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26 avril 2025
Politique
PAR Mamadou Ndione
LES CONFRÉRIES, PILIERS MÉCONNUS DU FINANCEMENT SOLIDAIRE
À travers des mécanismes de financement communautaire, un accompagnement spirituel continu et une médiation efficace des conflits, ces institutions traditionnelles façonnent un entrepreneuriat unique
Au Sénégal, la religion occupe une place centrale dans la vie socio-culturelle et les acteurs religieux un rôle de plus en plus visible dans le développement économique local. En particulier, leur implication dans les activités entrepreneuriales constitue un levier important pour de nombreux Sénégalais, notamment ceux issus de milieu modeste ou exclus des circuits classiques de financement.
Les confréries religieuses telles que les Tidjanes et les Mourides, les dahiras (groupe religieux ou association spirituelle à caractère musulman) et les leaders spirituels ne se contentent plus d’un rôle moral ou spirituel. Ils interviennent activement dans le soutien matériel, organisationnel et psychologique des initiatives économiques. Ils n’ont plus de fait ce statut d’observateurs passifs. Cet apport se manifeste sous différentes formes : financements communautaires, accompagnement spirituel et médiation en cas de conflit.
En tant que chercheur, j'ai étudié les dynamiques entrepreneuriales au Sénégal, notamment l'impact des acteurs culturels et religieux dans le secteur informel, ainsi que sur les mécanismes de gouvernance au sein des PME sénégalaises. J'explique ici comment les confréries islamiques sont devenues des piliers de l'économie du pays.
Le financement communautaire et solidaire
Dans un contexte où l’accès aux financements bancaires reste limité pour la majorité des entrepreneurs sénégalais, les communautés religieuses offrent des alternatives inclusives et accessibles. Les mécanismes de financement communautaire reposent principalement sur des cotisations volontaires, des dons, et parfois des prêts sans intérêt, dans le respect des principes de solidarité et de justice sociale prônés par les enseignements religieux, notamment l’islam.
Ces formes de financement sont le plus souvent organisées au sein des dahiras, des cercles religieux informels où les membres cotisent régulièrement. Les fonds collectés servent à soutenir les projets économiques des membres, en particulier les jeunes qui n'ont pas toujours les garanties exigées par les banques classiques. Il ne s'agit pas uniquement d'argent prêté, mais aussi d’un engagement collectif dans lequel la réussite de l’un est vue comme bénéfique pour tous.
En plus des cotisations, les dons de la diaspora jouent un rôle considérable. De nombreux Sénégalais établis à l’étranger envoient régulièrement de l’argent à leurs dahiras pour financer des projets communautaires ou individuels. Certains guides religieux, très influents, mobilisent également leurs fidèles autour de levées de fonds ponctuelles, souvent lors d’événements religieux.
Enfin, dans certains cas, les prêts sans intérêt sont proposés, notamment pour respecter le principe islamique de non-usure (riba). Ces prêts, souvent symboliques au départ, permettent de démarrer une activité génératrice de revenus. La confiance, la transparence et l’honnêteté sont essentielles, car le remboursement repose avant tout sur l’honneur, la dignité et la responsabilité morale de l’entrepreneur envers sa communauté.
Au Sénégal, les mécanismes de financement communautaire organisés par les dahiras échappent en grande partie à la régulation formelle de l’État. Celui-ci adopte à leur égard une attitude de non-intervention directe dans la mesure où ces pratiques sont perçues comme relevant de la solidarité communautaire. A notre connaissance, il n’existe à ce jour aucune taxation spécifique sur ces opérations, et elles échappent pour l’essentiel aux circuits fiscaux officiels.
Cette tolérance de fait s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, les dahiras jouent un rôle social important. Ensuite, le poids religieux et politique des confréries au Sénégal rend toute tentative de régulation particulièrement sensible. Une intervention directe de l’État pourrait être perçue comme une atteinte aux grandes confréries religieuses, dont l’influence sur la société sénégalaise est considérable.
