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25 avril 2025
Culture
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LA DÉCOLONISATION DES ESPRITS EST FONDAMENTALE
La question des langues est essentielle. Les Africains doivent se départir du complexe du colonisé en quête permanente de l'aval de l'Occident. Le travail de Boubacar Boris Diop à travers l'écriture wolof est remarquable - ENTRETIEN AVEC NGUGI WA THIONG'O
Entretien avec le célèbre écrivain kenyan, Ngugi wa Thiong'o.
L'auteur de "Decolonising the Mind : the Politics of Language in African Literature" publié en 1986, parle des rapports de domination entre les différentes langues. Selon le romancier, celui qui ne parle pas sa langue maternelle ou la langue de chez lui, est tout bonnement assimilable à un esclave. Car, ajoute-il, la langue en tant qu'outil de transmision des cultures, participe à la colonisation fortement à la colonisation des esprits.
Ngugi wa Thiong'o encourage donc ses pairs écrivains à promouvoir les langues africaines, à l'instar de Boubacar Boris Diop dont il salue le travail d'écriture et de traduction en wolof.
par le chroniqueur de SenePlus, Hamadoun Touré
SALUT L’ARTISTE !
EXCLUSIF SENEPLUS - Avec la pandémie, la culture a été atteinte au cœur de toutes ses activités. Les artistes ont perdu de la ressource matérielle mais pas ce supplément d’âme qui les pousse à faire parler leur cœur
Hamadoun Touré de SenePlus |
Publication 18/07/2020
A la différence de la maladie à coronavirus, la culture est exposition, vernissage, confluence, promiscuité, rapprochement. La Covid est implosion, confinement, distanciation, méfiance, éloignement. La culture est liberté, appel du grand air, élan vers l’autre. La Covid est repli sur soi, internement, masque, barrières contre l’autre.
La culture est une affaire publique, en osmose avec la masse, parle le langage des masques, vit par et pour les autres. Le virus est une menace, crée la peur et la panique, frappe aveuglément, tue celui qui est le cœur même de la culture : l’homme. Il empêche le bonheur partagé dans les rassemblements et regroupements.
La culture, c’est le temps des accolades et de l’insouciance joyeuse. La pandémie oblige à rester sur le qui-vive, à mimer l’affection et la poignée de mains, ce rituel de nos civilisations. Elle limite les joies et les émotions. La culture est le condensé de nos valeurs communes. La Covid-19 pointe nos faiblesses et les frontières de notre savoir, limite nos capacités de mouvement, réduit notre ardeur au travail.
La culture c’est aussi bonne franquette, bonne chère, bonheur intégral, oubli de soi. Elle réunit. Elle est bonté et beauté. Rien que le nom de la pandémie transporte le malheur dans son train de restrictions. La culture, c’est, dit-on, ce qui reste quand on a tout oublié. Le virus c’est ce qu’on ne peut oublier tant qu’il reste.
L’expression artistique, musicale, cinématographique, photographique ou autre, a l’ambition de faire tomber les masques. Son projet ultime est de montrer l’homme tel qu’il est et non tel que le virus voudrait qu’il fût.
Suspension des sorties nocturnes
Culture et pandémie n’ont jamais fait bon ménage. La première, bien qu’immatérielle, souffre du malheur que la seconde fait abattre sur le monde. Frappée dans ses différentes composantes, la culture a été atteinte au cœur de toutes ses activités : musées, salles de cinéma et établissements de nuit fermés, concerts interdits. Conséquences : Sorties nocturnes suspendues.
Habitués à côtoyer la misère humaine, reflet du bonheur parfois éteint chez l’homme, les artistes reproduisent, à leur manière, la réalité du monde. Ils ont plié mais n’ont pas rompu, initié des actions pour maintenir l’espoir en dépit des innombrables pertes en vies humaines dont celles de célébrités de leur univers. Leur génie créateur est resté actif. Avec l’aide des prodiges du numérique, ils se sont évertués à redonner espoir à tous ceux qui commençaient à désespérer de la vie.
En dehors du huis clos nécessaire avec la muse qui inspire le créateur, le fait culturel repose sur une audience, des spectateurs, des critiques, des amateurs, des connaisseurs et des mécènes. Avec les moyens et le style qui leur sont propres, les musiciens, au nom de leurs pairs artistes, se joignent au chœur des ennemis de l’ennemi invisible. Ils investissent le champ de bataille avec leurs outils habituels, engagent leur talent au profit des causes de l’humanité.
Sans nouvelles munitions car utilisant les mêmes armes. Des armes ? Elles ont pour noms : amour, protection de notre monde, refus des excès de nos habitudes de citadins parvenus. Nous aimons leurs paroles, sommes sensibles à leur mélodie et admiratifs de leur talent mais ignorons parfois leurs conseils discrets.
Lanceurs d’alerte
Malgré notre silence, parfois notre indifférence, ils poursuivent, avec persévérance, leur mission d’éveilleurs de conscience et de lanceurs d’alerte. Leurs recommandations, véritables antidotes, avant les guerres, les épidémies et nos dérapages d’hommes imprudents nous font regretter de n’être perméables bien souvent qu’à nos distractions hédonistes et indifférentes aux leçons qui éduquent et guident dans la vie.
Pas de restriction pour les artistes devant l’amour, « le lait de la tendresse humaine », selon la magnifique expression de Shakespeare pour abreuver de plaisir les habitants de notre planète dans quelque hémisphère qu’ils se trouvent. Aujourd’hui, comme hier, leurs messages sont identiques, et ne sont muets ni surpris devant les douleurs de notre temps.
A défaut de pouvoir exercer leur art en communiant avec un public réel, ils ont exploité la magie du virtuel et nous ont donné des moments d’intense bonheur. Comme ce concert planétaire imaginé par Lady Gaga le 18 avril dernier, et celui produit sur le continent à l’occasion de la journée de l’Afrique le 25 mai. Il y a de la noblesse dans ces deux initiatives car elles sont dédiées aux autres.
Ces grands événements n’ont pas occulté l’engagement et l’apport des nombreux peintres, acteurs, réalisateurs, metteurs en scène, musiciens qui nous ont fait partager de grands moments de joie depuis leur confinement. Grâce à eux, nous avons un temps oublié nos angoisses et surtout réalisé que notre espèce est éternelle. D’autres artistes, localement, ont participé à des activités de sensibilisation et d’éducation des citoyens.
