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30 avril 2025
Éducation
LE SENEGAL PRIME SES CRACKS
Ils sont 96 lauréats dont 47 filles et 49 garçons à avoie été honorés hier, mardi 17 août, à l’occasion de la remise des prix du Concours général 2021 au Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose
Les meilleurs élèves du Sénégal ont été célébrés hier, mardi 17 août, après une pause en 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. A l’occasion de la cérémonie officielle de remise des prix du Concours général tenue au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose, 107 distinctions ont été remises aux meilleurs élèves de Première et de Terminale. Le parrain de l’édition 2021 de cette prestigieuse compétition est Feu Pr Souleymane Niang, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Ils sont 96 lauréats dont 47 filles et 49 garçons à avoie été honorés hier, mardi 17 août, à l’occasion de la remise des prix du Concours général 2021 au Théâtre national Doudou Ndiaye Coumba Rose. Au total, 55 prix et 52 accessits ont été décernés aux meilleurs élèves de Première et de Terminale.
En effet, c’est l’élève en classe de Première à la Maison d’éducation Mariama Ba, Ndéye Awa Sarr qui est sacrée « meilleure élève du Sénégal » pour cette édition 2021 en remportant les 1er prix en allemand et anglais et Fatoumata Diop, élève en Terminale S1 du lycée scientifique d’excellence de Diourbel a décroché le 1er prix Citoyenneté et Droit de l’homme et le 2e accessit en Mathématiques. Elle a obtenu le bac avec la mention Très bien. Quant au prix du lauréat le plus polyvalent, il est revenu à Khadidiatou Koulibaly, élève également à la Maison d’éducation Mariama Ba. Elle a décroché le premier prix de la version grecque, le 1er accessit de la version latine et le 2e prix en mathématiques.
Cette année, la cérémonie qui s’est tenue en présence du Président de la République, Macky Sall, a pour thème « Pédagogie innovante à l’école dans le contexte covid19, l’apport du numérique pour les enseignements-apprentissages de qualité » et comme parrain Pr Souleymane Niang, ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Prenant la parole, Macky Sall a adressé ses félicitations aux lauréats. « Je voudrais vous dire toute ma fierté, mes félicitations et mes encouragements. Les prix que vous recevez sont le fruit de votre mérite personnel, de volonté affirmée, de votre discipline et de votre rigueur librement consentis. Vous offrez par votre abnégation au travail bien fait un exemple à suivre pour la toute la jeunesse de notre pays. Ces prix sont aussi une consécration du temps et des efforts que vos encadreurs ont consentis à votre endroit, je leur rends un vibrant hommage et à travers eux tous les enseignants du Sénégal », a déclaré Macky Sall. Aussi, ajoutera-t-il que « ces prix récompensent enfin les sacrifices de vos parents que je salue avec respect ». C’est pourquoi, dira-t-il : «on ne remerciera jamais assez les parents, nos héros de tous les jours. Nous devons tout aux parents parce que ce sont eux qui résolvent les équations les plus difficiles de la vie : loger, nourrir, soigner, éduquer. C’est dire, chers lauréats, chères lauréates qu’au-delà de tout mérite personnel, nous avons toujours besoin d’une main protectrice pour nous guider et nous aider à accomplir notre légende personnelle ».
« SI VOUS VOULEZ ALLER LOIN, EVITEZ L’EXPOSITION AU GRAND PIEGE DE L’ERE MODERNE… »
Dans son discours, le Président de la République a demandé aux lauréats de se concentrer davantage sur leurs études et de « persévérer dans l’effort ». « Soyez confiants, il le faut pour franchir les obstacles mais surtout restez humbles et concentrés sur vos études. Si vous voulez aller loin, évitez l’exposition au grand piège de l’ère moderne dont celui principalement des réseaux sociaux parce que les réseaux sociaux flattent l’égo. Rien n’est plus nuisible au progrès que l’égo, c’est-à-dire la satisfaction de soi.
La performance vient toujours de la remise en cause de soi. A la quête du savoir, prenez comme bouclier protecteur le savoir-être », a dit Macky Sall. Mieux, il a exhorté les lauréats à s’inspirer du parrain. « Je vous exhorte à suivre l’auréole de votre parrain pour éclairer votre chemin et sur le chemin de l’excellence, l’Etat sera toujours à vos côtés », a-til laissé entendre. Pour rappel, le Concours général ne s’est pas tenu en 2020 en raison de la covid-19. Du coup, Diary Sow avait gardé sa couronne de meilleure élève du Sénégal. Pour autant, le Chef de l’Etat a invité les ministres en charge du concours général « d’engager dans les meilleurs délais une réflexion globale sur les voies et moyens d’améliorer les performances des candidats ». « Au vu du Palmarès, je note qu’il y’a quasiment un match nul filles-garçons avec un léger avantage. Les performances ont été moyennes voire faibles dans les filières scientifiques en citoyenneté et droit de l’- homme, en histoire et géographie, en français et surtout en philosophie discipline dans laquelle aucun prix ni accessit n’a été décerné. Il est vrai que les circonstances liées à la pandémie ont dû impacter négativement les conditions des préparations au concours de cette année mais il ne doit pas s’y méprendre », a fait savoir Macky Sall. Toutefois, il a ajouté que «les indicateurs de ces dernières années ont assez fiables sur le niveau général de notre système éducatif et j’invite à travailler à son amélioration ».
CHANGEMENT DE STATUT : La Maison d’éducation Mariama Ba érigée en Lycée d’excellence dès la prochaine rentrée
Fleuron du système scolaire sénégalais, la Maison d’éducation Mariama Ba de Gorée deviendra un lycée d’excellence. « Parlant de la maison d’éducation Mariama Ba, je voudrais vous dire ici que vous aurez le statut de lycée d’excellence dès la rentrée de septembre. Le ministre de l’Education Nationale a déjà fini toute la procédure et le décret sera pris en septembre », a annoncé Macky Sall aux autorités de l’école.
INSTITUTIONNALISATION DE CLASSES PREPARATOIRES AUX GRANDES ECOLES : La mesure effective à partir d’octobre 2022 au Sénégal
Le Sénégal va avoir deux classes préparatoires aux grandes écoles à partir de 2022. Le Président de la République en a fait l’annonce hier, en marge de la cérémonie de remise des prix aux meilleurs élèves du Concours général. « J’ai décidé d’instituer des classes préparatoires aux grandes écoles qui offriront deux années de formation soutenue aux bacheliers remplissant les critères requis. Cette mesure sera effective à compter d’octobre 2022 et nous allons commencer les classes préparatoires au lycée d’excellence scientifique de Diourbel et nous avons décidé de commencer par les prépas scientifiques », a dit Macky Sall.
RECOMPENSE AUX BACHELIERES DE 13 ANS : Macky Sall décerne une bourse d’excellence aux jumelles Aminata et Rama Diaw
Même si elles n’ont pas partie des lauréates du Concours général, les jumelles Aminata et Rama Diaw ont été récompensées par le Chef de l’Etat pour leur parcours exceptionnel. Les deux filles qui viennent de décrocher cette année le bac scientifique en série S2 à 13 ans seulement, vont bénéficier de bourses d’excellence. « Je vous félicite chaleureusement, Aminata et Rama ainsi que vos parents et votre proviseur. L’Etat vous apportera tout le soutien nécessaire à la poursuite de vos études. Chacune de vous bénéficiera d’une bourse d’excellence. J’ai déjà à ce propos instruit le ministre de l’Enseignement Supérieur dans ce sens », a déclaré Macky Sall. Dans un reportage diffusé sur la Rts, les jumelles issues du lycée public El Hadj Ibrahima Diop de Yeumbeul en banlieue Dakaroise avaient souhaité avoir une bourse d’excellence et poursuivre leurs études à l’école polytechnique de Thiès. Elles sont les plus jeunes bachelières du Sénégal.
HOMMAGE A FEU PR SOULEYMANE NIANG : La future université de Matam baptisée à son nom
La future université de Matam portera désormais le nom du Pr Souleymane Niang, parrain de la cérémonie de remise des prix du Concours général édition 2021. Le Chef de l’Etat, Macky Sall, a fait part de la décision hier. « J’ai décidé que la future université de Matam porte désormais le nom de l’illustre parrain et sera université Souleymane Niang de Matam ». Décédé en 2010 à Toulouse à l’âge d 81 ans, le Pr Souleymane Niang a été recteur de l’Université Cheikh Anta Diop et président de l’Académie nationale des sciences et techniques ». Macky Sall a salué sa «la brillante trajectoire du professeur » qui, selon lui est « une source d’inspiration » pour le thème de cette édition du Concours général : « Pédagogie innovante à l’école dans le contexte covid-19, l’apport du numérique pour les enseignements-apprentissages de qualité ». « Cette édition du Concours général a comme parrain Feu Souleymane Niang, mathématicien hors pair, professeur titulaire des universités de classe exceptionnelle. La vie et l’œuvre du Pr méritent d’être offertes en exemple à notre jeunesse scolaire et universitaire et à toute la jeunesse sénégalaise. Esprit fertile, son parcours scolaire et universitaire tel un trait de lumière a éclairé bien des générations. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages en mécanique, géométrie et algèbre. Grand officier dans l’ordre national du lion, enseignant et chercheur émérite, il fut doyen de la Faculté des Sciences, recteur de l’Ucad et président de l’Académie des sciences. Son expertise reconnue dans différentes instances scientifiques nationales lui a ouvert », a ainsi rappelé le Chef de l’Etat.
