SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
2 mai 2025
Développement
EN AFRIQUE DE L'OUEST, LE 1ER MAI, CHACUN FAIT CE QUI LUI PLAÎT
Cette année, deux mois après la présidentielle, nul doute que le cahier de doléances viendra rappeler au président réélu, Macky Sall, sa promesse de campagne : la création d’un million d’emplois durant son quinquennat
Le Monde Afrique |
Matteo Maillard, Josiane Kouagheu, Youenn Gourlay, Sophie Douce et Dylan Gamba |
Publication 01/05/2019
Il y a les classiques, ceux qui défilent dans la rue, ceux qui manifestent par procuration et… les autres. En Afrique de l’Ouest, le 1er-Mai, jour de la fête internationale des travailleurs, peut être revendicatif ou festif, l’approche variant d’un pays à l’autre.
Côte d’Ivoire : merci patron !
La palme de l’originalité revient à la Côte d’Ivoire. Ce jour férié y est l’occasion d’un moment de partage avec son patron et ses collègues autour d’une activité tendance à Abidjan : le team building. Un 1er-Mai avec le patron ? On est quasiment aux antipodes de l’esprit de cette journée, destinée à l’origine à commémorer le combat des ouvriers de Chicago pour la limitation de la journée de travail à huit heures…
Mais à Abidjan, cela n’empêche pas de plus en plus de fonctionnaires et de salariés des grandes entreprises (banques, assurances, cliniques) de se retrouver ce jour-là dans un hôtel de luxe, sur une plage ou en forêt, dans le but de stimuler la cohésion des équipes. Imaginé par les coachs en développement personnel, le concept englobe des activités telles que la danse, les sports collectifs ou des concerts privés. C’est ludique, certes, mais aussi « présenté comme la solution à tous les problèmes d’entreprises, comme si tout le monde pouvait devenir motivé et productif en une journée », doute l’économiste Samuel Mathey, basé à Abidjan.
Certains n’hésitent pas mettre les moyens pour réussir ce rendez-vous. Ainsi, en 2018, l’homme d’affaires Adama Bictogo avait largement médiatisé sa journée foot-barbecue aux côtés de tous ses collaborateurs à l’Heden Golf Hotel, un des lieux les plus chics de la capitale économique. Un signe de bonne santé de l’entreprise autant qu’un outil de com’. Mais pas grand-chose à voir avec l’historique du 1er-Mai…
Sénégal : la liste au président
Plus puriste, le Sénégal se souvient qu’il a une longue histoire de défense des droits des travailleurs. La première grève en Afrique subsaharienne a eu lieu à Dakar en 1919. A suivi l’enregistrement du premier syndicat, en 1923, et, depuis 1947, le passage du 1er-Mai au rang des jours fériés. Depuis c’est un rituel. Chaque année, plusieurs milliers de personnes arborant tee-shirt, boubou et casquette aux couleurs de leur syndicat se réunissent autour de la place de la Nation pour le célébrer cette date à coups de sifflet et de tam-tam.
La tradition exige qu’à la fin du défilé, les travailleurs portent un cahier de doléances au palais présidentiel. Non sans malice, les syndicats soulignent que cette liste est identique chaque année, les revendications étant rarement prises en compte… Cette année, deux mois après l’élection présidentielle, nul doute que ce cahier viendra rappeler au président réélu, Macky Sall, sa promesse de campagne : la création d’un million d’emplois durant son quinquennat.
Le chômage est l’un des plus grands défis du pays, avec un taux à 15,7 % en 2017, selon des chiffres officiels que plusieurs analystes disent sous-estimés. Mais le Sénégal n’est pas le seul pays de la zone où l’emploi est une denrée rare.
Burkina Faso : « le sang et la sueur »
Au Burkina Faso, où la société civile et les syndicats occupent une place importante et ont marqué l’histoire du pays, fonctionnaires de l’administration, personnels de santé, enseignants, avocats et de nombreux corps de métiers se mobilisent pour réclamer de meilleures conditions de vie et de travail.
Avec une touche un tantinet moins festive et plus revendicative qu’au Sénégal. « En parlant de “fête du travail”, nos politiques cherchent à occulter le fait que la plupart des droits des travailleurs ont été obtenus dans le sang et la sueur, soutient Bassolma Bazié, secrétaire général de la Confédération générale du travail du Burkina. Ce jour est pour nous l’occasion de rendre hommage à tous ceux qui sont tombés dans la lutte et rappeler que le combat continue. »
Du côté des enseignants, l’inquiétude monte face à la recrudescence des attaques contre des écoles dans le nord et l’est du pays. Vendredi 26 avril, cinq instituteurs ont été abattus par des individus armés à Maytagou, dans la région du Centre-Est. « Dans certaines localités, nos collègues sont tétanisés, ils ne pensent plus qu’à survivre. L’Etat a le devoir d’assurer leur sécurité et de permettre aux enfants de retourner en classe », réclame Souleymane Badiel, de la Fédération des syndicats nationaux des travailleurs de l’éducation.
Ghana : un jour chargé d’histoire
Au Ghana aussi, « c’est important pour nous de nous rassembler pour porter nos revendications », souligne Kofi Asare, président de la Ghana National Education Campaign Coalition, un des principaux syndicats d’enseignants du pays. Si les organisations se réunissent sur la place de l’Indépendance, à Accra, avec pour mot d’ordre une critique de la politique gouvernementale, le président Nana Akufo-Addo et le vice-président prennent aussi traditionnellement part aux festivités. En 2018, ils s’étaient montrés à Kumasi, la deuxième ville du pays, pendant que la capitale résonnait de slogans pointant la trop faible réduction des inégalités.
Les célébrations du 1er-Mai sont intimement liées à l’histoire du pays, qui a été le premier d’Afrique subsaharienne à obtenir son indépendance, en 1957. Trois ans plus tard, le pays dirigé par Kwame Nkrumah, panafricaniste proche du bloc de l’Est pendant la guerre froide, célèbre pour la première fois le 1er-Mai. Entre 1966 et 1972, à la suite d’un coup d’Etat, cette fête sera interdite dans le pays et il faudra attendre 1992 et l’instauration du multipartisme pour qu’elle ait lieu chaque année.
Cameroun : « le combat continue »
Enfin, au Cameroun aussi, la volonté de se faire entendre est forte. Même si le climat n’est pas à une expression franche des revendications, après les nombreuses arrestations d’opposants ces derniers mois, « le combat continue »,comme l’observe un leader de la cause ouvrière. « Il y a bien le code du travail, les conventions collectives et des lois, poursuit-il. Mais il nous faut encore nous battre pour une répartition juste des fruits de la croissance. Le travailleur étant le producteur des richesses et l’employeur le principal investisseur, les bénéfices devraient être répartis de telle sorte que le travailleur y trouve son compte. Au Cameroun on n’en est pas encore là, certes, mais on espère y parvenir. »
VIDEO
SCANDALE RACISTE À METZ
Des étudiants noirs traités de "singes énormes" par leurs camarades d’université
Depuis le 25 avril, plusieurs captures d’écran montrant des insultes racistes prononcées contre des étudiants noirs de l’université de Lorraine font scandale en France. Sur un groupe privé Messenger, messagerie de Facebook, des étudiants ont posté des photos de leurs camarades noirs, avec les légendes suivantes : "un singe énorme", "les bonobos", "ils cherchent les poux dans le c*l". L’université a condamné ces agissements et lancé une enquête. En attendant, un groupe de victimes et de soutiens se mobilise pour lutter contre le racisme en milieu scolaire.
