Dakar, 28 fév (APS) - La CEDEAO ‘’prendra une part active’’ au déroulement de la 24-ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui s’ouvre ce samedi, en présence de différents acteurs venus des quatre coins du monde pour célébrer le septième art africain, annonce un communiqué reçu à l’APS.
‘’L’organisation ouest-africaine, connue comme l’un des principaux partenaires du Fespaco depuis 1993, a décidé d’innover cette année en instituant un prix de la meilleure réalisatrice doté de 10 millions de F CFA, qui viendra seconder le prix de l’intégration, d’une valeur de 15 millions de F CFA, qu’elle décerne depuis des années’’, indique la même source.
Le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo remettra personnellement les prix et les trophées les accompagnant, lors de la cérémonie de clôture, prévue le 7 mars 2015.
Il ‘’n’a de cesse d’insister sur l’importance de cette manifestation culturelle biennale, la plus importante de l’Afrique subsaharienne consacrée aux films réalisés par des cinéastes du continent’’, selon le communiqué.
Outre sa participation à la remise des prix spéciaux, la CEDEAO se dotera d’un stand décoré à ses couleurs. Il servira notamment à mieux la faire connaître du public à travers des présentations et exposés sur l’historique, les objectifs, le management, les institutions et agences spécialisées, les principes fondamentaux, les réalisations, les projets et programmes ainsi que la Vision 2020.
Pour l'édition 2015 du Fespaco, 134 films ont été retenus sur les 720 réceptionnés par le comité de sélection. Parmi ceux-ci, 20 longs-métrages en provenance de 17 pays concourront pour l’Etalon d’or de Yennenga, la récompense suprême du Fespaco.
Cette édition est placée sous le thème: ''Cinéma africain, production et diffusion à l’ère du numérique''. La nouveauté de taille c’est qu’il sera tenu compte de l’évolution technologique et des préoccupations des professionnels du septième art pour admettre les films numériques dans la compétition officielle, de même que les œuvres de la diaspora jusque-là exclues, rappelle le communiqué.
Dakar, 28 fév (APS) - Le directeur du cabinet de contrôle Société de services d’inspection et de contrôle (SSIC), Allé Diouf, demandé, samedi, aux acteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP), de s’approprier le Plan Sénégal émergent (PSE).
‘’A travers le PSE, le Président de la République Macky Sall affiche son ambition de poser les jalons d’une croissance durable et inclusive, en vue d’en finir avec la pauvreté’’, a soutenu d’emblée M. Diouf.
Il animait une conférence sur le thème : ‘’ la construction au cœur de l’émergence’’, à l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
''A partir de cette vision exprimée, nous acteurs, avons l’obligation de nous approprier le Plan Sénégal émergent (PSE) et chacun en ce qui le concerne’’, a souligné Allé Diouf.
‘’Nous devons tous avoir en commun une farouche volonté de réussir et une extraordinaire capacité de travail pour mener à bien cet important et ambitieux projet pour l’émergence du Sénégal à l’horizon 2035’’, a-t-il affirmé avec insistance .
M. Diouf s'exprimait en présence du directeur général du Bureau opérationnel de suivi (BOS) du PSE, Ibrahima Wade et du secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Ibrahima Guèye.
Un parterre d’acteurs du secteur ainsi des étudiants des écoles d’ingénieurs privées comme publiques ont assisté à la conférence.
Le conférencier, qui est un ingénieur en génie civil capitalisant prés de 30 ans dans le contrôle technique, a souligné qu’ ‘’au-delà des infrastructures, manifestation de richesses d’une nation, l’émergence doit être portée par une représentation industrielle, technique, intellectuelle nationale’’.
Il a invité les pouvoirs publics à jouer leur rôle dans la mise en œuvre du PSE, donnant en exemple la Chine qui est, à ses yeux, ''l’illustration parfaite d’une nation qui a pris son destin en main pour devenir émergente''.
Le PSE (2014-2035) est devenu le nouveau référentiel des politiques publiques. Il a été lancé officiellement le 30 novembre 2013 par le président de la République, Macky Sal.
Son ambition est de poser les jalons d’une croissance durable et inclusive, en vue d’en finir avec la pauvreté.
L'ITA CHERCHE 600 MILLIONS FCFA POUR CRÉER UN LABORATOIRE D’ANALYSE AGRO-ALIMENTAIRE
Paris, 28 fév (APS) – L’Institut de technologie alimentaire (ITA) de Dakar est à la recherche d’un ''partenariat fort’’ pour mettre en œuvre son programme de création d’un laboratoire sous-régional de recherche et d’analyse agro-alimentaires évalué à 600 millions de francs CFA, a révélé son directeur général Mamadou Amadou Seck.
‘’Nous avons initié un projet de création d’un laboratoire qui couvrirait toute la sous-région. A l’image du port autonome de Dakar qui couvre beaucoup de pays et à l’image du nouvel aéroport Blaise Diagne, nous voulons mettre sur pied un véritable hub de recherche et d’analyse en matière agro-alimentaire’’, a expliqué M.Seck.
Le directeur de l'ITA, qui participe au 52-ème Salon international de l’agriculture (SIA) à Paris, a confié à l'APS avoir rencontré plusieurs partenaires.
Avec l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), l’ITA est l’autre structure qui s’occupe de recherche et d’analyses agro-alimentaires au Sénégal. Son travail est axé notamment dans la transformation des produits locaux avec un accent sur l’homologation pour une meilleure promotion du label sénégalais. Ses produits sont exposés au stand du Sénégal au SIA.
‘’Ce laboratoire va coûter 600 millions de francs CFA. Nous avons fini les études de faisabilité et les équipements sont identifiés. Tout est fin prêt pour nous lancer dans la mise en œuvre de ce projet de création d’un laboratoire sous-régional'', a assuré M. Seck.
L’objectif, selon lui, est ''de capter le flux d’argent qui quitte le Sénégal pour faire des analyses en Europe, mais également à capter le flux d’argent qui quitte les autres pays de la sous-région’’.
Il a dit avoir noué beaucoup de contacts, au SIA, notamment avec les instituts de recherche d’autres pays comme ''l’Institut français de recherches agronomiques, des structures similaires venant de la Côte d’Ivoire, du Mali et même de la Bulgarie qui est un pays à forte production de lait’’.
