SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 avril 2025
Politique
Par Ibou FALL
L’ASSAUT LANCÉ CONTRE MACKY 2029
Pendant que "Diomaye môy Sonko" dégaine ses meilleures cartes anti-corruption, l'ex-présient parcourt le monde en mode VIP. Ironie du sort : celui qui excellait dans l'art d'éliminer ses adversaires politiques pourrait goûter à sa propre médecine
Semaine haute en couleur dont le pic, à n’en pas douter, est la proposition de l’honorable Guy Marius Sagna, de traduire l’ancien chef d’Etat, Macky Sall, devant la Haute cour de justice… Soit dit en passant, trouver quatre-vingt-dix collègues qui signent les yeux fermés ne devrait être qu’une formalité.
A l’origine de son ire, plus de deux mille cinq cents milliards de francs Cfa de dettes que le nouveau régime trouve litigieux, en plus d’un montant presque similaire de dépenses «hors cadre légal».
Ceci ne devrait être que le horsd’œuvre…
A n’en pas douter, la responsabilité des quatre-vingts morts comptabilisés entre 2021 et 2024 devrait, dans pas longtemps, figurer sur la longue liste des crimes abominables reprochés à l’ancien chef d’Etat.
Pourquoi se gêner…
Ce cher Macky Sall, depuis quelque temps, en plus de «restructurer son parti», comprenez sa machine électorale, multiplie les selfies avec les grands du monde : un coup, c’est avec Donald Trump qu’il échange une poignée de mains après la traditionnelle séance de prières à laquelle les présidents américains doivent se plier ; un autre, c’est un souverain saoudien qui le convie à rompre le jeûne en terre sainte… Son entrée fracassante dans le Conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim semble la goutte d’eau qui fait déborder le vase : alors que les accusations de falsification de chiffres de la comptabilité publique font les choux gras et d’âpres discussions avec le Fmi, il s’invite à la table où l’on distribue les bons points en matière de probité sur le continent.
Réponse du berger à la bergère ? On parlerait de provocation pour bien moins que ça.
Les élèves sont-ils en train de dépasser le maître ? Apparemment, le tandem «Diomaye môy Sonko» s’inspire des méthodes du précédent régime : alors qu’éclate l’affaire Sweet Beauté, dans l’opinion qui formera les 54% d’électeurs du 24 mars 2024, le doute n’est pas permis. C’est encore et toujours un complot de Macky Sall, qui use de drôles de procédés pour éliminer les concurrents sérieux à la présidentielle.
On rembobine ?
Après 2012, Karim Wade, le «fils biologique» et héritier du Père Wade, ouvre le bal : les malversations dont on l’accuse dépassent l’entendement, mais surtout, il est tenu de prouver l’origine de sa fortune qui serait colossale. Puis, Karim Wade en exil au Qatar et hors de course, quelques années après, c’est pareil pour Khalifa Sall, alors maire de Dakar, qui vient de rempiler et se projette déjà dans la présidentielle…
Alors que, début 2021, l’affaire Adji Sarr éclate en pleine pandémie, pendant que les esprits cartésiens cherchent des arguments de Droit, les autres voient la petite bête que Macky Sall cherche sur la tête de Ousmane Sonko, pardon, le Pros, devenu l’incontestable leader de l’opposition après le désistement de Idrissa Seck, parti brouter soudainement les herbes du Cese.
Le hasard du calendrier est bien curieux : ceci tombe juste après le show du Premier ministre devant une Assemblée dépourvue de l’essentiel de l’opposition. Il y distribue des menaces en veux-tu en voilà, proclame la «tolérance zéro» concernant les oiseaux de mauvais augure et les esprits chagrins qui sévissent via les réseaux sociaux. D’ailleurs, sur le web, une campagne de diabolisation d’Afrique Confidentielle, depuis une petite semaine, attribue à Macky Sall, une casquette supplémentaire : il serait le rédacteur en chef occulte de cette newsletter qui n’annonce que des mauvaises nouvelles en ce qui concerne le régime «Diomaye môy Sonko».
Là, on ne reprend certes pas les mêmes, mais ça recommence : il y a un sérieux candidat pour 2029 dont la candidature pour la mère des batailles électorales a bien des chances d’être invalidée sous peu…
Est-il nécessaire de rappeler les insinuations du président Bassirou Diomaye Faye, le soir du 4 avril, face à la presse, concernant les manœuvres mackyavéliques souterraines ? Il en conclut mystérieusement que son prédécesseur devra en assumer les conséquences. Ça n’aura pas tardé.
Si ce n’était que ça…
Certes, le peuple des 54% réclame des têtes sur le billot et, plus c’est célèbre, plus la plèbe est contente… Mais traduire devant la Haute cour de justice deux ministres au moins -pourquoi pensez-vous à Mansour Faye et Diouf Sarr ?- est devenu plus qu’une demande sociale.
Comme pourrait le penser le président Bassirou Diomaye Faye auquel fait écho «le meilleur Premier ministre de tous les temps», est-ce le Peuple qui fait pression sur ces braves gens de la Justice ? Ça ne cache même pas sa joie et annonce des emprisonnements même avant condamnation. En plus de quelques seconds couteaux des ministères, il y a des peoples qui défilent depuis quelques jours devant les enquêteurs de la Dic à propos des fonds Covid.
Pour l’heure, après plusieurs vaines tentatives de changer d’air, Mansour Faye se voit notifier, par la Justice, l’interdiction de sortir du territoire. Il sait enfin pourquoi, après examen de ses paperasses à l’aéroport, le flic de service le prie gentiment, mais fermement, de rester à l’intérieur de nos frontières.
C’est également cette semaine que Abdou Nguer, célébrissime chroniqueur plébiscité par un site comme le meilleur de tous, reçoit une convocation. Il y a peu, c’est sur la plainte d’un dénommé Azoura Fall qui s’énerve dans une vidéo par la suite que le chroniqueur ne soit pas jeté directement sur la paille humide d’un cachot. Cette fois, apparemment, pour Abdou Nguer, c’est plutôt mal goupillé…
La rançon de la gloire ?
L’IMPASSE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Le recours contre la loi interprétative d'amnistie, déposé par l'opposition, pourrait rester en suspens. La haute juridiction, fragilisée par le décès de son président et l'expiration du mandat de deux membres, se trouve dans l'impossibilité de délibérer
Le recours en inconstitutionnalité contre la loi interprétative de la loi d’amnistie du 13 mars 2024, déposé par les vingt-trois (23) députés du groupe de l’opposition et leurs collègues des non-inscrits, auprès du Conseil constitutionnel pourrait prendre plusieurs jours avant d’être examiné. En effet, le fonctionnement du Conseil constitutionnel qui a perdu son président, Mamadou Badio Camara décédé le 10 avril dernier, est bloqué par l’expiration depuis décembre 2024, des mandats de Mouhamadou Diawara et de Cheikh Tidiane Coulibaly.