Plusieurs étudiants en deuxième année de sociologie de l’université de Lorraine, située à Metz (est de la France), ont échangé en décembre 2018 des messages racistes, assortis de photos de leurs camarades de promotion noirs, prises à leur insu. Sous ces insultes, des étudiants ont également publié de nombreux émojis de singes.
Interrogée par la rédaction des Observateurs de France 24, une étudiante de la même promotion, victime des propos racistes, se réjouit de voir les soutiens affluer des ONG et des autorités. Elle a choisi de rester anonyme pour des raisons de sécurité.
"Je ne figure pas sur les photos qu’on voit dans la conversation, mais j’ai été victime de racisme parce qu’on est dans la même classe. Ces étudiants visaient leurs camarades de promotion noirs, nous étions 11 dans la classe, sur un total de 36 ou 37. On avait remarqué que ces personnes refusaient toujours qu’on s’assoie près d’elles, et peu à peu une séparation s’est instaurée dans la classe, entre les blancs et les noirs. Quand on a vu ces captures d’écran, on s’est rendu compte de ce qu’ils pensaient au fond. Ça nous a bien sûr choqués, on étudie la sociologie. On s’est senti trahis par ces personnes avec qui on a passé presque deux ans de notre scolarité.
Aujourd’hui on a un soutien énorme, aussi bien des ONG antiracistes que des autorités, on est pacifistes et déterminés dans notre combat contre le racisme à l’université parce que nous sommes dans un pays de droit où ce type de propos est condamné par la loi."
L’un des victimes, Houssainatou Barry, a témoigné auprès de France 2 : "On nous traite de singes, de bonobos… Nous traiter comme ça c'est nous faire honte. Tu as peur de te lever, de parler pour pas qu'on se moque de ton accent. Tu as peur de t'asseoir à côté d'eux pour ne pas qu'on t'asperge de parfum parce que tu pues. C'est inadmissible."
Pour l’université, des "propos ignobles"
Après la publication de ces images, l’université de Lorraine a condamné ces "propos ignobles" dans un communiqué, le 26 avril. Elle a déclaré qu’une enquête avait été lancée et qu’un signalement avait été effectué auprès du procureur de la République. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal a appelé sur Twitter à la "tolérance zéro face à ces comportements inacceptables sur nos campus comme ailleurs".
En réaction à cette affaire, une marche contre le racisme à l’université a été organisée ce mardi 30 avril devant le campus Saulcy à Metz. Un groupe d’étudiants en est à l’origine.
"Nous nous sommes constitués en groupe de victimes et de soutien aux victimes le jour où tout a éclaté. Nous avons reçu du soutien d’un peu partout, de la Licra, de la Ligue de défense noire africaine, de SOS Racisme et d’autres. À la suite de cette manifestation, nous pensons créer une association de lutte contre le racisme en milieu universitaire", déclare à notre rédaction Lucien Blemou, étudiant en communication et membre du groupe.
Ces étudiants ont tenté le 26 avril de porter plainte collectivement au commissariat, sans succès. Les commissaires leur ont déclaré que la plainte devait être portée à titre individuel. "Nous sommes en train d’essayer de porter plainte collectivement à nouveau, cette fois avec l’aide de notre avocat", précise Lucien Belmou.
DERNIÈRE ÉTAPE AVANT LA SUPPRESSION DU POSTE DE PREMIER MINISTRE
Si la coalition présidentielle est largement majoritaire dans l’hémicycle, ce qui garantit le passage sans surprise de ce texte de réforme constitutionnelle portant sur la suppression du Premier ministre, l'opposition n’exclut pas de boycotter le vote
Au Sénégal, la commission des lois de l’Assemblée nationale a adopté mardi 30 avril le projet de réforme constitutionnelle qui supprimera le poste de Premier ministre. Prochaine étape, le vote des députés en plénière ce week-end.
Si la coalition présidentielle est largement majoritaire dans l’hémicycle, ce qui garantit le passage sans surprise de ce texte de réforme constitutionnelle portant sur la suppression du Premier ministre, les parlementaires issus de l’opposition n’excluent pas de boycotter le vote.
Un point de la réforme constitutionnelle en particulier fait débat parmi les députés de l’opposition. C’est celui des pouvoirs exceptionnels conférés dans l’article 52 au président de la République en cas de blocage des institutions. Toussaint Manga, député du Parti démocratique sénégalais, redoute que ce soit une façon déguisée de laisser au chef de l’État la possibilité de dissoudre l’Assemblée, alors que la motion de censure aura disparu.
Dans les rangs de la coalition présidentielle, difficile en revanche d’entendre une voix discordante. Les velléités de députés frondeurs ont rapidement été étouffées dans l’œuf. Un parlementaire de la majorité explique que « des assurances ont été données sur le maintien des questions orales et écrites ainsi que sur les questions d’actualité ».
Car avec cette réforme, c’est bien la relation entre l’exécutif et les parlementaires qui est en première ligne. Trois cinquièmes des votes, soient 115 députés, sont nécessaires pour son adoption définitive.
PETITES ET GRANDE HISTOIRE DU 1ER MAI
A l’origine, ce fut une journée annuelle de revendications et de grêve pour obtenir la réduction du temps de travail, et les ouvriers le payèrent parfois au prix fort - Aujourd’hui, la “Fête” du 1er mai est célébrée dans de nombreux pays du monde
A l’origine, ce fut une journée annuelle de revendications et de grêve pour obtenir la réduction du temps de travail, et les ouvriers le payèrent parfois au prix fort. Aujourd’hui, la “Fête” du 1er mai est célébrée dans de nombreux pays du monde, et la plupart du temps fériée, chômée, et payée.
Et c’est aux ouvriers américains de Chicago qu’on la doit. En mai 1886, un mouvement revendicatif pour obtenir des patrons une journée de huit heures de travail y est lancé par les syndicats américains. C’est un samedi, 1er mai. Pas un hasard : beaucoup d’entreprises américaines entament ce jour-là leur année comptable, et c’est ce jour là aussi que les contrats ont leur terme.
La grève, suivie par 400 000 salariés se prolonge, paralyse de nombreuses usines, et le ton monte. Le 4 mai, lors d’une manifestation, une bombe est jetée sur les policiers qui ripostent. Bilan : une dizaine de morts, dont 7 policiers. Cinq syndicalistes anarchistes seront condamnés à mort.
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l’un des condamnés, August Spies : « Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui ». Des mots appris par coeur par l’Internationale socialiste.
Trois ans plus tard, le 20 juin 1889, c’est en leur mémoire que le Congrès de la IIe Internationale socialiste réuni à Paris pour le centenaire de la Révolution française, décide de faire du 1er mai un jour de lutte à travers le monde. L’objectif : la réduction de la journée de travail à huit heures, soit 48 heures hebdomadaires.
Mais au moins jusqu’aux années 20, cette journée est marquée par la violence. Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le Nord de la France, la manifestation finit dans le sang : la police tire sur les ouvriers et fait neuf morts. Avec ce nouveau drame, le 1er mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Les militants épinglent une églantine écarlate, fleur traditionnelle du Nord, en souvenir du sang versé. Elle restera leur symbole jusqu’en 1907, et l’arrivée des fameux brins de muguet.
