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2 mai 2025
Développement
par l'éditorialiste de SenePlus, Babacar Diop Buuba
SOUFFLE SUR LES ENFANTS DE LA RUE
Depuis l’initiative du Pacte Solidarité en 1977 jusqu’en 2012, on ne peut pas dire que l’Etat ne se soit pas soucié de la question - Cependant, on peut douter de la volonté politique d’y mettre un terme
Babacar Diop Buuba de SenePlus |
Publication 29/04/2019
« Aube de la vie humaine, l’enfant fait écho à l’aube du jour, à l’aube de l’année et à l’aube de l’humanité. Elle ne peut dès lors, laisser aucun adulte indifférent. Mais aussi parce que l’enfant renferme le futur et tout le potentiel humain en devenir, il est à la fois germe et espoir d’une éclosion prometteuse.»
Et le doyen de rappeler les rudesses de la condition d’enfant dans les sociétés et les littératures. « Les images fortes, point n’est besoin peut-être d’aller les chercher ailleurs, tant elles sont parmi nous, dans notre décor quotidien où leur ténacité donne l’air de nous narguer.
De nouveaux-nés jetés dans les caniveaux des grandes villes, s’ils ne sont pas déposés aux carrefours de nos banlieues, font partie désormais
de nos décors urbains.
Ô comble de paradoxe ! Ces jeunes mendiants qui, en ce début du 3e millénaire, se bousculent avec les étudiants aux portes des cités universitaires ou dans les couloirs des bâtiments de nos universités, hauts temples du savoir ? C’est vrai que tout cela n’est que l’arbre qui cache la forêt de la misère sociale dont la solution définitive doit aller en profondeur et de façon radicale dans l’histoire des mentalité ».
Feu Birahim Diop, notre collègue, travailleur infatigable et discret à qui revenait l’honneur de faire la synthèse des contributions, a loué la qualité et le sérieux de la réflexion de même que la diversité dessujets abordés : éducation, santé, travail, déviances. Il n’avait pas manqué de relever ceux qui n’ont pas été traités (pédophilie, droits des enfants).
Malgré tout : « le champ de réflexion a été aussi large et profond que possible. Les échanges issus d’approches et de questionnement novateurs, certes différents, mais aussi convergents, ont été essentiels ».
Ils permettent de mieux comprendre la situation de l’enfance, notamment dans les pays pauvres, et d’agir en sa faveur pour une meilleure prise en charge dans la politique de développement tant au plan national que régional (NEPAD) par exemple.
Dans le rapport des Assises Nationales (politiques, économiques et sociales), dans la partie diagnostique, on a souligné : « la déstructuration de la famille dont le rôle s’amenuise, on a le bouleversement des rôles traditionnels des hommes et des femmes, les changements de mentalités, notamment chez les jeunes dont le poids dans la société sénégalaise est de plus en plus important, alors que les possibilités de leur assurer un emploi dans le secteur moderne sont minces, ce qui participe à l’expression d’une culture de la débrouille (cf rapport cité, éd. Harmattan p.61-62). Par la même occasion on a souligné l’existence de germes de changement déjà activés dont sont porteurs les femmes et des jeunes et qui ne demandent qu’à être encouragés ».
Dans les termes de référence (TDR), une mention explicite est faite à la solidarité avec les couches vulnérables, à la protection de la petite enfance, la lutte contre la mendicité, la lutte contre l’exclusion, les persécutions, les précarités et la pauvreté (op. cit. p.352).
Réformes ou évolution
Parmi les réformes préconisées par les Assises figure l’emploi, singulièrement l’emploi des jeunes (charte de bonne gouvernance, Mai
2009 p.7). Malheureusement depuis le dépôt des conclusions des Assises, on constate que les enfants talibés sont toujours dans la précarité comme à Ziguinchor qui dans le passé avait été épargné par le fléau (cf l’observateur du 31 Janvier au 1er Février 2015 p.12).
Le débat sur la réforme des daaras va dans tous les sens. Une récente étude de cartographie des écoles coraniques de Dakar réalisée par la cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, renseigne sur l’existence dans cette région de 30.000 enfants mendiants, sur un effectif de 54.837 talibés (Observateur du 15 Janvier 2015, p.10). Le taux de chômage des diplômés du Supérieur en 2015 est passé de 16% à 31% en 2011, soit une hausse de 15% en 6 ans (Walf du 6 Février 2015).
A entendre les autorités gouvernementales depuis 1960, le Sénégal s’est doté de mécanismes, de structures, de plans non seulement pour prendre en charge les enfants en situation de vulnérabilité, mais aussi les jeunes à la recherche d’emploi. Actuellement, la stratégie nationale de protection des enfants est validée depuis décembre 2013 (cf Le Soleil du 10 Février 2015). Or, on constate l’inefficacité et l’impuissance de l’Etat concernant par exemple la question de la mendicité. Abdoul Aziz Kébé, dans sa thèse d’Etat soutenue le 17 Février 2015, souligne : « Cette impuissance de l’Etat transparaît dans la floraison d’initiatives prises, les unes à la suite des autres, sans que le problème ne connaisse un recul. Au demeurant, le florès de plans d’actions, de mesures administratives et politiques, de cadres juridiques, traduit l’échec constant des pouvoirs publics dans ce domaine. »
Depuis l’initiative du Pacte Solidarité en 1977 jusqu’en 2012, on ne peut pas dire que l’Etat ne se soit pas soucié de la question. Cependant, on peut douter de la volonté politique d’y mettre un terme. Si cette volonté existe, il reste alors que les rapports de force ne sont pas en sa faveur et qu’il ne trouve pas l’angle adéquat pour négocier avec les acteurs la bonne issue.
Que faire alors ? Serigne Fallou Dieng soufi alias Abu Loubaabet, fait des propositions pertinentes sur la question des enfants dans les daaras.
« Mais n’ayant pas réussi à scolariser les centaines de milliers des élèves se retrouvant dans les écoles coraniques non formelles, le gouvernement décida en 2009, de créer une nouvelle division au Ministère de l’éducation nationale, dénommée l’inspection des daaras, afin de s’assurer que les écoles coraniques dispensent une éducation, qui ne se concentre pas sur la seule mémorisation du Saint Coran.
