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26 avril 2025
Politique
LE PLUS DUR COMMENCE POUR L'OPPOSITION
Pour que Macky Sall réussisse le coup d’éjecter Abdoulaye Wade, il a fallu une conjonction inédite de circonstances. Les conditions sont-elles réellement réunies pour que les opposants d’aujourd’hui réussissent le même coup ? Rien n’est moins sûr
En 2012, sur les tablettes de l’opposition, il y avait un document ‘’consensuel’’ supposé énumérer les mille et un problèmes du Sénégal, ainsi que les solutions envisagées. Les conclusions des Assises nationales exposées au Méridien Président le 24 mai 2009, à l'hôtel Méridien, sous la présidence d’Amadou Makhtar Mbow, avaient secoué le palais. Maitre Abdoulaye Wade, alors Président de la République, conscient de la puissance politique de la ‘’bombe’’ amorcée par l’opposition d’alors, avait mis tous ses services en alerte, en commençant par la fameuse Direction de la Surveillance du territoire (DST). Le texte était ‘’sexy’’ : réformes institutionnelles avec un Parlement musclé, un président de la République encadré dans ses pouvoirs, une justice pas aux ordres, etc. Les Assises nationales sont nées sur les flancs de Benno Siggil Senegaal qui n’a jamais su être à la hauteur des enjeux de 2012.
Finalement, la tension politique créée par Benno Siggil Senegaal, où l’on retrouvait à l’époque de fortes têtes comme celles d’Amath Dansokho, d’Abdoulaye Bathily, sans compter – les deux frères ennemis d’alors feu Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste (PS) et Moustapha Niasse de l’Alliance des forces de progrès (AFP) allait profiter au candidat Macky Sall qui a su habilement manœuvrer sur les vieilles divergences de la gauche pour finalement faire jouer toute cette machine politique en sa faveur. Il l’a formidablement réussi. Sans doute avec l’aide de têtes bien faites totalement anonymes et dans l’ombre.
Dix ans après, à 16 mois de la Présidentielle, force est de constater que le paysage politique a fondamentalement changé. Des leaders politiques à forte densité charismatique sont morts, alors que d’autres, à l’image de Moustapha Niasse, ont pris leur retraite politique. Quant au Pr. Abdoulaye Bathily, acteur clef, il a été nommé Représentant spécial pour la Libye et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (Manul) pour succéder à M. Ján Kubiš de la Slovaquie. Loin du pays ! Le paysage politique sénégalais a bien changé.
Dans un de ses tweets, Alioune Tine relevait le déficit de leadership de la jeune génération de politiques pour s’interroger sur ses capacités réelles à proposer des schémas alternatifs ‘’crédibles et durables’’. La question est centrale de savoir si nos jeunes leaders, à l’image d’Ousmane Sonko, pour méritants soient-ils pour être en vie jusque-là, ont les ressources humaines nécessaires pour balayer le régime. Et aussi s’ils peuvent, si le pouvoir leur est donné, le gérer avec sagesse, parcimonie et vision.
Maitre Abdoulaye Wade, tout seul, comme le révèle si bien le Pr. Abdoulaye Bathily dans ses mémoires, n’aurait jamais pu conquérir le pouvoir en 2000, s’il n’avait pas à ses côtés une bonne bande de communistes stratèges et déterminés. Le Pr. Bathily, Amath Dansokho et Landing Savané, qui sont allés le convaincre à Versailles que le fruit était mûr. Et que même sans argent, il était possible de conquérir le pouvoir en initiant une stratégie intelligente de proximité (‘’Marche bleue’’)? bien avant Barack Obama.
Le sociologue Malick Ndiaye ne disait-il pas que la force de la rue seule ne suffit jamais pour prendre le pouvoir. Maitre Wade avait le pouvoir de la rue, mais cela n’a pas suffi pour lui permettre de déloger Abdou Diouf. ‘’Il faut autre chose’’, l’ancien ministre trotskyste Doudou Sarr dixit : ‘’De l’intelligence politique.’’
A un an et demi de la prochaine Présidentielle, le chemin à parcourir et les épreuves bien nombreuses pour l’opposition qui devra aussi faire avec des trahisons, défections et autres. Elle fera, dans les mois à venir, le deuil de ses certitudes à fleur de discours.
MANIFESTATION MEURTRIÈRE AU TCHAD
Une "trentaine" de personnes dont une "dizaine" de membres des forces de sécurité sont morts jeudi lors d'affrontements entre police et manifestants, réunis à l'appel de l'opposition contre le maintien au pouvoir du président Idriss Déby Itno
"Il y a eu une trentaine de morts dont une dizaine des éléments de forces de l'ordre et plusieurs blessés", a affirmé à l'AFP le porte-parole du gouvernement Aziz Mahamat Saleh.
À N'Djamena, la capitale du pays, "les manifestants ont attaqués des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du Premier ministre, celui du président de l'Assemblée nationale" a-t-il ajouté qualifiant cette manifestation, interdite mercredi par les autorités, d'"insurrection".
Un journaliste de l'AFP a vu les cadavres de cinq personnes, dont deux recouvertes du drapeau national et trois de draps blancs ensanglantés, allongées sur le sol de l'hôpital situé dans 7e arrondissement, épicentre des manifestations dans la capitale.
Ces cinq personnes ont été "tuées par balle", a précisé à l'AFP le médecin-chef de l'hôpital de l'Union Chagoua, Joseph Ampil. La Croix-Rouge du Tchad a indiqué avoir déployé "une dizaine d'équipes" dans les arrondissements sous tension de la capitale. "Nous prodiguons les premiers soins et nous acheminons des dizaines de blessés en véhicule jusqu'aux hôpitaux", a déclaré à l'AFP son président, Khalla Ahmat Senoussi.
La France, par la voix du ministère des Affaires étrangères, a "condamné" les "violences, avec notamment l'utilisation d'armes létales contre les manifestants", a souligné le Quai d'Orsay, affirmant que Paris ne joue "aucun rôle dans ces événements".
La précision du Quai d'Orsay sur son absence de rôle dans les événements de N'Djamena renvoie aussi au sentiment anti-français qui se développe dans la région, alimenté notamment par des intérêts russes.
Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine (UA), a "condamné fermement" la répression des manifestations, appelant "les parties au respect des vies humaines et des biens" et a "privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise", a-t-il réagi sur Twitter.
Ces affrontements se déroulent après la prolongation pour deux ans de la "transition" qui devait s'achever ce jeudi 20 octobre. Fin septembre, Mahamat Idriss Déby Itno a finalement été maintenu à la tête de l'Etat jusqu'à des élections libres et démocratiques, censées se tenir à l'issue d'une deuxième période de transition et auxquelles M. Déby pourra se présenter.
Ce maintien, à l'issue d'un Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) boycotté par une grande partie de l'opposition, a achevé de braquer les oppositions politiques et armées et embarrasse une communauté internationale qui avait pourtant adoubé M. Déby il y a 18 mois.
Le 20 avril 2021, à l'annonce de la mort du maréchal Déby, tué par des rebelles en se rendant au front, l'armée avait proclamé son fils Mahamat Déby président de la République à la tête d'une junte de 15 généraux, pour une période de transition de 18 mois devant mener à des élections.
Des nuages de fumée noire étaient visibles et des tirs de gaz lacrymogène se faisaient régulièrement entendre dans la capitale jeudi matin, tandis que des barricades avaient été dressées dans plusieurs quartiers de la ville et que des pneus avaient été brûlés sur les principaux axes routiers, selon les journalistes de l'AFP à N'Djamena qui ont constaté une brève accalmie en début d'après-midi.
"Dialogue de façade"
"Je suis sorti manifester pour dénoncer ce dialogue de façade pour pérenniser un système et réclamer un changement du pouvoir. En 31 ans, on n'a pas vu de changement positif dans notre pays", a déclaré à l'AFP, Abass Mahamat, 35 ans.
Dans le centre de la capitale, les commerces du marché central ont baissé le rideau. "On nous a dit qu'il y a une manifestation dans la ville et je suis venu comme les autres collègues pour rester devant mon magasin pour éviter des pillages", a expliqué à l'AFP, Mahamat Mboudou, les yeux rivés sur son téléphone pour suivre les évènements au sud de la ville.
Dans le 6e arrondissement, fief de l'opposition où est également situé le domicile du Premier ministre Saleh Kebzabo, les rues sont désertes. Des pneus, des troncs d'arbre, des amas de briques, jonchent les rues, a constaté un journaliste de l'AFP. Les établissements scolaires et universitaires sont fermés.
Le siège du parti de M. Kebzabo, l'Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), a été pris pour cible par les manifestants et "en partie incendié", a indiqué à l'AFP le vice-président du parti, Célestin Topona.
