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25 avril 2025
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ATTIRER LES INVESTISSEURS AMÉRICAINS
Forum de Saint-Louis - Ouvrir une porte d'entrée, au Sénégal, pour le secteur privé américain - L'investisseur cherche avant tout un partenaire local - Entretien avec René Lake
Le patron de RSL Strategies, Rene Lake, est convaincu que l'investisseur américain n'est pas toujours ce partenaire arrogant qui vient pour imposer ses idées.
Au contraire, ce qu'il faut comprendre selon Lake, c'est que ce dernier a besoin de la validation locale qui est le gage de la viabilité de son projet.
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QUAND LE PRÉTOIRE L'EMPORTE SUR LE PERCHOIR
"Politiquement raison, juridiquement tort" : c'est ainsi que Mounirou Sy résume la décision du Conseil constitutionnel sur la loi interprétative d'amnistie. La majorité parlementaire ne permet pas de s'affranchir des principes constitutionnels
Dans une décision rendue le 23 avril 2025, le Conseil constitutionnel a annulé l'article premier de la loi interprétative relative à l'amnistie votée en 2024, vidant ainsi cette loi controversée de sa substance. Cette décision, qui fait couler beaucoup d'encre dans le pays, marque un tournant significatif dans les relations entre le pouvoir politique et l'autorité judiciaire.
Selon le professeur Minirou Sy, maître de conférences à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, interrogé sur la chaîne TFM, cette décision est "une source de satisfaction" après des années où "on était habitué à une incompétence saisonnière du Conseil constitutionnel sur des questions qui touchaient le cœur de la vie politique".
Le Conseil constitutionnel a requalifié la loi dite "interprétative" en loi "modificatrice", estimant qu'elle innovait en tentant de rétrécir le champ d'application de la loi d'amnistie initiale. "Le juge constitutionnel ne se limite plus à l'idée de trancher mais fait office de pédagogie", analyse le professeur Sy, qui souligne un "revirement" par rapport à la décision initiale sur la loi d'amnistie.
En effet, alors qu'il avait précédemment reconnu au législateur "la plénitude de ses pouvoirs" concernant l'amnistie, le Conseil constitutionnel "a circonscrit le périmètre d'action du législateur" en lui rappelant qu'il ne peut pas aller au-delà des textes de droit international, notamment concernant la torture, les actes inhumains et dégradants.
Pour les victimes des événements politiques couverts par la loi d'amnistie, cette décision ouvre la voie à des recours civils. "Les décisions du Conseil constitutionnel s'imposent aux autorités administratives et juridictionnelles", rappelle l'universitaire. Si l'amnistie éteint l'action publique, elle ne remet pas en cause le droit à réparation des victimes. Une personne dont le commerce aurait été vandalisé pourra ainsi demander réparation devant un juge civil.
Le professeur Sy écarte toute possibilité d'annuler complètement la loi d'amnistie de 2024, celle-ci étant déjà promulguée. Une abrogation n'aurait d'effet que pour l'avenir et ne résoudrait pas les problèmes actuels.
Cette décision constitue, selon l'expert, un signal fort envoyé par le Conseil constitutionnel au monde politique : "Vous avez politiquement raison parce que vous détenez la majorité à l'hémicycle, mais juridiquement tort parce que vous avez violé la Constitution." Le professeur estime que "le peuple a maintenant quelqu'un qui veille pour ses droits, à savoir le juge constitutionnel", évoquant la notion de "démocratie continue" où "lorsque le peuple perd la démocratie à l'Assemblée nationale, il peut l'atteindre devant le Conseil constitutionnel".
Quant au débat sur la transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle, le spécialiste le considère comme purement "terminologique", l'essentiel étant de "renforcer les prérogatives de la juridiction constitutionnelle", quelle que soit son appellation.
