La célèbre présentatrice américaine Oprah Winfrey a fait dimanche soir aux Golden Globes un discours qui ressemblait plus à celui d’une femme politique qu’à une vedette de télévision, relançant les spéculations sur une éventuelle candidature à la présidence des Etats-Unis.
Récompensée par le prix Cecil B. DeMille pour l’ensemble de sa carrière lors de la cérémonie des Golden Globes, celle que tout le monde surnomme « Oprah » a construit son discours sur le mouvement amorcé par l’affaire Weinstein, mais en allant bien au-delà. Elle a fait le lien avec deux héroïnes de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis, Rosa Parks et Recy Taylor, et annoncé l’arrivée d’une « aube nouvelle » pour les femmes et les jeunes filles maltraitées par les hommes.
Beaucoup ont vu dans cette déclaration de neuf minutes un tournant dans la vie publique d’Oprah Winfrey, dont la stature dépasse depuis longtemps déjà celle d’une animatrice, d’une actrice ou d’une femme d’affaires, activités qui ont fait d’elle la première femme noire milliardaire.
Première présentatrice noire à percer à la télévision, il y a 30 ans, Oprah a su créer autour de son nom et de son image une véritable marque, à l’influence considérable aux Etats-Unis.
Interrogée dimanche immédiatement après son discours pour savoir si elle comptait ou non se présenter, elle a répondu ne pas y penser, selon plusieurs médias américains.
Mais selon Cnn, qui citait lundi deux personnes anonymes de son entourage, l’actrice de 63 ans « réfléchit sérieusement » à une candidature, à près de trois ans de l’échéance. En mars, elle avait eu un commentaire volontairement ambigü, laissant entendre dans une interview que la victoire électorale d’un promoteur immobilier sans la moindre expérience politique, Donald Trump, l’avait fait réfléchir à une candidature. Dès le lendemain, sa meilleure amie, la présentatrice Gayle King, avait assuré qu’il s’agissait d’une « plaisanterie ».
« Je ne me présenterai jamais à aucun mandat politique », avait ensuite déclaré Oprah, en juin, au site du Hollywood Reporter. « C’est une position assez définitive. » « C’est aux gens de décider », a déclaré dimanche au Los Angeles Times le compagnon de longue date d’Oprah Winfrey, Stedman Graham. « Elle le ferait, c’est clair. » Sans surprise, le tout Hollywood est déjà derrière elle, comme en témoignaient lundi les nombreuses réactions qui affluaient après son déjà célèbre discours dimanche.
Ambitions pour 2020
« Je ne crois pas qu’elle avait l’intention » de se déclarer, a réagi l’actrice Meryl Streep au Washington Post, « mais maintenant, elle n’a plus le choix ». « Je ne pense pas qu’on puisse considérer cela comme une plaisanterie, pas plus que Donald Trump candidat ou The Rock », surnom de l’acteur Dwayne Johnson qui a déjà plaisanté sur ses ambitions pour 2020, estime Cindy Rosenthal, professeur de sciences politiques à l’université d’Oklahoma. Un sondage publié en mars par l’institut Public Policy Polling donnait Oprah Winfrey gagnante en 2020 contre Donald Trump à 47% des suffrages contre 40% au président sortant. La sexagénaire fringante est parfaitement alignée sur son époque, avec son combat pour la cause des femmes, mais aussi son parcours issu de la société civile.
GRANDE NUIT DU NDIAMBOUR
L'événement aura lieu le 19 janvier au Grand Théâtre National
La Grande Nuit du Ndiambour se tiendra le 19 janvier prochain au Grand Théâtre national à Dakar, avec pour but de réunir tous les artistes originaires de cette ancienne province afin de raffermir les liens entre les populations, a déclaré son initiateur, Ndiawar Seck.
"En une nuit, nous voulons réunir tous les artistes originaires de la région et évoluant ailleurs à Dakar ou dans la diaspora", a-t-il dit au cours d’une rencontre avec la presse, souhaitant que "cette tribune serve de tremplin aux jeunes artistes pour se faire connaître".
"La politique a fini de diviser les familles et je sens une tension nette dans la ville à cause des divergences politiques et une telle nuit, avec la présence de tous les leaders, veut aussi instaurer un climat de paix à Louga", a expliqué le président de l’Association des émigrés sénégalais d’Espagne.
Il a ajouté que "les griots ont pour rôle de faire revenir les gens à la raison quand la tension monte". Mais il a regretté qu’au sein même de cette communauté, le message véhiculé n’est plus celui plaidant pour la paix des cœurs.