«LES CASSEURS, CEUX QUI S’ADONNENT A LA TRICHE, A LA VIOLENCE ET AUX ACTES D’INCIVISME N’ONT LEUR PLACE NI A L’ECOLE NI A L’UNIVERSITE»
Présidant hier, mardi 17 août la cérémonie de remise de prix du Concours général, le Chef de l’Etat Macky Sall a encore condamné les dérives sur les réseaux sociaux surtout concernant le système éducatif, les actes de violence et d’incivisme
Présidant hier, mardi 17 août la cérémonie de remise de prix du Concours général, le Chef de l’Etat Macky Sall a encore condamné les dérives sur les réseaux sociaux surtout concernant le système éducatif, les actes de violence et d’incivisme. Selon lui, « on ne doit pas laisser pousser la mauvaise graine ». Il a ainsi invité les parents d’élèves à s’investir davantage dans la sensibilisation des enfants sur la portée de leurs actes et comportements à l’école.
«Par effet de mimétisme, des élèves se permettent dans des challenges insensés de s’attaquer à des enseignants et au personnel d’encadrement et de détruire des infrastructures scolaires, je dois réitérer ma ferme condamnation de ces actes totalement inacceptables. Chacun doit savoir que l’école n’est ni un champ de bataille ni une scène pour gladiateur. L’école doit à tout prix garder sa vocation d’espace de diffusion du savoir, de fraternisation socialisante et de construction citoyenne. Les casseurs, ceux qui s’adonnent à la triche, à la violence et aux actes d’incivisme n’ont leur place ni à l’école ni à l’université ». Ce sont les propos du Président de la République, Macky Sall. Il présidait hier, la cérémonie de remise des prix du Concours général au Grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose. Il dénonce ainsi « l’utilisation perverse dont le numérique fait malheureusement l’objet » dans le système éducatif notamment les « actes de cybercriminalité et autres dérives qui polluent les réseaux sociaux et envahissent dangereusement l’espace scolaire ».
«J’APPELLE A UNE MOBILISATION GENERALE POUR UNE OBSERVANCE PLUS RIGOUREUSE DE LA DISCIPLINE A L’ECOLE»
Sur ce, il a appelé à faire face à ce phénomène. « Pour autant qu’ils soient encore minoritaires, nous ne devons pas laisser pousser la mauvaise graine. C’est pourquoi j’appelle à une mobilisation générale pour une observance plus rigoureuse de la discipline à l’école. L’Etat y veillera. Messieurs les ministres en charge de l’éducation tous grades confondus, je vous engage instamment à faire respecter à tous les niveaux d’autorité les règles disciplinaires qui régissent la vie à l’école. Il y va de la sauvegarde de notre bien commun et de l’avenir de la nation », a déclaré Macky Sall. Dans ce sillage, il relevé que l’éducation ne doit pas seulement être l’affaire de l’Etat. « J’invite tous les acteurs et partenaires de l’école en particulier les familles et les associations de parents d’élèves à s’investir davantage dans la sensibilisation des enfants sur la portée de leurs actes et comportements à l’école », dira-t-il.
par Anne-Marie Mbengue Seye
LE VIRUS ET L’AMPLIFICATION DE TOUS NOS MAUX
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Les Sénégalais ont trouvé normal que la première dame use de sa position pour faire vacciner ses proches chez elle alors que seules les personnes âgées étaient autorisées à ce moment-là
#SilenceDuTemps - Cette pandémie qui nous rappelle l'essentiel et donne sa chance au consommer local est-elle réellement une malédiction pour le Sénégal ?
Dans notre pays le Sénégal, les frontières ont été fermées et les vols exclusivement réservés aux voyageurs ayant une raison impérieuse ou rentrant chez eux ; pendant de longs mois en 2020 alors que nous avions moins de 100 nouveaux contaminés par jour. Cette mesure radicale accompagnée d’un couvre-feu et d’un état d’urgence qui s’est vu interrompu à la faveur des malheureuses émeutes de la faim de mars 2021 a imposé à l’ensemble de la population de Dakar de nouvelles règles de vie. Ces nouvelles règles de vie, les plus avisés des dakarois se les sont appropriées encore cette année et continuent de les respecter au mieux, malgré l’inavoué désengagement de l’État à protéger les populations ignorantes du danger de la Covid-19 contre ce qu’ils encourent réellement.
Ces populations défavorisées ne soupçonnent pas l’étendue du nombre de contaminés ni de morts dues à la Covid-19 depuis le mois de juin 2021 dans notre pays. Elles constatent chacune dans son hameau qu’il y a un peu plus d’enterrements et de personnes grippées mises en quarantaine selon les moyens dont disposent les familles.
Grâce à des patriarches et mamies sages que nous n’écoutions plus depuis longtemps, parce que gonflés par la facilité d’accès aux pharmacies et la pléthore de compléments alimentaires synthétiques inondant nos rayons ; nous avons découvert les vertus miraculeuses de nos plantes locales trop longtemps inconsidérées, mais riches à tel point qu’elles nous reviennent reconditionnées et sous marques occidentales déposées non sans y avoir ajouté des adjuvants et autres conservateurs nocifs, promettant de nous rendre moins fragiles face à de nombreuses attaques virales. Les Sénégalais ne pouvant donc pas se ruer aux pharmacies approvisionner toute leur famille en zinc et vitamines pour booster leur immunité comme recommandé en cette période, ont dû faire le choix du retour aux sources. Eh oui, face à cette vague venue avec le variant delta, les Sénégalais ne sont pas égaux.
- Fortunes diverses -
Il y a ceux qui pour s’en protéger ont pris un vol pour l’étranger avec leurs enfants et une nounou chanceuse dans certains cas. Ceux-là, l’an passé ont fait partie des nouveaux adeptes du consommer local par contrainte. Les frontières fermées obligeant. C’est donc ceux-là qui ont permis que l’inégalable beauté de nos plages et de nos bolongs jadis ignorés des classes moyennes et bourgeoises sénégalaises les voient venir partager l’engouement traditionnel des expats du Sénégal pour nos villes côtières. On était tenté de crier très fort, vive la Covid-19 !
Il y a ceux qui ne pouvant pas financer de longs séjours à l’hôtel à l’étranger ont pris l’option cette année, de la petite côte, des îles du Saloum ou de la Casamance dans des villas confortables avec piscine pour un confinement joyeux en famille les éloignant des nombreuses hypoxies joyeuses qu’on nous compte durant nos condoléances aux familles de victimes…. Que dis-je ? À nos familles victimes, car nous avons tous, sans exception, pleuré un collègue, un ami, un oncle, une tante, un père, une mère, un époux, une épouse, un enfant emporté par ce virus satanique qui nous est arrivé par les mêmes avions qui aujourd’hui nous convoient les vaccins. Nous avons chacun pleuré son Pape Diouf, son Mansour Cama, son Thione Seck, son Mabousso Thiam, son anonyme et bien d’autres personnes importantes dans sa vie et dans leurs communautés.
Il y a aussi ceux-là qui contre mauvaise fortune ont eu le bon sens et se sont rués vers les centres de santé pour se faire injecter ces vaccins qu’ils avaient boudés en début d’année inconsciemment influencés par soit les médias français propagandistes à outrance dont nous sommes, nous sénégalais dépendants alors qu’on crie “France dégage” ; soit par les réseaux sociaux qui malheureusement ont donné une tribune à tous les déséquilibrés de la terre qui jadis ne pouvaient empoisonner personne de leurs venins verbaux
Et je vais m’en arrêter là, il y a ceux pour qui la Covid-19 est une légende ; ceux qui ne portent pas de masque, ne se désinfectent pas les mains, essaient de vous étreindre quand ils vous rencontrent, ne supportent pas que vous leur tendez du gel hydro alcoolique sur le seuil de votre maison, mangent encore à 7-10 autour d’un bol lors d’événements familiaux. Ceux-là qui vont encore à la mosquée le vendredi ou à la messe du dimanche là où pour 10 fois moins tous les chefs religieux avaient fermé leurs lieux de culte en 2020. Ceux-là qui maintiennent encore leur refus du vaccin qu’il soit chinois ou Pfizer ou AstraZeneca ou Johnson & Johnson. Pour ces personnes défavorisées et pas assez éduquées, non encadrées par l’État, le seul recours c’est le tout puissant Allah. On dit avec ferveur « Yallah bax na » et on accepte avec une fatalité déconcertante la perte de malades de Covid-19. Que Dieu reçoive leurs âmes au paradis et nous pardonne à tous notre culpabilité passive ou active à l’ampleur de cette vague.