Supplément d’âme
Pourtant la culture a été touchée de plein fouet par la pandémie et beaucoup de ceux qui en vivent ont vu tarir leurs sources de revenus. Ils ont perdu de la ressource matérielle mais pas ce supplément d’âme qui les pousse à faire parler leur cœur en allant vers les autres. Ils se sont consacrés à leurs contemporains, en particulier aux aides-soignants et à des populations africaines démunies dont certaines nourrissent encore des doutes sur la réalité de la Covid-19.
Autour de l’artiste américaine, Lady Gaga, l’ex-Beatle Paul Mac Cartney, le talentueux Elton John, le monument Stevie Wonder et bien sûr la bande des inusables Rolling Stones, Mike Jagger en tête, monstres sacrés qui suscitent l’extase chez les fans, ont égayé nos périodes de masque, de distanciation physique. Ils ont soutenu des malades, qui sans eux, auraient difficilement été pris en charge par les médecins.
Dans cette démonstration de solidarité et de compassion, les stars africaines n’étaient pas en reste et ont pris le relais, à l’initiative de l’animateur-producteur Amobe Mevegue et sous la houlette de Youssou Ndour avec leur ainé Salif Keita ainsi que l’idole des jeunes, Fally Ipupa.
A côté de ces musiciens de renom, tant d’autres vedettes comme Angélique Kidjo, Didier Awadi, Magic System, Sidiki Diabaté,Oumou Sangaré, Ziza, Fanicko, Tiken Jah Fakoly, Femi Kuti, Zeynab ouBebi Philip ont donné leur temps, leur talent et leur énergie pour convaincre de l’existence de la Covid-19.
Destin unique
Le Guadeloupéen Jacob Devarieux, du Kassav, a ajouté sa note à l’adresse de l’Afrique et de sa diaspora pour dire et redire que pire qu’une maladie, la Covid-19 est une pandémie.
Tous ces artistes engagés savaient que de son repos éternel, leur inoubliable doyen Manu Dibango veillait, outre-tombe et les encourageait avec son inimitable voix de stentor.
Sur les traces de leurs devanciers, les musiciens africains ont magnifié notre unicité de destin sur cette planète. Global World et WAN, l’ont mis en exergue. « Together as one » (Unis comme un. Même monde que nous sommes, représentons et habitons).
Ils ont marché dans les sillons tracés par les initiateurs de l’élan de solidarité lancé à travers « We are the World» par Michael Jackson, Diana Ross, Lionel Richie, sans oublier Stevie Wonder, le regretté Ray Charles et naturellement le maître d’œuvre, Quincy Jones.
Tous s’étaient unis en 1981 pour alerter le monde d’une terrible famine dans la Corne de l’Afrique, plus particulièrement en Ethiopie, en détresse absolue. C’est ce même idéal de solidarité humaine qui inspirera quatre ans plus tard le gigantesque double concert de LIVE AID 1985 en même temps au stade de Wembley à Londres et à Philadelphie sous la houlette de l’anglais Bob Geldof et d’autres grands noms de la musique mondiale.
Dans le même stade mythique de la capitale britannique, en 1988, des artistes de tous horizons, toutes races et religions confondues, se sont retrouvés pour dire non au régime ignominieux de l’Apartheid et exiger la libération de Nelson Mandela, entré comme un géant dans la légende.
Ce rassemblement célébrait en même temps les 70 ans du héros de la lutte pour l’égalité des races. Et aussi réveillait les puissants de notre époque sur une injustice. Objectif atteint le 11 février 1990 avec la libération de Madiba et célébré, au même endroit, le 16 avril de la même année.
A la différence du cas de Mandela, médiatisé à juste titre, des millions de femmes, d’hommes et d’enfants ont partagé des sorts identiques dans l’anonymat. La musique a permis de les replacer sous la lumière de l’histoire.
Les artistes, tous genres d’expression confondus, ont toujours épousé les causes de notre temps faisant fi des barrières artificielles érigées par les fractures de l’histoire.
Citoyens d’une planète en perte de repères, ils ont choisi la mission d’être, à leur façon, des relais de la sublime ode à l’amour de l’immense poète et penseur pakistanais Mohamed Iqbal :
« Apparais ô cavalier du destin,
Apparais ô lumière de l’obscur royaume du changement,
Apaise le tumulte des nations,
Enchante nos oreilles avec la musique
Lève-toi et accorde la harpe de la fraternité ».
Dostoïevski avait raison : « la beauté sauvera le monde ».
LA SÉRIE MAÎTRESSE D'UN MARIÉ A LE MÉRITE DE FAIRE BOUGER LES LIGNES
Journaliste culturelle et critique de cinéma, Oumy Regina Sambou a atterri sur le plateau de la série à succès ‘’Maitresse d’un homme marié’’. Son rôle de femme célibataire, exigeante, voulant le meilleur pour sa sœur Dalanda, a fait jaser. Entretien
Journaliste culturelle, bloggeuse et critique de cinéma, Oumy Regina Sambou a atterri sur le plateau de la série à succès ‘’Maitresse d’un homme marié’’. Son rôle de femme célibataire, exigeante, voulant le meilleur pour sa sœur Dalanda, a fait jaser. ‘’EnQuête’’ a voulu mieux connaitre l’actrice qui, dans cet entretien, invite le public à en tirer des leçons de vie.
Comment avez-vous vécu cette deuxième saison de ‘’MDHM’’ ?
Pour moi, ce fut une très belle expérience. J’ai eu l’occasion, à plusieurs reprises, d’aller sur un plateau de tournage, surtout quand il s’agit de cinéma. Mais, à chaque fois, je n’ai pas pu avoir le temps de me lancer. Cette fois-ci, c’est le cas avec ‘’Maitresse d’un homme marié’’. Tout est parti d’un délire, d’une boutade et je me suis retrouvée sur un plateau à devoir jouer un rôle.