‘’Nous allons renforcer la coopération en matière de recherche agro-alimentaire avec des pays de l’Afrique d’abord comme le Mali. Il y a plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest notamment qui viennent au Sénégal pour bénéficier de notre expérience, d’où la nécessité de renforcer la coopération sud-sud avant d’aller ailleurs vers les pays du Nord’’, a poursuivi Mamadou Amadou Seck.
Le SIA 2015 s'est ouvert le 21 février, en présence du président français François Hollande. Il sera clôturé ce dimanche.
L’élevage, la gastronomie, les filières végétales, les métiers et services de l'agriculture sont au rendez-vous de ce salon, où sont représentés toutes les régions de France et de nombreux pays.
Le Sénégal y participe pour la 14ème fois. Il est représenté par une quarantaine d’exposants encadrés par une délégation pilotée par l’Union nationale des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture (UNCCIAS) en partenariat avec le ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, ainsi que plusieurs autres structures d’appui
JAMMEH REMET ÇA
Pour juguler la crise économique, le Président gambien a, comme en 1996, inondé son pays de nouveaux billets de banque. Mais cette fois, les coupures portent son effigie
Alors que le Dalasis est en chute libre sur le marché du taux de change à Banjul, l’homme fort du pays a demandé à la Banque centrale gambienne d'imprimer de nouveaux billets de banque, frappés de son effigie, avant de retirer progressivement les anciens billets en circulation.
Face à la crise économique qui secoue son pays, Yahya Jammeh vient d’inonder la Gambie de nouvelles coupures de Dalasis. Et c'est mercredi dernier que les nouveaux billets de banque ont officiellement été mis en circulation.
L’on note surtout l’apparition d’un nouveau billet de 20 Dalasis, frappé de la tête du dictateur, pour remplacer le très populaire 25 Dalasis, condamné à disparaître selon un communiqué officiel diffusé le même jour par le State House, le palais présidentiel gambien. Le même communiqué révèle que la cérémonie marquant le lancement de la nouvelle monnaie a également été l'occasion d'introduire un nouveau billet de 200 Dalasis.
Les nouveaux billets sont de plus petite taille que les coupures ayant cours jusqu'ici. Les anciens billets continueront légalement à circuler jusqu'à leur retrait total dont la date n’a pas encore été révélée. Dans le communiqué diffusé par le palais de Banjul, le Président Jammeh a exhorté les Gambiens à s'approprier les nouveaux billets de banque et à les manipuler avec soin. Le communiqué de Jammeh précise que c'est pour se familiariser avec les nouvelles coupures, afin d'aider à assurer leur protection contre la contrefaçon.
Mais le moment choisi par le Président gambien pour mettre en circulation sa nouvelle monnaie n'est pas un hasard.
La relation ludique entre Jammeh et les billets de banque
En 1996, alors que l'économie de la Gambie était au bord de l'effondrement du fait des sanctions imposées par les bailleurs de fonds et la communauté internationale après le coup d'Etat contre Dawda Kairaba Jawara, le capitaine Yahya Jammeh qui cherchait à sauver ce qui pouvait l'être, avait su trouver une parade identique. Il avait alors fait émettre de nouveaux billets de banque qui avaient inondé le marché financier gambien. Le prétexte évoqué par Jammeh était qu'il fallait enlever l'effigie du président Jawara des coupures du Dalasis. L'économie obscure et parallèle fermement maîtrisée par la junte d'alors avec des faiseurs de miracles américains et iraniens avaient permis à la junte de traverser la tempête des sanctions avec relativement moins de dégâts.
Maintenant que l'économie gambienne est paralysée par les faibles arrivées de touristes, les mauvaises pluies, la mal gouvernance, la corruption, le clientélisme et l'instabilité politique, Jammeh a finalement opté pour la vieille méthode, même si elle doit contredire ses déclarations de 1996 selon lesquelles, “le visage d'un président gambien ne saurait à lui seule accaparer la devise nationale commune à tous les Gambiens”. Et pour atténuer cette contradiction, Jammeh a une nouvelle fois retrouvé son manège.
Une économie à la peine, une inflation inquiétante, des réserves qui se rétrécissent
Officiellement, ce sont les célébrations du cinquantenaire de la République de Gambie qui expliquent l'émission de ces nouveaux billets qui vont inonder le marché du liquide à Banjul. Mais la situation est plus grave et complexe que Jammeh ne voudrait le faire croire. En effet, la Gambie traverse la pire crise économique de son histoire. Le Dalasis, objet de spéculation incroyable sur les marchés et autres boutiques en Gambie, chute vertigineusement face à des devises étrangères telles que le CFA, le Dollar ou la Livre sterling. Il y a deux ans par exemple, 5000 F CFA étaient échangés contre 265 Dalasis au marché noir mais aujourd'hui, 5000 F CFA s'échangent contre 370 Dalasis. Il y a un an, le dollar qui s'échangeait entre 35 et 37 Dalasis vaut aujourd'hui 43 alors que l'Euro qui valait entre 40 et 42 Dalasis en est aujourd'hui à 48.
De l'aveu même du gouverneur de la Banque centrale gambienne, Amadou Colley qui tenait une conférence de presse, mercredi, sur la conjoncture économique de son pays, les réserves de change détenues par la Banque centrale sont tombées à 11,9 pour cent en 2014, ce qui est inférieur au taux de 28,1 pour cent, un an auparavant. Amadou Colley a ajouté que cette situation a provoqué la contraction des avoirs extérieurs nets de la Banque centrale gambienne de 47,4 pour cent en 2013. Or, cette contraction, dit-il, était seulement limitée à 17,7 pour cent en 2013. Le gouverneur Colley a aussi indiqué que l'indice national des prix à la consommation a augmenté à 6,9 pour cent en décembre 2014, contre 5,6 pour cent en décembre 2013. Le taux de l'inflation a augmenté pour atteindre 8,43 pour cent en décembre 2014 contre 6,72 pour cent décembre 2013, selon le gouverneur Amadou Colley.
