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27 avril 2025
Politique
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ATTIRER LES INVESTISSEURS AMÉRICAINS
Forum de Saint-Louis - Ouvrir une porte d'entrée, au Sénégal, pour le secteur privé américain - L'investisseur cherche avant tout un partenaire local - Entretien avec René Lake
Le patron de RSL Strategies, Rene Lake, est convaincu que l'investisseur américain n'est pas toujours ce partenaire arrogant qui vient pour imposer ses idées.
Au contraire, ce qu'il faut comprendre selon Lake, c'est que ce dernier a besoin de la validation locale qui est le gage de la viabilité de son projet.
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PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BOUBACAR BORIS DIOP
CE VIEIL HOMME, NOTRE ENFANT…
Wade a desservi Karim, renforcé la cote de popularité de Macky tout en donnant de lui-même une image négative. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre la libération de son fils
Boubacar Boris Diop, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 24/03/2015
Des analystes pourtant peu suspects de passion partisane continuent à regretter que la Crei n’ait été apparemment réactivée que pour juger Karim Wade. Même si on peut leur reprocher de tenir pour quantité négligeable ses co-inculpés ou d’oublier trop vite les nombreux dossiers déjà instruits, leur trouble mérite la plus grande attention. Il nous rappelle qu’au Senegal l’autorité publique n’a jamais vraiment su quelle attitude adopter à l’égard des auteurs de crimes économiques. C’est peu de dire que ces derniers, du fait de leur forte capacité de redistribution, sont plus souvent admirés que stigmatisés.
Il se raconte du reste, sous forme de blague populaire, qu’à des détenus ordinaires se plaignant des faveurs accordées à ces prisonniers de luxe, un régisseur aurait répliqué, excédé : «Ecoutez, ce n’est pas pareil, vous, vous êtes des voleurs alors qu’eux ont détourné !» Cette complaisance à l’égard de ceux qui dilapident nos maigres ressources s’explique-t-elle par le fait que le même personnel politique se partage le pouvoir depuis l’Indépendance ? L’hypothèse peut être avancée sans risque.
Le plus fascinant, c’est que Me Abdoulaye Wade, alias le «pape du Sopi», a été élu, après une exceptionnelle mobilisation populaire, pour briser ce cercle vicieux de la gabegie et de l’impunité. Quel Sénégalais peut s’en souvenir aujourd’hui sans un formidable éclat de rire ? Sous son règne, le système est devenu complètement fou ! Dès ses premières heures au Palais, il déclare à Idrissa Seck, qui l’enregistre en secret– drôle de gens, n’est-ce pas ?- : «Nos problèmes d’argent sont désormais derrière nous», avant d’ajouter cette phrase hallucinante : «Même les gangsters savent s’en tenir a un strict code d’honneur quand vient l’heure de se partager le butin.»
Il n’est dès lors pas étonnant qu’au cours de ses deux mandats à la tête du pays, on ait eu l’impression d’un gigantesque foutoir financier. Bien des cadres ayant travaillé avec Me Wade, en particulier ceux qui venaient de la Gauche, n’étaient pas des corrompus, loin s’en faut. Mais ceux qui l’étaient ne se sont pas du tout gênés. Les affaires en tous genres– terrains, trafic de devises voire de drogue– ont sans cesse défrayé la chronique et des milliers de gens qui tiraient le diable par la queue, ont amassé en peu de temps une colossale fortune.
Dans un petit pays à l’élite aussi «compacte», tout finit par se savoir, même, et peut-être surtout, ce que les medias choisissent, pour diverses raisons, de taire. Et– ne soyons donc pas si oublieux– Karim Meissa Wade, à la tête de moult ministères stratégiques, était au centre de tout. La justice lui demande depuis juillet 2014 de justifier l’accroissement phénoménal de sa fortune à l’époque où son père était chef de l’Etat. Il n’en a pas été capable et cela lui a valu une peine ferme de six ans et une amende de 138 milliards de francs Cfa.
On peut certes entendre les critiques des ONG des Droits de l’homme qui voient dans la Crei une juridiction d’exception violant les normes du droit international mais on a aussi eu le sentiment que pour ses avocats leur client, lâché par certains de ses prête-noms et complices, confondu sur des points importants, était devenu indéfendable. On les a donc davantage entendus en conférence de presse qu’à la barre du tribunal qu’ils ont du reste finalement boycotté. Il est d’ailleurs difficile de savoir à quoi ont bien pu servir les avocats étrangers supposés plaider en faveur de Karim Wade.
Malgré le gros cafouillage sur le compte de Singapour– un point, il faut le souligner, non pris en compte par le juge Henri-Grégoire Diop–, personne n’a été surpris par le verdict du 23 mars. Il n’y a pas lieu de se réjouir qu’une personne encore dans la force de l’âge soit obligée de rester quatre années en prison mais des dizaines de milliers d’autres Sénégalais purgent la même peine sans que cela n’émeuve personne.
L’avertissement vaut pour tous nos futurs chefs d’Etat. Ce qui arrive à Karim Wade doit leur faire comprendre qu’il est inadmissible et dangereux de détourner les suffrages populaires au profit de sa famille.
L’ex-président Wade, naguère tout-puissant, n’a rien pu faire pour sauver son fils. Il n’a même pas pu trouver un hôtel pour y organiser ce que le politologue Mbaye Thiam a appelé sur Sud FM «la dévolution paternelle du parti». Cela en dit long sur la brutalité de la chute de Wade. Il s’était pourtant montré si agressif à maintes reprises que le pays a eu de sérieuses craintes pour la sécurité des biens et des personnes le jour du verdict. A l’arrivée il y a eu plus de peur que de mal.
Me Wade, conscient de son faible pouvoir de nuisance ces temps-ci, s’y était sûrement attendu et c’est sans doute pour cela qu’il a fait de son fils le candidat du PDS à la présidentielle de 2017. Le projet, c’est de lui faire porter les habits de lumière du prisonnier politique, si populaire que le régime n’aura d’autre choix que de ne pas le maintenir en détention. Est-ce bien sérieux ? En vérité, cela s’appelle raisonner la tête à l’envers.