Les vingt-trois (23) députés du groupe de l’opposition et leurs collègues des non-inscrits qui ont introduit le 9 avril dernier, un recours en inconstitutionnalité contre la loi interprétative de la loi portant amnistie du 13 mars 2024, auprès du Conseil constitutionnel, devront prendre leur mal en patience. La réponse de cette haute juridiction pourrait prendre des jours voire des mois à moins que les 4 sages qui composent aujourd’hui cette institution décident d’agir hors cadre légal. Ce qui serait juridiquement inapproprié et entacherait la régularité de la procédure.
En effet, le Conseil constitutionnel est actuellement confronté à une carence dans sa composition. Depuis le référendum du 20 mars 2016, son effectif a été porté de cinq à sept membres. Or, à ce jour, la haute juridiction ne compte que quatre membres en exercice, suite au décès de son président, Mamadou Badio Camara, survenu le 10 avril dernier à l’âge de 73 ans."
Nommé par décret présidentiel n°2018 21-26 du 6 décembre 2018 à quelques jours de la présidentielle de 2019 pour un mandat de 6 ans non renouvelable, Mouhamadou Diawara est arrivé au terme de son mandat depuis le mois de décembre dernier. Par conséquent, il ne devrait plus siéger aux délibérations du Conseil constitutionnel, au risque de les entacher d’illégalité, conformément aux dispositions de la loi organique n° 2016-23 du 14 juillet 2016 relative à cette juridiction. Une situation similaire concerne le doyen d’âge du Conseil, Cheikh Tidiane Coulibaly. Ce dernier a été nommé par l’ancien président Macky Sall, trois mois avant la présidentielle du 24 mars 2024, pour remplacer Abdoulaye Sylla, devenu entre-temps président de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Or, le magistrat qu’il a remplacé – Abdoulaye Sylla – avait été nommé en même temps que Mouhamadou Diawara, par le décret n°2018- 2126 du 6 décembre 2018.
De fait, Cheikh Tidiane Coulibaly se retrouve lui aussi dans l’impossibilité de participer aux délibérations du Conseil constitutionnel. Avec ces absences, le Conseil constitutionnel ne compte actuellement que quatre membres en fonction sur les sept prévus par la loi. Dans ces conditions, il lui sera pratiquement impossible de délibérer, sauf si le président Bassirou Diomaye Faye décide de remédier à cette carence en procédant à de nouvelles nominations, parmi lesquelles pourrait figurer Cheikh Tidiane Coulibaly, dont le mandat — arrivé à expiration en décembre — était initialement celui de l’actuel président de la Cena, Abdoulaye Sylla.
VIDEO
LA RANÇON FRANÇAISE QUI A RUINÉ HAÏTI
Le bicentenaire de l'ordonnance royale du 17 avril 1825 rappelle comment Paris a forcé Haïti à payer son indépendance. Une somme équivalant à 9000 milliards d'euros actuels qui explique en partie la pauvreté structurelle de la première république noire
À l'occasion du bicentenaire de l'ordonnance royale du 17 avril 1825, un regard critique se pose sur la "double dette" imposée par la France à Haïti, une contrainte financière qui continue de peser sur le développement de l'ancienne colonie française.
C'est une histoire méconnue mais déterminante pour comprendre la situation actuelle d'Haïti. En 1825, la France a contraint son ancienne colonie, devenue indépendante en 1804, à payer une "dette d'indépendance" de 150 millions de francs or. Cette somme astronomique, équivalente à trois années de PIB haïtien de l'époque ou à 9000 milliards d'euros actuels pour la France, était présentée comme un "dédommagement" pour les anciens colons.
Incapable de payer cette rançon colossale, Haïti s'est trouvée piégée dans un cycle d'endettement sans fin. Pour honorer les premières échéances, le pays a dû contracter des emprunts, notamment auprès de financiers français, créant ainsi une "double dette". Si le remboursement des 150 millions de francs or (réduits plus tard à 80 millions) s'est achevé en 1878, les dettes contractées pour payer cette somme ont continué à grever les finances du pays jusqu'en 1940.
Cette saignée financière a eu des conséquences dramatiques sur le développement du pays. Selon certains économistes, jusqu'à 80% des recettes publiques haïtiennes ont été consacrées au service de la dette, privant ainsi la nation de ressources essentielles pour construire des infrastructures et des services publics.
La France avait imposé cette dette sous la menace militaire, avec plusieurs navires et des centaines de canons pointés vers Port-au-Prince. Pour Haïti, nation non reconnue diplomatiquement et isolée sur la scène internationale, cet accord représentait paradoxalement une avancée, permettant enfin une reconnaissance officielle de son indépendance par l'ancienne puissance coloniale.
Deux siècles plus tard, des voix s'élèvent pour demander des réparations. La championne de tennis Naomi Osaka, d'origine haïtienne par son père, s'est récemment interrogée publiquement : "Haïti peut-il récupérer son argent?" Une commission d'historiens devrait prochainement se pencher sur cette question sensible, qui pourrait ouvrir la voie à une réflexion plus large sur le soutien au développement d'Haïti et, potentiellement, sur la question des réparations coloniales.
Cette dette oubliée par beaucoup de Français éclaire d'un jour nouveau les difficultés chroniques d'Haïti, souvent réduite dans les médias à ses gangs, sa pauvreté et son instabilité politique, sans considération pour les causes structurelles profondes de cette situation.
VIDEO
DERRIÈRE L'OFFENSIVE ANTI-MACKY SALL DE GUY MARIUS SAGNA
Justice ou calcul politique ? La procédure lancée par le député de Pastef contre l'ex-président pour « haute trahison » serait partie d'une stratégie à long terme selon Ibou Fall : nuire définitivement à ses ambitions politiques pour 2029
Pour Ibou Fall, la démarche actuelle visant à traduire Macky Sall devant la Haute Cour de Justice s’inscrit dans une logique de « justice des vainqueurs ». Il estime que cette justice est instrumentalisée à des fins politiques, avec pour but inavoué de barrer la route à une éventuelle candidature de l’ancien président à l’élection présidentielle de 2029. « Le vrai but de cette procédure, c’est de l’empêcher de revenir », tranche-t-il.
