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3 mai 2025
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SALIOU GUÈYE
CRÉTINISME POLITIQUE
La supercherie politique de l’ancien chef de l’État consiste à faire croire aux Sénégalais que tout ce qui n’est pas Wade n’est que vacuité, vanité et infériorité, donc une aporie destructrice
Saliou Guèye, Éditorialiste de SenePlus |
Publication 28/02/2015
Les chamailleries fleuries et les glissades verbales ont toujours émaillé les débats politiques au Sénégal. En revanche, cette semaine a vu le rubicond être franchi avec la sortie violente d’Abdoulaye Wade. Désormais, l’insulte et la stigmatisation sont devenues le modus operandi du pape du Sopi. Pour lui, n’importe quelle opportunité est bonne pour donner de la voix, biaiser la réalité, insulter si besoin et tenter d’exister en niant ou reniant l’autre. Mais les partisans du président Macky Sall s’inscrivent eux aussi dans le même registre des insultes.
C’est un nonagénaire frais de bêtise, pâle, le levain sur le cœur et une pointe de révolte dans la tête, entouré de sa valetaille obséquieuse qui a encore eu la magie de polariser la presse le 24 courant pour faire la Une des journaux, radios, télés et autres sites web. A ses séides panurgistes, le vieil histrion faisait rire de ses balourdises, intrigues et balivernes. Vraie bête de la communication, il a réussi avec ses pitreries ubuesques à porter ombrage à la tournée économique du président de la République au sud du pays et à détourner les regards de la désertion des enseignants des classes et des amphis.
Son discours fait horreur aux citoyens républicains qui comprennent le sens des «Article 1» de la Constitution («La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion») et de la Déclaration universelle des droits de l’homme («Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité»).
Sa supercherie politique consiste à faire croire aux Sénégalais que tout ce qui n’est pas Wade n’est que vacuité, vanité et infériorité, donc une aporie destructrice. L’ex-chef de l’Etat ne peut pas cracher l’insulte à Macky Sall en lui prêtant une infériorité originelle, en lui attribuant des pouvoirs anthropophagiques sans se couvrir de ridicule, lui qui l’a nommé successivement à des postes de responsabilité (directeur général de la Pétrosen, ministre de l’Energie et de l’Intérieur, Premier ministre) avant de le proposer à l’Assemblée nationale comme troisième personnalité de l’Etat.
Ainsi en adoptant la stratégie de la violence verbale épouvantablement immoral et humainement méprisable, Abdoulaye Wade verse dans un crétinisme politique qui débouche sur une stratification sociale d’un autre âge. Mais les Sénégalais ne sont pas du tout disposés à se prêter à son jeu divisionniste, à se plier à sa stratégie discriminante bâtie sur les origines ethniques, raciales, confrériques ou religieuses. La stigmatisation méprisante est la matière première, voire le levain, de l’ethno-différentialisme, fiel de toutes les discordes.
Encroûté dans des schémas stéréotypés, ethnicistes rétrogrades, le nonagénaire distille, avec de faux airs de tragédie de fin du monde, un discours fait de mélange amer de haine, d’envie, de ressentiments, sur fond de perpétuelles jérémiades et de sempiternelles geignardises. Son humour caustique qui désopile ses ouailles bêlantes est le produit dénaturé et dévitalisé d’un complexe d’infériorité, d’une haine devenue inopérante et inefficiente face à «ce fils d’esclave», «anthropophage» et autres vils qualificatifs qui l’a éjecté démocratiquement du pouvoir un certain 25 mars 2012.
Son réquisitoire houleux, hargneux et haineux contre «celui qui ne sera jamais au-dessus de lui et de Karim» est un monceau d’anachronismes désuets qui trahissent la nostalgie d’un âge d’or et d’un paradis perdu. C’est aussi l’expression d’un regret navré et navrant de ne pouvoir plus décider de la vie et de la mort de ses sujets.
Une stratégie de communication bien pensée
Le vieil homme, certes nageant dans une décrépitude physique mais pas psychique, loin de patauger dans une déficience mentale comme le prétendent certains, fonctionne aux insultes, menaces et autres chantages. Les agissements de Wade nous font penser qu’il est entré dans la phase immonde de l’être humain : celle du crétinisme, de la jalousie et de la haine différentialiste. Le comble, c’est qu’il fait semblant de croire aux stupidités délirantes qu’il débite à ses partisans comme autant de vérités, alors qu’il essaie de les mener tous en bateau, les yeux bandés, après les avoir gavés de propos pathétiques, agissant sur leur pathos et leur conscience tel un somnifère.
Tous les dirigeants politiques africains, qui ont sécrété les mêmes germes scissipares au moment des premières heures des indépendances, ont conduit leur pays à un sectarisme chronique déstabilisateur. Léopold Sédar Senghor, qui avait compris le danger de l’ethnicisme, a cultivé le commun vouloir de vivre ensemble, et a sauvé le Sénégal des haines identitaires qui ont déstabilisé plusieurs pays et précarisé leur stabilité. Le président Abdou Diouf, alors secrétaire général de la Francophonie, magnifiait l’exception sénégalaise, lors de son discours du 14 février 2009 au Congrès d’études sur l’histoire et l’actualité de l’état de la Cité du Vatican, en ces termes : «Cet esprit de coexistence des Sénégalais qui cimente le commun vouloir de vie commune est un vivre ensemble avec nos différences, dans leurs fécondantes complémentarités».
