Yenagoa (Nigeria), 7 déc 2015 (AFP) - L'élection du gouverneur dans l'Etat de l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan a été partiellement invalidée en raison de violences et les électeurs d'un district devront revoter, a annoncé la commission électorale lundi.
Les électeurs de Bayelsa, un petit Etat pauvre du sud du Nigeria, ont voté samedi pour élire leur gouverneur, mais le scrutin a été marqué des violences et des fraudes dans le district de Southern Ijaw.
Des affrontements ont opposé des partisans du gouverneur sortant Seriake Dickson, candidat du Parti démocratique populaire (PDP - opposition) de l'ancien président Jonathan, à ceux de Timipre Sylva, candidat du Congrès progressiste (APC- au pouvoir) du président Muhammadu Buhari.
Une femme a été tuée dans une fusillade, selon la police. D'autres sources font état de quatre morts, des fusillades ayant éclaté en plusieurs endroits. Le vote a été "entaché par des violences, des disparitions d'urnes électorales et la prise en otage d'agents électoraux", a fustigé le responsable local de la Commission électorale nationale indépendante, Baritor Kpagih.
"Par conséquent, la commission a décidé d'annuler le scrutin dans le district de Southern Ijaw. Une date pour un nouveau vote sera annoncée", a -t-il ajouté.
Selon le comptage des votes dans les sept autres districts de l'Etat, le candidat PDP était en tête avec 105.748 voix contre 79.594 à son adversaire. Le district de Southern Ijaw compte 120.827 votants. Goodluck Jonathan avait recueilli 98% des voix dans cet Etat à la présidentielle en mars.
MANDAT D’AMENER CONTRE SORO
Le président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire visé par la justice française
Abidjan, 7 déc 2015 (AFP) - Les avocats français de Guillaume Soro, président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire et ancien chef de la rébellion, ont protesté lundi contre un mandat d'amener émis par la justice française à son encontre dans le cadre d'une plainte du fils de l'ex-président Laurent Gbagbo.
Les avocats de M. Soro "s'élèvent contre l'émission d'un mandat d'amener délivré ce jour par Mme Sabine Khéris, juge d'instruction", indiquent dans un communiqué Me Jean-Paul Benoit et Me Jean-Pierre Mignard.
M. Soro "est, en effet, l'un des représentants officiels de la Côte d'Ivoire à la Conférence" de l'ONU sur le climat qui se déroule près de Paris, écrivent-ils, dénonçant un mandat "délivré en méconnaissance des pratiques et usages diplomatiques admis et reconnus".
La juge d'instruction cherche à entendre M. Soro dans le cadre de la plainte de 2012 de Michel Gbagbo pour "enlèvement, séquestration et traitement dégradant et inhumain", selon des sources concordantes.
Les avocats estiment "choquant" ce mandat, assurant avoir "pris contact à plusieurs reprises avec la juge" et que "celle-ci dispose dorénavant de tous les documents nécessaires qui pouvaient lui manquer".
"Les faits allégués, minimes, restent à prouver. M. Michel Gbagbo s'est plaint des conditions de son arrestation (...) Aucune preuve de violences physiques n'a pu être établie lors de cette arrestation", affirment-ils.
"A l'époque des faits, M. Soro était Premier ministre, ministre de la défense. C'est à ce titre qu'il est abusivement visé par une plainte", indiquent ses avocats assurant qu'il "coopérera avec la justice française qu'il saisit de son côté d'une plainte en dénonciation calomnieuse contre M. Michel Gbagbo".
Selon une source proche du dossier, des policiers se sont présentés lundi au domicile français de M. Soro qui était absent. "Les policiers ont entendu les personnes présentes et ont informé la juge", a-t-elle précisé.
Accusé d'"attentat ou complot contre l'autorité de l'Etat" par la justice ivoirienne, Michel Gbagbo, capturé avec son père Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, avait été remis en liberté provisoire en juillet 2013.
Ce citoyen franco-ivoirien a porté plainte en France contre M. Soro. Il a été empêché à plusieurs reprises de sortir du territoire ivoirien pour répondre au juge, selon son avocate.
M. Soro, deuxième personnage de l'Etat, fait partie de la coalition au pouvoir dirigée par Alassane Ouattara, réélu président fin octobre dès le premier tour.
En 2010, le refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite à la présidentielle avait débouché sur une crise post-électorale qui a fait 3.000 morts. M. Gbagbo doit être jugé le 28 janvier pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye où il est détenu.
BUDGET 2016 EN HAUSSE A PRES DE 6.000 MILLIARDS FCFA
Abidjan, 7 déc 2015 (AFP) - Les députés ivoiriens ont adopté lundi un budget en augmentation de 11,9% pour l'année 2016 qui s'établit à 5.813 milliards de FCFA,(8,8 milliards d'euros), signe du dynamisme retrouvé du pays après les années de crise politique qui ont gangréné l'économie.
"Les priorités de ce budget demeurent le financement des secteurs de l'éducation, de la santé et du développement des infrastructures socio-économiques de base", a déclaré le ministre ivoirien en charge du Budget, Abdourahmane Cissé.
