SenePlus publie ci-dessous, les nominations prononcées au Conseil des ministres du 19 octobre 2022.
AU TITRE DES MESURES INDIVIDUELLES
Le Président de la République a pris les décisions suivantes :
• Monsieur Makhtar LAKH, Commissaire aux enquêtes économiques principal, est nommé Secrétaire général du Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
• Monsieur Maël THIAM, Expert en Marketing et Stratégies, est nommé Président du Conseil d’Administration de la Société nationale des Eaux du Sénégal (SONES), en remplacement de Monsieur Mody SY ;
• Monsieur Mamadou Mory DIAW, Spécialiste en Développement territorial et en Santé, est nommé Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), en remplacement de Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur Sylvain Alphonse BOYER, Pharmacien, précédemment Président du Conseil de Surveillance de l’Agence des Travaux et de Gestion des Routes (AGEROUTE Sénégal), est nommé Président du Conseil de Réglementation de l’Agence sénégalaise de Règlementation Pharmaceutique (ARP), poste vacant ;
• Monsieur Mamadou Mamour DIALLO, Inspecteur principal des Impôts et des Domaines est nommé Directeur général de l’Office national de l’Assainissement du Sénégal (ONAS), en remplacement de Monsieur Ababakar MBAYE, appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur El Hadji Ousmane BARRO DIONE, Titulaire d’un master d’Etudes supérieures diplomatiques, précédemment Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, est nommé Directeur général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano, en remplacement de Monsieur Abdoulaye Koundoul ;
• Monsieur Mamadou WADE, Conseiller en planification, est nommé Inspecteur des Affaires administratives et financières au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
• Madame Coumba SOW, Juriste en service au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération, est nommé Inspecteur technique au Ministère de l’Economie, du Plan et de la Coopération ;
• Monsieur Cheikh Ahmadou Bamba SARR, Titulaire d’un Master 2 en Gestion et Finances publiques, précédemment Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel, est nommé Directeur de l’Artisanat, en remplacement de Monsieur Moctar DIAKHATE, admis à faire valoir ses droits à une pension de retraite.
• Monsieur Soulèye KANE, Inspecteur de Spécialité, est nommé Directeur de l’Apprentissage au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion, en remplacement de Monsieur Ousmane Adama DIA appelé à d’autres fonctions ;
• Monsieur Cheikh DIOUF, Spécialiste en Gestion de la mobilité, des transports et de la logistique est nommé Directeur des Infrastructures aéroportuaires au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires, poste vacant ;
• Monsieur Ibrahima Sorry SARR, Planificateur, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère des Transports aériens et du Développement des Infrastructures aéroportuaires ;
• Monsieur Amadou DIALLO, précédemment Directeur du Renouveau du Service public au Ministère de Fonction publique et du Renouveau du Service public, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Insertion ;
• Monsieur Alioune Palla MBAYE, juriste, est nommé Directeur de l’Administration générale et de l’Equipement au Ministère de la Culture et du Patrimoine historique, poste vacant ;
• Monsieur Ahmadou NDIAYE, Enseignant, est nommé Président du Conseil d’administration du Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, en remplacement de Madame Khadija SY ;
• Monsieur Abel Ngor MARONE, Titulaire d’un Doctorat ès lettres, est nommé Secrétaire général de la Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano en remplacement de Monsieur El Hadji Ousmane BARRO Dione, appelé à d’autres fonctions ;
PAR CHANTAL ISMÉ
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LES LUEURS DE LA JUSTICE DANS LE PROCÈS DE L'ASSASSINAT DE SANKARA
Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés de ce procès d’importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara - ENTRETIEN
En pleine pandémie, alors que le monde semble retenir son souffle et que la Covid occupe toute la place médiatique, une démarche courageuse et tenace se poursuit pour obtenir justice pour la mort de Thomas Sankara, un symbole iconique. Elle débouche sur une victoire. Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés apprises de ce procès d’une grande importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara (CIJS) par le biais d’une entrevue.
Depuis 1997, le CIJS mène inlassablement une campagne pour contrer l’impunité, faire la lumière dans l’affaire Sankara et compagnons ainsi qu’obtenir justice. Quelle a été la genèse du dossier?
C’est en effet le plus long combat juridique dans le cas du meurtre d’un chef d’État et de ses collègues en Afrique, voire d’ailleurs dans le monde. La Campagne Internationale Justice pour Sankara est menée par le Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique.Le GRILA est né en 1984, en coïncidence avec la révolution du Burkina. Tous deux œuvraient pour concrétiser le rêve panafricain et un développement autocentré. À la suite à l’assassinat de Thomas Sankara et de ses camarades en 1987, le GRILA a réagi vivement et a organisé durant plus de trois décennies, tous les 15 octobre, des événements de commémoration dans toutes ses sections et ne manquant pas au fil des années une occasion pour rappeler l’œuvre de la révolution Sankariste et aider ses partisan.e.s.Pendant plus de 9 ans, le régime Compaoré n’a donné aucune explication sur la mort de Sankara et de ses camarades et a assassiné plusieurs autres de ses camarades et intimidé les opposant.e.s.
À l’été 1997, à quelques mois du délai de prescription décennale, des membres du GRILA Housseini Boly, Dominique Traoré et moi-même alertons le groupe sur l’imminence de la date du 15 octobre 1997 et du risque de voir s’éteindre les possibilités de recours judiciaires. La décision est prise de travailler différemment sur l’affaire Sankara. C’est dans ces circonstances que sa veuve Mariam Serme Sankara porte courageusement plainte contre X et faux en écriture juridique. L’avocat Dieudonnée Nkounkou de Montpellier et Bénéwendé Sankara enrôlent le cas et prennent sa défense. Le GRILA lance la campagne internationale contre l’impunité : Justice pour Sankara sous la forme d’un appel. L’appel est soutenu, entre autres, par la commission des droits de la personne, le réseau africain des droits de l’homme, la ligue togolaise des droits de l’Homme, l’Union interafricaine des droits de l’homme (Burkina), Amnesty International (Canada), Action chrétienne contre la torture, le CISO centre international de solidarité ouvrière, la coordination des jeunes des partis d’opposition (Sénégal) Organisation des jeunesses panafricaines (Sénégal), la CIMADE, FIDH, Survie (France), Club Thomas Sankara (Mali) Gruppo Mission (Italie) et endossé par des personnalités comme le Pr Jean Ziegler (Suisse), Pr Issa Ndiaye (Mali) le journaliste Jean Philippe Rapp, le politicien Edgar Pisani ( France) le Pr Vincent Coulibaly (Mali), M. Jean Carbonare (FIDH), Dr Buuba Diop ANAFA (Sénégal), Alioune Tine (RADDHO) Mme Coulibaly (Réseau Africain pour le développement intégré)… Des milliers de signatures tout le long des années ont soutenu notre travail, notamment lors de La caravane Sankara qui a sillonné plusieurs pays de trois continents en 2007.La Campagne Internationale Justice pour Sankara a été principalement articulée sur un collectif d’une vingtaine d’avocat.e.s. Ces avocat.e.s travaillent pro bono, c’est-à-dire bénévolement pour le bien public, le droit international et pour la solidarité internationaliste et panafricaine. Leur immense travail est déjà historique et leur contribution à la lutte contre l’impunité fait leur notoriété. L’odyssée de près d’un quart de siècle a été marquée hélas par le décès de certains, le départ d’autres, appelés à d’autres fonctions ou à d’autres causes, ou l’arrivée de nouveaux ou de nouvelles. La CIJS est reconnaissante du courage et de l’abnégation de ses collectifs dont les membres sont des modèles pour la profession. La mobilisation de la CIJS a contribué à garder vivantes la pensée et l’œuvre sankariste au Burkina et dans le monde.
La CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés, instrumentalisés par le régime françafrique, et a dû recourir au comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle y a marqué un précédent international contre l’impunité en 2006. Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime a permis l’organisation d’un nouveau procès. Il s’ouvre le 11 octobre 2021.
Quels sont les enjeux de ce procès?
Ils sont immenses. Symboliquement, l’Afrique est constellée de martyrs de nos indépendances assassinées en toute impunité, de Lumumba à Cabral. En réalité sur le banc des accusés est l’État compradore allié de l’impérialisme qui gangrène la plupart des régimes politiques africains. C’est-à-dire des régimes politiques qui ont accepté la subordination au mode néocolonial de croissance et qui fonctionnent par l’expropriation des masses, la prévarication des deniers publics et la perpétuation des structures de sous-développement. Le régime Compaoré qui a été chassé par l’insurrection populaire a été exfiltré par la France et abrité en Côte d’Ivoire. Avant de partir, ce régime a ruiné le pays, miné le terrain politique et économique, entre autres, en s’acoquinant à des cellules djihadistes qui commençaient à écumer la sous-région et en ayant des accointances avec les réseaux d’extractivité minière. Cela a mis en otage l’État de la transition qui a néanmoins rouvert le procès, et dans l’embarras de le poursuivre le régime Kaboré qui arrive au pouvoir. Pour la première fois, nous ne luttions plus contre l’État partie, mais ce dernier était devenu juge impartial. Notre objectif est de faire connaître la vérité, obtenir la justice et donner un coup de frein contre l’impunité qui caractérise toutes les exactions menées contre les dirigeants des forces démocratiques et populaires.