Enfin, les capacités limitées de contrôle fiscal dans l’économie informelle rendent difficile une surveillance systématique de ces circuits de financement.
Accompagnement spirituel et psychologique
Au-delà du soutien financier, les acteurs religieux offrent un accompagnement spirituel et psychologique essentiel à la résilience des entrepreneurs face aux nombreuses incertitudes économiques. L'entrepreneuriat au Sénégal est un parcours semé d'obstacles : accès limité aux ressources, concurrence étrangère quasi permanente, instabilité des marchés, et parfois échec pur et simple. Dans ce contexte, la dimension spirituelle devient un soutien moral déterminant.
Les guides religieux et responsables communautaires jouent alors un rôle de mentorat spirituel. Ils enseignent des valeurs de patience, de persévérance, d’humilité, de résilience face à l’épreuve, tout en rappelant que la réussite comme l’échec font partie du destin divin. Cette lecture religieuse permet de relativiser les difficultés et de maintenir une motivation intacte, même en cas de revers.
Par ailleurs, les entrepreneurs issus des confréries sont souvent accompagnés dès leur jeune âge à travers des rituels d’apprentissage religieux (apprentissage du Coran, formation à la morale islamique). Ces parcours renforcent non seulement leur endurance psychologique, mais aussi leur discipline personnelle, leur sens de responsabilité et leur capacité à gérer les pressions extérieures. En cas d’échec, le soutien de la communauté évite l’isolement social souvent néfaste, ressenti dans les parcours entrepreneuriaux plus individualisés.
Enfin, des rencontres collectives sont régulièrement organisées au sein des dahiras pour échanger, prier ensemble, et partager les expériences, y compris les difficultés entrepreneuriales. Ces espaces de parole renforcent la solidarité entre les membres et permettent de rebondir plus facilement après un échec.
Médiation et gestion des conflits économiques
Dans les PME sénégalaises, notamment celles issues des dynamiques communautaires, les conflits économiques sont fréquents. Il peut s’agir de mésententes entre associés, de litiges liés aux remboursements de dettes, ou encore de conflits de gestion. Dans ces situations, les acteurs religieux interviennent souvent comme médiateurs ou arbitres.
Grâce à leur légitimité morale et spirituelle, les chefs religieux ou les figures respectées de la communauté peuvent intervenir rapidement pour rétablir la paix sociale, éviter les procédures judiciaires coûteuses, et proposer des solutions négociées. Leur autorité n’est pas coercitive, mais repose sur la confiance et le respect des normes sociales et religieuses. Leur intervention est généralement acceptée de bonne foi par les parties concernées.
Ces mécanismes de médiation sont d’autant plus efficaces qu’ils s’inscrivent dans un cadre de gouvernance transversale, mêlant règles formelles et informelles, comme cela a été mis en évidence dans une étude sur la gouvernance des PME au Sénégal. Ils permettent une cohabitation harmonieuse entre échanges économiques et valeurs communautaires.
De plus, cette médiation n’est pas seulement curative ; elle peut aussi être préventive. Dans de nombreuses confréries, avant même le démarrage d’un projet, des discussions collectives ont lieu pour cadrer les responsabilités, définir les objectifs, et prévenir les risques de malentendus. En cas de désaccord, un responsable est désigné pour écouter, trancher et proposer des solutions pacifiques.
L’apport des acteurs religieux à la dynamique entrepreneuriale au Sénégal ne se limite pas à un rôle spirituel passif. Au contraire, ils se positionnent comme de véritables acteurs économiques, garants de la cohésion sociale, facilitateurs de financement, soutiens psychologiques, et médiateurs de proximité.
Il n’existe pas de base de données nationale recensant précisément le nombre de bénéficiaires de ces financements religieux. Les pratiques sont informelles, décentralisées, communautaires, donc peu documentées par les structures étatiques ou bancaires.
