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30 avril 2025
Éducation
LE SADEF ET LE CUSEMS/AUTHENTIQUE DENONCENT DES IRREGULARITES
Des irrégularités sont notées dans le recrutement des 5000 enseignants. C’est ce qu’ont fait savoir Dame Mbodj du Cusems/Authentique, et Mbaye Sarr, du Syndicat autonome pour le développement de l’éducation et de la formation (Sadef)
Le recrutement des 5000 enseignants par l’Etat commence à soulever des vagues, Dame Mbodj du Cusems/Authentique et Mbaye Sarr du Sadef dénoncent des irrégularités et un «véritable partage du gâteau entre différents responsables politiques qui jubilent et se targuent d’avoir enrôlé le maximum de jeunes pour leur localité». En réaction, Mouhamadou Moustapha Diagne, porte-parole du ministère de l’Education nationale, qualifie ces sorties de propos «graves» et parle d’«accusations gratuites, hasardeuses, infondées».
Des irrégularités sont notées dans le recrutement des 5000 enseignants. C’est ce qu’ont fait savoir Dame Mbodj, Secrétaire général du Cusems/Authentique, et Mbaye Sarr, leader du Syndicat autonome pour le développement de l’éducation et de la formation (Sadef). Joint par téléphone, ce dernier dénonce «une mascarade».
Le Secrétaire général du Sadef accuse le ministre de l’Education nationale. «C’est une mascarade orchestrée par M. Mamadou Talla, au lieu de procéder au recrutement digne de ce nom où de jeunes citoyens sénégalais aptes et compétents à servir le système éducatif seraient recrutés, nous avons eu droit à un véritable partage du gâteau entre différents responsables politiques qui jubilent et se targuent d’avoir enrôlé le maximum de jeunes pour leur localité. C‘est ignoble et grave et c’est même scandaleux pour notre système éducatif», a-t-il fustigé. Très remonté contre la tutelle, M. Sarr enchaîne : «Au même moment des candidats détenteurs de diplômes professionnels, qui aspiraient à servir l’école publique sénégalaise, sont laissés en rade.» Pour mettre fin à cette situation, le syndicaliste exige «illico-presto le recrutement de tous ces candidats détenteurs de diplômes professionnels dont la compétence n’est plus à démontrer».
Des «accusations gratuites, hasardeuses et infondées»
Dans un audio diffusé sur les réseaux sociaux, Dame Mbodj a aussi dénoncé un recrutement «politique» et des magouilles. Ces accusations ont été réfutées par le porte-parole du ministère de l’Education nationale. Hier sur la Rfm, Mohamed Moustapha Diagne a jugé ces propos «très graves». S’adressant aux syndicalistes, il soutient : «Il y a des choses si vous ne pouvez pas les prouver, il faut éviter de les dire.» Et M. Diagne de menacer : «Il arrivera un moment où le ministère sera obligé de prendre ses responsabilités parce que des accusations aussi gratuites, hasardeuses, infondées ne sont pas acceptables.»
Par ailleurs, le porte-parole du ministère de l’Education nationale a précisé qu’il «y a des syndicats qui ne participent plus au dialogue et qui ne sont plus conviés aux activités du ministère» depuis la tenue des élections de représentativité. En Conseil des ministres mercredi, le chef de l’Etat a donné comme instructions aux ministres de l’Education, de la Formation professionnelle, des Finances et de la Fonction publique «d’accélérer le rythme de prise de service et d’affectation des cinq mille nouveaux personnels enseignants, recrutés en 2021 dans le cadre du programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes «Xëyu ndaw ñi»».
Dans le cadre de ce programme, un appel à candidatures a été lancé en avril dernier pour le recrutement de 5000 enseignants. Les autorités avaient promis de faire dans la transparence. Il y a quelques jours, le porte-parole du ministère de l’Education nationale, qui avait annoncé la publication de la liste des enseignants recrutés en fin août dans L‘Observateur, avait insisté sur la totale transparence dans tout le processus en respectant les critères déterminés et les engagements pris.
DES SYNDICALISTES LISTENT LES CONDITIONS D’UNE BONNE RENTREE SCOLAIRE
Abdou Faty et Saourou Sène se prononcent sur les recommandations de Macky Sall pour une rentrée scolaire, dans les meilleures conditions
MADIAGNE SAMB ET MARIAME DJIGO |
Publication 10/09/2021
En Conseil des ministres avant-hier, le Chef de l’Etat, Macky Sall a demandé aux «ministres en charge de l’Education Nationale et de la formation professionnelle de prendre toutes les dispositions nécessaires, en vue d’assurer une rentrée scolaire, dans les meilleures conditions». Interpellés sur ce sujet, le secrétaire général du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique (Sels/Authentique), Abdou Faty et le secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire (SAEMS), Saourou Sène embouchent la même trompette. Selon eux, la reprise du monitoring des accords signés avec le gouvernement s’impose pour une bonne rentrée scolaire et une année scolaire 2021-2022 apaisée. Mieux, ils ont rappelé la nécessité de combler le déficit de tables bancs et d’enseignants, de les motiver davantage à travers la question du système de rémunération et d’éradiquer les abris provisoires.
ABDOU FATY, SECRETAIRE GENERAL DU SELS AUTHENTIQUE : «Le gouvernement a intérêt à convoquer le monitoring sur les accords signés»
«On a tous lu le communiqué du Conseil des ministres. Le Chef de l’Etat demande qu’on organise une bonne rentrée scolaire. C’est la même rengaine. Chaque année, c’est comme ça et au finish, il n’y a pas de bonnes conditions. Donc, le Chef de l’Etat l’a encore dit mais il gagnerait à surveiller ses ministres parce que pour qu’il y ait une bonne rentrée scolaire, il faudrait très tôt qu’on anticipe sur le désherbage, l’entretien des écoles, les mûrs de clôture qui sont tombés, les latrines, les tables bancs et qu’on anticipe également sur les eaux usagées mais je suis sûr et certain qu’ils ne le feront pas. Maintenant, pour qu’il y ait une bonne année scolaire, pour qu’on soit en paix, le gouvernement du Sénégal a intérêt à convoquer le monitoring sur les accords signés entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants. Depuis maintenant deux ans, sous le prétexte de la pandémie, le gouvernement du Sénégal est dans le pourrissement, dans le louvoiement et dans du n’importe quoi. En tout cas, nous, au Sels Authentique, je le dis solennellement, dès le début de l’année, le 10 octobre prochain, on va déposer un préavis de grève parce que depuis que Cheikh Kanté a quitté le monitoring, on n’a rencontré aucun ministre. Tous les ministres nous donnent des rendez-vous mais ne le respectent pas. Et vraiment encore une fois, le Président Sall gagnerait à surveiller, à faire le monitoring de ses ministres parce qu’il donne des instructions qui ne sont jamais respectées. Il a donné des instructions pour qu’on ouvre des négociations, ce n’est pas fait. Il a donné des instructions pour le DMC, ce n’est pas fait. S’il ne surveille pas les ministres, ils ne feront rien et malheureusement, on aura une année scolaire terrible parce qu’on est restés deux ans. Nos situations sont là et que personne ne nous dise, c’est parce qu’on est en année électorale que nous sommes en grève».
