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3 mai 2025
Développement
SALIF SADIO RATE SON RENDEZ-VOUS
Non seulement il ne s'est pas présenté samedi, préférant se faire représenter par six émissaires, mais pire, son discours qu’on attendait de conciliation, fut plutôt une diatribe contre tous ses potentiels interlocuteurs
C’était la rencontre à ne pas manquer pour tous ceux qui s’intéressent à la paix en Casamance. Depuis des jours, la presse en faisait écho, tant la parole de l’un des principaux chefs du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance était attendue.
En effet, ce rendez-vous du samedi 28 avril 2019 à Koundiounghor, près de la frontière Gambienne, qu’il avait lui-même fixé pour s’adresser à l’opinion, était l’occasion pour lui, de rejoindre la dynamique unitaire des différentes ailes militaires du Mfdc, mise en branle pour faciliter les négociations avec le gouvernement.
Un rendez-vous doublement manqué
Non seulement Salif Sadio n’est pas venu, préférant se faire représenter par 6 émissaires, mais pire, son discours qu’on attendait de conciliation, fut plutôt une diatribe contre tous ses potentiels interlocuteurs.
A commencer par le Groupe de réflexion dirigé par Robert Sagna :
« Le groupe de réflexion dirigé par Robert Sagna est loin d’être légitime. Ils disent réfléchir pour la paix en Casamance, alors que son leader a fait trop de tort aux Casamançais, trop de mal à la Casamance. Pourquoi ce groupe n’a pas réfléchi sur le massacre de Casamançais, sur le bateau le Joola ? On ne négocie pas avec ses gens. »
Toutes les autres associations ou ONG, subiront le même traitement de la part de Salif Sadio.
Ainsi » l’ONG Oussoforal et tant d’autres groupuscules sont créés par l’état du Sénégal pour diaboliser le Mfdc. »
L’homme campe donc sur sa position et conforte plus que jamais sa réputation d’obstacle au retour définitif de la paix en Casamance.
MULTIPLE PHOTOS
LETTRE A DU LEXIQUE DES SÉNÉGALAISERIES
Plus de 80 néologismes pour comprendre 2019 - Abdoudioufer : endormir la méfiance, courber l’échine une décennie durant avant de faire preuve d’ingratitude vis-à-vis de votre prédécesseur - Alioucisser : faire des mécontents quels que soient vos mérites
Plus de 80 néologismes pour comprendre 2019
et scruter au-delà de la présidentielle…
A
abdoudioufer : endormir la méfiance, courber l’échine et avaler des couleuvres une décennie durant avant de faire preuve d’ingratitude vis-à-vis de votre prédécesseur et mentor. Etymologie : d’Abdou Diouf, ancien président de la République, qui devait son accession au pouvoir par un passage de témoin pépère voulu par Léopold Sédar Senghor. Il s’évertuera à « dé-senghoriser » une décennie durant, expliquant la crise qui frappa le Sénégal par les décisions fantaisistes prises par le président-poète. Il les exécutait pourtant scrupuleusement en sa qualité de Premier ministre tout le temps qu’il fut sous ses ordres.
Ex : Macky Sall a abdoudioufé le Père Wade.
Substantif : abdoudioufure. Acte d’ingratitude.
abdoulmbayer : changer d’avis radicalement et sans crier gare. Par exemple, se déclarer monogame avant de se transformer en polygame. Ou bien défendre un régime considéré comme le meilleur depuis les indépendances avant de le brocarder et en dénoncer les dérives. Etymologie : néologisme provenant du nom d’un ancien banquier, Abdoul Mbaye, qui atterrira en politique par le sommet, en devenant un fringuant Premier ministre. Il se transformera du jour au lendemain en opposant irascible mais besogneux du régime qu’il a contribué à installer, en même temps que la presse faisait ses choux gras de ses frasques conjugales.
Ex : je pensais qu’il était quelqu’un de bien mais finalement j’abdoulmbaye.
Substantif : abdoulmbayage. Changement d’avis radical et sans préavis.
alioucisser : faire des mécontents quels que soient vos mérites. Vous avez beau être capitaine des Lions et mener vos poulains jusqu’en quart de finale de coupe du monde, ça ne fait pas de vous un footballeur respecté des amoureux du ballon rond. Même comme entraîneur qui conduit une équipe en coupe du monde, ça ne fait pas de vous un coach de première catégorie. N’importe quel toubab vient jusque chez vous, avec moins de résultats, vous chiper le titre de meilleur entraîneur africain. Etymologie : du nom d’Aliou Cissé, footballeur professionnel devenu entraîneur. Il aura conduit comme entraîneur adjoint l’équipe olympique du Sénégal en quart de finale des jeux de Londres et l’équipe première à la coupe du monde en Russie.
Ex : j’ai beau apprendre mes leçons et faire mes devoirs, les profs m’alioucissent… C’est ma tête qui ne leur revient pas ?