Donc, l’Etat se doit alors de composer avec cet état de fait objectif. En incitant les autorités maraboutiques à organiser un système de l’autorégulation, qui sera à la fois, faîtière, consultative et normative. Soumis sous une réelle marge contraignante de ladite commission consultative, qui se chargera de définir les modalités et d’élaborer les stratégies à mettre en œuvre, en vue d’éradiquer ces deux fléaux monstrueux, que sont la mendicité et l’exploitation
indécente de enfants. Et pour ce faire, les religieux en rapport avec l’Etat, en toute souveraineté et dans un climat de compréhension mutuelle, définiront les normes juridiques et légales requises pour la création de Daaras. Des normes seront adoptées comme règles qui s’imposeront à tous. Cette institution représentera le cadre légal et contraignant, qui désormais régira les Daaras au Sénégal.
Dès lors, toute nouvelle création de Daaras sera assujettie à l’autorisation de ladite structure. Cette autorisation répondra à un certain nombre de conditionnalités, notamment un engagement formel de s’abstenir de pousser les enfants à la mendicité, ou à toute forme de leur exploitation. En un mot, de mettre ces enfants dans des conditions de vie, respectueuse des normes hygiéniques et nutritionnelles.
L’Etat, en ce qui le concerne devra s’engager à budgétiser annuellement des allocations de ressources nécessaires pour appuyer le fonctionnement de Daaras. Il faut le dire tout de même, la résolution du casse-tête de la mendicité ne doit pas être une affaire qui incombe qu’à l’Etat seulement. Mais, il revient aussi aux chefs des confréries soufis et autres dignitaires religieux, très nantis, de mettre la main dans la poche, pour contribuer aussi, à l’effort de soulager les talibés, du sort lamentable dans lequel se trouve la petite structure éducative, orpheline qu’est le Daaras. Et d’enjoindre les daaras à verser une part des fonds de cultes reçus, pour bien-être des apprenants des Daaras.
Les Organisations non Gouvernementales (ONG) ont le droit et mieux, doivent procéder à des inspections systématiques dans les Daaras, afin de relever toutes les situations anormales, auxquelles ces enfants seraient exposés et, en cas de nécessité, de prendre des sanctions à l’endroit des contrevenants. »
Serigne Fallou Dieng soufi, alias Abu loubaabat « Vivement l’autorégulation des Daaras et non à l’imposition des lois
intrusives »
Sur la question de l’emploi des jeunes, Falilou Diouf ; in walf des 9 et 10 Février 2015 a fait des propositions sérieuses et pratiques. Les pistes et niches qu’il indique méritent une attention des pouvoirs publics :
– Réparation et réhabilitation des infrastructures publiques ;
– Construction des cases de santé et éradication des abris provisoires ;
– Formation par le biais des ateliers d’apprentissages professionnels (AAPS)
– Contres d’incubation des produits informatiques.
La liste n’est pas exhaustive, l’auteur en est conscient. Il a
réfléchi sur les sources de financement complémentaire secteur privé,
ONG, etc.)
Mieux que la volonté politique, il faut une claire conscience des enjeux ; « la création de filets de sécurité pour une jeunesse en errance et la valorisation de ce potentiel à travers la formation et l’apprentissage professionnel sont les gages les plus sûrs pour assurer la paix sur le front social et préparer le pays aux défis à venir ».
La meilleure sécurité est le développement, la transparence, l’équité, la justice, la solidarité.
Le président guinéen Alpha Condé, a révélé ce lundi à Conakry, lors de la conférence diplomatique, avoir été victime d'un escroc se faisant passer comme un investisseur étranger.
Alpha Condé raconte une scène pour le moins surréaliste, dont il a été la principale victime. Le président guinéen a perdu plus de 175 millions FCFA en se faisant grugé par un homme d’affaire étranger qui disait vouloir investir en Guinée
"Nous avons été victime d’escroquerie ici. Je crois que le gouverneur de la banque le sait. Il y a un homme d’affaires qui est venu, qui a fait des propositions mirobolantes, mais il fallait lui payer 300 mille dollars (175 millions F.CFA), le gouverneur de la banque m’a dit, mais vraiment Président paie, j’ai pris de ma poche, pour payer les 300 mille dollars. Et depuis lors, le monsieur a disparu et on n’a plus jamais entendu parlé de lui », explique Alpha Condé à une assistance médusée.
Le président guinéen estime que si l’ambassadeur guinéen accrédité dans le pays auquel vient cet "homme d'affaire" véreux, avait fait son travail, il ne se serait pas fait "gruger". "Donc réellement, moi j’insiste sur votre rôle économique", a ajouté Alpha Condé aux ambassadeurs et consuls guinéens lors de cette rencontre.
Alpha Condé estime que la Guinée attire de plus en plus les investisseurs étrangers. "Très souvent, beaucoup de personnes viennent pour investir, on ne sait pas qui est sérieux qui ne l'est pas. Mais si vous faites votre travail, je serai moins envahi, moins fatigué parce qu’aujourd’hui je suis envahi de propositions venant de tout côté" indique Alpha Condé.
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FCFA, UN VESTIGE COLONIAL
Ce ne serait pas forcément l'or de la France qui est en train d'être dé-sanctuarisé mais celui des pays ayant déposé leur or à Paris ! Il est à soupçonner que l'abandon à venir du Franc CFA est en train, déjà, d'être mis en place
Aux vues des éléments connus aujourd'hui il est à soupçonner que l'abandon à venir du Franc CFA est en train, déjà, d'être mis en place, préparatifs et simulations. Lorsqu'un pays africain, ex-Franc CFA, aura une balance commerciale ou celle des paiements qui sera trop déficitaire vis-à-vis d'un autre Etat, des contrats papiers appelés SWAP céderont des quantités d'or au profit de l'Etat bien trop créancier. L'inverse, on l'imagine, sera possible - un Etat trop créancier sera en droit de demander remboursement de la dette mais en "or papier" (= contrat de SWAP). Physiquement les stocks d'or demeureront à Paris, mais juridiquement ses détenteurs respectifs verront varier leur droit à détention en fonction de l'état de cette comptabilité à un instant "t".