Quand, aux législatives du 17 juin 1951, Lamine Guèye, leader de la SFIO Sénégal, dans sa bataille politique contre Senghor, patron du Bloc démocratique sénégalais (BDS), a voulu titiller la fibre religieuse pour s’accaparer le vote musulman, il n’a récolté que la désaffection des chefs religieux tels que Serigne Fallou Mbacké, Serigne Khalifa Ababacar Sy et Seydou Nourou Tall, qui ont soutenu son adversaire politique, catholique de confession.
Ce crétinisme wadesque articulé sur la différenciation sociale et une stratification généalogique factice des Sénégalais peut conduire à un tropisme destructeur comme cela a été le cas en Côte d’Ivoire, au Rwanda et en Serbie où des discours identitaires ont plongé ces pays dans une épuration ethno-génocidaire. Le primat de la race aryenne sur les autres, théorisé par Heidegger, Jünger et Carl Schmitt, a fait le lit de l’hitlérisme et de l’expansionnisme panallemand, lesquels ont débouché sur la seconde Guerre mondiale.
Le pays éburnéen subit encore les contrecoups néfastes des idées abjectement discriminatoires distillées par la Curdiphe (Cellule universitaire de recherche et diffusion des idées et actions politiques du Président Henri Konan Bédié) qui a théorisé le concept fasciste de l’Ivoirité. «L’identification de soi suppose naturellement la différenciation de l’autre, et la démarcation postule, qu’on le veuille ou non, la discrimination» était le leitmotiv de Benoît Sacanoud, président de la Curdiphe.
Aujourd’hui, nonobstant l’apparente paix sociale, la Côte d’Ivoire n’est pas à l’abri d’un nouvel embrasement.
Pour extraire des mailles de la justice son fils qu’il a plongé dans la nasse en lui conférant et confiant des pouvoirs exorbitants au sein de l’Etat et en faisant abstraction des qualités méritocratiques des autres fils de la Nation, Abdoulaye Wade ne lésine pas sur les moyens communicationnels pour atteindre ses objectifs. Mais dire que la sénilité, le gâtisme et l’arriération mentale donnent raison à ces radotages itératifs dangereux de Wade, c’est exonérer ses exactions ubuesques et faire le lit de plusieurs autres funestes.
Ce nonagénaire cyclothymique qui reste englué dans des oscillations d’humeur handicapantes est bien conscient de ses agissements nocifs. Sa dernière sortie qui jette ignoblement le discrédit sur la généalogie ascendante de Macky Sall n’est que l’antépénultième palier d’une stratégie de communication bien pensée et bien élaborée. Depuis son retour au Sénégal après deux ans d’exil volontaire à Marianne, il a mis ingénieusement en place une stratégie de communication qui va de l’affirmation de l’impuissance supposée de Macky Sall à résoudre les problèmes des Sénégalais à l’outrance verbale en passant par les menaces et les intimidations.
Comme Attila, le roi des Huns, il pille et brûle, pas, certes, par cruauté pure mais par tactique militaire. D’ailleurs, il a réussi à ne pas focaliser ses condamnateurs sur le point le plus dangereux de son discours, c’est-à-dire l’incitation à doses homéopathiques de l’armée à la sédition. Systématiquement, telle une marotte, le vieil homme parle de l’armée nationale dans ses sorties comme si certains de ses éléments sont prêts, à sa moindre consigne, à regimber contre le chef suprême des armées. Pire, il n’exclue pas de faire une collusion avec la «Kara Force Security» pour faire face aux forces publiques détentrices de la violence légitime.
Le régime de Macky Sall coupable aussi
Aujourd’hui tout le monde rue dans les brancards alors que les attaques ad personam contre le Président Sall sont d’une moindre gravité que l’appel insidieux répétitif à l’armée qui constitue le socle principal sur lequel repose l’unité de la Nation. Mais Wade, c’est Machiavel, il mène les gens en bateau en drossant celui-ci sur un banc de sable, qui, in fine, n’est pas son véritable lieu de débarquement.
Nonobstant les dérives langagières de d’Abdoulaye Wade, force est de reconnaître aussi que le crétinisme politique n’est pas seulement l’apanage de ce dernier et de ses alliés. Le régime en place a longtemps mitraillé sans aménités le leader du Pds avec une violence et une insolence inqualifiables. Depuis le jour où il a remis les clefs du palais à son actuel locataire, il n’a cessé d’encaisser des apéristes les banderilles acerbes, voire empoisonnées.
Récemment, la troisième personnalité de l’Etat, Aminata Tall, l’a qualifié de menteur fieffé et pourtant cette insanité n’a indigné outre mesure personne. Le député Abdou Mbow et la directrice de l’Agence de la Case des Tout-petits, Thérèse Faye, sont les figures de proue des insulteurs professionnels de l’Apr. Ils affinent eux aussi une stratégie de communication qui consiste à dézinguer Wade à tout-va à sa moindre incartade. Leur «Wade-bashing» délirant a franchi le seuil du tolérable. Quotidiennement, eux et leurs alter ego de l’Apr franchissent de plus en plus les lignes jaunes discursives sans que l’autorité suprême de leur parti ne mette le holà à leurs outrances.