Tout d’abord, Karim Wade, qui n’a jamais remporté le moindre scrutin, est un binational. On le voit mal renoncer à son passeport français pour briguer les suffrages des électeurs sénégalais. Et au fait, dans quelle langue leur demanderait-il de voter pour lui ? C’est un point central que tout le monde semble avoir oublié. Sauf, probablement, l’intéressé lui-même et son père. Me Wade, qui a affronté tous les présidents, de Senghor à Macky Sall, sait bien ce qu’élection veut dire dans notre pays. Il serait étonnant qu’il entretienne au fond de lui-même la moindre illusion quant aux chances de son fils pour l’élection de 2017.
Il sait bien, pour le dire familièrement, que les carottes sont cuites.
Wade aura en effet tout essayé mais les appels du pied à l’armée n’ont pas eu plus d’écho que sa menace insolite de prendre le maquis. Et pour faire monter la tension, il ne s’est interdit aucune grossièreté à propos de la famille Sall. Ce faisant, il a desservi Karim Wade, renforcé la cote de popularité de Macky Sall tout en donnant de lui-même une image encore plus négative qu’à l’ordinaire. En somme, trois coups de pierre contre sa réputation et contre une cause, la dernière d’un vieux combattant, qui lui tient tant à cœur : la libération de son fils.
Une fin de parcours aussi douloureuse– il est des moments où le vieil homme suscite en effet une vague compassion– rappelle, toutes proportions gardées, celle d’Alboury Ndiaye. La tradition rapporte qu’au soir de sa vie, affamé et au bord de l’épuisement, le Bourba Djoloff fut obligé de voler une écuelle de lait dans l’arrière-cour d’une maison de Dosso, dans l’actuel Niger. Surpris par la propriétaire, il n’eut d’autre choix que de nier avec véhémence. En vain : un enfant l’avait vu en secret, qui témoigna contre lui. Il aurait alors déclaré à son griot : « J’ai été tout-puissant au Djoloff et voilà à quoi je suis réduit. Tout est perdu et je sais que ma fin est proche.»
Alboury Ndiaye, immortalisé entre autres par le dramaturge Cheik Aliou Ndao, a été peut-être le moins ambigu, le moins controversé de nos héros nationaux mais un cruel destin avait pris avantage sur le guerrier errant, panafricaniste avant la lettre. Du célèbre politicien libéral aussi, on peut dire, mais hélas pour de moins glorieuses raisons, que tout est perdu aujourd’hui, même l’honneur.
Il ne lui reste plus qu’à solliciter la clémence de celui dont il a dit tout récemment que jamais il ne serait au-dessus de Karim Wade. Peut-être s’exprimait-il ainsi en surestimant ses capacités à infléchir le cours de la justice. En homme qui a toujours cru au seul rapport de force, il est bien conscient d’être à la merci du régime de Sall. La surenchère verbale va rester de mise pendant quelque temps pour sauver les apparences mais il est très probable qu’il va bientôt jouer, en coulisses, la seule carte qui lui reste raisonnablement : solliciter la grâce présidentielle. Et si Macky Sall venait à céder aux pressions, l’on n’entendra probablement plus parler ni de l’homme Karim Wade ni encore moins du candidat sans peur et sans reproche. On peut supposer qu’il sera aussi oublié des Sénégalais que l’est à l’heure actuelle sa sœur. Le président pourrait être tenté de se montrer magnanime après avoir su se montrer ferme.
Qu’adviendrait-il des Bibo Bourgi et autres Mamadou Pouye, condamnées en même temps que Karim ? La question n’est pas simple car une libération générale ferait désordre dans l’opinion.
Quoi qu’il arrive, gardons-nous de jeter trop vite la pierre à Me Abdoulaye Wade. Ce quasi centenaire au regard perdu, si tragiquement solitaire, c’est nous-mêmes qui l’avons librement enfanté dans l’allégresse générale il y a une quinzaine d’années. Au-delà du sort personnel de son fils, c’est de cela que nous devrons nous souvenir demain et après-demain.
Enlevés le 3 mai dernier à Kaïlou (Ziguinchor) par une faction du mouvement indépendantiste MFDC et emmenés au plus profond de la forêt casamançaise, les démineurs otages font part, pour la première fois, de leurs conditions de détention et exposent leur vœu ardent de rejoindre «le plus tôt possible» leurs familles respectives. Dans la forêt, ils pratiquent la chasse et la pêche. Le journaliste et Reporter d'Image Christian Thiam de SenePlus.Com s'est entretenu avec les otages et plusieurs chefs militaires du MFDC dont César Atoute Badiate. Dans les toutes premières minutes de la vidéo, César Atoute Badiate s'exprime en diola mais les réactions des otages sont toutes en français.
Le voyage est long pour accéder au cantonnement militaire. Après plusieurs heures de conduite, il faut encore plusieurs kilomètres à pied pour accéder à la zone d’influence de César Atoute Badiate au fin fond de la forêt de Casamance. Un fief qui se «trouve bel et bien en territoire sénégalais», comme nous le précise le reporter de SenePlus.Com Christian Thiam qui a effectué ce voyage avec Jean Michel Mathiam un employé de la société sud-africaine Mechem pour qui travaillaient les otages.
Au plus profond de cette forêt, ils sont faits otages depuis le 3 mai 2013, loin de leurs familles, de leurs proches et de leur environnement social habituel. Cet enlèvement porte la signature d'une des factions séparatistes du Mouvement des Forces démocratiques de la Casamance (MFDC) dirigé par César Atoute Badiate.
Depuis que la vie de ces démineurs a basculé, personne ne les avait vu, ni entendu s'exprimer publiquement.
Assis sur des bancs en plein milieu de la forêt, les otages de César Atoute Badiate semblent en bonne forme physique. Pour la première fois, ils ont eu l’occasion de faire part de leurs conditions de vie et leur vœu ardent de retrouver leurs familles respectives.