Pendant de nombreuses années, le 1er mai est donc une grande journée de revendications, le mot “fête” n’est pas encore prononcé, pour une raison très simple : ceux qui voulaient faire grève prenaient le risque de perdre leur place, puisqu‘à l‘époque il était encore possible de licencier quelqu’un pour ce motif. Il arrivait fréquemment que des salariés qui s’aventuraient à chômer le 1er mai ne retrouvent pas leur place à leur retour au travail.
Et si en 1920, la Russie bolchévique décide que le 1er mai sera désormais chômé et deviendra la fête légale des travailleurs, la plupart des autres pays prendront le temps pour la suivre.
En France, la grande vague de grèves du Front populaire doit d’ailleurs son déclenchement aux renvois d’ouvriers, les 2 et 3 mai 1936, parce qu’ils s‘étaient mis en grève le 1er mai. Elles vont marquer durablement l’imaginaire français. D’elles viendront la semaine de 40h, les premières semaines de congés payés et de la reconnaissance du droit syndical.
C’est le gouvernement de Vichy, en pleine occupation allemande, espère ainsi se rallier les ouvriers, qui l’institue “Fête du travail”, elle deviendra fériée 6 ans plus tard.
Aujourd’hui, la Fête du Travail est commémorée par un jour chômé dans la plupart des pays d’Europe à l’exception notamment de la Suisse et des Pays-Bas. En Allemagne, le 1er mai est chômé, et c’est l‘œillet rouge à la boutonnière qui est de mise. Le 1er mai est aussi fêté en Afrique du Sud, en Amérique Latine, en Russie. Au Japon elle est célébrée le 23 novembre, jour férié. Au Royaume-Uni, c’est le premier lundi de mai qui est fêté. Étonnamment, aux Etats-Unis, le “Labor Day” est célébré le premier lundi de septembre, et non en mai, en mémoire d’un autre épisode de la répression ouvrière.
À THIAROYE-SUR-MER, TOUS LES JEUNES VEULENT PARTIR EN EUROPE
Au début des années 2000, la côte était une terre de départ pour les migrants désireux de rejoindre l’Europe, via les îles Canaries - Aujourd'hui, la route a changé, mais ils sont encore nombreux à vouloir rejoindre le Vieux continent
Au début des années 2000, la côte sénégalaise était une terre de départ pour les migrants de la région désireux de rejoindre l’Europe, via les îles Canaries. Aujourd'hui, la route a changé, mais les Sénégalais sont encore nombreux à vouloir rejoindre le Vieux continent, en passant cette fois par la Libye ou par le Maroc. InfoMigrants s’est rendu à Thiaroye-sur-mer, un village de pêcheurs situé à quelques kilomètres de Dakar, où la majorité des jeunes, sans emploi, n’ont qu’un seul but : aller en Europe.
"Les gens sont fatigués, il n’y a pas d’avenir ici". Moustapha Diouf sait de quoi il parle. Lui qui a créé en 2007 l’association des jeunes rapatriés de Thiaroye-sur-mer, à quelques kilomètres de Dakar, tente d’empêcher les jeunes de son village de se rendre en Europe illégalement. Mais la tâche n’est pas facile. "Tous les jeunes de Thiaroye veulent partir en Europe", affirme ce père de trois enfants, le regard rivé sur les nombreuses pirogues échouées sur la plage. "Et malheureusement, je les comprends".
C’est avec un de ces bateaux que le quarantenaire a lui aussi tenté sa chance en 2006 - après un premier échec en 1998 quand il a voulu atteindre l'Europe via le Maroc. "Après quatre jours en mer, nous sommes arrivés aux Canaries. Mais les autorités espagnoles m’ont finalement renvoyé au Sénégal", souffle-t-il. "Je ne veux pas que les jeunes vivent ce que j’ai vécu, c’est trop dangereux".
En 13 ans, plus de 300 villageois de Thiaroye-sur-Mer sont morts en Méditerranée
Dans cette commune d’environ 36 000 habitants, 374 personnes originaires de Thiaroye-sur-mer ont disparu en Méditerranée depuis 2006. Tous essayaient d'atteindre les Canaries, selon les chiffres de l’association des émigrés rapatriés de Thiaroye-sur-mer. Le frère de Moustapha Diouf en fait partie, il a perdu la vie en 2012 alors qu’il tentait de rejoindre l’Espagne en pirogue.
Quand la pêche ne fait plus vivre
Sur la plage ce matin d'avril, de nombreux jeunes discutent, le regard braqué vers l’horizon. "Ils n’ont rien à faire ici, regardez, personne ne travaille", déplore Moustapha. "La seule source de revenus, c’est la pêche, mais on ne peut plus vivre de la pêche".
Depuis plusieurs années, en effet, les pêcheurs du pays, confrontés à l’épuisement des stocks de poissons et à l’accaparement de leurs ressources halieutiques, migrent vers l’Europe, à la recherche de meilleures conditions de vie. Thiaroye-sur-Mer n'est donc pas une exception au Sénégal. De nombreux villages et ports de pêche comme ceux de Joal ou Djifer, dans le sud du pays, subissent eux aussi un exode massif des jeunes et pleurent de nombreux disparus en mer.
Pourtant qu'importent les morts, la jeunesse ne cherche qu'à enjamber la Méditerranée. El Hadj, vêtu d’un maillot de l’Olympique lyonnais, fait partie de ceux-là. Il a déjà réussi à se rendre sur les îles Canaries en 2006 avant d'être lui aussi renvoyé au Sénégal. L'homme de 30 ans assure qu’il repartira bientôt. "Je suis le plus vieux des garçons de ma famille, et j’ai deux enfants. Je dois les aider financièrement. Ici c’est impossible, il n’y a pas de travail pour nous", continue-t-il.
"C'est mieux de vivre dans la rue en Europe"
Omar, 23 ans, rêve lui aussi d'Europe. Comme El Hadj et Moustapha, il a été renvoyé au Sénégal après avoir atteint les côtes espagnoles en 2012. "Ma vie n’est pas bonne ici", raconte-t-il en wolof, assis devant le local de l’association des jeunes rapatriés de Thiaroye-sur-mer. Le jeune père de famille a conscience de la dangerosité du voyage et des difficultés que rencontrent les migrants en Europe, mais il balaye les arguments de Moustapha d’un revers de main. "C’est mieux de vivre dans la rue en Europe que d’être à Thiaroye".
À travers son association, Moustapha essaye, tant bien que mal, de former les jeunes à la couture, le maraîchage ou l’élevage. Mais il dit se sentir démuni. "Je ne peux pas tout faire tout seul, je ne reçois aucune aide. Il faut que l’État mette en place des formations, sinon la jeunesse continuera de partir".
"Ma femme était déçue de me revoir"
Le manque de travail - et donc l’absence d’avenir - ne sont pas les seules causes de départ. La pression familiale joue un rôle important dans la prise de décision des futurs migrants.
"Mes parents et ma femme me poussent à partir", assure El Hadj. "Tous les jours, ma femme me demande de prendre la route pour aider la famille", déclare à son tour Omar.
Moustapha non plus n’a pas été bien accueilli par ses proches lorsqu’il a été rapatrié à Thiaroye-sur-mer en 2006. "Ma femme était déçue de me revoir", affirme-t-il. "Elle espérait que je sois en Europe pour lui envoyer de l’argent". Il avoue aujourd’hui avoir ressenti de la honte en revenant au village. "J’avais échoué, c’est très dur pour les proches et la communauté d’accepter qu’on revienne sans rien, on est considérés comme des faibles".
