Depuis sa mise en place, en 2005, le Projet d’appui à la petite irrigation locale (Papil) a permis de réaliser plus de 150 ouvrages hydro-agricoles, de régénérer 5.400 ha de terres dégradées et d’aménager plus de 3.600 ha de terres dans les régions de Tambacounda, Kédougou, Kolda et Fatick. Le gouvernement a décidé de s’inspirer de cette expérience pour formuler une stratégie nationale de développement de la petite irrigation locale
Le Comité de pilotage du Projet d’appui à la petite irrigation locale (Papil) s’est réuni, hier, pour faire le point sur les activités menées l’année dernière dans les 4 régions d’intervention. Les interventions du Papil vont de la réalisation d’ouvrages hydro-agricoles (digues anti-sel, ouvrages de retenu d’eau, aménagements de bas-fonds, de périmètres irrigués, de mares pastorales), à leur valorisation pour la production de riz et de produits maraîchers, en passant par l’application d’un plan de gestion environnemental et social au profit des producteurs.
Ainsi, selon son coordonnateur, Younoussa Mballo, à la date du 31 décembre 2013, « le Projet a réalisé, depuis son démarrage, en 2005, 170 ouvrages de retenue d’eau de ruissellement, régénéré 5.400 ha de terres dégradées, dont 3624 ha de terres jadis aménagées ».
A cela, s’ajoute, selon M. Mballo, la réalisation de 219 microprojets composés de cases de santé, de salles de classe, d’infrastructures hydrauliques, d’équipements post-récoltes, de magasins. Le Papil a aussi offert des sessions de renforcement de capacités à 24.500 producteurs. Ces bonnes performances ont été saluées par le représentant de la Banque africaine de développement (Bad) qui accompagne le programme depuis ses débuts. M. Kane, qui qualififie le Papil de « projet à succès », indique que des leçons doivent en être tirées pour la formulation d’autres programmes et pour le passage à l’échelle.
Alé Lô, président de l’Association des élus locaux du Sénégal, et Famara Sarr, au nom des présidents de conseils ruraux, ont fait chorus en appelant à étendre le Papil dans toutes les régions.
Cet appel semble être entendu par les autorités, car, selon le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Ndioba Diène, le gouvernement et les bailleurs de fonds sont en train de formuler la stratégie nationale de maîtrise et de valorisation des eaux de ruissellement qui devrait déboucher sur un programme national de développement de la petite irrigation. « Les résultats positifs enregistrés par le Papil justifient cette formulation qui sera bientôt finalisée et va permettre d’étendre l’expérience acquise par ce projet dans toutes les régions du Sénégal », a assuré Ndioba Diène.
Des productions d’une valeur de plus de 3 milliards de FCfa en 2013
Grâce à la valorisation des ouvrages réalisés et des vallées aménagées, le Papil a contribué à l’augmentation notable du potentiel des terres cultivables, l’accroissement des rendements de riz, l’augmentation des productions végétales additionnelles et l’autosuffisance en riz dans certains villages.
Ainsi, 16.417 tonnes de riz, dont 405 tonnes de semences de multiplication, sont attendues cette année, alors que les productions maraîchères sont estimées à plus de 3500 tonnes. Selon le coordonnateur du Papil, cette production de riz permet aux ménages bénéficiaires de couvrir en moyenne quatre à sept mois de leurs besoins de consommation de cette céréale, tandis que pour d’autres, les besoins sont entièrement couverts.
« La valeur commerciale de ces productions obtenues en 2013 est estimée, d’après Younouss Mballo, à plus de 3,3 milliards de FCfa ».
DIGUES ANTI SEL, PERIMETRES IRRIGUES, STOCKAGE DE L’EAU
Un projet aux réalisations visibles
A Fatick, dans le cadre de la lutte contre la salinisation des terres agricoles, le Projet d’appui à la petite irrigation locale (Papil) a poursuivi la réalisation de digues anti-sel avec le programme de réhabilitation et d’aménagement de six vallées.
Ces travaux ont permis de protéger 1.054 ha de terres contre la salinisation. Au total, les 21 ouvrages anti-sel et les 16 digues de régulation réalisés par le Papil ont permis de protéger, à ce jour, 3.263 ha de terres contre la remontée du sel.
A Kolda, ce sont 9 ouvrages de retenue d’eau qui ont été réalisés, permettant ainsi la valorisation de 390 ha supplémentaires en 2013. Ces ouvrages viennent s’ajouter aux 18 autres déjà réalisés. Toujours dans la région du Fouladou, au cours de l’année 2013, le Papil a réalisé 10 nouvelles mares, ce qui porte le total à 29 bassins d’eau d’une capacité de stockage de 336.000 m3.