Les Sénégalais ne sont donc pas tous égaux devant la Covid-19 aussi bien du point de vue de leur manière de la gérer que de leurs moyens d’y faire face. De nombreuses vidéos encore une fois relayées par les réseaux sociaux nous peignent un tableau morose de la capacité de prise en charge de nos hôpitaux. C’est aussi le récit d’une accompagnante de malade de Covid-19, en attente de respirateur ou de réanimateur qui regarde impuissante sa belle-mère décéder suite à un défaut de place en réanimation au CHU où elle avait été évacuée en ambulance privée depuis une des nombreuses cliniques de Dakar. Je dirai plutôt hôtels médicalisés médiocrement équipés et en sous-effectif où vous attendez 2-3 heures que le médecin spécialiste en contrat avec l’établissement arrive entre deux consultations ailleurs. Ces cliniques privées comptent majoritairement dans la carte sanitaire de notre capitale malheureusement. Ne nous y trompons pas, ce n’est pas ici le procès de nos vaillants médecins et autres soignants risquant tous les jours leurs vies pour sauver leurs compatriotes avec les moyens dérisoires dont ils disposent. Nous faisons juste un triste constat que près de 18 mois après le début de ce satané Covid et 1000 milliards plus tard, notre pays n’est pas prêt pour faire face à cette vague meurtrière et nous n’avons pas connaissance d’une stratégie de riposte pour stabiliser puis réduire la progression afin d’alléger la facture humaine.
Par peur d’un choc émotionnel en cas de non-respect du rite funéraire pour accompagner le défunt à sa dernière demeure et lui offrir des funérailles dignes, on multiplie les cas contacts et on se rend individuellement complice de la montée du nombre de nouveaux cas… Hélas, le temps d’une journée de deuil, puis vient la nuit, cette terrible chose qui te laisse seul avec tes réflexions pour résoudre les problèmes qui t’attendent le lendemain. Et on s’effondre de fatigue, de stress, de peur d’être contaminé, en espérant que demain ne nous annonce pas un nouveau décès auquel on devra encore sacrifier à la tradition. C’est comme ça et pas autrement, on se doit d’y être si Allah en a voulu ainsi.
Alors comme tout commence et finit par lui, prions-le pour que chaque pas contre la Covid-19 dans notre pays soit fait pour que les inégalités face à cette maladie se résorbent. Que chacun de son côté, chacun à son niveau fasse ce qu’il doit. Que le tout puissant Allah fasse que tous les fonctionnaires remplissent leur devoir envers les populations dont les impôts si nombreux assurent leurs salaires. Que notre Dieu rende chaque Sénégalais assez conscient du danger et assez patriote pour respecter tous les gestes barrières recommandés dans le but d’endiguer cette pandémie. Et enfin puisse-t-il pour rendre tout cela plus facile en continuant d’augmenter le nombre d’entreprises privées engagées auprès de l’État ainsi que celui des individus soucieux de leurs communautés pour soutenir la lutte contre cette pandémie venue nous rappeler que la santé publique est essentielle au développement de notre pays et de l’Afrique.
- Pour un meilleur Sénégalais -
Qu’Allah nous éclaire afin que nous nous libérions du poids de la fatalité et posions chacun à son niveau, les actes qu’il faut pour que la somme des petits maux insignifiants vus d’en haut ; mais que notre pays collectionne et qui lui donnent un taux de pauvreté supérieur à 50% ; soient résorbés. Ce sont ces nombreux maux qui nous handicapent et nous empêchent de remonter du bas de l’échelle dans le classement des pays selon le PNB par habitant. Je puis sans me tromper citer au premier rang la corruption à tous les niveaux qui gangrène notre pays et qui est devenue normale dans l’inconscient populaire. On n’est pas offusqué de payer un agent de santé assermenté pour qu’il vienne nous administrer le vaccin contre la Covid à domicile parce qu’on ne veut pas risquer de se faire contaminer en passant trois longues heures à faire la queue sous le soleil dans le centre de santé de son quartier, là où on n’avait jamais mis les pieds avant la Covid…. Je ne citerai que des exemples de corruption, d’abus de position dominante et de manque de patriotisme directement liés au Covid sinon en plus d’être hors sujet, on abuserait largement de votre patience. Des exemples bien à propos il y en a énormément d’ailleurs, mais le plus triste c’est celui du constat que les Sénégalais ont trouvé normal que la première dame use de sa position pour faire vacciner ses proches chez elle alors que seules les personnes âgées étaient autorisées à ce moment-là. Que ni les autorités compétentes en charge des vaccins ne l’aient déconseillé, que ni le personnel déplacé pour administrer les doses dans les jardins du petit palais de Mermoz n’ait refusé d’y aller et que pour couronner le tout, des personnes parmi les élues pour cette séance privée de vaccination n’en aient pas eu honte et ont oser en partager une vidéo pour s’en prévaloir… C’est à nul égal le pire exemple qu’on puisse donner pour montrer à quel point la corruption peut être devenue normale dans l’inconscient collectif… Qu’Allah nous en délivre.
Une fois le champion toutes catégories de cette longue liste de maux cités, nous pouvons énumérer les autres juste pour qu’ensemble nous fassions de cette période d’auto confinement, une période de recueillement et de remise en question pour aboutir à un mea maxima culpa et à la prise des bonnes résolutions pour qu’à la reprise de la vie normale, nous entamions un Sénégal qui marche progressivement vers un pays sans tous ces maux qui nous gangrènent. Que nous nous engageons déjà à mieux valoriser le travail de nos employés de maison ces femmes de ménage, ces chauffeurs, ces gardiens et toutes autres aides à domicile sans qui nous ne pourrons pas avoir la qualité de vie que nous avons et qui nous permettent de nous confiner dans nos salons climatisés, car assurent toutes nos petites courses et besognes. Que les nombreux investisseurs dans l’immobilier qui pendant cette pandémie qui a entraîné une crise économique sans précédent, continue de faire sortir de terre des immeubles cotés à des centaines de millions voire des milliards pour certains là où la part du salaire des ouvriers non protégés qui y travaillent jour et nuit est dérisoire. Hélas l’homme pour ces gens est moins important que les matériaux de luxe qu’elles ont acquis avec cet argent qu’on ne saura jamais tracer. Vous l’aurez compris, le second mal de notre société sénégalaise est lui aussi fortement lié à la corruption. Donc en seconde place c’est bien de l’exploitation des pauvres qu’il s’agit. On peut aussi l’appeler manque d’empathie et de considération pour son semblable.
Arrivent ensuite : la malhonnêteté, le manque de rigueur, le laxisme au travail, l’absentéisme, le goût pour le gain facile, le poids de la culture déformée au fil du temps par des pratiques de racket organisé par les femmes, la déscolarisation précoce des enfants, la démission des parents dans l’apprentissage des valeurs morales fondamentales, le mariage précoce des filles en milieu rural et le manque de respect de la chose publique.
Tout ceci a conduit à la situation de forte précarité que vit une grande partie de la population de nos villes pour qui leur mauvaise condition de vie les rendant encore plus vulnérables face à la Covid est normale… Ils acceptent le surpeuplement des maisons avec plusieurs familles se partageant une seule cour exiguë et une ou deux toilettes pour 20 âmes. Ils ont normalisé qu’aller travailler signifie être debout à 5 heures tous les matins et rentrer chez soi à 21 heures, laissant les jeunes enfants livrés à eux-mêmes étant donné que les mamans et mamies sont obligées d’avoir elles aussi une activité lucrative. Il faut arrondir les fins de mois donc elles ne peuvent plus se payer le luxe d’être mères au foyer… Pour ces travailleurs pauvres, la pandémie ne peut être taclée que par Allah, car ils sont entassés dans les transports en commun lorsqu’ils ne sont pas sur leur lieu de travail tout aussi risqué et sans aucun respect des mesures barrières par les entreprises qui les embauchent.
Prions donc que les résolutions que nous allons prendre après les blessures indélébiles que la pandémie nous aura laissées aboutissent progressivement à un changement radical de paradigme et laisse entrevoir l’espoir d’’un Sénégal et d’une Afrique meilleure.
