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25 avril 2025
LE SÉNÉGAL EST TRÈS VULNÉRABLE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
En raison de la baisse des précipitations et de la hausse des températures, les risques de sécheresse pourraient augmenter de 20 à 40 % à long terme, selon la BAD
Le Sénégal est 70e au classement mondial effectué par la Banque africaine de développement (BAD) en matière d’aléas climatiques, un rang selon lequel il est ‘’très vulnérable’’ au changement climatique, appris l’APS, mercredi, à Accra.
Le classement figure dans les ‘’Perspectives économiques de l’Afrique’’, une publication annuelle de la BAD, qui tient ses assemblées annuelles depuis mardi dans la capitale du Ghana.
L’agriculture, la pêche et le tourisme sont les secteurs d’activité les plus touchés par le changement climatique au Sénégal, indique le document.
En raison de la baisse des précipitations et de la hausse des températures, les risques de sécheresse pourraient augmenter de 20 à 40 % à long terme, au Sénégal, ajoute la publication.
L’édition 2021 du rapport a été lancée mercredi au centre international de conférences d’Accra, qui accueille les 57èmes assemblées annuelles de la BAD.
A cause de l’exploitation des hydrocarbures, à laquelle se prépare le Sénégal, les émissions de gaz à effet de serre risquent d’augmenter fortement, selon le dernier numéro des ‘’Perspectives économiques de l’Afrique’’.
Le document signale que le Plan Sénégal émergent, le programme de développement économique, culturel et social mis en œuvre par l’Etat depuis 2014, a identifié des ‘’priorités pour promouvoir la croissante verte’’.
Le Fonds vert pour le climat, un mécanisme financier des Nations unies, a mobilisé en 2020, pour le Sénégal, 153,4 millions de dollars US pour la prévention des inondations, la promotion des énergies renouvelables, la gestion durable des terres et la résilience des écosystèmes, selon la même source.
Les perspectives concernant la réalisation de l’objectif de développement durable numéro 13, relatif à l’action climatique, restent ‘’moroses’’, malgré les efforts du gouvernement sénégalais, car le taux de mise en œuvre, au titre du plan de relance économique, devrait rester faible. Il tourne autour de 13,6 % pour l’année 2023.
Outre le changement climatique et les options de politiques publiques du Sénégal, le rapport a analysé les développements macro-économiques récents et les perspectives et risques économiques.
LA GAMBIE PRÊTE À FAIRE JUGER JAMMEH
Le gouvernement du président Adama Barrow a apporté un début de satisfaction aux attentes des victimes de la dictature ou de leurs proches, dont un certain nombre craignait que la justice ne soit sacrifiée à des commodités politiques
Le gouvernement gambien s'est dit prêt mercredi à faire juger, en Gambie même, l'ancien dictateur Yahya Jammeh et des dizaines de personnes accusées d'une multitude de crimes pendant ses plus de vingt ans à la tête de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest.
Le gouvernement du président Adama Barrow a apporté un début de satisfaction aux attentes des victimes de la dictature ou de leurs proches, dont un certain nombre craignait que la justice ne soit sacrifiée à des commodités politiques.
Mais la comparution de M. Jammeh semble une perspective encore lointaine. L'ancien autocrate, dont c'était le 57ème anniversaire mercredi, vit en exil en Guinée Equatoriale et il n'y a aucun accord d'extradition entre les deux capitales. Entre la mise en place d'une cour spécialisée et la réforme des textes en vigueur, par exemple sur la torture, le gouvernement de ce pays pauvre et enclavé, aux ressources limitées, a préparé les esprits à un fastidieux parcours.
Le gouvernement a dit mercredi accepter de poursuivre les 70 personnes citées dans un rapport produit en novembre par une commission chargée de faire la lumière sur les méfaits perpétrés à l'époque. Cela concerne "notamment (...) l'ancien président Yahya Jammeh pour une myriade de crimes commis entre 1994 et 2017", a indiqué le ministère de la Justice dans un communiqué faisant référence à la période pendant laquelle M. Jammeh, lieutenant arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat militaire, a dirigé la Gambie d'une main de fer.
"La tâche la plus importante maintenant, c'est de veiller à ce que les recommandations soient respectées, appliquées, et non pas mises de côté comme ailleurs", a dit à l'AFP Fatoumatta Sandeng, porte-parole d'une coalition d'associations de victimes dont le père, un opposant, est mort en 2016 après avoir été arrêté et torturé.
"Nous ne sommes pas disposés à laisser l'impunité encourager les auteurs de crimes", a assuré le ministre de la Justice Dawda Jallow lors d'une cérémonie devant des organisations de victimes, la société civile, le monde politique et des diplomates. Les autorités ont répondu aux préconisations de la commission sous la forme d'un "Livre blanc" distribué aux participants à la cérémonie.