Le projet de budget "s'équilibre en recettes et en dépenses" à quelque "5.813 milliards FCFA, en hausse de 11,9%" par rapport au budget 2015, a-t-il expliqué aux parlementaires qui l'ont voté à l'unanimité.
La Côte d'Ivoire prévoit un taux de croissance économique de 9,8% en 2016, reflétant le dynamisme dans tous les secteurs d'activité et notamment le tertiaire. Les ressources attendues proviennent principalement des recettes fiscales qui se chiffrent à quelque 3.000 milliards FCFA (4,57 milliards d'euros).
En matière de ressources extérieures, la Côte d'Ivoire attend mobiliser 1.191 milliards FCFA (1,8 milliard d'euros) sur le marché monétaire et financier régional et obtenir des partenaires extérieurs des appuis d'un montant 935 milliards FCFA (1,42 milliard d'euros).
Les charges du budget 2016 font ressortir un accroissement du coût du personnel, lié au recrutement de plus de 15.000 nouveaux agents de l'Etat, à l'augmentation des salaires en 2015 et aux dépenses d'investissement.
1.428 milliards de FCFA (2,17 milliards d'euros) sont affectés au paiement de la masse salariale. 21,7% de ce budget seront affectés au remboursement de la dette contre 32% en 2015, tandis que 1.746 milliards de FCFA (2,66 milliards d'euros), soit un tiers du budget seront consacrés aux investissements.
Les dépenses destinées à lutter contre la pauvreté sont estimées à 2.000 milliards de FCFA (3 milliards d'euros). Première puissance économique d'Afrique de l'Ouest francophone, la Côte d'Ivoire, a enregistré depuis 2011 des taux de croissance impressionnants: 10,7% en 2012, 9,2% en 2013, 8,5% en 2014 et 9,5% prévu en 2015.
"Le PIB par habitant a augmenté de plus de 20% en trois ans", selon la ministre ivoirienne de l'Économie, Nialé Kaba.
Dakar, 7 déc (APS) - Tout jeune porteur de projet ‘’bancable’’ peut obtenir un financement, a assuré lundi à Dakar le ministre de la Jeunesse, de l’Emploi et de la Construction citoyenne, Mame Mbaye Niang, qui signale que son département a déjà sélectionné 235 projets sur 3233 demandes.
‘’On ne demande plus de garantie. Ce que nous demandons, c’est que le projet soit bancable (…) nous devons respecter les procédures qui garantissent le remboursement de l’argent public. Certes, c’est difficile, mais nous avons l’obligation de résultat sur le financement des projets’’, a-t il dit.
Il s’exprimait lors de l’examen du budget de son département, durant lequel de nombreux députés se sont prononcés sur le faible taux de projets financés par les programmes de son ministère.
Mame Mbaye Niang a révélé qu’au niveau du département de Pikine, une enveloppe de 600 millions de FCFA est disponible depuis huit mois. Mais à ce jour, dit-il, les financements octroyés ne dépassent guère 80 millions FCFA. La même situation prévaut dans d’autres localités, comme Guédiawaye, Grand-Dakar, entre autres, a-t-il indiqué.
‘’Le département ne peut plus tomber dans les anciennes pratiques où les financements étaient donnés à tour de bras et sans réelle garantie de remboursement’’, a-t-il martelé. Il a rappelé que sur les 10 milliards de FCFA de crédits octroyés par l’ex-Fonds national de promotion des jeunes (FNPJ), seuls 7% ont été recouvrés.
Il a annoncé qu’avec la mutualisation des programmes, les financements vont atteindre 800 millions de FCFA. Revenant sur le chômage qui frappe certains jeunes, il affirme que ‘’trouver un emploi pour un jeune qui n’a pas de qualification demeure et reste un problème’’.
L’autre aspect selon lui, c’est cette catégorie de jeunes qui, bien que diplômés, ‘’n’ont aucune qualification professionnelle’’. Il précise que c’est qui explique les différentes réformes en cours au niveau de l’enseignement supérieur.
Il y a également, selon lui, les jeunes qui ont fait le choix de se spécialiser dans des filières saturées telles que les banques, les assurances ou le marketing. ‘’Or, il est reconnu que les structures pouvant accueillir ces activités sont limitées.’’
Le dernier niveau concerne 42% de la jeunesse n’ayant reçu ni enseignement ni formation adéquate, de nature à aider à s’insérer dans des structures régulières.
’’Il se trouve que seuls les métiers dérivés de l’agriculture peuvent absorber cette catégorie, car 60% des jeunes concernés proviennent des zones rurales’’, a-t-il encore expliqué, soulignant que c’est ce qui est à l’origine de l’implantation des Domaines agricoles communautaires (DAC).
Dakar, 7 déc (APS) - Le premier rapport international du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (PASEC) de 10 pays d’Afrique subsaharienne francophone a montré des ‘’résultats préoccupants, voire alarmants avec une grande majorité d’élèves du primaire en début ou en fin de cycle qui n’ont pas acquis les compétences pour envisager une réussite de leur scolarité’’, a appris l’APS, lundi.