Vous venez, 25 années depuis le début de votre démarche, de faire un important gain. De quoi s’agit-il?
Ce jugement est le premier du genre dans l’histoire du continent, et marque d’ailleurs une jurisprudence dans l’histoire du droit. Durant la majeure partie de ces 25 années, les avocat.e.s de la CIJS ont essayé de faire entendre le droit contre l’État partie, et ensuite devant une cour du tribunal militaire. Ils et elles se sont toujours interposé.e.s contre l’impunité.
Grâce à la vaillante mobilisation populaire qui a chassé le régime Françafrique de Compaoré, le juge Yameogo a relancé la procédure, conformément au droit burkinabé et aux droits obtenus pour la veuve Sankara et ses enfants devant le comité des droits de l’Homme à l’ONU en 2006.
Du 6 mars 2015 au 7 octobre 2020, instructions et plaidoiries ont permis la réouverture du procès le 11 octobre 2021. Le procès a repris, disjoint de son volet international, puisque la France a tardé à fournir les documents déclassifiés, qu’elle va hélas finalement fournir de façon sélective et incomplète.
Ayant refusé notre requête de filmer et d’enregistrer pour la postérité ses audiences, la cour a néanmoins tenu, dans un lieu exceptionnellement réquisitionné, un procès qui fera date dans les annales de l’histoire juridique du Burkina Faso et de l’Afrique. La sérénité du procès a été perturbée un temps par un coup d’État qui a contribué à mettre en doute la légitimité constitutionnelle du processus. La continuité de l’État a permis de reprendre le procès, et en toute connaissance de cause, les plaidoiries des parties civiles et de la défense et des dizaines de témoins ainsi que les accusés auront été entendus. Des accusés ont été condamnés d’autres ont été acquittés, comme décrit dans la déclaration liminaire ci-jointe. De grands pans de la vérité sur l’assassinat du président Sankara et de ses camarades ont été dévoilés, malgré le mutisme et les dénégations de plusieurs accusés. Fuyants ou tapis, les derniers commanditaires et assassins ont vu publiquement dévoilés leurs subterfuges et ils répondent devant leur conscience et désormais devant l’histoire. Nous demandons à la Côte d’Ivoire et la France de livrer les coupables et de participer à l’élucidation et à la clôture de cette affaire. Le tribunal militaire a condamné BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi et DEME Djakalia à cinq (05) ans d’emprisonnement assortis du sursis chacun;
TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba à trois (03) ans d’emprisonnement ferme;
OUEDRAOGO Tibo et PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre à dix (10) ans d’emprisonnement ferme chacun;
ILBOUDO Yamba Elysée à onze (11) ans d’emprisonnement ferme;
SAWADOGO Idrissa et OUEDRAOGO Nabonssouindé à vingt (20) ans d’emprisonnement ferme chacun ;
COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun;
Il a prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques;
Il dit que le présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il décerne contre TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba, mandat de dépôt conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus, et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale.
Quels sont les obstacles auxquels vous avez dû faire face pour arriver à ce verdict?
Il y en a eu tellement qu’il serait fastidieux de les énumérer. Nous avons eu des intimidations, tentatives de corruption, menaces de mort, instrumentalisation des magistrats, arguties juridiques surréalistes, perversion du droit, intoxication, propagande médiatique, désinformation des cercles françafriques. Au niveau de l’ONU, la question de l’impunité jamais achevée avec les juges Guissé et Joinet et les limites juridiques au niveau du comité des droits l’homme ont restreint notre victoire à l’ONU qui est devenue une victoire à la Pyrrhus. Nous nous battons contre une hydre. Mais la résilience de nos militant.e.s et sympathisant.e.s, la pugnacité de nos avocat.e.s ont été plus grandes.
Ce gain aura-t-il des impacts sur des dossiers du même type?
Il y a beaucoup de dossiers pendants sur le continent et beaucoup de possibilités que notre jurisprudence permette une brèche dans l’impunité généralisée qui prévaut en effet.
Cette première manche gagnée au niveau national donne-t-elle espoir pour le volet externe (international) des responsabilités?
Elle effraye probablement les commanditaires et complices de cet assassinat. Les responsabilités sont éparses de la France aux États-Unis en passant par le Libéria, le Togo, la Côte d’Ivoire. Tous ces pays s’ils nous divulguaient leurs archives en la matière permettraient de résoudre l’énigme. Mais nous avons affaire à la raison d’État. Tôt ou tard la vérité manquante sera connue.
Quelles sont les chances de voir ce verdict respecté? Sinon, quels sont les leviers prévus?
Nous avons peu d’emprise sur la réalité politique de ces enjeux juridiques. En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 un coup d’État, alors que le pays est assailli par des hordes djihadistes. Le 24 janvier 2022, un Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception. Cela ne nous a pas rassuré.e.s.
Néanmoins le procès reprend et les principaux accusés sont condamnés le 6 avril suivant. Parmi eux le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.
Déjà durant le procès, des rumeurs de tractations avec Abidjan se confirmaient. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le nouveau régime.
C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue. La connivence entre l’actuel régime et l’ancien semble apparaître au grand jour derrière ces gesticulations de réconciliation et manœuvres d’amnistie.
Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, Blaise Compaoré demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice.La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que Justice soit faite. Depuis le 6 avril 2022, elle attend que le verdict rendu par des juges indépendants après un procès exemplaire soit exécuté. Il ne saurait y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect de la justice. Le mépris affiché et par le nouveau régime et par Blaise Compaoré pour le verdict du tribunal militaire, rendu au nom du peuple burkinabé, est choquant. Les velléités d’amnistie des nouvelles autorités, faisant écho aux caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabés ni par les panafricain.e.s du monde entier.
Le discours de réconciliation invoqué est factice. L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Dans la droite ligne du communiqué récent des avocat.e.s du collectif, la Campagne Internationale Justice pour Sankara considère inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.
Quelles sont les prochaines étapes pour le CIJS?
À notre niveau nous continuons de garder la pression et soutenir la famille dans sa démarche. Se profile bientôt la période de l’enterrement de toutes ces victimes qui ont été exhumées aux fins du procès. Il y a toute une bataille sur cette symbolique d’ailleurs. Nous veillerons par tous les moyens que le verdict qui a été prononcé soit respecté et exécuté.
Comment manifester sa solidarité à cette cause?
Les milieux progressistes nous soutiennent parfois, souvent plus par une tape dans le dos que le soutien matériel. Nous avons recouru récemment à une campagne de financement avec un concert et du matériel de promotion pour défrayer le coût des déplacements des avocat.e.s et leur logistique. Nous n’avons guère eu d’appuis matériels durant ces années et avons quasi exclusivement assumé les charges. Ça en dit beaucoup sur la solidarité plutôt verbale dans nos milieux, mais c’est mieux que rien. Mais si des gens veulent nous assister nous sommes reconnaissant.e.s et ils/elles peuvent nous soutenir ici. https://cijs-icjs.net/fr/supportcijs/
Un dernier mot, message?
La CIJS est reconnaissante de toute la mobilisation panafricaine et internationaliste qui l’a assistée depuis 25 ans. Elle salue la mémoire des victimes et de tous ceux et celles qui ont payé de leur vie et donné leur sang pour que ce jour advienne enfin. La CIJS salue la pugnacité et le courage de Mariam Sankara, la dignité de sa famille et l’inlassable travail conduit par 3 équipes d’avocat-es durant ces 25 ans. Elle en appelle à la vigilance et à la fermeté pour le respect de la justice et l’incarcération des coupables ainsi qu’à une investigation du complot international. La CIJS salue la mobilisation des panafricain.e.s et des internationalistes qui l’ont soutenue pour aboutir à cette victoire qui n’est pas que la nôtre. La CIJS souhaite que la paix et la sérénité prévalent maintenant que des coupables sont condamnés et escompte que le peuple du Burkina, confronté au djihadisme et à la déstabilisation, mieux réconcilié avec lui-même, recouvre sa souveraineté et l’élan qui lui fait mériter son titre de patrie des humains intègres.