A Tambacounda, l’intervention du Papil a porté sur la construction de trois ouvrages dans les vallées de Ndya et Sovol, la finalisation de l’ouvrage de Saré Moussa, l’aménagement de trois périmètres irrigués de 15 ha et la réalisation de sept petits ouvrages, en partenariat avec le Programme alimentaire mondial (Pam). A ce jour, les superficies totales aménagées par le Papil dans la région orientale se chiffrent à 946,19 ha, dont 873,19 ha de superficies de vallées et 73 ha de périmètres irrigués.
Tandis qu’à Kédougou, après la finalisation, cette année, de l’aménagement de 306 ha de bas-fonds et le début de l’installation de 13 périmètres maraîchers, le Papil en est aujourd’hui à 426 ha de bas-fonds amé- nagés sans compter les 200 ha réalisés directement par les producteurs eux-mêmes.
Professeur, vous êtes le président de la commission de la cohérence territoriale qui est à la base des propositions concernant la réforme de l'acte 3 de la décentralisation. Où en sont les recommandations faites au président de la République ?
L'Acte 3 est une phase dans le processus de décentralisation au Sénégal, entamé depuis même avant l'indépendance. On considère la réforme de 1972 comme l'Acte 1, avec la création des communautés rurales, la réforme de 1996 comme l'Acte 2 avec la création des régions et des communes d'arrondissement. Maintenant, l'Acte 3 vise à créer des départements comme collectivités locales et à transformer toutes les communautés rurales du Sénégal en commune - donc on ne parle plus que de commune - mais à revenir à une répartition géographique du territoire national en régions pour qu'il y ait plus de cohérence dans le découpage administratif.
Partant de là, le fait que les communautés rurales deviennent des communes procède d'une logique d'harmonisation par rapport à ce qui se fait partout à travers le monde. Parce qu'en matière de décentralisation, ce n'est qu'au Sénégal qu'on parle de communauté rurale comme collectivité locale. Partout ailleurs, on parle soit de commune, soit de commune rurale s'il s'agit d'une ruralité relativement marquée. Le fait qu'on ait des communautés rurales porte beaucoup de préjudices aux présidents de communautés rurales.
Par exemple ?
Si on prend mon cas, à Yèneet à Toubab Dialaw, nous n'avons rien à envier à certaines communes qui ont une vocation rurale très marquée. Contrairement à la commune de Sébikhotane, on a tous les avantages de l'urbanité et on a une zone rurale très marquée. Comment pouvez-vous concevoir que lorsqu'il y a un appel à projet à l'extérieur où on dit que seules les communes peuvent participer, moi en tant que Pcr je ne sois pas éligible ? Deuxièmement, les maires, durant tout le régime de Wade, bénéficiaient d'un passeport diplomatique alors qu'aucun Pcr n'a pu en bénéficier. En matière de répartition des transferts d'argent avec le fonds de dotation ou le fonds de concours, les 380 communautés rurales avaient beaucoup moins d'argent que les 150 ou 160 communes du Sénégal.
Si vous prenez également les équipements que l'État installe un peu partout dans les collectivités locales, vous verrez que celles-ci sont mieux nanties que les communautés rurales en matière de lycées, de dispensaires, etc. Donc si ces pôles équilibraient un peu l'intervention de l'État et des projets entre la zone urbaine et la zone rurale, ce serait une bonne chose.
Certains politiques disent que l'idée de départ a été dévoyée ?
Dès qu'on a commencé à lancer l'idée de l'Acte 3, les gens se sont focalisés sur la suppression de la région. Si on supprime la région, que va devenir le personnel, par exemple ? Alors on a dit qu'on voudrait le maintien de la région. L'autre gros problème, c'est la région de Dakar avec la ville et les communes d'arrondissement. Il y a eu une levée de boucliers de la part de certains maires de communes d'arrondissement qui disent ne pouvoir accepter que leurs institutions continuent de dépendre de la ville pour leur fonctionnement. Ils ne voyaient pas pourquoi une communauté rurale qui n'a pas un budget de 100 millions puisse avoir toutes les compétences en matière de terre alors qu'une commune comme le Plateau qui a plus d'un milliard de francs Cfa de budget n'a pas ces compétences.