"D’habitude, les griots s’érigeaient en médiateurs, mais, maintenant, ils s’impliquent et défendent leur leader politique", déplore-t-il. De fait, il prône "un retour à la vocation originelle du griot, médiateur social".
Également président de l’association "Thiapathioli", qui regroupe des émigrés originaires de Louga, Ndiawar dit "avoir une certaine expérience dans l’organisation d’évènements pour avoir eu à organiser des spectacles avec des artistes sénégalais en Espagne".
Le choix du Grand Théâtre national, à Dakar, s’explique par le fait qu’il est convaincu que "cette infrastructure appartient à tout le pays et, à l’image des autres régions, Louga doit pouvoir y organiser avec succès des événements".
Ce choix aussi est lié à l’absence d’infrastructures de cette envergure dans cette région qualifiée pourtant par certains observateurs de capitale culturelle du Sénégal, a-t-il poursuivi plaidant pour l’érection d’un grand espace culturel pour abriter les spectacles à Louga.
DRAME DE BOFFA
La DPAF installe des chefs de commissariats spéciaux frontaliers
Le directeur de la Police de l’air et des frontières (DPAF), le commissaire Abdou Wahab Sall, procède, du 9 au 12 janvier, à l’installation des chefs des commissariats spéciaux frontaliers de Rosso (Saint-Louis), Karang (Fatick), Keur Ayib (Kaolack), Kidira (Tambacounda) et Kounkané (Kolda), a appris l’APS.
Les commissariats spéciaux de Rosso, Karang et Kidira seront désormais dirigés par des commissaires pleins, alors que Kounkané et Keur Ayib seront confiés, pour le moment, à des officiers de Police, a indiqué, mardi, à l’APS, le patron de la direction de la Police en charge de la lutte contre la migration irrégulière et le banditisme transfrontalier.
Ces commissariats spéciaux ont été créés suivant le décret numéro 2017/463 du 21 mars 2017 afin d’étendre le système de contrôle et densifier le maillage sécuritaire aux frontières maritimes et terrestres, a rappelé Abdou Wahab Sall, informant de l’ouverture prochaine de celui de Matam.
Conscient que le contexte sécuritaire sous régional et les crises qui sévissent dans "notre environnement immédiat’’ sont favorables aux trafics de tous genres et à la criminalité transnationale, l’Etat a porté de 45 en 2014 à 70 actuellement les postes frontières de contrôle de la Police nationale, renseigne-t-il.
Le commissariat spécial est, sous l’autorité de la DPAF, chargé de "l’application de la réglementation relative à la police des frontières, de la surveillance des frontières, de l’immigration irrégulière, sur toute l’étendue de sa zone de compétence, ainsi que du renseignement transfrontalier", lit-on dans un document transmis à l’APS.
L’Etat a également construit des postes frontières à Dialadiang (Vélingara), à Gokhou Mbathie (Saint-Louis), ouvert 68 postes officiels et créé 7 nouveaux secteurs frontaliers, informe encore le communiqué.
L’érection de Moussala (Tambacounda) en secteur frontalier et la création des antennes aéroportuaire et portuaire de Kaolack sont initiées avec pour objectif de "fermer la porte aux terroristes", précise le texte. Il signale l’existence d’un programme de construction de 22 postes frontaliers et de renforcement des équipements, avec un projet de sécurité de dix millions d’euros à plusieurs volets, financé par le Fonds européen de développement (FED).
Ce projet prévoit un renforcement de la gestion des frontières, la modernisation de la collecte et le partage des données, ainsi que la promotion de l’interconnexion des services en charge de la surveillance du territoire.
SECOND SIÈGE A DAKAR - 1400 PERSONNES SERONT EMPLOYÉES
Phone Group élargit sa conquête en inaugurant un nouveau local dans la capitale sénégalaise baptisé Jambar
Installé au Sénégal depuis 2013, Phone Group poursuit son chemin de croissance sur le continent africain en inaugurant, le 19 décembre 2017, son second site à Dakar. A terme, près de 1 400 personnes seront employées.
Le nouveau site, baptisé Jambar, a été inauguré à Cité Tobago sur la Voie de dégagement Nord, en présence des membres du Conseil d’Administration d’Arvato, de Moulay M’hamed Elalamy, membre du Conseil d’Administration de Saham Group, de Ghita Lahlou, Présidente du Conseil d’Administration de Phone Group, et d’Otmane Serraj, Directeur Général de Phone Group.