‘’Cette situation très préoccupante est pour certains pays, particulièrement alarmante’’, a indiqué le coordonnateur du PASEC, Jacques Malpel, lors de la présentation du rapport à Dakar.
En début de cycle (Cours préparatoire), plus de 70% des élèves en langue et plus de 50% en mathématiques n’atteignent pas les seuils qui permettent d’envisager la réussite de leur scolarité, relève le rapport.
Pour la fin de cycle (CM2), près de 60% des élèves se trouvent dans cette situation, que ce soit en lecture ou en mathématiques, constate-t-il.
L’étude a retenu pour les compétences à tester qui servent à identifier si l’élève réunit les conditions de réussite dans la suite de sa scolarité et les deux disciplines clés : la maîtrise de la langue d’enseignement et les mathématiques.
Elle rappelle que ‘’ces matières sont le socle de l’ensemble des autres apprentissages curriculaires comme l’histoire, les sciences naturelles, la géographie, entre autres’’.
Pour la première fois, une échelle de compétences décrivant des niveaux précis et distincts d’acquisition des compétences en langue et en mathématiques a été construite’’ pour ces pays.
Par ailleurs, l’étude fait état de grandes inégalités entre élèves et écoles. Les élèves des milieux plus favorisés et dont les parents sont alphabétisés sont plus performants, alors que les élèves ayant fréquenté la maternelle réussissent mieux. Les élèves des zones rurales et des écoles publiques sont eux désavantagés, selon le rapport.
Face à ces constats, le PASEC invite les pays et la communauté éducative à engager la réflexion et à envisager pour l’avenir la promotion de la préscolarisation des enfants, à l’articulation entre langue maternelle et langue d’enseignement et à renforcer l’accompagnement des élèves en début de scolarité.
Il s’agit également pour les pistes à explorer de renforcer les équipements scolaires et les ressources éducatives, mais également de mettre en place des mécanismes de sensibilisation ou d’accompagnement des familles.
Le PASEC est un programme de la Conférence des ministres de l’Education ayant le français en partage qui réalise des évaluations
nationales pour tester les systèmes éducatifs. Cette évaluation est cependant la première qui met l’accent sur la comparabilité des résultats des différentes évaluations nationales.
Cette évaluation qui concerne le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Sénégal, le Tchad et le Togo a été réalisée en 2014 avec un échantillon de 40000 élèves enquêtés dans 1800 écoles à travers ces pays.
Pour chaque pays, il est prévu au cours du premier trimestre 2016 de présenter un rapport pour faire ressortir les résultats spécifiques à chaque système éducatif.
Créé en 1991 par la CONFEMEN, le PASEC est un programme d’évaluation de la qualité des apprentissages et d’appui au pilotage des systèmes éducatifs. En deux décennies, le PASEC a mené plus de 35 évalautions nationales dans une vingtaine de pays en
Afrique, en Asie et au Moyen Orient.
DIENDERÉ INCULPÉ D'ASSASSINAT DANS LE DOSSIER SANKARA
Ouagadougou, 7 déc 2015 (AFP) - Le général Gilbert Diendéré, auteur du putsch raté du 17 septembre au Burkina Faso et emprisonné depuis le 1er octobre, a été inculpé d'"assassinat" dans le dossier de la mort du président Thomas Sankara en 1987, a appris l'AFP auprès du parquet militaire lundi.
"Le général Diendéré a été inculpé le 12 novembre dans le dossier Sankara des chef d'inculpation suivants: attentat, assassinat et recel de cadavre", a affirmé un membre du parquet à l'AFP.
L'enquête sur la mort de Sankara a été ouverte fin mars 2015 cinq mois après le renversement de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue après deux journées d'insurrection populaire fion octobre 2014.
Le sujet de la mort de Sankara, devenu une icône en Afrique, était tabou sous ses 27 ans de régime. Le général Diendéré, ancien bras droit de Compaoré, était le chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui a tenté de mettre fin au régime de Transition issue de l'insurrection et du départ de Compaoré.
Plusieurs de ses anciens membres avaient déjà été inculpés dans le cadre de l'enquête sur la mort de Sankara. Surnommé le "Che Africain", le capitaine Sankara a été tué, après quatre années au pouvoir, le 15 octobre 1987 lors d'un putsch qui a porté son compagnon d'armes Blaise Compaoré au pouvoir et qui a été soupçonné d'avoir commandité le meurtre.
Douze autres personnes avaient été tués en même temps que l'ancien président. Cette enquête, dont les résultats étaient très attendus, vise à lever le voile sur le mystère entourant les circonstances de la mort de Thomas Sankara.
Officiellement sous le régime Compaoré, Sankara était décédé "de mort naturelle", à 37 ans. En réalité, selon plusieurs témoignages publiés, un commando a abattu le "père de la révolution" le jeudi 15 octobre 1987 au Conseil de l'Entente, siège du gouvernement en plein centre de Ouagadougou, alors qu'il était en tenue de sport rouge, le jeudi étant une journée de sport de masse obligatoire pendant la révolution.