Ironie du sort, le propre fils de Moustapha, âgé de 14 ans, rêve d’aider sa famille en s’installant en Europe. Le travail de sensibilisation de son père ne le convainc pas. "Il m’aide lorsque je pars pêcher mais pour combien de temps encore ?", s’inquiète le quarantenaire.
VIDEO
LE PROCUREUR QUI TRAQUE BÉTHIO THIOUNE
Jusque-là méconnu du grand public, Youssoupha Diallo est, depuis peu, sous les feux de la rampe - Le parquetier qui s’est dévoilé à l’ouverture du procès de Cheikh Béthio Thioune a dressé un réquisitoire de feu contre le marabout, accusé de meurtre
Jusque-là méconnu du grand public, le procureur Youssoupha Diallo est, depuis peu, sous les feux de la rampe. Le parquetier qui s’est dévoilé à l’ouverture du procès de Cheikh Béthio Thioune a dressé un réquisitoire de feu contre le marabout, accusé de meurtre. Les travaux forcés à perpétuité, un mandat international et la confiscation de la totalité de ses biens ! Si le juge suit son réquisitoire, Béthio Thioune, 81 ans, risque de finir ses vieux jours en prison.
« Je suis magistrat, j’ai juré de remplir ma mission en toute indépendance », déclarait le Procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Mbour. Comme pour dire, qu’il ferait face à toutes sortes de pressions. D’ailleurs, pour qui connaît l’homme sait qu’il combat l’immixtion de l’exécutif dans le judiciaire. « On n’a pas le droit de dire que le procureur de la République est le représentant du garde des Sceaux ou d’une quelconque autorité que ce soit au niveau de la justice », disait-il à l’émission Jury du dimanche du 20 janvier 2019. Pour lui, le magistrat debout qui veut être indépendant pourrait le devenir en respectant les règles spécifiques qui régissent le fonctionnement du ministère public.
Magistrat hors hiérarchie
Youssoupha Diallo a eu son baccalauréat au lycée Djignabo de Ziguinchor en juillet 1990 avant de s’inscrire à la faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il obtient une maitrise en Sciences Juridiques et politiques, option judiciaire en 1995.
En 1997, il intègre le centre de formation judiciaire d’où il sort breveté de la promotion Alioune Badara Mbengue. Dans sa carrière de magistrat, Youssoupha Diallo a servi dans plusieurs localités et a marqué son empreinte dans la profession. Ancien substitut général près la Cour d’appel de Dakar, il est de la catégorie de magistrat hors hiérarchie depuis avril 2017. En sus, il été procureur de la République près du tribunal de grande instance de Diourbel et de Ziguinchor. Sans oublier sa fonction de procureur général adjoint au parquet général près les chambres africaines extraordinaires. Qui ont jugé et condamné l’ancien président Tchadien Hussein Habré à la peine de prison à perpétuité.
Auteur de l’ouvrage : « Le procureur de la République la pratique du parquet », Youssoupha Diallo a, dès le début de sa carrière, senti la nécessité de travailler sur le parquet. « En le faisant, je me suis rendu compte que le procureur de la République et le ministère public se trouvent au centre des critiques. Et cela m’a motivé davantage. Parce qu’il faut quelqu’un de l’intérieur qui puisse faire un travail très pratique pour faire comprendre à tout le monde ce que fait le procureur, les magistrats du ministère public pour essayer de voir s’il y a nécessité de mesurer leurs critiques », arguait-t-il face à Mamoudou Ibra Kane.
PAR MAMADOU SENE
VAINCRE L’INSALUBRITÉ, L’INCIVISME ET LES INCIVILITÉS
L’insalubrité, l’incivisme et les incivilités qui sévissent à Dakar et partout ailleurs au Sénégal sont alimentés par deux mamelles : l’ignorance des populations et la démission des autorités
L’insalubrité, l’incivisme et les incivilités règnent en maître dans tout le pays et à Dakar en particulier. Ils rendent notre capitale de moins en moins vivable. Certains de nos amis étrangers, d’Afrique et d’ailleurs, surtout ceux qui ont connu Dakar, il y a 30 ou 40 ans, nous le font remarquer avec toute la délicatesse qui sied à l’amitié et à tout l’amour qu’ils ont pour notre ville. Nous le reconnaissons non sans honte et gêne.
Mais, la dégradation du cadre de vie à Dakar ne peut être une fatalité. Le Président de la République, plus haute autorité de l’Etat, semble l’avoir compris ainsi, depuis sa réélection. D’autres voix moins autorisées sans doute, et portant assurément moins loin, moins fort et moins haut, n’ont cessé depuis de longues années de crier leur colère face à l’insalubrité et au désordre généralisé à Dakar. Pour ma part, j’ai joint ma voix à ces cris en signant un article paru dans Le Soleil du 9 décembre 2015 : “La Splendeur Perdue de Dakar ”
L’Etat a, sans doute, entendu les cris de colère des Dakarois. Le Président de la République a lui même estimé que le laisser-aller à Dakar a trop duré. Alors, en guise de contribution, nous tentons ci-après de lister les maux les plus visibles, qui frappent Dakar.
1) Des villes sénégalaises pas toujours propres
Les villes sénégalaises ne sont ni propres, ni salubres. Les entrées et les sorties de beaucoup de nos agglomérations se singularisent par le spectacle repoussant de tas d’immondices et de sacs plastiques. A certains endroits, nos rues sont de mini-décharges de déchets. Cependant, nos villes ne sont-elles pas finalement ce que, nous, populations et autorités, en avons fait.
Quelles solutions ?
Ce spectacle désolant qu’offrent nos villes est la conséquence de l’absence de politique de traitement des déchets ménagers, de moyens techniques, financiers et managériaux dignes d’un pays aspirant à la modernité dans la gestion des hommes et des choses, y compris la gestion de ses déchets. La responsabilité incombe à l’Etat et aux Collectivités locales. Ils doivent aux Sénégalais, au moins, l’installation d’usines de valorisation et de traitement des déchets ménagers dans les différentes régions du pays.
2) Des populations pas toujours propres également
A Dakar, au Sénégal, il n’est pas rare de voir quelqu’un jeter en pleine rue ou sur la chaussée, en toute innocence, des épluchures d’orange, une peau de banane, des coques d’arachide, un mouchoir en papier usagé, un sachet ou un gobelet en plastique …. Ce quelqu’un n’est pas un extra-terrestre, c’est un Dakarois ou un Sénégalais qui, par ailleurs, ne cesse de maugréer contre la saleté de notre capitale et de notre ville. Pourtant, lui-même, comme des milliers d’autres, y contribue.
Quelles solutions ?
Il faut au moins faire ce que font toutes les métropoles modernes, lorsqu’elles se battent pour la propreté de l’espace public, c’est à dire :
Informer et sensibiliser : Les pouvoirs publics et les collectivités locales doivent engager une large campagne de sensibilisation citoyenne à la propreté. Les media devraient pouvoir contribuer à cette campagne dans le cadre de leur politique de responsabilité sociale des entreprises. Ailleurs, les campagnes d’information et de sensibilisation sont permanentes ; chez nous, elles sont inexistantes.