PAR Charles Faye ET Libasse Ka
LA CAN 2025, UNE FINALE POUR MACKY SALL
La décision de la CAF de retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations 2025 à la Guinée peut et doit être saisie par le Sénégal qui tient là une belle occasion d’atteindre d’un tir plusieurs buts de son projet d’émergence
Maderpost |
Charles Faye et Libasse Ka |
Publication 19/10/2022
La décision de la Confédération africaine de football (CAF) de retirer l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 à la Guinée peut et doit être saisie par le Sénégal qui tient là une belle occasion d’atteindre d’un tir plusieurs buts de son projet d’émergence s’il fait du Qatar un partenaire stratégique pour la réalisation de ses projets aux effets structurants sur le territoire et pour Sénégal 2025.
La décision est tombée, ne surprenant personne en vérité, tant tout indiquait que la messe était dite et que le Sud-Africain Patrice Motsepe, président de l’instance confédérale n’attendait qu’une faute guinéenne pour rectifier le tir. Le colonel Mamadi Doumbouya, homme fort de la Guinée lui donnera l’occasion en refusant net de différer la CAN en 2026. Tant pis pour la Guinée, tant mieux pour le prochain organisateur et certainement plus pour le Sénégal, s’il décidait d’entrer dans la danse en conjuguant la CAN 2025 avec ses projets d’émergence qui peuvent effectivement être boostés et, par voie de conséquence, accélérer le processus de développement.
De notre point de vue, ce ne sont pas les opportunités qui manquent ainsi que les moyens de frapper un grand coup. Mais pour ce faire, il faudra que le Sénégal apporte un soutien diplomatique au Qatar qui passe actuellement une mauvaise passe internationale. En retour, le Qatar soutiendrait le Sénégal dans l’organisation de la CAN 2025 ainsi que ses projets d’émergence. Il s’agit pour nous d’un clin d’œil politique qui raffermirait davantage la coopération bilatérale voire faire du Sénégal une tête de pont du Qatar en Afrique.
Soutenir le Qatar et son Mondial
Soutenir ouvertement le Qatar au moment où des anciens footballeurs et voix autorisées occidentales invitent au boycott de la 22ème édition au Qatar serait fort bien apprécié au Qatar au bénéfice du Sénégal. Ne serait-il pas impertinent de pousser plus loin la réflexion !
Pris à partie par des places fortes du football qui trouvent que la FIFA a posé un « problème de conscience à ses passionnés » qui vont devoir suivre pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde un tournoi disputé en novembre et décembre (18/11 au 20/12) « afin d’échapper aux températures estivales extrêmes de l’Émirat », le Qatar, pays « sans tradition footballistique » qui a vu tomber sur lui une pluie de procédures judiciaires internationales pour… corruption, est d’autant plus pointé du doigt que le bilan macabre des chantiers parle de 1000 morts pour la construction de sept nouveaux stades climatisés de 40 000 et 80 000 places « dans une agglomération de 800 000 âmes ». Stades dont certains démontables que beaucoup redoutent de voir vides au Mondial qatari.
Esseulé, le Qatar attend le soutien de « pays amis » dont le Sénégal qui sera sur ses terres pour justement y disputer le Mondial dans le groupe A avec les Pays-Bas, l’Équateur et le pays hôte. Reste à voir comment le Sénégal pourra manifester son soutien et quelle en sera la matérialisation. C’est une question d’intérêt qui demande une prise de position affirmée à l’international, ayant bien entendu des avantages et des inconvénients. Mais on ne fait pas d’omelette sans casser des œufs. Face au totem du boycott exprimé par beaucoup de places, le Sénégal doit dire sa solidarité au Qatar.
Les avantages se situent à plusieurs niveaux. Des stades démontables aux finances en passant par l’érection de nouveaux pôles de croissance. Ce ne sont ni les opportunités qui ne manquent ni des réponses aux demandes.
Bénéficier des stades démontables
Construire 7 nouveaux stades dont certains démontables dans un pays de 11 586 km² avec une population d’à peine 2 450 000 habitants n’ayant pas une tradition footballistique comme le soutient-on un peu partout, est une aubaine pour tous ceux qui liront entre les lignes l’offre mirobolante de ce pays riche. Ce n’est pas demain la veille que ces stades seront remplis tous les vendredis au Qatar et ce n’est pas aussi impossible qu’ils n’aient été construits que dans le cadre d’une communication séquentielle de l’Emirat.
A moins que leur construction ouvre de nouvelles perspectives au monde proche des valeurs qataries, voire de l’Islam. Ce qui voudrait dire que Qatar préparerait l’après pétrole en se projetant dans une prospective sportive et touristique haut de gamme. Mais tel pourrait ne pas être le cas, et cela est à savoir.
Bénéficier des stades démontables qataris serait bien plus rapide que d’en construire par exemple à Saint-Louis, destination prochaine de plusieurs spécialistes du pétrole, banquiers, assureurs, travailleurs et autres entrepreneurs, ou encore Kaolack (première région à avoir abrité un match international en 1975), centre du pays dans l’attente de l’achèvement de l’autoroute à péage, ou encore Ziguinchor et ses promesses touristiques. Cet axe Nord-Centre-Sud constituant la colonne vertébrale du football sénégalais s’avère par ailleurs la pierre angulaire d’un développement axial à grand rendement national. Dans la mesure où ces stades ne constituent pas les seuls objets de la demande sénégalaise au Qatar. Ils intègrent un projet global allant de l’organisation de la CAN 2025 à l’émergence accélérée.
Les autoroutes, hôtels, ponts aériens et hôpitaux de la CAN 2025
Installer des groupes de la CAN 2025 à Saint-Louis, Kaolack et Ziguinchor, c’est accélérer, avec le soutien du Qatar, la réalisation des infrastructures routières (Dakar- Saint-Louis, Dakar-Kaolack), accroitre les recettes au péage, augmenter l’assiette fiscale et les investissements publics. En plus des autoroutes de la CAN 2025, les corridors aériens peuvent être mis à profit par AIR SENEGAL dans le cadre d’un partenariat avec QATAR AIRWAYS pour la destination ziguinchoroise, voire au-delà (Qatar Airways dessert 160 destinations dans le monde avec Doha comme hub, la pointe occidentale africaine serait une réelle opportunité). Le partenariat aérien est d’autant plus intéressant qu’il desservirait à des prix compétitifs la sous-région et assurerait plus rapidement les accès aux réceptifs hôteliers sur lesquels est aussi attendu le Qatar, voire les Turcs, dans le cadre de la construction d’hôtels 3 ou 4 étoiles avec un potentiel de 500 lits par unité ville, soit en deux ans la création de 2000 lits pour le tourisme sénégalais.
L’organisation de la CAN 2025 avec de telles infrastructures routières, aéroportuaires, hôtelières offrirait au Sénégal une belle carte d’accueil et de visite quand bien même il appartiendrait au génie créateur local des trois régions d’offrir des contenus culturels de belle facture, prisée par la demande africaine, voire internationale.
A ces infrastructures, s’ajoutent celles hospitalières, à Saint-Louis, Kaolack et Ziguinchor. Comme pour les précédentes réalisations, il est attendu du partenaire qatari qu’il finance ces hôpitaux de stade 3 voire 4. La construction ou le réaménagement de plateaux médicaux dans ces trois régions aura un impact dans l’immédiat et constituera à terme des offres pour le tourisme médical régional.
Enfin, faire de Dakar une métropole internationale
Bénéficiant d’infrastructures routières, ferroviaires, sportives de haut vol, de dispositifs sanitaires, d’unités de secours, de réceptifs hôteliers, etc., Dakar, au même titre que les autres régions, pourrait profiter de la CAN 2025 pour exécuter à pas de charge les orientations contenues dans le Plan national d’aménagement et de Développement territorial (PNAD, horizon 2035) pour s’ériger enfin en métropole internationale.
Le processus s’accélérerait au grand bénéfice de Pikine pour lequel un Plan spécial d’aménagement et de Développement a été décliné. Faut-il rappeler que le Président Macky Sall avait instruit au ministre chargé des Collectivités territoriales, le 9 mars 2022 lors du Conseil des ministres, de lui proposer dans les meilleurs délais ledit plan pour le département de Pikine.
On peut en dire de même pour Keur Massar, dernier département érigé en date et pour le Plan d’urgence de modernisation de l’Arrondissement Dakar-Plateau (PUMA/DP). Guédiawaye et sa belle plage ne sera pas en reste tout comme le Central Business District (CBD) de Dakar qu’il est question de déplacer pour un désengorgement de la capitale. Ce qui passera par la fonctionnalité urbaine essentielle, c’est-à-dire les infrastructures de transports TER et du BRT en cours de matérialisation, mais aussi des unités de sécurité et de secours (commissariats et casernes sapeurs-pompiers).
En d’autres termes, il s’agira de renforcer l’attractivité du Triangle Dakar-Thiès-Mbour dont l’une des ressources territoriales majeures (créée) est l’aéroport international Blaise Diagne de Diass.