Au départ, le gouvernement a dit que comme il y a un consensus autour de la communalisation intégrale, on peut la maintenir. Deuxième consensus, c'est l'érection du département comme collectivité locale. Tout le monde était d'accord, et la région restait. C'était cela le débat. On dit : on ne touche à rien. Mais au fur et à mesure qu'on avançait, les gens ont tout de suite pensé au regroupement. Par exemple, si on revient à six régions ou sept, quel est le département ou la ville qui sera capitale ? Alors le débat s'est posé. (...) Comme le gouvernement veut avoir de grands ensembles pour assurer le développement et la cohérence territoriale, chemin faisant, il a été donc décidé de supprimer la région comme collectivité locale mais en la maintenant comme entité administrative.
Quels risques face aux prochaines élections ?
La région n'existant plus, le code général des collectivités locales ne parle que de la commune et du département comme collectivité locale. Maintenant, les pôles éco-géographiques ainsi que les autres compétences que les collectivités locales avaient demandées de même que les rapports entre les collectivités locales et l'État vont se discuter dans la deuxième phase de l'Acte 3. La première phase étant déjà bouclée, on va aller aux élections avec les deux entités en ne changeant rien. Mais si on arrive à avoir des pôles éco-géographiques, et si on augmente les compétences, alors la loi va être modifiée pour qu'on crée une troisième collectivité locale. (...) De 2008 à maintenant, tous les découpages ont obéi à une logique purement politique. Tout cela devrait être réglé dans la deuxième phase de l'Acte 3, après les élections, avec le comité national de pilotage.
Certains identifient derrière cette démarche un manque de courage politique du président de la République pour mener cette réforme jusqu'au bout.
Mon sentiment n'est pas un manque de courage politique. C'est d'abord pour éviter de reporter ces élections au-delà de l'année durant laquelle elles devaient se tenir, c'est- à-dire 2014, et pour respecter la directive de la CEDEAO qui dit que pendant les six mois qui précédent les élections, on ne peut pas modifier fondamentalement sans un consentement de la totalité des acteurs. C'est lié à cela que le gouvernement a pensé qu'il n'y aurait pas suffisamment de temps pour continuer la réforme jusqu'au bout.
Comme annoncé dans notre édition d'hier, la mise en œuvre de l'acte 3 de la décentralisation pourrait empoisonner les liens dans la coalition Benno Bokk Yaakaar. Macky Sall est nettement accusé d'avoir “abandonné” des éléments majeurs de la réforme en cours de route.
L’acte 3 de la décentralisation engagé par le président de la République divise les acteurs politiques. Selon le Secrétaire général de la Ligue démocratique, l'idée de départ de la réforme a été abandonnée par Macky Sall. “Nous avons été très déçus de voir que l'acte 3 a abandonné la dimension de la régionalisation théorisée dès le départ et saluée par tout le monde”, récrimine Mamadou Ndoye “Mendoza”, contacté hier par EnQuête. “On avait annoncé, dans l'exposé des motifs du Code général des collectivités locales, une première phase sans mentionner la deuxième phase concernant la régionalisation qui a été suspendue”, rouspète aussi le porte-parole de l'alliance Jëf-Jël, Ndiaga Sylla.
Partant de là, Mamadou Ndoye estime que, quelque part, “les nouvelles orientations prises par le président de la République (ont) vidé l'acte 3 de toute sa substance nouvelle''. Selon le patron de la Ligue démocratique, c'est “un abandon majeur au regard de ce qui peut justifier une telle réforme, c'est-à-dire des progrès dans le sens du développement”.
Le “renoncement” à certains aspects de la réforme de l'acte 3 de la décentralisation obéirait-il à des calculs politiques à cinq mois des élections départementales et rurales du 29 juin ? Oui, semble répondre le porte-parole du Jëf-Jël. ''Macky Sall a dû reculer parce que simplement il n'a pas voulu, à la veille des élections locales, que les populations soient frustrées (de voir) une telle collectivité locale rattachée à une autre.” C'est que, ajoute-t-il, “il faut avoir du courage pour faire une telle réforme”.
“S'il y a une logique politique derrière, cela signifie que les calculs politiciens sont beaucoup plus importants que les actions de développement et à ce moment-là, ce serait une catastrophe”, renchérit Mamadou Ndoye.
Engagée peu de temps après l'installation de Macky Sall à la tête du pays, la réforme de l'acte 3 de la décentralisation envisageait, dès le départ, la “correction” de certaines “irrégularités” et “incohérences” notées dans le découpage administratif qui, à partir de 2008, a surtout obéi à des logiques politiques.