Opposant historique à Idriss Déby Itno, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 30 ans, M. Kebzabo avait rallié il y a 18 mois le gouvernement nommé par la junte militaire dirigée par le fils de l'ancien chef de l'Etat. Il a été nommé à la tête du gouvernement le 12 octobre.
MAMADOU MOMOUR DIALLO AUX COMMANDES
Au titre des mesures individuelles, le Chef de l’Etat, Macky Sall, a nommé l’ancien directeur général des Domaines, Mamadou Mamour Diallo, directeur général de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (Onas)
Au titre des mesures individuelles, le Chef de l’Etat, Macky Sall, a nommé l’ancien directeur général des Domaines, Mamadou Mamour Diallo, directeur général de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (Onas), en remplacement de Monsieur Ababakar Maye, appelé à d’autres fonctions. Neuf autres nominations ont été également faites lors du Conseil des ministres de ce mercredi 18 octobre 2022.
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
Monsieur Makhtar LAKH, Commissaire aux enquêtes économiques principal, est nommé Secrétaire général du Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
Monsieur Maël THIAM,Expert en Marketing et Stratégies, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale des Eaux du Sénégal (SONES), en remplacement de Monsieur Mody SY ;
Monsieur Mamadou Mory DIAW, Spécialiste en Développement territorial et en Santé, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), en remplacement de Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, Pharmacien, précédemment Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), est nommé Président du Conseil de Réglementation de l’Agence sénégalaise de Règlementation Pharmaceutique (ARP), poste vacant ;
Monsieur Mamadou Mamour DIALLO, Inspecteur principal des Impôts et des Domaines est nommé Directeur général de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), en remplacement de Monsieur Ababakar MBAYE, appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur El Hadji Ousmane BARRO DIONE, Titulaire d’un master d’Etudes supérieures diplomatiques, précédemment Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, est nommé Directeur général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en remplacement de Monsieur Abdoulaye Koundoul ;
Monsieur Mamadou WADE, Conseiller en planification, est nommé Inspecteur des Affaires administratives et financières au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
Madame Coumba SOW, Juriste en service au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, est nommé Inspecteur technique au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération ;
Monsieur Cheikh Ahmadou Bamba SARR, Titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances publiques, précédemment Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel, est nommé Directeur de l’Artisanat, en remplacement de Monsieur Moctar DIAKHATE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
Monsieur Soulèye KANE, Inspecteur de Spécialité, est nommé Directeur de l’Apprentissage au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, en remplacement de Monsieur Ousmane Adama DIA appelé à d’autres fonctions ;
Monsieur Cheikh DIOUF, Spécialiste en Gestion de la mobilité, des transports et de la logistique est nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
Monsieur Ibrahima Sorry SARR, Planificateur, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
Monsieur Amadou DIALLO, précédemment Directeur du Renouveau du Service public au Ministère de Fonction publique et du Renouveau du Service public, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion ;
Monsieur Alioune Palla MBAYE, juriste, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, poste vacant ;
Monsieur Ahmadou NDIAYE, Enseignant, est nommé Président du Conseil d’administration du Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, en remplacement de Madame Khadija SY ;
Monsieur Abel Ngor MARONE, Titulaire d’un Doctorat ès lettres, est nommé Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano en remplacement de Monsieur El Hadji Ousmane BARRO Dione, appelé à d’autres fonctions ;
LE DG DE LA POSTE DEVRAIT ÊTRE AUDITIONNÉ PAR L’ASSEMBLée
Devant la presse à Thiès, Thierno Alassane Sall est longuement revenu sur la situation difficile que traversent certaines entreprises nationales comme la Poste
A Thiès hier, Thierno Alassane Sall s’est prononcé sur la situation de la Poste. Pour le président de la République des valeurs (Rv) et non moins député non inscrit, on est en face «d’un carnage financier et d’un crime économique». A l’en croire, le directeur général devrait être auditionné par l’Assemblée nationale.
Devant la presse à Thiès, Thierno Alassane Sall est longuement revenu sur la situation difficile que traversent certaines entreprises nationales comme la Poste. Pour ce cas s’espèce, le député non inscrit parle «d’un carnage financier et d’un crime économique. Par conséquent, le directeur général devrait être auditionné par l’Assemblée».
Selon le président de la République des Valeurs (Rv), la 14ème législature est interpellée sur des dossiers extrêmement lourds comme celui de la Poste qui est quasiment en faillite. Cette situation, souligne-t-il, est imputable aux directeurs généraux de la boite. «Par conséquent, l’Assemblée Nationale devrait, comme avait voulu le faire pour l’Anoci un certain Macky Sall à l’époque président de l’Assemblée Nationale, interpeller le gouvernement», indique Thierno Alassane Sall. Dans des accusations à peine voilées, il indique qu’en 2012, le Président Macky Sall avait averti les directeurs généraux que ceux qui perdraient les élections dans leur localité, seraient débarqués. «Cela veut que leurs performances étaient plus liées aux résultats politiques qu’aux performances économiques et sociales. C’est ainsi que des directeurs généraux, comme celui de la Poste, ont été maintenus urbi et orbi, malgré une situation que tout le monde décriait. Alors que l’activité de la Poste était en train de chuter la masse salariale, elle, dépassait le chiffre d’affaire. Ce qui constitue un crime économique. La Poste était considérée comme une machine à faire gagner des élections pour le parti au pouvoir», affirme le leader de Rv
Dénonçant l’inertie des corps de contrôle qui n’ont pas jugé utile de bouger dans cette affaire, Thierno Alassane Sall plaide pour que l’Assemblée Nationale se saisisse de cette question et auditionne le directeur général, pour savoir ce qui s’est réellement passé et faire de cette situation un cas d’école. «L’Assemblée Nationale jouera ainsi le rôle qui lui revient», souligne-t-il avant de se dire prêt à prendre des initiatives dans ce sens. A l’en croire, c’est une gestion similaire qui a impacté d’autres entreprises comme Dakar Dem Dikk (DDD).
S’agissant toujours du cas de la Poste, l’ancien ministre de l’Energie s’est interrogé sur la nomination du nouveau directeur général, qui est un expert des domaines. Et c’est pour inviter les populations à se rappeler ce qui s’est passé à DDD dont le patrimoine foncier a été bradé, sous prétexte de renflouer les caisses. «Non seulement il n’y a jamais eu de renflouement, mais aussi le patrimoine foncier est perdu. La 14ème législature est attendue sur toutes ces questions importantes», souligne-t-il avant d’indiquer que la représentation nationale ne devrait pas se laisser divertir par des questions politiciennes comme la loi d’amnistie. «Il y a aujourd’hui une possibilité d’éclairer le peuple sénégalais sur des questions jusque-là taboues, notamment la gestion de l’Assemblée Nationale, le budget dont disposent le Président et les groupes parlementaires etc.», dit-il.
En ce qui concerne le pétrole et le gaz, il rappelle que dans le document budgétaire, il est indiqué ce que le Sénégal perçoit en termes de recettes (51,6 milliards de Fcfa en 2023 et 196,8 milliards en 2024). «La question qui se pose est de savoir si cela est conforme à nos espérances par rapport à ces ressources naturelles», lance-t-il. «Nous avons raté certaines séquences essentielles. D’abord, après une découverte, il doit y avoir une certification pour savoir si les opérateurs ont annoncé le maximum qu’on peut recouvrer. Il fallait également s’accorder sur les meilleurs investissements à faire pour pouvoir optimiser les ressources et minimiser les investissements. Ces étapes ont été ignorées, parce qu’on voulait que le pétrole et le gaz sortent en 2023, la veille de 2024 coïncidant avec l’élection présidentielle. Qui plus est, les contrats ont été mal négociés, notamment celui de Sangomar», dénonce Thierno Alassane Sall.
INTRONISE «ROI» EN PAYS SERERE, SONKO VEUT CONQUERIR LE DEPARTEMENT DE MBOUR EN 2024
Contre vents et marées, Ousmane Sonko poursuit son « Neemeku Tour ».
Etienne Ndiaye (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 20/10/2022
La pêche est bonne pour Ousmane Sonko dans le département de Mbour. Déjà deux pontes de la commune de Malicounda ont rejoint le camp des « Patriotes » et font monter la pression sur le maire Maguette Sène et, par extension, tous les responsables de la mouvance présidentielle. Ousmane Sonko continue de séduire les populations de la Petite côte dans ce « Neemeku Tour » original. Rassuré par l’élan formidable de mobilisation constaté depuis le début de sa tournée, il a exprimé hier à l’étape de Sandiara son souhait de conquérir ce département qui se refuse à lui jusqu’à présent lors de la présidentielle de 2024. En « roi » adulé en pays sérère conquis par les liens du cousinage inter-ethnique, l’opposant a égratigné la politique de développement rural du président Macky Sall.