SAOUROU SENE, SECRETAIRE GENERAL DU SAEMS : «Le Chef de l’Etat doit instruire d’abord son gouvernement à aller à la rencontre des organisations syndicales»
«Le gouvernement du Sénégal sait qu’on a signé des accords depuis 2018 et parmi ces accords-là, il y a des questions qui sont restées entières. Il s’agit de la question portant sur la révision du système de rémunération des agents de l’Etat, l’organisation du concours des passerelles professionnelles, le corps des administrateurs scolaires et toutes les questions de gouvernance. Je crois que depuis la fermeture des classes, nous n’avions pas manqué de rappeler au gouvernement du Sénégal, la nécessité de la reprise du monitoring des accords qui était gelé depuis 2019. C’est la raison pour laquelle, si aujourd’hui en Conseil des ministres, le Chef de l’Etat revient sur ça pour parler d’une rentrée apaisée et contrer les conditions d’une bonne rentrée, je crois qu’il doit instruire d’abord son gouvernement à aller à la rencontre des organisations syndicales pour que nous puissions faire le point par rapport au protocole d’accord signé depuis 2018. Je crois qu’aujourd’hui, personne ne peut quand même douter du patriotisme des enseignants. Nous avions tout laissé, étant donné que nous avions considéré à l’époque avec l’arrivée de la pandémie, il fallait un peu mettre la pédale douce. Mais aujourd’hui, force est de constater quand même que le gouvernement n’a pas respecté les enseignants dans cette situation-là. C’est la raison pour laquelle une fois de plus, nous exigeons la reprise des activités d’un monitoring des accords sinon nous allons vraiment vers une rentrée qui risque d’être difficile. Pour déjà l’année 2021-2022, la vérité est que c’est une année avec le risque de plusieurs perturbations parce que les questions de bonne gouvernance sont là. Elles ne sont pas respectées. La question des engagements pris par le gouvernement du Sénégal à travers le protocole d’accord, c’est une question comme je l’ai dit qui est restée entière. Donc, toutes les conditions sont réunies pour aller vers une année totalement perturbée. C’est la raison pour laquelle une fois de plus, pendant qu’il est temps, il faut que le gouvernement du Sénégal prenne la plénitude de la mesure et qu’il se rappelle quand même que l’école a un coût. Audelà des revendications des enseignants signées dans un protocole d’accord, il y a la question des abris provisoires, des infrastructures scolaires. Tout le monde sait qu’il y a un programme zéro abri provisoire. C’est l’occasion de faire le bilan des réalisations autour de ce programme-là parce que nous étions autour de 6000 abris provisoires quand on en parlait et aujourd’hui il en reste combien ? L’autre aspect, c’est les tables bancs, un déficit de 300 mille tables bancs. Il faut que le gouvernement fasse le point pour dire exactement dans le cadre de la réalisation des tables bancs pour les classes. Il y a aussi le personnel enseignant. Les déficits, c’était autour de 35952. C’est vrai qu’il y a 5000 qui ont été ajoutés récemment avec le recrutement que vous savez, mais la situation elle est restée entière. Nous tournons autour d’un déficit de 30952, qu’est-ce qu’il faut faire ? Et la motivation des enseignants ? Je crois que le gouvernement, à travers la question du système de rémunération, doit aller vers la motivation des enseignants à travers la révision du système de rémunération. Donc, le gouvernement sait très bien quelle est la situation de l’école mais on ne pourra pas conjurer le sort des enseignants par la magie du verbe. Il faut des engagements et des décisions concrets, des instructions précises pour qu’on aille vers une année scolaire 2021-2022 apaisée».
LE TAUX D’ANALPHABÈTES TOUJOURS ESTIMÉ À PLUS DE 50%
Selon la CNEPT, « la société dans laquelle nous vivons est une société en évolution, l’alphabétisation doit être considérée comme un premier échelon d’un apprentissage tout au long de la vie »
Au Sénégal, plus de 50% de la population sont analphabètes. C’est ce qu’a indiqué la Coalition nationale pour l’Education pour Tous (CNEPT) dans un communiqué rendu public à l’occasion de la célébration de la journée internationale de l’alphabétisation, coïncidant avec ce 08 septembre.
A l’occasion de la célébration de la journée Internationale de l’Alphabétisation hier, la Coalition nationale pour l’Education pour Tous (CNEPT) a pondu un communiqué pour visiblement déplorer le taux élevé d’analphabètes au Sénégal qui dépasse plus 50%. «Le taux d’analphabètes au Sénégal demeure très élevé et atteint plus de 50% et notre pays, cité en exemple dans le sous-secteur en Afrique de l’Ouest, avait réussi à réduire sensiblement l’analphabétisme, dans le cadre de la stratégie du faire-faire. Pourtant, beaucoup de raisons justifient la mise en œuvre de programmes d’alphabétisation et parmi celles-ci, nous pouvons noter : l’éducation est considérée comme un droit de la personne car un minimum de connaissances est nécessaire pour vivre dans une société en perpétuelle mutation ; en s’adressant notamment aux femmes, l’alphabétisation est considérée comme un moyen qui contribue à l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires en les aidant à mieux s’organiser autour de leurs préoccupations ; les adultes éduqués ont plus tendance à encourager l’éducation de leurs enfants, particulièrement celle de leurs filles», renseigne le document.
Selon la CNEPT, « la société dans laquelle nous vivons est une société en évolution, l’alphabétisation doit être considérée comme un premier échelon d’un apprentissage tout au long de la vie ». D’après la structure dirigée par Silèye Gorbal Sy, une bonne politique d’alphabétisation devrait utiliser les langues maîtrisées par les populations et mettre l’accent sur la revalorisation des acquis de ces langues. « Les statistiques de l’Unesco révèlent que plus de 700 millions d’adultes dont deux tiers de femmes sont dépourvus de compétences minimales en matière d’alphabétisation.
Lors de la 70e session de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2015, les Etats membres ont adopté l’Agenda de Développement Durable 2030. Les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD)figurent au cœur de l’Agenda, dont l’ODD 4 qui couvre l’éducation : assurer l’accès de tous à une éducation de qualité ; sur un pied d’égalité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie», indique le texte. Si l’on se fie toujours au communiqué, en rapport à la journée internationale, les acteurs de l’alphabétisation du Sénégal consacrent une semaine au sous-secteur avec la mise en œuvre de diverses activités relatives au développement et à la promotion de nos langues nationales.