Substantif : alioucissitude. Incapacité à faire reconnaître ses mérites.
aliousaller : être dans tout et n’importe quoi, cumuler les fonctions comme les épousailles, avec un appétit insatiable, sans discernement mais avec aplomb et bonne conscience. Etymologie : néologisme provenant du nom d’Aliou Sall, frère de Macky Sall, le président de la République du Sénégal pendant sept interminables années de 2012 à 2019, ancien journaliste devenu fonctionnaire dans les ambassades, puis homme d’affaires dans le négoce du pétrole et dans la banque avant de devenir maire d’une commune de banlieue, directeur général de la Caisse des Dépôts et des Consignations, président de l’Association des Maires du Sénégal… Au final, personne ne sait plus comment l’appeler : M. le Maire, Président, Monsieur le Directeur Général. Ses épouses sont vernies : elles, au moins, peuvent rester simples et l’appeler « mon gros bébé »…
Ex : les émigrés, en général, quand ils rentrent au pays, avant de trouver leurs marques, aliousallent beaucoup.
Substantif : aliousalleur. Touche-à-tout, homme aux cent métiers.
amysarfaler : vendre du vent, parler pour ne rien dire, « kébétu » en wolof académique. Etymologie : d’Amy Sarr Fall, voluptueuse éditrice d’Intelligence Magazine, championne du leadership féminin, du développement personnel, recordwoman toutes catégories des « like » sur Facebook. Plus populaire, tu meurs…
Ex : tu payes combien si je t’amysarfale du développement personnel pendant un semestre dans ton entreprise ?
Substantif : amysarfalitude. L’art et la manière de passer pour intelligent plus que de raison.
assanedioufer : insulter copieusement, sans ménager ses efforts, de jour comme de nuit, de préférence via les réseaux sociaux. Etymologie : néologisme provenant du nom d’un émigré sénégalais qui aura longtemps vécu aux Etats-Unis où il est arrivé sous l’identité de son frère. Assane Diouf est devenu célèbre pour son langage fleuri, son vocabulaire châtié principalement consacré à la tribu du président Macky Sall. Immigré en situation irrégulière, il sera finalement rapatrié par les services de l’administration américaine. Il finira par être traduit en justice et incarcéré au Sénégal. Condamné à une peine de prison mais surtout à suivre un traitement psychiatrique.
Ex : un chauffeur de taxi m’a grillé la priorité au carrefour. Je te l’ai tellement assanedioufé qu’il en était choqué… Tu veux un exemple ? TSTN !
Substantif : assanedioufade. Injure publique à forte charge pornographique.
Prochain épisode, la lettre B
"CES QUATRE PERDANTS À LA PRÉSIDENTIELLE N'ONT AUCUNE LÉGITIMITÉ"
Abdou Mbow, 3ème vice-président de l’Assemblée nationale, minimise la levée de boucliers de l'opposition contre le projet de réforme constitutionnelle du chef de l'Etat
La réponse du berger à la bergère. Abdou Mbow, le 3ème vice-président de l’Assemblée nationale, minimise la levée de boucliers notamment la sortie des quatre (4) candidats de l’opposition contre le projet de révision constitutionnelle portant suppression du poste de Premier ministre. D’abord, assène-t-il, interrogé par Les Echos, « ces quatre (4) perdants de la présidentielle de février dernier n’ont aucune légitimité à demander au président de la République une telle chose parce que ces candidats malheureux n’ont aucun respect pour le peuple sénégalais. N’oubliez pas qu’ils avaient dit qu’ils ne reconnaissent pas celui que les Sénégalais ont choisi comme président. » Ensuite, « pour avoir rejeté la main tendue du président après sa réélection, ces opposants, qui ne sont intéressés que par des questions électorales, n’ont pas non plus le droit de demander des concertations sur des prérogatives que la Constitution donne au président de la République » notamment « de présenter à l’Assemblée nationale un projet de révision constitutionnelle après en avoir informé le président de (l’hémicycle). Ce que le président (Macky Sall), en républicain et démocrate accompli, a fait. »
Enfin, réplique-t-il, en réponse aux mouvements de contestation et organisations politiques qui sonnent la mobilisation, « ces gens-là se trompent d’époque et de contexte. Parce que le 23 juin, c’est la Charte fondamentale qui était touchée dans ses fondamentaux. Ici, on parle de gouvernement, qui reste et les prérogatives de l’Assemblée nationale qui seront renforcées. Il ne se passera rien. »
Le projet de loi constitutionnelle portant révision de la Constitution sera examiné en procédure d’urgence le samedi 4 mai par les députés.