Pour rappel, l'année dernière, le gouvernement gambien à la quête désespérée de devises étrangères pour renflouer ses réserves, a tenté d'imposer une hausse doublée d'un paiement en franc CFA de la traversée du bac de Bamba Tenda-Yilli Tenda aux chauffeurs et autres passagers. Ce qui provoqua l'ire des chauffeurs sénégalais qui optèrent pour un boycott de la Transgambienne. L'économie gambienne avait péniblement encaissé le choc obligeant les autorités de Banjul à revoir leur copie et à revenir au statu quo. Au même moment, des rafles systématiques étaient menées dans les centres des grandes villes gambiennes pour tenter de récupérer les devises étrangères très cotées sur le marché noir.
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"IL Y A TELLEMENT DE TALENTS ET DE CRÉATIVITÉ AU SÉNÉGAL"
Elle fait partie des ambassadeurs de la culture brésilienne. Très férue de reggae, de Folk et de rythmes traditionnels de son pays, Flavia Coelho flirte, grâce à l'opportunité que lui a offerte Cheikh Lô dans son dernier album, avec la musique africaine. Ce qui est pour cette Brésilienne très mobile, une opportunité pour aller à la rencontre de ses sources. Flavia Coelho que nous avons pu coincer entre deux boîtes de nuit, dans le cadre du lancement de l'album "Balballu", parle des musiciens sénégalais, de la samba, des rythmes africains. Que de zones de convergence !
Comment êtes-vous entré en contact avec le groupe de Cheikh Lô ?
Je connaissais déjà son album, son histoire. Je l'apprécie énormément. Il enregistrait dans le studio de mon producteur à Paris et il cherchait une voix. On ne se connaissait pas mais mon producteur lui a suggéré de me contacter pour ça. Il a décidé de m'envoyer le son pour voir ce qu'on peut faire. C'était la veille de mon concert à l'Olympia et je ne voulais vraiment pas faire de la musique ce jour-là. Mais comme c'était Cheikh Lô, j'ai bien voulu m'y pencher. En 20 minutes j'avais en tête les mélodies et les paroles. Deux jours après, nous avons fait le morceau. Cheikh Lô est un monument vivant de la musique africaine. Cela a été une expérience très positive.
Qu'est-ce qu'il y a de différent dans la musique de Cheikh Lô comparé à ce que font les autres musiciens africains ?
Déjà ici, vous avez quelque chose qui est magnifique, c'est que vous ne vous répétez jamais. Ici au Sénégal chaque artiste a son identité. Youssou Ndour a son identité, idem pour Cheikh Lô, Souleymane Faye, etc. Evidemment, il y a le côté mystique de Cheikh Lô qui est vraiment très fort. Et c'est cela qui touche beaucoup de gens. Et là, tout de suite, j'ai la chance de côtoyer un des monuments de la musique africaine et de pouvoir aller chez lui, connaître sa famille. C'est un des plus beaux moments de ma vie. Je n'oublierai jamais.
Vous connaissez des musiciens sénégalais en dehors de Cheikh Lô ?
Oui, bien sûr. J'ai beaucoup écouté la musique du groupe Xalam. Je suis une grande fan de Souleymane Faye. Je connais également les frères Touré, Missal, Ismaïl Lô, Wôz Kaly, Viviane Ndour, etc. Il y a une bonne clique de musiciens sénégalais que je connais et qui font de la bonne musique, une musique de qualité. Il y a tellement de créativité et de qualité chez vous.
Pensez-vous faire des collaborations avec un ou quelques-uns de ceux-là que vous venez de citer ?
J'attends des invitations. Je suis quelqu'un qui est au service de la musique. On m'appelle et je viens. Déjà que j'ai invité Wôz Kaly dans mon dernier album. Je l'ai aussi invité à chanter avec moi sur scène à l'Olympia. C'est un ami dans la vie de tous les jours et il m'a présenté pleins d'amis sénégalais qui sont devenus des frères et sœurs pour moi. Ainsi, quand je suis à Dakar je suis chez moi.
Est-ce qu'il y a un parmi ces musiciens que vous appréciez particulièrement, avec lequel vous vous sentirez plus à l'aise ?
Non, je n'ai pas de préférence vraiment. Comme je vous ai dit tout à l'heure, chacun de ces musiciens a un style qui lui est propre. Et si le feeling passe entre nous, il n'y a pas de problème.
Parlez-nous un peu des convergences entre la musique brésilienne et celle africaine
Je vais vous raconter mon histoire personnelle. Au Brésil, on mange brésilien, on écoute brésilien, on vit brésilien. On a évidemment la conscience de notre héritage afro-brésilien. On dit toujours juste afro-brésilien. Moi j'étais curieuse de savoir "afro-brésilien d'où ?". La "samba" vient de quelle partie de l'Afrique qui est un continent énorme. C'est pareil pour notre façon de danser. La capoeira, ça vient d'où ? Quand je suis partie du Brésil, c'était vraiment pour comprendre ça. L'Europe m'a donné l'opportunité de rencontrer des Ghanéens, des Sénégalais, des Gambiens, des gens de la Côte d'Ivoire, etc. C'est là que j'ai commencé à comprendre d'où venaient vraiment notre musique et les styles.
Vous avez vos réponses, d'où viennent donc tous ces rythmes et sonorités ?
J'ai commencé à peine à avoir mes réponses parce que l'Afrique est tellement grande. Mais aujourd'hui, je commence à côtoyer des gens tellement magnifiques qui tous les jours me montrent des musiques différentes. Je commence parce que c'est un long chemin. Mais je trouve déjà beaucoup de réponses surtout auprès des peuples africains. Souvent quand on parle d'héritage au Brésil, on parle du Sénégal, du Nigeria à cause des Yorouba car il y a une partie du Brésil où on parle le dialecte des Yorouba. Et quand je vois les Sénégalais, je vois en eux beaucoup de ressemblance avec les Brésiliens notamment dans la façon de marcher. Nos rapports avec la musique sont les mêmes totalement. Et il y a quelque chose de très fort chez vous les Sénégalais et qu'on retrouve aussi chez nous les Brésiliens. Nous avons l'art de dire les choses cash. On se dit les choses, on rigole et ça continue entre amis.
Quels sont vos projets ?