Le thème de cette année est «l’alphabétisation pour une reprise axée sur l’humain : réduire la fracture numérique». «La Journée internationale de l’alphabétisation 2021 examinera les façons dont l’alphabétisation peut contribuer à bâtir un fondement solide pour une reprise axée sur l’humain, en mettant en avant les interactions entre l’alphabétisation et les compétences numériques dont ont besoin les jeunes et les adultes non alphabétisés. Elle explorera également les facteurs qui rendent une alphabétisation fondée sur la technologie inclusive et utile, afin de ne laisser personne de côté. Ce faisant, cette Journée sera l’occasion de réinventer l’avenir de l’enseignement et de l’apprentissage dans le domaine de l’alphabétisation, dans le contexte de la pandémie et au-delà », lit-on dans le texte.
LE REAMOOC VANTE SON PROJET
La crise sanitaire causée par la pandémie de Covid-19 a bouleversé les enseignements dans les établissements d’enseignement supérieur en général et en Afrique francophone en particulier
Réunis les 6 et 7 septembre 2021 lors d’un colloque sur les «Innovations pédagogiques numériques et pistes de solutions aux défis de l’enseignement supérieur en Afrique», les membres du Reamooc ont expliqué les avantages du numérique en cette période de Covid-19, lors d’une conférence de presse virtuelle tenue hier.
La crise sanitaire causée par la pandémie de Covid-19 a bouleversé les enseignements dans les établissements d’enseignement supérieur en général et en Afrique francophone en particulier. Depuis quatre ans déjà, les douze institutions partenaires du projet Réseau africain de développement de Mooc pour l’innovation pédagogique dans l’enseignement supérieur (Reamooc) œuvrent pour créer des dispositifs pédagogiques innovants. Les domaines concernés sont l’informatique, les sciences, la langue, les sciences de l’éducation, les sciences de l’ingénieur, agriculture, etc.
Hier, ses membres ont tenu une conférence de presse virtuelle lors du colloque sur le thème «Innovations pédagogiques numériques et pistes de solutions aux défis de l’enseignement supérieur en Afrique» qui a eu lieu du 6 au 7 septembre 2021. «Les Moocs sont des cours massifs, libres et ouverts. Un enseignant qui est dans sa localité pourrait effectivement s’inscrire aux Moocs si cela l’intéresse. Il fait toutes les activités du Mooc, donc ses capacités sont renforcées à partir du Mooc. Maintenant s’il veut avoir un diplôme, c’est à partir de ce moment qu’il pourrait payer», a expliqué Mamadou Sarr, ancien directeur du Centre de formation à distance à la Fastef, leader institutionnel de Reamooc Ucad.
Selon le coordonnateur du projet Reamooc, Libérat Ntibashirakandi, «il y a deux Moocs transversaux qui ont été développés et qui pourraient intéresser tous les enseignants du primaire, du secondaire». Il s’agit du «Mooc sur la pédagogie universitaire, notamment les méthodes d’enseignement, comment évaluer. Ce sont des thématiques qui seront abordées dans ce Mooc.
L’autre, c’est la scénarisation dans le cours, comment concevoir un enseignement». Les 17 Mooc qui ont été développés seront ouverts au public, principalement aux étudiants des différentes universités, dit-il. Il annonce également que la majorité sera lancée dès octobre, d’autres début novembre. Les retours des apprenants permettront d’améliorer ces Moocs. En fait, la technologie permet de charger les contenus et l’étudiant peut accéder aux contenus sans connexion. Quand il se connecte à internet, il y a une mise à jour automatique si jamais il y a des modifications éventuelles au niveau des contenus. Et toutes les évaluations des Moocs se font en ligne, sauf si la personne veut avoir un diplôme. Là il y aura une composition sur table.
En effet, il y a trois types d’évaluations. Il y a l’évaluation-diagnostic qui permet de vérifier si les prérequis sont maîtrisés pour aborder un cours, il y a l’évaluation formative qui permet aux apprenants de tester réellement si les objectifs d’un cours, d’un module ont été atteints ou pas. Et enfin la formation certificative, à la fin du cours.
PRIX GONCOURT : UN ROMAN DE L’ÉCRIVAIN MBOUGAR SARR EN LICE
’La plus secrète mémoire des hommes’’, le roman de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr paru chez les éditions ‘’Philippe Rey’’, figure dans la première liste de 16 œuvres littéraires en lice pour le Prix Goncourt, récompense littéraire convoitée
Dakar, 7 sept (APS) – ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’, le roman de l’écrivain sénégalais Mohamed Mbougar Sarr paru chez les éditions ‘’Philippe Rey’’, figure dans la première liste de 16 œuvres littéraires en lice pour le Prix Goncourt, la récompense la plus convoitée de la saison en France, a appris l’APS.
L’académie Goncourt a dévoilé ce mardi, une première liste de 16 romans en lice pour la récompense la plus convoitée de la saison, dont le roman Mohamed Mbougar SARR ‘’La plus secrète mémoire des hommes’’.
Selon le site livreshebdo.fr, ‘’Les Goncourt n’ont toutefois pas sélectionné de primo-romanciers cette année’’.
L’académie Goncourt, présidée par Didier Decoin, se compose d’Eric-Emmanuel Schmitt, Pascal Bruckner, Paule Constant, Patrick Rambaud, Tahar Ben Jelloun, Camille Laurens, Françoise Chandernagor, Philippe Claudel et Pierre Assouline.
Les deux prochaines sélections du prix Goncourt 2021 auront lieu les 5 et 26 octobre. Le 3 novembre sera dévoilé, chez Drouant, le nom du successeur d’Hervé Le Tellier, lauréat en 2020 pour ‘’L’anomalie’’ (Gallimard).
