de créer les conditions de sa mise à l’écart de l’organisation des élections à moins de 5 mois de cette échéance avec son refus d’appliquer la décision du président du tribunal d’instance de Ziguinchor concernant Ousmane Sonko ? Tout porte à le croire. En effet, depuis mercredi 18 octobre dernier, des acteurs politiques de l’opposition, de la société civile et aussi des observateurs de la scène politique élèvent de plus en plus la voix pour réclamer son départ de la Direction générale des élections (Dge). C’est le cas de la Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi (Yaw) dont Ousmane Sonko est membre et qui constitue la deuxième force politique à l’Assemblée nationale avec 39 députés derrière la coalition au pouvoir (82 sièges). Dans un communiqué rendu public hier, vendredi 20 octobre, les leaders de Yaw ont dénoncé vigoureusement ce refus du Directeur général des élections de recevoir le mandataire de Sonko qui selon eux, montre « l’incapacité notoire du Ministre de l’Intérieur à organiser des élections justes, transparentes et inclusives ».
Sous ce rapport, ils ont ainsi appelé « tous les démocrates et les candidats à la candidature de l’opposition à faire bloc pour récuser Tanor Thiendella Sidy Fall » qui selon eux, «est manifestement partisan» et « à exiger, comme par le passé, l’organisation des prochaines élections par une personnalité neutre consensuelle». Abondant dans le même sens, l’ancien président de la Rencontre africaine des droits de l’homme, Alioune Tine par ailleurs, président fondateur d’Afrikajom center souligne qu’en «refusant d’appliquer une décision de justice», Tanor Thiendella Sidy Fall en tant directeur générale des élections, «s’est discrédité et devrait être limogé».
«Aujourd’hui, on a un régime qui ne fait aucune concession à l’opposition, on est dans un régime où l’administration fait plus allégeance au parti ou à la coalition au pouvoir qu’à la Constitution ou aux valeurs de la République et de la démocratie. C’est tout le sens des interdictions des manifestations de l’opposition et le refus du DGE de respecter la décision de justice », a-t-il dénoncé avant de lancer dans la foulée : . « Il faut nommer une personne indépendante chargée de l’organisation des élections. Car, en refusant d’appliquer une décision de justice, le DGE, s’est discrédité et devrait être limogé».
Prenant également position sur cette question, le directeur exécutif de la section sénégalaise d'Amnesty International, Seydi Gassama a déploré « l'instrumentalisation flagrante et sans limite de l'Etat et de ses institutions au profit du camp au pouvoir ». « Lorsque les décisions de justice sont défavorables aux opposants, surtout lorsqu'elles permettent de les écarter des compétitions électorales, elles sont appliquées avec célérité ; lorsqu'elles leur sont favorables, on a recours aux manœuvres dilatoires ou on ne les applique pas. L'instrumentalisation de l'Etat et de ses institutions au profit du camp au pouvoir est flagrante et ne connait plus de limite» a-t-il déploré avant de lancer : «L'Etat de droit est à genou. Il doit être relevé». Pour sa part, Abdoul Mbaye, président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) souligne que « l’administration doit être républicaine et au service des usagers ». « Refuser de recevoir Ayib Daffé est l’aveu d’une injustice que l’on ne peut justifier. Ne pas respecter les décisions de justice, c’est faire de la politique politicienne et détruire l’image de l’Etat de droit », a-t-il martelé. Abondant dans le même sens, Thierno Bocoum, président du mouvement « Alliance générationnelle pour les intérêts de la République » (Agir) précise que la « Dge n’est pas une structure juridictionnelle, composée de juges de cassation ». « C’est une structure administrative qui doit se soumettre à la loi et notamment à l’application des décisions de justice. Que le candidat Ousmane Sonko soit rétabli dans ses droits au nom de la loi et de la séparation des pouvoirs », a-t-il dit.
Pour rappel, le Contrôleur général de police, Tanor Thiendella Sidy Fall était jusqu’ici décrit comme un « homme de sérail et de consensus, très à cheval sur les principes républicains ». Mais, depuis mercredi 18 octobre dernier, il est sous le feu de critiques aussi bien des acteurs politiques de l’opposition, de la société civile et aussi des observateurs de la scène politique à cause de ce bras de fer que livre sa direction avec le candidat déclaré à l’élection présidentielle de 2024, Ousmane Sonko, maire de Ziguinchor autour des fiches de parrainage. Muni de la décision du juge de Ziguinchor qui a annulé la mesure de radiation de Sonko des listes électorales qui avait été prise par le ministère de l’intérieur, le député Ayib Daffé, mandataire du candidat Ousmane Sonko s’était rendu le mercredi 18 octobre à la Direction générale des élections accompagné d’un huissier pour récupérer les fiches de parrainage de son candidat.
Seulement, une fois sur les lieux, il a été éconduit. Retourné hier, vendredi 20 octobre encore à la Dge accompagné toujours d’un huissier de justice pour remettre la notification de la décision du tribunal d’instance de Ziguinchor ordonnant la réintégration du nom de son candidat et procéder à la récupération des fiches de parrainage, ils ont été encore une fois de plus bloqués à la porte de cette Direction comme lors de leur premier déplacement sans aucune explication. Face à cette situation, plusieurs personnalités politiques mais aussi de la société civile élèvent de plus en plus la voix pour critiquer l’attitude de l’actuel Directeur général des élections, le Contrôleur général de police Tanor Thiendella Sidy Fall. Promu à la tête de la Direction générale des élections en 2011 à la faveur de la création par le président Wade du ministère chargé des élections et de la nomination de son prédécesseur et ex patron Dr Cheikh Gueye à la tête dudit ministre, Tanor Thiendella Sidy Fall qui a occupé pendant 8 ans le poste de Directeur des opérations électorales (2003 à 2011) au sein de la Dge avait jusqu’ici la confiance des acteurs.