Dans un pays où les institutions formelles sont encore perçues comme éloignées ou inaccessibles par une large partie de la population, leur rôle constitue un complément essentiel aux dispositifs publics et aux mécanismes classiques de l’économie de marché. À travers leurs actions, c’est une forme de gouvernance alternative qui s’installe, plus souple, plus proche des réalités locales, et souvent plus efficace pour soutenir les entrepreneurs dans leur parcours.
L’aide fournie par les cercles religieux, notamment les dahiras, peut à la fois représenter une alternative à l’émigration économique pour certains, tout en servant de levier financier pour des projets migratoires bien structurés pour d'autres.
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LES CINQ OBSTACLES À LA MISE EN ACCUSATION DE MACKY SALL
L'initiative de Guy Marius Sagna serait-elle mort-née ? C'est ce que suggère le journaliste et expert judiciaire Daouda Mine, qui pointe du doigt plusieurs entorses au règlement intérieur de l'Assemblée nationale et à la Constitution
Le journaliste et chroniqueur judiciaire Daouda Mine a relevé plusieurs irrégularités dans la proposition de mise en accusation de l'ancien président Macky Sall, initiée par le député Guy Marius Sagna. Lors de son intervention dans l'émission "Ultimatum" de Seneweb, l'expert a décortiqué les failles juridiques et procédurales qui pourraient compromettre cette démarche.
Selon Mine, le règlement intérieur de l'Assemblée nationale constitue le premier obstacle majeur. "L'article 91 stipule clairement que les résolutions sont présentées uniquement par l'une des commissions, et non par un député à titre individuel", explique-t-il. Cette disposition rendrait donc la proposition de Guy Marius Sagna irrecevable en l'état.
Le spécialiste des questions judiciaires a également souligné l'exigence d'une majorité qualifiée pour ce type de procédure. "Pour mettre en accusation un président de la République, il faut l'approbation des trois cinquièmes des députés composant l'assemblée, soit 99 députés sur les 165, et non une simple majorité comme certains le pensent", précise-t-il.
La qualification juridique des faits pose également problème. "Le concept de trahison invoqué n'est pas clairement défini dans la législation sénégalaise. Depuis l'indépendance, aucun président n'a été jugé pour trahison au Sénégal", observe Mine, qui s'interroge sur la capacité des magistrats à qualifier ces faits en l'absence de jurisprudence nationale.
Par ailleurs, le chroniqueur note l'absence de fondements probatoires solides : "Aucun rapport officiel, comme celui de l'Inspection Générale d'État, ne cite explicitement le président dans les accusations portées."
Enfin, Daouda Mine met en lumière une confusion institutionnelle dans la démarche : "Il existe un flou sur la répartition des rôles entre l'Assemblée nationale, qui propose la mise en accusation, et la commission d'instruction de la Haute Cour de Justice, qui est chargée d'instruire le dossier."
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MOUSTAPHA DIAKHATÉ FUSTIGE LA CONFÉRENCE DE PRESSE DES PROCUREURS
Dans une sortie fracassante, l'ancien président du groupe parlementaire de la majorité accuse les hauts magistrats d'outrepasser leurs prérogatives et de se livrer à un "service après-vente" pour l'Assemblée nationale
Dans une sortie remarquée sur la chaîne Tele Sénégal, l'ancien parlementaire Moustapha Diakhaté critique sévèrement la récente conférence de presse tenue par plusieurs hauts magistrats, dont le procureur général près la Cour d'appel, le procureur de la République et le procureur financier.
L'ancien président du groupe parlementaire de la majorité n'a pas mâché ses mots, qualifiant cette intervention d'"honteuse" et "indigne". Selon lui, ces procureurs se seraient livrés à un exercice de manipulation qui soulève des questions sur leur indépendance et leurs motivations réelles.