Contre vents et marées, Ousmane Sonko poursuit son « Neemeku Tour ». Hier, au quatrième jour d’un périple stratégique pour la massification de son parti, le maire de Ziguinchor était dans les communes de Sandiara et de Sessène, deux communes dans le giron de la mouvance présidentielle comme Popenguine, Ndayane et Sindia visitées la veille. À Sandiara, le chef des « Patriotes » a été accueilli par l’imam Sall qui a prié pour lui. Dans la capitale de cette contrée du Jëgëm, l’ancien député a acculé le maire Serigne Guèye Diop, défait lors des dernières élections législatives et n’avait dû son salut qu’aux autres villages. Le Pastefien en chef a exprimé vivement son souhait de voir le département de Mbour tomber entre ses mains au soir de la présidentielle de 2024.
Accompagnés d’une forte délégation dont le coordinateur départemental Mamadou Lamine Diaïté, les opposants ont rencontré les responsables politiques de leur parti, les autorités coutumières et religieuses. Après l’étape du chef-lieu de la commune de Sandiara, le président de Pastef a fait le tour des villages.
Vers 16h, Ousmane Sonko est arrivé dans la commune de Sessène voisine. Reçu par les chefs de village et imams ainsi que les prêtres, il s’est livré devant les populations attentives à son discours au même exercice d’ explication de son projet politique. A chaque étape, les populations sont sorties massivement suivre le cortège, certains, téléphones en main ne se sont guère empêchés de prendre des images pour immortaliser ces moments.
C’était la ruée à chaque étape chez les jeunes, les femmes, et même chez les personnes d’âge avancé qui ont tenu à manifester leur soutien au président du Pastef. Ce dernier, exploitant avec aise les bienfaits du cousinage à plaisanterie entre Diolas et Sérères, n’a pas cessé de dire qu’il est dans son terroir.
A Godaguène, une vieille dame bénit « son fils »
Les notables, ravis par cette démarche du président du Réel (Réseau des élus locaux), ont exprimé leur joie d’accueillir un « fils » sur la base des liens du cousinage inter-ethnique. « Vous êtes notre fils. J’ai entendu dire que votre mère est Sérère et chez nous, on accorde plus d’importance au neveu qu’au fils. Et de l’autre côté vous êtes un Diola, ce qui lie le Diola au Sérère est plus solide que ce qui lie deux Sérères. Vous êtes un des nôtres, que Dieu guide vos pas, vous protège et exauce nos prières. Soyez courageux, le chemin est long et épineux, parsemé d’embûches mais peut être surmonté » a lancé à Ousmane Sonko une vieille femme dans le village de Godaguéne.
A Ndiefer, le leader du PASTEF a égratigné le président Macky Sall et son régime qu’il accuse d’avoir oublié le monde rural. « Dans les grandes villes, Macky Sall ne peut pas gagner malgré les efforts qu’il fait, paradoxalement dans le monde rural où les populations sont oubliées il gagne. Pourtant, quand on veut développer un pays, on doit commencer par investir dans la campagne parce que, quand cette zone se développe, le pari sera gagné. Donc, je vous demande de participer au changement pour que le Sénégal connaisse le développement » a exhorté Ousmane Sonko.
Dans le cadre du cousinage, il s’est permis de lancer une pique aux Sérères en leur disant que, depuis qu’il a débuté la tournée, il n’a pas encore reçu un bol de couscous, ce qui a déclenché une hilarité générale au sein de l’assistance.
Après quatre jours de tournée dans le département de Mbour, les bases de Pastef se sont élargies hier encore avec le ralliement de deux cadors dans la zone de Malicounda nord. Il s’agit de Maguette Ndoye Ndiaye, responsable du mouvement M2M, et du responsable du mouvement AGIR de Malicounda, Mamadou Dia.
Tombée dans l’escarcelle de la coalition Yewwi Askan Wi avec comme moteur le Pastef aux dernières législatives, la commune de Mbour n’est pas inscrite dans le planning de cette tournée du leader, mais les militants ont dit à haute voix qu’ils souhaitent que leur leader y fasse un crochet. Un souhait d’autant plus motivé que, depuis hier, le maire Cheikh Issa Sall a soutenu qu’il entamera lui aussi des visites de proximité auprès des dignitaires religieux et coutumiers de la commune, histoire, dit-il, de faire le suivi des engagements pris dans le cadre de son programme « Yessal Mbour ». C’est dire que cette étape de Mbour qui se dessine pourrait être celle de tous les dangers après l’incident malheureux de Joal dimanche dernier au premier jour du « Nemeeku Tour », vu la détermination du maire de Mbour à « régler des comptes » avec son ancien camarade de promotion à l’ENA et « ami ».
LE «NEMEKOU TOUR» AUSCULTÉ PAR DES SPECIALISTES
Echappée solitaire ou stratégie politique géniale ? Le leader du Pastef, Ousmane Sonko, après avoir restructuré son parti, sillonne le pays dans le cadre de son « Nemekou tour » sans ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW)
Le leader du Pastef, Ousmane Sonko, après avoir restructuré son parti, sillonne le pays dans le cadre de son « Nemekou tour » sans ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wi (YAW). Certains pensent que cette échappée solitaire pourrait fragiliser l’unité de la coalition Yewwi Askan Wi. D’autres, au contraire, soutiennent que cela n’entrave en rien les acquis consolidés de la coalition. Au contraire, disent-elles, elle pourra faciliter un rapprochement de ces leaders avec les potentiels votants à la présidentielle de 2024.
La politique étant une épreuve pénible puisque, en plus d’énormes moyens financiers et d’efforts physiques inhumains, elle exige des stratégies et des stratagèmes. Ceux qui s’y adonnent doivent avoir plusieurs cordes à leur arc pour espérer conquérir les suffrages des électeurs. Ousmane Sonko, en choisissant de faire son « Nemekou tour », est sans doute conscient de la nécessité de descendre sur le terrain à la rencontre des populations. Lesquelles sont de potentiels électeurs. Le but de ces rencontres serait de mieux comprendre les enjeux et les attentes des administrés. Ce afin de pouvoir concocter une offre politique à même d’emporter leur adhésion et, donc, de se traduire en bulletins dans les urnes.
Malgré l’engagement politique et la détermination d’Ousmane Sonko, ses adversaires politiques refusent de lui laisser le terrain. Même s’ils ne l’attaquent pas directement avec des jets de pierre et autres, certaines attitudes des forces de sécurité semblent taillées sur mesure pour le gêner aux entournures dans ses déplacements. L’exemple de l’étape de Joal avec des jets de lacrymogènes de gendarmes sur le cortège du leader de Pastef en attesterait.
Il n’empêche, cette tentative d’intimidation — ainsi a été considéré cet incident — a été mal appréciée par les populations au niveau national. Ce vent de sympathie provoqué par un acte pas très intelligent a semblé conforter Ousmane Sonko dans sa quête d’aura et d’électeurs. Même s’il déclare qu’il n’a demandé à personne de se joindre à lui sur le terrain politique, les images montrent qu’il draine parfois des foules et décroche par ricochet des leaders de divers camps.
Seul, sans Khalifa Sall, Barthélémy Diaz, Déthié Fall et Cie, Ousmane Sonko se comporte comme une sorte d’éclaireur pour l’opposition. Sa descente politique pourrait, dans le cadre de la coalition, être un catalyseur pour motiver les populations à faire le choix du changement. A l’arrivée, seul le résultat des urnes compte. Rien d’autre ne tient. Ousmane Sonko en est conscient. Et laboure donc inlassablement son champ électoral, sourd aux cris d’orfraie de ses adversaires du pouvoir.
SEYBANI SOUGOU, POLITOLOGUE : « Le Nemekou Tour ne doit pas être confondu avec une campagne électorale »
Seybani Sougou, politologue, considère que ce serait une erreur d’avoir une lecture axée sur les bains de foule pour juger de la réussite ou de l’échec du « Nemekou Tour ». D’après lui, cette activité, étant une stratégie politique qui vise à aller à la rencontre des populations, à tâter leur pouls et à évaluer la situation, ne doit pas être confondue avec une campagne électorale.
Il indique qu’on doit permettre à Sonko d’ajuster son programme sur certains points au contact des réalités du terrain. Et il est logique que Khalifa Sall et Déthié Fall n’aient pas accompagné Sonko dans sa tournée. Pour cause, eux aussi sont à la tête de mouvements et de partis et sont de potentiels candidats (sauf s’ils déclarent le contraire). On voit mal de potentiels candidats se mettre au service d’un autre candidat !