Anne-Marie Mbengue-Seye est une experte en développement communautaire, en particulier dans les secteurs du financement et du soutien à l’autonomisation des femmes sénégalaises. Elle est titulaire d’un troisième cycle en Relations internationales du Centre d'Études Diplomatiques et Stratégiques de Paris ainsi que de deux Master’s en marketing et en qualité de services.
par Couro Wane
ACHAT DE TENUES SCOLAIRES, RADIOSCOPIE D’UNE VRAIE-FAUSSE POLÉMIQUE
Le discours du Secrétaire Général du Cusems saluant la généralisation des tenues scolaires mais indiquant que celle-ci n’était pas une priorité est juste hors de propos. On ne peut vouloir le tout et son contraire
Depuis l’annonce faite par le gouvernement du Sénégal d’attribuer 30 milliards de francs CFA sur 3 ans au secteur de l’Artisanat pour la confection de tenues scolaires, une vive polémique s’est installée dans le débat public sénégalais sur la pertinence, l’opportunité et l’utilité d’une telle mesure dans ce contexte de crise économique liée à la Covid-19.
La particularité de ce débat réside dans les prises de positions incompréhensibles voire contradictoires de certains syndicats du ministère de l’Éducation nationale. Le hic ici, c’est que ce dossier ne relève même pas du ministère de l’Éducation nationale mais bien du ministère de l’Artisanat.
À entendre ces syndicats, il aurait été plus judicieux d’utiliser ce budget pour des infrastructures au profit de « l’Éducation nationale » notamment les abris provisoires. Cela n’a aucun sens ! Que veulent-ils enfin ?
Quelle est la situation ? Pourquoi la généralisation du programme de port de l’uniforme à l’école pose-t-il autant de problèmes à ces syndicats-là ? Et enfin pourquoi un programme dont le budget et l’exécution ne concernent en rien le ministère de l’Éducation nationale suscite-il autant de polémiques au sein dudit ministère?
Lors du Conseil des ministres du 24 mars 2021, le président de la République, Son Excellence M. Macky Sall rappelait au gouvernement, l’impératif d’asseoir l’Artisanat comme un secteur prioritaire vital, intégrateur des savoirs faire dans plusieurs filières (couture, cordonnerie, bijouterie, menuiserie-ébénisterie, poterie etc.) afin de l’ériger en secteur majeur, porteur de croissance forte et créateur d’emplois décents, pour les jeunes (notamment les apprentis) sur l’ensemble du territoire national.
À cet effet, le ministre de l’Artisanat dans le cadre du renforcement des mesures de soutien à l’employabilité des jeunes fut invité à présenter un projet spécial d’accompagnement et de promotion de l’entreprenariat des jeunes artisans recensés dans chaque filière avec comme instruction, l’allègement des procédures de formalisation, de formation rapide et de financement de ce secteur. Ce qui fut fait.
Lors du dernier Conseil présidentiel à Diamniadio, le président Macky Sall a annoncé une batterie de mesures pour relancer le secteur de l’Artisanat. Il en fit de même pendant sa tournée économique à Kaffrine où il annonçait déjà aux artisans l’effectivité prochaine du financement des tenues scolaires.
À travers le Programme d’Urgence de Financement de l’Emploi et de l’Insertion des Jeunes, les décisions suivantes ont été prises entre autres :
-l’attribution de 30 milliards de francs CFA sur 3 ans aux artisans pour la confection de tenues scolaires ;
-l’octroi des travaux de menuiserie (portes et fenêtres) sur le Programme des 100 000 logements aux artisans sénégalais ;
-l’exécution du plan de résorption des déficits des tables bancs par les menuisiers sénégalais ;
-la suspension en 2022 des importations de meubles de seconde main ;
-le recrutement de 5000 enseignants ;
Un dispositif tripartite a été mis en place par le ministère de l’Artisanat à travers sa Coordination du Programme de Mobilier National en charge de l’exécution des mesures concernant les tenues scolaires.
Celui-ci comporte trois acteurs : le ministère de l’Artisanat, maître d’œuvre du programme, la DER chargée du préfinancement des artisans et le ministère de l’Éducation nationale bénéficiaire in fine du programme.
Dans chacune des 14 régions du Sénégal, un comité technique composé du Gouverneur, du président de la Chambre des métiers, de l’Inspecteur d’académie, de l’Inspecteur de l’Éducation et de la formation statuant sur les questions suivantes :
-le recensement des besoins régionaux ;
-l’identification des artisans locaux ;
-l’élaboration du cahier des charges régional ;
À ce stade, il est très difficile pour le sénégalais lambda de comprendre la polémique suscitée urbi et orbi par les syndicats du ministère de l’Éducation nationale, sur ces tenues scolaires alors que le programme ne relève même pas de leur tutelle. C’est un faux procès intenté contre le ministre de l’Éducation nationale qui n’y est pour rien.
Beaucoup d’enseignants et de syndicats du ministère de l’Éducation nationale ont salué la généralisation des tenues scolaires dans les établissements. À juste titre.
Cependant ces rivalités intersyndicales obèrent les bonnes initiatives et portent préjudice au développement d’autres catégories socio-professionnelles.
Il n’en demeure pas moins que la polémique continue. Le discours du Secrétaire Général du Cusems saluant la généralisation des tenues scolaires mais indiquant que celle-ci n’était pas une priorité est juste hors de propos. On ne peut vouloir le tout et son contraire.
Dès lors, la question que tout un chacun se pose est la suivante :
Pourquoi ces syndicats s’échinent-ils à détruire et à vilipender un programme qui ne relève même pas de leur territoire ?
De plus, il me semble indécent au moment où nos artisans sont frappés de plein fouet par la crise économique induite par la pandémie que certains de nos compatriotes cherchent à leur ôter le pain de la bouche.
En tout état de cause, la Fédération des tailleurs du Sénégal et l’Union Fédératrice des Artisans du Textile très impliqués dans le processus, ne comprennent pas cette attitude de ces syndicats qui portent presse tous les jours.
En un mot comme en mille, cette polémique semble relever du dilatoire. L’école sénégalaise a certes d’innombrables problèmes à régler, mais faut-il pour autant occulter les autres aspects au-delà des infrastructures ? Parlons de l’équité sociale, des valeurs éducatives, du vivre-ensemble tels que les enseignants l’ont toujours prôné et dont la tenue scolaire est l’un des gages.
LE CONCOURS GENERAL, 60 ANS D’HISTOIRE
L’école est une institution, le Concours général est son pilier.
La cérémonie officielle de remise des prix des lauréats du Concours général aura lieu ce mardi à la salle du grand Théâtre Doudou Ndiaye Rose. Cette année, 107 lauréats, dont 55 prix et 52 accessits, seront récompensés pour perpétuer un cérémonial qui a 60 ans d’histoire.
L’école est une institution, le Concours général est son pilier. De Souleymane Bachir Diagne, Mary Teuw Niane, Rose Dieng, Thierno Alassane Sall, Pr Ousseynou Kane… et d’autres lauréats retombés dans l’anonymat même s’ils brillent quelque part dans leur monde professionnel, cet évènement est un moment majuscule dans la vie de l’école dont le moteur est l’excellence.
Les images des premiers lauréats ont jauni, mais le cérémonial ne change pas. Même s’il perd des couleurs avec la non-attribution de certains premiers prix. Comme les maths ou la philo. Evidemment, le Président Léopold Sédar Senghor, très tôt conscient des enjeux de l’éducation et de la formation pour une jeune Nation, place l’éducation au rang des priorités nationales. Son amour pour l’excellence et l’élitisme a abouti à l’instauration du Concours général qui vise à distinguer les meilleurs élèves en classe de Première et de Terminale des lycées publics comme privés d’enseignement général et technique.
Le Concours général est institué par décret n° 61-213 du 30 mai 1961, puis modifié par décret n° 61-454 du 4 décembre 1961. Compte tenu de beaucoup de vicissitudes et d’aléas politiques, il a fallu attendre 5 ans après pour organiser la première cérémonie. Malgré ses débuts éclatants, le Cg a connu deux arrêts, pendant l’année scolaire 1968-1969 suite à la crise scolaire et universitaire, et 2019- 2020 suite à l’apparition de la pandémie à coronavirus.
En 1981, Abdou Diouf succède à Léopold Sédar Senghor. Sur les traces de son prédécesseur, il relance le Concours général et apporte sa touche personnelle. La tradition est respectée. Chaque année, des jeunes cracks sont sélectionnés et récompensés.
Pour être candidat au Concours général, l’élève doit avoir au moins une moyenne générale semestrielle égale à 12/20 et une moyenne de 14/20 au moins dans sa discipline choisie. L’organisation du Concours général connaît toujours trois temps fort. D’abord la sélection de sujets par un corps professoral sous la houlette des inspecteurs généraux de l’éducation et de la formation, l’administration des épreuves suivie de la correction et la cérémonie officielle de remise de prix, un des moments forts dans la vie d’un élève.
Le discours d’usage prononcé par un professeur choisi par son engagement, son intégrité, sa discipline, sa participation dans l’animation scolaire est aussi un moment fort du Concours général devenu une tradition républicaine. Son speech permet de faire une analyse pointue du thème choisi. Entre 2000 et 2012, le Président Abdoulaye Wade inscrit le Cg en bonne place dans l’agenda de la République. Arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall, en bon produit de l’école sénégalaise, perpétue le legs de ses prédécesseurs. Chaque année, des innovations majeures sont apportées par les différents ministres qui se sont succédé à la tête du département de l’Education.