Là je suis invitée dans l'album d'un artiste de Guinée Conakry qui s'appelle Kouroufiyak. C'est son premier album. C'est un bassiste issu de l'empire mandingue. Il est aussi un joueur de Kora très connu en Europe qui m'a invité dans son album qui doit sortir en juin prochain. Je ne sais pas si je serai là-bas à ce moment mais j'aurais aimé que cela me trouve à Conakry. D'ici là, je continue de mon côté ma tournée en Europe. Mais moi, mon rêve, c'est de venir le plus possible en Afrique et faire le plus de collaborations possibles avec les musiciens africains. De travailler avec les Africains.
Pour vous, l'avenir de la musique est en Afrique ?
Pour moi, il faut que les artistes africains explorent le monde en participant à un maximum de concerts, partout. Je pense qu'il y a un grand vivier de musiciens ici. Ils n'ont juste pas la chance de partir et de voyager. J'aurais aimé qu'on ait des hommes comme Léopold Senghor qui était très important pour la Culture du pays pour mieux promouvoir les musiques africaines.
Malgré l'ampleur du viol, des féministes sont aussi décidées à traquer ces filles qui "violent" les hommes avant de verser dans la victimisation. Des "maîtresses chanteuses sexuelles" qui se réclament "filles du procureur" crient au viol à tort !
"Les filles du Procureur ! Dieu m'en préserve !" C'est la phrase qui revient sans cesse chez la plupart des hommes rencontrés. Pour rien au monde, ils ne dragueront ou ne tisseront des relations étroites avec ces "mineures" aguichantes qui s'imposent, disent-ils, dans leur lit.
"Elles vous taxent, à tort, de violeur. Vous vous retrouvez avec une sentence lourde du Procureur." M. Fall, nom d'emprunt, est un journaliste qui a séjourné en prison pour avoir été accusé du viol de son élève. Le journaliste, qui porte aussi la casquette d'enseignant, passait pour un exemple de vertu. La surprise a été générale, à l'annonce de son arrestation. Ce n'est qu'au bout de deux ans de détention préventive qu'il a été blanchi. Les faits lui ont donné raison. Il a été victime d'un piège tendu par un groupe d'individus qui ont cherché à le liquider. Après moult tentatives qui ont échoué, ils se sont servis d'une de ses jeunes élèves qui a dribblé son monde. Son cas n'est que l'arbre qui cache la forêt.
Médoune Thiam, un maître coranique, qui habite à Keur Massar, n'a pas échappé à ce traquenard. Tout son univers s'est écroulé. Handicapé moteur, cet homme marié, qui enseigne depuis 1989, a vu ses possibilités de survie anéanties par une accusation "injuste" de viol. Aujourd'hui, il semble porter la poisse, même s'il a été innocenté. Les liens avec son entourage ont du mal à se ressouder. "J'ai été traîné dans la boue par la sœur de mon épouse qui avait 17 ans. Elle a été instrumentalisée par quelques uns de mes élèves que j'ai dénoncés pour des histoires de mœurs. L'un avait engrossé une fille, l'autre a été pris la main dans le sac. Ils n'ont pas digéré que je les ai dénoncés et ont cherché à prendre leur revanche. Ils ont profité du fait que j'ai levé la main sur la sœur de mon épouse pour ourdir ce plan."
"Piégé par la sœur de ma femme et ses camarades"
Grande a été sa surprise quand il a été cueilli par la gendarmerie, le 30 octobre 2013. "Ce sont les garçons qui se sont rendus à la gendarmerie avec la fille munie d'un certificat médical. J'étais estomaquée. J'ai été arrêté et mis en prison. Devant la barre, la fille a cherché à dire la vérité en m'innocentant, mais le procureur a refusé de donner du crédit à ses propos. Le procureur a été catégorique. Il a souligné que la fille a dû subir de fortes pressions pour revenir sur ses propos. Il m'a condamné à 10 ans de prison. J'ai toujours clamé mon innocence, soutenu par mon épouse. J'ai interjeté appel et la décision a été rendue le 12 novembre dernier. J'ai recouvré la liberté."
Depuis, tout n'est plus comme avant. Il traîne l'étiquette du marabout violeur. Médoune Thiam demande, pour autant, à la justice de redoubler de rigueur dans ce genre de cas. "Des innocents sont accusés à tort. Les procès-verbaux de la gendarmerie et de la police sont truffés de contrevérités. Je parle en connaissance de cause. La justice doit être impartiale et nous considérer comme des citoyens à part entière. Je trouve qu'il est préférable de laisser libre un coupable, plutôt que d'emprisonner un innocent. Ils nous porent un énorme préjudice". "Je suis handicapé, je ne travaille plus, mais je ne vais pas mendier."
Viol ou règlements de comptes
Le viol, qui se drape souvent sous le manteau de règlements de comptes, permet aussi de renflouer des comptes. Il est de plus en plus utilisé comme fonds de commerce par des jeunes filles astucieuses et audacieuses. Elles sont de tout âge. Du coup, de nombreux Sénégalais interpellés sur la question jugent qu'ils cultivent de plus en plus la distance avec ces "filles du Procureur". C'est le cas d'Ibrahima Diallo. "Ce sont des jeunes filles expérimentées sexuellement. Elles provoquent les hommes, les entraînent dans des jeux sexuels avant de crier au viol quand bon leur semble. Pour étouffer l'affaire, certaines personnes tombent dans leur piège et déboursent de l'argent."
Confidence d'un commerçant établi à Guédiawaye : "Parfois, ce sont ces prétendues victimes qui te demandent de l'argent histoire de tout reléguer aux oubliettes". "Dans d'autres cas, des filles invoquent des prétextes d'honneur ou de réputation. C'est parce que leurs parents ont découvert le pot aux roses et qu'ils tiennent à la virginité. C'est toujours un innocent qui est sacrifié", fulmine-t-il.
LE COMBAT DU DEPUTÉ SEYNABOU WADE
"Démasquer ces filles et leurs complices de mère"
La parlementaire Mme Seynabou Wade a décidé de mener le combat contre ces jeunes filles qui déstructurent le tissu social. "Le genre ne doit pas remettre en cause la notion de justice. Il faut dénoncer certaines pratiques et je ne fléchirai pas". Le député a demandé à ses pairs de se saisir de ce dossier, même s'il crée une levée de boucliers. Rencontrée au sein de l'hémicycle, la députée a exprimé à nouveau le courage de ses ambitions et de ses idées. Elle se dit disposée à lutter contre "les mères de famille allumeuses et véreuses qui poussent leurs filles à provoquer des hommes et les accuser de viol, avant de les faire chanter".