En fait, je regardais la saison 2 et Tahirou m’énervait tout le temps. J’ai commencé à dire à Kalista, qui est une amie, qu’il fallait que je vienne jouer. Et je n’arrêtais pas de le dire sans vraiment me prendre au sérieux. Je ne savais pas que Kalista allait me prendre au sérieux et un beau jour, elle m’envoie un e-mail et me dit : ‘’Tu tournes demain.’’ J’étais surprise, mais en même temps je me suis dit : je lui fais confiance, je sais que nous avons les mêmes critères, nous avons le même niveau d’exigence. On se côtoie professionnellement depuis 2009. Donc, il y a une relation de confiance qui s’est établie. Je me suis dit que si elle croit que je peux le faire, donc je n’ai pas de raison de douter. Et c’est comme ça que je me suis retrouvée sur le plateau, en pleine épidémie de coronavirus avec le couvre-feu et autres contraintes.
Justement, quelle a été l’ambiance, dans un contexte de crise sanitaire ?
Vous pouvez imaginer dans quelles conditions le tournage se passait. L’équipe était restreinte, pour respecter les consignes sanitaires, les mesures barrières, parce qu’il y avait même des distributions de masques. Quand on arrivait, il fallait faire très attention lors du maquillage, tout le monde devait avoir son masque, le gel. Cela n’a pas du tout était facile et pour moi, c’est cela l’une des plus grandes choses qui m’ont marquée dans ce tournage, parce qu’à aucun moment dans la série, on ne parle de coronavirus. Et cela, je pense, c’est un choix, dans la mesure où la série, quand même, est intemporelle et il ne fallait pas aussi que cette pandémie apparaisse trop pour ne pas stresser les gens. C’est peut-être également ce qui fait que les gens oublient qu’à cause de la pandémie, il y a beaucoup de choses qui ont dû être changées parce qu’il y a une différence entre ce qui était prévu sur le programme et ce qui a été effectivement fait. Tout le tournage s’est déroulé à Dakar.
Or, on a bien vu que dans la première saison, les gens bougeaient beaucoup. Dans la deuxième, personne n’a pu bouger. On était donc obligé de faire preuve d’une certaine ingéniosité pour trouver les locaux et parfois en raison de la maladie, les lieux où on devait tourner étaient fermés. Parfois, il a fallu négocier. Aussi, il y a beaucoup de scènes où il devait y avoir énormément de figurants, mais cela n’a pu être possible. C’est le cas de la scène du baptême où, si c’était en temps normal, il y aurait une fête plus grande que ça, avec un bon nombre de figurants. Imaginez, même les funérailles de Bakary Sagna, qui allaient être un grand événement en temps normal, mais à cause du coronavirus ça n’a pas été le cas. J’ai assisté à la réalisation d’une série et je ne perds pas de vue qu’un plateau de tournage, habituellement, ne doit pas être comme ça. C’est beaucoup plus animé d’habitude, et pour moi c’est une grosse prouesse ce qu’ils ont réussi à faire.
Mais le public n’a pas été informé de toutes ces contraintes…
Je pense que la production a choisi de se taire sur cet aspect. On a continué à tourner pour vraiment montrer une vie normale, histoire de ne pas tomber dans le stress ambiant.
Votre rôle a essuyé pas mal de critiques. Parfois, des paroles assez dures, des insultes. Comment avez-vous géré tout cela ?
Personnellement, cela m’a tellement fait rire. En fait, ce que je dis, c’est que, si ce n’était pas à cause de mes amies, ma famille, mes proches qui m’appellent tout le temps pour me dire de ne pas réagir, j’allais mener le débat (rires). Mais vraiment, j’ai adoré le rôle. Je me suis amusée, parce que dans la vraie vie, j’aurais pu avoir ce rôle (rires). La fille qu’on voit fait focus sur ses objectifs. On lui a parlé de divorce, elle n’a même pas cherché à faire la médiation. Ce n’est pas son problème. Après, au fur et à mesure des choses, le personnage évolue et c’est cela aussi le travail avec Kalista. On ne sait jamais, à l’avance, comment le personnage évolue. On reçoit toujours les documents à la veille du tournage.
Donc Regina, on voit que c’est une personne qui a un bon fond et qui considère que sa nièce (parce que c’est la tante de Dalanda dans la série) méritait plus qu’un homme comme Tahirou et la suite lui a finalement donné raison. Quand on vous critique, c’est parce que vous faites les choses pour autrui et vous les faites bien. Lorsque vous ne faites rien de bon, personne n’en parle, personne ne vous calcule. Mais quand vous en arrivez à vous faire détester à cause d’un rôle, c’est que vous jouez bien. J’ai reçu des messages d’amis me disant ‘’Je t’assure que si je ne te connaissais pas avant la série, j’allais te détester naturellement’’ (rires). Il y a ma grande sœur et ses amies qui me disent que parfois elles ont juste envie de me donner une claque quand elles suivent la série. Même dans la rue, c’était assez amusant aussi avec les réactions des gens qui viennent discuter, échanger et me demander pourquoi je tiens tant à les faire divorcer. C’était vraiment une belle expérience pour moi.
Tout comme la première saison, ‘’MDHM’’ a réussi à scotcher le public avec la saison 2. Comment expliquer un tel succès ?
C’est dans la droite ligne du retentissement de la première saison. Cette série a le mérite de faire bouger les lignes, de mettre sur la place publique des sujets quasi-tabous, ce dont on ne parle pas trop dans notre société sénégalaise actuelle. On vit dans un pays où la polygamie est légalisée et donc les gens se disent que même si vous signez monogamie, cela ne vous engage à rien. Tout en sachant aussi que personne ne va laisser une femme ester en justice contre son mari pour bigamie. Ce dont les hommes ne se privent pas. Ils se marient sans même que le divorce ne soit prononcé. Mais qu’une femme le fasse, c’est une totale aberration. Comme je dis souvent, ‘’Maitresse d’un homme marié’’ a le mérite de montrer les humains tels qu’ils sont. Au Sénégal, dans les productions audiovisuelles, on a tendance à blâmer les femmes. On voit toujours un bon samaritain qui lui montre la voie de la rédemption, alors que ‘’Maitresse d’un homme marié’’ vient mettre tout le monde dans un même paquet. Si la société est dégoutante, on est tous responsable et c’est un message qui a du mal à passer. Moi, je ris quand je vois des gens qui disent que ‘’MDHM’’ est une série qui diabolisent les hommes. Mais dans cette série, on oublie aussi que les femmes sont cash. Quand elles veulent quelque chose, elles se battent pour l’avoir coûte que coûte. Elles ne calculent même pas les impacts que cela peut avoir sur la vie des gens. Vous prenez tous les personnages, ils sont tous comme ça. Cela traduit cette forme d’égoïsme dans notre société qu’on a tendance à ériger en règle. Ce serait bien que chacun se mette dans la peau d’un des personnages et voit réellement l’impact des faits et gestes qu’il pose.
