Le président du Conseil constitutionnel a rappelé hier, lors de sa prestation de serment, que son institution statue sur la constitutionnalité du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Pape Oumar Sakho semble ainsi avoir déjà déclaré recevable le recours des 19 députés.
Le Conseil constitutionnel n’a pas encore statué sur le recours en annulation du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale déposé par 19 députés. Mais l’ombre de cette requête a plané, hier, à la cérémonie de prestation de serment du nouveau président et d’un de ses membres, Ndiaw Diouf, devant la Cour suprême. Le ministre conseiller du président de la République, Ismaïla Madior Fall estime, dans l’édition de L’Observateur du 8 juillet, que «le recours des 19 députés devrait être déclaré irrecevable», parce que dans sa nature juridique, le Règlement intérieur est «devenu un acte non législatif», donc n’est plus une loi organique, «avec l’instauration, puis la restauration du Sénat et plus précisément les réformes constitutionnelles de 2007 et de 2008».
Mais Pape Oumar Sakho rappelle que parmi les prérogatives de son institution, «le Conseil statue sur les réclamations et recours dans le cadre des élections présidentielle et législatives, proclame les résultats définitifs de ces scrutin (et) connaît de la constitutionnalité du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale...».
En rappelant cette dernière prérogative, le successeur du défunt Cheikh Tidiane Diakhaté donne un avant-goût de la recevabilité du recours des 19 députés.
«Renforcer davantage la confiance du Peuple en notre institution»
Par ailleurs, l’ancien patron de la Cour suprême dit avoir, comme première mission, de «renforcer davantage la confiance du Peuple en leur institution». Un vœu qui, évidemment, se justifie par l’image de l’institution écornée par les nombreuses contestations des décisions qu’elle a eu à rendre par le passé, et plus récemment, lors de l’élection présidentielle de 2012 avec la validation de la troisième candidature controversée de Abdoulaye Wade.
Les décisions des cinq «sages» n’étant susceptibles d’aucune voie de recours, le nouveau président en déduit une «double responsabilité (qui) doit aller de paire avec l’éthique».
«Ce qui suppose, de notre part, souligne-t-il, la défense de l’intérêt général, la dignité, la rigueur l’impartialité, l’intégrité, le respect des règles de l’art et une éthique de la responsabilité qui sera au cœur de notre action.»
Il a assuré que lui et ses collaborateurs «serviront avec loyauté et rendront des décisions dans le respect du règlement et du contrat social qui constitue le socle de la commune volonté de vivre ensemble de tous les Sénégalais».
Hommage à Cheikh Tidiane Diakhaté
Pape Oumar Sakho a également rendu hommage à ses prédécesseurs. Après les «illustres» présidents Kéba Mbaye, Youssou Ndiaye, Mireille Ndiaye, il a loué les qualités de Feu Cheikh Tidiane Diakhaté qui était, selon lui, «un homme de conviction, d’une grande générosité, aussi bien dans le travail que dans les relations humaines».
Il ajoute : «Paraphrasant Paul Eluard dans un beau poème sur la mort, je dirais que feu Cheikh Tidiane Diakhaté était des nôtres et, avec sa disparition, nous avons perdu cette part de nous-mêmes.»
Pr Ndiaw Diouf : «Une lourde responsabilité»
En plus de Pape Oumar Sakho, la Cour suprême a également reçu le serment du Professeur Ndiaw Diouf. Dans son discours, ce membre du Conseil constitutionnel, au même titre que Mandiogou Ndiaye et Mamadou Sy, s’est dit investi d’une «lourde responsabilité», en ce sens que, «théoricien du droit jusque-là», il va «essayer de mettre en œuvre les règles dans le règlement des différends qui seront portés devant le Conseil constitutionnel».
LES ORGANISATIONS DE DÉFENSE DES DROITS DE L'HOMME RENVOIENT LE SÉNÉGAL AUX TEXTES DE L'UEMOA
Bien qu'elle soit membre de l'Union économique monétaire des États d'Afrique de l'Ouest africain (UEMOA), le Sénégal rechigne toujours à autoriser les avocats à assister leurs clients, dès les premières heures de leur arrestation. Ce n'est qu'à la fin de la garde-à-vue que le conseil a un contact avec son client. C'est pourquoi les organisations de défense des droits de l'Homme sont montées au créneau, à travers un communiqué conjoint, pour exiger "l'application sans délai du règlement relatif à l'harmonisation des règles régissant la profession d'avocat dans l'espace".
Selon la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO), Article 19 Afrique de l'Ouest et Amnesty international Sénégal, signataires du communiqué, le règlement visé a été adopté par le Conseil des ministres de l'UEMOA à Lomé, au Togo le 25 septembre 2014 et entré en vigueur le 1er janvier 2015.
Il contient, d'après les organisations de défense des droits de l'Homme, "plusieurs dispositions visant à renforcer l'indépendance de la justice, les droits de la défense et la protection des personnes contre la torture, les mauvais traitements et d'autres types d'atteintes aux droits et à la dignité humaine observés pendant les interpellations et la période de garde-à-vue".
C'est la raison pour laquelle, l'article 5 stipule que "les avocats assistent leurs clients, dès leur interpellation, durant l'enquête préliminaire, dans les locaux de la police, de la gendarmerie et devant le parquet sans même qu'ils n'aient besoin de produire une lettre de constitution". Le même article dispose également que "les avocats assistent et défendent leurs clients, dès la première comparution devant le juge d'instruction".