Cette nouvelle implantation accompagne le développement du groupe sur le continent et confirme en particulier l’un des axes majeurs de la vision stratégique de Phone Group, « l'African Footprint ». Fier de son ancrage africain, le pionnier des métiers de la relation clients au Maroc, a ainsi fait de son développement en Afrique une priorité. A ce sujet, le Directeur Général de Phone Group, Otmane Serraj a déclaré : « Parce que l’Afrique est un écrin de talents et d’opportunités grâce à sa qualité de main d’œuvre, nous y avons élaboré une stratégie ambitieuse de développement afin de répondre au besoin croissant de nos clients. Nous proposons des offres diversifiées pour nos clients donneurs d’ordres, tout en favorisant le management interculturel et en offrant des expériences uniques à nos collaborateurs dans des perspectives économiques favorables ».
Réparti sur une superficie de 3 200 m², Jambar a été pensé pour être une vitrine du savoir-faire et de l’excellence opérationnelle de Phone Group à travers le modèle d’une nouvelle génération de centres de relation clients, équipés de bornes interactives, de murs d’écrans de dernière génération ainsi que de dispositifs de projection dynamique.
Ces locaux modernes et spacieux offrent aux collaborateurs de Phone Group un excellent environnement de travail, avec des espaces communs et de détente agréablement aménagés. L’ensemble respecte, en outre, les meilleurs standards de design afin d’offrir aux collaborateurs un cadre de travail confortable.
DÉLÉGATION GOUVERNEMENTALE EN CASAMANCE
Aly Ngouille Ndiaye apporte le soutien moral et financier du Chef de l’Etat
LeSoleil |
El Hadj Moussa Sadio |
Publication 09/01/2018
Le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, qui conduisait une forte délégation ministérielle, s’est rendu, hier, à l’hôpital régional de Ziguinchor au chevet des blessés par balles du massacre perpétré par des hommes armés, le samedi dernier, dans la forêt classée de Boyotte-Est, dans la commune de Nyassia (Ziguinchor). Il était venu en urgence, sur instruction du président de la République, Macky Sall, pour voir l’état des malades et présenter les condoléances du chef de l’Etat et de la Nation toute entière aux familles des victimes.
Après l’étape de l’hôpital régional, le ministre s’est rendu au quartier Néma 2 pour présenter les condoléances du président de la République et de la Nation aux 8 familles des victimes. Il a ensuite renouvelé le même exercice auprès des quatre familles de victimes du quartier Kandialang. Par la même occasion, le ministre a apporté le soutien financier du chef de l’Etat aux familles éplorées : un million de FCfa à chacune, pour les obsèques de leurs défunts.
Le préfet du département, Ibra Fall, a été chargé de faire le dispatching. Les parents des personnes décédées n’ont pas manqué d’exprimer leur gratitude au président Macky Sall pour ce « beau geste » et « la solidarité » qu’il vient ainsi de leur manifester. Pour ce qui est des blessés, le ministre a assuré qu’il va prendre toutes les dispositions, avec l’hôpital de Ziguinchor, « pour évacuer aujourd’hui (Ndlr, hier) les trois malades qui sont dans un état critique à Dakar ».
Parlant de ce drame qui vient de frapper le département de Ziguinchor, le ministre a fait remarquer de c’est un « acte odieux que nous n’avons pas l’habitude de voir dans notre pays ». Il a assuré que l’enquête suit son cours et que toutes les dispositions seront prises pour poursuivre et arrêter les auteurs.
Aly Ngouille Ndiaye a tenu à rappeler qu’il « faut reconnaître que nous avions, avec le chef de l’Etat, pris beaucoup d’initiatives pour amener la paix en Casamance. Et ne ce n’est pas avec cet incident qu’il va falloir reculer. Nous allons continuer pour que la paix revienne définitivement dans cette partie méridionale du Sénégal ».
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DÉPOLLUTION DES MERS
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LE MAIRE DE NYASSIA SORT DU BOIS
Massacre de Bofa
IBOU MANE - CORRESPONDANT |
Publication 09/01/2018
Nyassia est la commune dont dépend la forêt classée de Bofa-Bayotte où 13 personnes ont été massacrées par des éléments armés ce week-end. Son maire, Mamadou Diallo, a parlé à la presse au lendemain de cette tragédie. Pour lui, à la base de ce massacre, une gestion laxiste de la ressource forestière par les pouvoirs publics.