Ce retentissement est aussi africain…
Tout à fait. Je ne me souviens pas d’une série sénégalaise qui a eu autant de succès. On se souvient de ‘’Tundu wundu’’ d’Abdoulahad Wone qui avait été primé au Fespaco, qui a eu un succès sur le plan international. Mais le réalisateur me disait un jour que certes il en était fier, mais ‘’Tundu wundu’’, en ayant un succès international, a perdu son public local. Ce qui n’a pas été le cas de ‘’Maitresse d’un homme marié’’. La série a gardé son public local et a su fédérer un public international, parce que la problématique que Kalista a choisie est transversale, elle interpelle toutes les femmes, peu importe le pays. La principale histoire est celle de la polygamie qui est un débat dans plusieurs pays. En Côte d’Ivoire, on parle de la légaliser ou non.
On voit que la plupart des autorités sont polygames, mais ce n’est pas légal. En Guinée également, les gens sont confrontés à ce genre de problème. Et là, la série parle de la polygamie, mais elle n’est pas dans le jugement, c’est ce que les gens ne comprennent pas toujours en faisant un procès à Kalista, alors qu’elle n’en fait pas. Elle parle de choses qui la passionnent, des choses qu’elle a vues, connues et elle en a fait un film. Maintenant, à chacun d’en prendre et d’en laisser, de choisir ce qui lui parle, ce qui peut lui servir de viaduc afin d’éviter de commettre les mêmes erreurs que certains personnages.
MAÎTRESSE D'UN HOMME MARIÉ, UNE FIN DE SAISON AMÈRE
La série culte sénégalaise, africaine fait une pause difficilement acceptée par ses fidèles téléspectateurs
La saison 2 de ‘’Maitresse d’un homme marié’’ a pris fin lundi, à la grande surprise de son public. Toutefois, certaines réalités de terrain ont pesé sur la balance.
Les rideaux sont tombés, les lumières éteintes. La série culte sénégalaise, africaine fait une pause difficilement acceptée par ses fidèles téléspectateurs. Déjà, l’annonce, la semaine dernière, d’une fin de saison a suscité colère chez certains, tristesse chez d’autres. Un goût d’inachevé chez cette catégorie de personnes qui a fini de complètement l’intégrer dans son quotidien. Ce n’est pas Fatima Hann qui dira le contraire.
La jeune étudiante en 5e année de médecine, fraichement mariée, ne s’en remet pas. ‘’Je comptais les jours entre le lundi et le vendredi, tellement j’avais hâte de suivre le prochain épisode. Au début, je croyais que c’était juste une rumeur cette fin de saison, mais non. Ça été brusque, il y a beaucoup de suspense et en fait, ‘MHM’ fait partie de nous (rires)’’, confie-t-elle sur un ton à la fois chaleureux et triste. Fatima est de ceux-là qui, après un bon bain le soir, se plonge dans l’univers de ‘’Maitresse d’un homme marié’’ sur Youtube, allongé, écouteurs dans les oreilles. ‘’Cette série va beaucoup me manquer’’ murmure-t-elle.
Ce que les fans de ‘’MHM’’ adulent le plus, c’est le fait que tout le monde se retrouve dans cette série. En d’autres termes, chacun ou chacune arrive à s’identifier à un personnage. ‘’J’avoue qu’au début, lors de la première saison, j’avais beaucoup d’appréhensions. Je me disais que ‘MHM’ a copié sur les comportements européens, quand j’ai vu le jeu de Marème. Mais après cinq épisodes, mon regard a complètement changé. La série révèle au grand jour notre quotidien, tout ce dont on a peur en tant que femme. Tout ce qu’on ne dit pas. En tout cas, vivement la troisième saison’’, souhaite pour sa part Dieynaba Sarr, la trentaine, exerçant dans une agence immobilière de la place. Ayant opté pour le port du voile, elle a ‘’adoré’’ l’entrée d’Anthia (également voilée) l’amie de Dalanda, dans la deuxième saison.
A côté des femmes accros à la série, il y a des hommes qui ne ratent aucun épisode. Pour certains, ‘’MHM’’ les aide à comprendre les femmes. Pour d’autres, la beauté des actrices attirent et imposent le respect. De l’avis de Moustapha Guèye, Marodi et ses acteurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. ‘’ Ce que j’ai le plus aimé, c’est la mise en valeur de nos tenues africaines. ‘MHM’ est un mélange de tradition et de modernité si bien agencé. Je n’approuve pas tout, comme par exemple le comportement de Dalanda, mais je dois reconnaitre que l’équipe est très talentueuse’’, affirme le jeune entrepreneur. Il estime d’ailleurs qu’aucun homme ne devrait signer la monogamie pour plus de ‘’sécurité’’.
‘’Une production obéit à des normes’’
Si cette fin est mal digérée, il se trouve que la production avait établi, dès le départ, le nombre d’épisodes de la deuxième saison. ‘’Aujourd’hui, je pense que c’est Marodi qui est plus habilité à répondre à cette question de fin de saison. La pandémie n’a rien à voir avec le nombre d’épisodes de cette saison. Depuis la première saison, on savait que la saison compterait 32 épisodes. Une production obéit à des normes. Une maison de production peut décider de faire 200, 10 ou 20 épisodes. Cela n’est pas de mon ressort. Aussi, pour passer d’un produit à un autre, il faut marquer une pause. On a fait 32 épisodes. On est arrivé à un moment où on s’arrête pour repartir de plus belle et de poser des actes qui vont nous permettre, demain, si on veut revenir, de le faire avec quelque chose de concret’’, explique la scénariste de la série, Kalista Sy.