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DU SOUVERAINISME À LA SÉNÉGALAISE
"C'est une manœuvre beaucoup plus habile que ce qui est fait dans d'autres pays de la région", analyse un spécialiste, tandis qu'un autre met en garde contre "les espoirs déçus". Le modèle sénégalais de souveraineté suscite des interprétations contrastées
(SenePlus) - Un vent de changement souffle sur l'Afrique de l'Ouest, particulièrement au Sénégal où le président Bassirou Diomaye Faye incarne cette nouvelle tendance souverainiste. À l'occasion de la fête de l'indépendance du 4 avril, le symbolisme n'a pas manqué lorsque le boulevard Général-de-Gaulle a été rebaptisé boulevard Mamadou-Dia, du nom d'un héros de l'indépendance.
Dans son discours à la nation, le président a clairement identifié la monnaie comme un enjeu de souveraineté : "Tous les pays du monde disposent de trois principaux moyens pour financer leur économie : la fiscalité, l'endettement et la monnaie. Or, avec le franc CFA, le Sénégal se prive d'un instrument essentiel", a-t-il déclaré en wolof, comme le rapporte Jeune Afrique.
Face à ce qu'il perçoit comme une inertie de la Cedeao concernant la création de l'eco, Bassirou Diomaye Faye propose que l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) prenne l'initiative "d'une monnaie souveraine avec un nom, un symbole et des billets distincts".
Élu dès le premier tour le 24 mars 2024, le président porte un discours de changement radical. Son parti, Pastef, défend "la nécessité de trouver de nouvelles voies de développement économique et social" pour mettre fin à la "dépendance-soumission à l'extérieur", avec une référence à peine voilée à l'ancienne puissance coloniale française.
Un financier actif dans la région, cité par JA, note que si "ces discours ne sont pas nouveaux", le contexte actuel marque une vraie différence : "Jusqu'à récemment, tous ces pays étaient gérés de manière post-coloniale, avec des dirigeants et des hauts fonctionnaires formés en Occident, qui cultivaient des liens avec les grandes institutions financières internationales. [...] Nous assistons donc à un changement profond de paradigme."
Au lendemain de sa prestation de serment en avril 2024, Bassirou Diomaye Faye a lancé une série d'audits sur les contrats pétroliers et gaziers conclus par le Sénégal, notamment ceux du champ de Sangomar, géré par l'australien Woodside, et du projet gazier offshore Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie et exploité par British Petroleum.
Contrairement à l'approche plus frontale adoptée par certains pays voisins comme le Mali dans le secteur minier, la démarche sénégalaise se veut plus nuancée. "Les audits lancés par les autorités sont très spécifiques et concernent essentiellement la réalité des dépenses engagées par les multinationales. C'est une manœuvre beaucoup plus habile, moins frontale que ce qui est fait dans d'autres pays de la région", analyse Joël Té-Lessia Assoko, auteur de l'ouvrage "Enterrer Sankara".
Plus d'un an après les annonces du successeur de Macky Sall, les résultats de ces audits se font encore attendre. Pour l'économiste togolais Kako Nubukpo, "ces dernières décennies, les alternances politiques n'ont pas proposé de politiques économiques alternatives. Il y a une donc une forte demande de souveraineté de la part de la jeunesse ouest-africaine. Les promesses faites par les nouvelles autorités du Sénégal tardent à produire des effets. Attention aux espoirs déçus."
Le souverainisme économique pourrait-il donc n'être qu'un discours sans conséquences concrètes ? Joël Té-Lessia Assoko suggère que "c'est parfois beaucoup de bruit pour, finalement, des conséquences économiques très limitées". Il fait remarquer que malgré la rhétorique anti-institutions occidentales, les pays qui se réclament du souverainisme continuent de s'adresser au FMI et à la Banque mondiale dès qu'ils en ont besoin.
Si la vraie recette du souverainisme économique restait à inventer ? Kako Nubukpo, malgré ses réserves, voit une opportunité : "Cette opportunité peut être saisie pour proposer des modèles différents, conquérir le marché intérieur en accélérant la transformation locale des matières premières que nous produisons."