"Ce n'est rien d'autre qu'un service après-vente pour l'Assemblée nationale", a-t-il déclaré, insinuant que les magistrats agiraient sous influence politique plutôt que dans le strict respect de leurs prérogatives constitutionnelles.
Moustapha Diakhaté remet également en question la légitimité même de la démarche, rappelant que selon lui, seul le procureur près la Cour suprême aurait compétence pour mettre en accusation des ministres devant l'Assemblée nationale.
Sur le fond, l'ancien député s'interroge sur la rigueur du travail présenté, évoquant un rapport de 178 pages assorti de 85 recommandations qu'il estime impossible à analyser sérieusement dans le délai imparti. "Ce n'est pas sérieux", a-t-il martelé.
Dans son intervention, Diakhaté a par ailleurs établi un parallèle avec des périodes troubles de l'histoire politique sénégalaise (1963, 1980, 1988), laissant entendre que cette conférence de presse s'inscrirait dans une tradition d'instrumentalisation de la justice à des fins politiques, notamment pour justifier des arrestations d'opposants.
DES MILITANTS RÉCLAMENT UN CONGRÈS EXTRAORDINAIRE AU PARTI SOCIALISTE
Un groupe de militants se réclamant du "Front pour la libération du PS" mobilise les coordinations pour forcer la tenue d'un congrès extraordinaire. Leur objectif : renouveler les instances dirigeantes d'un parti qu'ils considèrent comme moribond
Un mouvement qui se fait appeler Front pour la libération du Parti socialiste (FLPS) annonce une “révolte légale” visant à pousser à l’organisation d’un congrès extraordinaire de renouvellement des instances de ce “parti des masses” qui “n’est plus qu’un fantôme”.
“Nous avons lancé l’assaut légal : 44 signatures de secrétaires généraux arrachées en 4 jours, sans tambours ni trompettes, la preuve que le peuple socialiste respire encore sous les décombres”, a dit Daour Sagna, porte-parole du FLPS, lors d’un point de presse à Thiès, samedi.
‘’D’ici au 24 avril 2025, nous exigeons 80 signatures, symbole des 80 coordinations encore debout, pour convoquer un congrès extraordinaire, et le 25 avril 2025 à 17 heures, nous investirons la Maison du Parti, notre maison pour un sit-in historique”, poursuit le jeune socialiste.
“Nous y planterons l’étendard de la révolte légale, [et] nous y lancerons une pétition qui brûlera les doigts des indécis”, promet Daour Sagna, coordonnateur des enseignants socialistes du département de Thiès.
Il déplore que ”le Parti Socialiste, le parti des masses sociales, ce géant dont les épaules portèrent les rêves de Senghor, de Dia et de tous ceux qui firent du Sénégal une lumière pour l’Afrique, n’est plus qu’un fantôme”.
Pour illustrer ses propos, le jeune socialiste relève que ”de 30 députés hier, le PS ne compte qu’un seul député aujourd’hui, [et] de 120 collectivités territoriales, il n’en est qu’à une dizaine” actuellement.
Il ajoute, concernant l’état actuel du Parti socialiste, que ”de 138 coordinations autrefois vibrantes, seules 80 sont encore actives aujourd’hui”.
Pour motiver la démarche du FLPS, Daour Sagna invoque une clause des statuts du Parti socialiste, selon laquelle “des congrès extraordinaires pourront avoir lieu, sur décision du comité central ou à la demande de la moitié, plus une des coordinations”.
ALIOUNE NDAO PLAIDE POUR UNE RÉFORME DE LA LOI SUR LA DÉTENTION DES PRÉVARICATEURS
Alors que plusieurs personnes poursuivies ont retrouvé la liberté après avoir payé une caution, l’ancien procureur de la Crei appelle à une modification urgente de la loi. Selon lui, il ne faut plus se contenter du remboursement des fonds détournés.