Un coup dur, car des êtres humains ont été arrachés à leur famille. Telle est la réaction du maire de Nyassia qui se prononçait quelques heures après le massacre perpétré au niveau de sa commune, et qui a occasionné 13 morts. Mamadou Diallo assure qu’il n’y a jamais eu auparavant de pertes liées à de tels incidents dans cette zone du fait de plusieurs séances de sensibilisation organisées pour dissuader les populations de fréquenter cette forêt classée de Bofa-Bayotte pour cause d’insécurité. «C’étaient des populations déplacées qui sont revenues au bercail. Et nous voulions éviter tout incident qui allait les pousser à un nouvel exil», a-t-il expliqué hier à la presse.
Il a rappelé au passage la dernière visite de terrain des ministres de l’Environnement, de l’Intérieur et des Forces armées dans la localité de Toubacouta pour constater de visu l’ampleur du fléau qu’est la coupe abusive de bois. Et il a déploré que les populations, tout comme les autorités municipales qui vivent la situation, n’avaient pas eu l’opportunité d’exposer à ces autorités gouvernementales leurs inquiétudes par rapport aux enjeux sécuritaires liés à ce fléau, car «nous étions conscients que tôt ou tard, des incidents comme celui de ce samedi pouvaient se produire dans la zone», a-t-il laissé tomber. Une manière pour l’édile de Nyassia de pointer du doigt la passivité des autorités administratives et militaires qui devaient, à ses yeux, prendre depuis longtemps les dispositions pour parer à tout incident.
A la question de savoir si le massacre de Bofa-Bayotte résulterait du contentieux entre le comité inter-villageois et les coupeurs de bois, contentieux sanctionné par la condamnation pour un mois ferme de quatre jeunes du village de Toubacouta, membres dudit comité, l’édile de Nyassa a avoué son ignorance. «Cela, on ne saurait le dire», a-t-il répondu. Seulement, ajoutera-t-il, les populations riveraines de cette forêt ne se sont jamais lassées, pour éviter le pire, de dénoncer toute personne prise en flagrant délit de coupe abusive de bois. «Nous-mêmes avons été dans cette forêt classée pendant deux journées avec l’Armée et les Eaux et forêts pour jauger l’ampleur des dégâts», souligne-t-il. Et c’est conscientes de ces périls que ces populations avaient décidé de jouer leur partition en participant à la protection de l’environnement, en informant à chaque fois l’Armée ou les services des Eaux et forêts. «Elles ont toujours travaillé en ce sens, jusqu’à ce qu’un jour on ait cet incident malheureux», déclare-t-il.
Le maire de Nyassia est d’avis que la tragédie du samedi est liée au fait que des gens ont réagi négativement à l’interpellation des jeunes du comité inter-villageois. «Il s’en est suivi des altercations, des blessés et ensuite des plaintes des coupeurs de bois. Toutes choses qui finalement ont conduit quatre jeunes de Toubacouta en prison», regrette-t-il. Un verdict qui s’apparentait à un blanc-seing pour les populations riveraines de la forêt de Bofa-Bayotte. «L’information la mieux partagée par la suite de ces emprisonnements, c’était comme si des gens encourageaient la coupe abusive du bois dans cette forêt. C’était comme qui dirait que la voie est libre pour y exercer dès lors le trafic de bois», car il est d’avis qu’aucune disposition n’a été prise pour éviter cela. Et ce qui devait arriver arriva, dit-il.
Le maire de Nyassia admet qu’il y a toutefois eu des précédents par rapport à ces incidents. «Des trafiquants de bois ont été interpellés, battus et libérés. Une fois, il y a eu des poursuites de coupeurs de bois jusqu’à la limite des maisons des villages riverains de cette forêt classée. On frappait et on laissait partir. On blessait et on laissait partir. Mais voilà qu’aujourd’hui, on tue pour se retrouver avec 13 morts», se désole-t-il. Pour lui, l’Etat et le ministère de l’Environnement doivent prendre des engagements pour aménager cette forêt dont l’accès même pose problème. Et ce, afin de permettre aux agents des Eaux et forêts, et des services de sécurité d’y intervenir pour une meilleure protection. imane@lequotidien.sn
«SI LE MASSACRE AVAIT EU LIEU A DAKAR, YOUSSOU NDOUR AURAIT-IL MAINTENU SON CONCERT ?»