L’analyste revient sur plusieurs actes posés par l’ex-chef d’État entre 2023 et 2024 qu’il qualifie de trahison : le report controversé des élections, l’amnistie accordée à certaines figures sans procès, et la libération de personnes accusées de faits graves, parfois liés à des pertes humaines. Selon le journaliste, l'ancien journaliste a profité de sa majorité parlementaire pour faire passer ces décisions, au mépris de la justice et de la mémoire des victimes.
Ibou Fall n’a pas manqué de souligner le départ de Macky Sall le jour même de l’investiture de son successeur. Un acte qu’il interprète comme une fuite, voire une marque de mépris envers ses partisans et collaborateurs de longue date. « Il est parti comme un fuyard », commente-t-il, en référence à d’autres précédents dans l’histoire politique du Sénégal.
La possible comparution d’un ancien président devant la Haute Cour de Justice inquiète Ibou Fall quant à l’image du Sénégal sur la scène internationale. Il redoute que cette situation n’écorne la réputation démocratique du pays et ne révèle un climat politique instable. « Traduire un ancien président pour haute trahison, c’est grave. Cela coûte cher à un pays, en crédibilité et en stabilité », alerte le chroniqueur du journal Le Quotidien.
Enfin, Ibou Fall dénonce une justice à deux vitesses, façonnée par les rapports de force politiques. Pour lui, la capacité des gouvernants à changer les lois, amnistier ou condamner selon leurs intérêts, montre les failles d’un système institutionnel encore fragile. « Quand tu contrôles l’Assemblée nationale, tu fais ce que tu veux », affirme-t-il, pointant la nécessité de réformes profondes pour garantir l’indépendance de la justice.
VIDEO
POUR ACHILLE MBEMBE, LA FRANÇAFRIQUE A VÉCU
Pour l'intellectuel camerounais, l'influence française sur le continent africain n'est plus qu'un vestige du passé. Entre bases militaires fermées et franc CFA contesté, il appelle à se débarrasser rapidement de ces "irritants qui ne servent personne"
L'historien et philosophe Achille Mbembe a livré une analyse sans concession des relations franco-africaines dans un entretien accordé à France 24. Directeur général de la Fondation de l'innovation pour la démocratie, il s'est exprimé depuis Johannesburg à quelques semaines des secondes assises de la démocratie prévues à Dakar.
Le constat d'Achille Mbembe est catégorique : "Elle est terminée la Françafrique, objectivement elle n'existe plus." Pour l'intellectuel camerounais, cette page de l'histoire est définitivement tournée, non par choix politique mais par nécessité : "La France ne dispose plus aujourd'hui des moyens d'exercer sur le continent la sorte de domination qu'on lui prête."
Cette évolution se manifeste concrètement par l'expulsion des bases militaires françaises du Sahel, mais aussi de pays comme la Côte d'Ivoire, le Tchad ou le Gabon. Mbembe estime qu'il fallait "aller vite" pour se débarrasser de ces "irritants qui ne servent personne", y compris le franc CFA qu'il considère comme une institution ayant "perdu de sa légitimité aux yeux des nouvelles générations".
Quatre ans après avoir accepté la proposition d'Emmanuel Macron de travailler à "régénérer la relation entre la France et l'Afrique", Mbembe défend le bilan des initiatives lancées. Sa Fondation pour l'innovation pour la démocratie étend désormais son empreinte sur 36 pays africains, avec des antennes récemment ouvertes dans l'océan Indien et bientôt en Afrique orientale et lusophone.
Selon lui, la transformation des relations franco-africaines est "inévitable au regard de la donne géopolitique mondiale qui se dessine aujourd'hui". Il appelle maintenant les sociétés civiles africaines et françaises à "prendre le relais et traduire en acte l'intuition" du président français, estimant que "le plus vite on y va, le mieux ce sera".
Cette réflexion sur la présence française s'inscrit dans une analyse plus large de la situation démocratique du continent. Mbembe dénonce le paradoxe d'un continent majoritairement jeune dirigé par "des vieillards dont beaucoup peinent d'ailleurs aujourd'hui à rester éveillés". Pour lui, la limitation des mandats présidentiels constitue "une condition absolument fondamentale de la régénération du champ politique".
Concernant son pays natal, le Cameroun, où le président Paul Biya semble se préparer à un nouveau mandat, Achille Mbembe livre un témoignage accablant après une récente visite à Yaoundé : "C'est une ville déliquescente, jonchée de poubelles", image qu'il considère "symptomatique d'un ordre politique qui tarde à passer".
Achille Mbembe conclut sur une note optimiste, appelant à "s'appuyer sur les forces neuves pour inventer autre chose", une aventure qu'il qualifie d'"absolument excitante d'un point de vue intellectuel et personnel". Pour lui, l'ère post-Françafrique n'est pas à craindre mais à embrasser comme une opportunité historique pour redéfinir sur des bases plus équilibrées les relations entre la France et l'Afrique.
Le philosophe observe parallèlement une dynamique encourageante avec "une remontée de l'activisme notamment parmi les femmes et les jeunes" et l'émergence d'une société civile qui utilise de plus en plus les réseaux numériques pour se faire entendre et participer à cette refondation des relations internationales du continent.
MAHMOUD DICKO, L'OPPOSANT QUI DÉFIE BAMAKO DEPUIS ALGER
Ce religieux populaire, qui prône le retour des militaires dans leurs casernes, incarne une menace politique que le général Assimi Goïta prend très au sérieux
(SenePlus) - Une crise majeure et inédite secoue actuellement les relations entre le Mali et l'Algérie, avec au centre de ces tensions la figure de l'imam Mahmoud Dicko, opposant redouté par la junte militaire malienne et actuellement exilé en Algérie.
Selon un article publié par Le Monde le 15 avril 2025, les relations entre les deux pays voisins se sont considérablement détériorées depuis la nuit du 31 mars au 1er avril, lorsqu'un drone malien survolant la zone frontalière de Tin Zaouatine a été abattu par l'armée algérienne.
Mahmoud Dicko, imam septuagénaire et ancien président du Haut Conseil islamique malien (HCIM), s'est réfugié en Algérie en décembre 2023. Figure religieuse respectée et dotée d'une grande influence politique, il est considéré comme "la bête noire de la junte" au pouvoir à Bamako, selon un ancien ministre cité par le journal français.
Ironiquement, l'imam avait involontairement favorisé l'arrivée au pouvoir de la junte du général Assimi Goïta en mobilisant d'importantes manifestations contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au premier semestre 2020, fragilisant ainsi le gouvernement avant le coup d'État du 18 août 2020.