Ces derniers jours, une bonne partie des personnes interpellées dans le cadre de l’enquête sur la gestion du Fonds Force Covid-19, sont rentrées chez elles après avoir versé une caution. Pour le député Alioune Ndao, membre de la Haute Cour de Justice et ex-procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), il faut vite changer la loi. Ci-dessous ses propos tenus sur Rfm.
«Je pense qu’il va falloir aller vers une modification de la loi. Ne plus se soucier du remboursement des fonds détournés mais plutôt laisser ces personnes en détention et saisir leurs biens par le biais de procédures de saisie dans les comptes bancaires, les immeubles et tout. Je pense que ça permet de les maintenir en prison et de mettre la main sur leurs biens.
Il faut modifier la loi si on veut éviter une telle situation, parce que normalement elle va se répéter. Même pour les personnes dont les dossiers ont été renvoyés devant la haute cour de Justice, si jamais elles sont poursuivies pour détournement de deniers publics, la loi leur permet d’aller faire le cautionnement.
Et donc pour éviter une répétition, il va falloir modifier la loi et non assister à des scènes de ce genre. Et l’opinion va s’offusquer en disant "kou am khalis do dem Kasso" (ceux qui ont les moyens paient pour échapper à la prison). Et donc pour éviter pareille situation, il faut aller vers une modification de la loi.»
LE BILAN MITIGÉ DE LA PREMIÈRE ANNÉE DIOMAYE
Selon le dernier rapport de Senbaromètre, si certaines avancées sont saluées notamment sur les prix et l'énergie, les préoccupations économiques persistent avec une inquiétude marquée concernant la dette qui préoccupe plus des deux tiers des citoyens
Le dernier rapport trimestriel de Senbaromètre livre une photographie nuancée de l’opinion publique sénégalaise, un an après l’élection du président Bassirou Diomaye Faye. Si l’année écoulée a été marquée par des attentes élevées, les données recueillies révèlent un mélange de préoccupations économiques, d’espoirs en matière de réformes et de points de vigilance sur certains enjeux de gouvernance.
La question de la dette publique occupe une place centrale dans les inquiétudes exprimées. Selon l’enquête, 68,6 % des citoyens interrogés se disent préoccupés par son niveau, dont près d’un tiers (31,2 %) de manière particulièrement appuyée. Cette perception traduit une sensibilité croissante des Sénégalais aux enjeux macroéconomiques et à la soutenabilité des finances publiques.
Sur le plan des conditions de vie, une majorité relative des sondés (47,6 %) estime que la situation économique est “correcte”, même si 27,2 % la jugent encore “morose”. La stabilité des revenus est un enjeu majeur : plus de la moitié des personnes interrogées déclarent n’avoir constaté aucun changement dans leurs ressources au cours des trois derniers mois. Ce constat renforce l’appel à une dynamique de relance économique plus inclusive.
Cependant, certains signaux positifs émergent. Près de 44,4 % des sondés rapportent une baisse de leurs factures d’électricité, ce qui pourrait refléter des effets perçus des ajustements opérés dans le secteur énergétique. Par ailleurs, 56,6 % des répondants notent une diminution des prix des denrées alimentaires, un soulagement important dans le contexte du pouvoir d’achat. De manière globale, 41,1 % estiment que leurs conditions de vie se sont améliorées récemment.
Sur le plan institutionnel, les avis sur la première année de gouvernance du président Diomaye Faye sont partagés : 50 % des participants à l’enquête lui accordent une évaluation “passable”, tandis que 23,3 % se disent satisfaits, dont 11,5 % très favorablement. Ce regard diversifié illustre l’intérêt constant des citoyens pour le suivi des engagements et des réformes.
Concernant la loi d’amnistie, les résultats montrent une compréhension partielle : 38,9 % des sondés déclarent en saisir les grandes lignes, alors qu’un quart en perçoit les contours de façon plus floue. Les opinions à son sujet varient : 36,2 % souhaitent son abrogation, 32,2 % préconisent des ajustements, et 28,7 % soutiennent le texte tel qu’adopté.