Pendant 22 ans, "les exécutions extrajudiciaires, le viol, la torture, les disparitions forcées et de nombreuses violations graves des droits de l'Homme ont été la marque de (la) junte militaire" de M. Jammeh; "avec ses complices, y compris les broussards et l'Agence nationale du renseignement, Yahya Jammeh s'est servi de ces instruments pour s'accrocher au pouvoir en semant la peur dans le coeur des Gambiens ordinaires", dit le Livre blanc.
Question de volonté
La commission a dénombré entre 240 et 250 personnes mortes entre les mains de l'Etat et de ses agents. Parmi elles figure le correspondant de l'AFP et grande figure de la presse nationale Deyda Hydara, assassiné le 16 décembre 2004 par les "broussards", hommes de main du régime.
La commission passait en revue les crimes commis, qu'il s'agisse de l'assassinat d'opposants, de répression des libertés de la presse ou de religion, d'anonymes tués par l'incurie du convoi présidentiel, jusqu'à l'administration contrainte d'un traitement bidon contre le sida. Le gouvernement a répondu point par point dans le Livre blanc, endossant des poursuites contre M. Jammeh pour une litanie de fait, mais aussi des propositions de réformes du système gambien.
M. Jammeh doit être poursuivi pour le meurtre du journaliste Hydara, abonde le gouvernement. Un parquet et un tribunal spéciaux seront créés, a annoncé le ministre. "Cette cour sera établie en Gambie", a-t-il dit. Parmi différentes options, la commission accordait sa préférence à une cour internationale basée hors de la Gambie dans un pays voisin.
Personne n'a encore été jugé en Gambie pour les crimes attribués au régime Jammeh. La présidence jugée ubuesque de M. Jammeh a pris fin avec sa défaite surprise à la présidentielle de décembre 2016 et son exil forcé en janvier 2017 sous la pression d'une intervention militaire ouest-africaine.
Son départ a ouvert la voie à une transition démocratique fragile dans ce pays anglophone de plus de deux millions d'habitants. M. Jammeh continue d'influer sur la vie politique. M. Barrow a été réélu en 2021 après un accord entre son parti et celui de M. Jammeh.
Reed Brody, avocat spécialiste de ces causes engagé au côté des victimes de l'ère Jammeh, a vu dans l'annonce gouvernementale "une avancée importante". "Les preuves sont là" et l'attente est forte en Gambie et à l'étranger, a-t-il déclaré. "C'est maintenant au gouvernement de faire la preuve par des actes concrets qu'il est déterminé à faire rendre des comptes aux coupables".
PAR Korassi Téwéché
LE POST-COLONIALISME EXPLIQUÉ À MA FILLE
EXCLUSIF SENEPLUS - « C’est triste, me dit-ma fille, le regard comme meurtri de compassion pour cette humanité endormie. Crois-tu qu’un jour, grâce au postcolonialisme, l’humanité brillera comme le soleil ? », ajouta-t-elle
Hier, ma fille m’a posé une question curieuse : « Papa, qu’est-ce que le postcolonialisme ? » Ma fille a douze ans. À cet âge on ne s’intéresse normalement pas à ce genre de sujets. Et pourtant, elle s’y intéresse. « Où as-tu trouvé ce mot, lui demandais-je ». « Sur Internet, me répondit-elle ». J’étais sidéré. C’est fou comme on peut aujourd’hui avoir accès à tout, pensaisje. Mais là n’était pas la question. Il fallait que je dise quelque chose à ma fille ; que je lui explique ce qu’est le postcolonialisme. De deux choses l’une : ou je lui disais que ce sujet n’est pas important pour elle, ou alors je lui avouais toute la vérité. Je me sentais comme devant la barre ; sans avocat, tétanisé. Elle était la juge. Moi, j’étais l’accusé appelé à comparaître. Je gardais mon calme, respirais profondément et lui dit : « Vois-tu ce soleil brille qui brille au-dessus de nos têtes ? Il ne fait de différence entre qui que ce soit. Il brille sur toi, sur ta maman, sur ta tante Lisa, sur moi… Il brille partout. Ainsi en était-il des humains. Au commencement, nous étions comme le soleil. Nous aimions tout le monde. Nous partagions notre amour, notre confiance, notre amitié. Bref, nous ne faisions de distinction entre personne. Jadis, il n’y avait pas de guerre. Il n’y avait ni blanc, ni jaune, ni rouge, ni noir ; ni bons ni mauvais. La terre était une et belle. On pouvait aller d’un pays à un autre, traverser les frontières, sans craindre d’être arrêté comme un bandit, ou mis en prison. C’était la paix parmi les vivants.