Le même modèle sera reproduit court terme à Saint-Louis, Kaolack, Ziguinchor avant de se généraliser dans les régions et villes à forte densité humaine, demande sociale et donc offre économique. Pour finir, il peut aussi être attendu du Qatar un soutien financier consistant à l’appui à l’émergence.
Les Etats n’ont pas d’amis mais seulement des intérêts, à nous de défendre les nôtres au bénéfice de notre développement.
GUY MARIUS SAGNA PENSE AUX PERSONNES MALENTENDANTES
recruter un interprète en langue de signe pour le compte de l'assemblée nationale, c’est le plaidoyer de Guy Marius Sagna, député de la 14e législature 2022-2027 et membre du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (Yaw, opposition).
« Le recrutement par l’Assemblée d’un interprète préposé à la traduction en langue des signes des débats et travaux en séances plénières est un acquis déterminant dans la lutte contre la discrimination dont sont victimes les personnes sourdes et malentendantes. La XIVe législature gagnerait dès lors à le sauvegarder ».
C’est le plaidoyer de Guy Marius Sagna, député de la 14e législature 2022-2027 et membre du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi (Yaw, opposition). Qui annonce avoir adressé, ce mercredi 19 octobre, une lettre pour une meilleure prise en compte des personnes en situation de handicap par l’Assemblée nationale.
Dans son argumentaire, il a fait remarquer l’absence d’un interprète en langue des signes lors des quatre (4) dernières séances plénières. Ce, malgré l’adoption de la loi n°2010-15 du 6 juillet 2010 portant loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées, obligeant l’hémicycle à s’attacher les services d’un interprète en langue des signes lors des séances plénières. Aussi, appuie l’opposant : « dans le guide du député, document officiel de l’institution parlementaire, il est formellement indiqué que l’Assemblée loue les services d’un interprète en langue des signes lors des séances plénières.
Mais, « depuis le début des travaux de la XIVe législature, les personnes sourdes et malentendantes n’ont pas accès aux travaux en plénière. Cette situation est constitutive d’un déni du droit à l’information, un droit fondamental que la Constitution garantie en son article 8 et que l’institution parlementaire à l’obligation de respecter », a-t-il regretté.
Par ailleurs, « en dehors de la Constitution, l’art. 4 de la loi n°2010-15 du 6 juillet 2010 sur la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées dispose que l’État et les Collectivités locales, dans leurs ressorts respectifs, assurent la pleine et entière participation des personnes handicapées à la vie sociale, économique et culturelle de la Nation », a-t-il souligné.
Pour finir, il a défendu que l’Institution parlementaire doit « montrer le bon exemple à l’Exécutif qui en 10 ans a pris très peu de textes d’application de la loi d’orientation sociale relative à la promotion et à la protection des droits des personnes handicapées ».
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LE MALI ET LA FRANCE S'ÉCHARPENT LORS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU
La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU a tourné au clash diplomatique, mardi 18 octobre, lorsque le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, et l'ambassadeur français se sont affrontés
La réunion du Conseil de sécurité de l'ONU a tourné au clash diplomatique, mardi 18 octobre, lorsque le ministre des Affaires étrangères malien, Abdoulaye Diop, et l'ambassadeur français se sont affrontés. Après que Bamako a lancé de nombreuses piques en direction de l'ONU au sujet du rapport du secrétaire général pour la période juin-septembre, Abdoulaye Diop a renouvelé les accusations portées contre Paris.
Abdoulaye Diop a critiqué l'ONU et les membres du Conseil de sécurité mettant en garde les autorités de transition. Puis, il a directement attaqué la France, qui a commis des actes « graves d'agression et d'espionnage » au Mali, selon lui, et a reproché au Conseil de ne pas réagir aux protestations successives de Bamako.
Au cours de sa prise de parole, Abdoulaye Diop s'est déclaré surpris que le rapport du secrétaire général « ait passé sous silence » la saisine du Conseil par le Mali le 15 août dernier pour « des tentatives de déstabilisation et des violations répétées de l'espace aérien du Mali par les forces françaises ». Soit « des actes d'agression d'une extrême gravité », dit-il, qui ne doivent pas rester sans suite.
Le Mali demande une réunion spécifique du Conseil de sécurité
Par sa voix, les autorités du Mali ont renouvelé leur demande d'une réunion spécifique du Conseil de sécurité de l'ONU pour présenter « des preuves concrètes ». Le ministre malien des Affaires étrangères affirme que la France a partagé des renseignements et laissé du matériel au profit d'organisations criminelles.
L'ambassadeur français, Nicolas de Rivière, s'est alors indigné de ces « mensonges » et diffamations, demandant à répondre pour « rétablir la vérité » : « Accusations mensongères et diffamatoires. Accusations graves et infondées. La France n'a jamais violé l'espace aérien malien. » « Je conteste formellement toute violation du cadre juridique bilatéral », a martelé le diplomate.
Nicolas de Rivière a rappelé les circonstances du déploiement de la force Barkhane, sa mission – rappelant que durant neuf années, la force Barkhane avait été déployée à la demande du gouvernement malien.
ÉVITER LA FUITE DE L'OR ARTISANAL AU MALI
Selon les estimations, 90% de l'or artisanal exploité au Sénégal partirait vers le Mali via des circuits informels. Un manque à gagner pour Dakar qui cherche à réguler la filière
C’est un chantier que tous les États sahéliens cherchent à mettre en place et le Sénégal ne fait pas exception. Car le constat est dur à entendre : seulement 10% environ de l’or produit de manière artisanale dans le pays transiterait par les comptoirs agréés par l’État. Et seulement 10% peuvent donc être taxés à l’exportation. Le reste part entre les mains d’intermédiaires maliens et, dans une moindre mesure, guinéens. Une fuite facilitée par la proximité géographique des zones aurifères sénégalaise avec la frontière malienne. Mais aussi par des circuits bien huilés et des prix alléchants.
Les collecteurs maliens achètent souvent à 80 ou 90% du cours mondial, même si l’or n’est pas pur, explique Cherif Sow, consultant international en exploitation minière artisanale et à petite échelle d’or (Emape). Les intermédiaires maliens ont par ailleurs la capacité financière d’acheter de grosses quantités. « Ils récupèrent ensuite une marge suffisante, via des petits arrangements localement ensuite au Mali », explique notre interlocuteur.
JEAN-MICHEL SERVET À L'HONNEUR DU PROCHAIN COLLOQUE DU LAREM
La rencontre prévue les 22 et 29 Octobre 2022 à l'Ucad sera l'occasion de revenir sur la pensée « servétienne » à l’aune des recherches académiques contemporaines. Elle réunira plusieurs intervenants dont, Kako Nubukpo, Mahamadou Lamine Sagna entre autres
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Laboratoire de Recherches Economiques et Monétaires (LAREM) relatif à son prochain colloque annuel prévu les 22 et 29 octobre 2022 à l’Ucad.
« Les 22 et 29 Octobre 2022 de 13h00 à 18h30, le Laboratoire de Recherches Economiques et Monétaires (LAREM) organise à la salle du conseil de la FASEG à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, un colloque international sur le thème "l'économie de la crise Covid-19 et d'après : une fenêtre pour les approches "hétérodoxes ?". Cette conférence sera l’occasion de rendre un hommage particulier au Professeur Jean-Michel Servet qui, depuis sa rencontre avec les populations de Casamance, région Sud du Sénégal, ne cesse de développer une pensée atypique en économie.
En effet, de 1970 à nos jours, à partir de multiples travaux anthropologiques, socioéconomiques, historiques et de terrain, JMS a su remettre en cause des dogmes sacrés de l'économie dominante pour rendre compte de phénomènes et de pratiques vécus. Il a notamment mis en exergue l’importance des déterminants culturels et sociaux qui permettent de déconstruire les mécanismes hégémoniques de l’économie. Mais, en quoi consiste la pensée « servétienne » à l’aune des recherches académiques contemporaines ? Dans quelle mesure ses approches permettent-elles de comprendre les choix de politiques économiques actuelles ? Quelles leçons devrons-nous tirer de ses travaux pour penser le futur ? En quoi ses travaux peuvent-ils permettre d’appréhender les nouveaux faits sociaux telle que la digitalisation, l’hyper connexion, la robotisation, les nouvelles formes de travail ?
L’orthodoxie économique à partir du noyau utilitariste ne pouvant, depuis son cadre de pensée, saisir la totalité sociale, elle laisse de côté les questions centrales du vivre en commun telles que l'analyse des problèmes sociétaux, écologiques et environnementaux. Avec les échecs récurrents des systèmes néolibéraux de gouvernance et les ruptures de socialité, certains économistes orthodoxes commencent eux-mêmes à promouvoir le retour du social. Ils demandent au nom de la solidarité, de l'autosuffisance et de l'approvisionnement, le retour de l'intervention de l'Etat. Mais, la suspension ou l’abandon des règles budgétaires et des plafonds d'endettement public ; l’abandon des politiques monétaires restrictives, est-elle suffisante pour arrêter les “disputes” épistémologiques, idéologiques, voire idéaux-logiques ?