Voici la liste complète des 16 romans sélectionnés et les noms de leurs auteurs :
• Christine ANGOT, Le Voyage dans l’Est, Flammarion
• Anne BEREST, La carte postale, Grasset
• Sorj CHALANDON, Enfant de salaud, Grasset
• Louis-Philippe DALEMBERT, Milwaukee Blues, Sabine Wespieser
• Agnès DESARTHE, L’éternel fiancé, L’Olivier
• David DIOP, La porte du voyage sans retour, Seuil
• Clara DUPONT-MONOD, S’adapter, Stock
• Elsa FOTTORINO, Parle tout bas, Mercure de France
• Patrice FRANCESCHI, S’il n’en reste qu’une, Grasset
• Lilia HASSAINE, Soleil amer, Gallimard
• Philippe JAENADA, Au printemps des monstres, Mialet-Barrault
• François NOUDELMANN, Les enfants de Cadillac, Gallimard
• Maria POURCHET, Feu, Fayard
• Abel QUENTIN, Le voyant d’Étampes, L’Observatoire
• Mohamed Mbougar SARR, La plus secrète mémoire des hommes, Philippe Rey
• Tanguy VIEL, La fille qu’on appelle, Éditions de Minuit
L’OMBRE DES FEMMES LEADERS SUR LES FUTURES LEADERS EN DEVENIR
Sans tambours ni trompettes, l’association Shine to Lead est en train d’apporter une touche qualitative à la promotion des jeunes filles en Sciences au Sénégal. Le programme doit son succès en partie à des femmes dévouées, modèles et inspirantes
Sans tambours ni trompettes, Shine to lead/Jiggen Jang Tekki est en train d’apporter une touche qualitative à la promotion des jeunes filles en Sciences au Sénégal. Le mentorat occupe une place prépondérante dans cette initiative. Sans les femmes dévouées, professionnelles, modèles et inspirantes, l’initiative n’aurait pas pu réussir à mener à bien ses programmes et avoir des résultats escomptés. En effet, ce sont ces figures tutélaires qui assure un autre travail personnalisé en termes de conseils, de coaching à leurs filleuls tandis que l’équipe de management de STL fournit les moyens matériels et financiers. Dans la présente interview, les deux co-responsables du programme de mentorat, Ndèye Fatou Diagne, ingénieure Travaux au Consortium d’Entreprises (CDE) pour le chantier de l’extension de l’usine de la Société Africaine de Raffinerie (SAR) et Mame Khady Diouf, experte dans le domaine de la négociation, de la médiation et du dialogue dans le processus de paix expliquent à AfricaGlobe.net comment fonctionne le programme de mentorat. Elles sont les deux piliers du mentorat à Shine to Lead. Alors qu’au début l’initiative a misé sur les professionnelles basées exclusivement au Sénégal, il est vite apparu que même depuis l’étranger, l’on peut assurer fort bien cette charge en faveur des lycéennes. Sélectionnées sur la base de la performance, les lauréates de Shine to Lead, le temps passant, deviennent quelque part des filles adoptives de leurs mentores.
AfricaGlobe.net : Quel est l’objectif du volet mentorat de Shine To Lead/Jiggen Jang Tekki?
Mame Khady Diouf : Le volet mentorat de Shine to Lead a pour objectif d’accompagner les jeunes filles lauréates sur les plans social et scolaire. Les mentores s’engagent à soutenir les lauréates, à faire le suivi avec elles et à les conseiller sur tous les plans. Les mentores doivent s’engager à rencontrer leurs mentorées pour échanger sur leurs progrès scolaires, être en contact avec leurs mentorées au moins une fois par semaine par téléphone ou message – fixer des objectifs académiques avec les mentorées et prendre des mesures pour les atteindre, agir en tant que ressource et guide, mettre en place un accompagnement personnalisé conduisant à leur réussite académique, personnelle et sociale en leur donnant les outils pour développer, entre autres, une estime de soi et une confiance en soi positive. Par ailleurs, les mentorées doivent participer au programme, aux formations, aux camps de vacances et aux webinaires. Elles doivent aussi être assidues dans leurs cours et s’appuyer sur leurs mentores pour avoir les meilleures chances de réussir tant sur les plans personnel, académique et social.
AfricaGlobe.net : Quels sont les critères sur la base desquels les mentorées sont choisis ?
Fa Diagne : Les mentorées doivent avoir une moyenne au-dessus de 13/20, en classe de Seconde à la Terminale, et doivent être dans des conditions désavantageuses pour leur épanouissement scolaire. Concernant la dernière cohorte de l’année 2020-2021, nous avons choisi les élèves les plus assidues de notre grand programme de cours de vacances et de développement du leadership 2020 première édition, qui ont rejoint la cohorte de l’année 2019-2020.
AfricaGlobe : Pourquoi STL a décidé d’élargir sa liste de mentores au-delà du Sénégal ?
Fa Diagne : Au départ, nous ne recherchions que des mentores résidants au Sénégal, à cause de la proximité demandée pour tisser des liens avec leur mentorée. Mais avec l’arrivée de la COVID-19 et des restrictions imposées par le gouvernement pour lutter contre la propagation, les mentores de la cohorte 2019-2020 n’ont pas pu se voir physiquement, et donc, elles ont été dans l’obligation de s’adapter aux appels vidéo et aux messages textes. Vu que cette méthode a été efficace, nous avons décidé d’élargir les lieux de résidence des mentores à l’international.
AfricaGlobe : Que pensent en général les mentores Shine to Lead et jusqu’où sont-elles prêtes à accompagner l’initiative ?
Fa Diagne : Les mentores saluent l’initiative de Nayé Bathily, et pensent que c’est une initiative très inspirante qui va fortement contribuer à l’évolution de notre pays en coachant les futures leaders. Elles sont toujours prêtes à aider, et pleines de ressources et d’enthousiasme à l’idée de participer au développement du Sénégal. Elles participent aux webinaires de Shine To Lead (les Shine To Lead Talks) en tant que modératrices ou invitées, communiquent leurs idées pour des activités ou encore pour l’amélioration de l’initiative lors des réunions organisées par la coordination.
AfricaGlobe.net : Les mentores sont-elles tenues de parler de temps en temps de leur propre parcours, leurs expériences à leurs mentorées afin de les inspirer, voire les stimuler à en faire autant ou plus ?
Fa Diagne : Effectivement. C’est pour cela que l’on essaie de faire «un matching» basé sur la profession des mentores et l’ambition future des mentorées. Vu l’intérêt commun, cela permet de créer un premier lien entre elles. Dans le cas contraire, l’expérience et le parcours de la mentore dans le monde professionnel et académique sont toujours un plus afin de guider la mentorée dans le choix de sa future carrière.
AfricaGlobe.net : Peut-on dire qu’en fin de compte les mentorées finissent, dans une certaine mesure, par être des filles adoptives de leurs mentores ?
Fa Diagne : Bien sûr, les mentorées deviennent des filles ou encore des petites sœurs. Et c’est le but. Les liens deviennent si forts qu’elles peuvent devenir un membre à part entière de la famille de la mentore. Celles qui habitent à l’étranger auront plus de mal vu qu’elles n’auront pas forcément l’opportunité de voir leur mentorée aussi fréquemment qu’une mentore résidant au Sénégal, mais cela reste une question de volonté.
AfricaGlobe.net : Il y a eu de potentiels mentores approchées qui n’ont pas donné suite à la requête parce que cela implique pour elles des responsabilités ?