Tout s’est passé sous l’œil vigilant du chef d’Etat-major du maquis César Atoute Badiate. C’est lui en premier qui prend la parole et s’exprime dans sa langue maternelle, le joola. Fixant droit la caméra, par moments, il expliqué les circonstances de sa rencontre avec Christian Thiam ainsi que l’objet de la visite de ce dernier dans le maquis.
A la suite, du général maquisard, c’est Charles Coly un des otages qui prend la parole. Serein, il confesse que depuis leur enlèvement, ses compagnons et lui n’ont été victimes d’aucune forme de maltraitance, ni de terreur de la part de leurs ravisseurs. En d’autres termes, ils ont été bien traités. Charles parle même de liberté de circuler dans les environs immédiats alors même qu’ils sont retenus comme otages.
«On est libre ici, on se déplace comme on veut»
«Depuis que nous avons été arrêtés, nous n’avons eu aucun problème. On a un peu marché, et cela c’est normal », a-t-il dit. Poursuivant son propos, Charles explique également que même la nourriture n’a jamais été un problème pour eux. «Nous allons à la pêche et à la chasse. On se déplace comme on veut », a-t-il souligné en tentant de se débarrasser des insectes de la brousse qui bourdonnent dans ses oreilles. Personne dans le maquis n’a jamais pointé une arme sur un otage pour lui ordonner d’exécuter une action, assure Charles.
En revanche, ce qui reste pénible et insupportable pour eux, c’est la séparation d’avec leurs familles respectives. «Le seul problème que nous avons, dit-il, c’est qu’on n’a pas nos familles». Doucouré, qui semble le plus jeune des otages qui ont fait face à la caméra, ne semble pas apprécier le propos très apaisants tenu par son collègue Charles.
Et il a tenu à marquer son désaccord, en prenant la parole : «On tient ici des discours pour dire que tout va bien… Mais on sera mieux chez nous», rétorque Doucouré, très ému avec une voix grinçante et empreinte d’émotion. «C’est bien beau de dire oui on n’a pas de problème. Mais nous, nous voulons rentrer chez nous le plus rapidement possible», a poursuivi l’otage.
«C’est très dur de vivre ici »
Gilbert Tendeng corroborant les propos de Charles, se dit persuadé qu’ils n’auront pas de problème. Seulement, reconnait-il «c’est dur de vive ici». Gilbert Tendeng se préoccupe du sort qui leur sera réservé après leur libération du point de vue professionnel. En effet, il craint qu’après leur libération, leurs familles respectives les déconseillent de continuer à travailler comme démineurs pour la société sud-africaine Mechem, parce que cette activité sera perçue comme une activité bien trop risquée.
Pour rappel, ils étaient douze démineurs travaillant pour la société sud-africaine Mechem, à être enlevés par la faction séparatiste du MFDC de César Atoute Badiate. Ils exécutaient tranquillement leur tâche ce 3 mai au soir dans le village de Kaïlou, (département de Ziguinchor), quand les rebelles ont fait irruption et les ont kidnappés.
Le général Badiate qui a commandité ce rapt estime que le gouvernement du Sénégal n’a pas respecter son engagement à arrêter le déminage dans les zones que le chef rebelle considère comme zone contrôlée par le mouvement rebelle.
Le 28 mai 3 femmes faisant partie des 12 démineurs ont été libérées pour des raisons humanitaires après une médiation des autorités de Bissau, de la Croix Rouge, le groupe de réflexion pour la recherche de la paix en Casamance, entre autres acteurs.
Mais auparavant le chef de l’Etat, Macky Sall avait commis, ce que plusieurs observateurs de la vie politique sénégalais avaient considéré comme "une maladresse" en affirmant dans une série d’entretien accordé à l’AFP que les « otages seront libérés », et que ce n’était «pas un problème». Ainsi, le président Sall en minimisant cet enlèvement a peut-être donné l'occasion aux ravisseurs de faire monter les enchères, ajoutent des analystes interrogés par SenePlus.Com.
Depuis 1982 la Casamance, sud Sénégal, fait face à une rébellion indépendantiste qui entrave le développement économique de cette région dû à l’insécurité : braquages, enlèvements, et autres assassinats.
TRADUCTION DES PROPOS DE CÉSAR ATOUTE BADIATE, AU DÉBUT DE LA VIDÉO
"Charles, bonjour à toi et à tes amis. Comme vous le savez, d’habitude nous effectuons des voyages. Et Dieu a fait qu’au cours de notre dernier voyage, avant hier, nous avons eu l’occasion de rencontrer ce monsieur qui voulait voir dans quelles conditions vous vivez.
Il faut dire que cela fait un moment qu'il souhaitait vous rencontrer mais nous avions estimé que n’aviez pas un assez bon moral pour que nous puissions donner une suite favorable à cette demande. Nous avions donc préféré reporter cette rencontre.
Mais comme maintenant vous êtes un peu plus habitués aux conditions de vie ici, j'ai pensé que cette fois-ci, il n'y avait aucun obstacle à ce que vous le rencontriez aujourd'hui. "
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LE TOURNANT JURIDIQUE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
La décision du Conseil constitutionnel sur la loi d'amnistie représente bien plus qu'un simple arbitrage juridique. Selon Jean-Louis Corréa, elle illustre l'émergence d'une justice constitutionnelle plus attentive aux droits fondamentaux des citoyens
Ce dimanche 27 avril 2025, l'émission "Objection" de Sud FM a reçu Jean-Louis Corréa, professeur agrégé de droit et vice-recteur de l'université Cheikh Anta Diop. En sa qualité de rapporteur du comité scientifique des assises nationales de la justice, l'universitaire a livré une analyse approfondie de la récente décision du Conseil constitutionnel concernant la loi interprétative de l'amnistie.
