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4 mai 2025
Développement
À L’AFP, LE GRAND SAUT VERS L’INCONNU APRÈS MOUSTAPHA NIASSE
Le congrès du 12 avril devra trancher entre renouvellement générationnel et continuité idéologique, dans un contexte où les partis personnifiés peinent souvent à survivre à leurs fondateurs
Un vent de transition souffle sur l’Alliance des Forces de Progrès (AFP). Ce samedi 12 avril 2025, le parti fondé en 1999 par Moustapha Niasse tiendra son congrès. Il actera officiellement le départ de son fondateur et Secrétaire général, après plus de deux décennies à la tête de la formation politique.
Ce moment symbolique pourrait sceller l’entrée de l’AFP dans une nouvelle ère — ou amorcer son déclin, à l’image de nombreux partis façonnés par une figure dominante. C’est Marcel Diana Ndiaye, Secrétaire national chargé de l’administration de la permanence, qui a confirmé le retrait de Niasse lors d’un point de presse, soulignant qu’il est « en retrait, mais loin de la retraite ». Le parti travaille activement à bâtir un consensus autour de son successeur, dans un esprit de continuité mais aussi de rajeunissement.
Niasse, une carrière politique à travers les régimes
Le parcours de Moustapha Niasse (85 ans) épouse les grandes étapes de l’histoire politique sénégalaise. Haut fonctionnaire formé à l’école de l’État, il est repéré par Léopold Sédar Senghor, qui l’intègre très tôt dans la haute administration. Il devient ministre des Affaires étrangères en 1978, Premier ministre en 1983 et reste à ce poste sous Abdou Diouf jusqu’en 1984, avant de revenir brièvement dans les années 1990.
En 2000, alors qu’il se présente à l’élection présidentielle, il crée la surprise en se classant troisième avec 16,77 % des suffrages. Son soutien à Abdoulaye Wade entre les deux tours est décisif pour la première alternance politique de l’histoire du Sénégal. Dans la foulée, l’AFP entre à l’Assemblée nationale en 2001 avec 11 sièges.
Nommé Premier ministre aux premières heures de la première alternance, la lune de miel avec Wade sera de courte durée. Niasse quitte la mouvance présidentielle, s’ancre dans l’opposition, et se présente à nouveau en 2007. Il chute lourdement à la quatrième place avec 5,93 %, dépassé par la montée d’Idrissa Seck et le retour en force d’Ousmane Tanor Dieng. L’AFP, comme le Parti socialiste, boycottera ensuite les législatives de la même année.
L’homme politique rebondit en 2012, en s’alliant au sein du Front Siggil Sénégal pour soutenir Macky Sall, dans ce qui deviendra la deuxième alternance. En reconnaissance de son rôle, il est élu président de l’Assemblée nationale, poste qu’il occupera pendant deux mandats consécutifs (2012–2022).
Même après avoir quitté le perchoir, l’enfant de Keur Madiabel est resté influent au sein de Benno Bok Yakaar. En 2023, il est désigné par la coalition dirigée par Macky Sall pour coordonner le processus de désignation du candidat de la majorité à l’élection présidentielle de 2024. Un signe que, malgré son retrait, sa voix continue de peser dans les cercles décisionnels.
Quel avenir pour l’AFP ?
Aujourd’hui, alors que le pays connaît une troisième alternance, l’AFP doit se réinventer. De nouveaux leaders émergent, et la pression de renouvellement se fait sentir. Créée dans la foulée du congrès sans débat du Parti socialiste de 1996, qui avait consacré Ousmane Tanor Dieng, l’AFP s’est dès le départ positionnée comme une alternative sociale-démocrate. Mais avec le départ de son fondateur emblématique, le parti fait face à un tournant stratégique.
Marcel Diana Ndiaye annonce la mise en place d’une « nouvelle direction fortement rajeunie » qui devra incarner la modernité tout en assurant la cohésion. L’un des prétendants les plus visibles est Mbaye Dione, maire de Ngoundiane, qui a publiquement affiché son ambition : « Je veux être le président. J’ai la position pour l’être, mais ce sont les militants qui vont choisir », déclarait-il en février dans une sortie médiatique à la RTS. L’ancien ministre du commerce Alioune Sarr, un temps pressenti, ne serait plus candidat.
Le legs d’un faiseur de roi
Qu’il s’agisse de Senghor, Diouf, Wade ou Macky Sall, Moustapha Niasse aura été, à chaque étape, un homme central. Diplomate, stratège, faiseur de roi, mais aussi gardien de certaines constantes politiques, il s’apprête à passer le témoin à la jeune génération, laissant à l’AFP une feuille de route claire : préserver l’héritage tout en se réinventant.
Le pari reste néanmoins périlleux. À l’image de nombreuses formations politiques en Afrique, l’AFP devra prouver qu’elle peut exister sans son fondateur et conserver sa pertinence dans un paysage politique en pleine mutation, dominé désormais par le Pastef, nouveau pouvoir et force montante.