«IL N'EST PAS QUESTION POUR LE PS D'ATTENDRE UN QUELCONQUE SIGNAL, NOUS DEVONS PRENDRE NOTRE DESTIN EN MAIN»
PAPE SOW DE CONVERGENCE SOCIALISTE SUR LES PROCHAINES LOCALES
Le Parti socialiste (Ps) se doit de jouer un rôle de premier plan, lors des prochaines élections locales. C'est la conviction de Pape Sow, Secrétaire général de Convergence socialiste. A l'en croire, il n'est pas question pour eux «d'attendre un quelconque signal». Entretien.
Depuis quelque temps, on ne sent pas trop la Convergence socialiste. Que se passe-t-il ?
Nous sommes engagés dans le processus de renouvellement du parti. C'est ce qui explique le manque d'activités de ces dernières semaines. Nous avons tous une occasion de briguer des responsabilités à la base. C'est important pour nous, de nous focaliser sur ce processus de renouvellement. Nous avons repris les activités. Nous allons vers un Congrès hyper important qui devrait être celui de l'ouverture, de l'équilibre, de la redynamisation des instances de base. Et pour cela, il faudra responsabiliser les jeunes à la base. Le Parti socialiste n'a aucun intérêt à maintenir le statu quo à la base. Si le parti est, aujourd'hui, effrité, c'est parce que nous avons constaté qu'il y a une léthargie à la base. Il faut également avouer que, dans la plupart de nos coordinations, les responsables ne sont là que pour bénéficier des retombées de leurs responsabilités. Aujourd'hui, nous avons besoin de responsabiliser les jeunes qui ont de l'ambition pour leur parti, leur localité et leur pays. Le Parti socialiste gagnerait beaucoup à responsabiliser les jeunes à la base et à redynamiser les Unions départementales. Au niveau de la direction du parti, également, nous avons un besoin de responsabiliser ceux qui le méritent. Nous avons fait de ce Congrès notre préoccupation, parce qu'à l'issue de cet important moment, le Parti socialiste devra afficher de réelles ambitions quant à son avenir.
Est-ce à dire que ce Congrès doit être celui de la rupture ?
Pas forcément de la rupture. Mais, un Congrès du renouveau qui tire sa force dans un équilibre inter générationnel. Ca veut dire qu'il faut que le Parti socialiste accepte de responsabiliser les jeunes à la base, et que cela se répercute au niveau des Unions départementales, jusqu'à la direction du parti.
Ca veut dire quoi ? Il n'y aura pas de statu quo, à l'issue de ce Congrès, dans la mesure où on acceptera de s'ouvrir davantage à ceux-là qui ont de l'ambition pour le parti. Je voudrais inviter mes camarades jeunes à continuer à se battre dans les rangs du parti, pour mieux se positionner par rapport aux élections locales à venir. Parce que ces élections devront, forcément, être l'affaire des jeunes. C'est là où j'attends, particulièrement, les jeunes de mon parti. Ils doivent se battre pour avoir des responsabilités au niveau local. C'est comme ça qu'on aidera le parti à se massifier et à mieux se consolider à la base.
Quel est votre point de vue par rapport aux alliances, en vue des élections locales ?
Personnellement, j'ai comme l'impression que, depuis un certain temps, toutes les alliances se font contre le Parti socialiste. Finalement, je suis devenu allergique aux alliances. Même si je suis convaincu qu'il faut de grandes alliances pour faire face aux grands défis. Pour nous, il appartient au Parti socialiste de prendre les initiatives, et non d'attendre qu'on lui fasse un quelconque signe. Le Parti socialiste a toujours joué un rôle de leader en termes d'alliances. On doit continuer à jouer ce rôle là. Il n'est pas question pour nous d'attendre un quelconque signal pour préparer les élections locales. Nous devons prendre notre destin en main. C'est valable pour nos maires de Commune d'arrondissement et pour nos maires de ville. Nous devons réfléchir sur toutes ces questions dans le cadre du parti. Même si la Coalition «Benno bokk yakaar» devrait être le cadre idéal pour qu'on aille tous ensemble. Les jeunes ont l'occasion de s'affirmer dans le cadre de la gestion locale. Je m'inscris dans cette logique. J'ai une ambition pour mon parti, dans ma localité de Hann, qui m'a vu naître. C'est pourquoi je compte m'engager, lors des Locales, avec mon parti, avec tous ceux qui voudront travailler avec mon parti.
AHMED SOUMARE DEMONTE LE REQUISITOIRE DU PROCUREUR
AUDITION SUR LE FOND DES COLLABORATEURS DE BARA SADY
Les quatre (4) collaborateurs de l’ancien Directeur général du Port Bara Sady ont été entendus hier sur le fond dans le dossier de complicité d’escroquerie et de détournement de deniers publics portant sur plus de 48 milliards, qui leur vaut un séjour en prison depuis quelques semaines. C’est l’ancien secrétaire général Oumar Diagne Thiam qui a ouvert le bal.