Puis un jour tout changea. Je ne sais pas pourquoi, mais tout devint différent. À ton avis, que se passe-t-il quand le soleil cesse de briller, demandais-je à ma fille ? » « C’est la nuit, me dit-elle ; on ne peut plus voir ». « Ainsi en est-il de l’humanité, continuais-je. Comme le soleil, nous cessâmes de briller. La nuit s’abattit sur nous. Nous ne pouvions plus voir ; nous tutubions tels des aveugles. Depuis le jour où notre lumière s’est éteinte, l’orgueil est entré dans nos cœurs. Nous commençâmes à distinguer nos amis de nos ennemis. Nous choisissions ceux qui nous ressemblaient, et jetions les ‘autres’ en prison. Nous leur faisions la guerre, arrachions leurs biens, brulions leurs maisons… Bref, depuis ce jour où notre soleil s’est éteint, nous avons cessé d’être des humains ». Puis, j’expliquais à ma fille comment la terre subit fatalement les effets de cette ‘éclipse de l’humain’. Je poursuivais : « Certes, l’histoire de la guerre est très ancienne ; mais depuis environ cinq siècles, celle-ci a connu une escalade ahurissante. À sa sortie du Moyen-âge, convaincue d’être l’incarnation de la ‘Raison Universelle’, l’Europe décréta qu’elle était la figure de l’humanité accomplie et la mesure de toute chose : du bien et du mal, du vrai et du faux, du juste et de l’injuste… Pétrie de cette foi aveugle, elle s’octroya un droit absolu de propriété sur la terre et le vivant. Elle lança l’assaut contre les autres nations du monde et fit la guerre aux peuples d’Amérique, d’Afrique, d’Asie, et d’Orient… Possédée par sa folie meurtrière, elle détruisit toutes les civilisations qu’elle croisa sur son chemin certes, il y a eu des résistances à cette barbarie européenne. Les peuples luttèrent pour défendre leurs terres et leur dignité. Beaucoup moururent au combat. Mais depuis ce jour, le rapport entre l’Europe et les autres peuples n’est plus le même. C’est cette relation que veut réparer le postcolonialisme. Au-delà de ses spécificités, il défend l’idée qu’il n’existe qu’une seule ‘race humaine’, et que tous les humains sont égaux en droits et en dignité. Aucun peuple, aucune nation n’a le monopole de la vérité et ne peut donc, sous ce prétexte, asservir un autre. Cette idée n’est pas un mythe, elle n’est pas un article de foi, mais une évidence de la conscience. Certes, la multiplicité des cultures peut donner l’impression qu’il existe des différences entre les sociétés. Elle peut laisser croire que certaines histoires valent mieux que d’autres. Mais ceci n’est qu’une illusion. Au fond, en rentrant en soi-même, par-delà la ruse de la culture et des histoires particulières, chaque être humain peut comprendre ce lien intrinsèque qui l’unit au reste du monde, et à l’univers tout entier. Ce lien a trait à la vie et à la mort, qui sont l’horizon de notre séjour terrestre. C’est dire que le postcolonialisme veut non seulement résister contre l’impérialisme européen ; il veut ouvrir la voie à une pensée débarrassée du fardeau de l’ethnicité et de la ‘race’. Il veut faire émerger un savoir qui transcende les provincialismes chauvinistes et les historicismes des communautés humaines.
Cependant, au creux du ventre gourmand européen, subsiste toujours cette singulière nostalgie d’être la fille aînée de l’humanité. Au-delà de l’Europe, on peut aussi voir des gens ou des peuples qui croient, secrètement ou à haute voix, qu’ils sont le centre éternel du monde. Tous oublient hélas que les choses ont changé. « C’est triste, me dit-ma fille, le regard comme meurtri de compassion pour cette humanité endormie. Crois-tu qu’un jour, grâce au postcolonialisme, l’humanité brillera comme le soleil ? » ajouta-t-elle. « Le postcolonialisme a fait son chemin, lui répondis-je. Une nouvelle ère s’ouvre à nos yeux. Qu’il existe, durant ce siècle, des individus ou des nations qui persévèrent dans leur aveuglement est un scandale. Il revient néanmoins à chacun de poursuivre l’aventure humaine terrestre dans la lucidité. Non plus nécessairement en s’opposant à l’Europe, mais en luttant contre. Tout ce qui aliène l’humain et tue la lucidité. Ou nous nous réveillons chaque matin, et éclairons l’univers tel le soleil ; ou nous laissons l’obscurité régner sur le monde. Tout dépendra de nous ! » Soudain, je vis comme une lumière sur le visage de ma fille. « Moi, je brillerai comme le soleil dans l’univers, me dit-elle en souriant ! »
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
LA PARITÉ, POISON DE LA DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette loi telle qu’instituée ne découle pas d’un souci de promouvoir l’égalité homme-femme, mais d’un populisme destiné à manipuler les masses féministes à des fins électoralistes
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 25/05/2022
À quelques encablures des élections législatives, l’incertitude a plané sur la tenue de ces échéances électorales. En cause, les listes de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) et de Yewwi Askan Wi entachées d’irrégularités dirimantes afférentes au parrainage et à la parité. La parité, telle qu’instituée au Sénégal, ne découle pas d’un souci de vouloir promouvoir l’égalité homme-femme dans beaucoup de secteurs, mais d’un populisme nauséabond pour enivrer les masses féministes et les manipuler à des fins électoralistes. Il appert que les prodromes de la lutte pour l’égalité homme-femme remontent aux premières années des indépendances et même avant, mais la lutte intensive a pris une tournure décisive sous le magistère de Wade qui, sous la coupe des organisations et lobbies féministes, a fait voter la loi le 14 mai 2010 par l’Assemblée nationale, adoptée par le Sénat le 19 du même mois. Populiste et démagogue, Abdoulaye Wade aura satisfait les desiderata des lobbies féministes mus pour la plupart par des intérêts cryptopersonnels et dont les méthodes populistes ne manquent pas d’ingéniosité pour propager leurs revendications dans le gratin intellectuel féminin.