Selon l'autopsie réalisée cette année après exhumation du corps fin mai, M. Sankara a été criblé de balles. "Le rapport des tests d'ADN" qui doivent confirmer qu'il s'agit bien du corps de Sankara, "est prêt mais n'a pas encore été transmis" au parquet, a indiqué le parquet.
Dans le cadre de l'enquête sur le putsch raté du 17 septembre, le général Diendéré est déjà inculpé de "crimes contre l'humanité". Amnesty international avait estimé que l'unité putschiste avait "fait preuve d'un mépris flagrant pour la vie humaine. "
Que des soldats ouvrent le feu sur une foule de manifestants non armés, dont des enfants, avec des armes automatiques, est un flagrant usage excessif de la force qui constitue un crime de droit international", avait estimé Amnesty.
Halte au massacre des caïlcédrats de la ville de Thiès. C’est le cri du cœur lancé par le colonel Abdourahmane Samoura. Dans un document, l’ingénieur des eaux et forêts à la retraite demande à la population thiessoise d’arrêter l’agression des caïlcédrats légendaires qui constituent un patrimoine écologique et culturel de la ville de Thiès.
«Le caïlcédrat est gravement menacé par diverses agressions d’origine anthropique.» C’est le constat de l’ingénieur des eaux et forêts à la retraite. Il s’agit, selon le Colonel Abdourahmane Samoura de l’abattage, l’élagage abusif et l’écorçage illicites. Aussi, «d’autres déperditions sont régulièrement enregistrées du fait de la vieillesse des sujets et de l’absence d’un programme de traitement sylvicole approprié», a-t-il renseigné dans un document dont Le Quotidien détient une copie.
Selon, l’officier supérieur à la retraite, le caïlcédrat a été souvent choisi comme arbre parrain des campagnes nationales de reboisement (1995, 1996, 2014, 2015) en raison des menaces qui pèsent sur cette espèce à cause de l’exploitation et de la coupe abusives dont il fait l’objet. Il dit : «Le recensement des caïlcédrats de la commune de Thiès effectué en 2003 par le service forestier de Thiès faisait état de 3 188 arbres vivants. Force est de constater aujourd’hui que la situation est tout autre.»
Espèce de pleine lumière supportant mal la concurrence, le caïlcédrat est, selon le Colonel Samoura, «le plus bel arbre, le plus grand, le plus majestueux des régions à longue saison sèche sahélo-soudano-guinéenne. Il domine beaucoup les autres arbres. Selon la profondeur et l’humidité du sol, c’est un arbre rectiligne, libre sur une dizaine de mètres et plus, terminé par une cime pyramidale, puissamment charpentée, très développée, qui s’élève à 25–30 mètres».
Et pour lui, «en sa qualité de plus bel arbre des pays soudano-guinéens, il est très souvent planté comme arbres d’avenues. C’est le cas de grandes artères et des bases militaires de la région de Thiès très ombragés par de magnifiques caïlcédrats qui ont été plantés à Thiès depuis 1933, en tenant compte des contraintes climatiques et pédologiques.
Fréquemment la base des caïlcédrats auprès des agglomérations est entaillée par les populations qui utilisent l’écorce amère pour ses propriétés réputées fébrifuges et toniques pour elles et pour les chevaux. C’est également un arbre remarquable de la région de Thiès à travers le «Ndioloum Diobass» qui a tiré sa révérence dans les années 80».
Ainsi ajoutera l’ingénieur, «la ville de Thiès, entendue dans le sens d’une ville durable, a besoin entres autres d’arbres du fait de son environnement dominé par de fortes insolations et de la progression rapide du béton. Certains spectacles désolants que l’on voit souvent à travers la ville sous le regard indifférent et imperturbable des thiessois ont, à bannir de notre paysage urbain. Arrêtons le massacre des caïlcédrats ! Plus jamais ça».
Patrimoine en péril
Surtout que, poursuit Abdourah mane Samoura, «au moment où, la reconstitution du couvert végétal ligneux par le biais du reboisement est portée au rang des actions à privilégier dans le cadre de la Politique forestière du Sénégal (Pfs) pour juguler les effets de la dégradation des écosystèmes et de changement climatique».
Pour dire, selon lui, que la volonté politique manifestée par les plus hautes autorités du pays pour une restauration de la couverture végétale par des actions de reboisement soutenues implique dès lors un effort global et une grande mobilisation des acteurs concernés et requière également une vision partagée et une solidarité effective.
«Le but recherché, à travers les opérations de reboisement, est de tirer profit du rôle capital que joue l’élément végétal dans le maintien de l’équilibre de l’homme (besoins d’ordre psychologique, physiologique et social) et des systèmes qu’il met en place (sauvegarde du milieu et des établissements humains).»
Sous ce rapport, dira-t-il, «d’immenses efforts sont consentis par les autorités municipales dans le cadre du Programme de soutien des projets communaux de protection du climat et d’adaptation au changement climatique. Et avec l’appui du ministère fédéral Allemand de la Coopération économique et du développement, lequel programme participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre mais aussi de l’adaptation au changement climatique, la conservation et l’amélioration de la foret et de la biodiversité 2016-2018 permettant de restituer à la ville sa dimension écologique en vue de contribuer à l’épanouissement des populations».