Selon nos informations, le directeur de la Comptabilité Ahmed Soumaré a délivré un cours magistral en finances publiques et management au juge pour démonter le dossier. Autre fait à signaler, Me Boubacar Wade a été littéralement humilié par le juge qui lui a demandé de quitter son bureau lors de l’audition d’Ahmed Soumaré .
Oumar Diagne Thiam, Ahmed Soumaré, Abdoulaye Gningue et Daouda Ndiaye sont passés devant le juge Samba Sall pour s’expliquer sur leurs responsabilités dans le dossier du Port. Leurs conseils vont déposer une demande de liberté provisoire aujourd’hui ou au plus tard lundi prochain. Mais leur audition à la suite de celle de leur ancien patron Bara Sady n’a pas été un fleuve tranquille.
Le passage du directeur comptable du Port a été le plus houleux nous dit-on, puisque l’avocat Me Boubacar Wade a été expulsé de la salle par le juge. Conseil du Port et de Bara Sady, Boubacar Wade, on ne sait pour quelle raison, a voulu participer à l’audition de Soumaré alors que ce dernier ne l’a pas constitué. Un conflit d’intérêts signalé par Me Kouressy Bâ qui a menacé de se déporter si Boubacar Wade ne quittait pas la salle. Le juge a dû intervenir pour calmer les esprits. Interpellé, le prévenu dit n’avoir pas constitué Me Wade. Séance tenante, le juge Samba Sall lui a demandé de quitter son bureau. Ce qu’il fit sans broncher.
Soumaré : «Il faut être un profane en finances publiques pour inculper des gens sur la base de ce réquisitoire»
Ahmed Soumaré, spécialiste des finances publiques dont l’expertise est sollicitée partout en Afrique, a été époustouflant devant le juge, confie une source. En effet, il a démontré de bout en bout que le dossier qui lui vaut la prison est cousu de fil blanc. «Il faut être un profane en finances publiques pour inculper des gens sur la base de ce réquisitoire», a t-il dit devant le juge Samba Sall.
Son exposé était si clair que ses avocats Me Souleymane Ndéné Ndiaye, Me Seck représentant le bâtonnier Me Ahmed Bâ, Me Souley Mbaye, Me Bâ et Me Dramé n’ont pas eu besoin de poser une quelconque question pour apporter des éclaircissements. Soumaré qui a été à l’origine de la réussite de l’emprunt obligataire de 30 milliards lancé par le Port en 2006 et dont le remboursement a été effectué trois ans avant son échéance, a démonté toutes les accusations contenues dans le réquisitoire du procureur de la République.
D’ailleurs, les avocats n’ont pas manqué de fustiger l’attitude du maître des poursuites qui n’a pas pris en compte le procès-verbal de la Division des investigations criminelles (Dic) qui disculpe les mis en cause, ni même exécuté la demande d’expertise sollicitée par son prédécesseur sur les travaux immergés au Port. Après avoir séduit le juge, Soumaré a dit ceci : «Même si le Dg me demandait de faire quelque chose d’illégal, ma formation et mon éducation m’auraient empêché de le faire».
Les entrepreneurs passent lundi prochain
Abdoulaye Gningue, retiré de sa retraite paisible et jeté en prison pour un marché qui date du temps où il était secrétaire général, a également été entendu longuement. Tout comme Daouda Ndiaye le chef du service marchés et contrats, dont le rôle n’a été que de servir d’archiviste. Quid des marchés fictifs ? Conscients de l’innocence de leurs clients, les avocats ont décidé de demander une liberté provisoire en leur faveur en attendant d’engager la bataille du non-lieu. Lundi prochain, le ballet des 20 entrepreneurs incriminés va démarrer au deuxième cabinet.
«SI MACKY SALL DEVELOPPE LE CHEMIN DE FER, IL ENTRERA DANS L’HISTOIRE»
Aucun pays ne peut se développer sans chemin de fer. C’est la forte conviction d’Abdou Fall, président du mouvement Alternative Citoyenne «Andu Nawle», qui se dit incapable de pardonner aux socialistes d’avoir mis à genoux le chemin de fer.
« Me Abdoulaye Wade s’est illustré dans la construction de routes et d’un Aéroport. Si Macky Sall parvient à développer le chemin de fer, il entrera lui aussi dans l’histoire», prédit Abdou Fall. Le président du mouvement Alternative Citoyenne « Andu Nawle » dit être en phase avec le chef de l’Etat Macky Sall dont une des priorités est le chemin de fer avec trois projets majeurs d’un coût global de 600 à 700 milliards de FCfa.