Et le 28 mai 2010, la loi sur la parité est promulguée par le président Wade qui pense gagner la sympathie des femmes à l’élection de 2012 avec cette trouvaille que l’on considère comme une révolution. Depuis cette date historique, dans les instances électives, la parité est de mise. Pourtant celui qui a fait voter cette loi ne l’a jamais mise en application dans les instances de son parti. En sus, en 12 ans, il n’a jamais nommé dans ses huit gouvernements successifs, comptant au minimum 30 ministres, plus de 9 femmes. La seule fois où il y a eu le nombre record de 8 femmes sur 31 ministres, c’était le 4 novembre 2002 sous la primature d’Idrissa Seck. Le successeur de Wade à la tête de l’État, Macky Sall, aurait pu instaurer la règle paritaire dans la formation de ses différents gouvernements même si la loi n’est pas coercitive là-dessus. Aujourd’hui les instances politiques provisoires de l’APR ne comptent pas de femmes responsables sauf dans la structure des femmes. Cela est à l’image de l’ensemble des autres formations politiques où la parité est encore loin d’être une réalité.
De 22% (soit 33 députés) pour la législature 2007-2012, l’effectif des femmes députées est passé à 43,3% (soit 64 députés sur 150) pour la législature 2012-2017. Mais ce taux élevé de femmes députées n’est pas synonyme de qualité. La plus-value féminine ne s’est pas fait sentir dans l’effervescence et le bouillonnement des débats à l’Assemblée nationale. Les souvenirs vivaces que certaines de ces députées nous ont laissés, ce sont des insultes, des crêpages de chignons, des querelles de bornes-fontaines et des applaudissements délirants. Qui ne se souvient pas des insanités que la députée de Benno Bokk Yaakaar, Aïssatou Diouf, a déversées sur son collègue Me El Hadji Diouf lors de l’examen du projet de loi sur la réforme des universités le 18 décembre 2015 ?
La présence quasi-paritaire des femmes lors de la 12e législature n’a pas embelli l’image de notre parlement godillot. La 13e n’a pas fait mieux. La parité qu’on a voulu appliquer dans notre démocratie qui souffre de la plaie de l’inégalité, selon les promotrices de la parité, n’est que cautère sur jambe de bois. Pire, cette parité était sur le point d’exclure du champ politique partiellement ou totalement les deux coalitions qui, à elles seules, polarisent les ¾ de l’électorat sénégalais.
Au lieu d’en faire un instrument de promotion de l’égalité homme-femme, la parité est utilisée par nos autorités actuelles et nos pseudo-féministes comme une guillotine pour empêcher des formations ou coalitions politiques de concourir à l’expression des suffrages. Commettre une erreur d’alternance paritaire sur une liste surtout sur des personnes qui n’ont aucune chance d’être élues vaut-il l’élimination d’une liste où seraient promues une dizaine de députées ? Finalement c’est l’effet boomerang. Et c’est là où nous flétrissons l’intervention du Cosef qui suggérait, en filigrane dans les médias, l’élimination des listes de Yaw et de BBY pour non-respect de la parité. In fine, la parité devient dans notre République un expédient pour exclure de la députation ces femmes qu’elle est censée promouvoir.
N’eût été la sagesse proverbiale, pour une rarissime fois, les listes de Yewwi à Dakar et de Bennoo au niveau national n’allaient pas être au rendez-vous électoral du 31 juillet 2022. Ce qui serait une aberration démocratique. Il est vrai que dura lex sed lex mais une loi, on l’applique avec un esprit et avec une certaine intelligence. Quelle légitimité aurait un scrutin qui exclurait à cause d’un défaut de parité plus de 80 % des électeurs ?