En février 2024, l'annonce d'un possible retour de l'imam à Bamako avait provoqué une vive réaction des autorités maliennes. Le ministère de la sécurité l'avait accusé de s'être livré à des "activités subversives" en Algérie et un important dispositif sécuritaire avait été déployé dans la capitale. Sur les conseils de ses proches, Mahmoud Dicko avait finalement renoncé à revenir.
Selon ses partisans, l'imam, qui serait aujourd'hui "totalement guéri" après des problèmes de santé (son entourage évoque une tentative d'empoisonnement), continue de plaider pour "une transition civile" et souhaite que "les militaires retournent à leur place, dans leurs casernes".
L'article du Monde rapporte que l'imam est "logé et pris en charge par les autorités algériennes, qui s'en servent comme un moyen de pression sur la junte malienne en brandissant la menace de son retour", selon un confident du religieux.
Cette situation contribue à exacerber les tensions entre Bamako et Alger, déjà mises à mal par l'incident du drone frontalier et par la réception par les autorités algériennes de représentants de groupes indépendantistes du nord du Mali.
Malgré ces tensions, l'entourage de Mahmoud Dicko affirme qu'il finira par rentrer au Mali, et que "le jour où il reviendra, ce sera en héros".
LE PARQUET FINANCIER OUVRE UNE ENQUÊTE APRÈS LE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES
À la suite d’un référé transmis le 3 avril 2025 par la Cour des comptes, le procureur de la République financier a saisi la DIC pour enquêter sur des faits potentiellement délictueux relevés dans la gestion des finances publiques entre 2019 et mars 2024.
Dans un communiqué parvenu à notre rédaction ce mercredi 16 avril, le procureur de la République financier a apporté des précisions concernant les suites données au rapport de la Cour des comptes sur la situation des finances publiques.
« À la suite de l’audit relatif à la gestion des finances publiques entre 2019 et le 31 mars 2024, lequel a révélé des actes et faits susceptibles de qualifications pénales, le parquet du Pool judiciaire financier a reçu, le 3 avril 2025, un référé aux fins d’ouverture de procédures pénales. Ce référé a été transmis au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, par le Premier président de la Cour des comptes, via le procureur général près la Cour d’appel de Dakar », indique le communiqué.
« Le 14 avril 2025, le procureur de la République financier a saisi la Division des investigations criminelles (DIC), en vue d’une enquête sur les différents points soulevés dans ledit référé », conclut El Hadj Alioune Abdoulaye Sylla.
VIDEO
A DAKAR, LA GUERRE DES TAXIS ATTEINT LES TRIBUNAUX
Les taxis traditionnels, qui affirment avoir perdu la moitié de leurs revenus, ont traîné les plateformes VTC devant la justice dans une affaire qui pourrait redessiner la mobilité urbaine dans la capitale
Après des mois de tension, le conflit opposant les chauffeurs de taxi traditionnels aux plateformes de VTC (Véhicules de Transport avec Chauffeur) a connu un tournant décisif avec la tenue d'une audience très attendue.
Les taxis sénégalais, mobilisés derrière le Regroupement des taxis urbains du Sénégal dirigé par Malic Diop, ont porté plainte contre les géants du secteur - Yango, Heetch et Yassir - pour concurrence déloyale. Ces chauffeurs, reconnaissables à leurs brassards rouges symbolisant leur protestation, affirment avoir perdu plus de la moitié de leurs revenus depuis l'arrivée des plateformes en 2021.
"Contrairement aux VTC, nous passons deux visites techniques annuelles, payons une assurance de transport public quatre fois plus chère et des droits de stationnement", explique Malic Diop, taximan depuis plus de 20 ans. "C'est une concurrence déloyale favorisée par ces multinationales", dénonce-t-il.
Le développement "fulgurant" de ces plateformes s'explique notamment par leur popularité auprès des usagers. Fatou Fall, habitante du quartier de Wakam, témoigne : "Je les utilise une à deux fois par jour. Les prix sont fixes, sans marchandage, et la nuit c'est sécurisé car on peut partager son trajet avec sa famille."
L'audience, reportée à six reprises, s'est finalement tenue lundi en présence de dizaines de taximen. Le verdict est attendu pour le 23 juillet. À la sortie du tribunal, l'ambiance était "électrique" selon les participants, qui promettent de poursuivre leurs actions syndicales.
Face à cette situation tendue, le ministère des Transports a récemment annoncé travailler à l'élaboration de nouveaux décrets pour encadrer et régulariser le secteur des VTC. Cette initiative pourrait marquer un tournant dans ce conflit qui, selon les syndicats, "gangrène le secteur du transport au Sénégal".
PAR Issa Kane
CE SÉNÉGAL-LÀ
EXCLUSIF SENEPLUS - Que voyons-nous ? Imiter l’adversaire politique jusqu’à lui ressembler. Nous sommes dans la logique du Casino où le gagnant rafle tout sans un petit geste consolatoire à l’endroit des perdants. Duñulen may dara ! Tuss !
« Je suis venu pour te dire » non pas « que je m’en vais » comme le chantait Serge, mais pour te dire que je suis là, que nous sommes toujours là, au Sénégal, ce grand pays de grande hospitalité même s’il est, depuis quelque temps, un peu boiteux, un peu enrhumé, un peu nerveux, un peu violent, un peu inquiet et s’il a un peu les crocs.
C’est vrai qu’à chaque fois qu’un jeune homme de trente ou quarante ans nous prévient qu’il viendra nous voir, nous prédisons, hélas, qu’il s’apprête à embarquer dans un rafiot comme d’autres milliers de sa génération pour amerrir sur une plage italienne ou espagnole ou mourir dans les océans, brisant le rêve de toute une famille, de tout un quartier, de tout un village.
Voilà plus de deux décennies que l’espoir de devenir, un jour, un membre de la famille dont la voix compte et un jeune du quartier qui a réussi socialement, salué avec déférence par les vieillards s’est exfiltré des cœurs de ceux qui ne croient plus à la générosité de leur pays, aux professions de foi des gouvernants et de l’opposition politique distribuées à la veille des échéances électorales, bref à l’honnêteté de la société politique.
Tous les mêmes, disent-ils : ce sont les mêmes compères. Dans les camps militants, ils génèrent des violences verbales et physiques, des dégâts matériels et corporels inestimables, des coups bas, chaque militant bande les muscles sur le terrain à la manière de Popeye et à la fin de l’élection, l’on sabre, ensemble, facétieusement, le reste du champagne chapardé quelques semaines plus tôt dans les supermarchés saccagés à l’occasion de manifestations politiques.