AU COEUR DES TENSIONS ENTRE LA MAURITANIE ET LE SÉNÉGAL
Kader Diop, journaliste à l'AFP au moment des faits, exhume le souvenir des événements troubles d'avril 1989
Le 9 avril 1989, dans la petite ville de Diawara dans le département de Bakel (rive gauche du fleuve Sénégal, à la frontière avec la Mauritanie), un énième accrochage oppose les bergers peuls mauritaniens et des paysans soninkés sénégalais. Cela aurait pu être classé dans le lot des incidents banals entre éleveurs et agriculteurs comme il s’en produit souvent dans la région. Mais, non. Il y a eu mort d’homme. Et tout dégénère. C’est le début, en cette fin de 20e siècle, d’un des plus grands conflits entre les deux pays voisins. 30 ans plus tard, les blessures refont surface et rappellent l’impérieuse nécessité de les refermer et de consolider la paix. Cinq personnalités originaires de Mauritanie et des régions Nord du Sénégal nous parlent de ces évènements. Comment les ont-elles vécus ? Comment la paix entre les deux pays doit-elle être consolidée? Journaliste à l’Agence France Presse (AFP) dont le bureau de Dakar couvrait aussi la Mauritanie, Kader Diop a suivi de très près ces évènements. Ce Walo-Walo originaire de Dagana est la première à rouvrir son cahier de souvenirs pour Kirinapost, qui tout le long du mois d’avril et de mai, va replonger au cœur de ces épisodes troubles et sombres des rapports entre les deux pays. Kader Diop nous raconte entre autres ici comment la presse sénégalaise avait relaté les faits à l’époque.
« C’est une mauvaise exploitation d’un évènement par une certaine presse de l’époque qui a créé un énorme conflit ». Le journaliste aujourd’hui à la retraite donne le ton. Pour lui, le conflit aurait pu être évité ou tout au moins circoncis dès le début. Malheureusement, cela ne fut pas le cas, parce qu’il intervenait à un moment où le régime sénégalais traversait une mauvaise passe avec la crise de Casamance et la contestation de l’opposition.
« Sopi, le journal le plus vendu à l’époque faisait aussi un peu l’opinion. Suite aux heurts entre éleveurs et agriculteurs à Diawara, ce journal avait titré : ++L’Armée mauritanienne tire sur des paysans: un mort 25 disparus++. Ce qu’il présentait comme armée mauritanienne était en réalité le garde forestier. De surcroit, tel que présenté, c’était comme si les 25 disparus étaient aussi morts, se souvient le journaliste avant d’ajouter qu’à la radio sénégalaise également, sitôt l’évènement de Diawara connu, un confrère, avait cru opportun de devoir convoquer la fierté nationale et exacerber le sentiment patriotique… « C’est ainsi, de but en blanc, que les Sénégalais se sont sentis blessés et ont réagi », se remémore-t-il.
Dès le 10 avril, les boutiques, des Mauritaniens de Bakel sont pillées. Le 13 avril, même scénario à Touba. Elles cesseront dans la ville sainte lorsque le khalife Général des Mourides, Serigne Abdoul Ahad, dira que tous les Mauritaniens de la cité étaient sous sa protection.
Le régime d’Abdou Diouf, déjà affaibli par une année blanche des étudiants, les grèves des syndicats et une opposition amenée par un Abdoulaye Wade au sommet de sa forme et faisant feu de tout bois, sent le besoin de réagir et de relever ce que le opposants considéraient comme un affront. C’est ainsi que le ministre de l’Intérieur se rendit à Diawara et déclara, bravache, que le Sénégal ne se laissera pas faire. Un des journalistes qui l’accompagnait crut bon d’en rajouter une couche « en exhibant des balles », qui n’étaient en fait que de la chevrotine.
Envoyé à Dakar pour apaiser les tensions, le ministre de l’intérieur mauritanien fit une déclarations tout en sourire minimisant ce qui s’était passé à Diawara. Cela sera très mal perçu par l’opinion sénégalaise très remontée contre les dirigeants du pays voisin. Cette période de surenchère fait éclater quelques manifestations. En Mauritanie des Sénégalais sont attaqués et Nouakchott semble vouloir profiter de ces soubresauts pour procéder à une véritable épuration et renvoyer les Sénégalais chez eux… des gens qui n’avaient jamais mis les pieds au Sénégal sont carrément déportés. À Dakar la tension est vive mais les manifs sont encore contenues et jusqu’ici pas de mort signalée contrairement du côté mauritanien.
La situation va dégénérer lorsque Abdou Diouf se rendit au Centre de Traumatologie (CTO), aujourd’hui Hôpital de Grand Yoff, afin de s’enquérir de l’état de santé des premiers rapatriés. L’information selon laquelle le Président aurait pleuré en voyant les blessés circule assez rapidement. Aussitôt, les abords de l’hôpital sont pris d’assaut par une foule en furie réclamant de voir les blessés, estropies et mutilés qu’on voudrait cacher, selon la rumeur. Devant le refus des forces de l’ordre, elle décida de se rendre à la foire où étaient soigneusement gardés des ressortissants mauritaniens. Là aussi, la foule fut repoussée par les policiers. S’en était trop pour elle. Commencèrent alors les premières attaques contre les nombreuses boutiques des Mauritaniens, les 22 et 23 avril. En vérité, les boutiques établies dans tous les coins de rue de Dakar, et détenant le monopole du petit commerce, étaient la cible de vandales et de pilleurs. Les premiers morts sont constatés du côté Mauritanien en terre sénégalaise.