Mais la situation est tout autre, puisque le règlement n'est pas en vigueur. Or, soulignent les défenseurs de la liberté, "en tant que règlement, il s'impose, dès son entrée en vigueur, au Sénégal et à tous les États membres de l'UEMOA sans qu'ils ne puissent invoquer le besoin d'apporter des changements à leur législation interne".
Face à cette situation, les organisations invitent l'État du Sénégal "à se conformer à ses obligations communautaires. Mais aussi, elles l'invitent "à respecter son engagement maintes fois réitéré de tout mettre en œuvre pour protéger les personnes sous sa juridiction contre la torture, les mauvais traitements et toutes les formes d'atteinte aux droits et à la dignité humaine".
Si l'UEMOA a instauré ce règlement, c'est que d'aucuns ont considéré que la plupart des abus sont commis pendant la garde-à-vue. D'après plusieurs avocats c'est à ce moment-là que les procès-verbaux sont chargés avec souvent des aveux extorqués à des mises en cause qui peuvent faire l'objet de tortures.
Ainsi du côté des avocats, après avoir longtemps plaidé pour leur présence, dès les premières heures de la garde-à-vue, l'on s'impatiente de voir l'application du règlement. Du côté de l'administration, c'est toujours la réserve. Une réserve justifiée par la crainte de voir les avocats biaiser l'enquête par l'élaboration d'un système de défense basé sur la dénégation.
On n'en parle pas assez. Mais au moment où l'opposition accuse le pouvoir de Macky Sall de procéder à des fraudes massives sur la confection et la délivrance des Cartes nationales d'identité, la Daf elle, est confrontée à un gros problème. Ainsi, depuis un certain temps, une pénurie de talons est notée à la Direction de l'automatisation du fichier. D'où les dysfonctionnements enregistrés ces jours-ci dans la confection et la délivrance des cartes nationales d'identité.
Selon des sources proches du ministre de l'Intérieur, la Daf est confrontée en réalité à une rupture de stock. Une situation due au fait que la plupart des sociétés avec lesquelles elle travaillait sont en fin de contrat. L'on cite parmi ces entreprises contractuelles celle anglaise De La Rue, laquelle détenait le gros du marché. Cette compagnie a été fondée en 1821 par Thomas de La Rue (né le 24 mars 1793 à La Forêt, paroisse de l'île de Guernesey).
Coté à la Bourse de Londres, elle fait partie de l'indice FTSE 250. L'imprimerie De La Rue est réputée pour la réalisation de billets de banque et de timbre-poste pour de nombreux pays, ainsi que de jeux de cartes, de chéquiers bancaires, de papiers d'identité homologués et sécurisés, etc. En 2013, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 453 millions de £ (pounds). C'est donc cette entreprise britannique qui avait gagné le marché de la confection des cartes nationales d'identité au Sénégal. Un accord qui date du magistère de Me Abdoulaye Wade.
Mais du fait de la continuité de l'État, le pouvoir de Macky Sall n'a pas voulu (ou pu) casser le contrat. D'ailleurs c'est le commissaire divisionnaire Ibrahima Diallo qui est toujours à la tête de la Daf. L'une des rares directions générales à n'avoir pas changé de patron depuis la seconde alternance intervenue en mars 2012.
Aujourd'hui les Sénégalais sont confrontés à des problèmes de Cni et du côté du ministère de l'Intérieur, l'on ne sait pas encore la date d'arrivée de la prochaine commande. S'y ajoute que selon certaines indiscrétions, l'État reste devoir de l'argent à la société De La Rue. "Il n'y a pas assez de talons. La priorité est accordée à ceux qui sont dans l'urgence, surtout ceux qui ont besoin d'une Cni et d'un passeport pour voyager", confie un commissaire de police sous le couvert de l'anonymat.
Il n'empêche qu'au niveau des commissariats, l'on continue de prendre les demandes de confection des Cni tout en sachant qu'il y a une rupture de talons. Pourtant, la carte nationale d'identité est un document officiel qui permet à tout citoyen de justifier son identité. C'est dire que rien ne peut se faire sur le plan administratif, financier ou électoral sans la Cni dont la direction de l'automatisation du fichier (Daf), logée au ministère de l'Intérieur, est chargée de la confection et de la délivrance. Toutes nos tentatives d'entrer en contact avec les autorités de la Daf sont restées vaines.
''NOUS VENONS D’OBTENIR L’AUTORISATION DE TRANSFÈREMENT DU SEUL PRISONNIER SÉNÉGALAIS EN CHINE''
Général Abdoulaye Fall, ambassadeur du Sénégal en Chine
Dans la deuxième et dernière partie de l’interview qu’il a accordée au journal Le Quotidien à Beijing, le général Abdoulaye Fall fait le point sur les Sénégalais de la Chine, mais rend aussi hommage à la République qui, dit-il, lui a tout donné.
Parlez-nous un peu de l’intégration des Sénégalais en Chine. Comment arrivent-ils à vivre sans difficultés dans cette communauté ?
Habituellement, je classe les Sénégalais qui sont en Chine dans cinq catégories : la communauté diplomatique, qui n’est pas nombreuse, qui a ses problèmes spécifiques naturellement, mais qui fait son travail sans aucune difficulté majeure parce que protégée par les Conventions de Vienne. Il y a ensuite «les internationaux», c’est-à-dire ceux qui vivent ici et qui appartiennent à des filiales internationales et qui, par le jeu des mutations, ont atterri en Chine.