Cette année, l’impact a été encore plus ressenti. Entre ceux qui ont dénoncé une diabolisation de la gent féminine, les scènes ‘’choquantes’’ et ces femmes qui ont vu à l’écran l’histoire de leur vie, les fans s’accordent sur le fait que ‘’MHM’’ pousse à la réflexion, parfois sans qu’on ne s’en rende pas compte. Les préjugés d’hier ont laissé place à la curiosité et ensuite à l’analyse de chaque situation. Force est de constater que le personnage de Dalanda a marqué les esprits. Elle représente la femme posée, à fort caractère, émancipée. La jeune dame ose dire ce qu’elle pense, ce qu’elle veut, mais surtout ce qu’elle ne veut pas. Et pour d’autres, celle qui fait la grosse tête. Une attitude bien rare dans les ménages sénégalais où la femme choisit souvent d’endurer et de subir pour ne pas être mal vue. Au Sénégal et même partout en Afrique, le regard de la société pèse lourd, encore plus quand on nait femme. ‘’MHM’’ a su aborder, de manière audacieuse, la condition féminine sous toutes ses facettes. Djalika, Mamy, Racky, Marème, Amsa, Lala… racontent chacune une histoire particulière. Le rapport au mariage, l’indépendance financière, le choix de vie, la famille, le travail sont autant de thèmes mis sur la table sous différents angles, pour inviter à une introspection. Autant de sujets communs aux Africains qui ont fait vibrer plusieurs pays. De la Côte d’Ivoire, du Congo, du Cameroun, du Tchad, du Niger… et bien d’autres.
Les internautes entre félicitations et tristesse
Malgré les nombreuses critiques parfois salées, de nombreux internautes arrivaient à capter le ou les messages que contient chaque épisode. Selon la réalisatrice, ‘’il y a eu plus de vues pour cette saison 2 avec au moins deux millions par épisode, alors qu’à la saison 1, on était à un million et quelques. Là, on a franchi la barre de deux millions. Donc, cela veut dire que la communauté s’est beaucoup agrandie. On a une communauté très dense qui est là’’.
De son point de vue les critiques font partie du métier. ‘’Chacun son travail. Moi, je suis dans la création et le public est dans son rôle d’aimer ou de ne pas aimer un produit. Il ne faut pas refuser qu’on vous critique’’, ajoute-t-elle.
Dans le dernier épisode de la saison 2, publié lundi dernier, les commentaires continuent de pleuvoir. ‘’Sincèrement, c’est la meilleure série africaine que j’ai regardée depuis que je suis née. Même si c’est en wolof, on va tous apprendre’’, écrit Omayorah Baya Nour. ‘’En tout cas, je m’incline, chers frères et sœurs sénégalais. C’est l’Afrique qui gagne. Recevez les bravos de la RDC. J’attends impatiemment la saison 3. Félicitations à vous les acteurs. Et à la chaine de diffusion, vous faites un bon et grand boulot. Vraiment chapeau’’, applaudit Grâce Kayembe. ‘’Waouuh ! Vous avez tapé fort Marodi ! Je suis impatiente pour la saison 3’’, félicite Anta Guèye. ‘’L’instrumental me donne toujours autant de frissons. Je suis secouée par les rebondissements. Que de grands acteurs ! Et une grosse pensée à toute l’équipe derrière, invisible, mais indispensable. Vivement la saison 3 !’’, s’impatiente Célestin Kouao.
Mais tous les commentaires ne sont pas positifs. ‘’Franchement, c’est n’importe quoi la fin. Les scénarios sont pires’’, se désole Béber Daurado.
‘’On avait des doutes, des peurs’’
Pourtant, les choses n’ont pas du tout été faciles derrière la caméra. ‘’Au début de la pandémie, on avait des doutes, des peurs. On se demandait si ce projet qui venait de démarrer allait se terminer et on a réfléchi, vu qu’il y avait un couvre-feu à respecter. On a déployé une stratégie pour pouvoir continuer le travail en respectant bien sûr les mesures de protection avec des masques qui étaient disponibles pour l’équipe technique, pour les acteurs. Un thermo-flash pour mesurer la température, des gels. A chaque fois qu’on tournait dans un endroit où il y avait de l’eau, on demandait aux gens de privilégier le lavage des mains. Tout ceci nous a permis de pouvoir continuer le travail.
La difficulté, c’était au niveau du décor où on avait des limites. On ne pouvait pas tourner en extérieur. On ne pouvait pas tourner la nuit. Il fallait forcément finir avant le couvre-feu et que tout le monde soit chez lui. On s’est déployé, on a réduit nos équipes, mais on a continué le travail et ça été une très belle leçon de vie qui nous appris à revoir notre manière de travailler, à aller droit au but et d’être encore plus inventif et de donner à chaque fois du contenu aux Sénégalais et à toutes les personnes à travers le monde qui étaient confinés’’, confie Kalista.
par Alioune Badara Seck
MENACES SUR DRAAK (2)
En surface, en pleine banlieue, La jeune femme serre l’enfant sur sa poitrine découverte, court tous les sens, fonce sans discernement su les véhicules, telle une folle. Monsieur … s’il vous plait … c’est pour l’Hôpital monsieur
Alioune Badara Seck est un écrivain Saint-Louisien auteur d’une dizaine de romans. Le magazine du week-end vous propose sa subtile nouvelle « Menaces sur Draak » un récit de science –fiction aux accents prémonitoires.
En surface, en pleine banlieue, La jeune femme serre l’enfant sur sa poitrine découverte, court tous les sens, fonce sans discernement su les véhicules, telle une folle.
Monsieur … s’il vous plait … c’est pour l’Hôpital monsieur …
Au volant, les têtes se détournent, les vitres remontent à grande vitesse, si ce ne sont posent sur elle Monsieur … s’il vous plaît. C’est une voix, sortie de toutes ces ombres passantes qui lui crie : Prenez un taxi madame … avec eux il n’ya aucune chance. Un taxi … !
Ses bras sont soudain baignés de vomissures teintées de rouge. Dieu tout puissant !... Taxi… Taxi… Des freins qui hurlent, des pneus qui crissent. A L’Hôpital ?... C’est trois mille… Trois mille ?... Vous avez dit trois... Mais je n’ai que… Le taxi redémarre, sur les chapeaux de roue. La jeune femme ne peut que se résoudre à prendre à témoin la foule anonyme qui passe…
Par pitié !... il va mourir… elle fonce de nouveau sur le véhicule suivant, qui l’esquive pour continuer à toute vitesse… Dans ses bras, l’enfant est devenu un pantin désarticulé. elle se prend soudain à hurler, les yeux hors de la tête. Depuis plusieurs jours la presse s’en donne à cœur joie.