Ainsi, selon M. Sougou, on peut tout de même noter que lorsque les gendarmes ont utilisé des gaz lacrymogènes sur le cortège de Sonko à Joal, la conférence des leaders de Yewwi a publié un communiqué pour lui témoigner un soutien total, tout en dénonçant les agissements illégaux des forces de l’ordre. « La solidarité entre membres de la coalition Yewwi, à ce stade, n’est pas remise en cause », constate-t-il.
Seybani Sougou a évoqué les résultats des élections législatives du 31 juillet dernier qui ont eu pour conséquence, à ses yeux, une recomposition totale de la scène politique. Pour la première fois dans l’histoire politique du Sénégal, rappelle-t-il, la mouvance présidentielle ne dispose pas d’une majorité confortable pour pouvoir mener ses réformes. « Cette configuration nouvelle a créé un contexte favorable à la coalition Yewwi Askan Wi dont les résultats spectaculaires, en termes de sièges, à l’Assemblée nationale portent l’empreinte personnelle de Sonko. Puisque sa participation active dans la campagne a été déterminante. A 15 mois de la présidentielle, l’approche d’Ousmane Sonko, consistant à réorganiser et restructurer son parti pour se mettre en ordre de marche est pertinente. Car, une élection présidentielle n’est pas une élection comme les autres. Elle nécessite une stratégie politique, une machine électorale parfaitement huilée, et une organisation capable de porter et de vulgariser son projet », explique Seybani Sougou.
L’analyste politique ne pense pas que le fait qu’Ousmane Sonko ait décidé de faire un « « Nemekou Tour » sous le label de son parti Pastef soit un handicap. Etant donné qu’il a déclaré publiquement qu’il sera candidat à la présidentielle de 2024, il est cohérent qu’il occupe et anime le terrain politique. D’après Sougou, cette stratégie peut même s’avérer payante. « A ce jour, aucun autre membre de la coalition Yewwi, y compris Khalifa Sall, n’a fait état publiquement de sa volonté d’être candidat. Même si, une ou deux autres candidatures émergeaient au sein de la coalition Yewwi, ça ne devrait pas générer des tensions. D’autant qu’on a l’habitude de dire que l’élection présidentielle, c’est avant tout la rencontre entre un homme et un peuple », rappelle Seybani Sougou.
N’empêche, il reste d’avis que la logique d’élections législatives n’est pas celle d’une élection présidentielle. Ce qui importe, retient-il, c’est que les membres de la coalition Yewwi Askan Wi puissent s’accorder sur les termes de l’alternance souhaitée par une majorité de Sénégalais. Du moins selon notre interlocuteur.
AMADOU TIDIANE WONE, ANALYSTE POLITIQUE : « Le Pastef, dans sa restructuration adopte une démarche d’ouverture et d’écoute à saluer »
Amadou Tidiane Wone, en observateur attentif de la scène politique nationale, évoque la restructuration politique du parti Pastef. Il dit avoir constaté que ce jeune parti innove en se dotant de structures de conseil, parfois confiées à des personnalités non encartées. Il s’agit, d’après l’ancien ministre de la Culture du résident Wade, d’une démarche d’ouverture et d’écoute qui mérite d’être saluée. La publication des décisions prises par la direction du Pastef révèle également que plusieurs générations d’hommes et de femmes d’expérience, en provenance de divers horizons, se retrouvent autour du projet Pastef. Cette convergence d’expertises et d’expériences laisse croire à une maturité consacrée. Et, certainement, à des formes nouvelles d’expression du projet de Pastef. Pour élargir la base sociale, c’est une démarche salutaire et porteuse de sens, pense l’ancien ambassadeur du Sénégal au Canada.
Amadou Tidiane Wone refuse cependant la thèse d’un éloignement entre Ousmane Sonko et la coalition Yewwi Askan Wi. Bien au contraire ! Selon lui, il ne faut pas oublier que Yewwi est une coalition électorale qui a bien fonctionné. Mais chaque organisation membre garde la latitude d’organiser ses structures et de les animer. En fonction des enjeux à venir, les modalités d’une organisation nouvelle verront certainement jour. « Ne cherchons pas à voir le mal partout ! », prévient-il.
Amadou Tidiane Wone rappelle que le Sénégal n’est pas encore en période de campagne électorale pour la présidentielle. Dans son entendement et sa compréhension, le « Nemeku Tour » est une innovation basée sur des visites de proximité et des causeries intimistes entre le leader du Pastef et le Sénégal des profondeurs. Il s’agit pou Ousmane Sonko de tâter le pouls du Sénégal profond. Il s’agit aussi de fouetter l’ardeur militante de la base de son parti, de poser un regard sur les réalités vécues dans les coins et recoins du Sénégal.
Aussi, l’analyste croit que les forces de l’ordre gagneraient à garder leur sérénité et surtout à ne pas créer de problèmes là où, manifestement, il n’y en a pas. En revanche, la politique a ses échéances et les postures qui s’y rattachent. « Vous croyez que Barthélémy Diaz, maire élu de Dakar, a le temps de quitter la capitale pour faire du ‘Nemeku Tour’ ? Laissons le travailler ! Mise à part la période de la campagne électorale, chacun des leaders que vous avez cités a des activités professionnelles et politiques », préciset-il. Des activités qui peuvent ne pas s’inscrire dans la dynamique de la gestion interne du parti Pastef… « Rien de plus à mon humble avis ! », estime Amadou Tidiane Wone.
Ailleurs, il relève qu’à la sortie d’une campagne électorale plutôt victorieuse, Yewwi, Wallu et toute autre organisation ou personnalité politique intéressée, maintiendront la cadence au lieu de se lancer dans des batailles fratricides qui les éloigneraient du message sorti des urnes. « Unis vous êtes forts, divisés vous êtes faibles ! Telle est la voie indiquée par le Peuple », conclut l’ancien ministre de la Culture.
Alioune Tine, fondateur Afrikajom Center, regrette les intimidations des forces de l’ordre
Alioune Tine, fondateur Afrikajom Center, a livré son sentiment sur la présence des forces de l’ordre dans le « Nemekou Tour » du leader du Pastef. Selon lui, un chef de parti politique qui va sur le terrain à la rencontre des populations pour faire la promotion de son projet, ce n’est pas le problème du préfet ni celui de la gendarmerie ou de la police à part s’il y a nécessité de l’encadrer pour éviter un désordre public. Ces forces de l’ordre peuvent l’accompagner. Mais, il n’y a pas de sens de faire des pressions pour l’intimider.
Le fondateur d’Afrikajom Center a indiqué de manière claire que la liberté de circuler fait partie des prérogatives des partis politiques. Et Alioune Tine rappelle que le Président, lui-même, va dans quelque temps faire sa tournée, alors que le préfet, la police et la gendarmerie sont dans l’administration. Ces derniers, insiste-t-il, doivent se comporter de manière à ce que personne n’imagine qu’ils appartiennent à un parti. L’Etat, relève-t-il, doit faire protéger tous les citoyens.
Le droit-de-l’hommiste rajoute que dans son tweet, il a rappelé à Ousmane Sonko que « maintenant ce serait bien que toi, PROS, que tu dises que tu es prêt à rencontrer le président Macky Sall pour discuter afin d’apaiser le champ politique et avoir des relations saines de nature à civiliser et dédramatiser la compétition politique et la démocratie.» Voilà ce qu’on appelle un vœu pieux au vu du contexte actuel !
PAR Abdoulaye Elimane Kane
EXCEPTION AFRICAINE, LEÇONS D’HUMILITÉ ET CULTURE COSMOPOLITIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Par rapport au Covid, le trait distinctif ne soustrait pas l’Afrique de l’essentialité par laquelle elle a été inventée par l’Occident. Une essentialité génératrice de stéréotypes et source possible de stigmatisation
#SilenceDuTemps - Les maladies, les pandémies en particulier, ont souvent poussé les sociétés humaines à leur trouver une explication extra scientifique, la figure du bouc-émissaire remplissant souvent cet office.
La stigmatisation par un usage malveillant du nom de la maladie et par détournement délibéré de son appellation pour suggérer ou désigner plus ou moins explicitement l’existence d’un coupable : voilà le mécanisme de la stigmatisation.
Le recours à des métaphores de la maladie, à des substituts et à des analogies insidieuses permet de fabriquer des stéréotypes qui deviennent des cibles toutes désignées.
Dans l’histoire des pandémies, le cas de la peste noire, avec son lot de pogromes antisémites, constitue l’un des exemples les plus emblématiques. La lèpre, la peste, la tuberculose, la syphilis, le choléra, la grippe, le sida, Ebola ont connu ce type d’imputation de la maladie à la perversion plus ou moins congénitale d’une race, d’une religion, d’un groupe.
Le Nègre, l’Arabe, les gens du voyage, l’immigré, selon les époques et la nature des crises, ont souvent subi de tels outrages.
Sur ce plan, la pandémie du nouveau Coronavirus n’a pas échappé à ce qui vient d’être dit de ses devancières.