Nous en avons quelques-uns qui ont travaillé à Nokia, Schneider, Mercedes, etc. Eux également ont des problèmes spécifiques qui sont liés à leurs structures et à l’intégration de leurs structures en Chine. Mais généralement pour eux, ça se passe bien parce que c’est des gens réguliers, internationaux etc.
La troisième catégorie, c’est les étudiants qu’on peut classifier dans deux sous-catégories : les officiels, envoyés par le gouvernement sénégalais sur la base d’une bourse attribuée par le Sénégal et par la Chine. Il y a aussi ceux qui sont venus d’eux-mêmes parce que les parents les ont envoyés ou qu’eux-mêmes ont économisé pour se payer les études ici etc.
Alors, pour les étudiants réguliers, ils n’ont presque plus de problème. Ils en avaient quelques-uns, mais nous avons pris cela à bras-le-corps en liaison avec le service de gestion des étudiants à l’étranger de Paris et les départements concernés au Sénégal.
Aujourd’hui, leurs problèmes sont pour l’essentiel réglés. Il faut reconnaître que le Sénégal et la Chine aussi ont fait beaucoup d’efforts en améliorant les bourses. Mais c’est un peu plus compliqué pour ceux, soit envoyés par leurs parents ou venus par leurs propres moyens. Parce qu’évidemment les études coûtent chers.
Mais s’ils travaillent bien, ils demandent leur régularisation et le ministre de l’Enseignement supérieur a consenti beaucoup d’efforts pour leur octroyer des bourses et aides. La quatrième catégorie, c’est ceux qui viennent ici pour travailler et ils sont essentiellement dans deux villes d’ailleurs : Yiwu et Guangzhou. Là aussi, on peut faire la part des choses. Certains, mais très peu, réussissent et sont même devenus capitaines d’industrie ici, en employant des Chinois.
Si un Sénégalais arrive quand même à le faire, ça veut dire que cela se passe relativement bien pour eux, mais ils ne sont pas nombreux. La grande majorité, ce sont les Sénégalais qui sont dans les activités de commerce, notamment le shipping. Là également, c’est des fortunes diverses.
Certains réussissent très bien, d’autres se démerdent tant bien que mal. Mais pour l’essentiel, c’est leurs activités. Maintenant se développent autour de cette présence sénégalaise des activités d’accompagnement. Il faut en effet qu’il y ait des gens pour faire la cuisine sénégalaise, les coiffeuses etc.
La cinquième catégorie maintenant, ce sont les Sénégalais de passage, soit dans le cadre des échanges soit ceux qui viennent pour charger des containers pendant deux à trois semaines, parfois un mois à Guangzhou, avant de retourner au pays. Eux également, tant qu’ils sont réguliers, il n’y aura pas de problème.
Maintenant, il reste le respect des lois et règlements de Chine. Et ça, c’est le langage que nous tenons à toutes ces catégories-là y compris les agents diplomatiques. C’est le dénominateur commun, il nous faut tous respecter les lois et règlements de la Chine...
C’est donc dans les deux dernières catégories que nous rencontrons quelques difficultés.
Des difficultés de quelle nature par exemple ?
Les Sénégalais globalement se comportent bien, contrairement à une idée véhiculée au Sénégal à un moment. Ici, le principal problème, c’est la durée du séjour. Et pour l’essentiel, quand ils ont maille à partir avec la justice chinoise, le comportement des policiers les frustre. Parce que quand vous avez un visa, c’est pour 3 mois ou 6 et vous devez ressortir et revenir. Si vous ne le faites pas, vous êtes en «over stay». Cela veut dire que vous faites une prolongation irrégulière de votre séjour.
Et donc, ils sont intransigeants là-dessus, parce que s’ils vous prennent, c’est la prison. Mais c’est juste le temps que vous justifiez de votre billet de rapatriement et que vous payiez l’amende. C’est essentiellement ces cas que nous avons ou des cas de justification de passeport.
On reçoit des notes de la Chine continentale ou des régions administratives spéciales, c’est-à-dire HongKong et d’autres pour nous demander si un tel est un Sénégalais ou pas, parce qu’il aurait fait ceci ou cela.
Mais depuis quelques années, on ne connaît pas de cas inquiétant. Nous n’avons eu que deux cas, dont un sérieux et un autre qui l’était moins. Ce dernier est un commerçant qui vient régulièrement ici, mais qui a été une fois pris en train de commander un produit prohibé par les Chinois.
Ce n’était pas de la drogue ?
Non ! Ce sont les papiers Rizzla (utilisés pour l’usage du tabac ou du chanvre indien : Ndlr), peut-être que c’est par inadvertance ou méconnaissance, mais il n’était pas emprisonné. Toutefois, on lui avait retiré ses papiers et il devait passer du temps ici. Heureusement que cela a été réglé depuis six mois maintenant et il est même revenu récemment pour continuer ses activités normales. Le seul cas sérieux de Sénégalais emprisonné, c’est quelqu’un qui avait été pris dans un réseau de trafiquants de drogue, parce qu’ici, ils sont intransigeants quand il s’agit de drogue.
C’est généralement la peine de mort. Heureusement pour lui qu’on n’avait pas trouvé la drogue sur lui, mais l’autre étranger sur qui on a trouvé la drogue a été tué. Mais le Sénégalais lui a été jugé, il a pris la perpétuité d’abord, puis la peine a été ramenée à 20 ans par la suite.