SALE TEMPS POUR COTONOU
Des élections législatives sans opposition, des réseaux sociaux et Internet limités, une forte abstention : au pays de Patrice Talon, les voyants rouges s'allument sur plusieurs fronts
Quand on cherche à prendre le pouls de Cotonou en ce jour d'élections législatives, c'est sur une déferlante d'actualité négative loin d'annoncer des lendemains tranquilles pour la population et pour les quelque 5 millions d'électeurs appelés aux urnes que l'on tombe. Les semaines précédentes déjà, le ton était donné puisque étaient annoncés la tenue et le maintien d'un premier scrutin qu'on peut juger d'historique dans la mesure où l'opposition n'a pas été autorisée à se présenter. Le jour même, l'accès à Internet et aux réseaux sociaux a fait des va-et-vient avant d'être totalement coupé. Et enfin pour clore la journée électorale, une abstention massive est confirmée par les médias locaux. L'opposition, privée de candidats à la suite d'une révision de la loi électorale, avait appelé ses partisans à ne pas aller voter, en signe de protestation.
Des élections coupées du monde
François Patuel, chercheur d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Ouest, a déclaré : « La décision de fermer l'accès à Internet et aux médias sociaux le jour des élections est une violation flagrante du droit à la liberté d'expression. »
Avant d'arriver à de telles conclusions, le chercheur a scruté les signalements des usagers. Plusieurs internautes ont témoigné de l'absence des réseaux dans la nuit de samedi à dimanche, puis tôt dans la matinée. Comme cette activiste Mylène Flicka, fondatrice du média IrawoTalents, qui interroge « en coupant Internet et les réseaux sociaux, le président Talon vient de créer un dangereux précédent qui pourra être utilisé les prochaines fois. Cette fois, ce sont les élections législatives, qu'est-ce qui adviendra pour la présidentielle ? » Les recherches de l'organisation de surveillance numérique NetBlocks montrent que Spacetel le principal fournisseur Internet du pays a tout simplement coupé les accès. Les réseaux privés virtuels, notamment Tunnelbear, Hola et PureVPN, généralement utilisés pour contourner la censure en ligne, étaient également inaccessibles dans le pays.
Dans tous les cas, des chiffres circulent déjà sur les pertes économiques de cette seule journée sans Internet. Netblocks un observatoire international de l'Internet qui fournit des outils de gestion pour mesurer l'impact des coupures a estimé la note de l'ancien Dahomey à 1 548 043 dollars.
Une forte abstention et...
Les Béninois, mécontentent de la situation dans leur grande majorité, ne sont pas descendus dans les rues pour manifester, mais ont signifié leur désaccord en boudant les urnes en masse. Les rues étaient quasiment vides à travers le pays et notamment à Cotonou, la capitale économique, où les commerces et marchés sont restés fermés toute la journée par crainte d'échauffourées. Dans les bureaux de vote, les électeurs ont défilé « au compte-gouttes », expliquait à la mi-journée Kpleli Glele Marius, président d'un bureau de vote de Seme-Podji, région de l'opposant en exil Sébastien Ajavon cité par l'Agence France Presse.
Et l'agence française de rapporter que « dans la dizaine de bureaux de vote visités par à Seme-Podji, aucun n'a dépassé les 35 votants sur plus de 400 inscrits ». Les représentants de la Commission électorale (Cena) ainsi que les observateurs des partis étaient atterrés et fatigués par des heures d'attente. « On n'a jamais vu ça », confiait l'un d'eux au moment du dépouillement. « La population n'est pas sortie. »
L'Agence Bénin Presse fait état de retards dans le démarrage des opérations de vote, comme à Lokossa, « les opérations de vote pour les élections législatives d'avril 2018 ont effectivement démarré ce dimanche sans incident majeur à Lokossa, dans la 18e circonscription électorale, mais avec quelques minutes de retard dans certains postes de vote, où tout le dispositif n'est pas encore mis en place pour permettre aux citoyens d'accomplir leur devoir civique », a constaté l'ABP.
L'AFP constate une faible affluence du fait aussi de l'absence des partisans du président Talon dans les bureaux de vote. « Je ne suis pas un opposant farouche. À vrai dire, je supporte le président Talon », explique à l'AFP Wilfrid Pokini. « Mais je ne soutiens pas cette élection. Une élection sans opposition, c'est quoi ça ? » s'interroge ce commerçant de Porto Novo. « Ça va trop loin. »
... plusieurs incidents
Pour ce qui est des violences, sur le site d'information en ligne Bénin Web TV, on apprend que des incidents ont eu lieu dans la région du Septentrion. « Malgré les mises en garde de la police républicaine et les sensibilisations sur les sanctions prévues par le Code électoral en cas d'infraction à la loi, certains électeurs continuent de manifester leur colère. C'est par exemple le cas des populations de l'arrondissement de Tourou où les populations se sont soulevées pour manifester leur mécontentement. Des bulletins de vote déchirés, des équipements électoraux arrachés des mains de certains agents électoraux sont quelques-uns des actes notés dans cet arrondissement », relate le média.
Le Parlement a approuvé fin 2018 la mise en place d'un nouveau Code électoral pour simplifier le paysage politique et empêcher la prolifération des partis (plus de 250 dans un pays de 12 millions d'habitants). Toutefois, même les principaux mouvements de l'opposition ne sont pas parvenus à remplir les conditions imposées par la Cena et n'ont pu présenter leur liste pour l'élection des 83 députés. Cinq millions de Béninois étaient inscrits sur les listes électorales et ont eu jusqu'à 16 heures (15 heures GMT) pour choisir entre le Bloc républicain et l'Union progressiste, deux mouvements proches du président Patrice Talon.
Beaucoup accusent le président Patrice Talon, élu en avril 2016, d'être à l'origine de cette situation. « Il se prend pour plus grand que Dieu lui-même », pestait chef Ekpé, à la sortie d'un bureau de vote de Sene-Podji. La société civile béninoise ainsi que des représentants internationaux n'ont pas souhaité déployer d'observateurs en signe de mécontentement. Il y a pratiquement trente ans, le Bénin mettait fin au régime marxiste-léniniste du général Mathieu Kérékou et ouvrait la voie des conférences nationales qui firent de la démocratie la pierre angulaire de la vie publique.