Selon le Professeur Corréa, la décision rendue le 23 avril 2025 par le Conseil constitutionnel revêt "une portée majeure" pour le système juridique sénégalais. En censurant l'article 1er de la loi interprétative 2025-09, le Conseil a clarifié les limites du pouvoir législatif en matière d'amnistie.
"Cette décision renforce l'État de droit, car elle montre une situation où tous les acteurs font confiance à l'arbitre qu'est le juge", a expliqué Jean-Louis Corréa. Il souligne que la décision parvient à unifier les différentes positions en jeu, cherchant à "rassembler plutôt qu'à diviser" dans un contexte politique tendu.
L'expert juridique a particulièrement insisté sur la "consolidation du bloc de constitutionnalité" opérée par cette décision. "Le bloc de constitutionnalité, ce sont l'ensemble des principes et normes qui, avec la Constitution, permettent au juge d'opérer le contrôle de constitutionnalité", a-t-il précisé.
En intégrant les instruments internationaux cités dans le préambule de la Constitution, le Conseil constitutionnel a rappelé que certains actes, comme la torture et les traitements inhumains et dégradants, sont imprescriptibles selon le droit international et ne peuvent être couverts par une loi d'amnistie, même lorsqu'ils ont été commis dans le cadre de manifestations ou avec une motivation politique.
Jean-Louis Corréa voit dans cette décision un tournant important : "Nous sommes habitués à une constitution orientée pouvoir, centrée sur les relations entre les institutions. Avec cette décision, le Conseil s'oriente vers la consécration et la protection des droits fondamentaux."
Pour l'universitaire, cette évolution marque un changement de paradigme dans la jurisprudence constitutionnelle sénégalaise, qui tend désormais à placer la protection des droits des citoyens au même niveau que l'équilibre des pouvoirs institutionnels.
La décision clarifie également les frontières de l'amnistie. La loi de 2024 couvrait tous les faits liés à des manifestations ou ayant une motivation politique entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024. La loi interprétative tentait de restreindre cette amnistie aux seuls actes se rapportant à l'exercice d'une liberté publique ou d'un droit démocratique.
"Le Conseil a jugé que cette restriction violait le principe de non-rétroactivité des lois pénales plus sévères. Mais il a aussi précisé que les actes imprescriptibles selon le droit international ne peuvent être amnistiés, quel que soit le contexte dans lequel ils ont été commis", a expliqué le professeur.
Pour Jean-Louis Corréa, cette décision illustre le pouvoir régulateur que l'on attend d'une cour constitutionnelle. "Le Conseil n'a pas simplement tranché un litige, il a, avec sagesse et tempérance, arbitré entre divers intérêts politiques divergents", a-t-il souligné.
L'universitaire y voit "une invite au dialogue" adressée à la classe politique, dans un contexte où "la société sénégalaise est suffisamment clivée" et où "les acteurs ont du mal à dialoguer sereinement".
L'une des particularités de cette décision, selon le Professeur Corréa, est qu'elle parvient à satisfaire à la fois les requérants (l'opposition), les défendeurs (l'État du Sénégal) et même la société civile.
"C'est une décision qui contente tout le monde : elle protège ceux qui ont participé à des manifestations politiques légitimes, tout en permettant aux victimes d'actes imprescriptibles de poursuivre les auteurs présumés", a-t-il conclu.
À l'heure où le Sénégal s'engage dans un dialogue national sous l'égide du président Bassirou Diomaye Faye, cette décision du Conseil constitutionnel pourrait servir d'exemple pour une approche plus consensuelle des grandes questions juridiques et politiques qui animent le débat public.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
PARFUMS D’ENFANCE (NOUVELLES) DE MARIAMA NDOYE MBENGUE, UN STYLE LITTÉRAIRE DENSE À LA LANGUE MÉLODIEUSE ET PRÉCISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le genre de la nouvelle est ici maîtrisé par cette capacité à poser le pacte de la fiction, celui de l’identification de situations crédibles tout en s’autorisant des escapades dans le labyrinthe du langage
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Issue de la langue italienne, novella qui signifie nouveauté ou encore histoirecaptivante, la nouvelle est principalement, dans le domaine de la littérature, un texte bref. Elle se distingue du roman par sa forme libre et son unité dramatique où l’action est le point central, laissant peu de place à la psychologie des personnages. La densité du récit est resserrée pour former une intrigue qui se suffit à elle-même et pour explorer des faits humains de manière intense. Elle peut être réaliste, fantastique, sentimentale ou historique. On la compare souvent au conte mais elle se différencie par la précision de ses décors et par la caractérisation immédiate des personnages. De même, les procédés esthétiques sont ici fortement travaillés pour donner la sensation immédiate de s’immerger dans le récit, avec des descriptions précises et vives et des dialogues enlevés, alternant les situations pour marquer l’étonnement, la surprise et l’inattendu. C’est un genre qui peut mélanger les tonalités, comme une sorte de danse littéraire où se côtoient des effets stylistiques en toute liberté.
La plume de Mariama Ndoye Mbengue est à ce carrefour, une fiction prolixe pour un genre dont la variété de la langue et les effets narratifs jonglent avec les rebondissements, l’originalité et une précision remarquable. Les personnages y sont campés en quelques lignes ainsi que l’unité des lieux et du temps pour mieux s’accaparer de récits qui évoquent les faiblesses humaines avec force et humour.
Femme de lettres, Mariama Ndoye Mbengue possède l’art de la nouvelle dont elle explore les sources, les rebonds et les cavités à travers un imaginaire fécond qui, s’il renvoie à des paysages familiers, n’en demeure pas moins une parole émancipatrice et détonante. Le genre de la nouvelle est ici maîtrisé par cette capacité à poser le pacte de la fiction, celui de l’identification de situations crédibles tout en s’autorisant des escapades dans le labyrinthe du langage. La contrainte littéraire est ici déjouée par une langue fluide et précise et qui s’autorise à explorer des terres nouvelles entre réalisme et imaginaire.