Les conditions d’apparition du Covid-19 ont fait de la Chine la cible idéale pour trois raisons : l’histoire des épidémies montre que la plupart d’entre elles viennent d’Asie, et notamment de la Chine ; la Chine est accusée de négligence par dissimulation et déclaration tardive de la découverte du nouveau virus ; et enfin, l’hypothèse d’une création de ce virus dans les laboratoires de Wuhan permet de corroborer l’idée d’une lutte idéologique et hégémonique entre la Chine et le monde occidental, les USA en particulier.
L’expression forgée par Donald Trump – « le virus chinois » – a une double fonction de stigmatisation : montrer que ce pays est le chef de file de l’axe du Mal et assurer l’électorat conservateur, et les Américains en général, de la supériorité de leur culture et de leur démocratie.
L’expression « virus chinois » a connu différentes variantes : « grippe asiatique » ou « virus de Wuhan », par exemple. Des ressortissants des pays d’Asie vivant aux USA ou en provenance des pays d’Asie ont fait l’objet de traitements dégradants. Et d’une manière générale, la Chine est demeurée en Occident la cible des critiques les plus virulentes, assimilant sa gestion de la pandémie à son mode de gouvernance idéologique, la dissimulation et l’absence de démocratie.
Je voudrais à présent montrer comment le concept d’« exception africaine » présente sous un jour particulier l’inanité de ces motifs et mécanismes de stigmatisation et la conséquence qu’il me semble nécessaire d’en tirer : l’humilité qui doit constituer notre credo à tous et la signification du cosmopolitisme révélé par la pandémie grâce aux « exceptions » identifiées.
Avec l’apparition du nouveau Coronavirus, l’Afrique a fait l’expérience d’une double stigmatisation avant de passer pour un « cas d’école » digne d’intérêt.
D’abord par des formes et sources internes d’autostigmatisation. La peur, l’ignorance et la honte poussent individus et familles à cacher et à taire les cas d’infection des leurs par la Covid-19. Globalement, dans leur vie sociale, les Africains cultivent une sorte d’éthique de la retenue, de la pudeur et de la dissimulation pour tout ce qui touche à la maladie d’un de leurs proches ou à une affection dont ils souffrent.
Ensuite, il y a ce fait qu’il arrive aux Africains de pratiquer aussi des formes de stigmatisation d’une communauté envers une autre au sein du même pays ou entre pays voisins. Un exemple qui fit beaucoup de bruit au point de dégénérer en incident diplomatique est le suivant : le seul cas d’Ebola enregistré au Sénégal introduit par un jeune voyageur guinéen et qui entraîna, en dépit des longues traditions de vivre-ensemble et des efforts des autorités sanitaires, la stigmatisation de la communauté guinéenne vivant au Sénégal par une partie de la population.
Autre preuve que l’Afrique n’est pas exempte de telles pratiques, les exemples de stigmatisation à rebours opérée par les Africains à l’endroit des Occidentaux : à propos du sida et du Covid-19, de la part notamment des milieux culturels musulmans, liant à des pratiques supposées étrangères aux Africains, l’homosexualité pour le premier et un mode de vie social et culturel marqué par l’individualisme et l’incroyance pour le deuxième.
À cette forme interne de stigmatisation est venue se greffer une autre, extérieure, portant indistinctement sur tous les Africains noirs et découlant de préjugés et de stéréotypes séculaires : pays des maladies endémiques les plus dévastatrices de ces dernières décennies, Sida et Ebola notamment, absence d’infrastructures, de personnel de santé, propension à une vie de relations propices à la propagation du virus, une sorte d’évidence en découlait : les craintes, annonces et hypothèses d’hécatombe causées par le nouveau Coronavirus.
Le constat d’une non-conformité de la réalité avec de telles prévisions a entraîné un changement relatif de regard sur l’Afrique et sur la pandémie.
C’est cette nouvelle donne que je voudrais interpréter en rapport avec le thème du cosmopolitisme et des leçons qu’il convient d’en tirer.
« L’exception africaine » peut s’expliquer de différentes manières. Qu’elle soit d’ordre biologique ou d’ordre culturel, une première hypothèse consiste à soutenir que ce trait distinctif ne soustrait pas l’Afrique de l’essentialité par laquelle elle a été inventée par l’Occident conquérant et civilisateur, essentialité génératrice de stéréotypes et source possible de stigmatisation plus ou moins implicite : cette différence qui la distingue de tous les autres continents serait encore la preuve qu’elle est d’une humanité particulière, qu’elle a quelque chose qui l’empêche d’être semblable au reste de l’humanité.
Une autre hypothèse, celle par laquelle je voudrais conclure cette contribution, serait fondée sur un argument plus constructif à la lumière des leçons que cette crise sanitaire nous commande de tirer pour construire une humanité adulte et à la hauteur de ses responsabilités. Nous n’aurions alors plus affaire à une manière de stigmatisation, mais à une acceptation de bonne foi de l’existence d’« un cas d’école ». En effet, ce phénomène constitue un intérêt pour la science, pour les Africains eux-mêmes et pour toutes les sociétés humaines. Il y a eu une sorte d’effet boomerang : ceux qui ont subi une hécatombe ne sont pas ceux que l’on croyait. Il importe dès lors d’étudier ce cas de figure pour en tirer des enseignements utiles à toute l’humanité.
Les Africains ne devraient pas « bouder le plaisir » de leur exception, mais ils auraient tort de pavoiser, car différents facteurs devraient les inciter à la prudence et « au triomphe modeste ». Les statistiques montrent que 9 Sénégalais sur 10 ont été en contact avec le virus. Dans l’hypothèse où les chiffres concernant le nombre réel d’infectés et de morts seraient bien plus importants, l’on devrait en inférer que sans remettre en cause « l’exception africaine », une telle situation signifierait que la vulnérabilité des Africains est également une réalité et que de tels chiffres devraient donner aux Africains des motifs de réflexion sur leur situation sanitaire pour prévenir de possibles survenues de maladies et de pandémies semblables au nouveau Coronavirus.
Si le bon sens n’y suffit pas, l’expérience décrite à travers ces formes de stigmatisations et « le cas d’école » ici concerné devrait définitivement amener les scientifiques et les non-scientifiques à changer d’attitude quant à la signification que l’on attribue à la maladie. Cesser de considérer la maladie et la pandémie comme des scandales, c’est-à-dire des défis à la nature, à la raison et à la morale. Accepter qu’elles soient simplement inhérentes à la vie, car vivre c’est affronter des risques et les maladies comptent parmi ces risques.
« La santé, c’est le luxe de tomber malade et de s’en relever » (G. Canguilhem).
Ce « cas d’école », sur un plan général, devrait conduire toutes les sociétés humaines à se rappeler que si elles n’ont pas la même responsabilité quant aux causes de propagation des maladies, elles n’en demeurent pas moins, toutes ensemble, héritières de leurs enseignements et de leurs conséquences. Que c’est à cette condition qu’elles peuvent construire une civilisation du XXIe siècle plus humaine. Une civilisation capable de coopérer pour agir efficacement contre les pandémies et contre les obstacles au développement humain intégral.
Une leçon d’humilité, d’humanisme, nous vient de quelques philosophes, grands théoriciens du cosmopolitisme.
À ce propos, Emmanuel Kant – réputé être l’un des pères du système des Nations unies – considère, dans un célèbre opuscule, que pour réaliser la paix perpétuelle, deux facteurs sont essentiels, complémentaires et nécessaires. Le premier est l’usage de la raison, l’unique sinon le meilleur moyen de résister aux forces dissolvantes de la nature, causes de la violence de tous contre tous. Le deuxième est un argument qui milite pour une bonne coexistence du local et du global. Il consiste à dire que le recours à la raison pour bâtir les conditions d’une paix perpétuelle ne peut se réaliser pleinement que dans l’espèce et non dans l’individu ou un groupe sectaire replié sur lui-même.
L’enseignement de cette crise liée au nouveau Coronavirus est que pour être solidaires et efficaces, il nous faut distinguer deux ordres de réalités.
Il y a ce qui NE DÉPEND PAS DE NOUS : il existe un monde végétal et animal au sein duquel l’humain est un vivant au même titre que les virus et les bactéries. Il faut faire avec ce monde, le connaître par la recherche scientifique, respecter ses logiques d’existence et s’en protéger en cas de nécessité.
Et il y a CE QUI DÉPEND DE NOUS : repenser nos rapports avec ce monde et nos rapports entre nous, humains. Repenser l’usage de nos moyens matériels, culturels et sociaux en vue d’optimiser les possibilités de coopération entre toutes les nations pour prévenir les maladies et, en cas de crise, les gérer de manière efficace et efficiente.