Aujourd’hui, avec la conjugaison des crises sanitaires, économiques, sécuritaires et alimentaires les travaux de Jean Michel Servet sont d’une actualité brûlante. Ils nous permettent d’analyser avec finesse les difficultés conceptuelles et opératoires de l’économisme « orthodoxe ».
En effet, face aux velléités de justice, d’égalité, de revendication de liberté, et de la nécessité du partage, la dispute épistémologique est de rigueur ; le néolibéralisme conquérant, qui est la figure matérielle de l’économie orthodoxe, ayant été rattrapé par la réalité sociale. Pour traiter ces sujets, Jean Michel Servet fournit des outils de réflexion et de saisie de l’être en commun, grâce à son importante œuvre sur les exclusions et inclusions financières, les cloisonnements monétaires, les dimensions morales de la monnaie, les pratiques alternatives et solidaires, la finance et la monnaie. Comment l’imposante production intellectuelle de Jean Michel Servet peut-elle servir à la communauté scientifique ?
Selon les organisateurs, l’hommage à JMS sera l'occasion d’une évaluation critique de sa pensée. Travailleurs sociaux, experts et chercheurs de la politique ou de l’économie, de la sociologie, de l’anthropologie, ou de la psychosociologie, de la psychanalyse ou de la philosophie, sont encouragés à effectuer autant une évaluation critique de l'œuvre de JMS qu'un examen de certaines de ses analyses en fonction de leurs propres thèmes de recherche et de leurs préoccupations personnelles.
Il s’agit donc pour eux de mettre l’œuvre de JMS à l’épreuve et, discuter des voies esquissées par cette pensée qui pourraient être reprises et prolongées. Les communications reçues par le LAREM viennent de chercheurs des quatre coins du monde et portent sur des terrains aussi divers que l'a été le travail de JMS tout au long de sa carrière. Elles portent sur les thématiques suivantes : État, monnaie et crise ; Finance et microfinance à l'épreuve de la crise (dans la crise, face à la crise ; Solidarité : la crise des communs.
NB : le colloque sera animé en format hybride (en présentiel et en ligne). Il est prévu plusieurs communications basées sur des résultats de recherches
Quelques intervenants :
Dr. Edoé Djimitri AGBODJAN (CESAG – Sénégal) ; Prof. D. AVOM (Université de Yaoundé 2 –Cameroun) ; E. BAUMAN (IRD – France) ; Prof. J. BLANC (IEP Lyon 2 – France) ; Dr. R. CIMINELLO, (Direttore Scientifico 4metx srl – Italie) ; Dr. Demba DIA (BCEAO – Sénégal) ; Prof. Seydi Ababacar DIENG (UCAD – Sénégal) ; P. DOCKES (Professeur Emérite Lyon II – France) ; Dr. M. DOUMBOUYA (Univ de Sonfonia – Guinée) ; I. GUERIN (IRD-Cessma – France) ; Dr. T. GAHMAN (Université de Yaoundé-Cameroun) ; Prof. D. ACCLASSATO HOUENSOU (Université de Cotonou – Bénin) ; Pascal KACOU (Doctorant Université Ottawa – Canada) ; H. KOUANDA (Doctorant IEP Lyon 2 – France) ; Dr. D. MENDY (UCAO, Ziguinchor – Senegal); Prof. K. NUBUKPO (Université de Lomé – Togo); Prof. J.-F. PONSOT (Université de Grenoble – France) ; J. RIVALLAIN (Dinard – France) ; Prof. S. MORVANT-ROUX (Université de Genève – Suisse) ; Prof. Mahamadou Lamine SAGNA (WPI – USA) ; Dr. Ousmane SANE (Consultant International – Sénégal) Prof. G. TCHOUASSI (Université de Yaoundé 2 – Cameroun); Pr. A. TIRAN (Université Lyon 2 – France) ; Prof. D. VALLAT (IEP Lyon 2 – France)
Samedi 22 octobre 2022 : Lien de connexion : ID de réunion : 882 0748 1524 Code secret : 422689
LA CAMPAGNE INTERNATIONALE JUSTICE POUR SANKARA À WASHINGTON
Les responsables de la campagne internationale Justice pour Sankara ont tenu à Washington DC, une conférence sur l’icône panafricaine, l’ancien président révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara
Les responsables de la campagne internationale Justice pour Sankara ont tenu à Washington DC, une conférence sur l’icône panafricaine, l’ancien président révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara.
L'AFFAIRE SANKARA : LUEURS DE JUSTICE POUR CET ASSASSINAT (PAR CHANTAL ISMÉ)
En pleine pandémie, alors que le monde semble retenir son souffle et que la COVID occupe toute la place médiatique, une démarche courageuse et tenace se poursuit pour obtenir justice pour la mort de Thomas Sankara, un symbole iconique. Elle débouche sur une victoire. Afin de mieux comprendre les enjeux et les nouveautés apprises de ce procès d’une grande importance pour tous les pays dominés, la parole est donnée à Aziz Salmone Fall, coordonnateur de la Campagne Internationale Justice pour Sankara (CIJS) par le biais d’une entrevue.
Depuis 1997, le CIJS mène inlassablement une campagne pour contrer l’impunité, faire la lumière dans l’affaire Sankara et compagnons ainsi qu’obtenir justice. Quelle a été la genèse du dossier?
C’est en effet le plus long combat juridique dans le cas du meurtre d’un chef d’État et de ses collègues en Afrique, voire d’ailleurs dans le monde. La Campagne Internationale Justice pour Sankara est menée par le Groupe de recherche et d’initiative pour la libération de l’Afrique.Le GRILAest né en 1984, en coïncidence avec la révolution du Burkina. Tous deux œuvraient pour concrétiser le rêve panafricain et un développement autocentré. À la suite à l’assassinat de Thomas Sankara et de ses camarades en 1987, le GRILA a réagi vivement et a organisé durant plus de trois décennies, tous les 15 octobre, des événements de commémoration dans toutes ses sections et ne manquant pas au fil des années une occasion pour rappeler l’œuvre de la révolution Sankariste et aider ses partisan.e.s.Pendant plus de 9 ans, le régime Compaoré n’a donné aucune explication sur la mort de Sankara et de ses camarades et a assassiné plusieurs autres de ses camarades et intimidé les opposant.e.s.
À l’été 1997, à quelques mois du délai de prescription décennale, des membres du GRILA Housseini Boly, Dominique Traoré et moi-même alertons le groupe sur l’imminence de la date du 15 octobre 1997 et du risque de voir s’éteindre les possibilités de recours judiciaires. La décision est prise de travailler différemment sur l’affaire Sankara. C’est dans ces circonstances que sa veuve Mariam Serme Sankara porte courageusement plainte contre X et faux en écriture juridique. L’avocat Dieudonnée Nkounkou de Montpellier et Bénéwendé Sankara enrôlent le cas et prennent sa défense.Le GRILA lance la campagne internationale contre l’impunité : Justice pour Sankara sous la forme d’un appel. L’appel est soutenu, entre autres, par la commission des droits de la personne, le réseau africain des droits de l’homme, la ligue togolaise des droits de l’Homme, l’Union interafricaine des droits de l’homme (Burkina), Amnesty International (Canada), Action chrétienne contre la torture, le CISO centre international de solidarité ouvrière, la coordination des jeunes des partis d’opposition (Sénégal) Organisation des jeunesses panafricaines (Sénégal), la CIMADE, FIDH, Survie (France), Club Thomas Sankara (Mali) Gruppo Mission (Italie) et endossé par des personnalités comme le Pr Jean Ziegler (Suisse), Pr Issa Ndiaye (Mali) le journaliste Jean Philippe Rapp, le politicien Edgar Pisani ( France) le Pr Vincent Coulibaly (Mali), M. Jean Carbonare (FIDH), Dr Buuba Diop ANAFA (Sénégal), Alioune Tine (RADDHO) Mme Coulibaly (Réseau Africain pour le développement intégré)… Des milliers de signatures tout le long des années ont soutenu notre travail, notamment lors de La caravane Sankara qui a sillonné plusieurs pays de trois continents en 2007.La Campagne Internationale Justice pour Sankara a été principalement articulée sur un collectif d’une vingtaine d’avocat.e.s. Ces avocat.e.s travaillent pro bono, c’est-à-dire bénévolement pour le bien public, le droit international et pour la solidarité internationaliste et panafricaine. Leur immense travail est déjà historique et leur contribution à la lutte contre l’impunité fait leur notoriété. L’odyssée de près d’un quart de siècle a été marquée hélas par le décès de certains, le départ d’autres, appelés à d’autres fonctions ou à d’autres causes, ou l’arrivée de nouveaux ou de nouvelles. La CIJS est reconnaissante du courage et de l’abnégation de ses collectifs dont les membres sont des modèles pour la profession. La mobilisation de la CIJS a contribué à garder vivantes la pensée et l’œuvre sankariste au Burkina et dans le monde.