″Enfin les ennuis commencent″, disait le vieux François. Non, c’est plutôt une bonne nouvelle, une naissance, le baptême chez les Manjaks (gente njaago) ! C’est la distribution des postes et des prébendes. Tant pis pour les mutilés ! Tant pis pour les familles éplorées !
C’est ainsi que cela se passe dans les téléfilms pour la gouverne de Ngor Djidjack Senghor, la petite tête et d’Aline Assome Diédhiou, la simple d’esprit. Comme les leurs, mon cousin sérère et ma cousine diola ne comprennent toujours pas pourquoi l’acteur mort dans un film aujourd’hui, joue le lendemain dans un autre, dans un autre rôle. Cela s’appelle du cinéma dans une grande salle fermée ; de la duplicité, en politique. Le jour où l’on votera une loi qui criminalisera la pantalonnade et la fourberie, ces deux sparadraps du Capitaine Haddock de la politique sénégalaise, il n’y aura plus de compétitions électorales dans ce sympathique pays.
On aime, on adule, on tombe en transe face à un politicien micro en main, en campagne électorale avec des promesses fabuleuses et puis on a honte de soi-même, on se déteste quand il arrive au pouvoir : les renoncements, les reniements, les revirements et le bel alibi du ″face aux réalités du pouvoir″ qui déleste les naïfs militants tombés dans l’esprit moutonnier, l’esprit de meute de tout rêve d’une nouvelle vie de confort moral et matériel. Sur un terrain de football, on appelle cela une passe décisive … but … ambiance dans la tribune … plutôt dans les cercles familiaux des hauts responsables politiques. On a gagné ! On a gagné ! On a gagné ! Désormais, place aux conjoints, à la fratrie, aux descendants, aux ascendants, aux bailleurs des séditieux, aux copains, aux coquins, aux fous du roi. Tout ce monde est au milieu de la Caverne d’Ali Baba. Satan est seul avec les jouisseurs. ″Do you feel like we do ?″, nous demandent-ils comme Frampton, excité, sur scène. ″Yes, guys !″, répondons-nous. Les casseurs, les pyromanes, les insulteurs, les animateurs de meeting … Oust ! Dehors !
″Les politiciens sont tous les mêmes. Ils promettent des réformes, puis réforment leurs promesses″, disait Leonid Sukhorukov. ″Que c’est triste Venise !″, se confiait à nous Charles. Que c’est triste, aussi, notre pays ! Inquiet, avions-nous dit à l’entame de notre propos. Oui, nous sommes inquiet et c’est pourquoi nos nuits sont toujours courtes car jusque-là, nos dirigeants n’arrivent pas à prendre de la hauteur, non pas la hauteur tragique du pendu mais la hauteur républicaine qui fait d’un président de la république, d’un Premier ministre ou d’un ministre, un grand monsieur estimé, salué avec une naturelle révérence, une réelle déférence à leur contact avec leurs compatriotes de par le respect scrupuleux des engagements électoraux pris ou qui fait d’un député, une honorable personnalité qui n’injurie pas, qui ne boxe pas, qui ne vole pas, qui ne verse pas dans les trafics illicites tout au long d’une législature et dans la vie de tous les jours.
L’honorabilité ne peut pas être un titre parlementaire, elle doit être une reconnaissance sociale, individuelle. Combien de députés savent ce que représente la sublime étoffe colorée qu’ils portent du haut de l'épaule droite à la hanche gauche ? Les éblouissantes couleurs de cette étoffe sont-elles celles d’un parti politique ou celles de la République ? Ils ne savent rien ou ne savent que ce que l’on leur demande de répéter lors des plénières de l’Assemblée nationale par le président du Groupe parlementaire qui tient les instructions de la direction du parti et ce, depuis Sédar et Lamine Coura : le parti avant la patrie pour défendre les infamantes postures.
Quand est-ce nos présidents, nos ministres, nos autres élus et nommés de notre République vont-ils se convaincre qu’ils sont nos serviteurs et non nos seigneurs ? En campagne électorale, ils viennent s’aplatir devant nous, doux comme des agneaux, implorant nos suffrages avec une humilité et une disponibilité d’esclaves de case. Une fois élus, nommés, ils nous parlent avec condescendance quand ils nous rencontrent et refusent de nous recevoir quand on leur demande une audience. Plongés dans une amnésie de soûlards, ils ne nous connaissent plus.
Disons-le, derechef, les adversaires historiques du peuple de Sénégal, ce sont les politiciens sénégalais et les électeurs sénégalais eux-mêmes : ″trompez-moi une fois, honte à vous ; trompez-moi dix fois, honte à moi″. Le peuple sénégalais a, toujours, été gouverné sans savoir comment il l’a été. Si, quand même et heureusement ! Apaté soit louée ! La famille des … nouveaux régnants en sait quelque chose plus que ceux qui suaient abondamment sous le soleil incandescent non pas de « L’Été indien » de Joe mais bien de l’été sine-sine sous des chaleurs torrides lors des meetings, plus que ceux qui ont été éborgnés ou tués lors des batailles rangées entre adversaires politiques, plus que les familles de ceux qui ont succombé suite à des blessures par armes blanches des nervis, par des manifestants, pistolets en mains ou par balles perdues des forces de défense et de sécurité en mission, plus que ceux qui ont vécu les misères carcérales pour avoir été au mauvais moment et au mauvais endroit lors d’une manifestation politique où chaque camp croit devoir répondre à la radicalité de l’autre en faisant fi de la quiétude, de la dignité de ceux qui n’y sont mêlés ni de près ni de loin.
Diamniadio et Dakar, le 2 avril 2024 ! C’était l’investiture de Monsieur Bassirou Faye comme cinquième président de la République du Sénégal et la passation de pouvoir entre le susnommé et le président sortant, Monsieur Macky Sall avec d’affectueuses fausses embrassades et de théâtrales tapes fraternelles sur les épaules. Les Sénégalais étaient à la fois médusés et émus par ce spectacle qu’ils n’avaient jamais imaginé « mort ou vif », une expression tout-terrain, à tout va, chère à mon ami Mbissane Mossane Sène, l’évaporé.
Avril 2025 ! Il ne s’agit pas de faire le bilan d’un an au pouvoir du président de la République Bassirou Diomaye Faye. Il convient juste de faire des constats sur le vécu des Sénégalais et de la conduite des affaires publiques par son régime au cours des douze derniers mois et quelques jours après le mémorable plébiscite du candidat de la « Coalition Diomaye Président » à la présidentielle du 24 mars 2024 au cours de laquelle nous avons donné notre voix, notre suffrage et n’avons été économe ni de notre temps ni de notre énergie pour qu’advienne la troisième alternance démocratique (voir notre lettre : À mes cousins candidats Amadou Ba et Bassirou Faye du 20 mars 2024). Rendons grâce au Dieu des fats dirigeants confortablement installés et des dupées gens dont la votation ne compte plus, désormais, d’avoir agréé nos prières !
