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2 mai 2025
par l'éditorialiste de seneplus, Boubacar Boris Diop
DEVOIR DE MÉMOIRE, QUÊTE DE VÉRITÉ AUTOUR DE THIAROYE 44
EXCLUSIF SENEPLUS - Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion absurde et suicidaire. La frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse
Boubacar Boris Diop de SenePlus |
Publication 30/12/2024
C'est une chose de critiquer d'un point de vue général l'institution militaire connue sous le nom de "Tirailleurs sénégalais" et c'en une autre de cracher sur la dépouille de chacune des centaines de victimes du massacre du 1er décembre 1944 à Thiaroye. Dans le premier cas de figure, on peut légitimement se prévaloir d'une liberté de jugement qui ne donne toutefois à personne le droit de falsifier des faits patiemment reconstitués depuis les années quarante par des spécialistes de tous horizons. Les tirailleurs insultés par Cheikh Oumar Diagne ne sont pas des êtres abstraits, chacun d'eux a un nom et une histoire mais aussi de nombreux descendants qui chérissent de génération en génération sa mémoire. Il est tout de même troublant de voir un adulte se déchaîner contre des morts avec une haine et une rage qui ne peuvent avoir un peu de sens qu'à l'égard des vivants. Cela fait penser à des vitupérations dans le silence d'un cimetière.
À Thiaroye, des combattants africains ont été trahis par leurs supérieurs, assassinés et jetés à la hâte dans des fosses communes. C'est aussi simple que cela. Cheikh Oumar Diagne veut-il nous dire que c'était bien fait pour eux ? Il ne va pas jusqu'à qualifier les tirailleurs sénégalais de sous-hommes mais le mot n'est sans doute pas loin de sa pensée puisqu'il les décrit comme des traîtres, victimes moins du racisme colonial que de leur appât du gain. Si ses propos ne sont pas passés tout à fait inaperçus c'est uniquement parce qu'il est un proche collaborateur du président Diomaye Faye. À vrai dire, il est difficile de prendre au sérieux un langage aussi excessif. On s'en est bien rendu compte lors de la "Déclaration de politique générale" du Premier ministre Ousmane Sonko. Il y a fait en passant l'éloge des martyrs de Thiaroye mais aucun député n'a cru devoir revenir sur cette polémique lors de la séance-marathon de questions-réponses qui s'en est suivie.
Cependant Cheikh Oumar Diagne aura au moins eu le mérite de susciter ces jours-ci de nombreux articles dont les auteurs se veulent heureusement bien plus rationnels et nuancés que lui. On peut cependant se demander pourquoi un tel débat sur les tirailleurs sénégalais a lieu avec un si grand retard. Pendant près d'un siècle, l'Aube de sang - titre d'une pièce rarement prise en compte de Cheikh Faty Faye - a surtout interpellé les cinéastes, écrivains et musiciens africains et la relative indifférence des historiens et des politiques a permis à l'Etat français, coupable de ce crime de masse sous l'autorité du général de Gaulle, d'en contrôler totalement le récit, faisant par là-même obstruction à tout véritable travail de mémoire. Paris s'est vu finalement obligé de passer aux aveux il y a seulement trois semaines et on aurait pu s'attendre à ce que cette victoire quasi inespérée stimule la quête de vérité sur les circonstances exactes du carnage de décembre 1944 et un surcroît de considération pour ses victimes originaires de plusieurs pays africains. C'est au contraire le moment que l'on choisit pour surfer sur une vague révisionniste un peu chic et de moins en moins pudique. Des médias dits internationaux - il est aisé de deviner lesquels - ont voulu profiter des écarts de langage d'un haut fonctionnaire sénégalais pour en rajouter à la confusion. C'est de bonne guerre. D'autres réactions, quoique sincères, mesurées et tout à fait respectables, sont moins faciles à comprendre dans la mesure où elles servent naïvement les desseins de journalistes littéralement en mission commandée et pour qui des dizaines, voire des centaines de milliers de morts hors d'Europe compteront toujours moins que les intérêts de leur pays.
On pourrait croire à la lecture de certains analystes que les tirailleurs sénégalais étaient dans leur immense majorité des engagés volontaires. Rien n'est plus faux. L’administration coloniale, avec son formidable appareil de propagande et ses capacités de coercition, ne leur laissait la plupart du temps d'autre choix que d'aller au front. Dans le contexte de l'époque, la désobéissance aurait été un acte de rébellion personnelle absurde et suicidaire puisqu'aucune organisation politique ou sociale ne s'était élevée contre les campagnes de recrutement initiées par les tout-puissants maîtres de l'heure avec l'aide de leurs relais locaux. Le corps des tirailleurs sénégalais n'a pas été une exception africaine puisque sur tous les continents et à toutes les époques les vainqueurs en ont créé de semblables pour parachever le processus de conquête. Le fait est que partout, en attendant des jours plus favorables à une résistance concertée, les colonisés n'ont eu d'autre choix que de prendre les armes aux côtés du colonisateur.
Quid des Africains qui se sont précipités avec enthousiasme sur les lieux de recrutement, prêts à verser leur sang pour la France ? Ils ne méritent pas davantage notre mépris. Sembène Ousmane et Frantz Fanon firent partie de ces adolescents qui ont presque dû faire le forcing pour offrir leur vie à la Mère-Patrie en lutte contre l'Allemagne nazie.
Samba Gadjigo rapporte à ce propos une anecdote révélatrice dans sa biographie du célèbre écrivain-cinéaste sénégalais. Au début de la guerre, Sembène, apprenti-maçon à peine âgé de seize ans, est légèrement blessé à l'œil par un de ses copains devant une salle de cinéma du Plateau et sa première réaction a été de s'écrier qu'il ne pourra hélas plus être recruté par l'armée des Tubaab car "ils n'acceptent pas les borgnes !" Finalement mobilisé en 1944 dans le 6ème Régiment d'Infanterie Coloniale stationné au Niger, il avouera un jour n'avoir jamais autant appris sur la vie et sur les êtres humains que pendant cette courte période sous les drapeaux. On connaît la suite de l'histoire : une exceptionnelle prise de conscience anticolonialiste et un film d'une rare efficacité en hommage à ceux de ses camarades tombés à Thiaroye.
Frantz Fanon, à qui l'humanité entière doit tant, n'aurait peut-être pas non plus été le même penseur fécond sans sa participation à la Deuxième Guerre mondiale au cours de laquelle il fut du reste blessé à la poitrine. N'écoutant à dix-sept ans que son précoce instinct antifasciste, il n'attend pas d'y être invité pour s'engager dans les forces gaullistes. Sa famille essaie en vain de le dissuader et puisqu'il n'a pas de quoi se payer le passage jusqu'en République dominicaine - d'où il devait rallier l'Angleterre - il vole et vend un costume de son père ! Toujours égal à lui-même, il se distancera plus tard de cette expérience qui lui avait pourtant permis, de son propre aveu, de mieux comprendre la Révolution algérienne. Dans Les damnés de la terre, son maître-livre, il reprendra intégralement Aube africaine, le célèbre poème dramatique de Keita Fodéba, consacré au drame de Thiaroye et ce n'est certainement pas par hasard.
Un traître à l'Afrique, Sembène Ousmane ? Un vulgaire chasseur de primes, Frantz Fanon, futur porte-parole du FLN algérien et selon le mot de son biographe Adam Shatz "une figure emblématique des mouvements de libération nationale en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine" ?
Est-il raisonnable d'attendre de jeunes paysans africains des années quarante - qui étaient en fait des gamins - qu'ils aient une meilleure compréhension des enjeux politiques de leur temps que des esprits aussi puissants que Frantz Fanon et Sembène Ousmane ? Poser la question c'est y répondre.
On ne peut donc que se féliciter du choix fait par le gouvernement du Sénégal de commémorer l'événement sans attendre la permission d'une quelconque puissance étrangère. Cette décision a très vite obligé Paris à reconnaître officiellement que ce qui est arrivé au camp de transit de Thiaroye était bel et bien un massacre soigneusement planifié et non la répression d'une mutinerie. Il est essentiel de noter que ce geste public de repentance est sans précédent dans l'histoire post-coloniale française.