Il s’agit du chemin de fer Dakar-aéroport Blaise Diagne dont le financement est bouclé, de la ligne Dakar-Kidira et celle Dakar-Tambacounda-Kédougou-Falémé, qui sera une ligne de chemin de fer à grand écartement et servira à transporter le fer vers le Port de Dakar.
De l’avis d’Abdou Fall, aucun pays ne peut se développer sans le chemin de fer et la faute qu’il ne pardonnera jamais aux socialistes, c’est d’avoir mis à genoux le rail. Dans les schémas de développement du chemin de fer, note l’ancien ministre d’Etat de Me Abdoulaye Wade, les cheminots ont un grand rôle à jouer; d’où la nécessité qu’ils se retrouvent autour de l’essentiel pour parler le même langage.
Selon lui, si le train recommence à siffler normalement et si la Nouvelle société textile sénégalaise (NSTS) renaît de ses cendres, la ville de Thiès étrennera les habits de deuxième capitale du Sénégal, pour être une alternative crédible à Dakar qui suffoque sous le poids d’une démographie insupportable.
Abdou Fall a par ailleurs levé un coin du voile sur sa participation lors des prochaines locales. Il dit avoir accepté la main tendue de Macky Sall pour élargir la majorité présidentielle et c’est pourquoi lors de ces locales, il accompagnera la liste de cette majorité. D’autant plus que, selon lui, l’ère des échappées solitaires est définitivement révolue sur la scène politique. «L’acte 3 de la décentralisation est une chance pour les collectivités locales car il va consacrer l’accroissement de leurs pouvoirs de décision mais aussi celui du budget, pour leur permettre de faire des investissements», soutient-il.
De ce point de vue, note-t-il, toutes les conditions pour une démocratie participative seront ainsi réunies, sur la base de changements profonds qui feront appel à une réelle implication de la société civile.
Mais de l’avis d’Abdou Fall, Thiès doit se départir de son statut de ville de refus que lui confère son histoire. A ce sujet, il rappelle que la plus grande grève de l’histoire coloniale, celle des cheminots, a eu lieu à Thiès. C’est également à Thiès que Senghor a fondé le Bloc démocratique sénégalais (Bds) pour contrer Lamine Guèye. C’est là aussi que Abdou Diouf a essuyé un revers qui l’a poussé à traiter la jeunesse de malsaine.
Il s’y ajoute, selon lui, toutes les difficultés subies dans la ville par Me Abdoulaye Wade. Ainsi, conclut-il, «c’est insensé qu’une ville veuille toujours s’opposer au pouvoir central et les Thiessois doivent revenir à la raison.»
COMMUNIQUE DE LA PRÉSIDENCE : «AUCUN MINISTRE N’A ÉTÉ ATTRIBUTAIRE DE TERRE À MBANE»
Des allégations parues dans la presse font état de l’acquisition de terres à Mbane par des ministres et des autorités proches du Président de la République. Ce qui ne cadre pas avec la vérité.
Depuis 2011, il n’a été procédé à aucune affectation de terre à Mbane. Une vérification auprès de la Gouvernance de Saint-Louis permet d’en être édifié. Aucun ministre n’a donc été attributaire de terre dans cette contrée, depuis l’avènement du Président Macky Sall.
LES COURTIERS APPLAUDISSENT, LES PROPRIETAIRES PARTAGES
La loi portant baisse du loyer, votée le 15 janvier dernier a été promulguée hier par le chef de l’Etat. Un ouf de soulagement pour les locataires qui pourront voir leurs charges diminuer. Même si les courtiers et autres agents immobiliers applaudissent des deux mains, cette mesure ne fait pas l’unanimité et suscite la grogne de certains propriétaires qui préfèrent tout simplement ne plus mettre leurs maisons en location.
Nombreux sont les Sénégalais qui ont poussé un ouf de soulagement à l’annonce de la mesure. La promulgation de la loi sur la baisse du loyer, votée la semaine dernière à l’Assemblée nationale, va certainement avoir un impact considérable sur le panier de la ménagère.
Agent immobilier, Libasse Wade adhère parfaitement à la mesure, même s’il y a des velléités de résistance du côté des bailleurs. «Cette loi je l’apprécie et je sais que c’est une politique que le chef de l’Etat est en train de mener, compte tenu de la situation actuelle du pays. Avec l’application de cette baisse du loyer, un père de famille qui a une marge de 25.000 à 30.000 F Cfa peut acheter un sac de riz, de l’huile ou du sucre», souligne M. Wade.