LE BÉNIN MÉCONNU PAR LES ÉTATS-UNIS
L’impossibilité pour les partis d’opposition de participer aux élections du 28 avril a mené à des élections ni entièrement compétitives, ni inclusives, et qui ne reflètent pas le Bénin que nous connaissons - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de l'ambassade des États-Unis au Bénin, daté du 29 avril 2019, relatif aux élections législatives tenues dimanche dernier dans le pays.
"L’impossibilité pour les partis d’opposition de participer aux élections législatives du 28 avril a mené à des élections ni entièrement compétitives, ni inclusives, et qui ne reflètent pas le Bénin que nous connaissons.
Nous regrettons le blocage des réseaux sociaux et de l’Internet le jour des élections, ce qui a créé un environnement contraire aux performances de longue date du Bénin en matière de liberté de parole et d’expression.
Nous sommes préoccupés concernant les rapports faisant état de violences durant le jour des élections. Nous appelons toutes les parties à résoudre leurs différends de manière pacifique et à trouver les moyens d’aplanir leurs points de désaccord."
MULTIPLE PHOTOS
LETTRE B DU LEXIQUE DES SÉNÉGALAISERIES
Plus de 80 néologismes pour comprendre 2019 - Bachirdiagner : se contraindre à un exil pour éviter de se crétiniser - Brunodiatter : réussir une carrière irréprochable - Boubandourer : faire un dépit amoureux, être inconsolable après un divorce
babacarngomer : courir les médailles, glaner les récompenses et poser à côté des célébrités pour poster les photos sur les réseaux sociaux. Etymologie : provenant de Babacar Ngom, self-made-man sénégalais parti de trois sous et un poulailler en banlieue pour se hisser à la tête de l’une des plus florissantes industries de l’agroalimentaire de son pays. Depuis, satisfait, il pose…
Ex : n’importe quel journaliste babacarngomerait pour décrocher un Pulitzer.
Substantif : babacarngomanie. Maladie du selfie.
bachirdiagner : se contraindre à un exil pour éviter de se crétiniser. Etymologie : de Souleymane Bachir Diagne, super crack devenu benoitement philosophe, distingué parmi les cent penseurs de son époque par une revue internationale. Enseigne gentiment à Columbia University.
Ex : si mes potes continuent de débiter des âneries, je bachirdiagnise définitivement.
Substantif : bachirdiagniste. Réfugié intellectuel.
bandidater : concourir en éliminant ses rivaux par des moyens parfois peu orthodoxes, en faisant montre d’une absence totale de scrupules. Etymologie : contraction de bandit (« malfaiteur vivant hors-la-loi, homme sans scrupule », selon le Robert) et de candidat (« personne qui postule une place, un titre » toujours selon le Robert).
Ex : Devenu fou amoureux, il bandidatera tous ceux qui tournent autour de sa dulcinée.
Substantif : bandidat. Soupirant prêt à tous les extrêmes, jusqu’au crime passionnel.
baol-baoliser : installer l’anarchie, cultiver le désordre, transformer un espace public en dépotoir. Etymologie : vient de Baol ancien royaume traditionnel, coincé entre le Cayor et le Sine-Saloum, dont les originaires se sont distingués dans les activités informelles des grandes villes ces quatre dernières décennies.
Ex : Depuis qu’il est polygame, il semble perdu, tant sa vie s’est baol-baolisée…
Substantif : baol-baolisation. Désordre, situation anarchique.
béthioter : plaider pour une polygamie effrénée et l’abandon des cubes d’assaisonnement dans la gastronomie, surtout quand ils mettent en péril la sacro-sainte virilité masculine et font douter de l’amour que les épouses sujettes à caution portent à leur seigneur et maître. Etymologie : vient du nom de Cheikh Béthio Thioune, ancien administrateur civil devenu à la retraite un guide religieux populaire et, surtout, polygame heureux et prospère.
Ex : Si l’on ne béthiote pas sérieusement, c’est un vieillissement de la population irréversible qui nous attend dans une génération.
Substantif : béthioterie. Plaidoyer vigoureux pour un boom des naissances.
beuré-consigner : montrer de la prudence, reculer pour mieux attaquer. Etymologie : composé de beuré (la lutte) et consigne, la recommandation. Expression favorite de l’académie de Boune, banlieue dakaroise, dont le porte-parole, Mame Balla Mbow, use avec sagesse. A l’instar des lutteurs de l’écurie de Fass qui, depuis Tapha Guèye leur deuxième « Tigre », ont comme style le repli stratégique quand les coups pleuvent, ou lorsqu’il faut se dégager d’une prise mortelle. Le temps de rattacher les gris-gris, s’asperger d’eau bénite et écouter les directives du coach pour retrouver son courage…
Ex : un homme marié avisé, quand une fille le drague, par sagesse, beuréconsignera… On ne sait jamais si ce n’est pas un piège tendu par les épouses !
Substantif : beuré-consigne. Repli stratégique.
beureunguiser : se tromper d’adresse. Etymologie : de « Beureung Barigot », tube d’Ouzin Keïta. Cet artiste chanteur fantasque a réalisé l’exploit, à Tattaguine, en pleine campagne pour la présidentielle, de confondre un meeting du camp présidentiel avec celui d’un candidat de l’opposition, Issa Sall du PUR, dans son village natal. Ouzin Keïta échappera de justesse au lynchage. Les gens ont pardonné l’impair quand ils se sont rendu compte qu’il était sorti sans son tuteur.
Ex : avec un GPS, il y a moins de risque d’être beureunguisé en pleine civilisation.
Substantif : beureunguisade. Etourderie.
bombardiser : faire tomber de son piédestal. Etymologie : de Serigne Ousmane Dia « Bombardier », qui prend un malin plaisir à faire chuter les « Rois de l’arène » alors qu’ils sont au sommet de leur popularité. D’abord Mohamed Ndao « Tyson » puis Omar Sakho « Balla Gaye 2 ».
Ex : C’est en 2000 que le Père Wade bombardisa Abdou Diouf. Il veut remettre ça avec Macky Sall, par procuration, en 2019…
Substantif : bombardisage. Coup d’Etat.
boubandourer : faire un dépit amoureux, être inconsolable après un divorce. Etymologie : de Bouba Ndour, frère de Youssou Ndour et ancien mari de Viviane Chidid, star sénégalaise de la chanson. Accessoirement, entre autres, directeur des programmes de la TFM, chroniqueur à la télé, divorcé multirécidiviste.