Pour chaque édition, le président de la République, sur proposition du ministre de l’Education nationale, choisit un parrain dont le parcours peut servir à la jeune génération de modèle de réussite. Comme Souleymane Niang. Dans la salle du grand théâtre, ils seront ce matin 107 lauréats, dont 55 prix et 52 accessits, à être récompensés. 63 lauréats en classe de Première et 44 autres en classe de Terminale recevront leurs récompenses des mains du chef de l’Etat Macky Sall.
PARRAIN DE L’EXCELLENCE
Recteur honoraire de l’Ucad, Pr Souleymane Niang, parrain du Concours général 2021, décédé en 2010, était un esprit d’un autre temps. Un brillant mathématicien.
Recteur honoraire de l’Ucad, Pr Souleymane Niang, parrain du Concours général 2021, décédé en 2010, était un esprit d’un autre temps. Un brillant mathématicien.
Cheikh Anta Diop est le parrain de l’Université de Dakar. Pr Souleymane Niang en est le recteur éternel. Plus de 22 ans après ses adieux à l’Ucad, son ombre écrase toujours les couloirs et les bureaux du rectorat, qui surplombe l’océan Atlantique. Pr Niang était aussi discret que brillant. Autant son profil est rare, autant son parcours force le respect. Autre temps, autre personne… Aujourd’hui, il est sûr que la plupart des étudiants ne connaissant rien de ce brillant mathématicien. Or il est l’un des esprits les plus brillants qui ont écrit les plus beaux chapitres de cette université. Qui a un passé glorieux, un présent agité et un avenir incertain, car elle a perdu au cours de ces 20 dernières années les plus grands hommes qui ont écrit son histoire.
A l’instar de Seydou Madani Sy, il fait partie des personnes qui ont «décolonisé» l’enseignement supérieur. Pr Souleymane Niang est un vrai stakhanoviste. Il a commencé par le creuset pour atteindre le sommet. Les fées ont soufflé sur son berceau. Cette étoile qui a brillé au-dessus de sa tête aurait pu l’orienter sur un autre chemin.
Issu d’une famille d’érudits, il était prédestiné aux études coraniques. Dieu fait bien les choses : A Matam, la maison familiale était à proximité d’une école française. Petit «talibé», il entendit les récitations de ses «amis» scolarisés. Esprit brillant, il répétait les leçons en même temps qu’il mémorisait les versets coraniques. C’était l’appel de l’école et de la providence. Il rejoignit l’école grâce à un instituteur qui a un flair et aussi un oncle progressiste. Il avait 5 ans. Il fallait lui en rajouter 2 pour qu’il soit inscrit au Ci. Il surclasse tout le monde.
Souleymane Niang rejoignit Saint-Louis, ensuite l’Ecole normale William Ponty de Sébikotane et puis rallia Van Vo (actuel lycée Lamine Guèye) pour faire la Terminale dans l’enseignement général. C’était 1949. Il y obtint le prix d’Excellence, le 1er prix de mathématiques, le 1er prix de chimie et le 1er prix de philosophie, et décrocha le Baccalauréat «mathématiques élémentaires» et une bourse pour la France.
En métropole, il s’inscrit parallèlement en classes préparatoires et en licence d’enseignement de mathématiques, et à l’université. A l’Université Paul Sabatier de Toulouse, il obtient les Dea de mathématiques et d’astronomie en 1954. Avec une tête pleine, Souleymane Niang commence sa carrière au lycée Pierre de Fermat à Toulouse en 1955. Il a hâte de rentrer chez lui, mais il n’y a pas de poste vacant. Alors, il est affecté en Côte d’Ivoire.
En escale à Dakar pour rejoindre Abidjan, il reçut son affectation pour William Ponty. L’histoire est en marche. Les échos de son talent arrivent à l’Université de Dakar où il est recruté comme assistant au niveau de la chaire de maths, en continuant à dispenser ses enseignants à William Ponty. Il en est d’ailleurs le denier directeur puisqu’elle sera supprimée après l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale. Assistant, puis maître-assistant de mathématiques (1960-1963), il soutient son doctorat d’Etat ès sciences mathématiques en 1964.
Il deviendra Professeur titulaire à la chaire de mécanique rationnelle en 1969. Il est le parrain de l’enseignement des maths modernes dans le moyen-secondaire. En créant en 1968 l’Institut de recherches sur l’enseignement des mathématiques (Irem), devenu l’Institut de recherches sur l’enseignement des mathématiques, de la physique et de la Technologie (IrempT), (il le dirigea de 1970 à 1986), il forme et encadre les professeurs de maths, produit de manuels, d’ouvrages et de brochures didactiques sur l’enseignement de cette matière. Bien sûr, il ne peut pas tomber dans l’oubli.
Parrain du Concours général, qui fête ce matin les 107 meilleurs élèves du pays, il était une lumière. Ce choix n’est que justice pour un homme qui introduit l’enseignement des maths dans les collèges et lycées. Cette reconnaissance est même tardive pour un homme qui a consacré sa vie à l’enseignement, à la recherche. A la science. Et à l’université où elle se produit. En cette période tourneboulée, il serait un marqueur de l’excellence. Souleymane Niang était un Professeur titulaire de classe exceptionnelle de mathématiques-mécanique. D’abord, Pr Niang a inscrit son nom en lettres d’or à la Faculté des sciences. Enseignant de mathématiques-mécanique, il sera promu doyen de la Fst avant d’occuper le poste ultime.
Grand meneur d’hommes, enseignant brillant, il a marqué d’une empreinte indélébile la marche de l’Université au point qu’il lui a été conféré le titre de recteur honoraire de l’Ucad par le décret n° 2006-965 du 26 septembre 2006. Il était aussi, jusqu’à son décès, le président de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (Ansts) dont il fut membre fondateur. A son honneur, elle institue un prix qui porte son nom, en 2016, pour récompenser les meilleurs chercheurs et scientifiques. Comme lui…
Recteur honoraire
Au rectorat, il succède à une icône de l’enseignement supérieur, Seydou Madani Sy (1971- 1986), premier recteur noir de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dirigeant très ferme, mais flexible, souriant et intrigant, il dirige l’Ucad de 1986 à 1999. Bien sûr, sa longévité au rectorat n’avait choqué personne. Même s’il ne faisait pas l’unanimité, son personnage et son aura lui permettaient de «composer» avec tout le monde. A l’époque, l’Ucad était un champ de bataille, divisé en proportions électoralistes. Durant son combat politique, Me Abdoulaye Wade avait transformé le campus social en terrain électoral pour vider les contentieux avec Abdou Diouf. Il est chargé de réguler cette poudrière où s’opéraient les violentes révoltes contre le régime socialiste, qui était impopulaire au niveau de la population estudiantine. Durant son règne, il gère une année invalide et une autre blanche. Malgré les soubresauts, personne n’a jamais réclamé sa tête. Cela n’a pas terni son parcours. Il sera remplacé par Pr Moustapha Sourang, qui a longtemps supporté le poids de ce prédécesseur dont l’unanimité dépassait l’aire universitaire. Après son départ de l’Ucad, il est nommé ministre-conseiller par Abdou Diouf. Plus tard, il s’installera à Toulouse où il a fait ses études supérieures. Il y décède le lundi 30 août 2010 à l’âge de 79 ans. Il est enterré le 5 septembre au cimetière musulman de Yoff. Aujourd’hui, l’école honore Souleymane Niang. 11 ans après son décès, l’hommage rendu à ce grand mathématicien est mérité. Quoique tardif… En tout cas, les lauréats du Concours général ont de qui tenir pour sacraliser encore l’école publique, qui a enfanté le «recteur» et d’autres modèles inconnus d’une génération dont les héros sont des joueurs de foot. Parmi cette cuvée, il y a probablement un «next Souleymane Niang», créateur essentiel de la «Théorie des systèmes variables de particules». Qui sait !
Pr Babacar Sarr, enseignant à l’Ept : «On n’avait pas envie que son cours se termine»
«Souleymane Niang faisait passer le savoir d’une manière impeccable. On n’avait pas envie que le cours se termine. Ça n’empêchait pas qu’il soit très rigoureux envers ses étudiants. Le côté humain de Souleymane Niang était extraordinaire. Un étudiant qui a des problèmes, si tu lui en parles, il les règle dans la totale discrétion. Après la maîtrise et le début du troisième cycle, le Professeur Souleymane Niang m’a pris dans sa voiture pour m’amener au niveau du ministère de l’Enseignement supérieur pour qu’on m’offre une bourse pour aller faire un doctorat en informatique. Je ne l’oublie jamais dans mes prières. Il était sans faute. Je l’ai vu dans plusieurs actions humaines. Je donnais des cours à un de ses fils du nom de Paul Amadou Niang, chez lui, chaque vendredi. Quand je sortais, je trouvais des personnes chez lui. A un moment donné, je me posais la question de savoir qu’est-ce que tous ces vieux faisaient ici. Alors tenez- vous bien, il leur distribuait des enveloppes de manière très discrète.».