Mame Khady Diouf : Nous n’avons pas eu de désistement de potentielles mentores du fait du niveau de responsabilité, mais plutôt des mentors qui étaient déjà engagés, mais à cause de leur emploi du temps, elles n’ont pas pu se consacrer à leur mentorées et ont préféré céder leurs responsabilités à d’autres. Certaines mentores sont parfois incompatibles avec leur mentorées et nous analysons la situation pour voir si elles ne doivent plus faire partie du programme ou si nous devons leur assigner de nouvelles mentores. Il faut comprendre qu’être mentore requiert d’être disponible pour sa mentorée, c’est un engagement assez conséquent.
AfricaGlobe : Quelles sont les ambitions à long termes de Shine to lead/Jiggen jang Tekki pour l’accès et le maintien des jeunes filles à l’école
Mame Khady Diouf : Shine to Lead a pour ambition effectivement l’accès et le maintien des jeunes filles à l’école. A travers nos différents programmes et initiatives, nous encourageons les jeunes filles à persévérer et à continuer dans les filières scientifiques dans lesquelles elles sont. Nous organisons différents webinaires thématiques pour qu’elles puissent avoir confiance en elles, qu’elles sachent qu’elles seront soutenues par leurs mentores pour pouvoir continuer leurs études. Nous envisageons de continuer à vulgariser notre action sur le plan national, d’échanger et de collaborer avec les entités en charge de l’éducation nationale.
AfricaGlobe : Est-ce que Shine to lead a des garde-fous pour préserver ces lauréates des mariages forcés ou même des grossesses précoces dont sont malheureusement victimes parfois des lycéennes et qui freine leur évolution ?
Mame Khady Diouf : Nous n’avons pas de garde fous à proprement dit mais tout passe par la communication. Nous mettons en confiance nos lauréates et leur réaffirmons notre disponibilité à les écouter. Leurs mentores sont également présentes pour les soutenir sur plusieurs plans. Nous avons des webinaires qui abordent plusieurs thématiques dont celles-ci. Nous insistons sur le fait que leurs études sont primordiales. Les mentores sont également appelés à échanger avec les parents de ces jeunes filles et nous sommes convaincus que si ces questions étaient soulevées, les mentors réaffirmeraient notre conviction de voir nos lauréates étudier dans les meilleures conditions possibles.
Propos recueillis par Fred ATAYODI – (AfricaGlobe Dakar)
SOULEYMANE BACHIR DIAGNE A REÇU LE PRIX SAINT SIMON
Dakar, 6 sept (APS) – Le philosophe sénégalais, Souleymane Bachir Diagne a reçu le Prix Saint-Simon 2021 pour son livre ‘’Le fagot de ma mémoire’’ paru aux Éditions Philippe Rey.
Il a reçu cette distinction, dimanche, en présence du sous-préfet et de la maire de la Ferte-Vidame devant les ruines du château de Saint-Simon (France), selon un communiqué transmis à l’APS. L’épouse du lauréat était également présente
Le Jury du Prix Saint-Simon, sous la présidence de Marc Lambron, de l’Académie française, a décerné le 18 juin 2021, le 45ème Prix Saint-Simon, à Souleymane Bachir Diagne pour son livre, +Le fagot de ma mémoire+, aux Éditions Philippe Rey’’.
Le Professeur Diagne qui a enseigné à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) devient le 45ème lauréat de ce prix, doté d’un montant de 5 000 Euros (3 282 767 francs CFA).
Le Prix Saint-Simon a été fondé en 1975, à l’occasion du tricentenaire de la naissance du mémorialiste Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, (1675-1755), sous les auspices de la Ville de La Ferté-Vidame, résidence d’élection et “favorite demeure”, où il écrivit une grande partie de son oeuvre.
Le prix est attribué chaque année à ‘’un ouvrage de Mémoires (récit autobiographique, souvenirs, journal ou témoignage), publié au cours des deux dernières années, par un auteur vivant choisi pour l’empreinte de son oeuvre dans l’Histoire, la résonance avec l’oeuvre de Saint-Simon et la qualité de son style.
Parmi les récents lauréats figurent Benedetta Craveri ‘’L’âge de la conversation’’ (Gallimard), Philippe Sollers ‘’Un vrai roman’’, Mémoires (Plon), Claude Lanzmann ‘’Le Lièvre de Patagonie’’ (Gallimard), Bernard-Henri Levy ‘’Pièces d’identité’’ (Grasset), Marc Ferro ‘’Mes histoires parallèles’’ (Carnet Nord).
UN OUVRAGE INSPIRÉ DES RÉCITS DU CONFINEMENT
Un ouvrage à paraître la semaine prochaine à L’Harmattan se présente comme la compilation de récits d’expériences vécues lors du confinement imposée par la crise de la maladie à coronavirus, une manière de donner écho aux voix de personnes résilientes
Dakar, 6 août (APS) - Un ouvrage à paraître la semaine prochaine à L’Harmattan-Sénégal se présente comme la compilation de récits d’expériences vécues lors du confinement imposée par la crise de la maladie à coronavirus, une manière de donner écho aux voix de personnes résilientes résolues à faire des mots leur refuge dans ce contexte dramatique.
Intitulé "A l’ombre des voix", cet ouvrage collectif né d’une initiative de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture (CACSEN), se veut "une polyphonie qui repeint la condition humaine".
Selon son président, le professeur Alpha Amadou Sy, "la CACSEN était persuadée que le vécu du moment du confinement sera demain une séquence importante de notre histoire que les générations futures auront besoin de bien connaitre".
"Et, pour ne pas rater cette opportunité, ou plutôt cette chance, que constitue notre très attendu retour à la +normalité+, il nous semblait urgent de faire appel à ce que notre intelligentsia a de plus fécond afin de fixer un certain nombre de repères et de consigner quelques expériences révélatrices du caractère exceptionnel de ce contexte viral", explique-t-il dans un entretien accordé à l’APS.
L’ouvrage compile des récits d’expériences vécues et racontées par "des magiciens de la plume" à leur manière, dit-il.
"+A l’ombre des voix+ renvoie à ce singulier plaisir à se délecter de l’expérience racontée dans les règles de l’art. La pandémie, une expérience douloureuse certes, mais que les magiciens de la plume ont l’art de raconter voire de conter à leur manière bien à eux, en pensant à Zola qui parle de la belle horreur !", a souligné l’écrivain-philosophe.
Selon Alpha Amadou Sy, ce livre retrace le vécu des auteurs concernés "en empruntant beaucoup à l’imaginaire, ce qui rappelle à nos mémoires oublieuses que le destin de l’homme est tragique".
Il ajoute : "Cette tragédie est paradoxalement mise à profit pour se moquer de la fatalité et de la mort en surfant sur l’émotionnel. Ce faisant, l’art n’apparait-il pas comme un des actes les plus significatifs de la capacité de résilience de l’homme ? André Malraux ne disait-il pas que l’art est un antidestin ?".