Aujourd’hui les populations ont tourné le dos aux politiciens à cause de l’image sordide et grossière qu’ils leur offrent. La politique est une activité saine où les insultes n’ont pas leur place. Aussi, serait-il temps que les acteurs politiques sachent se transcender et se départir de leur peau de roquets aboyeurs et d’insulteurs publiques à la moindre occasion. C’est à cette condition que l’action politique retrouvera peut-être son lustre et l’adhésion du public.
(SenePlus.Com, Dakar) - And-Jëf/PADS s’est joint au concert de condamnations des propos d’Abdoulaye Wade contre Macky Sall. "Une nouvelle sortie politique catastrophique qui démontre qu’il est prêt à tous les dérapages, souligne le secrétariat exécutif d’AJ, qui s’est réuni mercredi dernier. Ses déclarations irresponsables confirment que le sort de son fils, Karim Wade, le préoccupe plus que l’image du Sénégal et le respect de la souveraineté populaire."
Dans un communiqué parvenu à www.SenePlus.Com, les camarades de Landing Savané ont salué "la volonté du chef de l’Etat d’ignorer de telles attaques et de continuer de concentrer son regard et ses efforts sur les questions relatives au développement économique et social de notre pays tout en laissant la justice faire son travail en toute indépendance".
Justement à propos de développement économique, AJ a adressé "ses vives félicitations (au président de la République) pour sa tournée économique consacrée à la Casamance et les importantes décisions de financement au profit des régions de Kolda, de Sédhiou et de Ziguinchor pour le désenclavement, la promotion touristique et le développement de la riziculture, en particulier".
Et pour cause, le parti dirigé par Landing Savané "reste convaincu que la réalisation de tous les projets annoncés en Casamance sera un exemple concret de territorialisation des politiques publiques de l’Etat". Dans cette perspective, il "invite le secteur privé à soutenir la politique d’équilibre régional à travers la promotion des Pôles régionaux de développement. L’implication du secteur privé en Casamance et la réalisation des infrastructures par l’Etat contribueront fortement à l’emploi des jeunes, à la lutte contre la pauvreté des femmes et à la sécurité de la région et du pays".
En outre, "la coordination des cadres et le Mouvement national des jeunes (d’AJ) sont parties prenantes d’initiatives importantes de concertation avec la Majorité présidentielle pour contribuer à la politique de développement économique et social du Président Macky Sall. Ces initiatives seront poursuivies et les actions renforcées pour réaffirmer le soutien du parti au Plan Sénégal Emergent".
À propos de la vie du parti, Landing et Cie évoqué les préparatifs de la journée des femmes, qui sera célébrée le 8 mars prochain. "A cet effet, informe le communiqué, le Mouvement national des femmes organise un atelier de renforcement de capacités à la permanence nationale en mobilisant ses démembrements au niveau de toutes les fédérations."
Aussi, "dans le cadre de l’évaluation de la mise en œuvre des directives de redéploiement du parti, le secrétariat exécutif a rappelé la tenue du prochain Bureau politique le 7 mars 2015 et a passé en revue toutes les tâches de préparation. Ainsi, le SE a décidé, en plus des membres du BP, de convoquer les maires nouvellement élus, pour renforcer la Commission des élus du parti".
ÉBOLA: LA SIERRA LEONE RÉTABLIT UNE PARTIE DES RESTRICTIONS LEVÉES IL Y A UN MOIS
Freetown, 28 fév 2015 (AFP) - Le président sierra-léonais Ernest Bai Koroma a rétabli samedi certaines restrictions de mouvement levées en janvier afin de favoriser le redressement économique du pays, en raison de la remontée du nombre de nouveaux cas d'Ebola.
"Le gouvernement a constaté avec une grande inquiétude que la baisse du nombre de cas confirmés d'Ebola a récemment été interrompue par des foyers de nouveaux cas à travers le pays, le dénominateur commun de ces nouveaux cas étant l'implication dans des activités maritimes", selon un communiqué publié samedi par la présidence.
En conséquence, le chef de l'Etat a décrété "qu'aucun véhicule commercial ne déchargerait des marchandises dans aucun marché de la région Ouest (comprenant la capitale, Freetown, NDLR) entre 17H00 et 05H00" locales et GMT, selon le texte.
En outre, "aucun bateau ne pourra prendre la mer ni accoster où que ce soit dans le pays entre 18H00 et 07H00", ajoute la présidence, précisant que la marine militaire a reçu instruction de faire respecter cette mesure.
Les autorités avaient annoncé il y a deux semaines le placement en quarantaine pour 21 jours de 700 foyers dans la zone d'Aberdeen, un secteur de pêche et de tourisme à Freetown après le décès d'un pêcheur atteint d'Ebola et la détection d'au moins 20 malades.
Le porte-parole du gouvernement, Abdulai Bayraytay, a indiqué cette semaine que 20 maisons avaient été placées en quarantaine dans un village de la province de Bombali, dans le nord, après la mort d'un malade d'Ebola venu d'Aberdeen.
"Une trentaine d'habitants sont présumés avoir lavé le corps avant d'appeler l'équipe locale d'enterrement", a-t-il souligné. Les rites mortuaires impliquant un contact avec le corps demeurent un des principaux facteurs de propagation du virus, qui se transmet par les fluides corporels, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et les autorités des pays touchés.
Le président Koroma a par ailleurs annoncé le rétablissement des limites au nombre de passagers de taxis, motos, voitures, ou camions, selon le communiqué. Il avait levé le 23 janvier toutes les mesures de quarantaine et restrictions de mouvement au niveau provincial ou local, afin de "soutenir l'activité économique".