« Quand je suis allé au CTO, je montre ma carte de presse et je parle au directeur qui m’assure qu’il n’y avait dans sa structure que des traumatisés en observation et parmi eux aucun blessé contrairement au bruit qui court mais le mal était déjà fait. Castors et Front de Terre (quartiers proches de l’hôpital) enregistrèrent les premiers heurts et les premiers morts », retrace monsieur Diop.
Les 24 et 25, des massacres sont perpétrés en guise de représailles par les populations de Nouakchott et de Nouadhibou (Mauritanie) contre la communauté sénégalaise, causant la mort d’environ deux cents personnes. Le couvre-feu est décrété dans ces deux villes.
Devenu formateur à la fin de sa riche carrière de journaliste, Kader Diop en profite pour évoquer la responsabilité du reporter, qui selon lui, n’a pas le droit de tout dire.
« Lorsque des premiers balbutiements du conflit, nous avons eu à l’AFP une information de source hospitalière faisant état de la mort atroce de plusieurs dizaines de Sénégalais. Mon collègue et moi avions un problème de conscience : doit-on tout dire ? Personne ne vous condamnera d’avoir tout dit bien évidemment, mais cela va parfois au-delà du métier. Envenimer une situation tendue et inviter quasiment les Sénégalais á la vengeance était-ce raisonnable ? Nous avons finalement opté de dire qu’il y avait au moins 17 sénégalais tués », raconte l’ancien reporter.
Alors que les premiers rapatriés venant de Mauritanie ont débarqué à Dakar racontant les atrocités et les actes xénophobes qu’ils avaient subis, une nouvelle flambée de violence embrase pendant le 27 avril la capitale sénégalaise. En deux jours, près d’une centaine de Mauritaniens sont tués. L’état d’urgence et le couvre-feu sont instaurés le lendemain.
Au niveau diplomatique, le Sénégal avait quand même gagné la bataille de l’opinion. Selon Kader Diop, c’est un des avantages de la démocratie.
« Le Sénégal était vu comme un pays ouvert où la presse pouvait travailler librement contrairement à la Mauritanie sous la férule d’un régime militaire. La communauté internationale avait largement soutenu le Sénégal tout en mettant tout en œuvre afin que la paix revienne au plus vite d’autant plus que le Sénégal devait accueillir le sommet de la francophonie » rappelle-t-il
En cette fin avril, un pont aérien conduit par Paris, Madrid, Ryad, Alger et Rabat, organise le rapatriement des ressortissants des deux pays.
Le 3 mai, la Mauritanie décide d’expulser de son territoire tous les Sénégalais ainsi que les Mauritaniens d’origine sénégalaise. À Nouakchott, parfois c’était même des personnes de race noire qui n’avaient jamais mis les pieds au Sénégal. Une véritable épuration. Et le 5 mai, le Sénégal décidera, à son tour, de renvoyer tous les Mauritaniens sur son sol.
À la fin du mois de mai, selon les chiffres publiés par les deux capitales, il y a soixante-dix mille réfugiés au Sénégal et cent soixante-dix mille en Mauritanie.
Entre les deux pays, la paix ne reviendra progressivement que vers le mois d’août et septembre. Un véritable ballet diplomatique sera déployé. L’Arabie Saoudite, la France, le Maroc ou encore des organismes comme la défunte OUA devenue Union Africaine proposeront leurs bons offices. Au Sénégal, feu Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Khalife Général des Tidianes sera en première ligne, avec d’autres, dans une diplomatie parallèle très active.
30 ans après ce triste feuilleton, la paix est là mais les braises incandescentes sont encore sous la cendre froide. Régulièrement, des heurts entre éleveurs et agriculteurs des deux pays reviennent au-devant de l’actualité. Mais, l’épicentre d’un potentiel conflit s’est déplacé. Il se situe sur la frontière maritime où régulièrement la garde mauritanienne tire encore aujourd’hui sur des pécheurs sénégalais.
Quoi qu’il en soit, selon Kader Diop, une paix définitive dépendra des chefs d’État mauritanien et sénégalais qui devront agir en ayant toujours en tête qu’on on ne choisit pas ses voisins.
« Les deux pays sont voisins et mieux, des deux côtés du fleuve Sénégal qui sert de frontière, vivent les mêmes familles. Des Sénégalais ont toujours travaillé en Mauritanie et vice-versa. De plus les liens religieux sont très forts entre les musulmans des deux pays. Il appartient aux autorités politiques, en haut lieu, de prendre ce problème à bras le corps car nous sommes condamnés à vivre ensemble et c’est possible de le faire harmonieusement. D’autant que des ressources de pétrole et de gaz découvertes à leur frontière maritime commune et qui vont être exploitées conjointement, ajoutent un lien supplémentaires à leurs rapports », conclut le journaliste sur un ton optimiste.
AUDIO
L'ACTUALITÉ DE LA SEMAINE AVEC PAPE NDAO
EXCLUSIF SENEPLUS - AFRICAN TIME - La chronique hebdomadaire diffusée en wolof tous les week-end depuis New-York
Pape Ndao fait le tour des faits marquants de la semaine, au micro d'AfricanTime, partenaire de SenePlus à New-York.