Ainsi dira-t-il à l’endroit des populations de Thiès, «aucun motif ne justifie aujourd’hui cette forte agression exercée sur ces caïlcédrats légendaires qui constituent un patrimoine écologique et culturel de notre ville. C’est donc un défi majeur que les populations doivent relever en faisant prévaloir l’usage du contrôle citoyen et en se dressant, avec toute l’énergie requise, contre les auteurs de ce massacre», a-t-il laissé entendre.
Le caïlcédrat de son nom scientifique Khaya senegalensis ou Khaye en wolof appartient à la très grande famille des Méliacées qui compte de très intéressantes espèces dans la flore sèche. On peut en citer principalement deux, à savoir : le Trichilia preuriana A, Juss un petit arbre très commun dans les galeries forestières des zones sèches et dans le sous-bois du foret semi humide de la basse Casamance et le Carapa procera Dc, le très connu «touloucouneu» des malinkés aux graines oléagineuses médicamenteuses.
En Casamance, il est excessivement abondant, aussi bien dans la savane boisée que dans les forêts denses semi-humides à Detarium, Parinari et Erytrophleum. Il existe toutefois de référence en abondance sur les lisières de ces bois autour des dépressions cultivées en rizière.
PAR MADIAMBAL DIAGNE
MÉFIEZ-VOUS DE CES DOLLARS !
Devant les promesses de financements mirobolants de la Chine et surtout les faciles conditions de décaissement, les dirigeants africains ne s’interrogent pas sur les dessous de telles largesses
On ne peut que se féliciter du geste de la Chine d’octroyer une enveloppe de 60 milliards de dollars pour impulser le développement de l’Afrique. Cette décision majeure du Sommet Sino-africain, tenu la semaine dernière en Afrique du Sud, a été chantée sur tous les tons. Il n’y a pas eu de dithyrambe de trop. Le Président en exercice de l’Union africaine, Robert Mugabe, a trouvé l’occasion de mettre en parallèle ce geste chinois de grande générosité avec le caractère radin des anciens pays colonisateurs.
Sous bien des regards, les quolibets de Mugabe ne manquent pas de pertinence, mais il faut se demander si la bonne posture est de s’agripper à la rhétorique qui consiste toujours à jeter la pierre sur le monde occidental, responsable désigné et, il faut le dire, bien commode de tous les maux de l’Afrique ?
Ce n’est pas un cadeau de Noël, la Chine a promis d’investir sur trois ans cette somme au bénéfice du continent africain. Mais l’euphorie passée, on peut s’interroger sur la véritable portée de ce geste. Au moment où la Chine accorde 60 milliards de dollars à 54 pays africains, avec une population de plus de 1,100 milliard d’habitants, cette même Chine fait au seul Brésil, peuplé de 200 millions d’habitants une promesse de financement de 50 milliards de dollars et au seul Pakistan, peuplé de 180 millions d’habitants, une enveloppe égale de 50 milliards de dollars. Il convient donc de tempérer la philanthropie de la Chine.
La Chine pourrait bien faire plus pour l’Afrique. Elle en a les moyens avec des réserves de change de devises de plus de 3 000 milliards de dollars. On doit donc s’interroger sur les capacités des pays africains à absorber certains niveaux de financements. Si l’Afrique manque de financements, est-ce dû au fait que les investisseurs auraient une certaine apathie envers elle ?
On peut répondre sans doute par la négative, car tout le monde s’accorde sur l’idée que l’Afrique fournit les meilleurs taux de retour sur investissements et le dollar gagné en Afrique est de la même couleur que celui gagné en Asie ou en Amérique latine ou ailleurs.
Quelles sont les entreprises vectrices des investissements chinois ? Elles sont connues de tout le monde pour être des championnes de la corruption et de la distribution de rétro commissions. Elles sont «black-listées» pour de telles pratiques. Mais elles font mieux l’affaire des élites politiques africaines peu regardantes sur les conditions de transparence dans la passation des marchés publics.
Le propos n’est nullement de réfuter à l’Afrique le droit de commercer avec la Chine. Bien au contraire ! Tous les pays au monde se ruent vers la Chine pour développer des relations d’affaires, mais force est de dire que l’Afrique qui semble se précipiter sur les financements chinois avec une certaine candeur risque de ne pas tirer le meilleur profit de ses relations avec la Chine. Devant les promesses de financements mirobolants et surtout les conditions de décaissement les plus faciles qui puissent exister, les dirigeants africains ne s’interrogent pas sur les dessous de tels financements.
En effet, la Chine n’investit jamais en Europe, en Amérique ou même dans d’autres régions du monde en imposant des ouvriers chinois pour la conduite des travaux, surtout que tels ouvriers sont pour nombre d’entre eux des bagnards envoyés à l’étranger pour purger des peines pour des infractions criminelles. Certains de ces détenus, à leur libération, sont aidés pour s’implanter sur le sol africain. La Chine développe une politique d’incitation de certaines catégories de sa population à s’installer à l’étranger.