L'épidémie en Afrique de l'Ouest, la plus grave depuis l'identification du virus en Afrique centrale en 1976, est partie en décembre 2013 du sud de la Guinée avant de se propager au Liberia et à la Sierra Leone voisins. Elle a fait quelque 9.700 morts identifiés, un nombre nettement sous-estimé selon l'OMS, pour près de 24.000 cas recensés, en quasi totalité dans ces trois pays.
Yaoundé, 28 fév 2015 (AFP) - "Boko Haram, tu vas mourir", "Boko Haram, tu es mort": des milliers de Camerounais sont descendus dans la rue samedi à Yaoundé pour dénoncer les meutrières attaques et exactions des islamistes nigérians, appelant à la mort de leur chef, Abubakar Shekau.
Plusieurs milliers de personnes, dont des ministres, ont participé dans la capitale à cette manifestation pacifique au cours de laquelle les participants ont promis que le Cameroun viendrait à bout de Boko Haram et de son chef.
Depuis sept mois, les soldats camerounais sont en guerre contre le groupe nigérian qui multiplie ses attaques sanglantes contre militaires et civils dans la région de l'Extrême-Nord, frontalière du Nigeria. L'armée tchadienne se bat aussi contre Boko Haram, depuis cette région proche de Ndjamena.
Le rassemblement a été organisé par un collectif "Unis pour le Cameroun" et constitué principalement de journalistes supposés proches, pour certains, du régime de Yaoundé, pour exprimer "le soutien aux populations de cette région et à l'armée camerounaise".
"Entre 10.000 et 15.000 personnes" ont répondu à l'appel, s'est fécilité auprès de l'AFP Eric Benjamin Lamère, membre du collectif. Plusieurs ministres avaient pris la tête du cortège, submergé de drapeaux camerounais, tchadiens et nigérians et dans lequel se trouvaient également des diplomates en poste à Yaoundé, dont l'ambassadrice de France, Christine Robichon.
-'Shekau, tu es lâche'-
"Nous voici rassemblés pour dire non à Boko Haram. Non à la barbarie!" a lancé à la foule un des organisateurs, ajoutant: "Non à l'obscurantisme! Non à l'intolérance!". A chacune de ses phrases ou exclamations, la foule hurle et applaudit, sous le regard des membres du gouvernement présents.
L'orateur cite ensuite, toujours sous des ovations, les noms de localités prises pour cible par Boko Haram: Fotokol, Kolofata, Limani, Amchidé,... "Cette marche symbolise l'unité de tous les Camerounais contre Boko Haram", s'enthousiasme Grégoire Owona, ministre du Travail. "Shekau", lance-t-il.
"Tu es mort, tu es lâche", réagissent en choeur de jeunes manifestants. "C'était important d'être là pour moi, pour mes frères qui sont au front, pour mon pays. Je pense que ce soutien peut galvaniser les troupes et faire en sorte que la guerre cesse le plus vite possible", confie Philomène Ekombo, drapeau du Cameroun en main.
La date de cette manifestation a suscité une polémique au Cameroun car elle coïncide avec la commémoration des manifestations contre la faim et la modification de la Constitution qui avaient éclaté dans le pays fin février 2008.
Du 25 au 28 février 2008, de nombreux jeunes avaient en effet manifesté dans plusieurs villes du Cameroun pour dénoncer la cherté de la vie et s'indigner du projet du régime du président Paul Biya de modifier la Constitution afin de lui permettre de briguer un nouveau mandat.
Les manifestations de révolte avaient été réprimées par l'armée et la police: 40 personnes avaient ainsi été tuées, selon un bilan officiel, au moins 139 d'après des ONG locales. -'pas de guerre mémorielle'- Le reproche a été fait aux organisateurs de la marche de samedi d'avoir été encouragés par le régime à choisir la date du 28 février pour que la commémoration des événements de 2008 passe inaperçue.
"Il n'y a pas de guerre mémorielle. Nous avons programmé notre marche tôt le matin (07H00 GMT). Rien n'empêche qu'on se mobilise (pour les événements de 2008)", s'est défendu Guibaï Gatama, du collectif "Unis pour le Cameroun".
De plus en plus d'initiatives de soutien à l'armée sont enregistrées au Cameroun ces derniers temps. Ainsi, vendredi, les chefs traditionnels du département des Bamboutos (ouest du pays) ont remis au ministre de la Défense une enveloppe de 22 millions de francs CFA (environ 30.000 euros) pour aider les soldats au front, a rapporté la télévision d'Etat.
Jeudi, des entreprises avaient offert à l'armée des centaines de tonnes de produits alimentaires. Les troupes camerounaises engagées contre Boko Haram vivent parfois dans des conditions difficiles, certains soldats rencontrés par un journaliste de l'AFP se plaignant notamment du manque d'eau, de matelas pour dormir et d'absence de primes dans certaines unités.
SIA : OUVERTURE D’UN FORUM SUR LES OPPORTUNITÉS D’INVESTISSEMENT AU SÉNÉGAL
Paris, 28 fév (APS) – La journée de communication du Sénégal à la 52-ème édition du Salon international de l’agriculture (SIA) s’est ouverte samedi, peu après 10 heures (9 heures GMT), à Paris, a constaté l’APS.