SÉKOUBA KONATÉ BIENTÔT SÉNÉGALAIS ?
L’ancien président de la transition en Guinée aurait, selon Jeune Afrique, sollicité Macky Sall pour obtenir la nationalité sénégalaise, afin de contourner les difficultés dues au renouvellement de son passeport
L’ancien président de la transition en Guinée, Sékouba Konaté, peine à renouveler son passeport en France, où il réside. Pour contourner ces difficultés, il en a appelé à Macky Sall pour obtenir la nationalité sénégalaise.
Installé à Enghien-les-Bains, près de Paris, Sékouba Konaté, président de la transition Guinéenne en 2010, rencontre depuis plusieurs mois des difficultés techniques, comme tous les Guinéens, pour renouveler son passeport en France, informe Jeune Afrique. Le 10 avril, l’ambassade de la Guinée l’a informé que les opérations d’enrôlement ont, pour le moment, pris fin.
Il s’est alors tourné vers le chef de l’Etat Sénégalais, Macky Sall, pour obtenir la nationalité Sénégalaise, et par conséquent disposer d’un passeport Sénégalais.
Aux dernières nouvelles, le Président Alpha Condé aurait demandé à ses services compétents de prendre les dispositions nécessaires afin que le passeport du Général Sékouba Konaté soit établi dans les meilleurs délais.
par Cheikh Tidian Gadio
VIDEO
L'AFRIQUE VUE PAR CHEIKH ANTA DIOP
Comprendre Cheikh Anta et surtout pratiquer sa doctrine sont des actes d’émancipation et de libération mentale, intellectuelle et politique
Je vous présente avec un immense plaisir, cette vidéo magistrale de l’illustre fils d’Afrique, grand chantre du panafricanisme, le professeur émérite Cheikh Anta Diop. Il y déroule avec le calme et la sérénité du vrai savant, la grandeur incontestable de l’Afrique, l’urgence et les conditions de sa renaissance.
Ecoutons et admirons le maître, mais surtout saisissons et relevons le défi qu’il nous lance : rendre à l’Afrique sa grandeur, toute sa grandeur, celle de son passé grandiose (berceau de l’humanité et berceau de la civilisation humaine) et celle de l’avenir radieux qu’elle mérite (1/3 des ressources naturelles du monde, 1 millard d’habitants dont plus de 60% de jeunes, les meilleures terres arables et parmi les plus grandes ressources hydriques du monde !)
Qu’on l’accepte ou non, l’Afrique est le continent phare du monde contemporain. Il est le continent des convoitises et des fortes rivalités entre les puissances anciennes et nouvelles. Tout ceci parce que l’Afrique « don de dieu » reste le centre du monde où se joue et continue de se jouer l’avenir de l’humanité ! Dès lors, notre seule préoccupation est de savoir si les africains en sont conscients et sont prêts à assumer leur destin historique, c’est-à-dire leur leadership historique malgré les vicissitudes de notre histoire à la fois douloureuse et glorieuse.
Or donc, selon Cheikh Anta Diop dans cette interview télévisée faite chez nos plus-que frères et sœurs de la diaspora, « après l’histoire douloureuse que nous avons subie ces derniers siècles, il faudra nous raccorder aux coordonnées générales de l’histoire africaine. »
En clair, il nous faut saisir et comprendre la totalité de notre histoire et refuser que l’Afrique de la splendeur des pyramides, mère de toutes les sciences (mathématiques, physique, géométrie, architecture, médecine, philosophie, religions, systèmes politiques, agriculture et irrigation, etc.) ne soit réduite a l’Afrique esclavagisée, colonisée et néo-colonisée.
Cheikh Anta ajoute avec raison : « il y a tellement de faits négatifs accumulés depuis la chute (fin de l’apogée africaine suivie d’une décadence radicale) qu’un nouveau départ se prépare et on a peur de ce nouveau départ. Quand on est tombés si bas on ne peut pas ne pas regagner les sommets. Voici que nous sommes les seuls qui soient objectivement motivés pour repartir du bon pied. Par conséquent, je crois que l’avenir des peuples noirs est radieux dans la mesure où nous comprenons vraiment et nous saurons interpréter l’histoire ! »
Comprendre Cheikh Anta et surtout pratiquer sa doctrine sont des actes d’émancipation et de libération mentale, intellectuelle et politique. J’y invite surtout les jeunesses africaines, fer de lance de « la renaissance africaine » et du grandiose projet « des États-Unis d’Afrique ».
par Bosse Ndoye
FERDINAND COLY-SÉNÉGAL, VERS UNE FIN DE MATCH AMÈRE ?