Abdoulaye Elimane Kane est professeur des Universités à la retraite. Membre fondateur du Syndicat Autonome du Supérieur (SAES), il a milité successivement au Rassemblement Démocratique National dirigé alors par le ProfesseurCheikh Anta Diop, au Parti pour la Libération du Peuple et au Parti Socialiste. Il a occupé diverses fonctions académiques et administratives : chef du département de philosophie, inspecteur général de philosophie, ministre de la communication et ministre de la culture.
LES NOMINATIONS AU CONSEIL DES MINISTRES DU 19 OCTOBRE
SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 19 octobre 2022.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
• Monsieur Makhtar LAKH, Commissaire aux enquêtes économiques principal, est nommé Secrétaire général du Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
• Monsieur Maël THIAM, Expert en Marketing et Stratégies, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale des Eaux du Sénégal (SONES), en remplacement de Monsieur Mody SY ;
• Monsieur Mamadou Mory DIAW, Spécialiste en Développement territorial et en Santé, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), en remplacement de Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, Pharmacien, précédemment Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), est nommé Président du Conseil de Réglementation de l’Agence sénégalaise de Règlementation Pharmaceutique (ARP), poste vacant ;
• Monsieur Mamadou Mamour DIALLO, Inspecteur principal des Impôts et des Domaines est nommé Directeur général de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), en remplacement de Monsieur Ababakar MBAYE, appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur El Hadji Ousmane BARRO DIONE, Titulaire d’un master d’Etudes supérieures diplomatiques, précédemment Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, est nommé Directeur général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en remplacement de Monsieur Abdoulaye Koundoul ;
• Monsieur Mamadou WADE, Conseiller en planification, est nommé Inspecteur des Affaires administratives et financières au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
• Madame Coumba SOW, Juriste en service au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, est nommé Inspecteur technique au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération ;
• Monsieur Cheikh Ahmadou Bamba SARR, Titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances publiques, précédemment Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel, est nommé Directeur de l’Artisanat, en remplacement de Monsieur Moctar DIAKHATE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
• Monsieur Soulèye KANE, Inspecteur de Spécialité, est nommé Directeur de l’Apprentissage au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, en remplacement de Monsieur Ousmane Adama DIA appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur Cheikh DIOUF, Spécialiste en Gestion de la mobilité, des transports et de la logistique est nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
• Monsieur Ibrahima Sorry SARR, Planificateur, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
• Monsieur Amadou DIALLO, précédemment Directeur du Renouveau du Service public au Ministère de Fonction publique et du Renouveau du Service public, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion ;
• Monsieur Alioune Palla MBAYE, juriste, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, poste vacant ;
• Monsieur Ahmadou NDIAYE, Enseignant, est nommé Président du Conseil d’administration du Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, en remplacement de Madame Khadija SY ;
• Monsieur Abel Ngor MARONE, Titulaire d’un Doctorat ès lettres, est nommé Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano en remplacement de Monsieur El Hadji Ousmane BARRO Dione, appelé à d’autres fonctions ;
PAR CHANTAL ISMÉ
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LES LUEURS DE LA JUSTICE DANS LE PROCÈS DE L'ASSASSINAT DE SANKARA
Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés de ce procès d’importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara - ENTRETIEN
En pleine pandémie, alors que le monde semble retenir son souffle et que la Covid occupe toute la place médiatique, une démarche courageuse et tenace se poursuit pour obtenir justice pour la mort de Thomas Sankara, un symbole iconique. Elle débouche sur une victoire. Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés apprises de ce procès d’une grande importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara (CIJS) par le biais d’une entrevue.
Depuis 1997, le CIJS mène inlassablement une campagne pour contrer l’impunité, faire la lumière dans l’affaire Sankara et compagnons ainsi qu’obtenir justice. Quelle a été la genèse du dossier?
C’est en effet le plus long combat juridique dans le cas du meurtre d’un chef d’État et de ses collègues en Afrique, voire d’ailleurs dans le monde. La Campagne Internationale Justice pour Sankara est menée par le Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique.Le GRILA est né en 1984, en coïncidence avec la révolution du Burkina. Tous deux œuvraient pour concrétiser le rêve panafricain et un développement autocentré. À la suite à l’assassinat de Thomas Sankara et de ses camarades en 1987, le GRILA a réagi vivement et a organisé durant plus de trois décennies, tous les 15 octobre, des événements de commémoration dans toutes ses sections et ne manquant pas au fil des années une occasion pour rappeler l’œuvre de la révolution Sankariste et aider ses partisan.e.s.Pendant plus de 9 ans, le régime Compaoré n’a donné aucune explication sur la mort de Sankara et de ses camarades et a assassiné plusieurs autres de ses camarades et intimidé les opposant.e.s.
À l’été 1997, à quelques mois du délai de prescription décennale, des membres du GRILA Housseini Boly, Dominique Traoré et moi-même alertons le groupe sur l’imminence de la date du 15 octobre 1997 et du risque de voir s’éteindre les possibilités de recours judiciaires. La décision est prise de travailler différemment sur l’affaire Sankara. C’est dans ces circonstances que sa veuve Mariam Serme Sankara porte courageusement plainte contre X et faux en écriture juridique. L’avocat Dieudonnée Nkounkou de Montpellier et Bénéwendé Sankara enrôlent le cas et prennent sa défense. Le GRILA lance la campagne internationale contre l’impunité : Justice pour Sankara sous la forme d’un appel. L’appel est soutenu, entre autres, par la commission des droits de la personne, le réseau africain des droits de l’homme, la ligue togolaise des droits de l’Homme, l’Union interafricaine des droits de l’homme (Burkina), Amnesty International (Canada), Action chrétienne contre la torture, le CISO centre international de solidarité ouvrière, la coordination des jeunes des partis d’opposition (Sénégal) Organisation des jeunesses panafricaines (Sénégal), la CIMADE, FIDH, Survie (France), Club Thomas Sankara (Mali) Gruppo Mission (Italie) et endossé par des personnalités comme le Pr Jean Ziegler (Suisse), Pr Issa Ndiaye (Mali) le journaliste Jean Philippe Rapp, le politicien Edgar Pisani ( France) le Pr Vincent Coulibaly (Mali), M. Jean Carbonare (FIDH), Dr Buuba Diop ANAFA (Sénégal), Alioune Tine (RADDHO) Mme Coulibaly (Réseau Africain pour le développement intégré)… Des milliers de signatures tout le long des années ont soutenu notre travail, notamment lors de La caravane Sankara qui a sillonné plusieurs pays de trois continents en 2007.La Campagne Internationale Justice pour Sankara a été principalement articulée sur un collectif d’une vingtaine d’avocat.e.s. Ces avocat.e.s travaillent pro bono, c’est-à-dire bénévolement pour le bien public, le droit international et pour la solidarité internationaliste et panafricaine. Leur immense travail est déjà historique et leur contribution à la lutte contre l’impunité fait leur notoriété. L’odyssée de près d’un quart de siècle a été marquée hélas par le décès de certains, le départ d’autres, appelés à d’autres fonctions ou à d’autres causes, ou l’arrivée de nouveaux ou de nouvelles. La CIJS est reconnaissante du courage et de l’abnégation de ses collectifs dont les membres sont des modèles pour la profession. La mobilisation de la CIJS a contribué à garder vivantes la pensée et l’œuvre sankariste au Burkina et dans le monde.
La CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés, instrumentalisés par le régime françafrique, et a dû recourir au comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle y a marqué un précédent international contre l’impunité en 2006. Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime a permis l’organisation d’un nouveau procès. Il s’ouvre le 11 octobre 2021.
Quels sont les enjeux de ce procès?
Ils sont immenses. Symboliquement, l’Afrique est constellée de martyrs de nos indépendances assassinées en toute impunité, de Lumumba à Cabral. En réalité sur le banc des accusés est l’État compradore allié de l’impérialisme qui gangrène la plupart des régimes politiques africains. C’est-à-dire des régimes politiques qui ont accepté la subordination au mode néocolonial de croissance et qui fonctionnent par l’expropriation des masses, la prévarication des deniers publics et la perpétuation des structures de sous-développement. Le régime Compaoré qui a été chassé par l’insurrection populaire a été exfiltré par la France et abrité en Côte d’Ivoire. Avant de partir, ce régime a ruiné le pays, miné le terrain politique et économique, entre autres, en s’acoquinant à des cellules djihadistes qui commençaient à écumer la sous-région et en ayant des accointances avec les réseaux d’extractivité minière. Cela a mis en otage l’État de la transition qui a néanmoins rouvert le procès, et dans l’embarras de le poursuivre le régime Kaboré qui arrive au pouvoir. Pour la première fois, nous ne luttions plus contre l’État partie, mais ce dernier était devenu juge impartial. Notre objectif est de faire connaître la vérité, obtenir la justice et donner un coup de frein contre l’impunité qui caractérise toutes les exactions menées contre les dirigeants des forces démocratiques et populaires.