Axée sur le thème ‘’Agriculture et élevage : forces motrices du Plan Sénégal émergent (PSE) au Sénégal’’, la journée du Sénégal est dirigée par le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Papa Abdoulaye Seck. Elle a réuni l’ambassadeur du Sénégal à Paris Paul Badji, le consul général Amadou Diallo et le chef du Bureau économique du Sénégal à Paris Abdoulaye Mbodji.
Des responsables de structures étatiques (BNDE, FONGIP, FONGIS, FAISE, BOSSE), le président de l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture, des investisseurs étrangers et plusieurs Sénégalais de la diaspora sont aussi présents dans une grande salle de conférence aménagée pour la circonstance.
Les différents responsables vont exposer les opportunités et les mécanismes de financement disponibles pour inciter la diaspora sénégalaise et les investisseurs étrangers à venir travailler dans le secteur agricole.
‘’La voie est toute tracée. Les conditions sont réunies pour le développement agricole. Nous invitons la diaspora et l’ensemble des investisseurs à venir nous accompagner pour la concrétisation des projets agricoles inscrits dans la cadre du PSE’’, a notamment dit l’ambassadeur Paul Badji, à la cérémonie d’ouverture de la rencontre.
Le SIA 2015 s'est ouvert le 21 février, en présence du président français François Hollande. Il sera clôturé dimanche.
L’élevage, la gastronomie, les filières végétales, les métiers et services de l'agriculture sont au rendez-vous de ce salon, où sont représentés toutes les régions de France et de nombreux pays.
Le Sénégal y participe pour la 14ème fois. Il est représenté par une quarantaine d’exposants encadrés par une délégation pilotée par l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture (UNCCIAS), en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, ainsi que plusieurs autres structures d’appui.
LA CEDEAO ANNONCE UNE PARTICIPATION ACTIVE AU FESPACO 2015
Dakar, 28 fév (APS) - La CEDEAO ‘’prendra une part active’’ au déroulement de la 24-ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui s’ouvre ce samedi, en présence de différents acteurs venus des quatre coins du monde pour célébrer le septième art africain, annonce un communiqué reçu à l’APS.
‘’L’organisation ouest-africaine, connue comme l’un des principaux partenaires du Fespaco depuis 1993, a décidé d’innover cette année en instituant un prix de la meilleure réalisatrice doté de 10 millions de F CFA, qui viendra seconder le prix de l’intégration, d’une valeur de 15 millions de F CFA, qu’elle décerne depuis des années’’, indique la même source.
Le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo remettra personnellement les prix et les trophées les accompagnant, lors de la cérémonie de clôture, prévue le 7 mars 2015.
Il ‘’n’a de cesse d’insister sur l’importance de cette manifestation culturelle biennale, la plus importante de l’Afrique subsaharienne consacrée aux films réalisés par des cinéastes du continent’’, selon le communiqué.
Outre sa participation à la remise des prix spéciaux, la CEDEAO se dotera d’un stand décoré à ses couleurs. Il servira notamment à mieux la faire connaître du public à travers des présentations et exposés sur l’historique, les objectifs, le management, les institutions et agences spécialisées, les principes fondamentaux, les réalisations, les projets et programmes ainsi que la Vision 2020.
Pour l'édition 2015 du Fespaco, 134 films ont été retenus sur les 720 réceptionnés par le comité de sélection. Parmi ceux-ci, 20 longs-métrages en provenance de 17 pays concourront pour l’Etalon d’or de Yennenga, la récompense suprême du Fespaco.
Cette édition est placée sous le thème: ''Cinéma africain, production et diffusion à l’ère du numérique''. La nouveauté de taille c’est qu’il sera tenu compte de l’évolution technologique et des préoccupations des professionnels du septième art pour admettre les films numériques dans la compétition officielle, de même que les œuvres de la diaspora jusque-là exclues, rappelle le communiqué.
Dakar, 28 fév (APS) - Le directeur du cabinet de contrôle Société de services d’inspection et de contrôle (SSIC), Allé Diouf, demandé, samedi, aux acteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP), de s’approprier le Plan Sénégal émergent (PSE).
‘’A travers le PSE, le Président de la République Macky Sall affiche son ambition de poser les jalons d’une croissance durable et inclusive, en vue d’en finir avec la pauvreté’’, a soutenu d’emblée M. Diouf.
Il animait une conférence sur le thème : ‘’ la construction au cœur de l’émergence’’, à l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
''A partir de cette vision exprimée, nous acteurs, avons l’obligation de nous approprier le Plan Sénégal émergent (PSE) et chacun en ce qui le concerne’’, a souligné Allé Diouf.
‘’Nous devons tous avoir en commun une farouche volonté de réussir et une extraordinaire capacité de travail pour mener à bien cet important et ambitieux projet pour l’émergence du Sénégal à l’horizon 2035’’, a-t-il affirmé avec insistance .
M. Diouf s'exprimait en présence du directeur général du Bureau opérationnel de suivi (BOS) du PSE, Ibrahima Wade et du secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Ibrahima Guèye.
Un parterre d’acteurs du secteur ainsi des étudiants des écoles d’ingénieurs privées comme publiques ont assisté à la conférence.
Le conférencier, qui est un ingénieur en génie civil capitalisant prés de 30 ans dans le contrôle technique, a souligné qu’ ‘’au-delà des infrastructures, manifestation de richesses d’une nation, l’émergence doit être portée par une représentation industrielle, technique, intellectuelle nationale’’.