Si elle devait survenir, la renonciation du vice-champion d’Afrique 2002 à sa nationalité – pour des raisons de (in)justice - ferait non seulement le tour de la planète mais porterait un sacré coup à l’image du Sénégal dans le monde
Loin des stades de football, c'est sur le terrain administratif que semble se jouer présentement le match, à l’issue incertaine, opposant Ferdinand Coly à ce qui pourrait être son futur ex-pays. En effet, l'ancien capitaine des lions dit avoir entrepris les démarches nécessaires pour renoncer à sa citoyenneté sénégalaise. La raison avancée : la lenteur des procédures judiciaires dans le contentieux qui l’oppose à Saliou Samb, le président du Stade de Mbour, qu’il accuse de l’avoir escroqué plusieurs millions.
Cette sortie médiatique fracassante de l’ancien lensois constitue-t-elle des cris d’orfraie d'un citoyen désespérément perdu dans les dédales des atermoiements de la justice de son pays ; ou est-elle juste un habile coup de communication visant à mettre une certaine pression sur les autorités judiciaires et politiques du pays – puisque la séparation des pouvoirs y est une chimère -, afin qu’elles se penchent plus rapidement sur son dossier. Car, si elle devait survenir, la renonciation du vice-champion d’Afrique 2002 à sa nationalité – pour des raisons de (in)justice - ferait non seulement le tour de la planète mais porterait un sacré coup à l’image du Sénégal dans le monde. Sans mentionner les réticences qu’elle pourrait engendrer entre autres, chez nombre de nos compatriotes vivant à l’étranger et désireux d’investir dans le pays et les binationaux qui seraient tentés de répondre à l’appel de l’équipe nationale de football.
En tout état de cause, cette situation doit pousser tout un chacun dans le pays, les autorités politiques en premier, à jeter un regard très critique sur le fonctionnement de notre système judiciaire. Ce regard est d’autant plus nécessaire au moment où se tient le procès du double meurtre de Médinatoul Salam marqué surtout par l’absence de « l’autorité morale » des Thiantacounes pour des raisons médicales. Ce qui n’est pas nouveau parce que les questions de santé ont été souvent servies comme alibi par quelques gros bonnets pour se soustraire à la justice, éviter la prison ou obtenir une liberté provisoire après avoir été incarcérés. Qui ne se souvient pas de ces phrases chocs et alarmantes : « Bibo Bourgi pisse du sang’’ ; ‘’Baïla Wane court un risque de mort subite’’ ; » Cheikh Béthio Thioune patient âgé de 76 ans aux antécédents : cardiovasculaires, hypertension artériel et fibrillation auriculaire récidivante, AVC ischémique avec transformation hémorragique sous anti vitamine K (AVK), maladie des petits vaisseaux, néo plagie en rémission sous chimiothérapie. Taïb Socé Souffre de diabète ; Thione Seck souffre d’un diabète qui a atteint ses reins…[1]’’. Pourtant une fois libérées, ces personnes commencent à vaquer à leurs occupations comme si de rien n’était. Pendant ce temps, nombre de nos « pauvres concitoyens », qui n’ont ni leur notoriété encore moins leurs réseaux de relations, croupissent en silence dans les prisons du pays pendant de longues années pour parfois des délits ou crimes qu’ils n’ont pas commis. Sans oublier les longues périodes de détention préventive. C’est dire à quel point le cri du cœur de Ferdinand Coly peut être compréhensible quel que soit ce qui le sous-tend. Car la justice au Sénégal, à maintes reprises, tarde non seulement à être rendue mais n’est pas souvent très bien rendue.
Dès lors, s’il est un domaine où le fast track - expression à la mode dans le pays - devrait être vite appliqué très sagement, ce serait bien celui de la justice. Même s’il peut y avoir des cas plus complexes dont le traitement demande beaucoup plus de temps.
Dans son livre, Afrique, notre avenir, Jacques Godfrain raconte qu’un président africain lui a dit un jour : "Pour avoir une économie saine, je préfère un bon ministre de justice à un bon ministre des finances. Sans les garanties judiciaires un pays ne peut pas se développer[2]." L’auteur de cette phrase ne croyait pas si bien dire. Car en plus d’être le fondement du contrat social liant les citoyens d’un pays, la justice est un terreau où pousse une économie prospère. Il suffit juste de regarder les pays les plus développés de la planète pour en avoir le cœur net. Dans un pays où règne une bonne justice sociale les investisseurs, locaux comme internationaux, sont prêts à se lancer dans de multiples projets parce que ne craignant pas d’être lésés et les richesses profitent équitablement à ceux qui y vivent. Imaginez que les milliards détournés sans conséquence dans les affaire Prodac, Mamour Diallo, Coud soient investis pour l’emploi des jeunes dans le pays. Le taux de chômage chuterait à coup sûr. Mais on est loin du compte ! La sortie de Ferdinand Coly a eu au moins le mérite de faire parler du fonctionnement de la justice dans le pays.