La tragédie de Thiaroye n'a jamais été vraiment oubliée en Afrique de l'Ouest mais il a fallu attendre soixante-quatre ans d'indépendance pour qu'un de nos gouvernements ose en marquer l'anniversaire par une cérémonie du souvenir digne de ce nom. C'est en présence de plusieurs de ses pairs - y compris le président en exercice de l'Union africaine - que le chef de l'Etat sénégalais a rendu un hommage chargé d'émotion aux tirailleurs et cette communion avec nos disparus a aussi été un grand moment de fierté. Même s'il reste bien du chemin à faire pour que la commémoration de ce drame africain ne soit pas l'affaire exclusive du pays où il a eu lieu, le sursaut mémoriel du 1er décembre 2024 est un message clair des autorités quant à leur volonté de redire avec force l'humanité de nos compatriotes naguère déshumanisés par l'occupant. Cette reconnexion lucide avec un passé douloureux relève, en dépit de sa complexité, d'une simple nécessité de survie.
Dans le cas précis de Thiaroye, la frontière entre bourreaux et victimes est si nettement tracée qu'un tel exercice ne devrait susciter aucune controverse. Il se trouve qu'assez étrangement il semble embarrasser ou agacer certains petits-enfants des tirailleurs. C'est leur droit puisqu'il faut de tout pour faire un monde mais il est tout de même curieux que l'on se lâche avec tant de véhémence contre des personnes décédées depuis bientôt un siècle dans les circonstances que l'on sait. Cheikh Oumar Diagne est heureusement le seul à s'être laissé aller à une telle extravagance.
LA CAN, LES JO DE PARIS, LE COME-BACK DE DONALD TRUMP, PARMI LES FAITS MARQUANTS DE 2024
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre dernier, celle de la Côte d’Ivoire à la Coupe d’Afrique des nations, la guerre au Proche-Orient et la décision de retrait des pays de l'AES de la CEDEAO ont marqués 2024
La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine du 5 novembre dernier, celle de la Côte d’Ivoire à la Coupe d’Afrique des nations, la guerre au Proche-Orient et la décision de retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) ont sur le plan international marqué sans doute les esprits en 2024.
Présidentielle américaine : le come-back de Trump
Juste quatre petites années, la durée du seul et unique mandat de Joe Biden, lors duquel il a eu plus de temps pour jouer au golf dans son club privé de Bedminster, et revoilà Donald Trump qui s’apprête à retrouver le Bureau ovale.
Quarante-cinquième président américain (2017-2021), il sera donc également le 47e à partir du 20 janvier 2025, jour de son investiture.
Donald Trump a été donné pour mort… politiquement, après avoir été déclaré coupable de 34 chefs d’accusation et qu’il risquait une peine d’emprisonnement de quatre ans pour falsifications de documents coupables. Il a également été victime d’une tentative d’assassinat et blessé à l’oreille par les tirs d’un jeune Américain lors d’un rassemblement politique.
Mais voilà que le milliardaire de 78 ans, tel le phénix, renaît de ses cendres. Contre toute attente, déjouant les sondages, il remporte haut la main le scrutin présidentiel américain. Son challenger, la vice-présidente Kamala Harris, n’a pu que constater ses espoirs de devenir première femme présidente des Etats-Unis s’évaporer, emportés par le raz-de-marée MAGA (Make America Great Again), cri de ralliement de Donald Trump et ses partisans qui entendent, disent-ils, redonner à leur pays son leadership d’antan.
Un exemple de sa large victoire : au collège électoral, Donald Trump a obtenu 312 grands électeurs, laissant loin derrière sa rivale démocrate, à 224 grands électeurs. La victoire la plus nette depuis Barack Obama en 2012, et… depuis 36 ans pour un républicain. Le vote populaire n’a pas été différent, non plus.
Ce come-back de Trump, nommé ‘’Personnalité de l’année’’ par le magazine Time a, à coup sûr, consacré l’élection présidentielle parmi les événements majeurs de l’année 2024.
Les États de l’AES annoncent leur retrait de la CEDEAO
En janvier 2024, le Burkina Faso, le Mali et le Niger annoncent leur retrait ‘’sans délai’’ de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), après que ces trois États ont mis sur pied la confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES).
De gauche à droite : général Assimi Goïta (Mali), le général de brigade Abdourahmane Tiani (Niger) et Ie capitaine brahim Traoré (Burkina Faso) ont annoncé le retrait de leur pays de la CEDEAO et mis sur pied la confédération de l’AES.
Ils reprochent à l’organisation sous régionale ouest-africaine de ne leur avoir apporté aucune assistance dans leur lutte contre le terrorisme. Pire, la CEDEAO leur a même imposé des « mesures [d’embargo] illégales, illégitimes, inhumaines et irresponsables, en violation de ses propres textes », les menaçant d’une intervention militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel dans ces pays.
Bien qu’ayant acté ce retrait des États de l’AES, la CEDEAO a annoncé, lors de son dernier sommet, le 15 décembre dernier, à Abuja, au Nigéria, la mise en place d’une « période de transition » de six mois, à partir du mois de janvier 2025, pour négocier les modalités de départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso de l’organisation.
La Côte d’Ivoire remporte sa CAN
En Afrique, la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), en Côte d’Ivoire, a fait partie des faits marquants de l’année 2024. Alors qu’on la voyait éliminée dès le premier tour, la Côte d’Ivoire finit par créer la surprise en remportant la compétition, évitant ainsi une grande désillusion pour le pays hôte de cette compétition internationale de football parmi les plus prestigieuses au monde. La CAN s’est jouée du 13 janvier au 11 février 2024.
Ce couronnement a connu des péripéties. Deux défaites en phase de groupe, suivies de la démission de l’entraîneur Jean-Louis Grasset sous la pression de tout un peuple qui ne pouvait concevoir une élimination dans ‘’sa’’ compétition, dès le premier tour.
En remportant la 34e édition de la CAN chez elle, la Côte d’Ivoire a accroché une troisième étoile à son maillot.
Il sera remplacé par l’ancien international Emerse Faé, qui réussira, avec ses joueurs, à accrocher une troisième étoile sur le maillot frappé de la tête d’éléphant, après 1992 et 2015, en s’imposant face au Nigéria deux buts à un.
JO de Paris 2024 : ce fut grandiose !
Dans un contexte politique clivé, marqué par la victoire de l’opposition aux législatives anticipées initialement prévues en 2027, suivie de la dissolution du parlement, les Jeux olympiques (JO) de Paris ont constitué un moment de répit pour les Français et le président Macron, mal en point sur le plan politique.
Durant 19 jours de compétition, ces 33e olympiades de l’ère moderne, qui se sont déroulées du 26 juillet au 11 août 2024, ont marqué les esprits par une cérémonie d’ouverture fabuleuse, jamais vue dans l’histoire de ces jeux, malgré les polémiques qu’elle a suscitées.
Pour autant, les compétitions ont tenu leurs promesses, avec des exploits et des records de champions attendus, à l’instar du judoka français Teddy Riner, qui a décroché sa quatrième et cinquième médaille olympique lors de ces Jeux devant son public.
Avec sa cérémonie d’ouverture époustouflante et des exploits sportifs retentissants, les 33e JO, à Paris ont également été un moment de répit politique pour le président Macron.
Son compatriote, Léon Marchand, nageur de 22 ans, détenteur du record du monde du 400 m 4 nages, a marqué l’histoire des JO avec cinq médailles dont quatre en or.
L’Américaine Simone Biles, légende de la gymnastique a, elle, remporté quatre médailles, dont trois en or, reprenant ainsi la couronne qu’elle avait perdue par abandon, en 2020, à Tokyo, huit ans après les Jeux de Rio.
Que dire du Cubain Mijain Lopez, qui a remporté, à Paris, sa … cinquième médaille d’or consécutive en lutte ! Devenant le premier athlète de l’Histoire à réussir ce tour de force, toutes disciplines confondues !
Une semaine après la fin des JO, les Jeux Paralympiques ont pris le relais, du 28 août au 8 septembre.
La guerre d’Israël dans les territoires palestiniens occupés
Comment revenir sur les faits marquants de l’année 2024 sans évoquer la situation au Proche-Orient avec la guerre que mène Israël en terre palestinienne occupée. Débuté en octobre 2023, après l’attaque du Hamas, ce conflit s’est transformé en génocide contre les Palestiniens, selon l’organisation de défense des droits humains, Amnesty international.