L'ÉCO ATTENDRA FACE AUX INCERTITUDES
Si la volonté de souveraineté est légitime, la mise en place effective d'alternatives au franc CFA semble encore incertaine au regard des défis macroéconomiques
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 21/10/2023
La monnaie unique des pays francophones d'Afrique de l'Ouest, le franc CFA, fait l'objet de nombreuses critiques ces dernières années. Symbole de la domination économique de la France, sa réforme est jugée nécessaire par les pays membres qui veulent plus d'autonomie. Pourtant, son remplacement par l'éco se fait attendre. Quels sont les enjeux et les défis d'une telle transition ? Émilie Laffiteau, économiste à l'IRIS, apporte un éclairage sur ces questions épineuses.
Bien que toujours utilisé au quotidien, le franc CFA souffre d'un rejet croissant dans les opinions publiques ouest-africaines. Symbole de la colonisation, il est accusé de freiner le développement économique par son arrimage à l'euro. Si l'accord de 2020 a permis d'entamer une réforme en transférant la gestion des réserves à la BCEAO, la France conserve un droit de regard sur la politique monétaire.
La transition vers l'éco, monnaie unique souhaitée au sein de la CEDEAO, tarde cependant à se concrétiser. Selon Mme Laffiteau, le contexte économique mondial défavorable incite à la prudence. Le franc CFA offre une certaine stabilité tandis que de nouvelles devises seraient vulnérables. Elle identifie trois scénarios : une éco commune à 15 pays incluant le Nigeria, une éco dans l'UEMOA seule, ou le maintien du franc CFA avec de simples changements cosmétiques.
Chacun comporte des risques. Le premier nécessiterait une longue phase de convergence entre économies contracycliques. Le second poserait la question de la garantie française. Le troisième ne répondrait pas à l'aspiration à plus d'autonomie. Si la volonté de souveraineté est légitime, la mise en place effective d'alternatives au franc CFA semble donc encore incertaine au regard des défis macroéconomiques. Le débat sur l'avenir monétaire de la zone franc est loin d'être résolu.
LA DGE SE PRONONCE SUR LE CAS SONKO
La Direction générale des élections déclare attendre la décision judiciaire du procès en appel de l’affaire relative à la radiation du chef de Pastef du fichier électoral pour décider de remise ou pas des fiches de parrainage au mandataire de l’opposant
La Direction générale des élections (DGE) déclare attendre la décision judiciaire du procès en appel de l’affaire relative à la radiation d’Ousmane Sonko du fichier électoral pour savoir s’il faut ou pas remettre les fiches de parrainage au mandataire de l’opposant.
Dans un communiqué, le directeur général des élections, Tanor Thiendella Fall tient à ‘’préciser qu’il n’y a pas encore de décision définitive, l’État du Sénégal ayant décidé d’exercer les voies de recours qui s’offrent à lui’’.
‘’Par conséquent, le dossier suit toujours son cours judiciaire. Au terme dudit processus, l’État du Sénégal se conformera à la décision rendue’’, argue M. Fall.
Il rappelle que le ministère de l’Intérieur, chargé de l’organisation des élections, a reçu du département de la Justice, le 11 juillet dernier, une liste comprenant les noms de ‘’personnes condamnées à être radiées ou retirées du fichier électoral’’.
Le nom d’Ousmane Sonko faisait partie de cette liste, selon le directeur général des élections.
Le président du tribunal de grande instance de Ziguinchor (sud), saisi d’un recours des avocats de M. Sonko, a jugé ‘’irrégulière’’ sa radiation des listes électorales et l’a annulée.
L’Agent judiciaire de l’État et les avocats de l’État ont déclaré vouloir faire appel de cette décision.
‘’Une entrave à l’exécution d’une décision de justice’’
L’huissier de justice requis pour notifier à la DGE la décision judiciaire du tribunal de Ziguinchor et le mandataire d’Ousmane Sonko, chargé de récupérer ses fiches de parrainage, ‘’ont été tous les deux éconduits et empêchés d’accéder aux locaux’’ de la direction générale des élections, jeudi, selon les avocats de l’opposant.
Dans un communiqué, ils dénoncent ‘’une entrave à l’exécution d’une décision de justice’’ et à ‘’l’exercice de la fonction d’huissier de justice’’.
Les avocats de l’opposant et maire de Ziguinchor soutiennent que l’appel envisagé par l’Agent judiciaire de l’État ‘’n’est pas de nature à suspendre l’exécution de la décision de réintégration’’ d’Ousmane Sonko dans le fichier électoral.
M. Sonko, candidat à l’élection présidentielle du 25 février prochain, a été inculpé pour des faits d’appel à l’insurrection, d’association de malfaiteurs, d’atteinte à la sûreté de l’État et de complot contre l’autorité de l’État, le 31 juillet.
Le jour de son inculpation, le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a annoncé la dissolution de son parti, Pastef-Les patriotes.
‘’Pastef, à travers ses dirigeants et ses instances, a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels’’, a argué, à l’époque, M. Diome, ce que les responsables de ladite formation politique et ses militants ne cessent de nier.
M. Sonko est arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019, derrière l’ancien Premier ministre Idrissa Seck et Macky Sall, qui s’est fait réélire lors de ce scrutin.
Pastef-Les patriotes et ses alliés constituent l’un des principaux groupes parlementaires de la législature actuelle.