A la une, les titres défilent avec la même régularité. «Le mal inconnu se répand » ; « les enfants premières victimes » ; « fièvre vomitive : les ordures indexées » ; « Draak en quarantaine ? la situation envisagée » ; … et d’autres titres de la même veine … et toujours, la nourriture journalière des quotidiens : « Viol collectif d’une domestique ; une bande de loubards… » ; « Le car se renverse sur l’autoroute : treize morts ; « Draak, un souk gigantesque ».
Et encore : Vol à main armée en plein jour, rue des… » ; « Trafic de stupéfiants à la prison centrale » ; « un agresseur lynché par des femmes » ; « Corruption de mineure : deux touristes à la barre » ; « Des triplés à la maternité de… »
Dans les souterrains, c’est un véritable conseil de guerre qui se termine. Le Patriarche, tout excité, semble avoir retrouvé sa vigueur. Il est temps d’agir… Sinon, c’en est fait de Draak. et vous le savez bien, sans Draak, nous les muridés, nous ne sommes rien… C’est à vous Chef vigile… est-ce que tout est bien compris ? Allez ! Rappelez-vous. Vous n’avez pas le droit d’échouer… et que nos dieux nous viennent en aide !
La jeune femme se tient debout devant le portail de l’Hôpital. Elle a l’air hagard. L’enfant est mort en ce lieu devenu mouroir. Elle y a laissé des centaines d’autres, des hommes et des femmes agonisant aux bras de leurs proches impuissants. Elle n’y a pas trouvé le moindre médicament.
Les médecins débordés lui ont fait une ordonnance, à la va-vite. elle est restée là pendant des heures, son bout de papier en main, désespérée et aigrie d’avoir quémandé en vain. elle avait fini par sentir qu’elle agaçait autour d’elle. D’ailleurs elle n’a pas trop cru à ce diagnostic. elle avait senti en elle-même que ce mal-là, c’était autre chose de bien plus grave. un mal du diable…
Sa pensée va à l’homme à la motocyclette qui avait eu la générosité de s’arrêter pour les prendre sur son porte-bagages, elle et son enfant mourant. Draak est en émoi. Ce sont partout les mêmes mots. Vous avez vu ?... C’est une véritable hécatombe depuis quelques jours, chez ces sales bêtes. Notre rue en est débordée… j’en ai compté une quinzaine… Ma parole !... et ces queues vertes et boursouflées… vous avez remarqué ?
Je n’ai jamais vu ça de ma vie… Il paraît que le Service d’Hygiène est dessus…
On les ramasse à la pelle… C’est pour les analyses… Qu’est-ce que ça nous réserve tout cela ?... Hein… Avec ce mal inconnu en plus ! Qu’est-ce que Draak a encore fait au bon Dieu ?... Dans une rue du bidonville, en plein jour : Papa, là, regarde… Ce sont des rats ! Des rats ? en plein jour ?... Tu as bien vu ?
Là… entre les briques… Oui… Mais qu’est-ce que tu racontes ?... Le papa se baisse pour regarder entre les briques dispersées. Il a le temps d’apercevoir deux boules grises, qui en l’espace d’une seconde, disparaissent comme par enchantement… Nom de Dieu, je n’ai pas rêvé… C’est une de ces bêtes immondes à queue verte qu’ils ont trainée jusqu’ici… et toute ensanglantée, elle aussi ! recule petit ! Va me chercher la pelle… Vite… Vite…
Le patriarche est tout seul sur son siège. Il médite comme d’habitude, après le conseil de l’aube, les traits un peu plus sereins. « Nos vigiles ont fait du bon travail… Ils ont réussi en a exterminer tant, de nos cousines porteuses de ces germes maléfiques, que leur présence dans Draak ne peut plus passer inaperçue chez les humains…
Ces Draakiens inconscients ont enfin décidé d’ouvrir les yeux… leurs guérisseurs sont tous sur le qui-vive… ils trouveront, c’est sûr. C’est dans leur mémoire collective… ils vont éradiquer ce mal dont ils avaient oublié jusqu’à l’existence… « Nous ne pouvions laisser continuer.
Sinon, c’est toute la race des Drakiens qui allait disparaître… et nous avec… Oui… Car, sans les Drakiens, que serions-nous, nous les muridés… ? »
«POURQUOI JE SUIS CONTRE LE MODE DE REPARTITION DU FONDS COVID-19»
Palabres avec…. Daniel Gomes, musicien et président de l’Ams
Daniel Gomes est le chef d’orchestre du groupe Oriazul, mais également président de l’Association des Métiers de la Musique du Sénégal (AMS). A ce titre, il s’est particulièrement illustré pour la défense des intérêts des musiciens depuis la survenue de la pandémie Covid- 19. Il a très tôt tiré la sonnette d’alarme, alertant et prônant un soutien efficient aux artistes. Entretien…
M. Gomes, comment avez-vous intégré le sous -secteur musique du fonds force Covid- 19 du ministère e la Culture ?
Au lendemain de l’annonce de l’octroi des 3 milliards tirés du fonds force Covid -19 et dédiés à la Culture, la Direction des Arts a contacté les représentants des organisations professionnelles de chaque sous-secteur. Ceci, en vue de mettre sur pied un comité de pilotage, chargé de faire des propositions pour une bonne gestion de ce fonds. C’est ainsi que j’ai été désigné par l’AMS pour la représenter au sein du sous –comité sectoriel musique et choisi également par ce dernier pour le représenter dans le comité de pilotage.
Avec l’état d’urgence et le couvrefeu, vous n’avez cessé d’interpeller sur la situation des artistes à travers de nombreux communiqués…
Le virus a commencé à se propager très vite. L’AMS, qui est membre de la fédération Internationale des musiciens, recevait déjà des nouvelles alarmantes des organisations syndicales de musiciens des pays du Nord sur l’impact négatif de la pandémie. Il devenait évident que le Sénégal n’allait pas être épargné et nous avons tiré très tôt la sonnette d’alarme.
Pouvez-vous expliquer la raison pour laquelle vous avez jugé scandaleux le mode de répartition de ces fonds prônés par certains membres de ce sous- secteur?