Plus d’un an après le déclenchement de l’intervention de l’armée israélienne dans le territoire palestinien de Gaza, des dizaines de milliers de personnes, dont près de 70% de femmes et d’enfants, ont été tuées dans l’enclave palestinien, selon les Nations unies.
Avec la poursuite des bombardements à Gaza et leur extension au Liban, ce conflit se poursuit dans l’espoir d’un cessez-le-feu.
Toutes les infrastructures vitales de la Palestine détruites par l’armée israélienne dans une guerre contre le Hamas qui a causé des dizaines de milliers de morts, dont près de 70% de femmes et d’enfants.
par Tamsir Anne
LA TRANSGAMBIENNE, VOYAGE AU BOUT DE L'ABSURDE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce qui se passe sur l'axe Sénégal-Gambie est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. À la fois horrible et humiliant. Notre seule faute ? Avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère
Keur Ayib, à une vingtaine de kilomètres de Nioro du Rip, surgit presque par enchantement de nulle part, un peu comme ces concessions sur lesquelles on trébuche au détour d’une ruelle dans les bidonvilles. Le décor, cependant, ne trompe pas : c’est bien celui d’une frontière, celle de deux pays dits frères, entrelacés, l’un dans l’autre, s’étreignant jusqu’à se faire mal. Les postes de police, l’un adossé à l’autre, de part et d’autre d’une barrière des files de passagers et de voitures attendant dans un chaos plus ou moins organisé.
Les uniformes, bleus d’un côté, beige-marron de l’autre, les enseignes en anglais d’un côté, en français de l’autre, donnent à l’ensemble une allure surréaliste. On pourrait presque croire que le temps s’est arrêté. On s’imagine que cela n’a pas dû changer depuis l’époque de la colonisation franco-anglaise.
Tant de slogans comme la libre circulation des personnes et des biens, l’intégration sous-régionale se bousculaient maintenant et résonnaient dans mes oreilles, semblables au ricanement d’un fantôme. Je revins à la réalité lorsque l’agent sénégalais nous interpella, mon épouse et moi, nous enjoignant de descendre de voiture, de chercher un laisser-passer pour le véhicule et de nous soumettre au contrôle d’identité.
Nous nous exécutâmes, valsant de bureau en bureau, jusqu’à obtenir le sésame tant espéré, tamponné et cacheté. Le coût de cette première opération : 2500 francs. Ma demande de reçu resta sans réponse.
Je ravalais les mots de protestation qui me brûlaient les lèvres. Après tout, nous avions bien reçu un papier. Restait à se faire identifier. Cette fois, l’opération coûtait 2000 francs. Je déclarai, sans trop réfléchir, que j’avais déjà payé 2500 francs sans reçu et que je ne pouvais pas, une nouvelle fois, payer 2000 francs sans savoir pourquoi.
L’agent me fit savoir qu’il n’agissait que sur ordre, mais finit par renoncer à la somme demandée. Une petite victoire, certes, mais avec un arrière-goût amer.
Passés du côté gambien, à peine cinq mètres plus loin, le décor changea, mais la scène demeura la même. Munis de notre laisser-passer, nous devions passer dans un bureau adjacent pour un autre cachet. Coût de l’opération : 1000 francs CFA. Je redemandai un reçu, mais l’agent gambien me répondit que, puisque j’avais déjà payé 2000 francs dans mon propre pays, où j’étais supposé avoir tous mes droits sans reçu, il n’y avait rien à discuter : c’était 1000 francs, ni plus ni moins.
Je m’exécutai, craignant que, face au ton martial de l’agent, tout geste maladroit ou parole irréfléchie n’aggrave ma situation. Direction le contrôle d’identité suivant. Cette fois, la policière gambienne annonça la couleur : 5000 francs pour mon épouse. Je protestai encore. Sans doute interloquée par la véhémence de mes propos, elle demanda si elle était diplomate. J’acquiesçai sans hésiter et elle tamponna sans même lever la tête. Ouf, me dis-je, il s‘en était fallu de peu.
Malheureusement, ce n’était qu’un début. À peine un kilomètre parcouru, un autre poste de police nous attendait. Les agents, cependant, semblaient indifférents à notre présence, discutant tranquillement. Je ralentis, leur fis un salut militaire, et passai au pas de course. Leur réaction fut immédiate et violente. Un agent me cria que j’avais eu l’audace de passer devant un barrage sans m’arrêter. Je lui expliquai, de manière quelque peu hésitante, qu’ils ne m’avaient pas donné l’ordre de m’arrêter. C’était pour cela que j’avais cru pouvoir passer.
Il demanda la carte grise et le permis de conduire, et m’invita à le suivre dans une cabane située de l’autre côté de la route. Là, il remit les papiers à un autre agent, qui déjeûnait tranquillement. Il me répéta, narquois : « Vous avez passé un barrage de police sans vous arrêter. »
Je lui répondis que c’était ma première traversée de la Gambie et que je ne savais pas s’il fallait s’arrêter à chaque fois que l’on voyait un policier ! Cela le mit dans une colère blanche. Mon crime était trop grave, il allait me renvoyer à Farafenni. Un autre homme, sur place, me souffla qu’il était préférable de donner le prix de la “cola”, sinon cela me coûterait beaucoup plus cher à Farafenni.
Armé de quelques billets de 2000 et 1000 francs, comme certains amis me
l’avaient conseillé, j’essayai de lui glisser un petit bleu, mais sans succès. Le policier scrutait minutieusement mon permis européen, comme si cela aiguisait son appétit. Il refusa l’argent, prenant un air profondément offensé. Il ne pouvait comprendre que je refusais de reconnaître ma faute, que j’avais commis un crime grave en ne m’arrêtant pas à la vue de la police. Et là, je me sentais comme un personnage du procès de Kafka : accusé sans raison, mais coupable tout de même, l’innocence n’existant pas.
Après un long échange, j’admis ma faute, confessai mon ignorance et lui demandai d’accepter le billet. Je ne pouvais pas retourner à Farafenni, cela aurait signifié abandonner le voyage. Finalement, par l’intermédiaire d’un troisième acteur, le billet fut accepté, et mes papiers me furent rendus. Je pus enfin reprendre la route… jusqu’au prochain poste.
Le calvaire ne tarda pas à reprendre. Cette fois, la leçon semblait apprise : je m’arrêtai net à la vue de l’uniforme, saluai militairement et baissai la vitre. La policière me tança vertement : « Quand on parle à la police, on doit baisser la vitre entièrement ! » Je m’exécutai, tendis mes papiers, et elle fit un signe de dédain, m’autorisant à continuer. Je pensais enfin avoir compris la règle du jeu. Mais j’avais trop vite crié victoire.
À chaque 20 ou 40 kilomètres, de nouveaux contrôles, de nouvelles demandes de “cola” ou d’« attaya » (thé). Il fallait s’exécuter, ou risquer de rester bloqué dans cette contrée aussi inhospitalière qu’absurde. C’était la première fois que je ressentais une telle exaspération face à des "frères", parlant de surcroît la même langue, mais sur un ton d’une hostilité que je ne lui soupçonnais pas.
La Sénégambie, quel cauchemar ! Je vous épargne les détails des 20 autres haltes, chacune avec ses tracasseries, ses demandes de “cola” et d’“attaya”. Enfin, j’aperçus le panneau annonçant le Sénégal. Je n’étais pas moins soulagé qu’un naufragé apercevant la terre ferme. Un dernier contrôle à la sortie : il fallait encore donner deux fois 1000 francs au « kilifa », comme il se faisait appeler, qui ne pouvait pas demander publiquement. Pour le punir, j’achetai un sachet d’oranges pelées pour 1000 francs et demandai à la dame de lui remettre la monnaie. Il était quitte avec son honneur… et son hypocrisie.
À quelques mètres de la terre promise, un homme trapu, agressif et féroce surgit. Il brandit une carte : « police des stupéfiants ». Il fallait faire demi-tour et se soumettre à une fouille minutieuse. Chaque coin et recoin de nos bagages, jusqu’au linge de corps, fut inspecté. C’était à la fois horrible et humiliant. Notre seule faute fut d’avoir voulu traverser paisiblement un pays que l’on dit frère.