Le Directeur-fondateur de l’Association Mémoires et partages ne décolère pas contre la manière dont les autorités de l’Etat se sont comportées face au massacre qui vient d’avoir lieu en Casamance. Il fustige aussi bien Macky Sall qui ne s’est pas rendu auprès des familles éprouvées, Aly Ngouille Ndiaye qui s’est vanté de l’argent remis aux familles, et Youssou Ndour, ministre-conseiller, qui n’a pas jugé bon de renoncer à son concert du Cices le samedi dernier.
Les réactions à la suite du massacre de Bofa ne cessent de tomber. L’une de toutes dernières qui nous est parvenue est celle de Karfa Diallo, Sénégalais établi à Bordeaux, en France, et fondateur-Directeur de Mémoires et partages, fortement impliqué dans la lutte pour les réparations dues à l’esclavage, entre autres. M. Diallo s’est offusqué de la gestion par les autorités sénégalaises des suites de cette tragédie.
Il a estimé que le chef de l’Etat, Macky Sall, a manqué à tous ses devoirs envers la Nation sénégalaise, en ne se rendant pas en personne, toutes affaires cessantes, auprès des familles des victimes, et au chevet des blessés du massacre de la forêt de Bofa. «Le seul fait que le Président ne se soit pas rendu dans cette forêt, et surtout auprès des familles, est pour moi un signe qu’il n’a pas assumé ses responsabilités en tant que chef de l’Etat.» Et M. Diallo rappelle qu’il y a à peine deux ans, en janvier 2015, Macky Sall s’était empressé d’aller à Paris rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo. «Aujourd’hui, il n’a pas jugé bon de se déplacer pour des gens tombés dans son propre pays», se désole-t-il. Mais le pire pour M. Diallo est que la première réaction de l’envoyé du chef de l’Etat, le ministre de l’Intérieur, qui a été d’annoncer une remise d’argent aux familles, est encore plus choquante. «C’est comme si on voulait ramener toute cette tragédie à des questions d’argent. C’est comme si, une fois de plus, on avait voulu acheter la paix avec de l’argent, comme on a eu à faire pendant des longues années, sans résultat.»
Et parlant d’argent, ce qui a le plus offusqué encore Karfa Diallo est le fait que Youssou Ndour n’a pas jugé bon d’annuler son concert au Cices. Et l’homme qui revendique ses origines de Bignona de poser la question qui fâche : «Si ce massacre avait eu lieu à Dakar, Youssou Ndour aurait-il maintenu son concert ?» La question se justifie à ses yeux par les fonctions étatiques qu’occupe M. Ndour. «Même si c’est de manière symbolique, Youssou Ndour occupe des fonctions gouvernementales, et il est rémunéré avec les deniers de l’Etat. Cela aurait été un autre artiste, comme Baba Maal, Omar Pène ou n’importe qui, et qui n’annulerait pas son concert, ce serait grave. Mais ici, le fait que nous ayons affaire à quelqu’un qui, en plus, a une représentation officielle, montre que la place de Youssou Ndour n’est pas dans le gouvernement, et il ne doit plus continuer à bénéficier des privilèges de l’Etat. Il serait temps que le Président Macky Sall le décharge de ses fonctions pour qu’il aille faire ce qui lui plaît le plus.»
Même le fait d’avoir décrété le deuil national ne trouve pas grâce aux yeux de Karfa Diallo. Pour lui, cette action est venue tard et a été noyée par l’absence du chef de l’Etat auprès des familles des victimes, et plus encore, par le concert de Youssou Ndour «dans l’indifférence générale. C’est comme si, dans ce pays, on s’est habitué à trouver normal qu’il y ait des morts en Casamance. On n’a pas pris conscience des enjeux de la paix qui demande une présence, un sacrifice de tous et surtout des autorités de l’Etat». mgueye@lequotidien.sn
Amarante n’a pas obtenu l’agrément pour travailler sur la plateforme de Diass, mais cela n’a pas empêché la société française de profiter de la couverture offerte par Teranga, choisie à partir d’on ne sait quels critères, pour s’implanter et déployer son personnel à l’Aibd. Ledit personnel qui, de son côté, broie du noir au vu des conditions de travail et de rémunération qui lui sont offertes.