Le livre compile ainsi une vingtaine de textes, des poèmes, nouvelles et de simples propos d’auteurs venant du Cameroun, du Maroc, du Canada, de la France et du Sénégal "pour rendre compte d’un mal vivre dans un monde terrorisé par un être dont le caractère bien minuscule est inversement proportionnel à l’immensité des drames multiformes qu’il a engendrés".
"Nous avons opté pour la qualité en choisissant des textes aussi bien chez des écrivains confirmés que chez des auteurs +en herbe+. Nous avons eu l’honneur d’avoir avec nous le poète camerounais Paul Dakeyo, la romancière sénégalaise Mariama Ndoye, Ndické Dièye, Abdoukhadre Diallo, le professeur Buuba Diop", a expliqué M. Sy.
"Nous avons eu des contributeurs du Maroc, du Canada, de la France", poursuit le professeur Alpha Amadou Sy, auteur de la préface du livre qu’il a cosignée avec le professeur Ibrahima Wane, professeur de littérature et civilisations africaines à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.
Le peintre Kalidou Kassé a signé la couverture de l’ouvrage en mettant "gracieusement" son tableau "Transmission" à la disposition de la section sénégalaise de la Communauté africaine de culture.
PROJET DE CONFECTION DES TENUES SCOLAIRES, LES SÉRIGRAPHES REFUSENT D’ETRE ÉCARTÉS
Après la polémique sur la priorité ou non de consacrer 30 milliards pour la confection des tenues scolaires, on assiste à un autre débat. Il s’agit, cette fois-ci, des sérigraphes qui informent qu’ils sont en train d’être écartés de ce projet
Le Regroupement des sérigraphes du Sénégal attire l’attention de l’opinion sur les manœuvres visant à écarter ses membres de la mise en œuvre du projet de confection des uniformes scolaires. La structure rejette les arguments invoqués pour les empêcher de bénéficier de ce marché.
Après la polémique sur la priorité ou non de consacrer 30 milliards pour la confection des tenues scolaires, on assiste à un autre débat. Il s’agit, cette fois-ci, des sérigraphes qui informent qu’ils sont en train d’être écartés de ce projet.
Dans un communiqué, le Regroupement des sérigraphes du Sénégal a alerté : «Nous tenons à informer le président de la République et toute l’opinion nationale que des agissements visant à écarter les sérigraphes du marquage des blouses sont en train d’être menés par des personnes tapies dans l’ombre.» Selon eux, ces dernières «ont pour objectif d’augmenter le profit des confectionneurs en faisant en sorte de garder l’enveloppe de dix milliards entièrement pour eux».
Dans leur document, Djibril Sène et ses collègues soulignent que «le prétexte avancé est que le prix de revient de la confection d’une blouse serait sous-évalué, le prix d’achat proposé par l’Etat serait très bas et que la sérigraphie ne pourrait pas rentrer dans leurs charges». Une explication qu’ils jugent «totalement erronée». D’après cette organisation, «le cahier des charges prévoit la confection, le marquage et tous frais jusqu’à la livraison contre le paiement fixé par tenue».
De ce fait, soutiennent Djibril Sène et ses collègues, «vu les prix appliqués sur le marché de la sérigraphie, le marquage reviendra aux confectionneurs avec un montant forfaitaire de 200 francs Cfa par tenue». Ce qui, à les en croire, «constitue une part d’environ 850 millions sur les dix milliards». Une part qu’ils estiment non négligeable pour leur sous-secteur. C’est la raison pour laquelle ils exigent «que le cahier des charges soit respecté et l’ensemble des blouses soient marquées par des sérigraphes disposant de toute la technique requise à cet effet». «Nous n’accepterons pas d’être laissés de côté et exigeons d’être associés à toute la chaîne, de la confection à la livraison, car la confection et la sérigraphie constituent des métiers complémentaires depuis plus de 60 ans», a fait savoir le Regroupement des sérigraphes du Sénégal.
Joint par téléphone, le président dudit rassemblement, Djibril Sène, a insisté sur le fait qu’ils ont été fortement touchés par la crise du Covid-19. «Le Covid-19 a touché tout le monde, particulièrement nous qui sommes dans la communication. Il n’y avait plus de rassemblement. Donc nous n’avions pas de travail. Et ce projet est une aubaine pour nous», a-t-il dit.
texte collectif
MULTIPLE PHOTOS
LES IMPACTS DE LA COVID-19 SUR LA SOCIÉTÉ SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS #SilenceDuTemps - Avec la pandémie, les femmes se sentent plus malheureuses. 89,1% des chefs de famille estiment que les liens familiaux dans leur ménage se sont détériorés. Les secteurs en avance sur la digitalisation ont mieux résisté
#SilenceDuTemps - La Covid-19 est intervenue comme un tsunami planétaire avec son cortège de surprises, ses élans d’envahissement, son rythme accéléré, sa nocivité ravageuse, son lot de personnes infectées et un nombre considérables de morts. La pandémie a fortement secoué voire mis à plat le système de santé, réinterrogé le dispositif de santé, d’approvisionnement en médicaments, en matériels médicaux d’une part, et le système de protection sociale d’autre part de la plupart des pays du monde dont le Sénégal. Elle a très vite dépassé la position du point d’alerte, tellement les coups reçus par tous les secteurs socioéconomiques ont été foudroyants et bien souvent fatidiques.
Dans cet article, les impacts de la Covid-19 sur la société sénégalaise sont résumés en s’appuyant sur les résultats des enquêtes réalisées par le Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales (LARTES-IFAN) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. En premier lieu, la situation socio-économique du Sénégal juste avant la pandémie à la Covid-19 est présentée grâce aux données de l’étude du LARTES-IFAN dans le cadre du Baromètre Jàngandoo sur 16 000 ménages représentatifs à l’échelle départementale et collectées entre avril et juillet 2019 (Fall et al., 2021a et LARTES-IFAN, 2019). Cela a permis d’évoquer le contexte socio-économique avant l’irruption de la Covid-19 et la couverture de la protection sociale au sein des ménages grâce aux données recueillies lors de l’enquête ménage réalisée par le LARTES en 2019.
En second lieu, la situation sanitaire au Sénégal au moment où intervient la pandémie est déclinée au moyen des données de l’enquête nationale sur les facteurs de risques des maladies non transmissibles « STEPS 2015 » effectuée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD, 2015).