Le Sénégal, avec son approche plus mesurée que celle des juntes militaires voisines, pourrait-il tracer une voie médiane, alliant aspiration à plus de souveraineté et pragmatisme économique ? L'histoire est en train de s'écrire, mais les enjeux sont immenses pour une jeunesse sénégalaise qui attend des résultats concrets au-delà des symboles et des discours.
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MANSOUR FAYE FACE À LA TEMPÊTE
Sur les 750 milliards du fonds Covid, il n'en a géré qu'une infime partie, et affirme même avoir économisé 5 milliards à l'État. L'ancien ministre, menacé de comparaître devant la Haute Cour de Justice, s'est longuement expliqué sur sa gestion de la crise
Alors que le ministre de la Justice vient de transmettre une demande de mise en accusation devant la Haute Cour de Justice pour cinq anciens ministres, dont Mansour Faye, dans le cadre du scandale présumé des fonds Covid, l'ancien ministre s'est exprimé sur le plateau de l'émission "Faram Facce" sur TFM pour défendre sa gestion.
Face à l'animateur Chérif Dia, il a fermement contesté les accusations portées contre lui concernant la gestion des fonds alloués pendant la crise sanitaire. "Dans un contexte spécial comme celui du Covid, nous avons pourtant fait preuve de transparence en lançant un appel d'offres malgré l'urgence de la situation", a-t-il affirmé.
L'ancien ministre a détaillé le processus d'achat de 1100 tonnes de riz destinées à être distribuées aux populations vulnérables. Selon lui, la procédure a été rigoureusement suivie : publication de l'avis d'appel d'offres dans les journaux nationaux le 1er avril 2020, attribution transparente par la commission des marchés au prix de 275 francs le kilo, et publication de l'avis d'attribution.
Mansour Faye rejette catégoriquement l'argument central du rapport qui fonde les accusations, à savoir le non-respect d'un arrêté de 2013 fixant les prix. "Cet arrêté était devenu caduc après quatre mois selon l'article 43 de la loi 94-63. Il ne pouvait donc pas être en vigueur en 2020", explique-t-il, estimant que cette base juridique erronée invalide toutes les conclusions du rapport.
L'ancien ministre souligne également l'ampleur de l'opération logistique menée avec succès : "C'était 1100 tonnes de riz, plus de 2000 camions pour livrer dans toutes les communes du Sénégal." Il ajoute que sur un budget global de 69 milliards, moins de 1% a été consacré à cette opération, et que son équipe a même "économisé quasiment 5 milliards pour l'État" en restituant des fonds non dépensés.
Face à ce qu'il considère comme une "manipulation politique", Mansour Faye dénonce un rapport émis par "une seule chambre de la Cour des comptes, même pas signé par le président de l'institution". Il voit dans cette procédure une tentative de "détourner l'attention des Sénégalais par rapport aux problèmes réels qui se posent" dans le pays.
"Ma conscience est tranquille", conclut l'ancien ministre, qui affirme avoir agi dans l'intérêt des populations durant cette période exceptionnelle, tout en respectant les procédures administratives.
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POUR AMADOU BA, CEUX QUI PARLENT DE REJET DE LA LOI INTERPRÉTATIVE DE L’AMNISTIE SE TROMPENT
Le député dénonce une "désinformation" autour de la décision du Conseil constitutionnel. "Je ne comprends pas l'agitation de certaines à aller dire au public que la loi d'amnistie a été censurée, c'est faux", défend-il
Le Conseil constitutionnel vient de rendre une décision majeure concernant la loi interprétative 08-2025, déposée par les députés de Pastef et votée le 2 avril dernier. Cette décision, loin de constituer un rejet total comme certains l'affirment, établit un principe fondamental concernant les limites de l'amnistie au Sénégal, selon Amadou Ba, initiateur du texte.