Ce dernier affirme avoir sensibilisé tous les bailleurs dont il gère les maisons, pour les amener à respecter la mesure. «Je propose même que les coûts de l’eau et de l’électricité soient revus à la baisse car les Sénégalais sont fatigués, la vie est chère et il est difficile pour la plupart des pères de famille de joindre les deux bouts», ajoute-t-il.
Pour ceux qui ont contracté des prêts bancaires pour construire leur maisons, Libasse Wade conseille : «On ne peut pas contracter un prêt, construire et vouloir l’amortir en un temps record. Aujourd’hui les gens investissent dans l’immobilier pour s’enrichir sur le dos des populations. C’est inadmissible», peste-t-il.
Pour Ousseynou Timéra, cette décision du chef de l’Etat va alléger les charges des pères de famille, mais surtout leur permettre de loger convenablement leur progéniture. «Pour nous, il est très difficile de finaliser un contrat de location de nos jours, car les locataires trouvent les appartements chers, en plus de la caution et des commissions qu’ils nous donnent. Beaucoup de maisons sont fermées ici faute de locataires, car elles sont trop chères. Il arrive même que des gens louent des maisons qu’ils n’arrivent pas à payer convenablement», soutient le courtier.
«FAIRE SORTIR LES LOCATAIRES ET FERMER LA MAISON»
Même son de cloche chez ce propriétaire sous le couvert de l’anonymat, trouvé chez lui à la cité Comico de Ouakam. Ce médecin dit avoir trois appartements mis sous location, mais décide toutefois de respecter la loi. «C’est une bonne chose pour les locataires car c’est très dur pour eux. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a des bailleurs qui ont emprunté de l’argent à la banque et qui doivent rembourser.
Cette loi devait faire l’objet d’une discussion profonde avant son application. Pour ma part je souhaite qu’il n’y ait pas de réticence du coté des propriétaires, mais il faut que l’Etat intervienne au niveau des banques pour la baisse du taux d’intérêt, pour ne pas pénaliser ces gens-là», propose-t-il.
Même si la majeure partie des Sénégalais apprécie la baisse du loyer, cette mesure est loin de faire l’unanimité. Cet autre propriétaire trouvé devant son commerce ne voit pour sa part qu’une seule solution : «faire sortir les locataires et fermer la maison».
Pour ce bailleur, «il est inconcevable d’investir autant dans une maison, sans l’aide de personne, et laisser l’Etat fixer ses prix pour des raisons politiques». «Je suis prêt à fermer ma maison ou y habiter moi-même, car la location n’est pas rentable. Les locataires rendent parfois les maison dans un piteux état et on est obligé de faire des réfections», rage-t-il.
LE FAUX «MBACKE-MBACKE» SERIGNE MBAYE GUEYE ECOPE DE 3 MOIS FERME
ESCROQUERIE PORTANT SUR 1 200 000 FRANCS CFA A TOUBA
Le tribunal régional de Diourbel n’a finalement pas suivi le procureur de la république qui avait requis six mois ferme contre l’escroc Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Babacar Mbacké, poursuivi pour escroquerie portant sur 1 200 000 Fcfa.
Dans son délibéré rendu hier jeudi, le tribunal a coupé la poire en deux en condamnant le prévenu qui avait reconnu avoir vendu la voiture de son marabout Serigne Cheikhouna Mbacké à une peine de trois mois ferme.
Le procès opposant l’homme d’affaires El Hadj Malick Diouf à l’escroc Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Babacar Mbacké a finalement connu son épilogue hier jeudi, puisque l’arnaqueur a été condamné à purger une peine d’emprisonnement ferme de trois mois car reconnu coupable du délit d’escroquerie.
En plus de cette condamnation, Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Babacar Mbacké, qui se faisait passer pour un marabout Mbacké-Mbacké pour tromper le plaignant, devra payer à El Hadj Malick Diouf la somme d’un million deux cent mille francs Cfa en guise de dommages et intérêts. Pour rappel, l’année dernière le prévenu avait d’abord usé de sa proximité avec son marabout pour vendre le véhicule en question à El Hadj Malick Diouf, sans même que son marabout ne soit au courant de la transaction.
Ce jour-là, Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Mbacké, accompagné de son présumé «talibé» (disciple) et d’un certain Khadim Samb qui lui servait de chauffeur, est allé trouver El Hadj Malick Diouf pour lui proposer de lui vendre le véhicule en prétextant devoir acheter deux billets d’avion pour se rendre en Europe avec son disciple. Malgré la réticence du plaignant, grâce à son faux statut de «Mbacké-Mbacké» l’escroc réussit à lui vendre la voiture à 1 200 000 francs Cfa.