La parlementaire a été particulièrement marquée par le cas d'un homme intègre qui a dû entamer sa retraite en prison à cause d'accusations infondées d'une jeune "véreuse". Autre facteur qu'elle veut combattre : l'indécence des jeunes filles. "Elles n'ont pas le droit de se déshabiller dans la rue. Il faut que cela cesse."
SELLY BA, SOCIOLOGUE
"Le comportement vestimentaire..."
La sociologue Selly Ba pointe la responsabilité des jeunes femmes dans le phénomène du viol. "Le comportement vestimentaire de certaines jeunes femmes peut être signe de déclenchement de désir chez certaines personnes considérées comme faibles ou malades. Ces jeunes filles ou femmes s'exposent le plus souvent à des tentations sexuelles. Car, il est important dans tout ce que nous faisons de penser à l'autre, parce que : "la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres". En d'autres termes, notre société est composée d'une diversité de personnalités, et ceux qu'on appelle les faibles et pervers parviennent difficilement à se contrôler"
"LES VICTIMISATIONS SCOLAIRES AU SÉNÉGAL À L'ÉPREUVE DE L'ANALYSE DE GENRE"
L'étude qui décortique les violences sexuelles
Dans l'étude "Les victimisations scolaires au Sénégal à l'épreuve de l'analyse de "genre" : De la construction socioculturelle et institutionnelle des violences sexuelles en Afrique subsaharienne", l'Enseignant-chercheur à l'UFR des Sciences de l'Education, de la Formation et du Sport à l'Université Gaston Berger de SaintLouis, Mamadou Lamine Coulibaly, montre qu'il est temps d'aborder la question du viol sous plusieurs angles. Quand les enseignants et maîtres coraniques sont de plus en plus indexés dans des histoires de mœurs, le professeur crève l'abcès. "Nous avons toujours pensé les pressions sexuelles dans un sens, celui des adultes hommes sur les jeunes filles scolarisées. Or l'expression "violences sexuelles en milieu scolaire" devrait intégrer une nouvelle donne, à savoir les stratégies de séduction à la fois "intéressées" et "ludiques" des jeunes filles envers leurs professeurs".
Une enseignante a dénoncé, dans son étude, "le jeu pervers auquel on assiste actuellement avec des filles qui peuvent aller jusqu'à se lancer des défis et des paris sur leurs cibles éventuelles, dans le but de rendre l'enseignant dépendant d'elles et d'obtenir ce qu'elles veulent (...) et ça fausse beaucoup de choses". Dans l'étude assez fournie du chercheur de l'université Gaston Berger, des professeurs vont jusqu'à affirmer la capacité de nuisance de la gent féminine et leur incapacité à résister. Et, disent-ils : "La femme est à l'origine de tous les malheurs chez les hommes, à cause de sa faculté et sa capacité de manipulation. Les élèves (sous-entendu les filles) savent très bien mettre en œuvre des stratégies de séduction pour avoir les notes qu'il faut et passer comme ça en classe supérieure (...) Les filles savent toucher la sensibilité des hommes et elles essaieront jusqu'à ce qu'elles touchent leur cible."
Mamadou Lamine Coulibaly pousse la société à ouvrir les yeux face à cette race de jeunes filles qui sont pour la plupart "responsables de leurs propres victimisations". Il parle dès lors d'émergence "d'acteurs sociaux dotés de marges de manœuvre et capables de se déterminer dans des stratégies, voire des stratagèmes destinés à jouer le jeu des "transactions". La séduction et la provocation délibérées deviennent "manipulation" et "oppression" pour ceux d'entre eux qui ne peuvent maîtriser leurs désirs envers leurs jeunes élèves". Pour M Coulibaly, cet état de fait constitue "une menace pour un système éducatif qui fonctionne en dehors de toute déontologie et qui risque de voir se développer les pratiques de transactions sexuelles". Des professeurs ont confié "qu'il n'y a que la déontologie du professeur qui peut nous préserver d'une banalisation et d'une démystification de notre statut".
Embêtés avant d'être abusés ?
Quand il aborde le sujet dans son ouvrage, le chercheur Mamadou Coulibaly suggère d'opérer une rupture. Il faudrait, pour lui, raisonner en termes de " pressions sexuelles" plutôt que de recourir à la notion de "violences sexuelles". Il aborde, dans sa publication, la thématique des violences en milieu scolaire basées sur le genre, en s'appuyant sur un ensemble de "données scolaires recueillies sur la base d'un questionnaire composé de trente sept items administré à 2 707 collégiens et lycéens répartis sur douze établissements du moyen (collège) et du secondaire (lycées)".
Ensuite, le chercheur explique qu"'en tout, 9,6% des élèves des lycéens et collégiens sénégalais déclarent avoir été "embêtés pour des histoires sexuelles". Les situations où les élèves disent qu'ils sont "embêtés pour des histoires sexuelles" correspondent souvent à des pratiques ou des attitudes de séduction "forcée". Autre explication : "Quand l'élève sent qu'un adulte le ou la regarde d'une manière significative et suggestive. Entrent également dans cette catégorie le chantage direct ou indirect aux notes qui vont avec les demandes de liaisons contraintes, les déclarations explicites d'amour, sans oublier les brimades autour des relations amoureuses venant d'autres camarades. Ce sont des situations que les élèves décrivent spontanément, même si nous n'avons recueilli aucun témoignage de victime avérée d'agression sexuelle physique".
Chiffres
L'étude mentionne aussi que "si les jeunes filles sont généralement les principales victimes des pressions sexuelles, c'est-à-dire dans 62% des cas, l'enquête au Sénégal révèle que les garçons l'intègrent également comme pouvant constituer une partie intégrante de leur expérience scolaire : ils sont en effet 3,1 % à affirmer avoir été embêtés pour des histoires sexuelles". Autre remarque : "cette enquête montre par ailleurs que les adultes des établissements (surveillants et professeurs) ne constituent pas les seuls auteurs, loin s'en faut. Et contrairement à une idée reçue, les professeurs auteurs ne représentent que 11% des occurrences même si la prise en compte des autres adultes des établissements fait passer le pourcentage des pressions adultes globales à près de 20% de l'ensemble, soit un cas sur cinq. Autre fait marquant révélé par l'enquête : les pressions sexuelles sont assez fréquemment le fait d'adultes hors des établissements scolaires, dans 27% des cas (20,6% quand c'est un garçon qui est victime et 30% quand c'est une fille)".