D'après les explications du député, invité de l'émission "Soir d'infos" sur TFM mercredi 23 avril, le Conseil constitutionnel a confirmé que "les crimes de sang, assassinats, meurtres et tortures ne peuvent être couverts par une loi d'amnistie", conformément aux engagements internationaux du pays. Le considérant 31 de la décision marque ainsi, selon lui, une évolution notable par rapport à la jurisprudence antérieure de 2005, qui accordait au législateur un pouvoir quasiment illimité en matière d'amnistie.
Cette clarification juridique ouvre désormais la voie aux victimes et aux familles des personnes assassinées ou torturées pour saisir les tribunaux et faire valoir leurs droits, dès la publication de la décision au Journal officiel, à en croire le parlementaire. "Toutes les victimes vont pouvoir brandir ce considérant 31 et se présenter devant les procureurs des différentes juridictions de ce pays", souligne-t-il.
À l'en croire, le Conseil a certes censuré une partie du texte concernant l'exclusion du bénéfice de l'amnistie pour ceux qui "exerçaient une liberté publique ou démocratique", mais cette censure partielle ne remet pas en cause l'objectif principal visé par les auteurs de la loi.
Le député a également justifié le choix d'une loi interprétative plutôt qu'une abrogation totale, qui aurait pu entraîner le retour en prison de toutes les personnes libérées et provoquer une désorganisation judiciaire conséquente.
Cette décision du Conseil constitutionnel intervient dans un contexte politique tendu, alors que l'Assemblée nationale s'apprête également à examiner la mise en accusation de cinq anciens ministres devant la Haute Cour de Justice, pour des faits qui concerneraient notamment la gestion des fonds Covid.
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DERRIÈRE LES RAILS DU TER, L'HUMANITÉ BROYÉE
Pendant que le "Sénégal émergent" de Macky Sall célébrait son Train Express Régional, Mamadou Khouma Gueye filmait l'autre réalité : celle des expulsions massives. Son film "Liti Liti" documente avec sensibilité le déracinement de plusieurs impactés
(SenePlus) - Dans le paysage cinématographique sénégalais, une œuvre singulière fait son apparition. Le réalisateur Mamadou Khouma Gueye signe son premier long-métrage, « Liti Liti », un documentaire intime qui aborde frontalement les conséquences humaines des grands projets d'infrastructure au Sénégal, comme le rapporte RFI.
L'œuvre suit le parcours de Sokhna Ndiaye, la propre mère du cinéaste, contrainte de quitter sa maison située dans le quartier de Guinaw Rail, en banlieue de Dakar, après y avoir passé quarante années de sa vie. Cette expulsion n'est pas un cas isolé : elle s'inscrit dans le vaste programme de déplacement qui a touché près de 250 000 riverains pour permettre la construction du Train Express Régional (TER) reliant Dakar à Diamniadio.
« Pendant plus de cinq ans, le réalisateur capte des images à la fois intimes et marquées par la froideur des grands travaux, interrogeant au fil du récit le sens du progrès et la mémoire des lieux », souligne la correspondante de RFI à Dakar, Juliette Dubois. Ce contraste entre l'humanité des récits personnels et la rigidité technique du chantier constitue l'une des forces du film.
Le TER, présenté comme l'un des symboles phares du « Sénégal émergent » promu par l'ancien président Macky Sall, illustre parfaitement cette tension entre développement national et destins individuels. Dans le film, Sokhna Ndiaye « évoque toutes les péripéties liées au déguerpissement dont elle et ses voisins ont été victimes, pour les besoins de la réalisation des infrastructures du TER », précise RFI.
Au-delà du simple témoignage, « Liti Liti » se veut une réflexion profonde sur le coût humain du progrès. Comment concilier modernisation des infrastructures et respect des communautés établies ? Quelle place accorder à la mémoire des lieux dans une vision du développement parfois technocratique ? Le film ne prétend pas apporter de réponses définitives, mais pose ces questions essentielles à travers le prisme d'une histoire familiale.