Mettre et organiser les moyens : L’Etat et les collectivités locales doivent mettre en place les moyens humains et matériels pour combattre la saleté de l’espace public, notamment en interdisant, comme au Rwanda, la fabrication, l’utilisation et la vente des articles en plastique à usage unique et par conséquent jetables, en installant des corbeilles-poubelles dans les principales avenues et places publiques, en faisant ramasser régulièrement les ordures dans toutes les villes du pays, en installant des toilettes publiques payantes dans la ville, notamment dans toutes les stations-services, en réanimant le Service d’Hygiène pour qu’il puisse sanctionner ceux qui salissent et dégradent l’espace public. Il me paraît nécessaire d’associer, sans contrainte, le secteur privé à tout ce qui touche à la propreté et à l’embellissement de nos villes. D’ailleurs, pour ce qui est de l’entretien, la propreté et l’embellissement de la Place de l’Indépendance, place aussi chère au cœur des Dakarois, que l’est Times Square à celui des New Yorkais, Les Champs Elysées à celui des Parisiens, Piccadilly Circus à celui des Londoniens, une association regroupant des acteurs du secteur privé (personnes physiques et personnes morales) devrait les prendre en charge, pour pallier l’inefficacité des acteurs publics ou municipaux.
Sanctionner : Comme dans toutes les grandes métropoles et comme cela se faisait déjà au Sénégal dans les années 60, l’organe en charge de promouvoir la propreté et la salubrité, le Service d’Hygiène par exemple, doit être en mesure d’infliger des amendes aux auteurs d’incivilités. Il faut savoir, à titre d’exemples, qu’un crachat dans la rue entraîne une amende 100 francs suisse (57 656 FCFA) à Lausanne, un jet de mégot une amende de 68 Eur (44605 F CFA) à Paris ; un dépôt de déchets, une amende de 450 Euros (295 181 F CFA) à Toulouse ; le fait d’uriner dans la rue, 200 francs suisses 515 302 F CFA) à Genève ; le fait de jeter des ordures le long de la route par la fenêtre de sa voiture, 450 (295 181 F CFA) euros en France ; un tag, une amende de 3750 Euros (2 459 839) en France.
Organiser périodiquement des opérations de grand nettoyage : le Rwanda est l’exemple qui devrait inspirer tous les pays qui veulent vaincre la saleté et l’insalubrité de leurs villes ; en effet, tous les Rwandais âgés de 18 à 60 ans sont obligés de consacrer la matinée du dernier samedi de chaque mois à des travaux d’intérêt généraux, dont la collecte des déchets dans les villes et le nettoyage des rues. La capitale rwandaise organise également une fois par mois la journée sans voiture, afin de promouvoir l’exercice physique.
3) Des rues mangées par le sable
Les rues dakaroises ont une particularité surprenante pour une capitale moderne : elles sont toutes envahies partiellement par le sable. Certes, la ville de Dakar est construite sur un site sablonneux, mais cela n’explique pas tout. A Dakar, on a la tendance incompréhensible d’édifier des quartiers résidentiels en faisant souvent l’impasse sur le revêtement des rues et des trottoirs. D’ailleurs, aussi surprenant que cela puisse être la quasi totalité des rues d’un des quartiers résidentiels les plus huppés de Dakar, Les Almadies, sont sablonneuses. Comprenne qui pourra !
Quelles solutions ?
Prévoir un programme d’asphaltage de toutes les rues de la ville de Dakar ;
Prévoir un programme de pose d’un revêtement sur les trottoirs ;
Rendre obligatoire l’asphaltage des rues dans tout nouveau projet immobilier dans la région de Dakar ;
4) Des commerces, petits et moins petits, partout
Les petits commerces, vendeurs de tout, occupent les trottoirs, la chaussée et les ronds-points, gênant la mobilité des piétons et des automobilistes et surtout constituant de graves facteurs d’insécurité routière.
Quelles solutions ?
Il importe que la puissance publique mette fin, après concertation et avertissement préalable, à l’occupation des rues, carrefours et trottoirs par des commerces fixes ou ambulants. Il y va de la qualité du cadre de vie dans nos agglomérations. L’Etat et les Collectivités locales devraient en même temps édifier de nouveaux marchés en banlieue dakaroise.
5) Des artères importants occupés par des marchés
Certaines artères de Dakar, parmi les plus fréquentées par les automobilistes, sont envahies par de véritables marchés permanents ou hebdomadaires, rendant la circulation à Dakar plus difficile. C’est le cas de l’avenue Faidherbe, de la Route du Front de Terre et du Boulevard de la Gueule Tapée et de bien d’autres.
Quelles solutions ?
Compte tenu des embouteillages sévères que connaît à tout moment de la journée une ville comme Dakar, il est d’une nécessité absolue de restituer 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, la chaussée aux voitures et les trottoirs aux piétons. Il appartient aux autorités nationales et locales de trouver des emplacements fixes de marchés pour les vendeurs concernés.
6) Des ateliers partout, y compris au milieu des habitations
A Dakar, depuis quelques années, on voit pousser, dans les quartiers d’habitation, notamment à la Médina, des ateliers de réparation automobile, de menuiserie bois ou métallique ou de tôlerie, au mépris de la loi et des règles élémentaires en matière de sécurité et d’installation de ces types d’activité. Ce n’est pas acceptable, au nom de la sécurité, de l’ordre et de la quiétude des habitants.
Quelles solutions ?
Il faut dans un court délai sortir des quartiers d’habitation tous les ateliers à risque et ceux porteurs de nuisances sonores et les installer dans une sorte de domaine des métiers, en s’inspirant de ce qui a été fait pour la SODIDA dans les années 70.
7) Les Stations informelles de lavage de voitures dégradent la chaussée
Un peu partout, sur des artères les plus fréquentées et sur les ronds-points, poussent des stations informelles de lavage de voitures, qui ont le triple inconvénient de gêner la circulation déjà difficile à Dakar, de dégrader la chaussée avec l’effet combiné de l’eau et des produits utilisés et d’entretenir une concurrence déloyale envers les stations de lavage de voiture régulièrement constituées.
Quelles solutions ?
L’Etat doit, à la fois, inciter à l’ouverture de stations de lavage de véhicules modernes et interdire les stations informelles de lavage installées au bord des routes. Le vivre-ensemble donne des droits, il impose aussi des devoirs.
8) Des taxis clandestins de plus en plus nombreux
Le désordre généralisé gagne aussi le secteur du transport public. Hier, les cars urbains ne s’arrêtaient pas en pleine rue et respectaient peu ou prou les arrêts prévus pour la descente et la montée des passagers. Aujourd’hui, ils s’arrêtent où ils veulent. Hier les taxis avaient une licence délivrée par le Ministère en charge du transport et un taximètre pour déterminer le prix de la course. Le taximètre a disparu depuis longtemps ; la licence de taxi existe encore, mais un certain nombre de taxis s’en dispensent. Les taxis irréguliers appelés “clandos”, qui, à vue d’œil, sont en train de supplanter les taxis réguliers de couleur jaune et noire, n’ont ni licence, ni taximètre ; ils n’ont été habilités par aucune autorité et ils sont souvent des épaves, qui constituent un danger public pour leurs passagers. Ils remplissent sans doute une fonction économique et sociale que le système de transport régulier ne remplit pas. Mais une métropole comme Dakar, qui aspire à la modernité ne peut pas laisser un pan significatif de son système de transport urbain dans l’irrégularité.
Quelles solutions ?