La CIJS a épuisé tous les recours des tribunaux burkinabés, instrumentalisés par le régime françafrique, et a dû recourir au comité des droits de l’homme de l’ONU. Elle y a marqué un précédent international contre l’impunité en 2006. Avec le renversement du régime Compaoré, un nouveau régime a permis l’organisation d’un nouveau procès. Il s’ouvre le 11 octobre 2021.
Quels sont les enjeux de ce procès?
Ils sont immenses. Symboliquement, l’Afrique est constellée de martyrs de nos indépendances assassinées en toute impunité, de Lumumba à Cabral. En réalité sur le banc des accusés est l’État compradore allié de l’impérialisme qui gangrène la plupart des régimes politiques africains. C’est-à-dire des régimes politiques qui ont accepté la subordination au mode néocolonial de croissance et qui fonctionnent par l’expropriation des masses, la prévarication des deniers publics et la perpétuation des structures de sous-développement. Le régime Compaoré qui a été chassé par l’insurrection populaire a été exfiltré par la France et abrité en Côte d’Ivoire. Avant de partir, ce régime a ruiné le pays, miné le terrain politique et économique, entre autres, en s’acoquinant à des cellules djihadistes qui commençaient à écumer la sous-région et en ayant des accointances avec les réseaux d’extractivité minière. Cela a mis en otage l’État de la transition qui a néanmoins rouvert le procès, et dans l’embarras de le poursuivre le régime Kaboré qui arrive au pouvoir. Pour la première fois, nous ne luttions plus contre l’État partie, mais ce dernier était devenu juge impartial. Notre objectif est de faire connaître la vérité, obtenir la justice et donner un coup de frein contre l’impunité qui caractérise toutes les exactions menées contre les dirigeants des forces démocratiques et populaires.
Vous venez, 25 années depuis le début de votre démarche, de faire un important gain. De quoi s’agit-il?
Ce jugement est le premier du genre dans l’histoire du continent, et marque d’ailleurs une jurisprudence dans l’histoire du droit. Durant la majeure partie de ces 25 années, les avocat.e.s de la CIJS ont essayé de faire entendre le droit contre l’État partie, et ensuite devant une cour du tribunal militaire. Ils et elles se sont toujours interposé.e.s contre l’impunité.
Grâce à la vaillante mobilisation populaire qui a chassé le régime Françafrique de Compaoré, le juge Yameogo a relancé la procédure, conformément au droit burkinabé et aux droits obtenus pour la veuve Sankara et ses enfants devant le comité des droits de l’Homme à l’ONU en 2006.
Du 6 mars 2015 au 7 octobre 2020, instructions et plaidoiries ont permis la réouverture du procès le 11 octobre 2021. Le procès a repris, disjoint de son volet international, puisque la France a tardé à fournir les documents déclassifiés, qu’elle va hélas finalement fournir de façon sélective et incomplète.
Ayant refusé notre requête de filmer et d’enregistrer pour la postérité ses audiences, la cour a néanmoins tenu, dans un lieu exceptionnellement réquisitionné, un procès qui fera date dans les annales de l’histoire juridique du Burkina Faso et de l’Afrique. La sérénité du procès a été perturbée un temps par un coup d’État qui a contribué à mettre en doute la légitimité constitutionnelle du processus. La continuité de l’État a permis de reprendre le procès, et en toute connaissance de cause, les plaidoiries des parties civiles et de la défense et des dizaines de témoins ainsi que les accusés auront été entendus. Des accusés ont été condamnés d’autres ont été acquittés, comme décrit dans la déclaration liminaire ci-jointe. De grands pans de la vérité sur l’assassinat du président Sankara et de ses camarades ont été dévoilés, malgré le mutisme et les dénégations de plusieurs accusés. Fuyants ou tapis, les derniers commanditaires et assassins ont vu publiquement dévoilés leurs subterfuges et ils répondent devant leur conscience et désormais devant l’histoire. Nous demandons à la Côte d’Ivoire et la France de livrer les coupables et de participer à l’élucidation et à la clôture de cette affaire. Le tribunal militaire a condamné BELEMLILGA Albert Pascal Sibidi et DEME Djakalia à cinq (05) ans d’emprisonnement assortis du sursis chacun;
TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba à trois (03) ans d’emprisonnement ferme;
OUEDRAOGO Tibo et PALM Mori Aldiouma Jean-Pierre à dix (10) ans d’emprisonnement ferme chacun;
ILBOUDO Yamba Elysée à onze (11) ans d’emprisonnement ferme;
SAWADOGO Idrissa et OUEDRAOGO Nabonssouindé à vingt (20) ans d’emprisonnement ferme chacun ;
COMPAORE Blaise, DIENDERE Gilbert et KAFANDO Tousma Yacinthe à la peine d’emprisonnement à vie chacun;
Il a prononcé la déchéance des décorations de tous les accusés condamnés ayant bénéficié d’une ou de plusieurs distinctions honorifiques;
Il dit que le présent jugement vaut titre de détention pour les accusés condamnés à une peine privative de liberté non couverte par la détention provisoire conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il décerne contre TONDE Ninda dit Pascal alias Mang-Naaba, mandat de dépôt conformément aux dispositions de l’article 315-14 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale;
Il dit que les mandats d’arrêt décernés contre COMPAORE Blaise et KAFANDO Tousma Yacinthe sont maintenus, et ce en application des dispositions de l’article 261-128 alinéa 4 de la loi N°040-2019/AN du 29 mai 2019 portant Code de procédure pénale.
Quels sont les obstacles auxquels vous avez dû faire face pour arriver à ce verdict?
Il y en a eu tellement qu’il serait fastidieux de les énumérer. Nous avons eu des intimidations, tentatives de corruption, menaces de mort, instrumentalisation des magistrats, arguties juridiques surréalistes, perversion du droit, intoxication, propagande médiatique, désinformation des cercles françafriques. Au niveau de l’ONU, la question de l’impunité jamais achevée avec les juges Guissé et Joinet et les limites juridiques au niveau du comité des droits l’homme ont restreint notre victoire à l’ONU qui est devenue une victoire à la Pyrrhus. Nous nous battons contre une hydre. Mais la résilience de nos militant.e.s et sympathisant.e.s, la pugnacité de nos avocat.e.s ont été plus grandes.
Ce gain aura-t-il des impacts sur des dossiers du même type?
Il y a beaucoup de dossiers pendants sur le continent et beaucoup de possibilités que notre jurisprudence permette une brèche dans l’impunité généralisée qui prévaut en effet.
Cette première manche gagnée au niveau national donne-t-elle espoir pour le volet externe (international) des responsabilités?
Elle effraye probablement les commanditaires et complices de cet assassinat. Les responsabilités sont éparses de la France aux États-Unis en passant par le Libéria, le Togo, la Côte d’Ivoire. Tous ces pays s’ils nous divulguaient leurs archives en la matière permettraient de résoudre l’énigme. Mais nous avons affaire à la raison d’État. Tôt ou tard la vérité manquante sera connue.
Quelles sont les chances de voir ce verdict respecté? Sinon, quels sont les leviers prévus?
Nous avons peu d’emprise sur la réalité politique de ces enjeux juridiques. En plein procès de l’assassinat de Thomas Sankara survient le 23 janvier 2022 un coup d’État, alors que le pays est assailli par des hordes djihadistes. Le 24 janvier 2022, un Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, présidé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, dénonce l’inertie du gouvernement Kaboré contre le terrorisme et annonce sa prise de pouvoir. Peu de temps après, la constitution est suspendue puis restaurée, avec des mesures d’exception. Cela ne nous a pas rassuré.e.s.
Néanmoins le procès reprend et les principaux accusés sont condamnés le 6 avril suivant. Parmi eux le président Compaoré, condamné à perpétuité par défaut pour “attentat à la sûreté de l’État” et “complicité d’assassinat”.
Déjà durant le procès, des rumeurs de tractations avec Abidjan se confirmaient. Une frange de la classe politique argue que l’ex-régime Compaoré, ayant eu des pactes avec les djihadistes, pourrait restaurer la paix. Le retour de l’ancien président est réclamé et au nom d’une réconciliation, entre des parties qui ne sont pas énoncées. Un sommet rassemblant des ex-chefs d’état du pays est alors orchestré par le nouveau régime.