Paul Niang, fils du parrain : «Durant tout son parcours, il n’y a pas d’agenda particulier»
«C’est une fierté évidemment. Nous sommes très reconnaissants. On a trouvé en sa personne un modèle qui puisse inspirer la jeune génération, faire le futur. Durant tout son parcours, il n’y a pas d’agenda particulier. Il rentre à l’école par hasard. Il est dans la rue, il entend les chants d’élèves qui s’échappent de la fenêtre de l’école et très curieux, il y va pour les écouter. C’est comme ça que l’instituteur l’a tiré et fait entrer dans sa salle de classe. Son père qui était détenteur d’une érudition avérée, vecteur de la foi islamique, a d’autres ambitions pour ce fils. L’attention des autorités coloniales est attirée sur cette famille qui n’a pas d’enfants à l’école. Il y a une clé de réparation. Donc il est soutenu par un oncle progressiste qui travaille au chemin de fer du Congo. Et là, il entre à l’école. Il avait une vocation d’instituteur. Ses résultats font qu’indépendamment de sa volonté, il est exfiltré. On l’emmène avant à Van Vo pour passer son Baccalauréat. Les résultats sont tels qu’il obtient une bourse alors qu’il n’avait projeté d’aller en France. Sa simplicité, sa fidélité faisaient que des gens commettaient des impairs parfois. Quel que soit leur tord, il remuait ciel et terre pour les accompagner, essayer d’intervenir. Je rentrais, je le voyais parfois en période de crise à l’université à 21 heures, il ne prenait le temps de manger. Il se change et reprend la voiture pour aller voir un magistrat ou la partie adverse. Il rendait visite dans les prisons. Les gens se demandent pourquoi. Et ça retentissait même sur son image, mais ce n’était pas important pour lui. Il ne cédait pas à ses appréhensions ou à ses tentations. Ma mère a une fois raconté que dans le métro à Paris, quelqu’un s’était fait agresser et il était le seul à intervenir malgré son physique qui n’est pas du tout imposant. Il ne se posait pas de question. Il le fait parce qu’il doit le faire. Il a été le directeur de l’Institut de la recherche de l’enseignement des mathématiques de la physique et des technologies. Il a introduit les mathématiques modernes dans le secondaire au Sénégal. Il a beaucoup contribué à la formation scientifique et pédagogique des maîtres. Des spécialistes ont dit qu’il est le créateur de la théorie des systèmes variables de particules en Afrique que certains qualifient à cette époque comme une doctrine de la science.»
PREMIER AFRICAIN LAURÉAT DU WPSA
Kokou Tona du Togo, directeur du Centre d’excellence régional sur les Sciences aviaires (CERSA) de l’Université de Lomé vient d’être désigné comme le gagnant 2020 du prix de l’Éducation de l’Association mondiale des Sciences Aviaires
L’enseignant-chercheur Professeur Titulaire Kokou Tona du Togo, par ailleurs directeur du Centre d’Excellence Régional sur les Sciences Aviaires (CERSA) de l’Université de Lomé vient d’être désigné comme le gagnant 2020 du prix de l’Education de l’Association mondiale des Sciences Aviaires (WPSA- NDLR : World Poultry Science Association).
Le Prof. Kokou Tona, agronome zootechnicien de formation, est un expert international des sciences aviaires de niveau mondial depuis environ vingt-cinq ans. Il est le premier chercheur Africain à obtenir ce prix qui est décerné tous les quatre ans pour récompenser les meilleurs travaux en sciences aviaires. « Je suis très content de ce prix car nous avons surtout travaillé de façon désintéressée », a-t-il déclaré à la fin de la cérémonie qui se passait en ligne. « Toutefois, je reconnais que ce prix constitue une nouvelle pression qui doit nous exhorter à faire mieux », a-t-il ajouté.
Le Prof. Kokou Tona est l’inventeur du célèbre Tona’s Score utilisé depuis plusieurs années pour déterminer au plan mondial la qualité des poussins d’un jour. La méthode Tona est un système d’évaluation avec un score total compris entre 0 et 100 basé sur plusieurs paramètres. Selon ce système, les poussins sont classés en différentes qualités aux scores et le score de « 100 » signifie que les poussins sont de haute qualité.
En outre de Tona Score, M. Tona a mené plusieurs recherches sur l’effet de l’âge des parentaux couplés à la durée de stockage des œufs à couver sur le développement embryonnaire et post éclosion. Le Prof. Kokou Tona a également mené plusieurs investigations scientifiques relatives à la mue chez la poule parues dans de grands journaux scientifiques. Selon lui, il reste de grands défis à relever notamment « travailler davantage et mieux en vue d’impacter sérieusement la filière avicole en termes d’amélioration de la productivité avicole, de création d’emplois et de contribution de la filière à l’économie du continent et surtout, que la viande de poulet ne soit plus un luxe pour une grande partie de la population africaine ».
Le WPSA est une organisation qui s’investit dans la promotion de la recherche dans le domaine des sciences et industrie avicoles. Elle œuvre surtout à mettre en relation et interaction les différents acteurs sectoriels que sont les chercheurs, les éducateurs, les industriels à l’échelle mondiale. En raison du report d’une année soit jusqu’en août 2022 à cause de la pandémie de la COVID-19, un hommage a été rendu au récipiendaire ce 10 août 2021 en attendant de recevoir officiellement le prix lors du Congrès mondial de la volaille prévue à Paris en août 2022.
Le Prof Tona est à la tête du CERSA depuis sept ans. Financé au Togo par la Banque mondiale à hauteur de 6 milliards de Francs CFA (cumulés pour CERSA phase 1 et CERSA IMPACT), le centre a enregistré à ce jour environ 200 diplômés de niveau Master et Doctorat. De même, il a formé plus d’un millier d’aviculteurs professionnels dans plusieurs pays notamment le Bénin, le Burkina, le Ghana, le Sénégal et le Togo. Pour attester de la qualité de son enseignement, le CERSA a obtenu en 2018 l’accréditation internationale de son Master en sciences aviaires attribuée par le Haut Conseil pour l’Evaluation de la Recherche et de l’Enseignement supérieur (HCERES) basé en France.
Le CERSA est un centre d’excellence de l’Université de Lomé (Togo) qui a pour vision de promouvoir la filière avicole en Afrique à travers la formation, la recherche et l’appui-conseil aux acteurs de la filière.
ALPHA AMADOU SY, PENSEUR TRANSDISCIPLINAIRE
Maître en philosophie, il a été professeur et formateur de 1981 à 2016. Son éloquence et son élégance résonnent comme une source d’inspiration pour les épris de culture
Une figure si inspirante. En tant que président de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture (Cacsen) et Administrateur de la Saint-Louisienne de la culture et de la recherche (Scr), le Professeur Alpha Sy enseigne le monde à travers ses chefs-d’oeuvre qu’il a mis du temps à produire avec brio. C’est un auteur bien inspiré. Un écrivain qui se livre régulièrement à une méditation transcendentale, transdimentionnelle.
À travers des figures de style, il fait voler haut le verbe (pas toujours), tout en séduisant ce parterre d’intellectuels qui viennent d’horizons divers pour suivre religieusement son raisonnement discursif, son argumentaire.
Le Professeur Alpha Amadou Sy ne passe pas inaperçu dans la capitale du Nord, où il a l’habitude d’animer des conférences, des colloques, des séminaires, à l’Université Gaston Berger, à l’Institut français, dans les différents lycées et collèges du centre-ville. Il est sollicité constamment et de toutes parts pour des productions intellectuelles.
Ce qui est remarquable dans sa façon particulière de communiquer, c’est qu’il évite à tout prix de developer un langage ésotérique. Ses explications sont claires, limpides, enrichissantes et accessibles à tout le monde. Souvent, il a le souci de tenir compte du niveau d’études de ses admirateurs, pour se rabaisser à leur niveau, en vue de leur inculquer le savoir et les connaissances dont ces derniers ont besoin pour faire face aux affres de cette vie qui devient de plus en plus difficile. Ses techniques de communication s’articulent autour de la pédagogie et de l’andragogie (Science et pratique de l’éducation des adultes).
Auteur d’une quinzaine de livres
Il est né à Saint-Louis, ville qu’il n’a quittée que pour faire ses études à l’Université de Dakar et à l’Ecole normale supérieure. Ancien élève du lycée Charles de Gaulle, il est titulaire d’une maîtrise en Philosophie, d’un Cs en sociologie et d’un Certificat d’aptitude à l’enseignement secondaire.
Le Professeur Alpha Sy est auteur d’une quinzaine de livres qui se caractérisent par leur approche pluridisciplinaire. Il s’est évertué à écrire sur les expériences démocratiques en cours en Afrique, sur des questions esthétiques et anthropologiques.