Cette démarche documentaire, qui mêle l'intime et le politique, s'inscrit dans une tradition cinématographique sénégalaise riche, héritière d'Ousmane Sembène et Djibril Diop Mambéty. Mamadou Khouma Gueye y apporte sa sensibilité propre, transformant l'expérience douloureuse du déracinement en une œuvre artistique qui interroge les fondements même du développement urbain.
À l'heure où de nombreux pays africains intensifient leurs projets d'infrastructures, « Liti Liti » offre un contrepoint nécessaire aux discours triomphalistes sur le progrès, rappelant que derrière chaque grand chantier se cachent des histoires humaines, des souvenirs et des attachements que nul dédommagement ne peut totalement compenser.
Le film a été présenté au festival Visions du Réel, comme l'indique RFI, confirmant l'intérêt international pour cette œuvre qui dépasse le cadre sénégalais pour toucher à l'universalité des questions d'aménagement du territoire et de mémoire collective face aux impératifs de modernisation.
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DÉCÈS DE VALENTIN-YVES MUDIMBE
Figure majeure de la pensée africaine, le philosophe s'est éteint à 83 ans en Caroline du Nord. Ce penseur né au Congo belge laisse une œuvre intellectuelle qui a révolutionné notre compréhension des relations entre l'Afrique et l'Occident
C'est avec tristesse que le monde intellectuel apprend la disparition de Valentin-Yves Mudimbe, décédé à l'âge de 83 ans en Caroline du Nord, aux États-Unis. Figure incontournable de la pensée africaine contemporaine, cet homme aux multiples talents laisse derrière lui une œuvre riche et diversifiée qui continuera d'influencer les générations futures.
Né en 1941 au Katanga, dans ce qui était alors le Congo belge, Valentin-Yves Mudimbe s'est imposé comme l'une des voix les plus importantes des études post-coloniales. À la fois romancier, philosophe et universitaire, il a consacré sa vie à explorer les relations complexes entre l'Afrique et l'Occident, questionnant avec finesse les fondements de notre connaissance du continent africain.
Installé aux États-Unis depuis plus de quatre décennies, il a enseigné dans plusieurs institutions prestigieuses américaines, partageant son savoir et sa vision critique avec des générations d'étudiants. Son ouvrage majeur, "L'invention de l'Afrique", traduit en français en 2021 par l'historien Mamadou Diouf, reste une référence incontournable pour comprendre les mécanismes de construction des savoirs sur l'Afrique.
L'œuvre de Mudimbe se distingue par sa diversité exceptionnelle. De la poésie aux romans, en passant par les essais philosophiques et les analyses sociologiques, il a abordé des thématiques fondamentales telles que la quête identitaire, les tensions entre tradition et modernité, ou encore les violences politiques héritées de l'époque coloniale. Sa critique des puissances coloniales, qui ont transformé des nations africaines avec leurs propres traditions et techniques en simples "tribus", témoigne de sa lucidité face aux processus historiques qui ont façonné le continent.
Si Valentin-Yves Mudimbe nous a quittés, son héritage intellectuel demeure bien vivant. Sa pensée continue d'éclairer les réflexions contemporaines sur l'Afrique et ses relations avec le reste du monde, constituant un pilier essentiel pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire et à l'avenir du continent africain.
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LA JEUNESSE SE RACONTE
Sunu Stories propose une campagne de sensibilisation originale portée par des jeunes Sénégalais et des mineurs non accompagnés en Italie. À travers deux courts-métrages, "Anta" et "Xaarito", ils explorent l'enfance, la migration et les solidarités
Deux films, deux regards, une génération en quête de sens. C’est ce que propose SUNU STORIES, une campagne de sensibilisation portée par de jeunes Sénégalais et des mineurs non accompagnés vivant en Italie, réunis autour d’un projet commun : raconter l’enfance, la migration, les ruptures et les solidarités, à travers le langage du cinéma.