C’est ainsi que Blaise Compaoré est reçu le 7 juillet 2022 en toute impunité. On lui déroule le tapis rouge plutôt que de l’arrêter, alors même que ce sommet échoue. La connivence entre l’actuel régime et l’ancien semble apparaître au grand jour derrière ces gesticulations de réconciliation et manœuvres d’amnistie.
Le 26 juillet, avec un semblant de contrition, Blaise Compaoré demande pardon par voie de presse, sans contacter les familles et sans reconnaitre son forfait et les crimes odieux qu’il a commis et surtout sans faire face à la justice.La famille du président Sankara attend depuis 35 ans que Justice soit faite. Depuis le 6 avril 2022, elle attend que le verdict rendu par des juges indépendants après un procès exemplaire soit exécuté. Il ne saurait y avoir de réconciliation sans la vérité et sans respect de la justice. Le mépris affiché et par le nouveau régime et par Blaise Compaoré pour le verdict du tribunal militaire, rendu au nom du peuple burkinabé, est choquant. Les velléités d’amnistie des nouvelles autorités, faisant écho aux caciques de l’ancien régime, ne seront acceptées ni par les burkinabés ni par les panafricain.e.s du monde entier.
Le discours de réconciliation invoqué est factice. L’assassinat du président Sankara et l’arrêt de sa révolution n’ont aucun rapport avec les agressions terroristes qui affectent le Sahel et le Burkina. Dans la droite ligne du communiqué récent des avocat.e.s du collectif, la Campagne Internationale Justice pour Sankara considère inacceptable ce manquement à la justice et cette poursuite de l’impunité.
Quelles sont les prochaines étapes pour le CIJS?
À notre niveau nous continuons de garder la pression et soutenir la famille dans sa démarche. Se profile bientôt la période de l’enterrement de toutes ces victimes qui ont été exhumées aux fins du procès. Il y a toute une bataille sur cette symbolique d’ailleurs. Nous veillerons par tous les moyens que le verdict qui a été prononcé soit respecté et exécuté.
Comment manifester sa solidarité à cette cause?
Les milieux progressistes nous soutiennent parfois, souvent plus par une tape dans le dos que le soutien matériel. Nous avons recouru récemment à une campagne de financement avec un concert et du matériel de promotion pour défrayer le coût des déplacements des avocat.e.s et leur logistique. Nous n’avons guère eu d’appuis matériels durant ces années et avons quasi exclusivement assumé les charges. Ça en dit beaucoup sur la solidarité plutôt verbale dans nos milieux, mais c’est mieux que rien. Mais si des gens veulent nous assister nous sommes reconnaissant.e.s et ils/elles peuvent nous soutenir ici. https://cijs-icjs.net/fr/supportcijs/
Un dernier mot, message?
La CIJS est reconnaissante de toute la mobilisation panafricaine et internationaliste qui l’a assistée depuis 25 ans. Elle salue la mémoire des victimes et de tous ceux et celles qui ont payé de leur vie et donné leur sang pour que ce jour advienne enfin. La CIJS salue la pugnacité et le courage de Mariam Sankara, la dignité de sa famille et l’inlassable travail conduit par 3 équipes d’avocat-es durant ces 25 ans. Elle en appelle à la vigilance et à la fermeté pour le respect de la justice et l’incarcération des coupables ainsi qu’à une investigation du complot international. La CIJS salue la mobilisation des panafricain.e.s et des internationalistes qui l’ont soutenue pour aboutir à cette victoire qui n’est pas que la nôtre. La CIJS souhaite que la paix et la sérénité prévalent maintenant que des coupables sont condamnés et escompte que le peuple du Burkina, confronté au djihadisme et à la déstabilisation, mieux réconcilié avec lui-même, recouvre sa souveraineté et l’élan qui lui fait mériter son titre de patrie des humains intègres.
SONKO ACCUEILLI A BRAS OUVERTS PARTOUT
Au troisième jour de sa tournée dans le département de Mbour, le leader du parti Pastef était hier dans les communes de Popenguine et de Sindia
Etienne Ndiaye, Correspondant permanent à Mbour |
Publication 19/10/2022
Au troisième jour de sa tournée dans le département de Mbour, le leader du parti Pastef était hier dans les communes de Popenguine et de Sindia. Ousmane Sonko et son staff ont pu se rendre notamment à Popenguine, à Kiniabour et Gandigal, dans la commune de Sindia.
Ces deux communes de Popenguine et de Sindia comme celles de Joal - Fadiouth et de Malicounda sont encore dans le giron de la mouvance présidentielle en dépit de la percée remarquable effectuée aux dernières législatives par la coalition Yewwi Askan Wi dont la locomotive est le parti Pastef. Une manière pour le chef de l’opposition de ratisser dans ces secteurs en vue des échéances électorales en vue, de la présidentielle de 2024 notamment.
La commune de Sindia accueille Ousmane Sonko
Peu avant l’étape de Popenguine, le leader de Pastef avait entamé sa 3ème journée de sa tournée politique «Nemmeeku Tour» avec des visites dans la commune de Sindia. Gandigal, mythique village implanté au début des années 1900 par Serigne Madiagne Diagne, disciple et compagnon de Serigne Touba, a reçu la première étape de la journée du « Nemmeeku Tour ». Accueilli chaleureusement par les populations, Ousmane Sonko a eu des entretiens fructueux avec les notables et religieux de la localité. Malgré son âge très avancé et sa santé fragile, le patriarche du village, Baye Cheikh Diagne, a tenu à échanger en tête à tête avec son hôte du jour. L’érudit et fils du fondateur de la localité, Serigne Madiane Diagne, a formulé des prières pour son hôte. L’imam ratib de la grande mosquée, Serigne Modou Mourtada Diagne, et Mansour Faye, imam de Gandigal sérère ont aussi reçu la délégation du célèbre opposant. A Tene Toubab, village carrefour et centre rural de la zone, les populations ont accueilli la délégation de Pastef avec beaucoup d’enthousiasme. Le coordonnateur local des jeunes a informé Ousmane Sonko des difficultés qui gangrènent le village et les localités environnantes. L’imam Habib Mbengue et Bouna Guène, le chef du village de Tene Toubab, ont reçu à leurs domiciles respectifs celui qui est également le maire de Ziguinchor et sa délégation.
L’étape de Kiniabour 2, village situé à quelques encablures de Popenguine, a été l’occasion pour le principal adversaire actuel du président Macky Sall d’échanger avec les populations des questions liées à l’exploitation des ressources naturelles, l’agriculture et la spoliation foncière. Cette dernière cristallise de nombreux conflits dans la zone. Saliou Ngom, coordonnateur de Pastef à Kiniabour, a abondé dans le même sens en parlant des difficultés auxquelles les populations sont confrontées. Il a aussi mis l’accent sur les problèmes d’accès à l’eau potable malgré la construction de deux forages dans le village.
Une démarche qui commence à porter ses fruits
Cette démarche de proximité du leader de Pastef commence à porter ses fruits car lundi, à l’étape de Malicounda, le maire de Ziguinchor a fait une belle prise en parvenant à décrocher un responsable du mouvement Agir de Thierno Bocoum. Mamadou Dia, qui était lors des locales de janvier dernier la tête de liste majoritaire de la liste Rewum Ngor de Thierno Alassane Sall, a décidé de rejoindre le camp de Pastef après avoir quand même cheminé avec la coalition Yewwi Askan Wi aux législatives.
Il faut mettre dans ce registre le retour de l’ancien adjoint au maire de Mbour, El Hadj Ndiouga Dieng, qui en 2021 avait annoncé et officialisé son adhésion à Pastef, entraînant une réaction timorée de certains « cadres » du parti qui n’avaient pas caché leur désaccord par rapport à l’arrivée de ce «monstre» politique local qui avait pris cette décision selon eux uniquement par «opportunisme». Ce qui a fait que depuis lors le président de l’ONG islamique Aercsi avait dissout son nouvel élan «béni» par Ousmane Sonko.
Ce mercredi, le leader de Pastef et son staff continueront leur périple dans le département de Mbour.
Après le tumulte du premier jour, notamment les jets de gaz lacrymogènes sur le cortège de Sonko à Joal, dimanche, et la tension palpable le lundi avec le déploiement excessif de policiers et de gendarmes aux trousses du leader de Pastef, le dispositif a été presque lève hier (mardi) au grand bonheur des populations qui estiment que l’attitude du pouvoir face au chef de l’opposition procèderait d’un désarroi de fin de règne.
MACKY ET LA STRATÉGIE DE L’USURE
Qui dans l’Alliance pour la République briguera les suffrages des Sénégalais en 2024 ? Le président de la République lui-même ou son dauphin ? Quid de BBY ?