Dans certaines dispositions narratives, le conte n’est jamais loin, mais il est aussi délesté de toute imagerie attendue pour former un tissu littéraire moderne qui ose longer le littoral des valeurs morales, tout en les capturant de manière poétique pour mieux les sublimer, comme dans le récit Lasagadeséléphants.
L’écrivaine investit sa langue très imagée dans tous les personnages qu’elle convoque, homme, femme, tout comme dans le sourire des enfants et dans le murmure des paroles sages des aînés. Par ses récits, une fois c’est la tendresse qui domine, comme dans la nouvelle DawFallNdiaye ou encore l’humour qui pointe pour déjouer les péripéties de la loi comme dans Bolo. Mais l’auteure peut également tisser toutes les ficelles du drame comme dans la nouvelle Del’amitié, où sur un malentendu une jeune femme trouve la mort. L’obscurité et la barbarie s’invitent aussi, en particulier dans la nouvelle Sabbatnocturne où l’écriture semble impuissante face à la folie des hommes. De manière perspicace, l’auteure dénonce aussi les travers de la société sénégalaise, la corruption ou encore la rivalité sociale, de même que les croyances absurdes qui peuvent détruire les relations familiales comme dans la nouvelle Lepardon.
Au milieu du recueil, une histoire plus étirée, écrite à la première personne et au présent, s’installe pour partager l’expérience d’un pèlerinage à Jeddah où les tensions communautaires semblent vives au premier regard. Puis comme une lumière instantanée, l’union se forme à travers la foi de tous les regards culturels. Cela semble être une entrée plus profonde sur un mouvement sociétal qui demeure universel même si les lieux et les époques changent.
Puis la parole de Mariama Ndoye Mbengue ne se voile plus de la fiction avec le dernier texte du recueil intitulé Deuxtoursd’horloge, vraisemblablement plus intime et plus autobiographique, un interstice mémoriel où l’être à l’âge adulte retrace l’enfance, l’éducation reçue et tout ce que constitue la transmission, le savoir, les sentiments, ou encore la culture de l’ailleurs révélée par un père médecin qui parcourt le monde pour partager l’unité de la science et du progrès.
À travers ces micro récits, l’expression langagière de Mariama Ndoye Mbengue se déploie avec des métaphores comme « en cette saison où les moustiques pullulaient et courtisaient le paludisme », ou plus loin, utilisant une forme poétique pour décrire le quotidien, « Le pagne d’un sommeil réparateur doucement l’enveloppa ». Ou encore des propositions à l’allure proverbiale comme « La vie n’est qu’un zéphyr sournois qui soulève la poussière de souvenirs épars ». Et dans les dialogues, la langue se métamorphose en images littérales « ne jette pas ma figure par terre (ne me fais pas honte) », « Mais Dieu t’a applaudie (t’a gâtée) », un lexique bondissant qui donne à chacun de ses textes un rythme unique.
Ainsi la prose de Mariama Ndoye Mbengue offre un regard moderne, à la fois inspirateur et libre, sur la société contemporaine, avec une loupe scrutatrice, de manière à la fois frontale, inventive et délicate, à l’aide d’une esthétique souple et travaillée et avec une langue qui lui est propre et qui efface les frontières culturelles tout en créant un univers littéraire signifiant. Assurément, Mariama Ndoye Mbengue incarne une voix littéraire qu’il convient de redécouvrir.
LA SYMBOLIQUE DES COALITIONS ESTUDIANTINES À L’ÉPREUVE DE LA DIVERSITÉ DISCIPLINAIRE
Derrière les noms des coalitions en lice pour l'amicale de la FSJP se cache un enjeu fondamental. En choisissant des références judiciaires, la "Haute Cour de Justice" et la "Cour Pénale Internationale" instaurent une hiérarchisation des savoirs
La vie associative estudiantine, notamment à travers les élections des amicales, joue un rôle crucial dans l’expression de la citoyenneté universitaire. Elle incarne un espace de participation, de débat et de représentation. Mais cette représentation peut-elle réellement être inclusive lorsqu’elle exclut symboliquement une partie des étudiants ? Telle est la question que soulève la campagne en cours pour l’élection du bureau de l’amicale des étudiants de la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
Deux coalitions sont en lice : la Haute Cour de Justice (HCJ) et la Cour Pénale Internationale (CPI). Ces noms, bien que prestigieux, posent un problème fondamental : ils renvoient exclusivement à l’univers judiciaire, occultant ainsi toute la richesse disciplinaire que recouvre la faculté, notamment la science politique.
La force symbolique des noms dans les dynamiques politiques
Les noms d’une organisation ou d’une coalition ne sont jamais neutres. Ils véhiculent un imaginaire, une identité et une vision du monde. Comme le rappelle le politologue Benedict Anderson, « les communautés sont imaginées parce qu’aucun de leurs membres ne connaîtra jamais la plupart de ses compatriotes, les rencontrera ou même entendra parler d’eux, mais dans l’esprit de chacun vit l’image de leur communion » (Imagined Communities : Reflections on the Origin and Spread of Nationalism, 1983). Ainsi, le nom « Haute Cour de Justice » évoque une institution solennelle du pouvoir judiciaire, tout comme « Cour Pénale Internationale », symbole mondial de la justice pénale.
Or, en contexte universitaire, choisir de telles références revient à construire une représentation de l’engagement étudiant exclusivement axée sur le droit et la justice, reléguant les autres disciplines au second plan. Cela reflète une certaine hiérarchisation des savoirs où le juridique serait plus “noble” ou plus “légitime” que le politique. Cette tendance peut être analysée comme une forme de violence symbolique, au sens de Pierre Bourdieu, qui la définit comme « une violence douce, invisible, souvent méconnue, exercée essentiellement à travers les voies symboliques de la communication et de la reconnaissance » (La misère du monde, 1993).
Une faculté plurielle, une amicale pour tous ?
La FSJP de l’UCAD n’est pas une simple faculté de droit. Elle regroupe plusieurs filières : droit public, droit privé, science politique, histoire du droit, etc. Cette diversité est une richesse. Elle appelle à une représentation inclusive, qui tienne compte des différentes sensibilités, intérêts et ambitions des étudiants.