Faute de savoir pourquoi résumer tel livre et pas un tel autre, il nous fait remarquer qu’il met à profit la théorie de la connaissance, considérée comme la matrice du mode de pensée philosophique. Cela, dit-il, pour questionner les discours et les pratiques des hommes. «La philosophie, qui a renoncé à ses visées hégémonistes, est assez outillée pour ce type d’investigation dont l’avantage est de nous mettre à l’abri de l’académisme. Celui-ci pèche par les frontières, parfois trop rigides, qu’elle instaure entre les différents continents du savoir», analyse l’écrivain.
Créer des espaces d’expression culturelle
Alpha Sy a toujours pensé qu’il ne suffisait pas d’écrire. Il est bon aussi de créer des espaces d’expression culturelle. Dans cet esprit, il a eu à diriger, pendant une bonne dizaine d’années, le comité de pilotage, sous l’égide du Cercle des écrivains et poètes de Saint-Louis, de la Fête internationale du livre de Saint-Louis et de son festival de poésie.
Depuis 2011, ses Doyens lui ont fait l’honneur de le porter à la présidence de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture qui a organisé, entre autres, des caravanes littéraires et colloques internationaux. Il a aussi engrangé une petite expérience, en tant qu’initiateur, avec l’Institut français de Saint-Louis, de café philo et de Nuit de la Philosophie.
Selon le Professeur Alpha Sy, la contribution de la philosophie peut être immense. «Ce contexte de la pandémie offre – malheureusement pas du tout alors à moindre frais – à ce monde de savoir un considérable champ de réflexion. Alors que l’un des slogans le mieux partagé était sans nul doute la santé pour tous à l’an 2000, voici que, depuis novembre 2019, un bien minuscule virus a fini de faire de l’intégralité du globe son terrible théâtre d’opération», observe-t-il.
Depuis au moins le Sommet de la terre, tenu à Rio en 1992, a-t-il poursuivi, les experts et écologistes n’ont cessé de mettre en garde contre les conséquences qui ne peuvent être que fâcheuses de l’exploitation, sur de vastes échelles des forêts, l’extermination des animaux sauvages et les actions perverses à la base de dérèglements climatiques.
Il a été dit et écrit que cette agression de la biodiversité engendre, dans le moyen ou long terme, une propagation de virus extrêmement dévastateurs. Réflexion sur la Covid-19
En poursuivant avec lui la réflexion sur ce contexte de la Covid-19, il est bien inspiré par le slogan «Restez- chez vous !», précisant que la pertinence de cette question apparaît au grand jour quand on réalise que l’homme est fondamentalement en rapport avec l’autre qui est sa vérité. Dans des sociétés encore à forte tendance communautaire, c’est un acte des plus répréhensibles que de sommer l’autre à rester chez lui. Je ne reviendrai pas ici sur les conséquences politiques et idéologiques de son usage pour le Front national en France.
En revanche, a-t-il souligné, ce qui focalise notre attention est de voir comment, paradoxalement, rester chez soi, porter le masque et observer la distanciation physique sont devenus de remarquables modalités de déclinaison de l’amour et de l’affection.
C’est dans la mesure où ces recommandations – même dans le contexte de l’administration des vaccins – sont les moyens les plus efficaces de couper la transmission du virus, «que je me dis que mon propre comportement engage, de quelque manière, le destin des autres membres des communautés. Donc, c’est en décidant, en toute connaissance de cause, d’observer ces mesures- barrières que je me protège en protégeant les autres.
Philosophiquement, la question est ainsi formulée : comment «ponctionner» sur ma propre liberté afin de reprendre le jour d’après ma liberté, toute ma liberté ? Comment «ponctionner» sur ma propre liberté afin que les autres, dont la santé dépend, plus ou moins, de ma propre responsabilité, puissent échapper au virus afin qu’eux et moi nous puissions nous retrouver aussi heureux qu’auparavant. Responsabilité individuelle et libertés collectives
Ainsi, de l’avis du Professeur, indéniablement, le contexte est des plus propices à la réflexion sur la responsabilité individuelle et les libertés collectives. «Restez chez vous», sous ce rapport, ne saurait en aucune façon, provoquer le scandale de la raison démocratique.
Toutefois, a-t-il ajouté, l’autre revers est que le confinement a soulevé d’autres contradictions dont : quel choix faire entre continuer de vaquer à ses occupations avec le risque de choper le virus et celui de mourir de faim faute de ne plus pouvoir gagner son pain ?
Dans le même esprit, comment trancher entre devoir éviter de courir le risque d’attraper le virus en ne se rendant plus à des funérailles et la mauvaise conscience pouvant résulter du sentiment d’avoir failli à un devoir des plus essentiels pour la communauté ; à savoir le «siggil ndigàale» (formule de condoléances) dans la forme, le contenu et au lieu qu’il faut. Il s’y ajoute que la Covid-19 est la cause d’une rupture anthropologique qui a pu faire frémir plus d’un : l’impossibilité d’accompagner ses morts selon des traditions et rites vieux de pratiquement plusieurs millénaires !
Profondes mutations de la société
La société, dans le monde, a tendance à subir constamment de profondes mutations sur tous les plans et à tous les niveaux, elle bouge, se transforme au fil du temps. Au regard de Alpha Sy, le mouvement est la vérité du monde. «Les humains sont en quête permanente d’évolution, mais tout progrès porte en lui-même ses propres contradictions. L’intelligence des contradictions qui structurent notre globe permet à l’homme d’avoir une pleine conscience de son devoir, mais surtout de savoir où poser le pied», avance l’écrivain. Il ne s’agit pas, selon lui, pour la philosophie de se substituer aux autres savoirs, ce n’est pas son ambition, encore moins ses prérogatives.
En revanche, argumente le professeur de philosophie, elle met à profit les acquis issus des investigations des hommes de sciences, des anthropologues, des économistes, des géographes pour alimenter une réflexion exhaustive à même de restituer à l’homme son unicité. «Et si comme le dit Jean Rostand, la science a fait de nous des Dieux avant que nous ne méritions d’être des hommes, il revient à la philosophie de donner à la science cette conscience sans laquelle, comme le prédisait Rabelais, elle ne serait que ruine de l’âme», souligne Sy.
Selon Abdoukhadre Diallo dit Papis, poète, l’écrivain et philosophe Alpha Sy est un penseur transdisciplinaire qui a su très tôt se départir du cloisonnement universitaire. C’est la raison pour laquelle il a pu produire une douzaine d’ouvrages sur des thématiques qui embrassent divers domaines de la science.
C’est un esprit fin, un grand esprit, un orateur magnétique qui sait séduire son auditoire de par son immense culture, sa maîtrise des concepts et des langues à travers lesquels, il les exprime, en y imprimant la pédagogie qui sied.
Un de ses traits de caractère, c’est la constance dans ses idées et sa fidélité en amitié.
Sur le plan social, pour ceux qui le côtoient, Alpha est d’une générosité sans borne.
C’est un humaniste qui met l’homme au centre de ses préoccupations. Il ambitionne toujours de fédérer les uns, les autres. Cependant, il est très exigeant dans sa relation avec le temps, autant pour lui, que vis-à-vis des autres. La préciosité du temps est une réalité sur laquelle il ne transige pas.
Le Directeur de la station régionale de Zik/Fm de Saint-Louis, Babacar Niang, journaliste et enseignant, fait partie des admirateurs du Pr Alpha Sy.
«Nous avons tous intérêt à suivre les conseils de ce philosophe émérite. C’est un rassembleur, un facilitateur, un artisan infatigable de la paix, qui œuvre pour l’amélioration des conditions de vie des populations», dit-il.
Un autre enseignant du nom de Cheih Bâ invite l’ensemble de nos concitoyens à méditer, à réfléchir sur les enseignements du Pr Alpha Sy. Celui-ci est considéré, partout où il passe comme un intellectuel modeste, accessible, serviable, prompt à transmettre son savoir à la société, de manière bénévole et désintéressée. Il fait partie des intellectuels qui font la fierté du Sénégal.
L’EXCELLENCE DANS L’INDIGENCE
Le lycée de Diaobé, célèbre cité-marché dans la région de Kolda, a présenté 110 candidats à l’examen du Baccalauréat, session 2021. Le résultat final a donné 88 élèves qui ont décroché leur premier diplôme universitaire.
Le lycée du village de Diaobé, dans le département de Vélingara, manque de tout ou presque. Malgré cette situation, il fait de bons résultats depuis quelques années. Cette année encore, il a réalisé un taux de réussite de 80% au Baccalauréat.
Le lycée de Diaobé, célèbre cité-marché dans la région de Kolda, a présenté 110 candidats à l’examen du Baccalauréat, session 2021. Le résultat final a donné 88 élèves qui ont décroché leur premier diplôme universitaire. Soit un taux de réussite de 80%. Une excellente performance, pourrait-on estimer, si l’on considère le contexte de précarité innommable dans lequel se déroulent les enseignements-apprentissages.