Vous venez, 25 années depuis le début de votre démarche, de faire un important gain. De quoi s’agit-il?
Ce jugement est le premier du genre dans l’histoire du continent, et marque d’ailleurs une jurisprudence dans l’histoire du droit. Durant la majeure partie de ces 25 années, les avocat.e.s de la CIJS ont essayé de faire entendre le droit contre l’État partie, et ensuite devant une cour du tribunal militaire. Ils et elles se sont toujours interposé.e.s contre l’impunité.
Grâce à la vaillante mobilisation populaire qui a chassé le régime Françafrique de Compaoré, le juge Yameogo a relancé la procédure, conformément au droit burkinabé et aux droits obtenus pour la veuve Sankara et ses enfants devant le comité des droits de l’Homme à l’ONU en 2006.
Du 6 mars 2015 au 7 octobre 2020, instructions et plaidoiries ont permis la réouverture du procès le 11 octobre 2021. Le procès a repris, disjoint de son volet international, puisque la France a tardé à fournir les documents déclassifiés, qu’elle va hélas finalement fournir de façon sélective et incomplète.
Ayant refusé notre requête de filmer et d’enregistrer pour la postérité ses audiences, la cour a néanmoins tenu, dans un lieu exceptionnellement réquisitionné, un procès qui fera date dans les annales de l’histoire juridique du Burkina Faso et de l’Afrique. La sérénité du procès a été perturbée un temps par un coup d’État qui a contribué à mettre en doute la légitimité constitutionnelle du processus. La continuité de l’État a permis de reprendre le procès, et en toute connaissance de cause, les plaidoiries des parties civiles et de la défense et des dizaines de témoins ainsi que les accusés auront été entendus. Des accusés ont été condamnés d’autres ont été acquittés, comme décrit dans la déclaration liminaire ci-jointe. De grands pans de la vérité sur l’assassinat du président Sankara et de ses camarades ont été dévoilés, malgré le mutisme et les dénégations de plusieurs accusés. Fuyants ou tapis, les derniers commanditaires et assassins ont vu publiquement dévoilés leurs subterfuges et ils répondent devant leur conscience et désormais devant l’histoire. Nous demandons à la Côte d’Ivoire et la France de livrer les coupables et de participer à l’élucidation et à la clôture de cette affaire. Le tribunal militaire a condamné BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi et DEME Djakalia à cinq (05) ans d’emprisonnement assortis du sursis chacun;
TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba à trois (03) ans d’emprisonnement ferme;
OUEDRAOGO Tibo et PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre à dix (10) ans d’emprisonnement ferme chacun;
ILBOUDO Yamba Elysée à onze (11) ans d’emprisonnement ferme;
SAWADOGO Idrissa et OUEDRAOGO Nabonssouindé à vingt (20) ans d’emprisonnement ferme chacun ;
COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun;
Il a prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques;
Il dit que le présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il décerne contre TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba, mandat de dépôt conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus, et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale.
Quels sont les obstacles auxquels vous avez dû faire face pour arriver à ce verdict?
Il y en a eu tellement qu’il serait fastidieux de les énumérer. Nous avons eu des intimidations, tentatives de corruption, menaces de mort, instrumentalisation des magistrats, arguties juridiques surréalistes, perversion du droit, intoxication, propagande médiatique, désinformation des cercles françafriques. Au niveau de l’ONU, la question de l’impunité jamais achevée avec les juges Guissé et Joinet et les limites juridiques au niveau du comité des droits l’homme ont restreint notre victoire à l’ONU qui est devenue une victoire à la Pyrrhus. Nous nous battons contre une hydre. Mais la résilience de nos militant.e.s et sympathisant.e.s, la pugnacité de nos avocat.e.s ont été plus grandes.
Ce gain aura-t-il des impacts sur des dossiers du même type?
Il y a beaucoup de dossiers pendants sur le continent et beaucoup de possibilités que notre jurisprudence permette une brèche dans l’impunité généralisée qui prévaut en effet.
Cette première manche gagnée au niveau national donne-t-elle espoir pour le volet externe (international) des responsabilités?
Elle effraye probablement les commanditaires et complices de cet assassinat. Les responsabilités sont éparses de la France aux États-Unis en passant par le Libéria, le Togo, la Côte d’Ivoire. Tous ces pays s’ils nous divulguaient leurs archives en la matière permettraient de résoudre l’énigme. Mais nous avons affaire à la raison d’État. Tôt ou tard la vérité manquante sera connue.
Quelles sont les chances de voir ce verdict respecté? Sinon, quels sont les leviers prévus?
Nous avons peu d’emprise sur la réalité politique de ces enjeux juridiques. En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 un coup d’État, alors que le pays est assailli par des hordes djihadistes. Le 24 janvier 2022, un Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception. Cela ne nous a pas rassuré.e.s.
Néanmoins le procès reprend et les principaux accusés sont condamnés le 6 avril suivant. Parmi eux le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.
Déjà durant le procès, des rumeurs de tractations avec Abidjan se confirmaient. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le nouveau régime.
C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue. La connivence entre l’actuel régime et l’ancien semble apparaître au grand jour derrière ces gesticulations de réconciliation et manœuvres d’amnistie.
Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, Blaise Compaoré demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice.La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que Justice soit faite. Depuis le 6 avril 2022, elle attend que le verdict rendu par des juges indépendants après un procès exemplaire soit exécuté. Il ne saurait y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect de la justice. Le mépris affiché et par le nouveau régime et par Blaise Compaoré pour le verdict du tribunal militaire, rendu au nom du peuple burkinabé, est choquant. Les velléités d’amnistie des nouvelles autorités, faisant écho aux caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabés ni par les panafricain.e.s du monde entier.
Le discours de réconciliation invoqué est factice. L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Dans la droite ligne du communiqué récent des avocat.e.s du collectif, la Campagne Internationale Justice pour Sankara considère inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.
Quelles sont les prochaines étapes pour le CIJS?
À notre niveau nous continuons de garder la pression et soutenir la famille dans sa démarche. Se profile bientôt la période de l’enterrement de toutes ces victimes qui ont été exhumées aux fins du procès. Il y a toute une bataille sur cette symbolique d’ailleurs. Nous veillerons par tous les moyens que le verdict qui a été prononcé soit respecté et exécuté.
Comment manifester sa solidarité à cette cause?
Les milieux progressistes nous soutiennent parfois, souvent plus par une tape dans le dos que le soutien matériel. Nous avons recouru récemment à une campagne de financement avec un concert et du matériel de promotion pour défrayer le coût des déplacements des avocat.e.s et leur logistique. Nous n’avons guère eu d’appuis matériels durant ces années et avons quasi exclusivement assumé les charges. Ça en dit beaucoup sur la solidarité plutôt verbale dans nos milieux, mais c’est mieux que rien. Mais si des gens veulent nous assister nous sommes reconnaissant.e.s et ils/elles peuvent nous soutenir ici. https://cijs-icjs.net/fr/supportcijs/
Un dernier mot, message?
La CIJS est reconnaissante de toute la mobilisation panafricaine et internationaliste qui l’a assistée depuis 25 ans. Elle salue la mémoire des victimes et de tous ceux et celles qui ont payé de leur vie et donné leur sang pour que ce jour advienne enfin. La CIJS salue la pugnacité et le courage de Mariam Sankara, la dignité de sa famille et l’inlassable travail conduit par 3 équipes d’avocat-es durant ces 25 ans. Elle en appelle à la vigilance et à la fermeté pour le respect de la justice et l’incarcération des coupables ainsi qu’à une investigation du complot international. La CIJS salue la mobilisation des panafricain.e.s et des internationalistes qui l’ont soutenue pour aboutir à cette victoire qui n’est pas que la nôtre. La CIJS souhaite que la paix et la sérénité prévalent maintenant que des coupables sont condamnés et escompte que le peuple du Burkina, confronté au djihadisme et à la déstabilisation, mieux réconcilié avec lui-même, recouvre sa souveraineté et l’élan qui lui fait mériter son titre de patrie des humains intègres.
PAR Charles Faye ET Libasse Ka
LA CAN 2025, UNE FINALE POUR MACKY SALL
La décision de la CAF de retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2025 à la Guinée peut et doit être saisie par le Sénégal qui tient là une belle occasion d’atteindre d’un tir plusieurs buts de son projet d’émergence
Maderpost |
Charles Faye et Libasse Ka |
Publication 19/10/2022
La décision de la Confédération africaine de football (CAF) de retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 à la Guinée peut et doit être saisie par le Sénégal qui tient là une belle occasion d’atteindre d’un tir plusieurs buts de son projet d’émergence s’il fait du Qatar un partenaire stratégique pour la réalisation de ses projets aux effets structurants sur le territoire et pour Sénégal 2025.