Comme dans le système judiciaire chinois, si vous vous comportez bien tous les ans, il y a un conseil qui évalue les progrès dans votre état de discipline et qui vous fait des remises de peine, il a bénéficié de ça. Il en est aujourd’hui à 17 ans et quelques, j’ai été le voir l’année dernière.
Dans le cadre de l’action diplomatique, nous avions introduit auprès des autorités consulaires une demande de transfèrement, en attendant que soient finalisées les démarches engagées en vue d’un accord en matières juridique et judiciaire. Nous venons d’ailleurs d’obtenir l’autorisation de transfèrement de ce seul prisonnier sénégalais en Chine.
Nous sommes dans les procédures pour le rapatriement au Sénégal, mais au moins la notification officielle du transfèrement est obtenue. Ce qui fera qu’on n’aura plus aucun Sénégalais dans les prisons. Cependant, on peut entendre de temps en temps qu’il y a des Sénégalais en détention, mais comme je dis, ce sont les cas de séjour prolongé hors des limites autorisées. Des cas comme ça, on en a presque toutes les semaines, mais on arrive à les régler au fur et à mesure.
Vous avez évoqué le cas des «over stay» qui ont tout le temps maille à partir avec la justice chinoise. Comment parvenez-vous à régler leurs problèmes ?
Vous savez, la protection consulaire est l’une de nos missions. Nous sommes obligés de nous intéresser à tous les cas et chaque fois d’essayer de trouver des solutions. Heureusement que chaque fois nous avons pu trouver des solutions pour les «overstay».
Il nous est même arrivé d’aller au-delà de ce que nous devions faire au point de payer des amendes d’«overstay» pour ceux qui étaient démunis. Nous n’avons pas les ressources, mais par solidarité, on arrive à décanter des situations.
Combien de Sénégalais séjournent en Chine ?
Je ne peux pas connaître le nombre exact de Sénégalais en Chine parce que malheureusement, ce n’est pas tout le monde qui a le réflexe de venir se signaler à l’ambassade dès qu’il foule du pied le sol chinois. Si c’est trop loin, parce qu’effectivement la Chine est très vaste le gars qui est à Guangzhou ne peut pas venir à Pékin mais il y a le téléphone, le mail pour au moins que nous sachions. Parce que nous, ce qui nous permet de dire qu’il y a tant de Sénégalais ici, c’est notre registre consulaire.
Chaque Sénégalais qui vit ici doit faire l’objet d’une immatriculation consulaire et avoir sa carte consulaire. C’est ainsi que nous pourrons définir le nombre de Sénégalais. Mais grosso modo, les étudiants tournent autour de deux cent, la population qui travaille ici également tourne autour de ce même nombre. Pour ces catégories, nous savons à peu près le chiffre parce qu’il y a des associations qui les gèrent. Il y a l’Association des étudiants qui est très bien structurée et qui se réunit régulièrement.
Pour les travailleurs aussi, il y a une association bien organisée et qui a son bureau à Guangzhou et une antenne à Yiwu. Un bureau qui nous sert d’intermédiaire pour véhiculer nos messages en direction des Sénégalais, les sensibiliser quant à l’immatriculation consulaire afin de recevoir leurs doléances, etc.
Il y a ceux qui viennent en transit ici et c’est très difficile de les évaluer parce qu’ils ne se manifestent pas ici. Ils viennent faire leurs affaires et partent tout de suite après. En permanence, on peut estimer à près de 500 les Sénégalais qui vivent en Chine, compte non tenu de ceux qui sont de passage.
Vous êtes ambassadeur depuis 2 ans et demi, après avoir passé plus de 45 ans sous les drapeaux. Comment parvenezvous à vivre avec ce nouveau statut de diplomate ?
C’est vrai, j’ai commencé par les enfants de troupe pendant 7 ans avant de faire ma carrière dans l’Armée pendant 40 ans. Donc, c’est après 47 ans d’uniforme que je me retrouve dans cette ambiance civile. Mais ce que je peux vous faire remarquer, c’est que j’ai eu quand même la chance d’avoir fait une carrière qui m’a permis pendant plus d’une décennie d’être installé au sommet de la hiérarchie militaire.
J’étais pendant les douze dernières années dans des situations qui m’ont mis très souvent au contact de l’international, des relations et des échanges. Donc, il y a eu dans cette période beaucoup d’activités qui n’ont pas beaucoup de différences avec celles de la vie diplomatique. Quand on est Chef d’Etat-major particulier du président de la République, on est appelé à effectuer des missions qui ne sont pas loin des missions d’un diplomate.
Quand on est commandant d’une force des Nations unies, on est très souvent dans des situations qui se rapprochent ou se confondent à celles de la vie diplomatique. Et quand on est cemga également, on a de par le rayonnement dû à la fonction beaucoup d’activités qui s’apparentent à la diplomatie. C’est dire que, même si on change de tenue, je pense qu’on a beaucoup d’arguments qui sont des atouts dans la nouvelle vie.
Quand on a été dans ces situations-là, donc confronté au plus haut niveau aux questions importantes aussi bien au plan national qu’international, ça aide. C’est vous dire que la transition n’a pas été difficile. En plus, on est aidé par le fait qu’il y a beaucoup moins de stress que quand on est dans le commandement. Il n’y a même pas de commune mesure entre le stress d’un général et celui d’un ambassadeur.