Ex : Ça fait quand même dix ans que tu as divorcé… Tu as l’intention de boubandourer encore longtemps ?
Substantif : Boubandourade. Caca nerveux.
bouganer : épouser sa collaboratrice. De Bougane Guèye, journaliste devenu homme d’affaires, puis politicien. Il s’est surtout distingué par ses épousailles controversées avec une de ses anciennes employées. Mariage qui fut le point …d’orgasme de sa campagne pour la candidature à la présidentielle, impliquant un réaménagement de l’organigramme de son holding.
Ex : il y a des chefs d’entreprises qui bouganeraient volontiers s’ils n’avaient pas peur de leur femme.
Substantif : bouganerie. Abus de position dominante.
brunodiatter : réussir une carrière irréprochable. Etymologie : de Bruno Diatta, inamovible chef du protocole de la présidence de la République du Sénégal, quarante années durant lesquelles ses différents patrons n’ont rien eu à lui reprocher.
Ex : quand on a vraiment de l’ambition, on brunodiatte jusqu’au sommet.
Substantif : brunodiatture. Carrière sans anicroche.
LA POLICE FAIT EXPLOSER UNE VALISE SUSPECTE À DAKAR
La découverte de cette "valise bleue" a provoqué la panique - Mais selon le Préfet de Dakar, il s’agissait d’une "fausse alerte
La police est intervenue pour faire exploser une valise suspecte découverte, lundi matin, près de la mairie de Dakar, rapporte la Radio Futurs médias (RFM).
La découverte de cette "valise bleue" a provoqué la panique, selon la radio, soulignant que la police est intervenue au bout d’une heure pour faire sauter le colis suspect.
Selon le Préfet de Dakar, il s’agissait d’une "fausse alerte.
par Seydou KA
LE POUVOIR DE NOMMER L’AFRIQUE
Faudrait-il rappeler que l’Afrique n’est pas un pays, mais un continent ! Une confusion que les médias occidentaux, peu soucieux d’exactitudes dès lors qu’il s’agit du « continent noir » et des malheurs qui lui sont naturels, se plaisent d’entretenir
De quoi l’Afrique est-elle le nom ? L’appellation fut d’abord forgée à l’extérieur et appliquée au continent par un pouvoir de nommer qui ne lui appartenait pas, mais que s’étaient donné les Romains
De quoi l’Afrique est-elle le nom ? L’appellation fut d’abord forgée à l’extérieur et appliquée au continent par un pouvoir de nommer qui ne lui appartenait pas, mais que s’étaient donné les Romains. Ce sont eux qui ont dit « Africa », avant que l’Europe n’élargisse la dénotation du mot à l’ensemble du continent. De ce point de vue, comme l’a dit Valentin Mudimbe, l’Afrique est une « invention » coloniale. Du reste, la même remarque peut s’appliquer aux autres continents comme l’Europe, l’Asie, l’Océanie ou les Amériques, qui sont également des créations datées historiquement et qui n’ont vu le jour qu’à la suite de la disparition de la vieille conception des « quatre parties du monde ». Toutefois, l’origine du nom Afrique est interne au continent. Les historiens s’accordent sur le fait que le mot « Afer » (approximativement), qui désignait une tribu ou un territoire ou une divinité (ou les trois), est devenu le nom, « Africa », de toute une province centrée sur Carthage. Cette province et le nom ont fini par inclure les terres au sud de la Méditerranée et à l’ouest de l’Égypte que les Arabes baptisèrent « Ifriqiyya ». L’usage a été ensuite d’appliquer « Afrique » à la totalité du continent lorsque les circumnavigations européennes en révélèrent de mieux en mieux la forme et les contours.
L’écrivaine camerounaise Léonora Miano relève, à juste titre, l’ironie à voir des habitants du Maghreb parler de « l’Afrique » comme si eux-mêmes vivaient sur un autre continent. Faudrait-il aussi rappeler que l’Afrique n’est pas un pays, mais un continent ! Une confusion que les médias occidentaux, peu soucieux d’exactitudes dès lors qu’il s’agit du « continent noir » et des malheurs qui lui sont naturels, se plaisent d’entretenir. Comme ce fut le cas avec la récente épidémie d’Ebola « en Afrique », alors que seuls quelques pays étaient concernés… De ce qui suit, on peut tirer un constat : hier comme aujourd’hui, c’est l’Autre qui a le pouvoir de nommer les réalités du continent. Le discours sur l’Afrique n’est pas celui des Africains. L’Europe (puis l’Occident) s’est toujours donné le droit et le pouvoir de qualifier l’Afrique, sans prendre en compte le point de vue des Africains. Ce sont eux qui décident quels pays africains sont pauvres, sous-développés, en voie de développement, démocratiques ou émergents. Ce sont eux qui décident du niveau de risque de tel ou tel pays africain et par conséquent s’il mérite qu’on lui accorde des financements à des taux préférentiels ou non.
Enfin, ce sont eux qui décident, au gré des circonstances, si l’Afrique est un continent « sans espoir » ou celui « de l’avenir ». « L’Afrique n’existe pas en soi, elle est un réceptacle qui a été l’objet de projections et d’investissements divers au gré de tous les énoncés qui se sont emparés d’elle en fonction d’intérêts contradictoires, variant selon les époques et les situations politiques », explique l’anthropologue français Jean-Loup Amselle. Difficile de lui donner tort sur ce point. D’abord scindée entre une Afrique du Nord « blanche » et une Afrique subsaharienne « noire » par les conquérants coloniaux (qui seront plus tard suivis par les ethnologues et les anthropologues), elle a été en outre divisée en plusieurs centaines de langues correspondant à autant d’ethnies. Aujourd’hui encore, le discours colonial (sous la plume d’anthropologues « occidentaux », mais aussi d’auteurs africains) continue de brandir cette diversité culturelle ou linguistique pour justifier l’œuvre « salvatrice » de la colonisation ou les bienfaits de la Francophonie qui, par le biais de la langue française, aurait le mérite de « sauver » l’unité culturelle de certains pays, en permettant à ses populations de pouvoir communiquer entre elles. Le même discours extérieur nous dit aussi que l’Afrique est en retard, qu’elle doit suivre le chemin linéaire, le même que l’Europe, pour rattraper son retard. Comme si le développement était une « course olympique » (Joseph Ki-Zerbo) ! Or, nous dit Felwine Sarr, l’Afrique n’a personne à rattraper, elle ne doit plus courir sur les sentiers qu’on lui indique, mais marcher prestement sur le chemin qu’elle se sera choisi et que sa seule urgence est d’être à la hauteur de ses potentialités. Cependant, une telle démarche ne peut s’entreprendre sans une « ré-articulation » du rapport à soi-même, perturbé par des siècles d’aliénation. Autrement dit, pour achever sa décolonisation, l’Afrique ne peut pas faire l’économie d’une « rencontre féconde avec elle-même ». A commencer par élaborer son propre discours sur elle-même.