En troisième lieu, les impacts de la Covid-19 sont analysés selon différents secteurs. Tout d’abord, ses impacts sur la société sénégalaise sont résumés en s’appuyant sur les résultats des deux enquêtes conduites par le LARTES-IFAN. La première enquête en collaboration avec l’Institut International de Recherche sur les Politiques Alimentaires (IFPRI) portant sur l’impact de la Covid-19 sur 3 003 femmes rurales en 2020 (Fall et al., 2021b ; LARTES-IFPRI, 2020) ; et la deuxième concernant l’impact de la pandémie sur la famille sur un échantillon de 700 ménages en 2021 dans quatre régions (LARTES, 2021) soutenue par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Ensuite, les impacts de la Covid-19 sur les acteurs culturels sont discutés en se basant sur les données enregistrées lors de l’enquête réalisée par le LARTES-IFAN en 2021 avec le Musée des Civilisations Noires et le Musée Théodore Monod de l’IFAN sur l’impact de la Covid-19 sur 441 acteurs culturels (LARTES et al., 2021). Enfin, les impacts de la Covid-19 sur les petites et moyennes entreprises (PME) sont démontrés grâce aux renseignements tirés de l’étude du LARTES-IFAN menée en partenariat avec Lux Dev avec le soutien de l’Union européenne sur 200 PME dans les cinq régions Sud et Est (LARTES, 2021b). De même, les ajustements favorables entraînés par cette pandémie sont décrits. En conclusion, des pistes d’actions sont proposées.
- La situation socio-économique du Sénégal avant les premiers cas de Covid-19 -
Des conditions de vie précaires ont caractérisé la situation au Sénégal avant la Covid-19 comme le révèle l’enquête sur 16 000 ménages représentatifs à l’échelle départementale (Fall et al., 2021a et LARTES-IFAN, 2019). Le contexte était d’ores et déjà marqué par des disparités géographiques encore fortes (Dakar, la capitale regroupe 31% de la population du pays) ; des établissements humains multipolarisés et des régions nouvelles peu habitées (la région de Kédougou est habitée par 1% de la population sénégalaise). Les mêmes données montrent que la dynamique collective était définie par une grande taille des ménages (plus de 9 personnes en moyenne), dirigés par les chefs de ménage âgés entre 40-59 ans et un quart des chefs de ménage sont des femmes.
En outre, la précarité des ménages persistait en considérant que 34% des ménages sont locataires, hébergés ou vivent dans un habitat bricolé ; 60% des ménages ne disposent pas de sol en ciment, un quart n’a pas de mur du bâtiment principal en matériaux définitifs ; près de 2/3 des toits des habitations ne sont pas en béton. De même, une bonne partie des ménages (40%) n’ont pas accès à l’électricité ; une grande majorité (79%) n’ont pas de toilettes modernes et /ou n’ont pas de réfrigérateur (70%).
Cependant, entre 2016 et 2019, le niveau de vie des Sénégalais était en meilleure progression que le cadre de vie (Figure 1 à voir en illustration de ce texte). Les données ménages de Jàngandoo montrent que même si en 2019 près du tiers des ménages (32,7% en 2019 contre 42,7% en 2016, présente un niveau de vie « faible » (soit une réduction de la pauvreté de 10 points), le pays connut un léger élargissement des classes moyennes (45,1% en 2019 et 43,8 % en 2016) et surtout un accroissement significatif de près de 10 points entre 2016 et 2019 de ménages ayant un niveau de vie « élevés » (22,2% en 2019 contre 13,5% en 2016).
Cette situation révèle l’intérêt de privilégier l’approche communautaire dans la gouvernance. En effet, les citoyens sont fortement associés à la fois dans différentes communautés d’appartenance religieuse, coutumière, associative, familiale, professionnelle, laissant ainsi régenter une part importante de leur vie par la régulation exercée en groupes socioculturels et socio-économiques. Il s’y ajoute une économie fortement dominée par le secteur dit informel ainsi que le relève le Recensement Général des Entreprises au Sénégal (ANSD, 2016) avec 97% de PME contre seulement 3% de grandes entreprises qui cependant contrôlent 83% des investissements.
- La situation sanitaire au Sénégal au moment où intervient la Covid-19 -
Sur le plan de la santé, lorsqu’intervient la Covid-19, les maladies infectieuses étaient à la baisse, tandis que les maladies métaboliques connaissaient un accroissement exponentiel. Selon les données de l’enquête STEPS 2015 produite par l’ANSD (2015), 42% des décès étaient liés aux maladies non infectieuses. Les mêmes données indiquent que 45% des femmes et 27% des hommes étaient touchés par l’hypertension artérielle. Cette situation indexe les modes alimentaires de consommation ainsi que la détérioration de l’environnement (pollution atmosphérique et hygiène de vie). Ces données montrent également que l’exposition aux comorbidités est forte. Parallèlement, malgré les efforts de l’État, seuls 16,9%[1]des ménages bénéficient d’une couverture sociale tout programme confondu selon l’enquête ménage réalisée par le LARTES-IFAN en 2019 (LARTES, 2019). On retrouve là l’urgence d’étendre rapidement, tant pour le nombre de personnes couvertes que la qualité des prestations, le système de protection sociale.
Si on s’intéresse aux différents programmes de couverture sociale (Figure 3 en illustration de ce texte), la bourse de sécurité sociale est la couverture prépondérante à hauteur de 62.4%, suivi de la Couverture Maladie universelle (CMU) qui recueille 20.7%, tandis que les Instituts de Prévoyance Maladie (IPM) centrés sur les employés assurent 7.9% ; les assurances privées pour 5.5 % et les gratuités de soins de santé pour 2.3%. Les autres couvertures restent résiduelles de l’ordre de 1.2%.
- Les principaux résultats des études sur les impacts de la Covid-19 sur la société sénégalaise -
Le LARTES a réalisé en collaboration avec l’IFPRI une étude sur l’impact de la Covid-19 sur 3 003 femmes rurales en 2020. Avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, une autre étude sur l’impact de la Covid-19 sur la famille autour de 700 ménages en 2021 a été menée sur quatre régions (Dakar (Ouest), Diourbel (au centre), Tambacounda (Est) et Ziguinchor (Sud).
Les résultats de ces études mettent en exergue trois facteurs majeurs que sont :
- L’évolution de l’indicateur de faim qui est passée du simple au triple dans les deux zones rurales des régions d’étude que sont Kolda (Sud) et Kaolack (Centre) ;
- La baisse du bien-être émotionnel des femmes : autrement dit, avec la Covid-19 les femmes se sentent de plus en plus malheureuses (figure 5) ;
- La détérioration des liens familiaux pendant la Covid-19 dans la mesure où 89,1% des chefs de ménage estiment que les liens familiaux dans leur ménage se sont détériorés avec la Covid-19 dont 48,8% de manière « forte »..
Néanmoins, des changements notoires ont été relevés, car la crise de la Covid-19 a renforcé les échanges entre les générations. La présence accrue des membres du ménage durant le semi-confinement a favorisé la réalisation d’activités communes. On note un changement positif dans toutes les régions dans la réalisation d’activités communes. Notons que la tendance à la baisse dans la réalisation d’activités communes est plus observée à Dakar (capitale et à l’ouest) et à Ziguinchor (Sud).