En matière de sécurité, 41,5 % des personnes interrogées relèvent une amélioration du climat général, bien que certaines disparités régionales persistent. Les mesures économiques récentes, notamment les licenciements dans certains secteurs, sont perçues comme inévitables par 44,5 % des sondés, au regard de la conjoncture actuelle.
Ce rapport de Senbaromètre permet de mieux cerner les attentes, les perceptions et les espoirs des citoyens dans une période de transition politique et économique. Il témoigne d’une opinion publique active et vigilante, attachée aux progrès sociaux et à une gouvernance transparente, dans un esprit constructif et républicain.
MAGISTRATURE SOUS PRESSION
Mamoudou Ibra Kane, le leader du mouvement «Demain, c’est maintenant», s’aligne sur la reddition des comptes lancée par le nouveau gouvernement. Mais, il estime que s’enrichir sur le dos des morts et la détresse populaire est inadmissible
Mamoudou Ibra Kane, le leader du mouvement «Demain, c’est maintenant», s’aligne sur la reddition des comptes lancée par le nouveau gouvernement. Mais, il estime que s’enrichir sur le dos des morts et la détresse populaire est inadmissible.
Le leader du mouvement «Demain, c’est maintenant» a réagi à l’actualité brûlante qui secoue le Sénégal. A travers le réseau social X, il a dit ce qu’il pense de la situation actuelle de la Justice, sur les scandales de détournement de fonds liés à la gestion du Covid-19, sans oublier la proposition de mise en accusation de l’ancien Président Macky Sall pour haute trahison, portée par le député Guy Marius Sagna, qui enflamme le débat public. Mamoudou Ibra Kane appelle à la lucidité et à la responsabilité. Pour lui, la Justice sénégalaise traverse une période délicate. Les pressions s’intensifient, les regards se braquent sur les magistrats et les citoyens s’impatientent. «Magistrature sous pression au Sénégal. Le temps de l’opinion s’impose au temps de la Justice.
Tous au poteau !», a notamment écrit le leader du mouvement «Demain, c’est maintenant».
Mamoudou Ibra Kane rappelle cependant une vérité historique souvent ignorée dans les moments d’agitation. La trajectoire des hommes politiques, faite de chutes et de retours, est imprévisible. «Mais, leçon d’histoire : de la prison, on peut aller au Palais, et vice versa. N’est-ce pas ? Je ne parle pas de Wade, ni de Mandela…», souligne-t-il. S’il se dit totalement favorable à la redevabilité et à la reddition des comptes, il insiste aussi sur la nécessité d’une Justice sereine et indépendante, surtout quand il s’agit de crimes économiques.
Pour lui, s’enrichir sur le dos des morts et la détresse populaire est inadmissible. «Entendons-nous bien : je suis totalement pour la redevabilité et la reddition de comptes, particulièrement dans le scandaleux dossier du fonds Covid-19. S’enrichir sur le dos des morts et la détresse de la population est inadmissible. Avec une Justice sereine», a-t-il conclu.
AMADOU BA PRIÉ DE TROUVER UNE AUTRE EXCUSE POUR RÉFORMER LE CONSEIL
La tentative du député de s'appuyer sur une supposée consultation du Conseil constitutionnel par Macky Sall pour justifier un renforcement des limitations des mandats présidentiels vient d'échouer, l'institution ayant nié l'existence d'une telle démarche
Amadou Bâ va devoir «magnifier un renoncement volontaire et chevaleresque du Président Macky Sall à sa 3ème candidature pour préserver la paix sociale, alors même qu’il en avait le droit (dixit lui-même)». Car le Conseil constitutionnel, saisi par le député Pastef de Thiés, a affirmé qu’il n’y a pas une trace d’une saisine des 7 «Sages» sur la question. Si l’ambition était de s’y baser pour réformer l’institution, il va falloir trouver une autre excuse.