Dans le secteur du transport public, L’Etat a le devoir de régler deux questions majeures :
Mettre fin à la situation d’irrégularité des taxis “clandos”, soit en les interdisant fermement, soit en créant une licence de taxi collectif et en l’octroyant à ceux qui sont aptes techniquement ;
Faire procéder au renouvellement en profondeur du parc de véhicules de transport véhicule, constitué d’épaves à tous les niveaux (cars rapides, cars tata, taxis jaunes et noirs, taxis “clandos”). L’état de vétusté des taxis et des cars de transport est indigne de Dakar, jadis ville-phare en Afrique de l’ouest.
9) Des gares routières partout
L’accroissement exponentiel des taxis “clandos” et le développement des cars interurbains ont entraîné la multiplication des stations de taxis “clandos” et des gares routières irrégulières, ce qui accroit les embouteillages et l’insécurité routière à Dakar et renforce l’image de désordre que renvoie notre capitale.
Quelles solutions ?
Sur ce point, il ne peut y avoir ni compromis, ni compromission, l’Etat devant mettre fin, sans délai, aux stations et gares routières irrégulières qui essaiment dans la ville.
10) Les cérémonies privées occupent la voie publique au détriment des voitures
Ce ne sont pas seulement les marchés qui ont chassé les voitures de chaussée, ce sont également les cérémonies familiales privées (baptêmes, mariages, cérémonies religieuses …). Hier, dans les années 60 et 70, l’occupation de l’espace public était très réglementée et devait faire l’objet d’autorisation administrative. A l’époque, les Sénégalais respectaient les lois et les règlements ; aujourd’hui, ce n’est plus le cas pour beaucoup d’entre eux, notamment pour les occupants irréguliers de la voie publique, qui ne jugent plus utile de demander une autorisation administrative.
Quelles solutions ?
Sur ce point aussi, il ne peut y avoir ni compromis, ni compromission, l’Etat devant mettre fin, sans délai, aux occupations anarchiques des rues, artères et avenues pour des cérémonies privées (baptêmes, mariages, cérémonies religieuses …). L’occupation de l’espace public à titre privé, doit faire l’objet d’une autorisation accordée par une autorité compétente. Ça se faisait avant.
11) Les piétons chassés des trottoirs par les véhicules en stationnement
A Dakar, les piétons ne sont pas chassés des trottoirs uniquement par les commerces et les vendeurs, mais aussi par les véhicules en stationnement. Les trottoirs sont devenus des parkings et les piétons sont rejetés sur la chaussée à leurs risques et périls, sans que cela n’émeuve une quelconque autorité.
Quelles solutions ?
A terme, il faut sans aucun doute rendre les trottoirs aux piétons en les débarrassant des voitures, des commerces et des terrasses de restaurant exagérément larges. Dans l’immédiat, nul ne peut nier qu’il y a un manque notoire de places de parking à Dakar. La question de l’entrée et du stationnement des véhicules dans le quartier du Plateau doit être traitée, comme ce l’est dans toutes les grandes villes. La faisabilité d’un grand parking souterrain sous la place de l’Indépendance gagnerait à être étudiée, si ce n’est pas encore fait.
12) Divagation incompréhensible d’animaux domestiques à Dakar
A Dakar, une des capitales les plus prestigieuses d’Afrique de l’ouest, il est coutume de voir des animaux domestiques, des vaches, des chèvres et des chiens, errer dans la ville, passant de quartier à quartier, sans aucune réaction des autorités compétences et sans que cela soit accepté au nom d’une quelconque croyance ancestrale, comme dans l’Inde bouddhiste.
Quelles solutions ?
Sur ce point aussi, il ne peut y avoir ni compromis, ni compromission, l’Etat devant mettre fin, sans délai, à la divagation des animaux domestiques, et plus particulièrement celle des vaches dans les rues, artères et avenues de la ville.
13) L’indiscipline notoire des automobilistes
L’automobiliste sénégalais est notoirement indiscipliné. Cette indiscipline se manifeste de mille et une manières :
Arrêts anarchiques et intempestifs des véhicules, surtout les taxis, réguliers et irréguliers, et cars de transport, au milieu de la chaussée, bloquant momentanément la circulation ;
Non-respect incompréhensible de l’obligation de s’arrêter aux feux de circulation tricolores par les vélos et les motocyclistes, usagers de la route pourtant les plus fragiles ;
Circulation de plus en plus fréquente de véhicules sans plaque d’immatriculation, une infraction absolue au code de la route, tout véhicule roulant devant être identifié.
Quelles solutions ?
Sur ce point aussi, il ne peut y avoir ni compromis, ni compromission, l’Etat devant mettre fin, sans délai, au piétinement des règles de la circulation, constaté quotidiennement sur les routes sénégalaises ; pour cela, il faut sensibiliser les conducteurs et sanctionner sévèrement.
14) Le retour des véhicules hippomobiles et des pousse-pousse d’antan
Il y a à Dakar, au cœur de ville, comme une impression d’accroissement considérable des véhicules hippomobiles, des pousse-pousse et des “taxis-bagages”. C’est un signe de la forte résurgence de l’informel dans la capitale sénégalaise, alors qu’on aurait pu penser que le développement s’accompagne de la consolidation des secteurs formels et du respect des règles.
Quelles solutions ?
Tout en reconnaissant les fonctions économique et sociale que remplissent les véhicules hippomobiles, les pousse-pousse et les “taxis-bagages”, dans des villes où l’informel a encore droit de cité, il n’est pas acceptable de les laisser envahir Dakar. Aussi, il me paraît urgent de :
Interdire les véhicules hippomobiles dans la ville de Dakar, car ils y constituent de véritables dangers publics, compte tenu de l’intensité de la circulation automobile ;
N’autoriser les pousse-pousse qu’aux abords des marchés ;
Soumettre l’activité de “taxis-bagages” à la délivrance d’une licence, pour contenir la prolifération désordonnée de cette activité.
15) Des infrastructures permanemment dégradées
Certains quartiers de Dakar connaissent une dégradation parfois longue et toujours répétitive de la voirie et des canalisations, indisposant les usagers et les citoyens. Ni l’entretien permanent des infrastructures, ni l’intervention rapide en cas de besoin, ne sont des pratiques courantes au Sénégal. Aussi, les nids de poule et les canalisations qui vomissent leurs eaux usées fétides font partie du lot quotidien de beaucoup de Dakarois.
Quelles solutions ?
Mettre en ligne une application permettant aux Sénégalais d’informer en ligne les services publics concernés de toute défaillance au niveau des infrastructures urbaines (assainissement, voirie, eau, électricité, téléphone ….) et de suivre l’état d’évolution des réparations ;
Fixer des objectifs de délai ferme d’intervention aux services concernés. Pour les services en charge de l’assainissement, les interventions doivent se faire dans les 12 heures après la déclaration de la défaillance. Aujourd’hui, les pauvres populations cohabitent avec les eaux usées puantes pendant plusieurs jours ou semaines, sans intervention ; pour les nids de poule, elles attendent plusieurs mois ou années.
16) Pollution par les gaz d’échappement
Dakar est une ville très polluée. Toutes les formes de pollution (de l’air, des océans, du sol), toutes préjudiciables à la santé des populations, touchent notre capitale. Elles sont de notre fait. La pollution par les gaz d’échappement l’est plus que toutes les autres ; elle est cause des affections respiratoires sévères, comme les bronchopneumopathies et la pneumonie ; elle relève de nos mauvaises pratiques.
Quelles solutions ?