Au cœur de cette initiative, deux courts-métrages tournés entre Dakar et Turin. Le premier, Anta, suit une jeune fille confrontée à une situation familiale difficile, marquée par la séparation parentale. Elle trouve dans l’amitié scolaire une force inattendue pour avancer. Le second, Xaarito, adopte un ton plus léger pour explorer la romance et les espoirs de la jeunesse sénégalaise, sur fond de question migratoire.
Les deux films sont le fruit d’un travail collectif mené par une trentaine de jeunes – vingt au Sénégal et dix en Italie – ayant participé à une formation audiovisuelle en huit étapes. Accompagnés par des professionnels du secteur, ils ont appris à écrire, tourner et monter un film, tout en partageant leurs propres expériences. Le studio de production sénégalais Gaynako a assuré l’encadrement technique et artistique à Dakar, en collaboration avec la Direction générale de la protection judiciaire et sociale (DGPJS).
Derrière la caméra, une prise de conscience collective
Ces productions ne sont pas de simples exercices artistiques. Elles s’inscrivent dans le cadre du projet SUNU DOM, un programme plus large de protection de l’enfance, mis en œuvre notamment à Saint-Louis et Louga. Le projet vise à renforcer les compétences des acteurs sociaux, à mieux coordonner les structures locales et à améliorer la prise en charge des enfants en situation de vulnérabilité, notamment ceux en situation de migration.
Selon une étude menée par l’IBCR et l’UNICEF, le Sénégal dispose d’un cadre favorable en matière de droits de l’enfant, mais souffre d’un manque de professionnels formés. SUNU DOM cherche à répondre à ce besoin, en impliquant également les jeunes dans cette dynamique de transformation.
Un cinéma de proximité et d’engagement
La diffusion des films sur YouTube permet un accès libre au grand public, mais l’objectif va au-delà du visionnage. Il s’agit de créer des espaces de discussion dans les écoles, les quartiers, les familles. Le public est également invité à voter pour son film préféré : un geste simple, mais qui valorise l’engagement des jeunes créateurs, au Sénégal comme en Italie.
Plus de 80 % des participants ont exprimé leur envie de continuer à s’impliquer sur ces sujets. Dans un pays où plus de la moitié de la population a moins de 25 ans, ces projets rappellent que les jeunes sont loin d’être spectateurs. Ils sont acteurs, réalisateurs, et surtout, porteurs de récits qui méritent d’être entendus.
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THIERNO ALASSANE DÉNONCE L'INCOMPÉTENCE AU POUVOIR
"Des carburants plus chers qu'au Mali, 30 800 licenciements et un BTP en léthargie" : c'est en ces termes que le député a résumé la gouvernance économique du Pastef, lors d'une conférence de presse tenue ce mardi à Dakar
Le député Thierno Alassane Sall, président du parti République des Valeurs, a tenu une conférence de presse ce mardi 22 avril 2025 où il a vivement critiqué la gestion économique du gouvernement dirigé par Ousmane Sonko, près d'un an après son arrivée au pouvoir.
Le député a dénoncé ce qu'il considère comme l'échec des promesses de changement rapide faites par le Pastef. "La plupart des compatriotes espéraient un changement rapide à leur arrivée au pouvoir, parce qu'ils nous ont vendu non seulement un projet et des idées grandioses, mais on leur prêtait aussi la compétence", a-t-il déclaré, soulignant l'ironie que l'équipe au pouvoir soit majoritairement issue du ministère de l'Économie et des Finances.
Selon M. Sall, les déclarations "hasardeuses" du Premier ministre au nom de la transparence ont conduit à la dégradation de la note du Sénégal, entraînant des emprunts "à des taux démentiels" et un ralentissement économique général.