Le ministre des Transports aériens, Madame Maïmouna Ndoye Seck, au cours d’un échange avec les journalistes à quelques jours de l’ouverture de l’Aibd, avait déclaré que les opérateurs qui seraient sélectionnés pour le Pif (Poste inspection et filtrage) étaient déjà actifs sur la plateforme de l’aéroport Léopold Senghor (Lss). C’est dire que la surprise a été grande de voir que dès le 7 décembre, des employés portant la tenue verte floquée de la mention Teranga s’occupaient, à côté des éléments de la Force publique (police et gendarmerie), de cette tâche à l’aéroport de Diass.
Le Quotidien avait écrit, notamment dans son édition n°4430 du lundi 20 novembre 2017, que le Pif avait été attribué à la société française Amarante, propriété de personnages très proches des services secrets français. Au cours de l’enquête menée auprès de personnes bien au fait de ce dossier, des proches d’Amarante avaient nié avoir obtenu le marché en question. Et pour cause, il n’y avait pas encore eu appel d’offres, mais Maïmouna Ndoye Seck avait promis une gestion tout à fait transparente dudit dossier.
Informations obtenues sur la plateforme de Diass, il se confirme que Teranga sécurité aéroportuaire (Tsa) a obtenu la licence d’exploitation du Pif à Diass, mais c’est le personnel d’Amarante et de la société Acces qui fait l’essentiel du travail. Il semblerait en effet que Teranga ait obtenu la licence sans avoir vraiment le personnel requis et encore moins l’expertise pour assurer la sécurité aéroportuaire de Diass. Elle est donc obligée de sous-traiter avec ces opérateurs qui travaillaient déjà sur l’aéroport de Dakar.
Reste à savoir maintenant dans quelles conditions ce deal entre Teranga et les autres opérateurs se décline au plan financier. Et sur le plan opérationnel, il faudra aussi savoir comment les choses se passeront de manière concrète, car aussi bien Amarante qu’Acces sont en train de former leur personnel pour le préparer à prendre la relève des Forces de l’ordre qui, pour un temps certainement encore limité, sont affectées à une partie des tâches concernant la sûreté aéroportuaire. Ainsi, une bonne partie du personnel d’Amarante se forme déjà avec intensité au contrôle laser et à la manipulation électronique. Il est donc difficile de croire que ces gens aient à abandonner leur place à plus ou moins brève échéance à des gens qui seraient embauchés pour le compte de Teranga sécurité aéroportuaire.
Un marché de 500 millions le mois
De toutes les manières, pour le moment, les choses semblent bien se passer pour les différentes entités. Les policiers et gendarmes, conscients qu’ils ne sont pas formés à ces tâches de contrôle des passagers, ne montrent aucune mauvaise volonté pour initier ceux qui sont appelés à les remplacer.
Pour le personnel d’Amarante, les soucis se posent plus du côté du traitement salarial et des cadences de travail. Du fait du niveau de spécialisation requis pour travailler sur Diass, nombre d’employés de ces opérateurs de la sûreté aéroportuaire devait se remettre à niveau, et seule une petite équipe devait s’occuper de l’essentiel du travail. Et il arrivait, presque jusqu’à la fin du mois de décembre, que des équipes fassent des quarts de dix heures à douze en poste. Puisque la plupart de ces gens habitent Dakar, ils n’avaient pas beaucoup de temps de repos. Avec le niveau de recrutement et de formation, les choses se sont un tant soit peu améliorées ces derniers temps, et les cadences sont devenues un peu moins «infernales».
S’agissant de la rémunération toutefois, le bout du tunnel n’est pas encore visible. Si l’on en croit le journal EnQuête dans son édition du week-end dernier, le marché de la sûreté aéroportuaire à Diass serait de 500 millions de francs Cfa le mois. Il faudrait se demander dans quelles poches tombe cette grosse manne, car le personnel de terrain, lui, n’en récolte que des miettes.
Des informations recueillies par Le Quotidien, il apparaît que la grande majorité du personnel ne percevrait pas plus de 250 mille francs Cfa pour un Cdi. Mais la grande majorité des nouvelles recrues est classée comme des stagiaires en voie de recrutement. Ce qui leur assure des revenus entre 75 et 90 mille francs Cfa. L’ennui est que ce statut de stagiaire peut être appliqué même à des personnes ayant plus de deux ans d’ancienneté. Et comme le dit un agent de sûreté interrogé à l’aéroport, «il n’est pas facile de trouver actuellement un emploi au Sénégal. Entre 75 mille francs Cfa et le chômage, quand on est soutien de famille, y a-t-il un choix à faire ?». Et cela, les responsables français le savent aussi bien que n’importe qui.