Après cette campagne victorieuse, il y a eu les promotions qui ont récompensé les premiers transhumants - Celui qui a fait campagne avec les véhicules de la poste se retrouve à la Lonase, endroit le plus "cash" de notre République dispendieuse
Les images que nous renvoient les violences politiques sont trompeuses. Elles nous laissent accroire que les combats que se livrent nos politiciens et les coups qu'ils se portent, sont siglés des oriflammes de leurs partis respectifs. Que nenni ! Les plus grandes violences qui ont jalonné notre histoire politique ont eu lieu du temps de la défunte et senghorienne UPS, parti on ne peut plus unique qui régnait sur le Sénégal. Leur chef, Léopold Sédar Senghor persuadait ses partisans de se livrer à une lutte sans merci, qui eut des conséquences funestes, avec des campagnes électorales constellées de drames et d'assassinats sordides. Les places étaient rares et préserver son territoire électoral nécessitait d'avoir un sens et un art de la guerre aiguisés par les ambitions.
De fait, du PS à l'APR en passant par le PDS, rien dans les méthodes n'a changé. Plus on veut être près du chef lors de la distribution des bonbons, plus on emprunte aux arguments violents. Et les coups bas sont plus mortels que les coupe-coupe. En tête du hit-parade des armes utilisées, mysticisme et dénigrements contre des camarades de partis sont légion. Et tout est fait pour créer les conditions d'un psychodrame permanent qui anime la vie de nos partis politiques. C'est le règne du dividendisme, qui veut que l'on réclame son dû au prorata du combat que l'on a mené auprès du grand manitou, qui a droit de vie et de mort sur les fonctions souvent accordées selon le seul critère de la proximité avec le "propriétaire" du parti. Cela a donné des nominations loufoques que la charité chrétienne me recommande de ne pas citer dans ces lignes. Quoique, je ne résiste pas à évoquer la nomination à la tête du BSDA de l'auteur de l'unique chanson de son pauvre répertoire, qui était à la gloire du président Macky Sall.
Qui ne se souvient pas des consignes du chef de l'État à ses directeurs généraux, qui devaient en échange "mouiller le maillot" pour les combats politiques futurs. En creux, cela avait l'air d'une permission assumée d'user des moyens de leurs sociétés pour faire gagner le parti. D'ailleurs, les récompenses sont tonitruantes. Celui qui a fait campagne avec les véhicules de la poste se retrouve à la Lonase, endroit le plus "cash" de notre République dispendieuse. J'arrête de cafter.
Après cette campagne victorieuse, il y a eu les promotions qui ont récompensé les premiers transhumants. Et celles qui ont décoré les plus ardents organisateurs de meetings. Et puis il y a les remplacements de ceux qui n'ont pas assez mobilisé, qui n'ont pas élu domicile dans la permanence du parti, mais surtout ceux qui ont été limogés pour "délit de compétence avérée", parce qu'ils s'étaient plus engagés dans la durée de leurs missions, celles-ci exigeant vision et objectifs à long terme. Comment peut-on avoir dégagé un criminologue qui avait mis sur pieds un vrai travail autour d'une problématique cruciale qui a pour nom LA SECURITE DES CITOYENS. Maître Khaly Niang a certes eu des difficultés à assoir son projet qui était nouveau, mais qui avait besoin de se dérouler dans la durée et la constance, parce que relevant d'un profond changement de paradigmes et de comportements. Le Dr Papa Khaly Niang a d’abord pensé que « la formation des citoyens aux bons comportements devait être mise en vigueur afin que ceux-ci soient capables d’assurer leur sécurité eux-mêmes face aux problèmes de sécurité. Ces derniers selon lui, sont si importants qu’ils sont aujourd’hui au centre du développement, notamment la sécurité de proximité qui constitue un levier incontournable sur lequel les collectivités territoriales peuvent s’appuyer pour élaborer des stratégies de développement ». Avec lui, le Sénégal a montré la voie : « beaucoup de pays environnants viennent s’imprégner du modèle sénégalais en matière de gouvernance sécuritaire de proximité », témoigne-t-il.
"Nous avons besoin d’une prise de conscience pour savoir définitivement que rien d’important et de solide, ne pourra se faire sans la sécurité au niveau global et au niveau de la proximité’’, a-t-il ajouté. Ainsi, en l’absence de la police municipale, les ASP pouvaient suppléer le maire dans certaines tâches. Les résultats commençaient à affleurer. Tout repart de zéro avec le cortège d'embauches souvent caractérisées par les proximités partisanes.
Certains éjectés heureusement ont leurs vécus et leurs métiers. Ils s'en remettront, regagnant leurs maisons qu'ils possédaient avant leurs nominations. Sans rancune et forts de leurs compétences.