Mais en choisissant deux noms exclusivement liés au monde judiciaire, la campagne actuelle invisibilise la présence des étudiants en science politique, qui forment pourtant une part importante du corps estudiantin. Cette marginalisation symbolique peut engendrer un sentiment d’exclusion et de désintérêt vis-à-vis des élections étudiantes, compromettant ainsi l’objectif d’une représentation réellement démocratique.
Comme l’écrit Jacques Rancière, « il n’y a de politique que là où il y a un sujet politique, c’est-à-dire un être capable de dire : ‘moi aussi, je suis partie prenante’ » (La mésentente : Politique et philosophie, 1995). Or, dans le contexte présent, les politistes peuvent légitimement se demander : « suis-je vraiment partie prenante de ce processus ? »
Vers une symbolique plus inclusive : repenser l’imaginaire des coalitions
Loin de critiquer gratuitement, il est nécessaire de proposer des alternatives. D’autres noms auraient pu mieux incarner l’équilibre entre droit et politique, voire célébrer leur articulation. Des exemples tels que « Justice et Démocratie », « Coalition des Etudiants Engagés pour le Renouveau » ou encore « Alliance pour la Gouvernance Responsable de l’Amicale » auraient permis une meilleure inclusion symbolique de tous les profils.
Comme le souligne Amartya Sen, « la démocratie est avant tout un processus de discussion. Elle suppose la reconnaissance des différentes voix, même minoritaires » (Development as Freedom, 2000). La représentation des étudiants ne peut donc ignorer la pluralité disciplinaire et idéologique qui fonde l’espace universitaire.
Il est essentiel d'engager une réflexion sur la manière dont les symboles façonnent la vie politique estudiantine, en particulier dans une faculté qui forme les futurs acteurs du droit, de la politique, de la gouvernance et de la citoyenneté. Les noms choisis par les coalitions estudiantines, tels que "Haute Cour de Justice" (HCJ) et "Cour Pénale Internationale" (CPI), reflètent une conception centrée sur le domaine juridico-judiciaire, laissant peu de place à la diversité disciplinaire de la faculté.
Cette focalisation sur le juridique peut engendrer un sentiment d'exclusion parmi les étudiants des autres filières, notamment ceux en science politique, relations internationales ou gouvernance. Dans un contexte universitaire qui aspire à former des citoyens complets, critiques et engagés, l'inclusivité ne doit pas être perçue comme un luxe, mais comme une nécessité impérieuse.
Il est encore temps de faire entendre une voix alternative, celle des étudiants issus de toutes les disciplines de la faculté. Une voix qui rappelle que la justice sans politique est technique, mais que la politique sans justice est vide. Une voix affirmant clairement : « Nous aussi, nous faisons partie de cette faculté. Nous aussi, nous avons notre mot à dire. »
Seydou Barham Diouf est étudiant en science politique
Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
par Djibril Ndiogou Mbaye
LE PAPE EST MORT, VIVE LE PAPE !
Tel il a trouvé le monde des hommes, tel il y a vécu en dénonçant ses travers, tel il l’a laisse, injuste et hypocrite…imparfait. Va, va en paix, et repose-toi pour l’éternité, François des pauvres, François des opprimés, François de Palestine et du monde
Pape des opprimes, pape des pauvres, pape de Palestine.
« En entrant dans l’espace aérien chinois, je présente mes meilleurs vœux à votre excellence et à vos concitoyens. J’appelle les bénédictions divines de la paix et du bien-être sur le pays. »
C’est avec ces mots que l’avion papal fendit les nuages, à 890km/h et à 35000 pieds, au-dessus de la grande muraille de chine. Il était alors à destination de la Corée du Sud, pour repandre la parole du Dieu unique. Il venait ainsi d’envoyer une bénédiction aérienne à ses 12 millions de fidèles chrétiens chinois, « otages » d’une diplomatie chinoise rigoureuse, orgueilleuse et susceptible, et au président Xi Jinping, arrivé au pouvoir quelques heures seulement apres le fameux «habemus papam*», ou l’annonce de l’élection de Jorge Mario Bergoglio à la papauté.
Il sillonnera ainsi, toute sa vie durant, le monde des hommes, dispensant ses messages de paix et de justice. Avec courage et sérénité, mais sans faiblesse, aucune.
Répandant la foi chrétienne et renforçant le rayonnement et la souveraineté universelle de la papauté et de l’État du vatican.
Constant dans le soutien au peuple opprimé de Palestine, le pape couchera sur son dernier testament sonore son amour et son empathie pour ce peuple qui marche encore aujourd’hui sur son chemin de croix.
Courageux et droit dans sa soutane, le pape a denoncé jusqu’à ses dernières heures les injustices les plus marquantes de notre époque .
Sur la place Saint Pierre, le jour de Pâques, alors qu’il était déjà sur la toute prochaine liste d’Azrael, l’ange sans état d’ame de la mort, il a dénoncé, une dernière fois et demandé la fin immediate du massacre du peuple de Palestine. Mais pour rester juste et équidistant, il demandera aussi la libération des otages innocents du Hamas, coupable tout simplement d’être Juifs. Quel homme !!
Jusqu’à ses funerailles, il sera le chantre de la paix, car il a réussi samedi 26 avril 2025, l’improbable exploit de reunir des amis, des partenaires et des ennemis jurés, du tres antipathique Donald trump au souriant mais non moins important acteur de la scène internationale, le français Emanuel Macron. En passant par des têtes couronnées et des dignitaires, des badauds, des pogroms et des roturiers des temps modernes.