Manifestation par l’Etat de sa volonté de combattre la pollution sous toutes ses formes, notamment celles causées par la négligence humaine ;
Sensibilisation et information des automobilistes, sur les méfaits de la pollution sur la santé ;
Mise en place de mesures technologiques et administratives favorables à la protection de l’environnement ;
Répression des automobilistes ouvertement pollueurs en appliquant une taxe annuelle additionnelle aux véhicules qui dépasse un niveau tolérable de gaz d’échappement ; en verbalisant sans faiblesse les véhicules laissant échapper une quantité de fumée, dépassant la norme fixée ; en déclarant inaptes à la circulation les véhicules dont les propriétaires refusent de se conformer aux normes techniques édictées.
17) La pollution sonore, un mal dakarois
Le Dakarois est permanemment agressé par le bruit, en particulier par les coups de klaxon intempestifs et excessivement stridents des automobilistes, le ronflement des machines des ateliers installés au milieu des habitations, les décibels des appareils hi-fi au marché.
Quelles solutions ?
Sauf danger immédiat, interdire en ville, y compris dans les embouteillages, comme dans beaucoup de pays, le klaxon afin de respecter la tranquillité des citoyens.
Interdire les activités professionnelles bruyantes dans les quartiers d’habitation.
Tout compte fait, l’insalubrité, l’incivisme et les incivilités qui sévissent à Dakar et partout ailleurs au Sénégal sont alimentés par deux mamelles : l’ignorance des populations et la démission des autorités. Le Rwanda a montré à tous que, en matière d’amélioration du cadre de vie, comme dans toute autre matière, “là où il y a une volonté, il y a un chemin”.
VIDEO
COMPRENDRE LA POLÉMIQUE SUR LE FCFA
Créé en 1945, le Franc CFA est aujourd'hui utilisé par près de 200 millions de personnes en Afrique - Mais pour ses détracteurs, c'est un vestige de l'ère coloniale et un frein au développement qu'il faut abattre
Créé en 1945, le Franc CFA est aujourd'hui utilisé par près de 200 millions de personnes en Afrique. Mais pour ses détracteurs, c'est un vestige de l'ère coloniale et un frein au développement qu'il faut abattre. Jeune Afrique démêle le vrai du faux en 2 minutes pour tout comprendre sur la polémique monétaire qui agite le continent depuis deux ans.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
SALIF SADIO, LA PLAIE DU KASSA
EXCLUSIF SENEPLUS - Salif se vengera à la première occasion contre ses frères ennemis qui l’ont chassé du front sud et failli le tuer - C’est une utopie que de lier les négociations à la réunification du maquis
Que peut-on négocier avec celui qui réclame en 2019 l’indépendance, veut « libérer la Casamance des envahisseurs sénégalais... » et qui « ne veut autre chose que de précipiter le départ du Sénégal de la Casamance... »? Rien ! Absolument rien !
A y regarder de près, il apparaît que depuis 2001-2002, les régimes dits d’alternance ont mené des politiques catastrophiques de gestion de la « crise » casamançaise. C’est d’abord l’échec de la promesse électorale de Me Wade de « ramener la paix en Casamance en 100 jours » s’il était élu. En effet, après un état de grâce de quelques mois, la région sud connut des moments des plus tragiques depuis les années de braises de 90, avec des attaques répétées et mortelles sur les routes, des militaires enlevés puis libérés, etc.
La « colombe » Wade devint un fervent va-en-guerre avec des conseillers qui lui soufflent dans l’oreille que ces « gens-là ne connaissent que la méthode forte » ; qu’il faut déverser sur eux des déluges de feu pour les éradiquer, et patati et patata ! La chose apparaît plus facile à théoriser dans les salons dakarois que dans le maquis. Devant la résistance inattendue du MFDC, le gouvernement du Sénégal va même (suprême honte !) « sous-traiter » avec la Guinée Bissau la guerre contre le maquis. Feu le général Tag Na Ma We lance ses troupes du côté guinéen contre les positions et camps de l’Etat major du MFDC et choisissent le camp de César Atoute Badiatte contre la tête de turc Salif Sadio. Ce dernier, pour échapper à la mort quitte le sud pour sa zone originelle, le nord avec ses fidèles. Ainsi sont nées les différentes factions du maquis que l’on connaît aujourd’hui.
Ainsi, on n’a pas « éradiqué » les maquisards mais on a réussi à multiplier les « fronts » et les adversaires. Et depuis, on court derrière une chimère: « réunifier le maquis pour qu’il parle d’une seule voix » à la table de négociations avec le gouvernement. C’est une douce utopie que véhiculent les différents intermédiaires et autres facilitateurs. Parce que voyez-vous, entre Salif Sadio et le reste du maquis, c’est un « mortal kombat ». Salif Sadio se vengera à la première occasion contre ses frères ennemis qui l’ont chassé du Front sud et failli le tuer avec la complicité de la Guinée Bissau qui a fait la sale besogne. Par ailleurs, aucun des autres héros n’acceptera plus d’être sous les ordres de Salif Sadio, et ce dernier, n’acceptera que la reddition totale des autres. Voilà pourquoi c’est une utopie que de lier les négociations à la réunification du maquis.
Pour notre part, pour avoir échangé très souvent avec certains d’entre eux, je soutiens depuis 2002 que faire dépendre les négociations à la réunification, c’est repousser la paix aux calendes ...sénégalaises. On ne négocie avec ceux qui acceptent de négocier, on signe des accords avec eux. Accords qu’on respecte et qu’on met en œuvre pour attester de sa sincérité et de sa bonne volonté à rendre effective la paix. Et servir d’exemple aux récalcitrants.
Trente sept ans de guerre haute et basse intensité selon les circonstances, montrent au moins une chose : on peut vivre dans la forêt, de la forêt et survivre aux assauts des forces militaires au gré des régimes politiques. Vivre de la forêt, dans la forêt, c’est vivre avec ses ressources naturelles : des cours d’eau pour pêcher et cultiver, des arbres fruitiers pour commercer, et autres activités illicites mais oh combien rentables. Et puis, c’est connu, la guerre secrète toutes sortes de trafics et autres activités en marge de la légalité : trafic d’armes, culture et trafic de drogue, trafic de bois... Bref toutes les saloperies qui vont si bien avec les guerres et les nourrit.
Alors, la lucidité voudrait qu’on sorte d’un schéma qui échoue depuis dix sept ans. Cela signifie négocier avec ceux qui acceptent de négocier ici et maintenant, isoler, continuer à discuter, voire à combattre les résidus de va-en-guerre.
Bref, il faut accélérer la cadence de la paix. Ou comme on dit maintenant pour son dernier quinquennat : « fast traker » la paix. Quel bilan, quelle victoire ce serait pour le président s’il réussissait là où ses deux prédécesseurs ont échoué : gagner la paix en mettant fin à une guerre de 37 ans qui a figé dans une crise dévastatrice la région sud du pays. Le pays n’en n’émergera que plus vite.
Sauvons les Jeux de la Francophonie ! Ils participent les premiers à « faire connaître l’originalité des cultures francophones dans toute leur diversité et développer les échanges artistiques entre les pays francophones
Alerte aux chefs d’état ayant le français en partage
De mauvais vents nous rapportent avec une immense tristesse que « Les Jeux de la Francophonie » seraient menacés de disparition. Nous refusons d’y croire ! Il y faudrait un autre mot français que « sacrilège », pour dénoncer une telle irresponsabilité, si ces Jeux étaient suspendus ! Tous les États membres de la Francophonie sont ici interpellés ! Au commencement, dit-on, la Francophonie était « sainte » ! Depuis, nous sommes passés des chemins de coton aux chemins de pierre de rail ! Une rampante instabilité et un malaise têtu semblent s’installer au sein de l’Oif !