En plus, quand on est ambassadeur en Chine où il y a une importante et intéressante activité diplomatique, c’est merveilleux, et surtout si comme moi, on a une bonne équipe, très dynamique et très performante. En quelque sorte, je peux dire que je suis un ancien militaire comblé, je suis un ambassadeur heureux.
Est-ce qu’il vous arrive de penser à votre vie après celle diplomatique ?
J’ai toujours considéré les positions dans lesquelles la République m’avait installé comme des missions que j’avais à remplir. Et dans chacune de ces missions, je me suis évertué à donner le maximum de moi-même pour arriver à bout. Ce que je souhaite d’abord, c’est de remplir convenablement ma mission d’ambassadeur et après, de voir venir.
La République m’a pratiquement tout donné, jusqu’au sommet de ma hiérarchie, c’est mon devoir de redonner à la République ce qui me reste de force, de lucidité et de capacité pour contribuer au développement du pays. Maintenant, cela s’arrêtera quand le Bon Dieu et ceux qui décident sur terre en auront décidé et je me mettrai au service de l’après ambassadeur.
Comme être un homme politique par exemple ?
Pour l’instant, je m’évertue à remplir ma mission au mieux de mes capacités et pour le reste, je vous donne rendez-vous après. On verra...
SALIF SADIO RÉCLAME UNE RANÇON DE 10 MILLIONS F CFA
Les exploitants forestiers pris en otage dans la forêt de Sansamba sont toujours introuvables. Enlevés mercredi dernier par des individus armés supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) de Salif Sadio, les otages, qui seraient au nombre de dix, sont toujours recherchés par les militaires.
Après trois jours d’opérations de ratissage infructueuses dans la zone, l’Armée s’est repliée ce vendredi. Mais elle surveille les mouvements des ravisseurs depuis sa position du secteur 61 de Madina Wandifa.
Aujourd’hui, on a appris que les hommes de Salif Sadio, qui s’opposent à toute forme d’exploitation des forêts en Casamance, réclament une rançon de 10 millions de francs Cfa pour libérer les otages.
De source militaire, on indique que l’alerte a été donnée par le maire de la commune de Sansamba dans l’arrondissement de Djibabouya, département de Sédhiou. Constatant la présence d’hommes armés dans sa circonscription, il a appelé l’adjudant-chef Moussa Ndiaye, commandant de la Brigade de gendarmerie de Sédhiou, pour l’informer de la présence des «rebelles» dans la forêt de sa commune située entre les villages de Koling et Diakhène.
Arrivés sur place, les pandores font face à «un groupe de personnes armées de fusils de guerre et de pistolets». Il s’en est suivi des échanges de tirs. Face à la détermination des gendarmes, les assaillants se replient vers le Sud. Mais les hommes en bleu ont réussi à libérer 5 personnes et récupéré deux motos appartenant aux rebelles.
Alertée, l’Armée est venue en renfort, mais constate que les assaillants ont pris la tangente. Ils seraient partis avec dix exploitants forestiers très loin des bases militaires. Les otages, comme l’indiquent leurs camarades libérés, sont employés par la scierie du village de Diango, situé sur la Rn4 et dont le propriétaire se nomme Pape Cissé.
Il serait détenteur d’un permis de coupe de bois dans les forêts de l’arrondissement de Djibabouya. Jusque-là, il menait ses activités dans le département de Bignona. Confronté aux multiples ratissages de l’Armée dans cette zone et les menaces du Mfdc, il s’est rabattu sur la zone de Sansamba.
Par MohaMED GUEYE
LE CODE DE LA HONTE
Les instruments de contrôle, en mesure de remettre les Sénégalais au travail, n’ont jamais manqué, s’ils ne pèchent pas par leur abondance. Alors, vouloir en instituer un autre, n’est-ce pas un signe d’échec et d’impuissance ?
On a au Sénégal la spécialité de confondre gesticulations et mouvement. Et depuis que Macky Sall a décidé de sacraliser le Plan Sénégal émergent (Pse), le meilleur moyen d’éviter les critiques sur une initiative est de la recouvrer du sceau de ce fameux Pse. Cela ne cache pourtant pas le ridicule de certaines de ces initiatives. Et celle qui vient d’être lancée par Mahammad Boun Abdallah et certains de ses ministres n’en est pas peu couverte.
Macky Sall, en venant au pouvoir, nous avait tant chanté une «Gouvernance sobre et vertueuse» qui, en nous permettant de tourner enfin définitivement le dos aux détestables pratiques de la gouvernance du Président Abdoulaye Wade, devait nous permettre de nous engager sur la voie du développement (Yoonu yokkuté) avec entrain.
Nous avions même eu, pour la première fois dans l’ordonnancement de l’Etat, un ministre chargé de la Promotion de la bonne gouvernance. Il n’a pas fallu longtemps pour que la Crei soit réactivée et tous les présumés prévaricateurs et détourneurs de deniers publics soient traqués et certains interdits de sortir du territoire, tandis que les plus gros parmi les poissons étaient mis à la disposition de la justice.
Et pour montrer que le temps n’était plus à la parlote, mais au travail, au vu de l’immensité des chantiers, Macky Sall a mis en place l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), qui a été confié à l’ancien Vérificateur national Madame Nafy Ngom Keïta, dont la réputation n’est plus à faire, depuis le dossier des Chantiers de Thiès dans lequel on l’avait vue s’illustrer de mémorable manière.
Macky Sall avait d’ailleurs prévenu ses partisans, qui seraient tentés par la facilité, que l’Ofnac était là pour connaître des fautes de gestion qui seraient imputées à des membres de l’actuelle Administration dans le sens américain du terme.