Dès l’annonce de sa mort, les plus beaux temoignages et hommages lui ont été rendus par ces grandes puissances, autrices ou complices des drames qui, a longueur d’année se nouent aux quatre coins de la planète et qui ont royalement ignoré ses appels à la paix et à la justice. D’éminents ennemis de la paix et de la justice viendront s’incliner et souiller sa dépouille. D’ailleurs ils ont hate. Certains ont même tweete « …nous avons hâte d’y être ». Des hommes qui ne garderont rien de ses messages, qu’ils ont « hâte » d’enterrer avec lui. Mais le pape François savait qu’il ne faut jamais abandonner, ni renoncer à ramener les brebis égarées dans le troupeau de Dieu. Car c’est là, dans cet esprit de Sisyphe que réside la grandeur de son sacerdoce.
Tel il a trouvé le monde des hommes, tel il y a vécu en dénonçant ses travers, tel il l’a laisse, injuste et hypocrite…imparfait!
Mais il ne s’est jamais fait d’illusion quant à la nature humaine. Il savait, lui, saint homme, que c’est pour convertir et sauver les âmes en perdition que les prophètes de Dieu ont été missionnés ici-bas. La perfection n’est pas de ce monde.
Samedi, Gaza, la Cisjordanie, Rafah et tous les territoires palestiniens occupés, ont retenu leurs souffles, au moment où l’a accueilli, pour l’éternité, son caveau de la basilique Sainte-Marie-Majeure.
Le peuple de Palestine pleure et pleurera chaque jour, comme il pleure ses dizaines de milliers de femmes et enfants. Le peuple de Palestine a promis de prier pour lui et de porter son deuil ad vita æternam**.
Place Saint Pierre, dimanche de Pâques, plus de 2000 année après la naissance du Christ, nos frères chrétiens célébrent sa resurrection dans la ferveur et le recueillement. Il est midi passé de quelques minutes. Un fauteuil roulant s’avance doucement vers le balcon central, poussé par l’infirmier personnel du pape. Dans ce fauteuil, le pape affaiblit, assis mais debout, admirablement debout comme au premier jour de son pontificat, avec ces premières phrases : « frères et sœurs bonsoir, vous savez que le devoir du conclave est de donner un cardinal à Rome. Il semble que mes frères cardinaux sont allés le chercher à l’autre bout du monde. Mais nous sommes la… ». Mais ce jour de Pâques est particulièrement important pour pape François. Pour la dèrniere fois, il a puisé dans sa dernière énergie pour venir souhaiter urbi et orbi, « bon dimanche des rameaux, bonne semaine de Pâques ». Il n’a pas voulu rater ce dernier rendez-vous avec les fidèles chrétiens, c’est la raison pour laquelle, comme la dernière volonte d’un condamné, il a demandé à son médecin de lui inoculer la force, avec l’aide du seigneur, de retourner sur la place Saint-Pierre une dernière fois, pour dire « au revoir » et communier avec le monde des vivants. Ces êtres tellement têtus, tellement imparfaits, mais si attachants. « que la lumière de la Pâques nous pousse à abattre les barrières qui créent des divisions et qui sont lourdes de conséquences politiques et économiques. »
Le pape François, dans sa dernière homélie pascale dispensera un message de paix aux accents d’un testament hautement politique. Il exhortera ceux qui font et défont la géopolitique à œuvrer pour la paix et le silence des armes, de l’Ukraine au Soudan, en passant par le Yemen, l’Azerbaijan et toute la Caucase du sud jusqu’à la Corne de l’Afrique et la région des grands Lacs…
Il n’oubliera aucun recoin de cette terre où vit ou survit un chrétien ou simplement un être humain. Et pour ceux qui n’ont pas entendu ou lu le nom de la Chine, c’est parce qu’ils n’ont pas su lire entre les lignes…
C’est le lundi 21 avril, lendemain de Pâques, vers 5h30 que les premiers signes de malaises apparurent. Le pape entouré de ses assistants médicaux les remercia et particulièrement son fidèle médecin personnel, Massimiliano Strappetti, en ces mots « merci de m’avoir ramené sur la place ». Quelques instants plus tard, il sombra paisiblement dans son dernier sommeil.. C’est au petit matin, un peu après 7h, que ce grand monsieur, Jorge Mario Bergoglio, mourut pape de de tous les chrétiens du monde, loin de son Argentine natale, où il n’est jamais retourné et qu’il ne retrouvera plus jamais.
Va, va en paix, et repose-toi pour l’éternité, François des pauvres, François des opprimés, François de Palestine et du monde entier. Veille sur ce peuple opprimé depuis le ciel.
*nous avons un pape.
** pour toujours
À l’amour et au respect que nous portons à nos freres chrétiens.
Nous compatissons.
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L'ADIEU POLITIQUE DE MOUSTAPHA NIASSE
Après plus de 25 ans à la tête de l'AFP, il a probablement passé le relais lors du congrès du parti tenu ce samedi. L'occasion pour lui de livrer des confidences inédites sur ses relations avec les présidents sénégalais, notamment avec Macky Sall
À l'occasion du congrès de l'Alliance des Forces de Progrès (AFP) tenu samedi 26 avril 2025, Moustapha Niasse a officiellement passé le flambeau de la direction du parti qu'il a fondé en 1999. Dans un discours riche en émotions et en révélations, l'ancien président de l'Assemblée nationale a partagé des confidences inédites sur ses relations avec les dirigeants du pays et sa vision politique.
Niasse a évoqué avec nostalgie ses liens privilégiés avec les quatre derniers présidents du Sénégal, s'attardant particulièrement sur sa relation avec Macky Sall. "Nous nous téléphonons presque toutes les deux semaines", a-t-il confié, exprimant sa profonde gratitude envers l'ancien chef d'État qui l'avait choisi "parmi 18 millions de Sénégalais" pour diriger l'Assemblée nationale pendant une décennie. "Jamais nous n'avons eu la moindre contradiction lui et moi, pas une fois en 10 années", a-t-il souligné.
Ce passage de témoin marque un tournant significatif pour l'AFP, désormais confiée à une nouvelle génération. "Ce message est un message de revoir, pas d'adieu, puisque je reste membre de l'AFP", a précisé Niasse, promettant de garder le contact avec la nouvelle direction pour prodiguer ses conseils. Il a exhorté les jeunes qui prennent la relève à s'armer "de patience, de persévérance, de vigilance et surtout d'engagement."