par Madiambal Diagne
POUR QU'ENFIN LE PASSEPORT FASSE LE DIPLOMATE
En 2012, le président avait relevé que plus de 30 mille passeports diplomatiques étaient en circulation - Il est aberrant que sept ans plus tard, le même Macky revienne pour décrier la gabegie et le laxisme dans la distribution de ces documents
A l’orée de son second mandat, le Président Macky Sall a pris une décision qui a été unanimement saluée par toutes les personnes sensibles à la gestion vertueuse des affaires publiques. C’est celle de vouloir mettre de l’ordre dans la pagaille de la distribution de passeports diplomatiques sénégalais. Ce titre de voyage officiel avait fini par perdre toute sa crédibilité, au point que des ayants droit arrivaient à ne plus vouloir s’en servir pour éviter des tracasseries ou même des remarques désobligeantes au niveau des frontières étrangères. En effet, n’importe quel quidam pouvait se faire délivrer un passeport diplomatique. Les trafics étaient connus de tous. D’aucuns payaient des espèces sonnantes et trébuchantes à des personnes intervenant dans le circuit pour disposer de ce document de voyage qui leur permettrait, entre autre avantages, de franchir les frontières de l’espace Schengen sans un visa d’entrée. D’autres arrivaient à l’obtenir par toutes sortes de clientélisme. Les médias sénégalais ont souvent eu à alerter sur de telles dérives. Les chancelleries de l’Union européenne par exemple ont eu beau protester auprès des autorités sénégalaises que les assurances données ça et là ne pouvaient rien garantir quant à l’effectivité des mesures de rationalisation de la délivrance. D’ailleurs, la question du sort à réserver aux détenteurs de passeports diplomatiques sénégalais a eu à occuper les discussions au sein de l’Union européenne. De nombreux pays avaient préconisé d’exiger désormais le visa d’entrée dans l’espace Schengen aux personnes détentrices du passeport diplomatique sénégalais. Seule l’Espagne avait eu à opposer un veto à une telle mesure qui pouvait être humiliante pour le Sénégal.
Une pagaille bien sénégalaise
Des situations ubuesques avaient été observées dans les aéroports étrangers. Il a été donné de voir des membres importants du gouvernement sénégalais soumis à des questionnaires ou des auditions humiliantes par des agents de la Police des frontières, à leur entrée dans des pays européens. Ces personnes étaient considérées comme de vulgaires candidats à l’émigration clandestine qui auraient pu se faire délivrer irrégulièrement leur document de voyage. A l’occasion de la dernière Coupe du monde de football organisée en Russie en 2018, il nous a été donné de constater que la grande majorité des supporters sénégalais, des féticheurs et autres accompagnateurs, étaient détenteurs d’un passeport diplomatique sénégalais. Ce titre de voyage leur a bien facilité leur entrée et déplacements en Russie. Cette campagne de Russie avait fini par renseigner sur le degré de laxisme révoltant dans la gestion des passeports diplomatiques sénégalais. On en a ri dans l’avion affrété pour le déplacement des supporters et de la délégation sénégalaise. Il est sans doute impossible de trouver une plus forte concentration de passagers avec des passeports diplomatiques dans un vol commercial qu’à cette occasion.
Il reste que la pagaille dans la gestion des passeports diplomatiques au Sénégal remonte déjà du temps du Président Abdou Diouf. Des lots de passeports diplomatiques étaient distribués à des familles religieuses afin de s’assurer une clientèle politique. Des passeports étaient également vendus à l’aide de rabatteurs. A son arrivée au pouvoir en 2000, le Président Abdoulaye Wade avait déclaré vouloir y mettre de l’ordre. Il fera confectionner de nouveaux passeports. Très rapidement, les démons du passé l’ont rattrapé et son régime s’illustrera comme celui qui aura le plus distribué illégalement des passeports diplomatiques. En 2012, le Président Macky Sall avait tiré la sonnette d’alarme en relevant que plus de 30 mille passeports diplomatiques sénégalais étaient en circulation. Le nombre était on ne peut plus effarant. Il fera éditer de nouveaux passeports diplomatiques pour remplacer ceux qui n’avaient plus aucune crédibilité. Il est aberrant que 7 années plus tard, le même Président Sall revienne pour décrier la gabegie et le laxisme dans la distribution des passeports diplomatiques sénégalais.