Honnêtement, nous pouvons dire que le pays est dans une situation de « Blokas », comme le disait, Babacar, le Sing-Sing du ″Super Etoile de Dakar″. Les ménages sont accablés par la cherté de la vie, ils sont ″fauchés comme les blés″. Les entreprises sont épuisées par la pression fiscale et la dette intérieure. La marche du pays semble être tributaire de la bonne coopération avec le FMI, c’est du moins ce que l’on apprend auprès de la vendeuse d’arachides grillées, au coin de la rue, bravant le froid crépusculaire ; du Maïga dans sa gargote où les agents du Service d’Hygiène ne sont, visiblement, jamais entrés pour contrôle ; du charretier qui arpente avec nonchalance et effronterie les avenues et rues de la Capitale, créant un déprimant embouteillage et du mécano qui répare les véhicules sur le trottoir, mettant en difficulté la circulation piétonne au vu et au su de l’Agent Voyer Municipal (AVM).
"Je n’ai pas changé … toi non plus, tu n’as pas changé″, nous berçait Julio. Le train de vie de l’Etat a-t-il, réellement, changé ? Est-il ″réduit à sa plus simple expression″ dans un « pays en ruine » ? Sont-ce toujours les mêmes ambassades et consulats, les mêmes directions et agences nationales, les mêmes postes de Haut-Représentant, de ministres-conseillers, de conseillers techniques sans la science, d’envahissants chargés de mission, de PCA, de PCS, de Haut-Conseil du Dialogue Social, les mêmes cortèges avec des véhicules au prix de plusieurs centaines de milliers de dollars comme ceux des colonnes funèbres pour l’enterrement des grandes stars hollywoodiennes, …, les mêmes missions inutiles à l’intérieur et à l’extérieur du pays dans le même confort princier avec perdiems, avec de vrais et de faux collaborateurs dans les délégations, sans grand profit pour le Sénégalais et la Sénégalaise qui cherchent à survivre ?
Engagements électoraux en instance de traitement ou classés sans suite ! Quel sort pour les caisses obscures ; la pénalisation de l’homosexualité ; le retrait de l’Exécutif du CSM ; la gestion saine et transparente de tout le patrimoine des sénégalais ; la fin du népotisme et l’isolement de la famille dans la vie publique ; l’abrogation de la loi portant amnistie de 2024 sans explication, sans commentaire, sans interprétation, voire sans débats comme la LFi 2025 ?
Raté ! Cette loi de la volte-face est votée, finalement, le 2 avril 2025 avec de minuscules modifications invisibles à l’œil nu, avec des virgules, des trémas sur les «i», et des accents circonflexes qui manquaient sur un mot, un seul mot, dans la loi du président Macky Sall.
C’est encore raté ! Messieurs Thierno Alassane Sall, Abdou Karim Gueye, Cyrille Oumar Touré, le Premier ministre Ousmane Sonko, Me Abdoulaye Tall et les parents des victimes des violences électorales de 2021 à 2024 qui détestaient cette loi félonne en voudront à la majorité parlementaire pastéfienne qui a imposé la dictature du plus grand nombre. Ils attendront une autre fois. Ce sera ″Another day in Paradise″, comme le promet Phil.
Maladresses ! Maladresse dans la communication de certains membres du gouvernement. On se croirait dans les marchés hebdomadaires de Djilass ou de Boutolatte. Quand ils parlent, on rit ou on pleure. Leurs familles, leurs amis et leurs voisins guettent leurs prochaines sorties médiatiques pour se boucher les oreilles pudiques pour ne rien entendre.
Maladresse, aussi, dans une diplomatie qui avait rayonné dans toutes les instances internationales, aujourd’hui brouillonne avec une voix blanche, aphone, atone. Pas grave ! La redynamisation est en cours.
« Blokas » ! Personne ne bouge ! Plus de marches pour les mécontents, pour les travailleurs licenciés à tort ou à raison et à qui l’on doit des réparations, pour des organisations politiques, syndicales ou des regroupements du secteur informel victimes de mesures non encadrées dans le temps et dans l’espace, pour les étudiants qui ne voient pas les bourses d’études à la bonne heure.
Les libertés sont, systématiquement, confisquées au nom du principe ″bananier″ de risque de trouble à l’ordre public.
Les opposants sont menacés et humiliés partout. Leurs mouvements sont restreints sur « ordre de la hiérarchie » comme si l’on est encore dans le règne de Salmone Faye où tout est permis et tout est interdit selon la volonté du roi sanguinaire. Les procureurs de la rue publique annoncent, fièrement, les arrestations et l’emprisonnement prochains d’opposants politiques au régime actuel. Quelques heures, quelques jours après, ils ont presque raison ! Nous ne sommes pas dans une ripoublique comme le dit l’autre mais nous ne sommes pas très loin. Force est de constater que nous sommes revenus aux odieuses pratiques du régime de BBY.
Que voyons-nous ? Imiter l’adversaire politique jusqu’à lui ressembler ! Pire, nous sommes dans la logique du Casino où le gagnant rafle tout sur le tapis vert sans un petit geste consolatoire à l’endroit des perdants. Duñulen may dara ! Tuss !
Halte-là ! Stop aux dérapages ! Ne tombons dans aucune forme de radicalité qui exclut, qui éloigne. La République a besoin d’équilibre et de mesure. Comment comprendre l’adresse du Premier ministre Ousmane Sonko sur les libertés face aux organisations syndicales et au patronat au Grand Théâtre ? « Si vous voyez les pays qui ont décollé ces dernières années, c’est là où les libertés ont été réduites. Je ne vais pas citer de noms mais allez dans des pays asiatiques, arabes, les libertés (politiques, syndicales ou d’association) ont été réduites pour ne pas dire annulées, ce qui a laissé une marge (de manœuvre) pour que les autorités puissent dérouler ».
Bel exemple ! Monsieur le Premier ministre a, parfaitement, raison. Par contre, nous devons demander si le Premier des ministres a déjà visité la Suède, la Norvège, l’Allemagne, le Canada ou la Finlande ? Dans ces pays, les libertés, toutes les libertés sont sacrées, le citoyen est presque un monarque ou un bambin qui fait ce qu’il veut là où il ne voit ni papa ni maman. Ce trop-plein de libertés n’empêche point « les autorités (de) dérouler » pour faire de leurs pays ce qu’ils sont : des paradis que leur envient les pauvres sahéliens que nous sommes ?