Le Sénégal et la Gambie sont-ils vraiment une seule tête, inséparable ? J’en doute désormais sérieusement. La prochaine fois qu’une commission mixte sénégalo-gambienne se réunira, au plus haut niveau, comme ce fut le cas il y a juste quelques semaines, abandonnons de grâce la langue de bois et les formules consacrées, si éloignées de la réalité. Ce qui se passe sur la Transgambienne est un démenti cinglant à toute rhétorique intégrationniste. Commençons par le commencement, du bas vers le haut !
À l’avenir, je contournerai ce pays “frère”, quitte à faire un détour par Koulikoro.
LE FORUM CIVIL DEMANDE DES COMPTES AU GOUVERNEMENT
Le vendredi 27 décembre 2024, le Bureau Exécutif du Forum Civil s’est réuni à Saly pour aborder, entre autres questions inscrites à son ordre du jour, la participation du Forum Civil à la gouvernance de la vie publique relativement à la promotion de la...
Le vendredi 27 décembre 2024, le Bureau Exécutif du Forum Civil s’est réuni à Saly pour aborder, entre autres questions inscrites à son ordre du jour, la participation du Forum Civil à la gouvernance de la vie publique relativement à la promotion de la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption, à la consolidation de la démocratie et de l’Etat de droit.
Le Bureau Exécutif du Forum Civil s’est aussi penché sur l’état de mise en œuvre de ses projets et programmes en 2024 relativement à l’augmentation de la taxation du tabac et des produits nouveaux émergents, à la mobilisation des ressources, au renforcement des réformes fiscales justes, à la lutte contre les flux financiers illicites, à la transparence et à la redevabilité dans le secteur extractif, à la gouvernance des finances publiques, à l’intégrité électorale et à la lutte contre les violences politiques au Sénégal.
Enfin le Bureau Exécutif s’est prononcé sur la Préparation de la prochaine Assemblée Générale du Forum Civil.
Au titre du point sur sa participation à la gouvernance publique, le Bureau Exécutif se félicite vivement de sa contribution au débat public tant du fait des instances, de son Coordonnateur général ou de ses sections territoriales. A cet effet, le Bureau Exécutif invite tous ses membres à redoubler de vigilance pour la défense des intérêts des populations pour un accroissement rigoureux et responsable du contrôle citoyen de l’action publique.
"Ainsi, le Forum Civil demande au Gouvernement d’apporter des éclairages sur les activités du « Comité chargé de proposer une assistance aux ex-détenus et autres victimes de la période pré-électorale » créé par arrêté du Ministre de la Famille et des Solidarités ministériel n°017540 du 30 juillet 2024 publié au Journal Officiel n°7758 du 31 août 2024."
Le Bureau Exécutif du Forum Civil encourage aussi le Gouvernement dans sa volonté de réformer ou de refonder le Code général des Impôts. Ainsi il l’invite à mettre en place des Commissions inclusives pour que le Principe de consentement à l’impôt connaisse une réelle appropriation par l’ensemble des acteurs et des citoyens. Le Bureau Exécutif du Forum Civil considère que cette initiative ne doit pas reproduire les formes d’un système bureaucratique inopérant.
Au titre du point relatif à l’exécution des projets et programmes le Bureau Exécutif a apprécié positivement leur rythme et leur niveau d’exécution qui dénote une excellente performance de l’Organisation. A cet égard, le Bureau Exécutif renouvelle ses félicitations appuyées au Coordonnateur Général du Forum Civil, Monsieur Birahime SECK, pour son engagement, son courage et sa ténacité pour la défense de l’intérêt général et du Forum Civil.
Pour la même occasion, le Bureau Exécutif du Forum Civil félicite l’ensemble des membres de l’administration du Forum Civil et des membres sections territoriales pour leur dévouement et leur engagement au service de la nation et de la patrie.
Au titre du point relatif à la vie de l’Organisation et de la préparation de l’Assemblée générale, le Bureau Exécutif a passé en revue les grands moments qui ont rythmé l’activité du Forum Civil et a particulièrement souligné la qualité de sa participation à la vie publique du pays et à l’animation de l’espace public.
Le Bureau Exécutif s’est félicité de ce qui a été réalisé et les défis qui se posent au Forum Civil pour parfaire son développement organisationnel en mettant ses textes, son cadre de gouvernance à la hauteur des meilleurs standards en la matière et asseoir la dimension territoriale de son action.
Le Bureau Exécutif a acté le processus de renouvellement de ses instances par la mise en place d’un Comité de préparation, d’organisation et de supervision de la prochaine Assemblée générale de l’Association.
Le Comité est notamment chargé de proposer les réformes des textes et du cadre de gouvernance et de produire les notes de cadrage encadrant chaque étape devant conduire à la tenue parfaite de l’Assemblée générale.
Le Comité a reçu mandat du Bureau Exécutif de prendre toutes mesures pour la bonne tenue de la prochaine Assemblée générale du Forum civil prévue au plus tard en septembre 2025.
Le Bureau Exécutif du Forum Civil souhaite à ses membres et à toute la Nation une bonne et heureuse année 2025.
Par Hamidou ANNE
2025 RAISONS D’ESPERER
Les caisses de résonance qui célèbrent l’arrestation d’un militant politique pour ses opinions, ces chantres de l’obscurantisme, n’ont jamais rien lu à l’image de leur gourou, qui n’a jamais ouvert la page d’un livre.
Ce jeudi, je suis allé voir mon ami Moustapha Diakhaté, détenu politique à la chambre 42 de la prison de Rebeuss. J’ai trouvé un homme à l’exquise courtoisie. Il m’a bien fait rire, fidèle à son humour et à sa capacité à toujours avoir une lecture politique du cours des choses. C’est sa passion pour l’histoire qui lui permet de penser les choses en les réinvestissant dans un cadre plus large et dans le temps long pour en saisir les nuances et les réels enjeux. Moustapha a déjà terminé onze livres. Il m’a demandé de lui faire parvenir le Discours sur la servitude volontaire de La Boétie. Ce qui fut fait le lendemain. Les caisses de résonance qui célèbrent l’arrestation d’un militant politique pour ses opinions, ces chantres de l’obscurantisme, n’ont jamais rien lu à l’image de leur gourou, qui n’a jamais ouvert la page d’un livre. Le savoir est leur adversaire. Ils ont avec eux la vacuité qui nourrit l’arrogance et la témérité. L’inculture des responsables publics pour moi est l’un des plus grands dangers pour un pays.
Moustapha passe donc ses journées à lire et à écrire, pour documenter le temps qui passe, ponctué de privations certes, mais auréolé de victoires futures pour les nôtres, partisans d’un attachement sans relâche à ce qui fait de nous un peuple sans couture. Il m’a fait penser à un des monuments de la pensée politique, Antonio Gramsci dont je me réfère tant, et qui a écrit l’œuvre de sa vie, Les Cahiers de prison, justement en prison ; somme vertigineuse dans laquelle il développa une pensée rigoureuse sur ce qu’il appela la philosophie de la praxis. Idéologiquement, Moustapha est un libéral assumé, partisan du moins d’Etat, mais il est surtout un intellectuel engagé en politique, soucieux de son rôle de tribun au service de la patrie républicaine. En prison, il ne déroge pas à sa ligne, celle d’un républicain total et d’un militant du progrès social.
Quelqu’un me faisait remarquer le silence des intellectuels jadis hardis dans la lutte contre la judiciarisation du débat public et contre la répression par la prison des opinions considérées comme contraires à celles du Prince. J’ai répondu qu’on observait un effet de mode chez de nombreux intellectuels et universitaires, des adeptes d’une sorte de Fashion week de l’engagement. La saison des jets de projectiles sur la figure du régime précédent avait été décrétée dans les officines et tout le monde y allait de sa pétition nerveuse ou de sa tribune énervée. Désormais, l’heure est au partage du butin de guerre dont Idrissa Seck nous a appris à nous méfier, car elle préfigure les problèmes sur la part de chacun. Mais avant que les querelles ne surgissent, la nuit des longues attentes déroule son voile sur leur capacité d’indignation désormais anesthésiée. D’ailleurs, à ce propos, je n’ai eu pas connaissance de la réaction de Mamadou Diouf après qu’un pilier du système a insulté les tirailleurs sénégalais que le même Diouf célébrait récemment. Aucun membre du comité Théodule mis en place n’a daigné contrarier le complotiste anobli par la dignité ministérielle. Ni un passage à l’émission Objection, où manifestement certains ont leur rond de serviette, ni une tribune écrite hâtivement, mal écrite sur Seneplus… On ne parle pas la bouche pleine, dit l’adage.