Le bilan politique présenté par Moustapha Niasse est impressionnant : participation à cinq élections présidentielles, six élections législatives et quatre élections territoriales. Il a rappelé son rôle de premier plan dans les trois alternances démocratiques qu'a connues le Sénégal, tout en assumant "fondamentalement sans aucune réserve" le bilan des douze années au pouvoir aux côtés de Macky Sall.
Face aux défis actuels du pays, l'homme politique a souligné la nécessité de réformer les structures du parti pour s'adapter aux nouvelles réalités politiques. "Le pays a changé et le pays est en train de changer profondément," a-t-il observé, appelant à repenser "la nature, le format et la composition de certains organes de l'AFP."
Dans ce discours d'adieu, Niasse a réaffirmé son attachement au socialisme démocratique comme "axe central" et "pivot fondamental" de son engagement politique. "Nous sommes des socialistes et nous entendons rester socialistes", a-t-il martelé, restant fidèle à la devise du parti : "foi, patriotisme et solidarité."
Ce congrès marque ainsi la fin d'une ère pour l'un des plus grands hommes politiques sénégalais, qui laisse derrière lui un héritage politique considérable tout en restant attaché aux valeurs qui ont guidé sa carrière pendant plus de 25 ans à la tête de l'AFP.
par Thierno Alassane Sall
LES VELLÉITÉS DE DICTATURE DE PASTEF DOIVENT ÊTRE CASSÉES
Au lieu de s’atteler à prendre en charge sérieusement les nombreuses et urgentes préoccupations du peuple, le régime est préoccupé par son projet « d’effacer », comme l’a dit publiquement Ousmane Sonko, toute voix discordante
L’entreprise de musèlement de la liberté d’expression et de presse initiée par le régime Pastef doit être vigoureusement dénoncée et combattue pendant qu’il est encore temps. En choisissant le « projet politique » de Pastef, les Sénégalais et les Sénégalaises espéraient en finir définitivement avec les « petites politiques » de censure, de menace, de privation de liberté gratuite et mise à mal des libertés publiques.
En l’espace d’un an, plusieurs personnes ont été mises en prison pour avoir exprimé une opinion (Moustapha Diakhaté, Bah Diakhaté, Ardo Gning, Ameth Ndoye, Cheikh Thiam, Abdou Nguer, etc.). Dans le même temps, sous le prétexte fallacieux d’une régulation des médias, des tentatives de réduire au silence la presse libre sont en cours. Des médias fantômes qui ont porté Pastef au pouvoir ont été reconnus, alors que d’autres plus connus dans le paysage sont mis sur une liste rouge et interdits de production.
La dernière note du ministre en charge de la Communication est une illustration parfaite de cette politique liberticide. Au lieu de s’atteler à prendre en charge sérieusement les nombreuses et urgentes préoccupations du peuple, le régime Pastef est préoccupé par son projet « d’effacer », comme l’a dit publiquement Ousmane Sonko, toute voix discordante.
Les Sénégalais et les Sénégalaises épris de justice (citoyens, société civile, organismes de presse, universitaires et autres intellectuelles) sont interpellés : les velléités de dictature de Pastef doivent être cassées et il ne s’agit point d’un combat partisan.
MBAYE DIONE PREND LES RÊNES DE L'AFP
Le député a été désigné, samedi, nouveau secrétaire général du parti, succédant à Moustapha Niasse. Face aux défis qui l'attendent, le nouveau leader a promis de rester "loyal à cet homme, à sa vision, en son legs, en son héritage"
Le député Mbaye Dione a été désigné, samedi, à l’unanimité nouveau secrétaire général de l’Alliance des Forces de progrès (AFP) succédant à Moustapha Niasse, a constaté l’APS.
“Je prends l’engagement solennel (…) je resterai loyal à cet homme, à sa vision, en son legs, en son héritage”, a-t-il dit en marge du 3ème Congrès Ordinaire de l’Alliance des Forces de Progrès(AFP), formation politique créé par Moustapha Niasse en1999.
“Le Sénégal à la croisée des chemins: l’AFP face à ses responsabilités historiques” est la thématique choisie pour cet évènement politique.
Le congrès a approuvé par acclamations la nouvelle direction collégiale avec à sa tête le député maire de Ngoundiane. Les actes du congrès ont été solennellement remis au successeur de Moustapha Niasse.
M. Dione et son équipe doivent désormais relever le défi de la mobilisation. “On va faire le tour de ce pays pour aller à la rencontre des militants de l’AFP(…) en perspective des élections territoriales de 2027”, s’est engagé M. Dione.
Il promet de faire les 558 communes du pays pour redynamiser la formation politique née des flancs du parti socialiste.
Mbaye Dione a également renouvelé sa “loyauté” à son mentor politique qui incarne selon lui, des valeurs de dignité.
Le député-maire de Ngoundiane a décliné sa feuille de route laquelle prévoit la restructuration des structures de bases du parti.
Il a exhorté les responsables à investir les bases pour préparer les prochaines échéances électorales.
L’ancien président du Mouvement national des jeunes de l’AFP estime que le parcours de Moustapha Niasse doit être enseigné dans les écoles politiques en raison de sa “dimension exceptionnelle”.
Il a fait un rappel des troupes pour une forte mobilisation de tous les militants et sympathisants car, dit-il “le plus difficile est devant nous”.
Le progressiste en chef compte s’évertuer pour respecter le fonctionnement légale des instances.
Moustapha Niasse, secrétaire général sortant a été désigné président d’honneur de l’Alliance des Forces de progrès.
Dr en philosophie, Sagar Seck a fait lecture de l’hommage en revenant sur la trajectoire d'”un connaisseur et défenseur” de notre nation.
Dans la même veine, un film documentaire d’une trentaine de minutes intitulé: “un destin au service de la nation” a été projeté pour retracer une partie de la trajectoire de Moustapha Niasse.