Il a invité les pouvoirs publics à jouer leur rôle dans la mise en œuvre du PSE, donnant en exemple la Chine qui est, à ses yeux, ''l’illustration parfaite d’une nation qui a pris son destin en main pour devenir émergente''.
Le PSE (2014-2035) est devenu le nouveau référentiel des politiques publiques. Il a été lancé officiellement le 30 novembre 2013 par le président de la République, Macky Sal.
Son ambition est de poser les jalons d’une croissance durable et inclusive, en vue d’en finir avec la pauvreté.
L'ITA CHERCHE 600 MILLIONS FCFA POUR CRÉER UN LABORATOIRE D’ANALYSE AGRO-ALIMENTAIRE
Paris, 28 fév (APS) – L’Institut de technologie alimentaire (ITA) de Dakar est à la recherche d’un ''partenariat fort’’ pour mettre en œuvre son programme de création d’un laboratoire sous-régional de recherche et d’analyse agro-alimentaires évalué à 600 millions de francs CFA, a révélé son directeur général Mamadou Amadou Seck.
‘’Nous avons initié un projet de création d’un laboratoire qui couvrirait toute la sous-région. A l’image du port autonome de Dakar qui couvre beaucoup de pays et à l’image du nouvel aéroport Blaise Diagne, nous voulons mettre sur pied un véritable hub de recherche et d’analyse en matière agro-alimentaire’’, a expliqué M.Seck.
Le directeur de l'ITA, qui participe au 52-ème Salon international de l’agriculture (SIA) à Paris, a confié à l'APS avoir rencontré plusieurs partenaires.
Avec l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), l’ITA est l’autre structure qui s’occupe de recherche et d’analyses agro-alimentaires au Sénégal. Son travail est axé notamment dans la transformation des produits locaux avec un accent sur l’homologation pour une meilleure promotion du label sénégalais. Ses produits sont exposés au stand du Sénégal au SIA.
‘’Ce laboratoire va coûter 600 millions de francs CFA. Nous avons fini les études de faisabilité et les équipements sont identifiés. Tout est fin prêt pour nous lancer dans la mise en œuvre de ce projet de création d’un laboratoire sous-régional'', a assuré M. Seck.
L’objectif, selon lui, est ''de capter le flux d’argent qui quitte le Sénégal pour faire des analyses en Europe, mais également à capter le flux d’argent qui quitte les autres pays de la sous-région’’.
Il a dit avoir noué beaucoup de contacts, au SIA, notamment avec les instituts de recherche d’autres pays comme ''l’Institut français de recherches agronomiques, des structures similaires venant de la Côte d’Ivoire, du Mali et même de la Bulgarie qui est un pays à forte production de lait’’.
‘’Nous allons renforcer la coopération en matière de recherche agro-alimentaire avec des pays de l’Afrique d’abord comme le Mali. Il y a plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest notamment qui viennent au Sénégal pour bénéficier de notre expérience, d’où la nécessité de renforcer la coopération sud-sud avant d’aller ailleurs vers les pays du Nord’’, a poursuivi Mamadou Amadou Seck.
Le SIA 2015 s'est ouvert le 21 février, en présence du président français François Hollande. Il sera clôturé ce dimanche.
L’élevage, la gastronomie, les filières végétales, les métiers et services de l'agriculture sont au rendez-vous de ce salon, où sont représentés toutes les régions de France et de nombreux pays.
Le Sénégal y participe pour la 14ème fois. Il est représenté par une quarantaine d’exposants encadrés par une délégation pilotée par l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture (UNCCIAS) en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, ainsi que plusieurs autres structures d’appui
JAMMEH REMET ÇA
Pour juguler la crise économique, le Président gambien a, comme en 1996, inondé son pays de nouveaux billets de banque. Mais cette fois, les coupures portent son effigie
Alors que le Dalasis est en chute libre sur le marché du taux de change à Banjul, l’homme fort du pays a demandé à la Banque centrale gambienne d'imprimer de nouveaux billets de banque, frappés de son effigie, avant de retirer progressivement les anciens billets en circulation.
Face à la crise économique qui secoue son pays, Yahya Jammeh vient d’inonder la Gambie de nouvelles coupures de Dalasis. Et c'est mercredi dernier que les nouveaux billets de banque ont officiellement été mis en circulation.
L’on note surtout l’apparition d’un nouveau billet de 20 Dalasis, frappé de la tête du dictateur, pour remplacer le très populaire 25 Dalasis, condamné à disparaître selon un communiqué officiel diffusé le même jour par le State House, le palais présidentiel gambien. Le même communiqué révèle que la cérémonie marquant le lancement de la nouvelle monnaie a également été l'occasion d'introduire un nouveau billet de 200 Dalasis.
Les nouveaux billets sont de plus petite taille que les coupures ayant cours jusqu'ici. Les anciens billets continueront légalement à circuler jusqu'à leur retrait total dont la date n’a pas encore été révélée. Dans le communiqué diffusé par le palais de Banjul, le Président Jammeh a exhorté les Gambiens à s'approprier les nouveaux billets de banque et à les manipuler avec soin. Le communiqué de Jammeh précise que c'est pour se familiariser avec les nouvelles coupures, afin d'aider à assurer leur protection contre la contrefaçon.