Ces instruments de contrôle ont si bien fait sentir leur présence qu’il était difficile de penser qu’un quelconque tenant du régime actuel pouvait s’adonner à des actes ostentatoires de gaspillage d’argent, surtout durement gagné.
L’efficacité de leur action s’est illustrée par la déclaration des mal-pensants qui, se plaignant de voir tarir leurs sources d’approvisionnement en liquide, ont sorti la formule : «Deuk bi dafa macky». A quoi le Président a répliqué par une formule aussi forte, qui disait que l’argent qui ne circulait plus était de l’argent sale, provenant de transactions douteuses.
Tout cela pour dire que les instruments de contrôle, en mesure de remettre les habitants de ce pays au travail, n’ont jamais manqué, s’ils ne pêchent pas par leur abondance. Alors, vouloir en plus faire signer un Code de déontologie à des fonctionnaires, n’est-ce pas un signe d’échec et d’impuissance ? Le gouvernement est-il en train de tâtonner et de se perdre dans la recherche de la panacée qui en finira avec la culture de la paresse ?
Qu’est-ce que ce code nouveau va ajouter à l’arsenal existant ? Cela nous rappelle le serment que le Président Wade avait fait prêter à ses ministres du gouvernement de Hadjibou Soumaré, afin de les lier par une sorte d’Omerta, qui devait éviter les fuites dans la presse. Il n’y avait jamais eu autant de fuites qu’après cela.
On avait même l’impression que certains confrères prenaient part aux délibérations du Conseil des ministres, tellement leurs comptes-rendus étaient détaillés. Et pour ce qui est de la gestion des deniers publics, en plus des organes déjà cités, le Sénégal est l’un des rares pays à avoir mis en œuvre le Cadre harmonisé des finances publiques de l’Uemoa, qui élargit la panoplie des sanctions qui frappent les gestionnaires des fonds publics.
Quel besoin de plus de leur faire signer un nouveau code ? D’autant que certains des fonctionnaires de l’Etat sont déjà assermentés. Leur serment, qui les lie pénalement, serait-il de moindre valeur que la signature de ce nouveau code en quête de crédibilité ?
Cet instrument nouveau est même une honte pour ses concepteurs, s’ils en font l’une des conditions de la réussite du Pse. Cela voudrait tout simplement dire que ce fameux Plan n’est pas encore prêt de produire des résultats, car ce qui manque dans ce pays, c’est moins des mesures, règlements, codes ou lois, que de la volonté des tenants de l’autorité de faire respecter les mesures déjà existantes. Des lois ont été prises contre les gaspillages d’argent dans des cérémonies, on ne pourrait les appliquer si l’on fait pareil.
Et il est difficile d’imposer la vertu si l’on ne la démontre pas dans sa pratique. Impossible de lutter contre le népotisme si l’on s’entoure de ses proches. Si nos dirigeants respectaient nos institutions, ils n’auraient pas besoin de nombreuses règles.
La Cité du Rail a enregistré ses premières pluies avant-hier et déjà la ville est inondée. A Hersent, Sampathé, Grand Thiès, Aiglon, Diakhao, Keur Mame El Hadji, les populations pataugent.
Visage renfrogné, mine défaite, Oumy Ly retire ses documents qui flottent sur les eaux de la pluie qui s’est abattue sur la Cité du Rail ce jeudi. Insulte à la bouche, l’étudiante à l’Iseg de Thiès explique qu’elle a été informée depuis qu’elle a déménagé à Aiglon qu’il allait y avoir des inondations.
«J’ai informé le propriétaire pour qu’il élève un peu plus le niveau de l’entrée de la maison par rapport à celui de la rue pour éviter les eaux de ruissellement.» Mais regrette-telle, l’alerte a été sans effet. «Il est venu ce matin (hier), dit-elle, en médecin après la mort pour faire dresser un muret sur la porte d’entrée.»
Dans ce quartier en plein cœur de la ville, les populations sont agressées par les eaux qui transforment leur environnement en un véritable lac artificiel alimenté par les fortes précipitations enregistrées et estimées à 94 millimètres par les autorités administratives.
A l’image d’Aiglon, le quartier Keur Mame El Hadji est aussi sous les eaux. Ici, c’est la grande désolation après les pluies qui ont arrosé la ville entre 16 heures et 18 heures, ce jeudi, obligeant des familles entières à quitter leurs maisons. Ndèye Sokhna Ndiéguène, dont la famille est allée se réfugier dans une maison à étage du voisinage pour échapper aux eaux, décrit son calvaire.
Pour elle, la mairie de Thiès Nord est responsable de tous ces maux. Les autorités municipales n’ont pas procédé à temps au curage des caniveaux, s’indigne une mère de famille dont le domicile est en proie aux eaux. Idem au quartier Grand Thiès, non loin du cimetière Madoki. Ici, les populations ne sont pas surprises :
«Les inondations ne nous étonnent pas parce que cette année nous avons constaté que les caniveaux ne sont pas curés. Il y a eu beaucoup d’eau, il y a eu beaucoup de dégâts. C’est vraiment dommage», regrette Saliou Ndiaye.
Dans sa diatribe, il poursuit pour dire : «La ville est très propre, je pensais que cette propreté n’était pas que superficielle, mais qu’elle était aussi de mise à l’intérieur et jusqu’au système d’évacuation des eaux usées et de ruissellement». Et, fulmine-t-il, «ce n’était pas le cas». De l’avis de ce trentenaire, il faudrait que les autorités municipales se saisissent de ce problème parce que l’hivernage ne fait que commencer. «Et déjà ça devient très inquiétant, regrette-t-il. C’est grave.»