Tenir au fil sacré de la République, c’est savoir renoncer aux petits privilèges qui poussent à terme à un renoncement à la simple humanité. Mon ami Ibou Fall rappelle souvent qu’un changement de régime sous nos tropiques est une transmutation de classe. Les marginaux d’hier deviennent les élus du jour. Le business lui, se poursuit. Surtout que désormais le populisme a érigé une frontière entre les uns et les autres. La patrie républicaine est happée par des marchands de morts et des charognards. Journalistes corrompus, universitaires incultes et intellectuels faussaires se liguent pour braquer la République et remettre tout à plat. Le mérite, le travail acharné, la vérité scientifique, la raison n’ont plus cours. Il s’agit désormais de panser les blessures de l’aigreur, de profiter de l’ignorance et de l’inculture des tenants de la machine de l’Etat pour obtenir sa breloque de «patriote», de «nationaliste» ou de «souverainiste», ces mots vaseux, en vérité issus d’une pudeur de gazelle pour ne pas nommer les choses. Chez moi on dit facho. Il faut s’inquiéter quand la hantise de la caste d’intellectuels et d’universitaires est de retourner rapidement à la niche ; quand son obsession est de plaire, de récolter une gloire, aussi infime et fugace soit-elle. Se crée ainsi une société politique dévitalisée, où l’opportunisme et la couardise ont élu domicile. Où sont les pétitionnaires quand la composition du Conseil supérieur de la magistrature est encore la même ? Que disent-ils des arrestations sur des motifs aussi risibles que celui qui a fait condamner Moustapha Diakhaté ? Que signifie pour ces doctes la trahison de la parole et de la signature le 12 septembre dernier, alors qu’ils arguaient que le débat sur le 3ème mandat était d’abord une affaire de respect de la parole ?
Une caste de malhabiles et de laudateurs s’érige pour constituer une avant-garde prétorienne afin de vivre de la rente politicienne. Parmi eux, l’un évoque, avec le zèle des transhumants professionnels, un «exploit constitutionnel». Un autre crie que les régimes précédents étaient «dans un silence coupable et complice» à propos de Thiaroye, tronquant sans fard les faits historiques. Quand même ballot pour un historien. Les plus décents dans la compromission sont ceux qui ont préféré se lover dans le silence gênant, attendant une position en guise de retour sur investissement
Notre pays clôt cette année 2024 rude et inédite. Le Sénégal, à l’instar d’autres nations, vit son moment populiste. Il se caractérise par une valorisation de l’incompétence technique, de la vacuité intellectuelle et de la brutalité dans les méthodes. Depuis 8 mois, et encore ce 27 décembre, le pays vit au rythme des déclarations aussi pénibles qu’empreintes de généralités. Aucun propos mesuré, aucune proposition sérieuse, aucune réalisation. Une litanie de menaces, d’accusations graveleuses, de curiosités et de mise à nue d’une réelle impréparation. Mais cela ne change nullement la donne et il faut le rappeler sans cesse ; les Sénégalais ont fait un choix clair le 24 mars. Ils ont confié les clefs du pays à des gens sur la base de promesses et par le fait d’un immense espoir. Il faut en prendre acte car le Peuple en démocratie en dernier lieu est toujours le souverain pour trancher les divergences d’offres et de projets de société. Mais il faut aussi prédire au regard des faits, que nous récolterons un abaissement moral, un recul économique et une polarisation accrue au sein de la Nation. La peste brune avance et recouvre de sa nuit noire le corps social du pays et le visage des républicains. Intellectuels debout, militants progressistes et journalistes libres sont en alerte car il s’agit de leur responsabilité de faire face à toute tentative de siphonner les droits et de rétrécir les libertés. Nous nous mettrons sur les barricades pour lancer une insurrection citoyenne dont le moteur sera la République ; la République seule ; la République jusqu’au bout
Partout dans l’histoire politique, les meilleurs parmi les nôtres ont pris leurs responsabilités quand les plus irréductibles adversaires de la République, de la laïcité, de la liberté et des lumières que charrient la raison et la science, ont tenté de fermer les espaces de respiration démocratique. Ils ont pris le maquis de la résistance pour mener la charge de la contre-insurrection citoyenne et républicaine. C’est le défi des nôtres aujourd’hui, faire face d’abord pour conjurer la tentation de l’hiver brun. Mais ceci n’est qu’une étape, une autre plus importante, plus cruciale attend les Républicains, les démocrates, les patriotes et les progressistes : proposer une alternative révolutionnaire, crédible et porteuse d’espérance. Il nous faut bâtir une République sociale garante de la laïcité et soucieuse de l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’accès à l’éducation, à l’emploi, à la santé et à la sécurité ; une République qui libère les millions de jeunes dans les zones urbaines des chaînes affreuses de l’ignorance, de la précarité et de la servitude volontaire. Il est aussi possible de redonner au Sénégal son prestige sur la scène internationale, sans xénophobie ni choix aventurier comme celui fait par les juntes voisines. Le Sénégal est un grand peuple qui mérite mieux que la haine érigée en système de gouvernance. Pour 2025, c’est à ce travail-là que j’envisage de m’atteler avec sérieux, rigueur et méthode.
Je souhaite bonne année aux Républicaines et aux Républicains, à toutes celles et ceux qui font des défaites d’hier un ferment pour nos victoires futures. Je forme le vœu d’une année où les graines de la résistance semées donneront les fruits de l’espérance.
Ora et labora !
LES SYNDICATS DEVRONT FAIRE AVEC LES MOYENS DE L’ETAT
Le premier ministre Ousmane Sonko a appelé les organisations syndicales à prendre en compte, dans leurs revendications sociales, l’état dans lequel le pays a été trouvé par les nouvelles autorités en avril 2024 et les multiples contraintes du gouvernement
Le premier ministre Ousmane Sonko a appelé les organisations syndicales à prendre en compte, dans leurs revendications sociales, l’état dans lequel le pays a été trouvé par les nouvelles autorités en avril 2024 et les multiples contraintes du gouvernement. A ce titre, il a annoncé l’ouverture « dès le début de l’année 2025 » de discussions sur la base de la « situation de référence des revendications sociales » établie par le gouvernement.
C’était lors de sa déclaration de politique générale du 27 décembre 2024 devant l’assemblée nationale. Le lendemain, les députés sénégalais ont adopté par vote mais sans débat la loi de finances initiale pour l’année 2025.
Dans les négociations qui seront ouvertes avec les organisations syndicales, qualifiées d’« exercice vérité et de responsabilité », le premier ministre a souligné que l’autorité ne prendra d’engagement que « sur ce qui est réaliste », « supportable par l’Etat ». En revanche, « ce qui est hors de la portée des moyens publics » devra être différé « jusqu’à meilleure fortune ».
Les pressions des organisations de travailleurs sont de plus en plus fortes sur les pouvoirs publics. Elles pourraient l’être davantage au cours de cette année nouvelle. Les syndicats bataillent pour arracher des augmentations de salaires, obtenir le respect d’accords signés sous l’ancien régime, l’intégration et/ou la régularisation d’agents dans la fonction publique d’Etat ou décentralisée… service public. Autant de demandes à impact financiers immédiats dans des secteurs comme l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, la santé, les collectivités locales…
L'UE ADOPTE LES CHARGEURS UNIVERSELS
Les règles de l'Union européenne (UE) exigeant que tous les nouveaux smartphones, tablettes et appareils photo soient équipés du même chargeur sont entrées en vigueur samedi, un changement qui, selon Bruxelles, permettra de réduire les coûts ...
Les règles de l'Union européenne (UE) exigeant que tous les nouveaux smartphones, tablettes et appareils photo soient équipés du même chargeur sont entrées en vigueur samedi, un changement qui, selon Bruxelles, permettra de réduire les coûts et le gaspillage.
Les fabricants sont désormais obligés de doter ces appareils vendus dans le bloc des 27 pays d'un port USB-C choisi par l'UE comme norme commune pour charger les appareils électroniques.