«Blokas» ! Les cadres supérieurs sénégalais compétents aux pertinentes expériences plusieurs fois reconnues à l’intérieur et à l’intérieur du pays attendent les appels à candidatures fermement promis par Ousmane Sonko et Bassirou Faye alors candidats aux élections de 2017, 2019, 2022 et 2024, prêts à aider le pays à sortir de son indéniable morosité économique.
« Blokas » ! Magistrats, sociétés politique et civile attendent l’application des conclusions des Assises de la Justice et la décision du président de la République, Monsieur Bassirou Diomaye Faye, de ne plus siéger au Conseil Supérieur de la Magistrature conformément à son engagement répété des dizaines de fois devant les journalistes. Un engagement cher à son Premier ministre, Ousmane Sonko, patron du Pastef, par ailleurs.
« Aadi bil aadi ; salaade aadi ɓuri firtude aadi ». Serment pour serment ; autant ne pas prêter serment s’il faut le violer ensuite, disait ma grand-mère, au bord du grand fleuve septentrional. Un nouveau serment vient d’être fait, solennellement : ne plus décevoir brutalement avec inhabileté les citoyens. Bravo les doctes ! Désormais, il faut expliquer avec pédagogie, interpréter avec pédagogie toute rétractation, toute abjuration avec l’intervention de femmes et d’hommes, à la télé, dans les réseaux sociaux, payés pour faire le job auprès de personnes plus polies, plus intelligentes, plus érudites qu’eux.
Le devoir du citoyen n’est pas d’être sur les plateaux de télé pour répéter ce qu’on demande de défendre avec une fausse conviction. À tout citoyen, l’on demande d’être un patriote, c’est-à-dire, une personne qui aime sa patrie plus que tout autre chose et la sert avec honneur, dévouement, sincérité, loyauté en transcendant l’esprit partisan. Il est vrai que la première chose qu’un homme doit défendre, c’est son honneur. Évidemment quiconque ne peut défendre son honneur, ne peut défendre ni sa patrie ni son parti.
Nous sommes plein dans le mille ! La propagande par les naïfs, par les obtus dans les médias. Ma génération est « À la recherche du temps perdu » comme Marcel. Il était une fois des hommes et des femmes nommés : Cheikh Anta Diop, Djibo Leyti Ka, Marie Angélique Savané, Abdoulaye Bathily, Penda Mbow, Boubacar Boris Diop, Annette Mbaye d’Erneville, Sémou Pathé Gueye, Doudou Sine, Abdoulaye Elimane Kane, Babacar Touré (Sud), Hamidou Dia, Mame Moussé Diagne, Souleymane Bachir Diagne, Henriette Niang Kandé, Fadel Dia, Amsatou Sow Sidibé, … Quel délice que d’écouter ou de lire ces femmes et ces hommes !
Ajourd’hui, face à la bonne parole qui fait défaut, nous sommes soumis à la dictature médiatique des chroniqueurs.
Paul Nizan dénonçait dans « Les chiens de garde » les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s'imposaient en véritables gardiens de l'ordre établi. Nos intellectuels, prétendument, désintéressés par les privilèges sont dans une douce collision avec le pouvoir. Ils tournent la langue française dix fois dans la bouche jusqu'à la gorge avant de s’exprimer en public pour bien se faire entendre et se faire recruter par les décideurs.
Les universitaires ne veulent plus continuer à côtoyer, chaque matin, dans les amphis les sauvageons disciples, capricieux, impertinents, violents. Ils s’arrangent, finement, pour se retrouver dans le cabinet du président de la république, du Premier ministre ou ceux des ministres. De ces positions, ils défendent ce qu’ils n’ont rien appris de leurs émérites professeurs et rien enseigné à leurs étudiants. Ainsi, ils se seront condamnés au devoir de réserve, garant du grand confort pour hauts fonctionnaires dévoués et consciencieux.
Où entend-on, où voit-on les intellectuels qui décriaient les petites comme les grandes dérives du régime de BBY ? « Les philosophes d'aujourd'hui rougissent encore d'avouer qu'ils ont trahi les hommes pour la bourgeoisie. Si nous trahissons la bourgeoisie pour les hommes, ne rougissons pas d'avouer que nous sommes des traîtres ». Que dire de cette réflexion de Paul Nizan ? Pour notre part, nous considérons que l’alignement d’un intellectuel au pouvoir est la dépossession de ce qu’il est. « Ku log du wax », parole de Wolof Ndiaye.
Revenons aux … grands esprits des studios de télévision, mesdames et messieurs les chroniqueurs, et référons-nous à Serge Halimi qui a fait l’updating : «Les nouveaux chiens de garde ». Ceux-là qui construisent, éhontément, la destruction de nos valeurs, de nos croyances et de notre mieux-vivre ensemble par la grossièreté, la diffamation, la malfaisance, le trafic d’influence et le mensonge. Ils sont, à la fois, journalistes, experts en communication, palefreniers, vendeurs d’encens, soldats de dernière classe libérés insultant l’honneur de vaillants généraux aux faits d’armes que nul ne peut ensevelir, politiciens de carrière bouffant à toutes les mangeoires, gens de la mode, responsables d’ONGs embourgeoisés ou simplement hommes et femmes de mauvaise éducation depuis l’enfance. Ils sont docteurs-en-tout. Ils sont constitutionnalistes, pénalistes, médecins-légistes, économistes, politistes, gynécologues, géologues, psychologues, sociologues, procureurs, juges. Ils sont dans la cour du ministre, du député et de ce grand opposant politique qui leur allouent un salaire, les dotent d’habits d’apparat pour les émissions de télé et assurent la rémunération de leurs gardes du corps. Chroniqueurs et gardes du corps ! Des métiers d’avenir. Préparez-y vos enfants !
Notre pays est, aujourd’hui, fissuré par les ambitions des politiciens, la volonté de conquérir le pouvoir et la hargne de le conserver par tous les moyens. En vérité, ils se soucient peu du développement du pays, or la bataille du développement est d’abord celle des convictions et de l’exemple, disons de l’exemplarité. Il nous faut tous être du bon côté de l’Histoire : pouvoir, opposition, citoyens ordinaires et extraordinaires. Un pays se construit, se développe avec l’ordre et la justice. Le pouvoir a le devoir de donner aux citoyens le goût de la vérité quel que soit la situation et démontrer par l’exemple la supériorité de la raison et du vrai sur la propagande.