Comme lui, plusieurs habitants du quartier Hersent souffrent dans leur chair. «Il y a eu beaucoup de cas d’inondations pour une première pluie», se lamente Moussa Kanté. Ce professeur à la retraite de souligner qu’il faut dès maintenant que les autorités municipales se préparent à déblayer les caniveaux. Car, informe-t-il, «parce que Thiès est une ville coloniale qui a beaucoup de conduites d’eau, beaucoup d’endroits où l’eau passe, je pense que la mairie doit prendre ses dispositions avec l’Etat du Sénégal pour qu’il n’y ait plus d’inondation».
Que dire de la Chambre de commerce prise dans les eaux ? Le quartier Nguinth, n’en parlons pas puisque même en saison sèche, ce quartier flotte et les populations vivent une sorte de déluge continu depuis dix ans. Elles vivent l’inondation au quotidien et à longueur d’années.
A la mairie ville de Thiès, c’est motus et bouche cousue. Talla Sylla est absent. Et des agents du service technique de la municipalité, trouvés sur place, soutiennent que les inondations dans certains quartiers de Thiès sont normales.
Notamment à Nguinth et Sampathé. Ils expliquent que ces quartiers sont impropres à l’habitation parce qu’étant des zones marécageuses où la nappe affleure à longueur d’année. Pour le curage des caniveaux, ils nous renvoient simplement au responsable du service de communication, Mamadou Kane. Lequel, joint par téléphone, informe qu’une réponse à ce problème sera donnée dans les meilleurs délais.
L’ETAT SOUMET LES FONCTIONNAIRES À UN CODE DE DÉONTOLOGIE
Promotion de la bonne gouvernance, lutte contre le détournement de deniers publics..
En installant hier le Comité de pilotage du Code de déontologie générale des agents publics, le gouvernement vise à lutter contre les prévarications et améliorer la bonne gouvernance dans la Fonction publique.
C’est une ritournelle : Le gouvernement du Sénégal tient à la promotion d’une gouvernance vertueuse, transparente et efficace. Hier, le Premier ministre a présidé la cérémonie d’installation du Comité de pilotage du processus d’élaboration du Code de déontologie générale des agents publics.
Ce comité, dont le secrétariat est assuré par Mintou Sidibé Fall, fonctionnaire au ministère de la Santé, est présidé par Lamine Diome, Inspecteur général d’Etat. Il est renforcé par d’autres profils issus de l’Administration, de l’Ofnac, de la Cour des comptes, de l’Ige et de la Médiature de la République. Selon Mahammad Boun Abdallah Dionne, «l’adoption du code viendra renforcer la panoplie d’organes, d’instruments et de mécanismes mis en place par le gouvernement pour améliorer la transparence et l’efficacité de la gestion des affaires publiques».
La mise en place de ce Code de déontologie s’explique par plusieurs facteurs. Il dit : «La récurrence des grèves dans certains secteurs de l’Administration, des détournements de deniers publics, l’absentéisme, la partialité, l’inefficacité ou les lenteurs administratives en général ont conduit au besoin de fixer un cadre de référence.»
Il est convaincu que cet instrument permettra aux agents publics, aux usagers et autres partenaires du service public d’entretenir des rapports plus harmonieux. Il invite «les fonctionnaires à s’en approprier et à s’appuyer sur ce corpus de valeurs, de principes et de règles».
Pour le ministre de la Fonction publique, de la Rationalisation des effectifs et du Renouveau du service public, Viviane Laure Elizabeth Bampassy, «ce code va nous permettre de condenser et de recueillir dans un même document, texte, décret ou loi l’ensemble des principes et des valeurs qui doivent guider l’action de l’agent public».
Elle ajoute : «Le Plan Sénégal émergent ne peut être mis en œuvre de façon correcte et efficace que si nous avons un service public efficace et performant.» C’est le prix à payer pour la réussite du Pse...
«IL N’Y A PAS DE DIFFERENCE ENTRE LA DEMARCHE DE MACKY SALL ET CELLE DE ABDOULAYE WADE»
Abdou Hélinkine Diatta conteste toute implication du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) dans la prise d’otages intervenue il y a trois jours à Sédhiou. Les auteurs de cet acte, précise-t-il, ne sont pas des éléments du Mfdc. Abdou Hélinkine Diatta se prononce par ailleurs sur l’évolution du processus de paix en Casamance et évalue la démarche du Groupe de réflexion pour la paix dirigé par Robert Sagna.
Depuis quelque temps, on note une nouvelle forme de délinquance caractérisée par des prises d’otages. Et souvent, le Mfdc est indexé. La dernière prise d’otages a eu lieu à Sédhiou il y a trois jours. Votre commentaire?
ABDOU HÉLINKINE : Ce qui se passe actuellement, nous le déplorons tous. C’est inconcevable que des gens, partisans du moindre effort, se lèvent et prennent des armes pour terroriser de paisibles citoyens en se réclamant du Mfdc. Nous condamnons ce qui s’est passé à Sédhiou et nous disons que ce sont des voyous qui n’ont rien n’à voir avec le Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc).
Comment évolue le processus de paix en Casamance ?