AU PROCÈS SARKOZY-LIBYE, BEAUCOUP DE SOUPÇONS, PEU DE PREUVES
Entre carnets compromettants, dîners secrets et exfiltrations rocambolesques, l'accusation a décrit un système sophistiqué qui reste à qualifier juridiquement dans le cadre de l'affaire du financement libyen de la campagne de l'ex-président français
(SenePlus) - Après trois mois d'audiences, le procès des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 s'est terminé mardi 8 avril. Le jugement ne sera rendu que le 25 septembre.
Les douze prévenus, dont l'ancien chef de l'État, font face à des accusations de corruption, trafic d'influence et détournement de fonds publics, pour lesquelles ils risquent jusqu'à dix ans d'emprisonnement. Tous réclament la relaxe, arguant de l'absence de preuves formelles.
"Il n'y a pas que la preuve documentaire", a rappelé la présidente Nathalie Gavarino. "La preuve peut résulter d'un faisceau d'indices, d'un ensemble d'éléments, parmi lesquels des témoignages", précise Le Monde.
Parmi les éléments troublants figure le carnet de Choukri Ghanem, ancien ministre libyen du pétrole retrouvé mort dans le Danube en 2012. Une note datée du 29 avril 2007 y mentionne : "Bechir a parlé, disant avoir envoyé 1,5 million d'euros à Sarkozy quand Saïf donnait 3 millions à Sarkozy."
L'enquête a établi que Claude Guéant, directeur de cabinet de Sarkozy au ministère de l'Intérieur, avait reçu un demi-million d'euros d'origine libyenne pour l'achat d'un appartement parisien, via un montage financier complexe.
Trois épisodes embarrassent particulièrement la défense : le dîner de Guéant avec Abdallah Al-Senoussi, chef des services secrets libyens condamné pour l'attentat d'UTA, en octobre 2005 ; la visite mystérieuse de Brice Hortefeux à ce même Al-Senoussi en décembre 2005 ; et l'exfiltration rocambolesque de Bechir Saleh, argentier du régime Kadhafi, le 3 mai 2012, alors qu'un mandat d'arrêt international venait d'être émis contre lui.
Ziad Takieddine, intermédiaire au cœur de l'affaire, affirme avoir remis personnellement trois valises contenant 5 millions d'euros à Claude Guéant en 2006 et 2007, avant de se rétracter spectaculairement en 2020 - revirement pour lequel Carla Bruni-Sarkozy a été mise en examen en juillet 2024.
"Le tribunal aura fort à faire pour démêler les objections juridiques et les versions des uns et des autres", conclut Le Monde, les magistrats s'attendant à "une volée de bois vert, quel que soit le sens du jugement de ce procès historique".
par Adama Dieng
HOMMAGE À MON AMI BADIO CAMARA
EXCLUSIF SENEPLUS - Son absence laisse un vide que ni le temps, ni les mots ne pourront jamais combler. La mémoire de nos conversations, de nos batailles partagées, et de notre admiration réciproque restera à jamais ancrée en moi
C’est avec une profonde tristesse que je rends hommage à un ami de longue date, un frère d’âme et un pilier du droit sénégalais, qui vient de nous quitter. Sa voix raisonnerait à jamais dans les couloirs de la justice comme un écho de courage et de vérité. Étant jusqu’ici le président du Conseil constitutionnel du Sénégal, son engagement inébranlable pour la justice et l’équité a été une boussole guidant notre nation à travers les mers tumultueuses de l'incertitude et du conflit. Sa capacité à rendre des décisions courageuses a non seulement sauvé le Sénégal durant des moments cruciaux, mais a aussi capté l’admiration au-delà de nos frontières. Ce qu’il a semé dans le domaine de la légalité et de l’intégrité continuera de fleurir dans l'esprit de ceux qui marcheront dans son sillage.
Nous avons partagé plus qu’une simple amitié au fil des décennies — c’était un demi-siècle de complicité, de rêves communs, et de rires. Son absence laisse un vide que ni le temps, ni les mots ne pourront jamais combler. La mémoire de nos conversations, de nos batailles partagées, et de notre admiration réciproque restera à jamais ancrée en moi. Il a maintenant rejoint notre cher Cherif Soumaré dans l'au-delà. Cherif, qui était lui aussi un juge exemplaire, saura l’accueillir avec la chaleur et la bienveillance qui les caractérisaient tous deux. Unis à nouveau, ils continueront à éclairer nos chemins avec leur sagesse et leur esprit indomptable.
C’est aussi avec une émotion poignante que je me remémore notre dernière rencontre à sa résidence, en compagnie de son épouse Madjiguene Lydia. Alors qu’ils séjournaient à Paris, j’avais eu l’occasion d’apprécier des moments pleins de chaleur et de complicité. Madjiguene ne ménageait aucun effort pour l’assister dans son combat contre la maladie. À mon retour à Dakar, nous nous sommes retrouvés, et j’attendais avec impatience notre prochaine rencontre à mon retour de New York pour continuer à célébrer la fête de l’Eid. Mon fils Sidy Junior le taquinait affectueusement en lui proposant, dès qu’il serait un peu plus requinqué de faire le footing ensemble. Le Tout Puissant en a décidé autrement.