En 2012, nous avions applaudi comme aujourd’hui
La mesure préconisée par le Président Sall pour une gestion vertueuse des affaires de l’Etat avait été saluée et la question de la gestion des passeports diplomatiques avait été présentée comme une mesure phare. On constatera que des lots de passeports avaient continué à être distribués à des personnes qui n’y avaient point droit et que des trafics illicites de vente de passeports avaient été observés. Comme qui dirait, le Président Macky Sall avait fait un pas en avant et deux en arrière. Il faut dire que si les mauvaises pratiques avaient pu continuer, c’est simplement parce que jamais personne n’avait été sanctionné pour une gestion irrégulière des passeports diplomatiques sénégalais. Le mal avait été bien diagnostiqué, mais malheureusement le remède efficace ne lui a pas été appliqué. Le gouvernement sénégalais peut-il dire exactement le nombre de passeports diplomatiques en circulation ? Il semble nécessaire d’ouvrir une enquête exhaustive et transparente sur cette question afin de situer les responsabilités et trouver une solution définitive aux dérives et autres abus. Le trafic sur les passeports diplomatiques cachent de nombreux autres trafics les plus illicites et scandaleux. Combien de fois des personnes ont été interpellées à l’étranger pour des activités illicites et trouvées en possession du passeport diplomatique sénégalais ? Aussi, Il nous semble inacceptable que la presse puisse à nouveau révéler une confection frénétique de passeports diplomatiques, distribués à la veille du scrutin du 24 février 2019 ou avant même que le ministre Sidiki Kaba ne passât le service à son successeur, Amadou Ba, au ministère des Affaires
étrangères, de l’intégration africaine, des Sénégalais de l’extérieur et de la Francophonie. C’est comme qui dirait que les autorités sénégalaises seraient incapables de se fixer résolument et définitivement sur un objectif d’assainissement de la gestion publique. Dans d’autres secteurs, le même constat est fait. Qui ne se souvient pas des grandes annonces faites au sujet des opérations de «désencombrement humain» ou «d’occupation anarchique de la voie publique» ? Les régimes des Présidents Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall s’y étaient essayés pour, au bout du compte, baisser les bras. Il en est de même des mesures préconisées pour juguler les actes d’indiscipline sur la voie publique ou dans la circulation routière. Quid de la décision de débarrasser les rues des villes du Sénégal des jeunes talibés et autres mendiants ? A chaque fois, des mesures hardies sont annoncées à grands renforts médiatiques, mais jamais le travail n’est mené à terme. On nous annonce de nouveaux passeports diplomatiques et il semble qu’ils seront de couleur rouge-vif, attendons de voir qui va en disposer et comment.
Les passeports, l’arbre qui cache la forêt
Le Sénégal fait partie des pays qui comptent les plus gros effectifs de fonctionnaires dans leurs ambassades et autres consulats à l’étranger. La pléthore de personnels est telle que de nombreux agents arrivent à ne même pas trouver un espace de travail dans les locaux diplomatiques et consulaires. A l’ambassade du Sénégal à Paris par exemple, il peut arriver de trouver quatre conseillers entassés dans un bureau de moins de 16 mètres carrés. Aussi, des agents diplomatiques et consulaires sont affectés dans des postes où ils ne disposent pas d’activités ou de tâches à remplir. Comme ces exemples révélés par le journal Le Témoin du 26 au 28 avril 2019, avec un jardinier affecté dans une ambassade où ne se trouverait même pas un pot de plantes à entretenir. Notre confrère écrit : «Il n’est pas rare de trouver dans nos chancelleries à l’étranger des chauffeurs sans voiture, des jardiniers sans jardin, des secrétaires sans bureau et des conseillers islamiques dans des pays catholiques.» Croyez-le, ce n’est pas de la caricature ! C’est une réalité pour triste et aberrante qu’elle puisse être. Tous ces personnels inutiles consacrent leur temps à chercher à travailler dans le noir dans certains pays. Ces personnes ont pour la plupart pu trouver ces confortables planques grâce à un «piston» pour un clientélisme politique ou pour des relations familiales. Elles sont aussi nombreuses, pour les rares qui arrivent à trouver de quoi s’occuper, à ne pas avoir les qualifications et autres compétences pour remplir convenablement leurs missions. Aucune autorité sénégalaise ne pourra prétendre ignorer une telle situation dans nos représentations à l’étranger. Il s’y ajoute que ces personnels, non méritants ou non indispensables, se livrent à des comportements les plus répréhensibles et qui ternissement l’image de la diplomatie sénégalaise. Le Sénégal avait été dans ses petits souliers en passant comme le troisième pays dont les agents de la représentation diplomatique auprès des Nations unies ont commis le plus d’infractions sur la voie publique et dans la circulation routière dans la ville de New York. Pourtant, cette représentation diplomatique ne dispose pas de plus de trois véhicules. Tout le monde se plaint de ce personnel diplomatique. Les autorités des pays d’accueil, tout comme les citoyens sénégalais, ne trouvent pas de réponses à leurs préoccupations auprès des représentations de leur pays. Il convient donc de procéder à un audit rigoureux des personnels dans les missions diplomatiques et consulaires du Sénégal à l’étranger. Les personnels non nécessaires devront être rapatriés sans aucune autre forme de procès ou que leurs contrats soient résiliés. En effet, il y a eu aussi de gros abus dans les recrutements de personnels locaux dans de nombreuses ambassades.
La rationalisation des effectifs devrait permettre de réaliser des économies substantielles dans les budgets de fonctionnement. Ces économies pourraient être réaffectées à améliorer le sort des personnels diplomatiques et consulaires essentiels. Les agents diplomatiques et consulaires du Sénégal n’ont de cesse de se plaindre de leurs rémunérations. Le Sénégal ferait partie des pays notamment africains qui entretiendraient le moins convenablement leurs personnels diplomatiques à l’étranger. Une pareille situation pourrait avoir des conséquences néfastes, non seulement sur la qualité de la représentation diplomatique du Sénégal, mais aussi pousserait ces personnes à des pratiques peu orthodoxes. Le Président Macky Sall semblait être conscient de cet enjeu et avait par exemple décidé d’allouer une indemnité spéciale de 500 mille francs par mois aux conjoints/es des ambassadeurs du Sénégal à l’étranger. De même, les traitements des ambassadeurs dans les pays voisins du Sénégal avaient été considérablement revus à la hausse. Le chef de l’Etat avait pu observer que nombreuses personnalités rechignaient à accepter des postes diplomatiques à cause des traitements qui ne seraient pas très motivants.
C’est aussi l’occasion de faire le point sur les patrimoines immobiliers et fonciers du Sénégal à l’étranger. Les propriétés du Sénégal à l’étranger devraient être mieux connues et les conditions dans lesquelles de nombreux baux ont pu être passés puissent être vérifiées pour plus de transparence. Tout comme conviendrait-il de redéfinir la carte diplomatique du Sénégal. En effet, il existe des représentations diplomatiques et consulaires dont on peut douter véritablement de la pertinence de leur érection. Macky Sall avait évoqué la perspective de réduire les représentations diplomatiques du Sénégal à l’étranger pour plus d’efficience et d’efficacité.