"À partir d'aujourd'hui, tous les nouveaux téléphones mobiles, tablettes, appareils photo numériques, écouteurs, haut-parleurs, claviers et bien d'autres appareils électroniques vendus dans l'UE devront être équipés d'un port de chargement USB Type-C", écrit le Parlement européen sur X.
La règle du chargeur unique, selon l'UE, va simplifier la vie des Européens et réduira les coûts pour les consommateurs en leur permettant d'acheter un nouvel appareil sans nouveau chargeur. Cette mesure, selon l'UE, permettra également de réduire le nombre de chargeurs obsolètes.
La loi a été approuvée pour la première fois en 2022 à la suite d’un bras de fer avec le géant américain de la technologie Apple. Elle a permis aux entreprises de s'adapter jusqu'au 28 décembre de cette année.
Les fabricants d’ordinateurs portables disposeront également d’un délai supplémentaire, à partir de début 2026, pour emboîter le pas.
La plupart des appareils utilisent déjà ces câbles, mais Apple a exprimé sa réticence. L'entreprise a déclaré en 2021 qu'une telle réglementation "étouffe l'innovation", mais en septembre 2023, elle avait commencé à expédier des téléphones avec le nouveau port.
Il y a dix ans, les fabricants d'articles électroniques grand public en Europe s'étaient mis d'accord sur une norme de chargeurs uniques parmi des dizaines d'autres sur le marché, dans le cadre d'un accord volontaire avec la Commission européenne. Mais Apple, le plus gros vendeur mondial de smartphones, a refusé de s'y conformer et d'abandonner ses ports Lightning.
D'autres fabricants ont maintenu leurs câbles alternatifs, créant une situation dans laquelle il y avait une multitude de câbles pour les consommateurs.
Les ports USB-C peuvent charger jusqu'à 100 watts, transférer des données jusqu'à 40 gigabits par seconde et servir à se connecter à des écrans externes.
Au moment de son approbation, la commission européenne a déclaré que la loi devrait permettre d'économiser au moins 200 millions d'euros (208 millions de dollars) par an et de réduire de plus d'un millier de tonnes de déchets électroniques dans l'UE chaque année.
"C'est l'heure du chargeur", écrit samedi la Commission européenne sur X. "Cela signifie une meilleure technologie de chargement, une réduction des déchets électroniques et moins de soucis pour trouver les chargeurs dont vous avez besoin."
Le stade de Nioro porte désormais le nom de Mamadou Moustapha Ba
Il faut rendre à César ce qui appartient à César. C’est ce qu’a compris la commune de Nioro qui a décidé de baptiser son stade au nom de Mamadou Moustapha Ba, ancien ministre, décédé le lundi 4 novembre dernier en France, à l’âge de 59 ans. La décision a été prise à l’occasion du conseil municipal. Il faut rappeler que Mamadou Moustapha Ba est titulaire d’un diplôme de politique de développement et un Master en gestion et administration publique à l’Institut de politique et de gestion du développement de l’Université d’Anvers, d’où il est sorti major de sa promotion en 1998 et 1999. Il est diplômé de l’École nationale d’économie appliquée de Dakar en 1991. Entre 1992 et 2000, « Bosquier » était chargé de programmes à la Direction de la coopération économique et financière (DCEF). Puis de 2001 à 2006, il était chef du bureau primaire de la DCEF. En 2007, il devient le directeur-adjoint de la coopération économique et financière, avant de prendre la tête de cette direction en mai 2012, jusqu’en octobre 2014. Nommé ministre des Finances et du Budget du Sénégal le 17 septembre 2022 par l’ex Président Macky Sall qui l’a conservé dans le gouvernement jusqu’à la fin de son mandat, il était précédemment directeur général du Budget depuis 2014.
La résidence du président de l’Assemblée sera reprise
La polémique sur le troc de la résidence du président de l’Assemblée nationale enfle. La sortie du député Abdou Mbow pour apporter des éclairages a fini d’envenimer la situation. Son collègue Amadou Ba qui estime que la procédure est illégale promet que le gouvernement va reprendre la résidence. A l’en croire, le député Abdou Mbow a donné sur la RFM une version totalement biaisée. Selon M. Ba, une Résidence grand luxe, située sur la Corniche, dont le prix estimatif était entre 6 et 8 milliards, a été troquée (échangée) sans aucune contrepartie, zéro franc, contre un terrain qui a servi à construire le lycée de Yoff et qui ne dépassait pas 300 millions de F Cfa à l’époque. Il s’agit, à ses yeux, d’un cadeau du régime Macky à un des grands protagonistes dans l’affaire des 94 milliards. Mieux, dit-il, échanger sans compensation ou contrepartie une résidence sur la Corniche contre un terrain nu à Yoff, est un scandale. Aujourd’hui, ajoute le député, la résidence est entre les mains du cerveau de l’affaire des 94 milliards de F CFA de façon illégale, car les biens du patrimoine Bâti de l’Etat ne peuvent faire l’objet de transactions ou d’aliénation sans autorisation de l’Assemblée nationale. « Ce qui vicie l’échange frauduleux et rend le troc illégal. L’Etat reprendra ses droits », promet-il.
Commission d'enquête parlementaire sur le Port de Ziguinchor
Le député Guy Marius Sagna a demandé à l'Assemblée nationale du Sénégal de mettre sur pied une Commission d'enquête parlementaire sur les « dangereux actes » de gestion commis au port de Ziguinchor. Il s'agira, selon lui, de répondre aux questions : y-a-t-il eu des malversations financières au port de Ziguinchor ? Y-a-t-il eu des facturations parallèles au port de Ziguinchor ? Le parlementaire demande aussi si les statistiques relatives au port de Ziguinchor données au service régional du commerce de Ziguinchor par la chambre de commerce, d'agriculture et d'industrie de Ziguinchor sont manipulées. La commission se chargera d'étudier si la politique de relance du port de Ziguinchor est optimale et bonne et si le port de Dakar accompagne suffisamment le port de Ziguinchor.
La gestion de la chambre de commerce de Ziguinchor en cause
Restons avec le député Guy Marius Sagna qui a interpellé le gouvernement à travers une question écrite sur les graves malversations financières, les facturations illégales et les conflits d'intérêts à la chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Ziguinchor. Selon le député, la chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Ziguinchor (CCIAZ) va couler le port de Ziguinchor dont elle assure l'exploitation si rien n'est fait. Déjà, dans le cadre de la campagne anacarde 2024 au port de Ziguinchor, il y a eu, d'après Guy Marius Sagna, des écarts au niveau des pesées concernant les entrées en magasin avec absence de justificatif. À cela, poursuit-il, il faut ajouter un écart de près de 88 conteneurs d'une valeur de quatre millions de francs CFA sans aucune explication. Ces montants dus à la chambre de commerce de Ziguinchor par des entreprises représentant au moins 50% du montant total. Le député a pointé du doigt une facturation frauduleuse avec l'utilisation d'au moins deux types de carnets de tickets parallèlement aux tickets officiels, des statistiques biaisées, des manipulations de chiffres pour masquer les malversations financières. Par exemple, de 2014 à 2024 (huit années), la chambre de commerce de Ziguinchor a versé à l'hôtel Kadiandoumagne de Ziguinchor au moins 150 millions de francs CFA dont plus de 79 millions de francs CFA en hébergement et restauration et une rubrique intitulée « divers hôtel », d'un montant de plus de 32 millions de francs CFA. D’après le député, le président de la chambre de commerce est le gérant de l'hôtel Kadiandoumagne. Ce qui témoigne donc, dit-il, d'un flagrant conflit d'intérêts. C'est pourquoi Guy Marius Sagna a proposé au gouvernement de diligenter une mission de vérification dans les meilleurs délais, relative à la campagne de l'anacarde de 2024, de doter la chambre de commerce de Ziguinchor d'un manuel de procédures et la réorganisation structurelle du service exploitation du port de Ziguinchor.