À Touba, à juste raison, la parité, après plus d’une décennie d’application, n’est même pas encore dans une phase embryonnaire et pourtant personne n’ose remettre en cause ce choix califal. L’aversion de la parité dans la ville sainte est adossée à des considérations religieuses. Dans la capitale du mouridisme, les lois ne modifient pas les normes cultuelles et culturelles. Et c’est là où pèche cette parité qui est loin d’être effective dans les pays pionniers qui font de l’égalité homme-femme un principe de bonne gouvernance. Ce qui est déplorable, c’est d’importer des modèles et des stéréotypes politiques qui détonnent ou s’adaptent difficilement avec nos réalités cultuelles, culturelles.
Certes un aggiornamento en matière de politique féminine est sans doute nécessaire, mais il ne faut pas que le désir de parité sacrifie la liberté démocratique de choix sur l’autel d’un code électoral démocraticide. Au lendemain de ces législatives qui poignent à l’horizon, il urge de réformer le code électoral liberticide dont plusieurs dispositions relatives à la parité et au parrainage (sur lequel nous nous prononcerons bientôt) ne favorisent pas la participation libre et démocratique des citoyens aux différentes échéances électorales. La démocratie va de pair avec la liberté de choisir et non avec la contrainte d’élire.
Quelques centaines de militants de la gauche radicale sud-africaine ont manifesté mercredi à Pretoria pour exiger que la France, taxée d'impérialisme post-colonial, quitte le continent africain
Aux couleurs du parti mené par Julius Malema, les Combattants pour la liberté économique (EFF), T-shirts et casquettes rouges avec un logo en forme d'Afrique, ont brandi des pancartes "La France dehors", "Richesse de la France sur le dos des Africains" ou encore "Réparations pour les crimes coloniaux". Ils avaient débarqué dans la matinée dans des bus affrétés par le parti et s'étaient rassemblés à quelques rues de l'ambassade de France, a constaté une équipe de l'AFP.
"Va te faire foutre la France, va te faire foutre", a scandé un militant sur une scène aménagée sur un camion ouvert, la petite foule reprenant les slogans en chœur avant de se rapprocher des grilles de l'ambassade, protégées par un cordon de policiers armés.
Exigeant de rencontrer un représentant français sous peine de bloquer les accès, Julius Malema a lancé au micro: "Vous avez tué beaucoup de gens en Afrique, pourquoi avez-vous si peur aujourd'hui?", affirmant s'adresser aux tenants de la "suprématie blanche française".
"Nous sommes les amis des nations africaines"
Lors d'une brève apparition, l'ambassadeur de France, Aurélien Lechevallier, s'est adressé aux manifestants, assurant: "Nous sommes les amis des nations africaines".
"La France a ses sales petits doigts encore profondément enfoncés dans ses anciennes colonies françaises. Les pays africains ne peuvent pas respirer", a affirmé à l'AFP Leigh-Ann Mathys, une porte-parole de l'EFF. "La relation France-Afrique doit changer, les pays africains doivent être considérés comme des partenaires et pas seulement comme des fournisseurs de matières premières", a renchéri un autre porte-parole, Sinawo Thambo.
Dans un communiqué, l'ambassade a "rappelé que la France est un partenaire solide de l'Afrique du Sud" et qu'elle "respecte pleinement l'intégrité, la souveraineté et l'indépendance de toutes les nations africaines".
Julius Malema, qui attire dans ses rangs des millions de jeunes noirs pauvres et chômeurs, est connu pour ses sorties outrancières. Se déclarant dans la mouvance anti-impérialiste opposée à l'Europe et aux Etats-Unis, il a récemment apporté un soutien appuyé à la Russie après l'invasion en Ukraine.
LES CONDITIONS DU FMI POUR MAINTENIR SON SOUTIEN À DAKAR
Un nouvel appui financier doit permettre au pays de lutter contre la flambée mondiale du cours des produits pétroliers et des denrées alimentaires, tout en lui fournissant davantage de ressources pour répondre à l’urgence socio-économique
Jeune Afrique |
Yara Rizk |
Publication 25/05/2022
Après avoir rencontré le président Macky Sall, différents ministres, hauts fonctionnaires et représentants de la BCEAO, le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé l’octroi de 161,8 millions de droits de tirages spéciaux (DTS), soit l’équivalent d’environ 217 millions de dollars environ, au Sénégal. Cette somme sera allouée sous réserve de validation par le conseil d’administration de l’institution en juin prochain.