Il faut se rendre à l’évidence : l’irréversibilité du réveil du citoyen dormant, suborné, un autre jour d’un autre mois de mars à venir comme en 2000, 2012 et 2024.
Quel vaccin devons-nous inventer pour lutter contre le vieux laxisme et la nouvelle méchanceté chez le sénégalais afin qu’il puisse s’occuper, journellement, de l’essentiel au lieu de se fourrer dans les nids de frelons pour écraser tous les petits frelons ? Pour le moment, nous sommes dans l’univers de l’immoralité, du dévergondage où l’insulte est la première valeur cardinale des acteurs politiques. On ne se scandalise plus de l’insulte mais de l’insulteur et du sens de l’offense dans une langue ou dans une autre. Gare à ceux qui parlent ou écrivent dans le sens contraire de la girouette militante, la meute populiste braillarde partisane et les aboyeurs sont en alerte !
Hélas, Ce n’est pas … Ce Sénégal-là … que nous voulons bien construire, bien co-construire en bons sénégalais de bonne éducation, patriotes sincères sans calculettes dans les poches et pochettes.
Nous terminons avec Marguerite Duras : «si j’avais su que j’aurais un jour une histoire, je l’aurais choisie, j’aurais vécu avec plus de soin pour la faire belle et vraie en vue de me plaire. Maintenant, c’est trop tard». Plaire aussi à la postérité, devait-elle ajouter !!!
Vive le Sénégal éternel ! Dieu bénisse le Sénégal !
La récente déclaration du ministre de l'Énergie sur une baisse du prix de l'électricité à 60 FCFA/kWh a été mal interprétée comme immédiate, alors qu'elle s'inscrit dans une stratégie à long terme conditionnée par d'importantes réformes. Explications !
(SenePlus) - La récente déclaration du ministre de l'Énergie concernant une possible baisse du prix de l'électricité a déclenché une vague d'enthousiasme, rapidement transformée en confusion. Qu'a réellement promis le gouvernement, et dans quels délais cette réduction tant attendue pourrait-elle se concrétiser ? Une analyse approfondie des faits s'impose.
Les propos de Birame Souleye Diop, ministre de l'Énergie, du Pétrole et des Mines, ont été au centre d'une confusion médiatique majeure en avril 2025. Plusieurs médias et internautes ont cru comprendre que le coût du kilowattheure (kWh) allait immédiatement passer "de 117 francs CFA à 60 francs CFA après des réformes structurelles", selon Africa Check.
Lors d'une intervention à la radio nationale le 6 avril 2025, le ministre a effectivement évoqué cette baisse, mais dans un contexte bien précis : "L'objectif du gouvernement est de faire en sorte que ce coût, qui se situe actuellement à environ 117 FCFA le Kwh, puisse baisser à 60 FCFA le Kwh", a-t-il déclaré. Toutefois, cette diminution ne surviendra qu'après "plusieurs mesures à introduire et des changements à réaliser dans le secteur énergétique", précise Africa Check.
Cette promesse s'inscrit en réalité dans le cadre de l'"Agenda National de Transformation - Sénégal 2050", document référentiel lancé en octobre 2024. Ce plan stratégique prévoit une baisse progressive du coût de l'électricité : "Notre électricité de demain sera entièrement générée par la transformation de nos ressources nationales (gaz, vent, soleil, cours d'eau). Cette énergie sera propre et compétitive, avec un prix modéré (moins de 60 FCFA le kWh) pour les besoins des ménages et de nos entreprises et industries", mentionne le document à sa page 8.
La feuille de route fixe des étapes intermédiaires claires : le prix moyen, actuellement "à 110 FCFA/KWh", devrait descendre à "moins de 80 FCFA/KWh d'ici 2034", avant d'atteindre l'objectif final de "moins de 60 FCFA/KWh en 2050". Néanmoins, le Premier ministre Ousmane Sonko semble avoir accéléré le calendrier en déclarant devant l'Assemblée nationale, le 14 avril 2025, que le gouvernement compte atteindre ce prix "dans les cinq ans".
Alioune Badara Camara, consultant en énergie cité par Africa Check, replace ces annonces dans leur contexte : "Les réformes structurelles en matière d'énergie ont effectivement été initiées par le régime précédent, notamment à partir de 2014, dans le cadre du Plan Sénégal Émergent (PSE)". Ces réformes "visent à moderniser le secteur, réduire les coûts de production, attirer des investissements privés et accroître l'accès à une énergie plus propre et moins chère".
Un document stratégique élaboré avec le Millennium Challenge Corporation en 2018 prévoyait déjà une baisse du prix à 80 FCFA/kWh, rappelle le site de fact-checking. Malick Ndaw, journaliste et consultant en énergie, ajoute qu'en 2020, "les coûts de production étaient censés baisser à 80 FCFA/kWh en 2023, mais la crise de la Covid, les effets du conflit ukrainien, entre autres, avaient contribué à retarder l'exploitation des ressources pétrolières et gazières".
Le ministre Birame Souleye Diop a détaillé les leviers qui permettront d'atteindre ces objectifs. La SENELEC (Société nationale d'électricité du Sénégal) prévoit d'adopter "un mix énergétique", notamment en "convertissant certaines centrales fonctionnant au fioul vers le gaz". Africa Check précise que ce terme désigne "la répartition des différentes sources utilisées pour les besoins énergétiques dans une zone géographique donnée".
L'État sénégalais envisage également "d'ouvrir des négociations avec les fournisseurs d'énergie" et de "développer davantage de centrales solaires", selon le ministre, qui affirme que ces projets reposent sur "des études déjà finalisées".
Malick Ndaw souligne que "la baisse effective des tarifs doit être attendue désormais à moyen terme, mais pas maintenant". Selon lui, "la baisse du prix de l'électricité nécessite des machines performantes et efficaces et le dernier maillon pour concrétiser la baisse des tarifs est tributaire de l'arrivée du gaz domestique".
Malgré le démarrage de la production du site gazier de Grand Tortue Ahmeyim en février 2025, "à court terme, une baisse des prix de l'électricité semble improbable", car il faut considérer "les investissements requis pour développer des infrastructures de production performantes", explique l'expert.
Le Sénégal, devenu producteur d'hydrocarbures depuis juin 2024, pourrait voir sa situation économique transformée par cette nouvelle ressource. Toutefois, la promesse d'une électricité à 60 FCFA le kWh reste, pour l'instant, un objectif à moyen ou long terme, contrairement à ce que certaines interprétations hâtives ont pu laisser croire.