Que leur vie soit belle. Ils n'auront qu'à remettre l'ouvrage sur le métier. En toute élégance. Avec toujours le désir d'écrire et de partager ce à quoi ils n'ont jamais cessé de croire. Notre sécurité attendra. Tant que le remplaçant suce ses bonbons… Et vogue la galère.
par Jean-Baptiste Placca
POUVOIR SANS FIN, UN PIÈGE SANS FIN
Il est trop facile, lorsque l’on est au pouvoir, avec les moyens qui en découlent, de se référer au peuple pour justifier un changement des règles du jeu, afin de se ménager la possibilité de perdurer
Il est trop facile, lorsque l’on est au pouvoir, avec les moyens qui en découlent, de se référer au peuple pour justifier un changement des règles du jeu, afin de se ménager la possibilité de perdurer. Car l’éternité, en enfer, est invivable à un point tel que ne peuvent deviner ceux qui monopolisent le paradis…
La question d'un potentiel troisième mandat pour Alpha Condé. Ce débat mobilise aujourd’hui l’opinion en Guinée et il s’est transporté, cette semaine, sur la scène continentale, avec les interviews, sur RFI, de l’ancien Premier ministre Sidya Touré et de Rachid Ndiaye, conseiller spécial du président Condé. Mais d’où vient cette impression de dialogue de sourds qui persiste, après avoir écouté l’opposant puis le représentant du pouvoir ?
En fait, c’est pire qu’un dialogue de sourds. Ce sont des monologues parallèles, dans lesquels chaque camp est tellement enfermé dans sa logique qu'il n’y a aucune chance de les voir un jour tomber d’accord. Il n'est point besoin d'être un oiseau de mauvais augure pour craindre le pire, dans ces conditions, pour la Guinée. Etaler, comme ils l’ont fait, leurs divergences devant tant d’auditeurs, c’est un peu comme transporter le linge sale de la Guinée sur la place publique continentale. Mais, pour ne pas le laver, hélas ! Et ici, en l’occurrence, il faut juste constater qu’il ne reste plus au peuple guinéen qu’à prier tous ses dieux, pour que ce débat malsain ne vienne embraser la prochaine présidentielle, et le pays avec.
Pourquoi serait-il malsain, en démocratie, de débattre d’un éventuel troisième mandat ?
Parce que tous savent que c’est une source de conflits aux conséquences incontrôlables. L’argumentation du peuple souverain, libre de décider s’il veut ou non une présidence à vie est un peu spécieuse. Car il est toujours facile, lorsque l’on est installé au pouvoir, avec les moyens qui en découlent et les attributs qui vont avec, de se référer au peuple pour justifier un changement des règles du jeu, afin de se ménager la possibilité de perdurer.
En privé, de plus en plus d’observateurs avisés de la vie politique continentale confessent craindre le retour à la mode des coups d’Etat dans notre Afrique francophone. Il est souvent de bon ton de feindre d’ignorer que les conditions déterminantes de nombreux putschs sont créées par les pouvoirs en place eux-mêmes. Dans une démocratie, lorsque les diverses sensibilités, la population, en viennent à manquer d’espace de respiration, les putschistes virtuels jubilent. Il est donc suicidaire, lorsque l’on est aux affaires, de manipuler les textes et la loi pour restreindre les libertés des adversaires. De tout temps, les coups d’Etat ont été perpétrés par des militaires qui estimaient devoir réparer quelques injustices. C’est d’ailleurs pourquoi, plus souvent que ne veulent se l’avouer les démocrates, les putschs sont accueillis comme un mal nécessaire, et les putschistes, parfois, comme des libérateurs. Bien sûr que certains, à leur tour, se muent en bourreaux. Mais un coup d’Etat ne tombe jamais par hasard sur un pays.
Mais un troisième mandat peut aussi bien être la règle…
Sauf que celui qui demande un troisième après deux, trouvera toujours des raisons pour justifier la demande d'un quatrième, après trois. C’est comme si, au football, le match était arbitré par une des deux équipes qui s’affrontent – ce qui est déjà une anomalie, et qu’à la 85e minute, cette équipe, juge et partie, décidait de faire jouer une mi-temps supplémentaire, sous prétexte qu’elle aurait besoin de cent vingt minutes pour réussir les prouesses dont elle n’a pas été capable en quatre-vingt dix minutes.
La construction d’une nation est, par définition, une œuvre sans fin. Prétendre vouloir achever un chantier perpétuel avant de quitter le pouvoir, c’est vouloir s’accrocher à perpétuité au pouvoir. Le bon président est celui qui peut dire à son successeur : « Voici ce que j’ai achevé ; voilà les chantiers à parachever ; et ceux à initier pour le futur ». Vous ajoutez votre part à l’édifice, et l’histoire jugera.
La limitation à deux du mandat présidentiel peut donc réellement éviter aux nations des crises graves ?
Absolument ! Même les oppositions les plus radicales se consolent à l’idée que, de gré ou de force, après le second mandat, ils en auront fini avec le sortant. Mais ruser pour changer les règles, c’est priver la population et l’opposition de cet espace de respiration qui, comme le disait l’ancien Premier ministre Sidya Touré, permet d’éviter qu’une seule personne ne confisque l’avenir de 12 millions de Guinéens. Le problème, avec ceux qui sont au pouvoir, est qu’ils s’imaginent rarement le sentiment de rejet qu’ils peuvent inspirer à leurs adversaires et, parfois, à la population. L’éternité, en enfer, est invivable à un point que ne devinent pas ceux qui monopolisent le paradis. Et lorsque l’on a eu la chance d’être reconduit une fois par son peuple, partir, au terme du second mandat, est à la fois un acte de courage et de dignité.