ABDOULAYE MAKHTAR DIOP MET LES POUVOIRS DE TANOR SUR LA TABLE
L’annonce de la suppression du poste de Premier ministre par Macky Sall a rappelé aux bons souvenirs de Senghor et de Diouf qui l’avaient essayé.
Abdoulaye Makhtar Diop justifie le projet de suppression du poste de Premier ministre. L’ancien ministre ouvre les «archives» de l’ère Diouf et le pouvoir de Tanor, alors ministre d’Etat, ministre des Services et affaires présidentiels, plus fort que le Pm de l’époque.
L’annonce de la suppression du poste de Premier ministre par Macky Sall a rappelé aux bons souvenirs de Senghor et de Diouf qui l’avaient essayé. Et la nomination d’un ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République avaient fait penser aux cas Jean Collin et Ousmane Tanor Dieng.
Abdoulaye Makhtar Diop va plus loin et défend le projet de réforme qui passe à l’Assemblée le 4 mai prochain. Invité de l’émission Jury du dimanche d’IRadio hier, l’ancien ministre dit : «L’histoire à bien montré que le Secrétaire général de la Présidence était appelé à assurer l’intérim du Pm.
En 1998, quand le président de la République, Abdou Diouf, a nommé Mamadou Lamine Loum Premier ministre, le décret pour son intérim disait qu’Ousmane Tanor Dieng, ministre d’Etat, ministre des Services et affaires présidentiels, assure l’intérim du Premier ministre.
Et, après 1993, qui a vu pour la première fois au Sénégal la création du poste de ministre d’Etat, ministre des Services et affaires présidentiels, (le même Tanor) avait tous les pouvoirs du président de la République par rapport au Pm. Et Abdou Diouf avait même ajouté une note : «Aucune lettre ne peut m’être adressée sans le visa du ministre d’Etat Ousmane Tanor. Et pourtant il y avait un Pm. Cela veut dire que le Président Macky Sall aurait bien pu garder le poste de Pm et complètement le vider.»
Le vice-président de l’Assemblée nationale, membre de Benno bokk yaakaar, rappelle d’ailleurs que le poste de Pm au Sénégal n’est pas une institution, mais un organe de l’Exécutif. «Le Premier ministre, au Sénégal, n’a pas de pouvoirs propres organisés par la Constitution.
Il n’est que délégataire de pouvoirs», précise-t-il. Et à ceux qui réclament la voie référendaire, Abdoulaye Makhtar Diop, qui souligne qu’il fait partie «des rares ministres à avoir vécu dans un gouvernement sans Pm pendant 4 ans et dans un gouvernement avec Pm», répond : «Le Sénat du Sénégal qui est une institution inscrite dans la Constitution a été supprimé sans référendum, rétabli sans référendum.
Est-ce qu’il est plus important de dissoudre un sénat sans référendum que de supprimer la Primature ? Donc, si le poste de Pm était une institution comme le gouvernement, j’aurais prôné un référendum.»
«A priori» pas d’accord pour le report des Locales
Abdoulaye Makhtar Diop, qui a réitéré hier son souhait de voir un lébou diriger la mairie de Dakar, a précisé qu’il ne sera pas candidat aux prochaines Locales. Et il souhaite, par ailleurs, «a priori», que les Locales ne soient pas reportées. «Si on le fait aussi, ça risque d’être la razzia parce que l’opposition risque d’être éreintée.
Mais mieux vaut le faire le 1er décembre si l’opposition le demande», a-t-il ajouté. Et sur l’élection du maire au suffrage universel direct proposée par certains comme Aliou Sall, il n’est pas contre, mais émet des réserves. «Ce n’est pas que je sois favorable ou pas. C’est très compliqué. Il faut régler plusieurs problèmes.
Est-ce que c’est le maire élu qui désigne ses adjoints ? Ou est-ce qu’on élit ses adjoints en même temps que lui ? Parce que si vous ne le faites pas, vous allez vers une instabilité. Si le maire pense qu’il est élu comme le président de la République, qu’il peut dégommer qui il veut, il y a un problème.
La deuxième chose, au Sénégal, sauf le cas de Wade, le président de la République n’a pas le pouvoir dissoudre ou de démissionner un maire. Donc, il faut y aller, mais il faut véritablement réfléchir à toutes les hypothèses et à partir d’un faisceau d’indices établir une loi qui nous permette de concilier l’élection du maire au suffrage universel, l’élection de ses adjoints et voir le pouvoir de dissolution, de démission ou de révocation des maires», argumente Abdoulaye Makhtar Diop.
«Un ancien Président doit avoir au moins entre 50 et 75 millions par mois»
Le traitement des anciens chefs d’Etat a été également un des sujets évoqués par Abdoulaye Makhtar Diop après que Me El Hadj Amadou Sall a révélé à l’émission Grand Jury de la Rfm, il y a quelques jours, qu’Abdoulaye Wade fait face à des difficultés financières.
«J’estime qu’un ancien Président du Sénégal doit avoir au moins un salaire mensuel entre 50 et 75 millions de F CFA. Les Présidents Wade et Diouf sont quand même détenteurs de secrets dans ce pays. Mais il y a aussi des anciens chefs d’Etatmajor des armées, des directeurs de renseignements généraux, dans le contexte que nous vivons, qui ont des renseignements extrêmement graves.
Alors, s’ils ne sont pas assez protégés, ils peuvent être corrompus par des chefs d’Etat étrangers», avertit-il. Le Grand Serigne de Dakar n’a pas aimé la sortie du nouveau porte-parole du Pds. «Me Sall m’excusera, mais je suis choqué de l’entendre dire que le Président Wade est fauché.
Même si c’est le cas, on ne doit pas le dire publiquement», a-t-il ajouté. Et de conclure : «Dans un pays où un entraîneur de football, des directeurs généraux, des Pca, touchent 15 millions par mois, qui ne prennent aucun risque pour le pays, alors qu’un ancien Président détenteur de secret, qui s’est sacrifié, ne peut pas avoir 50 millions au moment où le chef de l’Etat a une caisse où il y a 4 ou 5 milliards, 10 ou 15 milliards, ce n’est pas normal.»