Mais avant que ne s’effectue la transaction, Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Mbacké fait un autre tour de passe-passe en trouvant le moyen de délivrer à son client des documents du véhicule qui en réalité, bien qu’appartenant à son marabout, était attribué au groupement d’intérêt économique (Gie) « Touba Diombokh ». Malheureusement pour le vendeur et son acheteur, le vrai chauffeur à qui Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Mbacké avait emprunté la voiture avant de lui déclarer l’avoir perdue déposa une plainte contre le prévenu et son acheteur.
A la suite de quoi, la gendarmerie qui a fini par retrouver le véhicule procédera ensuite aux arrestations de Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Mbacké et El Hadji Malick Diouf. L’acheteur sera libéré un peu plus tard, après avoir prouvé sa bonne foi aux pandores et le vendeur sera condamné à une année de prison. Seulement, Serigne Mbaye Guèye alias Serigne Mbacké ne restera que quelques mois en prison puisqu’il sera libéré pour avoir bénéficié de la dernière grâce présidentielle.
Cependant, le truand avait surpris son monde à la barre lorsqu’il a déclaré: «je reconnais avoir effectivement vendu le véhicule à El Hadj Malick Diouf, mais j’ai mis les 1 200 000 francs Cfa sur le compte bancaire de Serigne Touba Mbacké Cheikh Ahmadou Bamba». Le tribunal l’a condamné à trois mois ferme et à verser 1 200 000 francs Cfa à la partie civile.
LES TRAVAILLEURS DENONCENT UNE COMBINAISON INDIGNE D’UNE ADMINISTRATION SERIEUSE
Le Syndicat autonome des agents des impôts et domaines (Said) est dans tous ses états. Il dénonce les nominations et affectations récemment intervenues à la Direction générale des Impôts et Domaines (Dgid). Dans une note qu’ils ont adressée à l’argentier de l’Etat et dont ampliation a été faite au Premier ministre Aminata Touré, au ministre du Budget Makhtar Cissé et au Directeur général des Impôts et Domaines Seynabou Niang Thiam, Waly Diouf Bodian et ses camarades prédisent un échec à la Dgid et menacent de se faire entendre.
Vaste grogne à la Direction générale des Impôts et Domaines (Dgid). Les travailleurs regroupés au sein du Said, le moral dans les chaussettes et la bave aux lèvres, affichent le masque des mauvais jours et rouspètent. A l’origine de cette ambiance délétère : les nominations intervenues lors du Conseil des ministres du 9 janvier dernier ainsi que les affectations des inspecteurs des impôts et domaines.
Le Said y relève beaucoup d’anomalies et de vices de forme dans les nominations. Dans une lettre au vitriol adressée au ministre de l’Economie et des Finances Amadou Ba, Waly Diouf Bodian et ses camarades tapent du poing sur la table et soutiennent que «des agents qui se sont particulièrement distingués par leurs aptitudes techniques et professionnelles, leur expérience administrative et leur probité sont écartés du système».
Pendant ce temps, fulminent de colère les syndicalistes, « des agents sans bilan et sans expérience connue sont parachutés à la tête de structures stratégiques dans la conduite du processus de transformation de l’administration fiscale. Ils deviennent ainsi des Agents Génétiquement modifiés (Agm). Les affectation sont séquencées et retardées pour faire place à des combinaisons et autres mises en scène indignes d’une administration sérieuse». Dans le but d’asseoir leurs accusations, ils citent les cas des agents à la retraite maintenus à leur poste en toute illégalité, au moment où d’autres compétences sont en attente d’affectation.
Pourtant, rappellent les responsables du Said à l’endroit du ministre Amadou Ba, «nous avions attiré votre attention sur le fait que le management de la Dgid devait échapper aux clivages personnels et claniques et sur la nécessité que les différentes structures de la maison soient gérées par des hommes et des femmes du sérail, issus de ses rangs, présentant des états de service et une probité irréprochables». Dans leur correspondance, les syndicalistes dénoncent vigoureusement la décision de l’autorité de ne pas pourvoir la Direction du contrôle et du renseignement, alors que le poste est administrativement vacant au même titre que d’autres postes.
Persuadés que les nominations et autres affectations opérées obéissent à une orientation subjective qui jure d’avec les principes élémentaires d’une gouvernance axée sur le résultat, Waly Diouf Bodian et Cie n’entendent pas croiser les bras face à cette situation. D’ores et déjà sur le pied de guerre, ils ont décidé de donner une suite syndicale appropriée à la gravité de la situation.