A défaut d’avoir la version officielle sur le respect de la parole donnée quant à la troisième candidature de l’ancien président de la République, Macky Sall, le député du parti Pastef, Amadou Bâ, va se contenter de : «Magnifier un renoncement volontaire et chevaleresque du Président Macky Sall à sa 3ème candidature pour préserver la paix sociale, alors même qu’il en avait le droit (dixit lui-même).»
Le député de la majorité parlementaire Pastef avait saisi le Conseil constitutionnel aux fins de confronter les dires du défunt président de ladite juridiction, Mamadou Badio Camara, qui avait révélé que les 7 «Sages» avaient été saisis par le Président Macky Sall sur la possibilité de sa troisième candidature à l’élection présidentielle de 2024. Et qu’ils avaient répondu par la négative.
«Manifestement, l’art. 27 sur la durée et le nombre de mandats n’a pas été suffisamment dissuasif pour empêcher les velléités de 3ème candidature. Qu’il a fallu le renfrognement du Conseil constitutionnel pour stopper les ardeurs d’un passage en force qui aurait déstabilisé le Sénégal.» Ce scénario joué dans la tête du député ne fera pas long feu. Ainsi, «les citoyens, les juristes, les politistes et les chercheurs, qui doivent donner leur avis sur une éventuelle réforme des institutions», devront chercher un autre postulat pour nourrir leur ambition.
Le Conseil constitutionnel n’a pas été saisi sur la question. Partant de ce principe, est-il pertinent de poser ce débat : «Il est urgent en effet de renforcer, dans le sens d’un verrouillage définitif du mandat présidentiel, sa durée et le nombre ; que ce dernier soit consécutif, successif ou concomitant.» Amadou Bâ, après avoir reçu la réponse du Conseil constitutionnel, est plus à même d’y répondre !
LE MYSTÈRE DU TROISIÈME MANDAT DE MACKY ENFIN ÉLUCIDÉ
L'institution constitutionnelle vient de clarifier un point qui alimente les débats politiques : aucune trace d'une demande d'avis de l'ex-président sur un éventuel troisième mandat n'existe dans ses archives
Le Conseil constitutionnel n’est pas au courant d’un document relatif à une demande d’avis sur un troisième mandat formulée par l’ex-président de la République Macky Sall. Voilà la réponse servie par l’institution constitutionnelle à la sollicitation du député de Pastef Amadou Bâ, vice-président de l'Assemblée nationale, qui cherchait à savoir si une telle saisine était avérée.
Le Conseil constitutionnel est formel : il n’y a, à son niveau aucun élément ou document pouvant corroborer une quelconque requête émanant de l'ancien Président de la République Macky Sall sur la possibilité d'une troisième candidature du susnommé à la magistrature suprême.
Répondant en effet à une sollicitation, le 14 avril, du député de Pastef Amadou Bâ, vice-président de l'Assemblée nationale, relativement à une saisine des « Sept Sages » par le Président sortant du Sénégal pour savoir s’il pouvait candidater pour un autre mandat à la tête du Sénégal, après ceux de 2012-2019 et 2019-2024, l’institution a servi une réponse claire et explicite. « Par votre correspondance citée en objet, vous sollicitez, en votre qualité de député de la XVème législature, des informations relatives à une demande d'avis sur la possibilité d'une troisième candidature, que l'ancien Président de la République Macky Sall, aurait soumise au Conseil constitutionnel. Cependant, les recherches effectuées au greffe et dans les archives du Conseil constitutionnel ne révèlent pas l'existence d'une telle demande d'avis », a noté le Conseil constitutionnel, par l’entremise de sa vice-présidente Aminata Ly Ndiaye. Il faut dire que cette réponse du Conseil constitutionnel n’a pas fermé la porte au député et vice-président de l'Assemblée nationale, Amadou Bâ qui entend militer pour un verrouillage définitif des mandats présidentiels.