Des témoignages d'un enseignant cité dans son ouvrage sont édifiants. Pour l'enseignant : "quand une fille tente de séduire un professeur, c'est une prémonition de quelque chose qui arrive, une chance, une ouverture ou une promotion (...) et c'est pourquoi quand une fille me fait les yeux doux, je regarde toujours à travers elle pour voir ce qui va m'arriver de merveilleux et je jubile à cette occasion, car c'est vraiment une situation prémonitoire de quelque chose d'intéressant pour la personne". Pour le professeur, les causes de ces pressions sexuelles qui débouchent souvent sur un viol, sont à mettre sur le compte "d'un prolongement de l'organisation sociale dans l'institution scolaire et comme le résultat de la prégnance des représentations sociales qui la sous-tendent". En termes plus simples, "de par leur statut dans les sociétés africaines, les femmes constituent un "capital" matériel et symbolique pouvant participer au prestige et au pouvoir des hommes qui les conquièrent".
Un Diagnostic local de sécurité pour déterminer les différents types de criminalité à travers la cartographie de la délinquance. C’est entre autres réponses que préconise le DG de l'Agence d'assistance à la sécurité de proximité (ASP) face à la criminalité et le terrorisme.
La lutte contre le terrorisme et la criminalité passe par "une réponse scientifique" qui inclut une cartographie de la délinquance. Le Dg de l’ASP qui le dit, soutient également qu’à "problème scientifique, il faut apporter une réponse scientifique, dans un milieu où la criminalité se perfectionne et arrive à un niveau scientifique". Lors d'une conférence publique sur la criminalité et le terrorisme organisée hier, le criminologue Papa Khaly Niang a prôné "une recherche pluridisciplinaire avec un diagnostic local de sécurité qui doit être mis en œuvre". Ce qui mettra à la disposition des décideurs une cartographie de la délinquance dans les différentes communes.
De l’avis du Dg de l’ASP, avant de répondre à un phénomène, il faut l'observer et l’analyser d’abord. Cependant, pour une rapidité des transactions quotidiennes, on ne peut plus se passer des technologies de l’information, poursuit M. Niang. Surtout à un moment où on parle beaucoup de la cybercriminalité. Le thème de la rencontre qui a été "Quelles réponses politiques aux questions de criminalité et de corruption ?", renvoie, selon Papa Khaly Niang, à la politique criminelle d’un Etat. Cette dernière dit-il, doit intégrer des dimensions judiciaires, étatiques, municipales, privées, sociétales.
Il a appelé à une "enquête sur le sentiment d’insécurité afin de déterminer la criminalité cachée ou le chiffre noir de la criminalité". A ce niveau, il dit qu’il "est nécessaire d'apporter une réponse scientifique en formant les jeunes pour avoir une police à la dimension des événements en cour (...). Il faut prendre des informaticiens, des biologistes et des ingénieurs pour en faire des policiers. C'est ce que la France a fait pour créer l'Académie des Hautes études de la sécurité". Il rappelle que le Sénégal "l'a fait au moment de l'introduction de l'informatique avec le premier directeur de l'Automatisation du fichier (DAF) du ministère de l'Intérieur issu de la société civile devenu commissaire de police pour s'occuper de ces questions". Il faut compter sur plusieurs compétences, "des sociologues, des planificateurs, des médecins légistes, des experts balistiques, entre autres afin d'arriver à une gestion plurielle et multidisciplinaire de la sécurité", a déclaré le Dg de l’ASP.
Par rapport à la criminalité, il a préconisé la mise en place d'un dispositif technique dans les rues et au niveau des frontières pour anticiper sur les questions de la criminalité organisée et du terrorisme. Là-dessus, il a évoqué la nécessité de mettre en œuvre une "approche analytique, quantitative de la délinquance au niveau de nos villes, parce qu'on ne peut pas lutter contre un phénomène sans pour autant le quantifier pour en faire le diagnostic local de la sécurité". Après la phase d’observation, il s’agira d’aller à la concertation pour que les questions de délinquance soient étudiées avec l'ensemble des acteurs en partant de la réglementation et de l'encadrement juridique nécessaire. Une perspective qui de son avis, nécessite des ressources humaines telles que les agents de sécurité de proximité appelés à compléter la police et la gendarmerie.
La conférence de Papa Khaly Niang s’inscrit dans le cadre d’un programme de formation à l’endroit des Agents de la sécurité de proximité organisé par la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO). Cette session lancée en début de semaine à Dakar vise le renforcement des capacités de 90 ASP. La formation, qui est une phase pilote, s’inscrit dans le cadre d’un projet financé par le Fonds canadien. Elle permettra d’outiller davantage ces agents de la région de Dakar, en provenance de différents services.
A l’issue de la formation, ces futurs formateurs participeront à la sensibilisation de près de 300 agents d’assistance à la sécurité, sur les méfaits et les dangers de la criminalité et de la corruption", a déclaré Aboubacry Mbodj, président de la RADDHO.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a battu hier le macadam dans les artères de la ville de Thiès pour exiger la libération du fils de l'ex-président de la République, Karim Wade. Au même moment, les militants de l'Alliance pour la République ont initié une contre-manifestation pour mettre en garde contre toute dérive.
Libéraux et "apéristes" se mènent dans la capitale du Rail une rude bataille d'opinion. Hier, au moment où les premiers nommés battaient le macadam pour exiger la libération de leur camarade de parti, Karim Wade, les militants de l'Alliance pour la République (APR) ont initié une contre-manifestation pour mettre en garde contre toute dérive.