Pour modérer les effets des chocs exogènes sur l’économie sénégalaise sans exacerber les vulnérabilités de sa dette, le Fonds estime qu’il conviendrait de « redéfinir les priorités et de limiter les subventions dans le secteur de l’énergie, tout en mettant en place un dispositif de soutien ciblé aux couches les plus vulnérables de la population ».
Une relance contrariée
Au cours des derniers mois, le Sénégal a connu une croissance économique très dynamique. En mars, l’équipe du Fonds dirigée par Edward Gemayel, avait indiqué que « l’économie a[vait] retrouvé sa trajectoire de croissance d’avant la pandémie, grâce à la vigueur de la production industrielle et du secteur des services ». Entre la fin de 2021 et le début de 2022, la croissance du PIB réel avait été en moyenne de 6,1 %, soit un « point de pourcentage de plus que prévu », d’après la même source.
Pourtant, la flambée des cours mondiaux des produits pétroliers et des denrées alimentaires – causée par la pandémie et exacerbée par la guerre en Ukraine – ainsi que le ralentissement de l’activité économique chez plusieurs partenaires commerciaux du Sénégal (notamment après les sanctions de la Cedeao à l’encontre du Mali) devraient, selon l’institution de Bretton Woods, « entraîner un ralentissement de la croissance du PIB réel à environ 5 % en 2022 ». Conformément aux derniers pronostics, l’inflation s’établira autour de 5,5 %.
MACKY SALL SOUS PRESSION OCCIDENTALE, FINIT PAR CONDAMNER L'INVASION DE L'UKRAINE
Le président – également patron en exercice de l’UA - n’aura pas tenu longtemps la posture de neutralité (au moins dans le choix des mots) qu’il avait défendue au nom du Sénégal et de l’Afrique dans le conflit
Le président Macky Sall – également président en exercice de l’Union africaine - n’aura pas tenu longtemps la posture de neutralité (au moins dans le choix des mots) qu’il avait défendue au nom du Sénégal et de l’Afrique dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Au cours de sa conférence de presse hier à Dakar en compagnie du Chancelier allemand Olaf Scholz, le chef d’Etat sénégalais a lâché les mots qui suivent :
« En Afrique, nous voulons la paix même si nous condamnons l’invasion… Nous ne voulons pas être alignés… Nous travaillons pour une désescalade… ».
Dans cette séquence de la conférence de presse avec le chancelier allemand, les mots « Russie » et « Ukraine » n’ont pas été prononcés…
Ce propos - « nous condamnons » - est une première depuis l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes le 24 février 2022 et appelée « opération militaire spéciale » du côté du côté du Kremlin. L’argument de la neutralité repose sur la volonté du continent de contribuer à trouver des solutions pour la paix dans cette guerre au cœur du continent européen. A cet effet, le président sénégalais envisage d’ailleurs de se rendre à Kiev ou Moscou (où à Moscou puis à Kiev) suivant un calendrier non encore publié.
Lors de la session de l’assemblée générale des Nations-Unies du 2 mars 2022, une résolution exigeant que la Russie cesse sans délai le recours à la force contre l’Ukraine avait été massivement votée par 141 pays, rejetée par 5 autres. Mais 35 pays dont le Sénégal s’étaient abstenus.
Pour soutenir politiquement l’Ukraine, les Etats-Unis et l’Union européenne ont mené une intense campagne auprès des pays réticents à rejoindre la coalition de sanctions économiques, commerciales et financières contre la Russie. A cet égard, plusieurs émissaires américains dont l’ambassadeur auprès de l’Union africaine à Addis-Abeba ont séjourné à Dakar en mars et avril pour convaincre le Sénégal de lâcher sa posture de neutralité.
Avec la double casquette que porte Macky Sall (président du Sénégal et de l’UA), une question se pose : qui du Sénégal ou de l’Union africaine est engagé par cette condamnation de l’invasion de l’Ukraine par la Russie ?
LE 25 MAI 1963, L'OUA VOIT LE JOUR
Le 25 mai 1963, les dirigeants du continent portent l’Organisation de l’unité africaine (OUA) sur les fonts baptismaux. Envoyé spécial de JA, Béchir Ben Yahmed livre alors son analyse sur cet organisme panafricain auquel succèdera l’Union africaine (UA) e
Jeune Afrique |
Béchir Ben Yahmed |
Publication 25/05/2022
À l’aéroport d’Addis-Abeba, dimanche 26 mai à 7 heures du matin, je regardais les chefs d’État faire leurs adieux à Haïlé Sélassié. Cinq heures auparavant seulement, ayant signé la charte africaine, ils regagnaient leur hôtel sous les acclamations.