Prenant comme prétexte cet «avis sur la possibilité d’une 3ème candidature du Président Macky Sall qu’il aurait soumise au Conseil constitutionnel », le député de Pastef plaide pour le verrouillage de l’article 27 de la Constitution afin qu’aucun président ne puisse prétendre à une 3ème candidature à la magistrature suprême.
Et d’arguer : « jusqu’à présent, la version officielle qui nous a été servie, consistait à magnifier un renoncement volontaire et chevaleresque du Président Macky Sall à sa troisième candidature pour préserver la paix sociale, alors même qu’il en avait le droit (dixit lui-même) ».
Attestant que « Manifestement, l’article 27 sur la durée et le nombre de mandat n’a pas été suffisamment dissuasif pour empêcher les velléités de 3ème candidature », le député de la majorité estime qu’« il est urgent… de renforcer, dans le sens d’un verrouillage définitif du mandat présidentiel, sa durée et le nombre; que ce dernier soit consécutif, successif ou concomitant ».
Il faut cependant rappeler que l’article 103 de la Constitution en ses deux derniers alinéas a déjà réglé le problème de la durée et du nombre de mandats. Pour cause, établissent-ils, « La forme républicaine de l’Etat, le mode d’élection, la durée et le nombre de mandats consécutifs du Président de la République ne peuvent faire l’objet de révision. L’alinéa 7 du présent article ne peut être l’objet d’une révision ».
LE RÉCIT DES ARTISANS DU CHANGEMENT
Dans un livre-témoignage, les membres du collectif Dooleel PIT-Sénégal racontent comment ils ont participé à ce mouvement citoyen qui a finalement renversé le régime de Macky Sall, accusé de dérives autoritaires
(SenePlus) - Un nouvel ouvrage intitulé « Genèse d'une révolution démocratique (2021-2024) : trois ans de luttes et d'espoirs » vient d'être publié par le collectif Dooleel PIT-Sénégal. Ce recueil retrace l'engagement d'un groupe de militants du Parti de l'indépendance et du travail (PIT-Sénégal) face à la crise politique, sociale et économique qui a secoué le pays de 2012 à 2024.
Selon la présentation de l'ouvrage, le Sénégal traversait alors "une période sombre marquée par une crise d'une rare intensité" et était "plongé dans une mal-gouvernance crasse et des dérives autoritaires intolérables", comme le confirmeraient les audits et procédures judiciaires initiés par le nouveau régime.
C'est dans ce contexte qu'un groupe de militants du PIT-Sénégal, dont Abdou Karim Ndiaye, Bamba Ndiaye, Félix Atchadé et plusieurs autres, a décidé de créer la plateforme Dooleel PIT-Sénégal en décembre 2020, avec l'ambition de "refonder" leur parti politique.
L'ouvrage couvre la période allant de la publication du mémorandum fondateur jusqu'au 1er avril 2025, une semaine après l'élection présidentielle remportée par la coalition "Diomaye Président". Il est structuré en cinq parties chronologiques, documentant notamment la position du collectif face à la "cabale judiciaire" contre Ousmane Sonko, les élections de 2022, et la montée des tensions politiques jusqu'à la victoire de Bassirou Diomaye Faye.
Les auteurs soulignent que malgré les défaites électorales de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY) en 2022, le gouvernement de Macky Sall avait poursuivi une "ligne de conduite agressive" contre l'opposition, notamment le parti Pastef. Face à cette situation, le collectif Dooleel préconisait "le dialogue à travers une concertation nationale délibérative".
L'ouvrage se termine sur les défis qui attendent les nouvelles autorités et appelle à "parachever l'indépendance nationale, rompre avec la mal-gouvernance endémique" et réformer les institutions pour "mettre fin à l'hyper-présidentialisme".