Macky Sall se met en retrait de l’APR
L’ancien président de la République, Macky Sall, a décidé de se décharger de ses fonctions politiques au sein de l’Alliance pour la République (APR) pour une période non encore déterminée. L’ancien président de la République confirme lui-même l’information, selon Dakaractu qui cite la revue « ConfidentielDakar ». Ainsi il a demandé à être déchargé des tâches quotidiennes et va devenir président d’honneur. S’il ne se retire pas totalement de la vie politique, Macky Sall a décidé de se consacrer à ses activités sur le plan international. Ainsi, en début d’année 2025, un nouveau congrès devrait consacrer ce changement majeur dans la vie de l’ancien parti au pouvoir. La semaine dernière, un petit comité a été réuni discrètement à la demande de Macky Sall pour travailler dans un schéma avec l’instauration d’un secrétariat permanent pour diriger les activités du parti. Il faudra également désigner une personne pour coordonner les activités en l’absence de Macky Sall. Ce qui ne sera pas tâche facile vu les ambitions des uns et des autres. Ce changement majeur a été en réalité annoncé depuis le congrès extraordinaire de décembre 2023 qui annonçait des modifications importantes dans l’organisation de l’APR.
Plus de 1 200 migrants secourus au large des côtes des Canaries
L’émigration clandestine ne faiblit pas. En cette fin d'année, les côtes des îles Canaries continuent d’être le théâtre d’un afflux incessant d’embarcations de fortune. D’après notre compatriote, Momar Dieng Diop qui cite des sources officielles, les équipes de Salvamento Marítimo ont secouru sept nouvelles embarcations ces dernières heures. Le flux migratoire, qui s'était initialement concentré sur El Hierro, s'est désormais déplacé vers Lanzarote, où cinq des embarcations ont accosté. Les premiers bilans font état de quatre embarcations arrivées à Lanzarote, transportant chacune environ 240 personnes. Une cinquième embarcation, de taille plus modeste, a été retrouvée avec 28 passagers, dont une femme et un enfant. Les navires de sauvetage Acrux et Adhara ont escorté deux autres embarcations jusqu’au port de La Restinga, sur El Hierro. La première comptait 69 passagers, dont une femme, tandis que la seconde en transportait 224, dont 57 femmes et plusieurs mineurs. Les services d’urgence ont pris en charge les 34 passagers, dont cinq femmes et un nourrisson.
Mort de Jimmy Carter, 39e président des USA
Le 39e président des États-Unis, prix Nobel de la Paix en 2002, est décédé à l'âge de 100 ans. Attachant, à défaut d'avoir été convaincant, Jimmy Carter a sans aucun doute été un meilleur ex-président qu'un chef marquant de l'exécutif à Washington. L'ancien président américain Jimmy Carter est décédé à l'âge de 100 ans.
Colère des ex agents de l’Agetip
En colère contre le Directeur général de l'Agetip, El Hadji Malick Gaye, des ex-agents ont organisé une marche pacifique. Arborant des brassards rouges en signe de mécontentement, ces ex-travailleurs au nombre de 100 disent avoir été informés de leurs licenciements par Sms. Ils ont profité de leur marche pacifique encadrée par la Police pour exiger des autorités étatiques de réparer l'injustice dont ils se disent victimes.
Récriminations de l’UNSAS
L'union nationale des syndicats autonomes du Sénégal (Unsas) demande au Gouvernement de s'atteler aux urgences des travailleurs qui ont pour noms : retard des permanents des salaires, licenciements abusifs etc. Selon Yvette Keita Diop, secrétaire générale de l'Unsas, ces manquements méritent d'être corrigés. Un plaidoyer formulé au cours d'une session de formation sur la digitalisation.
101 ans de Cheikh Anta Diop
10 décembre 1923, 10 décembre 2024. Voilà 101 ans que naissait le savant Cheikh Anta Diop, par ailleurs fondateur du parti Rassemblement national démocratique (Rnd). L’actuel secrétaire général dudit parti, Bouna Alboury Ndiaye, appelle les héritiers du Pharaon noir à l'unité pour perpétrer sa pensée et relever les défis du développement du Sénégal.
Préavis de grève du SAEMSS
Le syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (SAEMSS) a décidé de déterrer la hache de guerre. Son secrétaire général national, El Hadji Malick, prévient le gouvernement qu’un préavis de grève sera déposé éminemment. Il a fait la déclaration à l’occasion de la rencontre du bureau exécutif national (BEN) pour tirer le bilan des engagements du gouvernement. Selon El Hadji Malick Youm, un bilan sans complaisance a été tiré sur la mise en œuvre des accords. Le constat, dit-il, des lenteurs et le manque de volonté politique sont flagrants, notamment sur des questions cruciales liées à la carrière des enseignants. Le syndicaliste regrette que l’apurement du passif social soit occulté lors de la Déclaration de politique générale du Premier ministre Ousmane Sonko. A l’en croire, le gouvernement reste mieux sur la révision du statut des enseignants décisionnaires, le parachèvement des formations et des retards dans la mise en œuvre des engagements sociaux. Selon lui, ces questions inscrites dans le protocole d’accord signé avec le gouvernement restent sans réponse et alimentent la frustration des enseignants. Le SAEMSS prévoit d’associer d’autres syndicats, notamment le CUSEMS pour engager la lutte.
Par Momar Dieng
MACKY SALL DOIT-IL S’INQUIETER ?
La mise en place de la Haute de justice répond à un engagement des nouvelles autorités de faire juger les auteurs d’actes de gouvernance contraires aux intérêts du pays et des populations. Dans ce cadre, elle ne devrait épargner personne.
La mise en place de la Haute de justice répond à un engagement des nouvelles autorités de faire juger les auteurs d’actes de gouvernance contraires aux intérêts du pays et des populations. Dans ce cadre, elle ne devrait épargner personne. Dans le viseur, l’ex président Macky Sall réfugié au Maroc et présumé responsable politique et moral de ces actes. La convention judiciaire entre Dakar et Rabat pourrait être dépoussiérée…
L’assemblée nationale du Sénégal a réactivé, le 28 décembre 2024, la Haute cour de justice (HCJ) et élu en son sein les 16 membres dont 8 titulaires qui doivent la composer. 140 parlementaires ont voté en faveur de l’initiative du gouvernement sur un collège électoral de 146 membres. Il y a eu 2 votes négatifs et 4 abstentions. Le scrutin s'est déroulé par voie électronique.
Les députés élus membres titulaires de la HCJ sont Alioune Ndao, Ramatoulaye Bodian, Amadou Ba n02, Youngar Dione, Rokhy Ndiaye, Mohamed Ayib Daffé, Daba Wagnane et Abdou Mbow.
Leurs suppléants sont : Samba Dang, Oulimata Sidibé, El Hadj A. Tambédou, Fatou Diop Cissé, Mouramani Diakité, Marie Hélène Diouf, Mayabé Mbaye et Fatou Sow.
A tour de rôle, ils ont prêté serment devant le pupitre de l’assemblée nationale « de bien et fidèlement remplir leurs fonctions de garder le secret des délibérations et des votes et de se conduire comme un digne et loyal magistrat ». C'est le président de l'institution parlementaire El Malick Ndiaye qui a procédé à leur installation solennelle.
Le retour au premier plan de la Haute cour de justice répond au voeu du nouveau pouvoir sénégalais de faire juger par « le peuple souverain » les actes et pratiques de l’ancien régime du président Macky Sall. Il correspond à des engagements du chef de l’Etat et du premier ministre Ousmane Sonko de donner droit aux revendications des victimes de la période 2021-2024 marquée par la vague de terreur et de répression tous azimuts contre des opposants politiques et des activistes de la société civile.
Macky Sall devrait-il s’inquiéter aujourd’hui avec la mise en place d’une juridiction qui vise clairement ses actes de pouvoir et ceux de ses collaborateurs ministres dans plusieurs gouvernements précédents ? A priori, l’ex tout-puissant chef de l’Etat est relativement tranquille car, dixit l’article 87 de la Constitution, « le Président de la République n’est responsable des actes accomplis dans l’exercice de ses fonctions qu’en cas de haute trahison. »
Convention judiciaire entre le Sénégal et le Maroc
Mais si ce délit dit de haute trahison est trouvé, il pourrait être « mis en accusation par l’assemblée nationale, statuant par un vote au scrutin secret, à la majorité des trois cinquièmes des membres la composant », il pourrait être jugé par la Haute cour de justice.