En effet, après Kébémer, les libéraux ont organisé dans la capitale du Rail une marche de protestation pour réclamer la libération de Karim Wade et de tous les "détenus politiques du régime de Macky Sall". "Libérez Karim Wade et Massaly", "Macky arrête", "halte à la dictature", sont autant de slogans brandis par les libéraux. Qui estiment que "depuis son accession à la magistrature suprême, Macky Sall et son régime mafieux et dictatorial ont confisqué les droits et libertés publics des Sénégalais". "Nous ne pouvons pas permettre dans un Etat démocratique que l'on emprisonne des gens comme Karim Wade qui n'ont pas été épinglés par l'Inspection générale d'Etat ni par la Cour des comptes mais qu'on accuse d'enrichissement illicite sans preuve", tempête Ndiaga Diaw. Très en colère, le responsable des jeunes du Pds dénonce aussi l'interpellation de leur camarade Mouhamadou Lamine Massaly par la gendarmerie. "Nous demandons sa libération le plus tôt possible sinon nous serons à la gendarmerie de Dakar pour le faire", déclare-t-il. Dans la foulée, Ndèye Amy Dioum demande la libération des autres détenus à savoir Aïda Diongue, Abdou Aziz Diop, Cheikh Ahmadou Bamba Ba, Victor Sadio Diouf, Diony Ba, entre autres.
La réplique des apéristes
De l'autre côté à la permanence départementale de l'APR, une contre-manifestation est initiée pour porter la riposte. Les militants "apéristes" ont ainsi mis en garde les libéraux contre toute dérive attentatoire à la stabilité sociale. Selon leur porteparole Assane Mbaye, "le Pds tente de mettre la pression sur la justice sénégalaise pour faire libérer des gens qui ont pillé le pays". M Mbaye qui a fait appel à la fermeté de l'Etat pour faire face "aux positions extrémistes et insurrectionnelles d'une minorité arrogante qui se trompe d'époque", a par la même occasion lancé la caravane "paix et vérité" à travers toute la ville de Thiès et dans le reste du département. "Face au fippu préconisé par le vieux diable de Kébémer, nous répondrons par la paix et la sérénité. Car nous estimons que le Sénégal, connu par sa stabilité politique et sa cohésion sociale, n'a pas besoin de verser dans la violence", déclare-t-il.
La façon de faire la politique au Sénégal est mauvaise. La dernière sortie de Wade en est une preuve. L'imam Habib Ly de la mosquée de liberté 6 extension invite au calme et à un retour vers le Coran et la Sunna. Hier, dans son prêche du vendredi, il a aussi invité Wade à respecter la décision de justice.
Les déclarations du président Abdoulaye Wade ne laissent personne indifférent. Hier vendredi, jour de "Jumaa" était sans doute l'occasion pour les prêcheurs de donner leur point de vue, du moins l'un d'entre eux. L'imam Habib Ly (photo), en dirigeant hier la prière hebdomadaire à la mosquée liberté 6 extension, a rappelé aux acteurs politiques qu'il y a une faveur que Dieu a accordée au Sénégal et qui doit être préservée : le calme et la paix.
A son avis, contrairement à ce que d'aucuns prétendent, disant que c'est parce que des saints sont enterrés ici que la paix y règne, celle-ci existe parce que ceux qui vivent ensemble dans la même superficie la cultive en se conformant à la recommandation divine. "Dans d'autres pays, il y a plus de saints qui y sont inhumés et pourtant la paix n'y est pas", rectifie-t-il. Dans le Coran, dit-il, Dieu rappelle beaucoup aux croyants la sécurité, car elle est à la base du savoir, de la prospérité, bref, du bonheur.
Pour cette raison, tout un chacun doit avoir un comportement responsable et soupeser plusieurs fois ses paroles et évaluer leur impact dans la société avant de les adresser au grand public. Eviter certains propos, surtout que la communauté est une somme des diversités. Imam Ly estime que rien dans le contexte actuel du pays ne justifie les propos de certains acteurs politiques, particulièrement ceux de l'ancien président Abdoulaye Wade qui a accusé récemment son successeur Macky Sall d'être fils d'esclave et d'anthropophage. "Il n'y a pas une situation qui vaille que les gens s'entretuent. Pensons à Dieu, nous sommes tous des parents. Evitons les viles paroles. Regardons autour de nous pour mieux apprécier ce que Dieu nous a donné et le remercier", recommande-t-il.
Dans son prêche, le religieux a déclaré que la façon dont la politique est faite dans ce pays n'est pas bonne. S'il est vrai que sa mission première est de trouver des solutions aux difficultés auxquelles la société est confrontée, au Sénégal, elle est faite d'invectives, d'insultes et de polémiques. Tout ceci, dit-il, parce que les hommes cherchent leur plaisir personnel, oubliant la grâce divine. Il les invite donc à un retour vers le Coran et la Sunna, car le Seigneur demande à chaque musulman de se comporter à l'endroit de son ennemi comme s'il était un ami. Une vertu cardinale chez chacun doit donc être le pardon, en particulier celui qui a la possibilité de se venger. De ce fait, il s'attend à ce que le président Macky Sall ait cette qualité lui qui est à la tête du pays.
Les fils des autres ont été aussi emprisonnés
Par ailleurs, l'imam Ly a demandé à Abdoulaye Wade, comme à tous les citoyens sénégalais, de faire confiance à la justice. Le prêcheur rappelle au père de Karim qu'il y a juste quelques années, d'autres citoyens ont été condamnés par cette même justice. Une façon de lui dire que les fils des autres ont été emprisonnés alors qu'il était président. En plus, ajoute-t-il, des individus ont été incarcérés sans que leur carrière politique ne prenne fin. "N'est-ce pas qu'il a été lui-même (Wade) envoyé en prison à plusieurs reprises. Ce qui ne l'a pas empêché de devenir président", relève-t-il.
A propos de l'éducation, l'imam s'est préoccupé des grèves répétitives des enseignants. Il appelle Etat et syndicalistes à s'asseoir autour de la même table et surtout à respecter les engagements prises de part et d'autre. La paix est à ce prix.
PAR MASSAMBA GUEYE
NON, MAÎTRE WADE, VOUS N’EN AVEZ PAS LE DROIT ‘’WAX BA YAAX AMUL, WAX BA YAXOO AM’’
Je ne sais plus où donner de la tête dans ce pays qu’est le Sénégal où l’insulte est érigée en règle de discussion chez les jeunes et les adultes.