Mais le moment choisi par le Président gambien pour mettre en circulation sa nouvelle monnaie n'est pas un hasard.
La relation ludique entre Jammeh et les billets de banque
En 1996, alors que l'économie de la Gambie était au bord de l'effondrement du fait des sanctions imposées par les bailleurs de fonds et la communauté internationale après le coup d'Etat contre Dawda Kairaba Jawara, le capitaine Yahya Jammeh qui cherchait à sauver ce qui pouvait l'être, avait su trouver une parade identique. Il avait alors fait émettre de nouveaux billets de banque qui avaient inondé le marché financier gambien. Le prétexte évoqué par Jammeh était qu'il fallait enlever l'effigie du président Jawara des coupures du Dalasis. L'économie obscure et parallèle fermement maîtrisée par la junte d'alors avec des faiseurs de miracles américains et iraniens avaient permis à la junte de traverser la tempête des sanctions avec relativement moins de dégâts.
Maintenant que l'économie gambienne est paralysée par les faibles arrivées de touristes, les mauvaises pluies, la mal gouvernance, la corruption, le clientélisme et l'instabilité politique, Jammeh a finalement opté pour la vieille méthode, même si elle doit contredire ses déclarations de 1996 selon lesquelles, “le visage d'un président gambien ne saurait à lui seule accaparer la devise nationale commune à tous les Gambiens”. Et pour atténuer cette contradiction, Jammeh a une nouvelle fois retrouvé son manège.
Une économie à la peine, une inflation inquiétante, des réserves qui se rétrécissent
Officiellement, ce sont les célébrations du cinquantenaire de la République de Gambie qui expliquent l'émission de ces nouveaux billets qui vont inonder le marché du liquide à Banjul. Mais la situation est plus grave et complexe que Jammeh ne voudrait le faire croire. En effet, la Gambie traverse la pire crise économique de son histoire. Le Dalasis, objet de spéculation incroyable sur les marchés et autres boutiques en Gambie, chute vertigineusement face à des devises étrangères telles que le CFA, le Dollar ou la Livre sterling. Il y a deux ans par exemple, 5000 F CFA étaient échangés contre 265 Dalasis au marché noir mais aujourd'hui, 5000 F CFA s'échangent contre 370 Dalasis. Il y a un an, le dollar qui s'échangeait entre 35 et 37 Dalasis vaut aujourd'hui 43 alors que l'Euro qui valait entre 40 et 42 Dalasis en est aujourd'hui à 48.
De l'aveu même du gouverneur de la Banque centrale gambienne, Amadou Colley qui tenait une conférence de presse, mercredi, sur la conjoncture économique de son pays, les réserves de change détenues par la Banque centrale sont tombées à 11,9 pour cent en 2014, ce qui est inférieur au taux de 28,1 pour cent, un an auparavant. Amadou Colley a ajouté que cette situation a provoqué la contraction des avoirs extérieurs nets de la Banque centrale gambienne de 47,4 pour cent en 2013. Or, cette contraction, dit-il, était seulement limitée à 17,7 pour cent en 2013. Le gouverneur Colley a aussi indiqué que l'indice national des prix à la consommation a augmenté à 6,9 pour cent en décembre 2014, contre 5,6 pour cent en décembre 2013. Le taux de l'inflation a augmenté pour atteindre 8,43 pour cent en décembre 2014 contre 6,72 pour cent décembre 2013, selon le gouverneur Amadou Colley.
Pour rappel, l'année dernière, le gouvernement gambien à la quête désespérée de devises étrangères pour renflouer ses réserves, a tenté d'imposer une hausse doublée d'un paiement en franc CFA de la traversée du bac de Bamba Tenda-Yilli Tenda aux chauffeurs et autres passagers. Ce qui provoqua l'ire des chauffeurs sénégalais qui optèrent pour un boycott de la Transgambienne. L'économie gambienne avait péniblement encaissé le choc obligeant les autorités de Banjul à revoir leur copie et à revenir au statu quo. Au même moment, des rafles systématiques étaient menées dans les centres des grandes villes gambiennes pour tenter de récupérer les devises étrangères très cotées sur le marché noir.
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"IL Y A TELLEMENT DE TALENTS ET DE CRÉATIVITÉ AU SÉNÉGAL"
Elle fait partie des ambassadeurs de la culture brésilienne. Très férue de reggae, de Folk et de rythmes traditionnels de son pays, Flavia Coelho flirte, grâce à l'opportunité que lui a offerte Cheikh Lô dans son dernier album, avec la musique africaine. Ce qui est pour cette Brésilienne très mobile, une opportunité pour aller à la rencontre de ses sources. Flavia Coelho que nous avons pu coincer entre deux boîtes de nuit, dans le cadre du lancement de l'album "Balballu", parle des musiciens sénégalais, de la samba, des rythmes africains. Que de zones de convergence !
Comment êtes-vous entré en contact avec le groupe de Cheikh Lô ?
Je connaissais déjà son album, son histoire. Je l'apprécie énormément. Il enregistrait dans le studio de mon producteur à Paris et il cherchait une voix. On ne se connaissait pas mais mon producteur lui a suggéré de me contacter pour ça. Il a décidé de m'envoyer le son pour voir ce qu'on peut faire. C'était la veille de mon concert à l'Olympia et je ne voulais vraiment pas faire de la musique ce jour-là. Mais comme c'était Cheikh Lô, j'ai bien voulu m'y pencher. En 20 minutes j'avais en tête les mélodies et les paroles. Deux jours après, nous avons fait le morceau. Cheikh Lô est un monument vivant de la musique africaine. Cela a été une expérience très positive.