Exilé à Marrakech (Maroc) avec famille et bagages depuis le soir de sa passation de service avec son successeur le 2 avril 2024, Macky Sall n’est jamais revenu au Sénégal. Tête de liste de sa coalition électorale aux législatives du 17 novembre, il n’a pas fait le déplacement au pays pour diriger la campagne électorale comme il s’y était engagé. L’échec de sa tentative - réelle ou feinte - de revenir au premier plan en comptant sur une victoire parlementaire a été totale. Sa présence dans le royaume chérifien - ou ailleurs - devrait perdurer sous la forme d’un séjour à durée indéterminée (SDI). Mais qu’adviendrait-il si les autorités sénégalaises demandaient son extradition au Maroc ?
Dakar et Rabat sont effet liés depuis plusieurs décennies par une Convention de coopération judiciaire, d’exécution des jugements et d’extradition. Cette convention est objet d’une ratification par décret royal en date du 19 décembre 1968. Si elle n’a pas été dénoncée par une des deux parties, le Sénégal pourrait l’invoquer. Pourquoi vouloir mettre en accusation et juger Macky Sall si le levier de l’extradition judiciaire ne devait pas être actionné ?
Pour les ministres et secrétaires d’Etat de l’ancien régime, l’affaire semble moins compliquée. Ils « sont pénalement responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis », précise l’article 87 de la Constitution.
Dans le projet de budget 2025, le gouvernement a mis en place un fonds d’indemnisations d’un montant de 5 milliards de francs CFA en faveur des dites victimes. Selon le ministre des Finances et du Budget, le travail d’identification des personnes éligibles à ce fonds se poursuit. 112 d’entre elles ont déjà perçu leurs dus.
Les enquêtes documentées d'organisations de droits de l'homme - comme Amnesty International - font état d'environ 50 á 80 personnes tuées par les forces de l'ordre durant les années de braise 2021-2024. L'ex pouvoir, n'a jamais publié de bilan après avoir plusieurs fois promis des commissions d'enquête sur cette répression.
La HCJ sera présidée par un magistrat professionnel, ainsi que l’ordonne l’article 86 de la Constitution. L’élection des membres a lieu en début de législature. Ce nouveau parlement est issu des élections législatives du 17 novembre 2024 remportées par le parti au pouvoir Pastef (patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité). Il remplace depuis le 2 décembre 2024 la législature précédente dissoute par le président Bassirou Diomaye Faye le 13 septembre 2024.
LE VOTE SANS DEBAT DE LA LFI ET L’INSTALLATION DE LA HAUTE COUR DE JUSTICE
Les livraisons de ce lundi traitent du vote sans débat de la Loi de finances 2025 sur la base de l’article 86 alinéa 6 de la Constitution et l’installation de la Haute cour de justice
Le vote sans débat de la Loi de finances 2025 sur la base de l’article 86 alinéa 6 de la Constitution et l’installation de la Haute cour de justice sont les principaux sujets au menu des quotidiens reçus lundi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
‘’L’Assemblée nationale se plie à la volonté de Sonko’’, note L’As après l’adoption sans débat de la Loi de finances initiale 2025. ‘’L’Assemblée nationale a adopté samedi, sans débat, le projet de loi de finances 2025. C’est à la suite de la demande du Premier ministre Ousmane Sonko qui a engagé la responsabilité du gouvernement conformément à l’article 86 alinéa 6 de la Constitution. Une décision dénoncée par une partie de l’opposition qui trouve inélégante+ la démarche du régime’’, +écrit le journal.
‘’Le Budget acquis à 86.6’’, affiche à la Une Le Quotidien. ‘’Le projet de loi de finances 2025 a été adopté, samedi, sans débat, par l’Assemblée nationale sur la base de l’article 86.6 de la Constitution invoqué par l’Exécutif, qui a évoqué le temps court pour tenir les plénières. Mais du côté de l’opposition, des parlementaires dont Abdou Mbow, membre du groupe parlementaire Takku Wallu et Thierno Alassane Sall, dénoncent +une violation grave de notre Constitution+ et un dilatoire qui a abouti à cette situation’’, rapporte la publication.
Analysant la LFI, WalfQuotidien parle de ‘’marge de manœuvre étroite’’ avec ‘’une prépondérance des dépenses de personnel dans l’enseignement’’. Selon le journal, ‘’les nouvelles autorités ont fait leur choix. Elles privilégient les dépenses de personnel au détriment des dépenses d’investissements. A titre d’exemple, le ministère de l’Education nationale dont le budget représente 15 % du budget 2025, a seulement 4,5 % des investissements exécutés par l’Etat’’.
Le même journal revient sur l’installation de la Haute cour de justice et estime que c’est ‘’un pas de plus vers le jugement des hommes de l’ancien régime’’.
‘’La Haute cour de justice a été installée, samedi 28 décembre 2024. Avec cette juridiction, le pouvoir peut juger l’ancien Président Macky Sall, ses Premiers ministres ainsi que les membres du gouvernement ayant commis des crimes dans l’exercice de leurs fonctions’’, écrit Walf.
Le Soleil présente les 16 députés membres de la Haute Cour de justice connus depuis samedi dernier. ‘’Ils ont été élus par la majorité de leurs collègues, suite à un vote électronique. Sur les 165 députés élus, 146 ont voté, soit 140 pour, 2 contre et 4 abstentions. Ainsi, Alioune Ndao, Ramatoulaye Bodian, Youngar Dione, Amadou Ba n°2, Rokhy Ndiaye, Mouhamed Ayib Daffé, Daba Wagnane et Abdou Mbow sont élus comme titulaires.
‘’le défi de l’impartialité’’
Ils ont pour suppléants Samba Dang, Oulimata Sidibé, El Hadj A. Tambédou, Fatou Diop Cissé, Mouramani Diakité, Marie Hélène Diouf, Mayabe Mbaye et Fatou Sow. Tous ont juré de se conformer à leur serment. Ces députés-juges devront siéger à côté de magistrats professionnels en cas de jugement, souligne le journal.
‘’Instituée par l’article 99 de la Constitution sénégalaise de 2001, la Haute cour de justice (HCJ) est régie par la loi organique n° 2002-10 du 22 février 2002. Placée sous la présidence du Premier président de la Cour suprême, elle est composée de huit membres, tous juges titulaires, élus par l’Assemblée nationale. Cette juridiction de privilège demeure cependant rarement sollicitée depuis 1960’’, rappelle le quotidien national.
Avec l’installation de cette HCJ, il y a ‘’la traque en ligne de mire’’, dit Sud Quotidien. ‘’La Haute Cour de Justice, qui a fait l’objet de débats pendant la campagne des législatives anticipées de novembre faisait débat depuis des mois, a été installée samedi dernier, comme le prévoit le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Si d’aucuns y voient déjà un outil de règlement de comptes, le Premier ministre Ousmane Sonko a informé qu’elle est un, moyen de vérifier la gestion +nébuleuse+ couvrant la période 2021-2024, des anciens ministres, directeurs généraux et autres administrateurs de fonds publics, du régime déchu du Président Macky Sall’’, souligne la publication.
EnQuête soulève ‘’le défi de l’impartialité’’. ‘’Les dés sont jetés. La majorité parlementaire a installé ses juges, titulaires et suppléants, devant siéger au niveau de la Haute cour de justice. Conformé ment aux dispositions de la loi portant règlement intérieur de l’Assemblée nationale, il y aura, dans cette instance, sept membres issus du parti les Patriotes africains du Séné gal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) et un seul de l’Alliance pour la République. Tous sont non seulement connus pour leur militantisme actif, mais aussi et surtout pour leur parti-pris manifeste sur certains faits qui, potentiellement, peuvent être déférés devant cette juridiction. De sérieux doutes existent en tout cas sur leur impartialité et leurs aptitudes à apprécier les faits et à dire le droit’’, écrit le journal.
Dans le quotidien Source A, Le premier juge titulaire, Alioune Ndao, assure qu’il ‘’ne s’agit pas d’une justice politique, et qu’il n’est aucunement dans une logique de vengeance ou de chasse aux sorcières’’.
‘’D’ailleurs, si les procédures sont respectées, il faut que le dossier de chaque mis en cause présumé, ancien ministre ou ancien président de la République, soit instruit par la Cour d’Appel, afin que les personnes poursuivies puissent être trainées devant la Haute Cour de Justice’’, rappelle-t-il.