Calcul politique ou ruse ? Quoi qu’il en soit, le flou entretenu autour d’une éventuelle troisième candidature en 2024 pourrait être favorable au président de la République Macky Sall en tant que candidat de son parti ou de la coalition Benno Bokk Yaakar. Pour cause, plus on s’approche de l’échéance, plus l’étau se resserre autour des éventuels candidats ; supposés ou réels dans son camp. Une véritable stratégie de l’usure savamment orchestrée par le chef de l’Etat pour tenir à carreaux ses «alliés» qui ne pourront que constater les dégâts et contraints à se plier à l’accompagner dans sa volonté de briguer un troisième mandat. A leurs risques et périls.
Qui dans l’Alliance pour la République (APR) briguera les suffrages des sénégalais en 2024 ? Le Président de la République Macky Sall lui-même ou son dauphin ? Mystère et boule de gomme. Toutefois, le parti de la majorité est à pied d’œuvre pour la présidentielle. A quelques quinze mois de l’échéance et sans candidat officiellement déclaré, l’APR se tient prêt à mobiliser les militants. Le weekend dernier, dans un communiqué rendu public, elle a annoncé son objectif de vendre 1.500.000 cartes de membres sur toute l’étendue du territoire et de la diaspora. Ce, à travers la mise en place de nouveaux comités. Bien que le candidat de l’APR tarde à être connu, faudrait-il rappeler que dans l’exposé des motifs de la loi constitutionnelle n°2016-10 du 5 avril 2016 portant révision de la Constitution, il est écrit dans l’article 27 : «la durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ». Ce verrouillage de la Constitution, pour mettre le Sénégal à l’abri des troisièmes mandats, Macky Sall l’a toujours crié haut et fort.
«Le Sénégal est une démocratie qui fonctionne. En 2016, j’ai proposé au peuple sénégalais une révision constitutionnelle qui doit régler définitivement la question de mandats. Aucun président ne peut rester au pouvoir pour plus de deux mandats. C’est écrit noir sur blanc. Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs », avait dit Macky Sall. Non sans le rappeler dans son ouvrage intitulé «Le Sénégal au cœur » qu’il présentait en 2018, un an avant sa réélection. Toujours sur cette question de limitation des mandats, la réponse en était de même avec Pr Ismaila Madior Fall, un des principaux rédacteurs de la Constitution. Cependant, les réponses de l’actuel Garde des Sceaux ministre de la Justice ne cessent de varier depuis qu’il a fait son entrée dans le gouvernement. Va-t-il encore brûler la robe ?
Pour l’heure, il s’est enfermé dans une ambiguïté proche d’une volte-face à plus de 360°. «Vous savez, la parole de Ismaila Madior Fall, c’est de la doctrine. La doctrine est une opinion à travers laquelle un professeur émet son opinion. La doctrine n’est pas une source du droit (sic). Donc, moi je ne suis pas habilité à dire, à décréter, à décider avec l’autorité de la chose jugée, si le Président peut faire un troisième mandat ou non. J’ai donné une opinion doctrinale dans un contexte donné. Maintenant, il y a un nouveau contexte, il faut laisser le Président se prononcer sur la question», a déclaré le Professeur en Droit constitutionnel dans l’émission «Jury du dimanche», sur I-Radio, le 9 octobre dernier. Les deux anciens premiers ministres Aminata Touré et Mahammed Boun Abdallah Dione avaient également défendu la limitation du mandat et c’est sur cette base qu’on avait convaincu les Sénégalais à adopter cette Constitution. Quant à la députée Mimi Touré, elle maintient toujours sa position.
L’ARTICLE DE LA DISCORDE
Malgré ces déclarations, l’article 27 sèmerait encore la confusion. D’aucuns pensent qu’il offre la possibilité d’un deuxième mandat quinquennal indépendamment du septennat consommé même si Macky Sall avait juré que la Constitution a tout bloqué. Sauf qu’aujourd’hui, tout concorde qu’il envisage de faire un troisième mandat à travers les actes posés. D’ailleurs, il n’a pas été tendre avec tous ceux qui soutenaient qu’il ne peut pas briquer un troisième mandat. Moustapha Diakhaté, l’ex-président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakaar Moustapha Diakhaté et Sory Kaba alors directeur des sénégalais de l’extérieur ont été virés pour avoir défendu cette thèse contre le 3ème mandat. Ironie du sort, ceux qui défendent l’idée contraire, sont promus et de fil en aiguille, les discours de ses proches changent comme pour promouvoir un troisième mandat. A ces actes qui permettent de soupçonner que Macky Sall veut briguer un troisième mandat, s’ajoute le délit d’ambitions au sein de son parti. En effet, au lendemain de sa réélection en 2019, tous ceux qui étaient suspectés d’avoir des ambitions présidentielles, ont été limogés du gouvernement. On peut citer les ex ministres Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Mouhamadou Makhtar Cissé etc. Allant plus loin, Macky Sall avait même supprimé le poste de Premier ministre sous le fallacieux prétexte d’une gouvernance en mode fast-track malgré toutes les polémiques. Mais, à l’épreuve du temps, ce fast-track va se transformer en stand by. Certains observateurs finissent par en déduire qu’il ne s’agissait là, ni plus, ni moins que d’un brouillage des pistes pour une éventuelle candidature. Pour preuve, il va remettre en selle le poste quelques mois plus tard en choisissant Amadou Ba. Toutefois, c’est le Chef de l’Etat lui-même qui contrôle presque tout l’appareil gouvernemental. En atteste, la rencontre avec le patronat qu’il a dirigé lors d’un conseil présidentiel.
GAGNER DU TEMPS EN MAINTENANT LE SUSPENSE
Le temps file mais l’effet recherché reste le même. Macky Sall continue de laisser planer le doute sur sa candidature. L’APR n’a toujours pas annoncé son candidat et les partis alliés comme le Parti socialiste (PS) et l’Alliance des Forces du Progrès (AFP) de Moustapha Niasse observent impuissamment la scène plus que surréaliste. L’ancien président de l’Assemblée nationale qui avait fait ses adieux à l’Assemblée nationale reste toujours proche du Président de la République qui vient de le nommer Haut Représentant du Chef de l’Etat, un poste qui n’existait pas dans la nomenclature administrative sénégalaise, à l’instar de celui d’Envoyé spécial du Président de la République qu’il avait créé pour «calmer» Aminata Touré. En effet, les partis alliés de la majorité sont phagocytés. Pour preuve, le PS ne dispose aujourd’hui que de six députés, contre plus d’une vingtaine précédemment. Pendant ce temps, Macky Sall déroule son agenda. La stratégie de l’usure en bandoulière, il donne le tournis à ses proches qui ne savent plus où donner de la tête. Au finish, les partis alliés qui n’auront plus le temps nécessaire pour préparer leur candidat et aller à la rencontre des populations pour les convaincre alors que des candidats de l’opposition sont déjà sur le terrain, vont finir à accepter le fait déjà accompli. Pour ne pas perdre le pouvoir, ils vont être contraints de «parrainer» la très risquée candidature de Macky Sall et tenter leur chance pour que la coalition ne puisse éclater.
L’EQUATION SONKO
Alors que Khalifa Sall et Karim Wade sont pour le moment écartés de la présidentielle de 2024 après avoir été condamnés pour malversations financières, aujourd’hui le leader du parti Pastef Ousmane Sonko reste la seule menace sérieuse du parti au pouvoir. C’est pourquoi d’aucuns pensent que le projet de loi d’amnistie pour Khalifa Sall et Karim Wade annoncé par le Président de la République Macky Sall pour leur permettre de recouvrir leurs droits civiques, est faite pour diviser l’opposition. Pour cause, le vote d’une telle loi rendra possibles leurs candidatures en 2024. Ce qui va entrainer une reconfiguration politique s’ils décident de se présenter bien vrai que le processus du vote de la loi prendra le temps qu’il faut. Du coup, cet élargissement du champ politique ne serait pas sans conséquences pour l’opposition. Arrivé troisième lors de la présidentielle de 2019 avec 15% des voix, le maire de Ziguinchor ne cesse de gagner du terrain au Sénégal et dans la diaspora. Son parti s’est illustré lors des dernières élections locales et législatives en remportant plusieurs mairies et en obtenant plusieurs députés avec la coalition Yewwi.
Toutefois, il a une épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Accusé de «viols répétitifs» par une jeune masseuse, il risque gros face à la justice accusée à tort ou à raison d’être à la solde du régime en place. Une réactivation du dossier avec un procès pornographique pour salir son image et/ou le condamner pourrait faire l’affaire à Macky Sall. Le cas échéant, il sera le seul maître à bord. A moins que d’autres personnalités sortent du bois pour se dresser contre sa troisième candidature. Il y a déjà des signes avant-coureurs avec l’annonce faite par l’ancien ministre de la santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr ; sans occulter les cas Aminata Touré, Aminata Tall etc. C’est dire que rien n’est gagné d’avance. 2024, la bataille sera épique. Certains y laisseront des plumes.