Du point de vue de la répartition des tâches au sein du ménage entre les hommes et les femmes, il n’y a pas eu de changements majeurs. Cependant, les hommes se sont investis davantage dans les tâches réservées aux femmes que l’inverse.
En outre, la quasi-totalité des ménages a fait face à des contraintes financières. Le fait de passer plus de temps ensemble n’a pas favorisé une meilleure communication au sein des couples. Des dégradations sont assez marquées à Dakar et à Ziguinchor et les améliorations sont marginales.
- Les impacts de la Covid-19 sur les acteurs culturels ne sont pas en reste -
Une autre étude du LARTES réalisée en 2021 avec le Musée des Civilisations Noires et le Musée Théodore Monod de l’IFAN sur l’impact de la Covid-19 sur 441 acteurs culturels montre que la pandémie a engendré un manque à gagner pour l’écrasante majorité des acteurs culturels : 95,9% d’entre eux déclarent avoir subi des pertes suite à la pandémie. (voir figure 7 en illustration de ce texte)
- Les impacts négatifs et massifs de la Covid-19 sur les PME -
Le LARTES-IFAN en collaboration avec Lux Dev avec le soutien de l’Union européenne a réalisé une évaluation sur 200 petites et moyennes entreprises (PME) dans les cinq régions Sud et Est du Sénégal : Ziguinchor, Sédhiou, Kolda, Kédougou et Tambacounda en avril-mai 20221. Il apparaît que la Covid-19 plombe les entreprises. Effectivement, l’enquête révèle que les pertes subies (92.7% [2]) par les entreprises en raison de la pandémie de COVID-19 s’avèrent importantes compte tenu du fait que la quasi-totalité d’entre elles sont de petite taille. Face à la crise sanitaire, plusieurs entreprises rencontrent une baisse d’activité qui se traduit par des pertes de revenus. La situation liée à la pandémie entraîne souvent des difficultés conduisant à une cessation complète de l’activité (faillite, liquidation, etc.).
- De quelques ajustements favorables entraînés par la Covid-19 -
L’un des impacts de la Covid-19 sur le mode de travail est le recours au télétravail qui a maintenu beaucoup d’entreprises et de structures publiques en activité. Les secteurs qui étaient en avance sur la digitalisation ont mieux résisté à la pandémie. Le télétravail a maintenu les entreprises en activité. Des niches favorables se sont développées dans le domaine de la cosmétique, de la fabrication et de la vente de masques, des produits chimiques, etc.
Le domaine du transport a également subi des ajustements favorables avec le développement des formes de transport rapides causées par la Covid-19. Les populations font régulièrement recours aux convoyeurs (Tiak Tiak, Car rapide Prestige, Yobante, etc.) notamment pendant les périodes de limitation des déplacements. Cela a entraîné une prolifération des deux roues (jakarta) et des calèches (transport de bagages). Néanmoins, il est utile de surveiller les externalités négatives de ces innovations sociales qui se traduisent par davantage d’accidents, la sédentarité des personnes gestionnaires de l’économie domestique, entre autres, la restriction des loisirs entraînée par l’amplification de l’espace de travail dans la sphère domestique, etc.
- Pistes d’actions -
L’heure est venue d’évaluer la riposte, de soutenir l’emploi et les secteurs sociaux que sont la santé, l’éducation, la protection sociale, le transport, les acteurs culturels, etc.
Sur le plan de la communication, une évaluation de la campagne médiatique au grand public devient incontournable tout en mettant en avant la communication de proximité ainsi que l’acceptation sociale des vaccins anti Covid-19.
Sur le plan de l’engagement communautaire et professionnel, il nous faut évaluer l’implication des leaders religieux et communautaires selon l’évolution de la pandémie. Les bouleversements familiaux observés sont plus durables et leurs portées futures méritent une grande attention.
La protection du monde du travail et l’accroissement de la création d’emploi constituent des stratégies inévitables pour le secteur entrepreneurial et du travail. De même, la mise en place des fonds dédiés aux PME soutiendra ces initiatives.
La Covid-19 a appris aux décideurs l’urgence de développer des stratégies globales de santé publique en favorisant des investissements structurants pour les secteurs sociaux. Le soutien exceptionnel aux personnels de santé s’avère indispensable afin de compenser de manière significative les nombreux efforts et coûts induits par la pandémie.
Pr Abdou Salam Fall est socio-anthroplogue, Directeur de recherche titulaire des Universités en Sociologie, Coordinateur du Laboratoire de Recherche sur les Transformations Économiques et Sociales (LARTES-IFAN). Riche d’une expérience de plus de trois décennies en études de développement, il dirige depuis 15 ans la formation doctorale « Sciences Sociales appliquées au Développement ». Il a publié de nombreux articles et une quinzaine de livres au sein de maisons d’éditions internationales.
Dr. Rokhaya Cissé est sociologue, Chargée de recherche titulaire, chercheure à l'Institut Fondamental d'Afrique Noire (IFAN-CAD). Elle étudie les manifestations des faits sociaux à partir de deux composantes : la qualité du capital humain (éducation, santé, genre, protection de l’enfant, pauvreté et vulnérabilités) et les changements sociaux à partir de l’analyse de la gouvernance et l’élaboration d’outils dans l’accompagnement à la prise de décision.
Dr Soufianou Moussa est démographe, économiste et économètre, chargé de recherche titulaire à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Il est diplômé de l’Université Paris Descartes où il a obtenu un Doctorat en Démographie et Sciences sociales. Ses intérêts de recherche portent essentiellement sur la qualité de l’éducation, la pauvreté, les statistiques et l’évaluation des interventions de développement.
Dr Moustapha Seye est chargé de recherche titulaire à l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN). Il porte un intérêt particulier à la gouvernance environnementale, à la sociologie du genre, de l’alimentation, aux questions de l’enfance, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, de cash transfert et de résilience des communautés au Sénégal et dans la sous-région.
[2] LARTES: Impact de la COVID-19 sur les PME (200 PME), 2021
Références documentaires
ANSD, 2016, Recensement Général des Entreprises au Sénégal.
ANSD. (2015). Enquête STEPS 2015.
FALL, A. S., CISSÉ, R., MOUSSA, S., LÔ C. (2021). Résultats prémilitaires de Jàngandoo 2019. Policy Brief.
FALL, A. S., SÈYE, M., LÔ C., Leport, A., Peterman, A., Hidrobo, M. (2021). Les femmes rurales sénégalaises à l’épreuve de la Covid-19, Revue Recherches & Educations. Numéro Epistémologies du Sud et santé.