L’arrivée récente de la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwaba à sa tête, fait encore penser aux vraies raisons qui ont conduit au choix du Président français Emmanuel Macron de la mettre sur le fauteuil de l’Avenue Bosquet ! Malgré toutes les suspicions et les non-dits autour de ce sacre qui a fait saliver, notre intime conviction est que le débat est ailleurs et que cette femme africaine venue de la sphère anglophone -cela étonne forcément- pourrait déverrouiller bien des portes et c’est là l’essentiel, c’est à dire sortir l’Oif de son insolente bureaucratie, de ses missions désincarnées, pour en faire un visible et attrayant outil de développement économique et de rencontre culturelle et artistique au service d’une famille francophone aujourd’hui si délaissée !
Et pour mesurer de plus près combien cette famille sait être prodigieuse, il faut avoir vécu au cœur des Jeux de la Francophonie. « Quand la jeunesse, le sport, la culture, les arts, s’allient pour témoigner de la force et de la solidarité francophone, cela donne une merveille de brassages, révèle des fraternités insoupçonnées, prouve que construire un monde de paix et de solidarité est possible ! C’est tout cela « Les Jeux de la Francophonie » quand vous avez l’opportunité de les vivre à Beyrouth, Abidjan, Casablanca-Rabat ! Il n’existe pas d’autres plus puissants leviers d’actions, de preuves du vivre ensemble, de foi partagée, que les « Jeux de la Francophonie » ! Il faut les vivre pour se dire : oui, la Francophonie n’est pas un leurre !
On le répète partout aujourd’hui : la Francophonie ne fait pas sourire. Elle fait rire ! Elle ne fait pas sérieux ! Elle n’est pas une réalité dans les deux grands pays qui la portent : la France et le Québec ! Les grands Sommets francophones considérés comme pompeux et pillards, font encore plus douter d’elle ! Par contre, ce qui apaiserait le plus dans la Francophonie, c’est cette rencontre physique, humaine, touchante, vibrante de milliers et de milliers de jeunes venus de tous les horizons et qui, à travers des compétitions culturelles, sportives, artistiques, se rencontrent, échangent, débattent, dorment ensemble, vivent ensemble, vibrent ensemble, pleurent ensemble, rient ensemble, espèrent ensemble ! Pour avoir été souvent au cœur de ce bonheur humain rare, nous avons adopté ces « Jeux ».
Nous les défendons ici. Nous savons que notre terre n’est pas belle au regard des rejets, des égocentrismes, des haines, des enfermements, des replis et des postures politiques odieuses qui l’agressent. La Francophonie est une chance ! Nous avons appris à croire et à aimer cette formidable communauté que les « Jeux de la Francophonie » restituent dans toute sa grandeur humaine et solidaire ! Avant l’économie, il faut d’abord croire à la capacité de l’homme de créer des liens de proximité et de beauté. La jeunesse est le plus beau trésor de la Francophonie et les « Jeux de la Francophonie » en sont le vivier, l’arbre de vie. Ces « Jeux » sont une patrie ! Oui, les « Jeux de la Francophonie » ont fait de la Francophonie une attraction thermique. Ils lui ont donné une âme.
Cette fête de la jeunesse est le seul lieu où la Francophonie est oculaire, n’apparait pas comme un triste imaginaire et arrive sans maquillage ! Sinon, elle reste une île froide et lointaine qui s’arrête aux 19-21 de l’Avenue Bosquet dans le 7ème Arrondissement de Paris ! La Francophonie était une prophétie. Elle ne s’accomplira pas en enterrant les « Jeux de la Francophonie » ! Ces Jeux, lieu unique de dialogue, de rencontre et d’enrichissement, ne sont pas négociables ! Nous refusons d’être muets ! La Francophonie, finalement, devient de plus en plus non le reflet de ceux qui la composent, mais plutôt de ceux qui la regardent mourir.
La France a une terrifiante responsabilité dans ce jeu de quincaillerie ! Puisse-t-elle aider à réinstaller la Francophonie sur le chemin de la grandeur de ses cultures, de la splendeur de sa langue en partage. La France n’aura pas meilleure vocation que de nourrir la flamme de l’esprit ! C’est à la fois son précieux héritage et son devoir de responsabilité devant le futur ! Face à l’Afrique qui se rebelle, c’est à dire qui refuse de mourir, c’est à la France de prouver son respect pour elle, au regard de sa pénible histoire coloniale qu’elle assume de plus en plus avec des leaders d’un nouveau temps du monde - Emmanuel Macron s’entend qui ont arraché de leur bouche, avec courage, le mors des anciens ! Nous demandons à la France de contribuer à sauver les « Jeux de la Francophonie » ! Ils sont le tambour et l’arche d’alliance de notre famille francophone ! La belle Côte-d’Ivoire, en 2017, a abrité les 8èmes Jeux de la Francophonie ! Elle a honoré notre famille. Ce fut une réussite sans nom !
Le Sud a appris à faire mieux que le Nord ! L’organisation des Jeux de la Francophone nous en a donné de très solides exemples. L’on se souvient encore du naufrage des Jeux francophones de Nice ! Mais nous sommes ensemble et dans l’échec comme dans la réussite ! C’est cela une vraie famille ! Nous avons tous appris que le Canada Nouveau Brunswick s’est désengagé pour l’organisation des 9èmes Jeux de la Francophonie pour 2021. Il faut alors, très vite, trouver un nouveau pays d’accueil et cela fait désordre ! D’où l’idée, désormais, de réfléchir à la combinaison de l’élection du pays hôte des Jeux et d’un pays second pour parer à un éventuel désengagement. Notre espace francophone a trop mal ! Nous devons resserrer les rangs. L’Oif, dit-on, donne aujourd’hui l’image d’une organisation qui serait gouvernée par un conglomérat constitué comme « lors d’une rafle » -l’expression hilarante est de Barbara Botton-. Si l’immense jeunesse et la prodigieuse communauté francophone de penseurs, chercheurs, professeurs, écrivains, artistes, poètes, entrepreneurs, paysans, pasteurs, pécheurs, ont du talent et du génie et que l’Oif n’a ni talent ni génie, la cause est perdue !
Le talent, le génie, l’envie, il faut les avoir des deux côtés ! La Francophonie politique est incontournable, mais elle est apparue comme trop dominante, rance et démobilisante ! Nous souhaitons qu’elle soit plus créatrice. Le temps et les acquis ont démontré avec ces « Jeux », que la Francophonie accomplissait le meilleur des rêves de sa communauté et prouvait ainsi l’élan et la force irremplaçable de sa mission. Nous demandons un investissement financier moins massif dans la politique, des missions régaliennes moins shootées à la politique, mais une vision plutôt porteuse de richesse, de prospérité, de culture, d’art, de création, d’échanges, de partage. Sauvons les « Jeux de la Francophonie » ! Ils participent les premiers à « faire connaître l’originalité des cultures francophones dans toute leur diversité et développer les échanges artistiques entre les pays francophones ». Il nous semble défendre et porter ici une cause qui engage la vie contre la mort ! Puisse la Francophonie choisir la vie !
Amadou Lamine Sall est Lauréat des Grands Prix de l’Académie française