Le député a particulièrement insisté sur la crise touchant plusieurs secteurs clés. Dans la pêche, il a rapporté que "la brèche de Saint-Louis a englouti près de 40 vies en un an" sans intervention gouvernementale. Pour le secteur du BTP, il a souligné que les entreprises sont "presque à l'état léthargique", avec des exemples concrets comme la CSE qui a licencié 650 personnes, tandis que les cimenteries voient leur chiffre d'affaires baisser de 25%.
Un autre point de critique majeur concerne le prix des carburants. M. Sall a relevé le paradoxe que le Sénégal, devenu producteur de pétrole, affiche les prix de carburant les plus élevés de la sous-région (990 francs CFA contre 775 au Mali et 650 au Burkina Faso), malgré une baisse du cours du baril de 21% en un an.
En matière d'éducation, il a pointé le retard considérable dans le calendrier universitaire, avec l'année 2023-2024 toujours en cours alors que le reste du monde se prépare aux examens de fin d'année pour 2024-2025.
Thierno Alassane Sall a également critiqué les licenciements massifs dans le secteur public, évoquant environ 30 800 personnes licenciées pour "motifs économiques", tout en dénonçant l'absence de transparence dans les recrutements qui ont suivi.
Sur le plan politique, l'ancien ministre a réfuté les accusations portées contre lui concernant les contrats pétroliers, affirmant avoir au contraire "arraché quatre contrats pétroliers" au bénéfice du Sénégal lorsqu'il était au gouvernement.
Enfin, M. Sall a exprimé ses inquiétudes quant à l'allocation de 5 milliards de francs CFA sans débat parlementaire, gérée selon lui par "l'appareil politique du Pastef", comparant cette situation à celle des controversés fonds Covid. Il a appelé à un rapport de la Cour des comptes sur cette gestion, tout en dénonçant une "justice sélective" qui s'exercerait "sur commande" du pouvoir en place.
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QUAND DAKAR S'ÉLÈVE, QUI RESTE SUR LE TROTTOIR ?
Almadies, Fann Résidence, Ngor, Yoff : ces quartiers dakarois deviennent le terrain de jeu d'une clientèle fortunée, majoritairement étrangère, tandis que le Sénégalais moyen, avec ses 96.206 francs CFA mensuels, observe de loin cette métamorphose urbaine
La capitale sénégalaise connaît une transformation immobilière spectaculaire. Dans les quartiers prisés comme les Almadies, Fann Résidence, Ngor et Yoff, les immeubles de grand standing se multiplient à un rythme effréné, témoignant d'une dynamique immobilière en plein essor.
Cependant, cette tendance révèle un paradoxe économique préoccupant. Avec des loyers pouvant atteindre 1,5 million de francs CFA mensuels, ces logements représentent environ 15 fois le salaire moyen d'un Sénégalais, estimé à 96.206 francs CFA selon l'Agence nationale de la Statistique et de la démographie (ANSD).
"Ce sont les personnes riches et les étrangers, notamment les diplomates, qui peuvent se permettre ces logements", explique un observateur du marché immobilier dakarois. En effet, cette offre de luxe répond principalement aux besoins d'une clientèle composée d'expatriés, de diplomates et d'une minorité de Sénégalais très aisés.
La stabilité politique du Sénégal et l'attractivité de Dakar comme centre d'affaires régional contribuent à ce phénomène. Ces résidents privilégiés recherchent un confort comparable aux standards européens, tout en restant à proximité des écoles internationales, des universités et des centres commerciaux.
Cette urbanisation verticale de luxe soulève néanmoins une question fondamentale : à qui profite réellement cette transformation urbaine dans une ville où le besoin en logements abordables demeure criant ? Alors que la capitale sénégalaise se métamorphose, le fossé entre les différentes couches sociales ne cesse de s'élargir, illustrant les défis persistants de l'accès au logement dans l'une des métropoles les plus dynamiques d'Afrique de l'Ouest.