Qu'est-ce qu'il y a de différent dans la musique de Cheikh Lô comparé à ce que font les autres musiciens africains ?
Déjà ici, vous avez quelque chose qui est magnifique, c'est que vous ne vous répétez jamais. Ici au Sénégal chaque artiste a son identité. Youssou Ndour a son identité, idem pour Cheikh Lô, Souleymane Faye, etc. Evidemment, il y a le côté mystique de Cheikh Lô qui est vraiment très fort. Et c'est cela qui touche beaucoup de gens. Et là, tout de suite, j'ai la chance de côtoyer un des monuments de la musique africaine et de pouvoir aller chez lui, connaître sa famille. C'est un des plus beaux moments de ma vie. Je n'oublierai jamais.
Vous connaissez des musiciens sénégalais en dehors de Cheikh Lô ?
Oui, bien sûr. J'ai beaucoup écouté la musique du groupe Xalam. Je suis une grande fan de Souleymane Faye. Je connais également les frères Touré, Missal, Ismaïl Lô, Wôz Kaly, Viviane Ndour, etc. Il y a une bonne clique de musiciens sénégalais que je connais et qui font de la bonne musique, une musique de qualité. Il y a tellement de créativité et de qualité chez vous.
Pensez-vous faire des collaborations avec un ou quelques-uns de ceux-là que vous venez de citer ?
J'attends des invitations. Je suis quelqu'un qui est au service de la musique. On m'appelle et je viens. Déjà que j'ai invité Wôz Kaly dans mon dernier album. Je l'ai aussi invité à chanter avec moi sur scène à l'Olympia. C'est un ami dans la vie de tous les jours et il m'a présenté pleins d'amis sénégalais qui sont devenus des frères et sœurs pour moi. Ainsi, quand je suis à Dakar je suis chez moi.
Est-ce qu'il y a un parmi ces musiciens que vous appréciez particulièrement, avec lequel vous vous sentirez plus à l'aise ?
Non, je n'ai pas de préférence vraiment. Comme je vous ai dit tout à l'heure, chacun de ces musiciens a un style qui lui est propre. Et si le feeling passe entre nous, il n'y a pas de problème.
Parlez-nous un peu des convergences entre la musique brésilienne et celle africaine
Je vais vous raconter mon histoire personnelle. Au Brésil, on mange brésilien, on écoute brésilien, on vit brésilien. On a évidemment la conscience de notre héritage afro-brésilien. On dit toujours juste afro-brésilien. Moi j'étais curieuse de savoir "afro-brésilien d'où ?". La "samba" vient de quelle partie de l'Afrique qui est un continent énorme. C'est pareil pour notre façon de danser. La capoeira, ça vient d'où ? Quand je suis partie du Brésil, c'était vraiment pour comprendre ça. L'Europe m'a donné l'opportunité de rencontrer des Ghanéens, des Sénégalais, des Gambiens, des gens de la Côte d'Ivoire, etc. C'est là que j'ai commencé à comprendre d'où venaient vraiment notre musique et les styles.
Vous avez vos réponses, d'où viennent donc tous ces rythmes et sonorités ?
J'ai commencé à peine à avoir mes réponses parce que l'Afrique est tellement grande. Mais aujourd'hui, je commence à côtoyer des gens tellement magnifiques qui tous les jours me montrent des musiques différentes. Je commence parce que c'est un long chemin. Mais je trouve déjà beaucoup de réponses surtout auprès des peuples africains. Souvent quand on parle d'héritage au Brésil, on parle du Sénégal, du Nigeria à cause des Yorouba car il y a une partie du Brésil où on parle le dialecte des Yorouba. Et quand je vois les Sénégalais, je vois en eux beaucoup de ressemblance avec les Brésiliens notamment dans la façon de marcher. Nos rapports avec la musique sont les mêmes totalement. Et il y a quelque chose de très fort chez vous les Sénégalais et qu'on retrouve aussi chez nous les Brésiliens. Nous avons l'art de dire les choses cash. On se dit les choses, on rigole et ça continue entre amis.
Quels sont vos projets ?
Là je suis invitée dans l'album d'un artiste de Guinée Conakry qui s'appelle Kouroufiyak. C'est son premier album. C'est un bassiste issu de l'empire mandingue. Il est aussi un joueur de Kora très connu en Europe qui m'a invité dans son album qui doit sortir en juin prochain. Je ne sais pas si je serai là-bas à ce moment mais j'aurais aimé que cela me trouve à Conakry. D'ici là, je continue de mon côté ma tournée en Europe. Mais moi, mon rêve, c'est de venir le plus possible en Afrique et faire le plus de collaborations possibles avec les musiciens africains. De travailler avec les Africains.
Pour vous, l'avenir de la musique est en Afrique ?
Pour moi, il faut que les artistes africains explorent le monde en participant à un maximum de concerts, partout. Je pense qu'il y a un grand vivier de musiciens ici. Ils n'ont juste pas la chance de partir et de voyager. J'aurais aimé qu'on ait des hommes comme Léopold Senghor qui était très important pour la Culture du pays pour mieux promouvoir les musiques africaines.