Je me demandais, en voyant les portes des avions se fermer sur les chefs d’État, les Boeing, les Caravelle, les DC6 et les Iliouchine, décoller un à un et s’engager dans des directions différentes, ce que pensaient ces hommes qui venaient de vivre ensemble des moments importants et de prendre des engagements précis. Je me demandais aussi, l’émotion dissipée, ce qui resterait de cette grande réunion.
Maturité et jeunesse
Pour avoir vécu la conférence parmi les chefs d’État et leurs collaborateurs, je crois pouvoir dire ceci.
1. Chefs d’État, délégués, journalistes sont venus à la conférence dans l’ensemble assez sceptiques, appréhendant l’affrontement de tempéraments trop divers, le choc entre conceptions opposées de l’indépendance nationale, de l’unité africaine ou des rapports de l’Afrique avec l’étranger. Nous sommes tous repartis optimistes. Le niveau des hommes, et donc de la discussion, le désir visiblement sincère qu’ont montré les uns et les autres de s’entendre et de progresser ensemble ou, à tout le moins parallèlement, ont convaincu les plus sceptiques : l’idée de l’unité africaine a sa résonance, la solidarité africaine est une réalité, le progrès en Afrique est une sérieuse possibilité.
Les différences entre Africains blancs et Africains noirs, entre anglophones et francophones existent, mais elles ont tendance à s’estomper devant le passé colonial commun, le présent semblable et un avenir nécessairement interdépendant.
A la veille de la fête de la Korité, à l’occasion des fêtes de fin d’année et à la veille de la fête de l’indépendance du 04 Avril, le chef de l’Etat a la tradition de gracier des détenus. Des libérations toujours suivies d’un pic dans les agressions ou les cambriolages voire les meurtres. le Sénégalais fait face à une recrudescence des agressions à Dakar. La recrudescence actuelle des actes de violences aurait-elle un lien avec les grâces présidentielles ?
Selon le pénaliste Abdoulaye Santos Ndao, «la grâce est prévue dans l’article 47 de la Constitution. Elle est le pouvoir qu’a la plus haute autorité politique d’un pays d’accorder une indulgence à un condamné. Elle a pour effet de supprimer, de transformer, ou de réduire la peine qu’un condamné aurait dû subir. La grâce emporte seulement une dispense d’exécution de tout ou partie de la peine, mais ne prive pas la victime d’obtenir réparation du préjudice causé par l’infraction». Cela dit, bien que la grâce relève d’une prérogative constitutionnelle reconnue au Président, «les conditions d’octroi sont limitativement énumérées par la loi. Les crimes ou certains délits aggravés sont exclus du domaine de la grâce» explique notre pénaliste d’après qui « le Président, on lui présente une liste, il peut se tromper ». C’est pourquoi, dit-il, le travail doit être mené avec dextérité par la Division des Affaires criminelles et des Grâces du ministère de la Justice. « Le choix des détenus et la durée de la condamnation jouent. Le détenu ne doit pas être un récidiviste ni la condamnation définitive. Evidemment, le phénomène criminel est diversifié et il peut en partie avoir un lien avec ces grâces ».
D’après le président du Forum du justiciable, Babacar Bâ, «la réinsertion sociale des détenues graciés pose problème. Il n’y a aucune mesure d’accompagnement. Ils sont livrés à eux-mêmes après. Or, pendant leur séjour en milieu carcéral, on devait par exemple les mettre dans des activités rentables pour que, une fois libérés, on leur donne leur du. Parce que si tu ne bénéficies d’aucune aide, d’aucun soutien, et que tu as des problèmes d’accueil dans la famille biologique ou adoptive, tu peux retourner à la case départ et devenir un récidiviste», a-t-il expliqué tout en demandant aux Sénégalais d’avoir le réflexe de la dénonciation et de ne plus protéger les suspects ou les agresseurs qui vivent avec eux dans les familles. M. Bâ estime que le ministère de l’Intérieur doit renforcer davantage les moyens de prévention et d’intervention nécessaires pour juguler la recrudescence de la délinquance sur toute l’étendue du territoire national.
MOR MBAYE PRÉCONISE UN NDEUP NATIONAL CONTRE L'INSÉCURITÉ
Cet exorcisme national a toujours été et demeure la conviction du psychologue-clinicien
Le pays a besoin d’un «Ndeup national»! Cet exorcisme national a toujours été et demeure la conviction du psychologue-clinicien, Pr Serigne Mor Mbaye. Selon lui, les agressions physiques ne sont pas un phénomène nouveau sous nos cieux, mais seulement la continuité d’une «névrose répétitive» devenue de plus en plus choquante.