Des aides gouvernementales sont prévues à cette fin et les candidats privilégiés sont les Chinois qui ont de la peine à se réaliser dans leur propre pays. Les ambassades africaines à Pékin, qui leur délivrent des visas, sont bien conscientes de ce phénomène, mais l’attrait des investissements faciles fait qu’aucun discernement n’est de rigueur. On dénombre déjà un million de Chinois sur le sol africain, ce qui donne l’air d’une «colonisation» démographique qui s’installe. Des problèmes sociaux se posent avec les immigrés chinois et les populations autochtones africaines. Certaines mafias et des milieux interlopes chinois élargissent leurs tentacules en Afrique.
L’Afrique doit donc s’interroger sur ses relations avec la Chine, car elle est en train de fragiliser sa posture au point de retomber dans les mêmes déséquilibres, comme dans ses relations avec l’Occident. Les matières premières tirées des sols africains sont exportées vers la Chine dans les mêmes conditions que naguère vers l’Europe. Les générations passées ont tant décrié l’inégalité des termes des échanges entre l’Afrique et l’Europe, que nous devons apprendre de nos erreurs passées.
Il ne doit pas encore être question de nourrir un quelconque intégrisme de souveraineté nationale, mais les rapports internationaux voudraient que les Etats traitent en égale dignité alors que l’Afrique se met toujours dans une logique de tout attendre des autres.
Des élites africaines ont vécu comme une humiliation qu’il avait fallu que la Chine fasse cadeau d’un immeuble pour abriter le siège de l’Union africaine à Addis Abeba. Comment voudrait-on que la Chine puisse nous respecter dans ces conditions ?
Dans de nombreuses régions d’Afrique, des contrats scandaleux ont été signés avec des firmes chinoises. Dans un grand pays d’Afrique centrale par exemple, une compagnie chinoise a eu à réaliser une route à travers la forêt, et la contrepartie consentie par le gouvernement hôte a été de lui concéder une emprise de 250 kilomètres, de part et d’autre de la route. L’entreprise chinoise aura la latitude de disposer de toutes ressources trouvées dans cette superficie. On ne compte plus les scandales impliquant les firmes chinoises en Namibie, en Afrique du Sud, en Ouganda, en Zambie, au Gabon, en Angola et au Soudan.
Comme pour mieux sécuriser ses investissements en Afrique, la coopération chinoise commence à investir le terrain militaire. Le Soudan abrite déjà une forte présence militaire chinoise qui, entre autres missions, pourrait veiller sur la sécurité des puits pétroliers exploités par des firmes chinoises. Si on n’y prend garde, cette coopération aux devers amicaux se transformera en coopération entre la souris et le chat.
Dans le cadre du projet «villes vertes pour l’emploi» qu’il a initié, le ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie envisage d’embellir la place de l’indépendance. Le ministre Diène Farba Sarr indique qu’il ne veut pas que Dakar soit seulement en «bêton», faisant allusion au pavage de la capitale lancé par la mairie de Dakar. Ce qui risque de réveiller les démons de la division entre le maire socialiste et l’Etat.
Dans le cadre du projet des «villes vertes pour l’emploi», le gouvernement a décidé de déployer d’importants moyens pour embellir les différentes artères de la capitale et de lui offrir un visage à l’instar des villes européennes. Un projet va nécessiter 1,5 milliard Fcfa en 2016. Hier, lors du vote du budget du ministère du Renouveau urbain, de l’Habitat et du Cadre de vie, Diène Farba Sarr a énuméré les différentes artères qui vont bénéficier de ce programme. La Place de l’Indépendance occupe une place importante et son embellissement tient à coeur le patron du Renouveau urbain qui ne «veut pas que Dakar soit seulement une ville construite de bêton», martèle-t-il, faisant allusion au projet de pavage de la ville initié par le maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall.
A l’en croire, le visage que présente cette place mythique de la capitale est hideux. «Un espace au coeur de la capitale doit présenter une vue beaucoup plus attrayante», déclare Diène Farba Sarr qui jette ainsi un pavé dans la mare du maire socialiste de la capitale. Et il faut dire que le démarrage de ces travaux risquent encore de réveiller l’adversité politique entre les tenants du pouvoir et les autorités municipales de Dakar.
En attendant, le démarrage des travaux prévu pour cette semaine a été annulé à cause des fêtes de fin d’année. Devant les députés, Diène Farba Sarr a indiqué que ce projet n’obéit pas à considérations politiques. En attestent les travaux lancés dans la commune de Sacré- Coeur Mermoz dirigé par un maire socialiste. «Nous travaillons en parfaite intelligence avec les maires», clame-t-il, avant de se désoler de la perception de certains maires qui voient partout la politique. «Nous ne concurrençons personne, nous travaillons pour changer le visage de Dakar», évacue-t-il. Outre la Place de l’Indépendance, informe le ministre du Renouveau urbain, des travaux d’envergure seront effectués à la Place de la Nation communément appelée Place de l’Obélisque. Cet endroit va radicalement changer de visage à l’image de l’Arc de Triomphe ou de la Tour Eiffel avec toutes les commodités.