Cet établissement du cycle secondaire manque de tout ou presque : pas de clôture, pas d’électricité, 6 huttes qui font office de salles sur 10 classes pédagogiques. «Parmi les classes en dur, 2 sont construites par le Conseil départemental, dont le président Ibrahima Barry fut révolté, lors d’une journée d’excellence, par la précarité de cet établissement qui était entièrement en paillotte», a informé un parent d’élèves. Les parents d’élèves du lycée de Diaobé ont la conviction que leur établissement est oublié par l’Etat du Sénégal.
Le censeur du lycée Cheikh Fall déplore : «Nous travaillons dans des conditions difficiles. Pas suffisamment de tables bancs. Le manque de clôture avec la divagation des animaux, les reptiles qui nous visitent souvent, la poussière à certaines périodes de l’année qui perturbent les cours dans les huttes. Nous avons terminé l’année scolaire dans l’école élémentaire avec le début de l’hivernage. En plus le bloc administratif se trouve à 500 m de l’école, dans un bâtiment privé loué grâce à une subvention du Conseil municipal. Il a fallu beaucoup de volonté et de détermination aux enseignants et élèves pour arriver à ce résultat.»
Le président de l’Association des parents d’élèves, Sidi Lamine Sanokho, après s’être réjoui des performances soutenues de l’école, peste : «Nous n’avons de lycée que de nom. Les conditions de travail sont exécrables. Nous avons frappé à toutes les portes possibles pour bénéficier de nouvelles infrastructures, en vain.» Puis de rappeler l’évolution des taux de réussite dans ce lycée du Fouladou. Il renseigne : «En 2019, le lycée a obtenu un taux de réussite de 36,84%, en 2020, le taux a évolué positivement à 72,13%. Et cette année nous avons un taux de 80%. L’évolution est ascendante.»
C’est évident, le programme étatique de résorption des huttes n’a pas encore concerné Diaobé, au moment où on parle de généralisation de l’uniforme scolaire pour un coût annuel de 10 milliards de F Cfa. Allez demander à Diaobé, des salles de classes, des tables-bancs ou des uniformes quels sont les intrants prioritaires et nécessaires pour maintenir le cap.
SEULE L'ÉMOTION CRÉE UNE BELLE IMAGE
Adama Thiam, photographe : La réalité photographique peut être déformée, manipulée pour arriver certes, à une perfection, mais loin de l’image de départ. Cela soulève des questions quant à la transparence. Jusqu’où peut-on modifier une photo ?
Étudiant, Adama Thiam rêvait de devenir informaticien. Admis à l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (Ucao-Dakar), tout ne se passera pas comme il l’aurait souhaité faute de moyens. Le séjour fut bref. Très vite, il va faire un virage à 180° pour faire une formation accélérée en webmastering et en sortir infographiste. Puis il se lance dans la vie active. Arrivé dans la photographie par effraction, Adama Thiam y est resté confortablement. Il en est devenu un passionné. Il a trouvé sa vocation. Une belle trouvaille. De fait, aujourd’hui il cumule infographie et photographie, et a créé son propre label. Mais son ambition va plus loin. Le jeune artiste veut se lancer dans la production de documentaires, entre autres. Dans cette entrevue exclusive avec AfricaGlobe.net, Adama nous livre une analyse fine des métiers du numérique et de la pratique photographique. Très avisé, il revient aussi sur l’éthique professionnelle dans la photographie. Jusqu’où un photographe peut aller dans son métier pour capter des instants précieux pour l’histoire et la mémoire. ENTRETIEN.
Qui est Adama Thiam pour nos internautes ?
Adama Thiam est un jeune homme de profession photographe. Et je suis le propriétaire de la marque Lamdo. Je vis à Dakar depuis toujours.
Quel est votre parcours avant de vous lancer dans la photographie ?
J’ai été à l’école qu’au supérieur (première année) avant d’arrêter en 2017 après avoir fait une formation en webmaster (création site internet). J’ai d’abord suivi une formation de technicien en micro-informatique à l’Université catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO). Ensuite, je suis devenu un agent dans une boutique de transfert d’argent et j’ai travaillé dans une usine de production comme journalier. J’ai créé une marque de t-shirt et j’ai commencé à commercialiser mes produits. Je fais de retouche photo, montage vidéo et photo, infographie (création logo, collection t-shirt, tableau publicitaire, affiche …)
Où et dans quel contexte avez-vous commencé la photographie ?
Je suis devenu photographe en avril 2019, j’avais un petit appareil photo et je photographiais souvent mes sœurs ou je postais sur ma page Instagram. Beaucoup ont apprécié et on a commencé à me contacter pour des séances de shooting. C’est comme ça que tout a commencé et on a commencé à me contacter.
Lorsque vous avez décidé de faire de la photographie votre métier quelle a été la réaction de votre famille et proches ?
Jusqu’à présent je n’ai pas pris une décision formelle et officielle en tant que telle de devenir photographe, mais je le suis de fait. Donc la famille commence à voir du sérieux vu que j’investis beaucoup d’argent pour ce métier. Lamdo est ma propre structure. Je suis à mon suis à mon propre compte et je fais dans la communication et le marketing.
Que pensez-vous de l’avènement du numérique dans la photographie ?
Comme nous le savons tous, on est dans un monde typiquement informatique. Le numérique est fondamentale, incontournable, dans la photographie aujourd’dui. Le numérique nous permet aussi de mieux développer nos œuvres.
D’aucuns voient le numérique comme une menace pour la photographie. Qu’est-ce que vous en dites, vous ?
J’ai n’ai pas cet avis du numérique parce que le numérique non seulement englobe l’informatique, mais son périmètre est plus large car il recouvre aussi les télécommunications (téléphone, radio, télévision, ordinateur) et Internet. Au quotidien, on ne peut plus imaginer nos activités sans smartphone ou sans les réseaux sociaux par exemple. Ces nouveaux usages génèrent des masses énormes de données (informations) qu’il faut être capable de traiter. Si le numérique modifie nos activités, il change en même temps notre façon de comprendre et de penser. Notre univers entier est transformé par cet ensemble de technologies. On entend d’ailleurs souvent parler de culture numérique ou encore de révolution numérique. À noter que «Numérique » est spécifique au français, dans la majorité des autres langues, on utilise le mot anglais « digital ».
Quelles émotions peut provoquer une photo très forte sur celui qui la regarde?
La photographie est émotion. Elle nait de l’émotion, elle la fige puis elle la retranscrit. Il faut travailler avec l’émotion pour construire une belle image. J’ai beaucoup travaillé ma technique en enchainant les formations, les livres, les tutos. J’ai travaillé comme une dingue pour mon plaisir personnel, parce que cela me passionnait. J’ai vu peu à peu mes images changer. Elles sont devenues plus précises à force de travail. Je me suis appliqué à les rendre plus nettes, plus douces, plus fine. L’émotion, elle, ne se travaille pas. Elle se vit. Depuis, j’ai fait en sorte de l’allier à la qualité pour chacun de mes petits modèles.
Avec vous eu un mauvais souvenir dans le cadre de votre pratique, du genre une photo prise sans consentement du sujet et que ça a dégénéré?
Le photographe rencontre différentes personnes, il m’est arrivé une seule fois de travailler avec une dame pour la couverture du baptême de sa fille mais ça a mal tourné. Elle ne m’a pas payé le reste parce que j’avais une seule caméra. Au moment où l’iman donnait le nom au nouveau-né j’étais allé filmer le mouton et j’ai raté ce instant. Et comme elle ne l’a pas vu dans la vidéo, elle a été frustrée et ça m’a servi de leçon.
Doit-on demandez l’autorisation à quelqu’un avant de le photographié dans certaines circonstances ?
Normalement, il faut demander l’autorisation avant de photographier quelqu’un. Le droit à l’image est dans certains pays le droit de toute personne physique à disposer de son image, entendue comme l’ensemble des caractéristiques visibles d’un individu permettant son identification. Les lois relatives au droit à l’image sont différentes selon les pays.
C’est quoi l’éthique du photographe ?
La photographie représente des milliards d’images capturant la réalité chaque jour. C’est la raison pour laquelle la prudence et l’éthique doivent être de rigueur. Cette réalité peut être déformée, manipulée pour arriver certes, à une perfection, mais loin de l’image de départ. Cela soulève des questions quant à la transparence; jusqu’où peut-on modifier une photo ? Quelle est la frontière entre vie privée et publique ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser ? En d’autres termes, comment être un photographe éthique ?
Y a -t- il des projets qui vous tiennent à cœur ?
Oui. Je voudrais m’investir dans d’autres domaines comme faire le cinéma, des documentaires, par exemple. Je veux marquer mon empreinte sur tout ce qui va avec le monde numérique.
Propos recueillis par Fred ATAYODI - (AfricaGlobe Dakar)