Aujourd’hui, la politique a pris le dessus sur tout. On a comme l’impression qu’elle prime même sur notre sécurité. Pour preuve, on disserte à longueur de journée sur le sujet des parrainages pour les élections législatives du 31 juillet prochain. Au même moment, le peuple sénégalais se meurt. On tue à tout va. L’insécurité a atteint son paroxysme. Des hommes et des femmes sont pourchassés, agressés, violentés, brutalisés, assommés et assassinés dans la rue, dans leurs lieux de travail, et parfois jusque chez eux. Des personnes innocentes sont froidement éliminées. Les crimes ne sont plus commis à des heures… de crime. Mais en plein jour. A Dakar, la série noire des meurtres se suit et se ressemble. Durant les trois jours du weekend, trop de sang a coulé dans la capitale et dans une partie de sa banlieue. Personne n’est aujourd’hui à l’abri de ces agressions physiques mortelles. Les scènes se sont passées entre Ouakam, Ouagou Niayes, Pikine et Diamagueune Sicap Mbao. Après le crime crapuleux sur Fatou Kiné Gaye dans son lieu de travail à Pikine Rue 10, vendredi dernier, et dont l’auteur n’est autre que son collègue de travail, il y a eu le cas d’un jeune homme du nom de Papy Niang poignardé à mort par son ami le jour suivant. Cela se passait à Ouakam. Dans la journée du dimanche, c’est le jeune Khabane Dieng qui était tué avec un tesson de bouteille par le frère jumeau d’un lutteur. Les faits ont eu pour cadre Diamaguène, une commune de la banlieue. L’autre affaire similaire concerne un jeune attaqué et grièvement blessé devant chez lui à Ouagou Niayes. Quatre cas d’agressions physiques dont trois meurtres en 72 heures. Sans compter le fléau des agresseurs en motos qui dictent actuellement leur loi dans la capitale.
«Une violence continue»
C’est la peur constante et préoccupante chez les Sénégalais. D’autant que ces agressions virent le plus souvent à des bains de sang. Des assassinats qui commencent à prendre de l’ampleur. La psychose s’est même emparée des Dakarois, et une panique générale s’est installée dans les quartiers. Pourtant, le phénomène n’est pas nouveau. Le psychologue clinicien, Pr Serigne Mor Mbaye, considère que c’est la «continuité d’une névrose répétitive devenue de plus en plus choquante. Le pays est en crise. Il y a une violence continue qui s’exprime dans les relations interpersonnelle et collective. Dans les relations institutionnelles et au niveau de tous les espaces, il y a une tonalité de violence inouïe qui conduit à la mort et à l’assassinat. Il y a à la fois une crise des valeurs et une crise personnelle.
Au Sénégal, 60 % des jeunes ont moins de 25 ans. Ils sont dans un sentiment de désespérance. Mais nous, on est trop évènementiel. Il y a deux décennies, on avait dit que la société sénégalaise s’enfonce dans une crise profonde».
«Je ne parle pas dans le vent»
Vingt années se sont donc écoulées depuis que le psychologue-clinicien a eu ces mots prophétiques. Depuis lors, le phénomène a pris des proportions inquiétantes. «Les gens ont une grande fragilité mentale liée à une crise sociale et une crise des valeurs. Un ensemble qui affecte la santé mentale des Sénégalais. Du coup, on a un problème avec la maitrise et l’estime de soi...». En d’autres termes, le Sénégal, se désole-t-il, n’est plus un pays apaisé où les gens sont apaisés. «Le Sénégal se situe aujourd’hui dans une situation d’incertitude. La majeure partie des Sénégalais se trouve aujourd’hui dans un sentiment de désespérance. C’est un pays de sauve-qui-peut où les valeurs se sont effritées et où il y a de moins en moins de contrôle social sur les individus et où l’Etat a failli sur la sécurité des personnes et des biens», regrette Pr Mbaye. Il rappelle que, il y a une trentaine d’années, il avait demandé qu’on investisse dans les polices de sécurité et la médiation afin de mieux gérer certains problèmes. Un plaidoyer qu’il dit maintenir toujours. Il pense que lorsque dans un pays le bien commun n’est plus sacré, lorsque les ressources sont dilapidées..., il «nous» faut réinventer un autre système en travaillant sur l’émergence de valeurs à travers l’éducation de base, apaiser les institutions telles que l’école, le milieu du travail».
«Le pays a besoin d’un Ndeup national»
Le psychologue-clinicien ne mâche pas ses mots. Il affirme que la société sénégalaise est devenue désolante et désespérante. Il recommande de «régler la demande sur ces demandes désespérées». Mais sa grande préoccupation du moment, c’est un «Ndeup national» pour le pays. «Il faut un Ndeup national au Sénégal. Il y a deux décennies, je disais qu’il faut un Ndeup national. Je ne parle pas dans le vent. Je parle de l’expérience de mon métier et de la société telle qu’elle évolue», réaffirme-t-il tout en proposant de «revisiter les institutions devenues de plus en plus pathogènes».