La banlieue va également bénéficier du projet «Villes vertes pour l’emploi ». Ici, ce sont les allées Serigne Saliou de la Cité Lobat Fall qui seront rénovées. «A la Vdn, les travaux de désherbage ont déjà démarré. A la Patte d’Oie, les travaux sont en cours avec le soutien financier d’un promoteur d’Edk à hauteur de 27 millions pour accompagner le projet. Cet espace sera doté de wifi, d’un marché, d’un parking et de grilles en fer comme on en voit au Luxembourg», explique le ministre avant d’ajouter : «il faut avoir des ambitions, ce n’est pas parce que c’est l’Afrique qu’on ne doit rien faire». Ce projet s’étend également dans les autres régions du pays. Et le changement, dit le ministre, est déjà visible à Kaolack et à Saint Louis, notamment à la gouvernance, dans les esplanades des Mosquées etc.
ET LES CHARRETTES, LES ORDURES ET LES MENDIANTS
Si le projet «Villes vertes pour l’emploi » cherche à doter la capitale d’un décor pittoresque, la circulation des charrettes en plein coeur de Dakar risque de constituer un tableau sombre aux côtés des ordures et des mendiants au niveau de toutes les intersections. Et le ministre du Renouveau urbain s’est beaucoup offusqué contre la circulation des charrettes en plein centre- ville. «Je ne suis pas d’accord sur la circulation des charrettes. Quand je marche dans Dakar, j’ai le coeur meurtri en voyant ces charrettes, c’est anormal», fulmine Diène Farba Sarr qui estime qu’on ne peut maitriser un animal comme le cheval qui peut être à l’origine de graves accidents. Pour lutter contre ce phénomène, M. Sarr sollicite le soutien des maires et celui du ministère de l’Intérieur étant donné que son département est dépourvu de fourrière.
(SenePlus.Com, Dakar) -Les professeurs Pape Demba Sy et Babacar Guèye invitent le Président Macky Sall à respecter son engagement de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Dans cette perspective, le premier estime que le chef de l'État devra se tenir à sa volonté d'organiser un référendum en mai 2016. Sinon, prédit le secon, Macky Sall s'expose à la sanction du peuple. Nos confrères du Quotidien ont abordé le sujet avec les deux juristes.
PR PAPE DEMBA SY, CONSTITUTIONALISTE
«Macky Sall doit réduire son mandat et organiser le référendum en mai 2016»
Accroché samedi en marge de la conférence des Jeunesses fédéralistes et africaines, le Pr de Droit Pape Demba Sy estime que le Président Macky Sall a deux promesses à respecter. Il s’agit, selon lui, de réduire le mandat présidentiel de 7 à 5 ans et d’organiser le référendum en mai 2016. Sinon, prévient le constitutionnaliste, le chef de l’Etat fera face au Peuple sénégalais.
Pensez-vous que le référendum sur les réformes constitutionnelles va se tenir en mai 2016 ?
Je rappelle que c’est le Président lui-même qui a dit qu’il va organiser un référendum en mai 2016. C’est cela que je prends en compte. Je lui demande de respecter sa parole et doublement même. D’abord, il doit respecter sa promesse d’organiser un référendum en mai 2016 et celle relative à la réduction de son mandat de 7 à 5 ans. Nous allons le pousser à respecter sa parole. S’il ne le fait pas, il fera face au Peuple. Il doit organiser ce référendum. Ce type de scrutin n’est pas compliqué. Il y a un bulletin pour le «Oui» et un autre pour le «Non».
Certains pensent que le Président va soumettre la loi relative à la réduction de son mandat, mais aussi d’autres réformes qui sont «déconsolidantes» pour la démocratie. Partagez-vous cet avis ?
(Rires) Vous attaquez quelqu’un en parlant de «déconsolidantes». (Ndlr : le terme est du Pr Ismaïla Madior Fall). Cependant, vous me posez une question à laquelle je ne pourrai pas répondre. Je n’ai pas encore vu le texte qui sera présenté au référendum.
A l’Assemblée nationale, un débat juridique s’est posé avec la bataille pour le contrôle du groupe parlementaire de l’opposition entre le camp de Modou Diagne Fada et celui de Oumar Sarr. A votre avis, qui a raison sur l’autre ?
D’abord, je tiens à vous dire que ce n’était pas un débat juridique, mais politique. L’opposition a dit qu’on ne doit pas lui refuser la création d’un groupe et que celui- ci doit émaner des partis poli- tiques. Fada a déclaré que, pour modifier un groupe, cela doit passer par le président dudit groupe, invoquant l’article 22 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Mais je crois que ce qu’on aurait dû faire, c’est qu’il y a une tradition qui veut que la constitution des groupes se fassent de manière consensuelle. Mainte- nant, s’il y a des contestations, qu’on se réfère au texte.
Donc, peut-on dire que la décision du bureau de l’Assemblée est fondée ?