La décision est tombée, ne surprenant personne en vérité, tant tout indiquait que la messe était dite et que le Sud-Africain Patrice Motsepe, président de l’instance confédérale n’attendait qu’une faute guinéenne pour rectifier le tir. Le colonel Mamadi Doumbouya, homme fort de la Guinée lui donnera l’occasion en refusant net de différer la CAN en 2026. Tant pis pour la Guinée, tant mieux pour le prochain organisateur et certainement plus pour le Sénégal, s’il décidait d’entrer dans la danse en conjuguant la CAN 2025 avec ses projets d’émergence qui peuvent effectivement être boostés et, par voie de conséquence, accélérer le processus de développement.
De notre point de vue, ce ne sont pas les opportunités qui manquent ainsi que les moyens de frapper un grand coup. Mais pour ce faire, il faudra que le Sénégal apporte un soutien diplomatique au Qatar qui passe actuellement une mauvaise passe internationale. En retour, le Qatar soutiendrait le Sénégal dans l’organisation de la CAN 2025 ainsi que ses projets d’émergence. Il s’agit pour nous d’un clin d’œil politique qui raffermirait davantage la coopération bilatérale voire faire du Sénégal une tête de pont du Qatar en Afrique.
Soutenir le Qatar et son Mondial
Soutenir ouvertement le Qatar au moment où des anciens footballeurs et voix autorisées occidentales invitent au boycott de la 22ème édition au Qatar serait fort bien apprécié au Qatar au bénéfice du Sénégal. Ne serait-il pas impertinent de pousser plus loin la réflexion !
Pris à partie par des places fortes du football qui trouvent que la FIFA a posé un « problème de conscience à ses passionnés » qui vont devoir suivre pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde un tournoi disputé en novembre et décembre (18/11 au 20/12) « afin d’échapper aux températures estivales extrêmes de l’Émirat », le Qatar, pays « sans tradition footballistique » qui a vu tomber sur lui une pluie de procédures judiciaires internationales pour… corruption, est d’autant plus pointé du doigt que le bilan macabre des chantiers parle de 1000 morts pour la construction de sept nouveaux stades climatisés de 40 000 et 80 000 places « dans une agglomération de 800 000 âmes ». Stades dont certains démontables que beaucoup redoutent de voir vides au Mondial qatari.
Esseulé, le Qatar attend le soutien de « pays amis » dont le Sénégal qui sera sur ses terres pour justement y disputer le Mondial dans le groupe A avec les Pays-Bas, l’Équateur et le pays hôte. Reste à voir comment le Sénégal pourra manifester son soutien et quelle en sera la matérialisation. C’est une question d’intérêt qui demande une prise de position affirmée à l’international, ayant bien entendu des avantages et des inconvénients. Mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Face au totem du boycott exprimé par beaucoup de places, le Sénégal doit dire sa solidarité au Qatar.
Les avantages se situent à plusieurs niveaux. Des stades démontables aux finances en passant par l’érection de nouveaux pôles de croissance. Ce ne sont ni les opportunités qui ne manquent ni des réponses aux demandes.
Bénéficier des stades démontables
Construire 7 nouveaux stades dont certains démontables dans un pays de 11 586 km² avec une population d’à peine 2 450 000 habitants n’ayant pas une tradition footballistique comme le soutient-on un peu partout, est une aubaine pour tous ceux qui liront entre les lignes l’offre mirobolante de ce pays riche. Ce n’est pas demain la veille que ces stades seront remplis tous les vendredis au Qatar et ce n’est pas aussi impossible qu’ils n’aient été construits que dans le cadre d’une communication séquentielle de l’Emirat.
A moins que leur construction ouvre de nouvelles perspectives au monde proche des valeurs qataries, voire de l’Islam. Ce qui voudrait dire que Qatar préparerait l’après pétrole en se projetant dans une prospective sportive et touristique haut de gamme. Mais tel pourrait ne pas être le cas, et cela est à savoir.
Bénéficier des stades démontables qataris serait bien plus rapide que d’en construire par exemple à Saint-Louis, destination prochaine de plusieurs spécialistes du pétrole, banquiers, assureurs, travailleurs et autres entrepreneurs, ou encore Kaolack (première région à avoir abrité un match international en 1975), centre du pays dans l’attente de l’achèvement de l’autoroute à péage, ou encore Ziguinchor et ses promesses touristiques. Cet axe Nord-Centre-Sud constituant la colonne vertébrale du football sénégalais s’avère par ailleurs la pierre angulaire d’un développement axial à grand rendement national. Dans la mesure où ces stades ne constituent pas les seuls objets de la demande sénégalaise au Qatar. Ils intègrent un projet global allant de l’organisation de la CAN 2025 à l’émergence accélérée.
Les autoroutes, hôtels, ponts aériens et hôpitaux de la CAN 2025
Installer des groupes de la CAN 2025 à Saint-Louis, Kaolack et Ziguinchor, c’est accélérer, avec le soutien du Qatar, la réalisation des infrastructures routières (Dakar- Saint-Louis, Dakar-Kaolack), accroitre les recettes au péage, augmenter l’assiette fiscale et les investissements publics. En plus des autoroutes de la CAN 2025, les corridors aériens peuvent être mis à profit par AIR SENEGAL dans le cadre d’un partenariat avec QATAR AIRWAYS pour la destination ziguinchoroise, voire au-delà (Qatar Airways dessert 160 destinations dans le monde avec Doha comme hub, la pointe occidentale africaine serait une réelle opportunité). Le partenariat aérien est d’autant plus intéressant qu’il desservirait à des prix compétitifs la sous-région et assurerait plus rapidement les accès aux réceptifs hôteliers sur lesquels est aussi attendu le Qatar, voire les Turcs, dans le cadre de la construction d’hôtels 3 ou 4 étoiles avec un potentiel de 500 lits par unité ville, soit en deux ans la création de 2000 lits pour le tourisme sénégalais.
L’organisation de la CAN 2025 avec de telles infrastructures routières, aéroportuaires, hôtelières offrirait au Sénégal une belle carte d’accueil et de visite quand bien même il appartiendrait au génie créateur local des trois régions d’offrir des contenus culturels de belle facture, prisée par la demande africaine, voire internationale.
A ces infrastructures, s’ajoutent celles hospitalières, à Saint-Louis, Kaolack et Ziguinchor. Comme pour les précédentes réalisations, il est attendu du partenaire qatari qu’il finance ces hôpitaux de stade 3 voire 4. La construction ou le réaménagement de plateaux médicaux dans ces trois régions aura un impact dans l’immédiat et constituera à terme des offres pour le tourisme médical régional.
Enfin, faire de Dakar une métropole internationale
Bénéficiant d’infrastructures routières, ferroviaires, sportives de haut vol, de dispositifs sanitaires, d’unités de secours, de réceptifs hôteliers, etc., Dakar, au même titre que les autres régions, pourrait profiter de la CAN 2025 pour exécuter à pas de charge les orientations contenues dans le Plan national d’aménagement et de Développement territorial (PNAD, horizon 2035) pour s’ériger enfin en métropole internationale.
Le processus s’accélérerait au grand bénéfice de Pikine pour lequel un Plan spécial d’aménagement et de Développement a été décliné. Faut-il rappeler que le Président Macky Sall avait instruit au ministre chargé des Collectivités territoriales, le 9 mars 2022 lors du Conseil des ministres, de lui proposer dans les meilleurs délais ledit plan pour le département de Pikine.
On peut en dire de même pour Keur Massar, dernier département érigé en date et pour le Plan d’urgence de modernisation de l’Arrondissement Dakar-Plateau (PUMA/DP). Guédiawaye et sa belle plage ne sera pas en reste tout comme le Central Business District (CBD) de Dakar qu’il est question de déplacer pour un désengorgement de la capitale. Ce qui passera par la fonctionnalité urbaine essentielle, c’est-à-dire les infrastructures de transports TER et du BRT en cours de matérialisation, mais aussi des unités de sécurité et de secours (commissariats et casernes sapeurs-pompiers).
En d’autres termes, il s’agira de renforcer l’attractivité du Triangle Dakar-Thiès-Mbour dont l’une des ressources territoriales majeures (créée) est l’aéroport international Blaise Diagne de Diass.
Le même modèle sera reproduit court terme à Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor avant de se généraliser dans les régions et villes à forte densité humaine, demande sociale et donc offre économique. Pour finir, il peut aussi être attendu du Qatar un soutien financier consistant à l’appui à l’émergence.
Les Etats n’ont pas d’amis mais seulement des intérêts, à nous de défendre les nôtres au bénéfice de notre développement.