L’AMS ne peut pas avoir pour credo l’organisation de l’intérêt général et prôner une scandaleuse discrimination dans le mode de partage de cet appui social. Quel est l’intérêt de procéder dans ces moments pénibles à une catégorisation arbitraire des artistes impactés ? Covid -19 a-t-elle catégorisé à la hausse ou à la baisse ses victimes ? Ceux qui se targuent avoir perdu des centaines de millions en deux mois ne devraient- ils pas se solidariser et même augmenter la cagnotte de leurs pairs qui tirent le diable par la queue ? L’heure est plus que jamais à l’union et chaque artiste a le devoir d’aider son collègue à porter son fardeau. C’est pour cela que nous appelons les partisans de la catégorisation à la raison, car cet appui n’est ni un dédommagement, ni une récompense, mais le fruit d’un immense élan de solidarité nationale.
Est-ce que tout ce bruit ne contribue pas à affaiblir un peu le sous -secteur de la musique ?
tera forcement notre sous-secteur si bruyant, et pourtant si fragile. C’est l’occasion que nous saisissons pour appeler notre ministre de tutelle à se prononcer sur l’origine et la destination de ce fonds afin que soit levée toute équivoque sujette à moult interprétations. Il nous faut nous attaquer ensemble aux véritables défis de notre sous-secteur. Nous ne voulons pas tendre la main, nous voulons vivre à la sueur de notre front. Portons par exemple à bras le corps le défi de la relance économique du secteur en sauvant les entreprises culturelles et le défi de la formalisation pour une reconnaissance de notre statut de travailleurs ayant droit à une protection sociale digne de ce nom. Voilà au moins deux grands chantiers pour un véritable développement de l’industrie musicale. Il est temps de siffler la fin de la recréation et d’inciter au travail décent.
Avec le milliard qui lui est alloué certains continuent encore de dénoncer l’implication de la Sodav. Qu’en pensez-vous ?
C’est faire un mauvais procès à la Sodav que de lui imputer les blocages issus de cette crise du partage de ce fonds. La Sodav n’a aucune obligation de prendre cet argent pour le distribuer. elle a accepté de le faire de bon cœur parce qu’elle a aussi une vocation sociale au-delà de ses missions que sont la collecte et la répartition des revenus de ses ayants droit. Ce fonds n’est pas une collecte de droits, mais une aide globale dont l’etat et les organisations professionnelles ont proposé à la SODAV de bien vouloir en assurer une distribution équitable. L’AMS s’est battue pendant 16 ans et se bat encore pour que les artistes prennent pleine conscience que la société de gestion collective leur appartient. Je suis outré de voir que certains s’acharnent à brûler la maison Sodav.
Vous êtes président de l’AMS, pouvez- vous tirer un bilan du parcours de votre association ?
Je me considère comme un homme très heureux. J’ai eu la chance de travailler avec une équipe dynamique conduite par notre premier président Aziz Dieng. J’ai eu également la chance de participer activement à la rédaction de la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins qui ont conduit à la mise sur pied de la Sodav après 16 ans de lutte intense. et enfin, j’ai la chance de présider aux destinées de l’AMS depuis 2016 grâce à une équipe d’hommes et de femmes dévoués à la cause de notre organisation. Nous sommes en passe d’aboutir à une convention avec les employeurs de la musique pour permettre aux travailleurs du spectacle vivant de bénéficier enfin, d’un salaire décent et d’une protection sociale universelle. Nous avons la chance d’être appuyés en cela par la fIM, le ministère du travail, celui de la Culture, le Bit et l’unesco. Ma plus grande fierté serait de terminer mon mandat sur cette note positive. Nous avons des problèmes comme tout le monde, mais nous sommes fiers de pouvoir nous poser comme force de proposition pour nos autorités et l’ensemble des amoureux de l’Art.
Malgré ces notes, il existe une certaine désunion, n’est- il pas temps pour les musiciens de s’unir autour de l’essentiel ?
Je reste persuadé que la pandémie nous a fait découvrir à quel point nous sommes fragiles. Je crois que malgré quelques dissensions, nous sommes conscients aujourd’hui qu’aucun d’entre nous ne peut aller seul. L’AMS ne dérogera pas à ses missions de défense des intérêts matériels et moraux de ses membres. Nous sommes ouverts à toute collaboration constructive au bénéfice de notre secteur, et par ricochet du Sénégal. Unis, nous serons certainement plus forts.
Pour en revenir à votre carrière où est le groupe Oriazul. Cela fait un moment que l’on ne vous entend plus pourquoi ?
Le groupe Oriazul vit beaucoup de ses concerts publics et autres prestations privées. Comme pour tous, la pandémie est passée par là à la veille d’une tournée au Mozambique. Pendant le confinement, nous avons mis en boite un single intitulé « MeTySS » après 4 ans sans enregistrement. Ce titre est disponible sur les plateformes de distribution digitale et il est demandé aux mélomanes de le télécharger moyennant une contribution à leur convenance pour soutenir la création du groupe en cette période difficile.
La musique capverdienne a toujours été présente au Sénégal avec le passage de Nando Da Cruz, ManLima, René Cabral, Jaqueline Fortes etc. Avez-vous subi leurs influences et comment appréciez- vous cette présence ?
Le Sénégal a été le premier pays d’accueil africain pour nos grands-parents qui ont réussi le pari de l’intégration et de l’enracinement à la culture capverdienne. La plupart des grands noms de la musique du Cap-Vert ont passé par Dakar. Cette musique a pris son envol de Dakar. Le Sénégalais est un grand amateur de bonne musique. Nous avons hérité de ce métissage culturel très fort et espérons susciter des vocations comme nos ainés l’ont fait pour nous.
LA FRANCE ACTE LA RESTITUTION D'OBJETS D'ART AU SÉNÉGAL ET AU BÉNIN
Une épée, des totems et des sceptres retourneront dans leur pays d'origine dans le cadre la politique de transfert d'œuvres culturelles décidée par Emmanuel Macron en 2017
La France va officialiser la restitution d'un sabre historique au Sénégal et dans les prochains mois de 26 objets du patrimoine au Bénin dans le cadre de sa décision de restituer des œuvres culturelles prises pendant la colonisation en Afrique. Le gouvernement a examiné mercredi le premier projet de loi permettant le transfert d’œuvres culturelles vers leur pays d'origine, que le président Emmanuel Macron avait initié dans son discours de Ouagadougou, le 28 novembre 2017, sur une refondation du partenariat culturel entre la France et l'Afrique.