Je me demande parfois à quoi sert de rappeler à nos compatriotes les références à nos valeurs sociales positives si ce sont ceux qui doivent en être les porteurs qui les bafouent de la façon la plus vulgaire !
Comprenez que je ne puisse que vous écrire, Maître Abdoulaye Wade, n’ayant aucun de vos contacts pour vous dire de vive voix ce qui me heurte dans vos derniers propos.
Ce pays a besoin de paix et de stabilité, mais trop de personnes ne mettent en avant que leurs intérêts égoïstes en créant des situations périlleuses qui peuvent nous mener au chaos.
Alors, je me permets de vous écrire cette lettre ouverte pour dormir tranquille ce soir et regarder mes enfants les yeux dans les yeux tout en continuant à leur dire « Mag mat naa baayi cim réew » (Une personne âgée est utile dans un pays).
Excellence, Maitre Abdoulaye Wade, j’espère que ton fils va bien et je lui souhaite de sortir grand de cette épreuve qu’il traverse. J’ai regardé la vidéo de vos déclarations sur la famille du président de la République, M. Macky Sall, avec surprise et indignation, parce que ces propos ne doivent pas venir de vous.
Ces propos d’arrière cours dans la société traditionnelle et/ou de disputes de robinet entre gamines de 10 ans ou coépouses en manque d’éducation ne sont pas dignes de votre personne.
Maître, vous qui dites maîtriser les valeurs africaines, vous qui avez toujours évoqué votre éducation à la traditionnelle, vous savez que vos propos ne sont pas dignes d’une personne de votre stature.
Vous n’avez pas le droit, dans un Sénégal qui reproche à sa jeunesse de ne pas se reposer sur la sagesse des adultes, dans un Sénégal qui cherche à construire une unité moderne, dans un Sénégal qui cherche à échapper au chaos insurrectionnel qui l’entoure, de tenir ces propos insultants et insensés à tout point de vue.
Maître Abdoulaye Wade, vous devez réapprendre à maîtriser votre parole publique !
Ces propos ne peuvent se justifier ni par une détresse de père dont le fils aurait subi une « injustice » ni par une quelconque haine envers le Président Macky Sall. D’autant que, si ces informations étaient vraies (sachant même qu’elles n’ont aucun fondement social, historique ni scientifique), je ne comprends pas que vous ayez eu à faire de cet homme le premier des cadres de votre Pds, le Dg de Petrosen, le Premier ministre du Sénégal et le président de son Assemblée nationale.
Car si au moment où vous le nommiez à ces postes, vous saviez tout ce que vous dites, vous m’inquiétez. Si, par contre, vous venez de « découvrir » ces abjectes révélations, vous avez raté le casting de vos collaborateurs.
Et cela n’est nullement à votre honneur, parce que comme on le dit au Sénégal, c’est la vraie illustration du manque de sincérité que le peuple reproche aux hommes politiques qui se caressent dans le sens du poil tant qu’ils sont en accord mais s’accusent d’anthropophagie à la moindre séparation (ànd jayante, taggoo jëwante).
Excellence, Maitre Wade, comment pouvez-vous ignorer que « mag bu amee sutura moo ko may boppam » (un adulte n’a que le respect qu’il mérite). Vous avez dépassé les bornes de nos civilités sociales.
Vous avez insulté la Nation toute entière en vous permettant de mêler à votre querelle les morts qui se reposent au paradis par vos allégations qui ne grandissent personnes.
Pourtant, on pourrait vous rappeler ce que vous savez mieux que nous, puisqu’en Afrique traditionnelle, quand on accusait quelqu’un d’anthropophagie, on lui rétorquait en wolof : « njëgteef moo xam njëgteef » (seul un anthropophage reconnait son alter ego), mais ce n’est pas à moi de vous répondre, vu que je ne peux pas descendre aussi bas et j’ai trop de respect pour vous et votre famille.
Cependant, vous me permettrez de vous rappeler qu’on pourrait vous dire aussi que « wax ju ñaaw dëkul famujëm, famujoggee lacosaanoo» (les mauvais paroles ne mettent pas en défaut l’interlocuteur mais renseignent sur la qualité du locuteur).
Ne serait-ce que pour cela, vous ne devez pas, par respect pour votre propre famille, dire des propos aussi vils à votre «fils»!
Excellence, vos dérapages verbaux qui semblent réjouir certaines personnes de votre entourage qui en rigolent m’ont fait très mal, non pas parce qu’ils sont seulement adressés à la plus haute Institution de notre pays, mais parce qu’ils sont adressés à un Sénégalais bon teint. Sachez, Maître, qu’aucune personne ne peut dire ce que vous avez dit à une autre personne.
J’aimerai aussi demander à ceux qui vous tendent le micro et à ceux qui courent vers vous pour mener des actions politiques de vous laisser vous reposer et de mener le combat eux-mêmes. Quant à ceux qui répondent au nom du Président Macky Sall, je leur suggère de se rappeler cet adage wolof : « celui qui rend le coup de patte à l’âne est comme un âne ». Ce n’est pas par l’insolence qu’il faut répondre à l’insolence, mais par le mépris et la grandeur.
Maître Wade, vous devez présenter vos excuses à tous les parents qui éduquent leurs familles dans le sens contraire de vos paroles. Vos devez, par grandeur et pour vous réconcilier avec l’image positive que votre parcours a imposé dans le monde, présenter vos excuses à la famille du Président Macky Sall, car vous n’êtes pas sans savoir que, pour paraphraser le sage Amadou Hampâthé Bâ,
« en Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée, qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement. C’est pourquoi, lorsqu’on veut honorer quelqu’un, on le salue en lançant plusieurs fois non pas son nom personnel (ce que l’on appellerait en Europe le prénom) mais le nom de son clan:«Bâ!Bâ!»ou« Diallo! Diallo!» ou «Cissé! Cissé! », car ce n’est pas un individu isolé que l’on salue, mais, à travers lui, toute la lignée de ses ancêtres ».
Excellence, si quelqu’un d’autre avait proféré ces propos à votre encontre, j’aurais réagi de la même façon. Mais sortant de votre bouche, ces propos ne font que vous faire déprécier par ceux qui les ont entendus.