En tant que porte-parole du Mfdc, je trouve que le processus est toujours au point de départ. Ce climat de ni paix ni conflit prévaut depuis le régime de Abdoulaye Wade. Il ne faut pas dire que c’est grâce à Macky Sall qu’on connaît ce climat. Je ne vois pas d’évolution, parce qu’il n’y a pas de différence entre la démarche de Macky Sall et celle de Abdoulaye Wade. Il faut que les gens arrêtent de politiser le dossier de la Casamance.
Pourtant, Macky Sall a posé des actes en mettant sur pied le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance dirigé par Robert Sagna…
Ce n’est que de la mascarade. Comment peut-on confier ce groupe à des gens qui n’ont rien n’à voir avec le conflit pour parler aux éléments du Mfdc. C’est une décision que nous déplorons et d’ailleurs nous ne reconnaissons même pas ce soi-disant groupe. Ils ne réfléchissent pas à la place du mouvement. Il faut que le Président Macky Sall revoie sa position par rapport à la crise casamançaise ; ce n’est pas de cette manière qu’il va résoudre le problème. Il faut des gens à la place qu’il faut. Ce n’est parce que certaines personnes ont une renommée, qu’il faut les engager dans le processus de paix. Et d’ailleurs, nous avons constaté que depuis l’installation de ce groupe, rien n’a changé.
Est-ce qu’il n’est pas temps que le Mfdc et l’État du Sénégal se retrouvent autour d’une table pour des négociations sérieuses?
Effectivement, le processus de paix est au point mort. Il est temps que des négociations sérieuses et sincères soient engagées. Plus de trente ans de conflit, c’est trop. Dans d’autres pays africains, les gens sont parvenus à régler leur différend par des négociations. Est-ce à dire que ces gens-là sont plus intelligents que nous. Pourquoi ça ne marche pas au Sénégal ? Où se trouve le blocage ?L’État du Sénégal doit profiter de ce climat de ni paix ni conflit pour négocier la paix. Mais, il ne faut pas attendre qu’il y ait braquage ou que des éléments prennent des armes pour se mettre à parler un peu partout à travers les médias. Nous devons être sérieux avec nous-mêmes. On ne doit pas jouer avec cette crise qui a mis à genou l’économie de cette belle région. Personne ne souhaite cette crise. Et, il faudrait que l’on pense aux fils du pays qui sont morts dans ce conflit. Aussi bien du côté des militaires que celui des éléments du Mfdc. Ne serait-ce que pour cela, des négociations sérieuses doivent avoir lieu pour la mémoire de toutes personnes qui ont perdu la vie dans ce conflit. Nous ne voulons pas la guerre. Les autorités du pays ne doivent pas attendre que la situation s’envenime pour faire semblant de contrôler la situation. Rappelezvous : il a fallu que Salif Sadio prenne des militaires en otage pour inciter les gens à parler de ce problème. S’il n’y avait eu pas cette prise d’otages, on n’aurait pas parlé de cette situation. C’est grave. C’est une démarche hypocrite à la limite.
LES AVOCATS RECLAMENT LES 5 MILLIONS DE KINE DIOUF
Environ 75 millions F Cfa d’argent en bonnes coupures ont été saisis à la villa de Thione Seck en même temps que des faux billets lors de son arrestation par les gendarmes de la Section de recherches (Sr). Cependant, une partie de cette somme (5 millions F Cfa) appartiendrait à Kiné Diouf, l’épouse du chanteur. Selon des sources dignes de foi, les avocats de Thione Seck ont introduit une requête pour demander au juge la restitution des 5 millions F Cfa.
Après l’audition de leur client dans le fond du dossier, les avocats de Thione Ballago Seck viennent d’introduire une requête devant le juge d’instruction du deuxième cabinet. Selon des sources dignes de foi, il s’agit d’une demande aux fins de restitution. Mes Ousmane Sèye, Abdou Dialy Kane et Cie réclament au juge la restitution de 5 millions F Cfa sur l’argent propre qui a été saisi et qui s’élève environ à 75 millions F Cfa. À en croire les conseils du leader du «Raam Daan», les 5 millions de francs réclamés appartiennent à son épouse Kiné Diouf. Lorsqu’ils ont fait la perquisition chez le chanteur, les gendarmes ont mis la main sur des coupures de faux billets en dollars et en euros. Mais, de l’argent propre aussi a été saisi.
Selon les avocats, les 5 millions de cet argent n’appartiennent pas à Thione Seck, mais plutôt à son épouse.
Cette demande de restitution survient au lendemain du dépôt des lettres de désistement devant la chambre d’accusation. En effet, dernièrement, les conseils du père de Wally Ballago Seck ont renoncé d’abord à leur recours sur l’ordonnance de refus du juge d’instruction concernant la demande d’expertise médicale, ensuite à l’appel s’agissant de l’annulation de la procédure. Seulement, concernant la demande aux fins d’annulation, les conseils de Thione Seck se sont momentanément désistés, mais ils comptent revenir à la charge.
Inculpé le 2 juin dernier pour association de malfaiteurs, altération de signes monétaires ayant cours légal dans un pays étranger, tentative d’escroquerie… Thione Seck a clamé son innocence devant le juge d’instruction du deuxième cabinet. Il a juré qu’il n’a jamais confectionné de faux billets et crie au complot et au maraboutage. Il soutient que lorsqu’il était avec ses présumés acolytes, il n’était pas maître de ses actes. Comme Thione Seck, Alaye Djitey a aussi été entendu par le juge. Quant à Abu Sharifu Sakho, il est toujours en fuite.