Cette restitution «correspond à un engagement très fort pris par le président de la République pour que la jeunesse africaine ait la possibilité d'accéder à son patrimoine, à son histoire, en Afrique», a expliqué le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal à l'issue du conseil des ministres. Elle est «l'un des enjeux essentiels pour une relation d'amitié nouvelle entre la France et l'Afrique», selon lui.
Pour cela, le projet de loi autorise, «par une dérogation limitée au principe essentiel d'inaliénabilité applicable aux collections publiques françaises», le transfert au Bénin de la propriété de 26 objets pillés lors du sac du palais des rois d'Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892. Ces totems et sceptres, actuellement conservés au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris, seront exposés dans un lieu public au Bénin.
Au Sénégal, la France restitue formellement un sabre que l'ex-premier ministre français Edouard Philippe avait symboliquement remis en novembre dernier au président Macky Sall. Cette arme est historiquement significative puisqu'elle a appartenu à El Hadj Oumar Tall, un chef de guerre et érudit musulman qui a conquis au XIXe siècle un immense territoire à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali, et a lutté contre l'armée coloniale française. «Dans les deux cas, le projet de loi prévoit un délai maximal d'une année pour la remise, par les autorités françaises, de ces œuvres», précise le gouvernement, qui n'a pas indiqué si de nouvelles œuvres allaient être restituées à d'autres pays comme la Côte d'Ivoire.
La chanteuse malienne Faoutmata Diawara a gratté fort sur sa guitare pour nous sortir une de ses belles mélodies . Nterini est un tub qui cartonne, déjà sur Youtube il enregistre près de 1 300 000 vues.
La chanteuse malienne Faoutmata Diawara a gratté fort sur sa guitare pour nous sortir une de ses belles mélodies . Nterini est un tub qui cartonne, déjà sur Youtube il enregistre près de 1 300 000 vues.
DÉBUT DE L'EXAMEN DES CONTOURS JURIDIQUES DE LA RESTITUTION DES OEUVRES AFRICAINES
Un premier projet de loi sur la restitution par la France à des pays africains d'oeuvres culturelles prises pendant la colonisation, un sujet controversé, sera examiné mercredi en Conseil des ministres
Un premier projet de loi sur la restitution par la France à des pays africains d'oeuvres culturelles prises pendant la colonisation, un sujet controversé, sera examiné mercredi en Conseil des ministres, a-t-on appris mardi auprès de l'Elysée. Ce "projet de loi relatif à la restitution de biens culturels à la République du Bénin et à la République du Sénégal", actera notamment la restitution formelle d'un sabre déjà prêté au Sénégal et que l'ex-Premier ministre français Edouard Philippe avait symboliquement remis en novembre dernier au président sénégalais Macky Sall.
Il s'agit d'une arme historiquement significative, ayant appartenu à El Hadj Oumar Tall, un chef de guerre et érudit musulman qui a conquis au XIXe siècle un immense territoire à cheval sur le Sénégal, la Guinée et le Mali, et a lutté contre l'armée coloniale française. Côté Bénin, la France s'est engagée sur le retour de 26 objets du patrimoine béninois pillés lors du sac du palais des rois d'Abomey par des troupes coloniales françaises en 1892 et conservés au Musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris.
Le président français Emmanuel Macron avait annoncé cette décisions fin 2018 suite à un rapport qu'il avait commandé sur ce thème aux universitaires Bénédicte Savoy, du Collège de France, et Felwine Sarr, de l'Université de Saint-Louis au Sénégal. Les deux spécialistes y avaient posé les jalons pour une restitution à l'Afrique subsaharienne d'oeuvres d'arts premiers transférées pendant la colonisation, recensant des dizaines de milliers d'oeuvres potentiellement concernées. Mais leurs travaux ont été contestés par d'autres spécialistes et des musées comme le Quai Branly, qui dispose de la plus importante collection d'arts premiers. Ils se sont inquiétés d'une politisation du débat et d'arguments selon lesquels toutes les oeuvres en dépôt chez eux depuis la colonisation ont été malhonnêtement acquises ou pillées, et doivent être rendues. Ils privilégient la "circulation" des oeuvres entre la France et l'Afrique, plutôt que des restitutions, sauf quand, comme c'est le cas pour les statues du palais Royal d'Abomey, le pillage par des soldats français à la fin du XIXe siècle a été flagrant.D'autres oeuvres ont été achetées, collectionnées lors de missions ethnologiques, ou leur origine reste inconnue.
CHEIKH HAMIDOU KANE, GRAND PRIX DES MÉCÈNES 2019
EXCLUSIF SENEPLUS - L'auteur de "L'Aventure ambiguë", succède à l'auteur kényan Ngugi wa Thiong'o, au palmarès de ce prix qui rend hommage à un écrivain chevronné pour l'ensemble de sa production livresque
C'est une bonne nouvelle pour la littérature sénégalaise et africaine en général, qui célèbre ses grands hommes de lettres.
Cheikh Hamidou Kane vient de rentrer dans le club très privilégié des lauréats du Grand Prix des Mécènes. Il est couronné pour le compte de la sixième édition.
''L'auteur de L'Aventure ambiguë est donc consacré parmi les plus grands auteurs de littérature africaine'', ont notamment commenté nos confrères d’Africultures, parlant du nouveau laurier de Cheikh Hamidou Kane.
L'écrivain sénégalais succède ainsi à l'auteur kényan Ngugi wa Thiong'o, primé lors de la précédente édition.
Le Grand Prix des Mécènes a été lancé en 2014. Il a pour but de rendre hommage à un écrivain chevronné pour l'ensemble de sa production livresque (Wikipédia).
Après l'annonce du lauréat dans les médias, le prix est souvent attribué lors de la cérémonie de remise des trophées des Grands Prix des Associations Littéraires (GPAL), qui se tient d'habitude à l'Institut français du Cameroun à Yaoundé. La cérémonie devant clôturer la septième édition du GPAL n'a toujours pas été annoncée, du fait des complications dues à la pandémie du Covid-19.