Je n’ai pas dit qui a raison ou qui a tort. Pendant longtemps, on ne respectait pas les textes. On constituait les groupes parlementaires de façon consensuelle. Alors que les textes disent que les groupes doivent être validés en Assemblée. C’est ce qui s’est fait cette année. Maintenant, l’opposition soutient que l’ancienne méthode a toujours prévalu. C’est un débat politique. On accepte des choses aujourd’hui, mais dès que cela ne vous arrange pas demain, on rue dans les brancards.
Récemment, Moustapha Niasse a fustigé l’absence notoire des députés dans le cadre du vote du budget. Est- ce qu’il ne faut pas prévoir dans le Règlement intérieur de l’Assemblée des sanctions pour les absentéistes ?
Pour moi, l’absence des députés, ce n’est pas nouveau. Le Règlement intérieur prévoit bel et bien des sanctions à l’égard de ces pratiques. Mais ces dispositions ne sont pas appliquées.
En tant que juriste, quel commentaire faites-vous de la polémique entre l’Ums et Me Mame Adama Guèye quiindexe l’existence de la corruption au sein de la Magistrature ?
Au fait, ce n’est pas un débat de juriste. C’est un conflit au sein de la compagnie judiciaire. Main- tenant, je crois qu’on peut régler le problème à l’amiable et ne pas aller devant la justice. Cependant, lors- qu’on accuse, il faut savoir le prou- ver surtout si on fait allusion à la corruption. C’est très grave. Si on n’arrive pas à prouver ces accusations, l’auteur se met en difficulté. Je pense qu’on aurait pu régler cela et non devant la presse. Entre nous, ces questions se posent. Si on dit tous les journalistes sont corrompus, vous allez tous vous sentir blessés. C’est la même chose avec l’affaire Me Mame Adama Guèye chez les magistrats.
PR BABACAR GUÈYE
«Si Macky Sall ne respecte pas son engagement, il en subira les conséquences»
Le chef de l’Etat a plus de chance d’être réélu s’il respecte son engagement de réduire son mandat à cinq ans. C’est la conviction du Professeur Babacar Guèye. Le cas contraire, souligne-t-il, Macky Sall en subira les conséquences.
Le chef de l’Etat n’a pas encore concrétisé sa promesse de réduire son mandat à cinq ans. La question de la date de la tenue de l’élection présidentielle en 2017 ou 2019 reste entière. En marge de la conférence sur «Les transitions politiques en Afrique et la question de la limitation des mandats présidentiels» organisée par la Ligue démocratique (Ld) samedi, le Professeur Babacar Guèye a réitéré sa position sur le débat. «Je ne pense pas qu’on puisse faire autre chose que passer par le référendum», a-t-il dit.
Maintenant, la question qui taraude tous les esprits est la suivante : Est-ce que Macky Sall va respecter cet engagement ? Le constitutionnaliste est d’avis que le successeur de Abdoulaye Wade a intérêt à ne pas faire marche arrière. «C’est en respectant cet engagement qu’il a les meilleures chances d’être réélu. S’il ne le fait pas, je pense qu’il en subira les conséquences», avertit-il.
Revenant sur la limitation des mandats en Afrique, Pr Guèye constate que de nombreux chefs d’Etat africains ont modifié ou tenté de modifier leur Constitution pour «s’éterniser» au pouvoir. Pourtant, cette limitation des mandats présidentiels est un «puissant moyen» d’épargner le continent de tensions politiques liées à ces tripatouillages.
Le constitutionnaliste estime que ce principe est un «garde-fou». «Elle peut conforter la démocratie, lutter contre la corruption, contre le clientélisme, contre le ‘’patrimoinalisme’’ et contribuer au développement d’un pays. Par exemple, le Cap-Vert, qui respecte ce principe, est parvenu à combattre la corruption», a expliqué Pr Guèye.
Pour un septennat unique
Pour éviter cette «boulimie» du pouvoir, le président du Collectif des organisations de la société civile pour les élections (Cosc) préconise un septennat unique. «J’ai choisi 7 ans en tenant compte de la durée dont à besoin une politique publique pour être élaborée et pour être mise en œuvre», a-t-il souligné, rejetant l’argument de certains Présidents qui, en voulant modifier la charte de leur pays, demandent à leur Peuple de leur laisser le temps de finir les chantiers entamés. Selon lui, «l’Etat, c’est une continuité» et les Constitutions peuvent être «revissées pour qu’elles collent à l’ère du temps». Cependant, précise Pr Guèye, il ne peut s’agir de «révisions pirates et opportunistes».
En ce qui concerne le Sénégal, il trouve que la modification de 2008 «viole délibérément la Constitution en sachant que le Conseil constitutionnel se déclarera incompétent». Si pour le Burkina Faso où Blaise Compaoré a modifié l’article 37, «le droit a été respecté en passant par la procédure normale», le conférencier relève en revanche qu’«en réalité, l’intention est de se maintenir au pouvoir, de renforcer son pouvoir».
L’invité du parti dirigé par Mamadou Ndoye a indiqué qu’il existe trois variantes de la limitation de mandats en Afrique. Il s’agit de la limitation à deux mandats successifs, la limitation à deux mandats alternatifs et la limitation à deux mandats par intermittence élaborée dans la nouvelle constitution du Burkina Faso.