Badio, un fervent musulman, avait aussi pour habitude de participer chaque jeudi à la lecture du Coran à la mosquée Omarienne. Sa foi était le socle de son existence, et sa générosité exceptionnelle était connue de tous. Il soutenait, dans la plus grande discrétion, les personnes démunies et vulnérables, offrant un rayon d’espoir et d’humanité à ceux qui en avaient le plus besoin. L’Imam Seydou Tall peut en témoigner.
À ses épouses Maimouna et Madjiguene, à leurs enfants, à la famille judiciaire et au peuple sénégalais, j’adresse mes plus sincères condoléances. Que la force et la paix soient avec vous en ces temps de deuil. Que nous n'oublions jamais l’impact inestimable que Badio a eu non seulement sur notre vie, mais sur la société tout entière. Sa mémoire continuera de vivre à travers les actes d'amour et de justice qu’il a semés.
Adieu, mon ami, mon frère. Ta flamme continue de briller dans nos cœurs, et ton héritage de droiture et de justice demeure un phare pour les générations futures. Ta vie a été un exemplaire modèle de service et d'humanité que nous continuerons à honorer chaque jour.
Repose en paix, sachant que tu es et seras toujours aimé et respecté. Que les Jardins du Paradis soient ta demeure éternelle. Amine Yaa Raabi !
par Djibril Ndiogou Mbaye
L’AUDIT DE LA COUR DES COMPTES NE DEVAIT-IL PAS RESTER CONFIDENTIEL ?
Ni le principe de transparence, ni la loi organique qui le surclasse, édictant et encadrant les rapports de la cour des comptes ne sont au dessus de l’intérêt supérieur de la nation
La politique ? c’est tout un art ! Mais c’est un art vil. Et si c’est un art vil, c’est parce qu’elle use de subterfuges, manœuvres et comme au poker, abuse du bluff comme technique pour dissimuler sa stratégie dans un écosystème où chaque erreur de communication se paie cash et peu anéantir un projet ou reporter un important programme, si ce n’est interrompre une carrière politique.
Publier un rapport qui plonge un pays pauvre comme le Sénégal, en quête perpétuelle de financements, dans un désarroi financier sans précédent, en le discréditant auprès des bailleurs de fonds, du FMI et des investisseurs, en entraînant la dégringolade de toutes ses notes souveraines, est-il la panacée ?
Les principaux défenseurs de cette publication, comme le président de la cour des comptes Mamadou Faye, mettent en avant un exercice de transparence inédit en Afrique. Transparence oui, mais à quel prix ?
La politique moderne, c’est l’honnêteté
L’honnêteté de l’État à l’égard du peuple commence par la transparence dans les actes de gouvernance. Les informations recueillies et conservées par le gouvernement sont un bien national. Elles sont la propriété du peuple.
Ainsi, la transparence est une exigence démocratique, Indissociable d’une bonne gouvernance moderne et inclusive. Elle responsabilise les citoyens, qui de leurs impôts et contributions diverses financent les projets de développement Économique et social. D’ailleurs, la trajectoire fiscale du nouveau gouvernement valide parfaitement l’intention d’associer le citoyen-contribuable aux financements des projets de développement à l’heure où l’emprunt coûte cher et devient rare et difficilement accessible aux États les moins bien notés et de surcroît en développement.
Le lancement récent d’un emprunt obligataire par appel public à l’épargne s’inscrit dans cette veine. Comme s’inscrit dans la même veine le très accrocheur slogan « Jub, Jubeûl, Jubànti » aux intentions heureuses et vertueuses. Mais au-delà du charme envoûtant de l’allitération en « J », il ne faudrait pas se laisser bercer par la musicalité des mots, ni se laisser compter fleurette par cet art vil qu’est la politique, si prompte à reprendre ses droits et très souvent encline à une transparence sélective.
En effet, la transparence ne vaut que lorsqu’elle garantit l’existence des autres composantes de la démocratie et de la bonne gouvernance.
Il convient donc de confier cet outil précieux mais sensible et facile à instrumentaliser, à des autorités capables d’assurer et d’assumer l’équilibre nécessaire entre la transparence et ce qui doit rester confidentiel ou secret.
En effet, l’argument de la transparence est une modalité du jeu politique. Ceux qui ont les prérogatives de la transparence ont également légitimement et souvent légalement, la faculté de la censurer. Ne nous y méprenons pas.
La transparence est un enjeu et une arme politique, forgée par et pour les élites politiques. Il s’agit d’un enjeu interne au champ politique, porté par des professionnels de la politique, à la fois juges et parties . Une des dimensions de leur savoir-faire politique consiste à savoir se jouer du principe.
Dans l’univers si sensible de la macroéconomie, toute vérité est-elle bonne à dire ?
On peut légitimement douter et intellectuellement débattre de la pertinence et de l’opportunité de publier une information qui remet en cause, ralentit ou hypothèque la matérialisation de programmes urgents de développement économique et d’assistance sociale et sanitaire des populations les plus vulnérables. Ce qui, en d’autres termes, constitue un risque économique majeur pour la nation.
Et tout cela, alors qu’on vient d’arriver à la tête d’un pays pauvre, de surcroît mal gouverné depuis toujours, ultra endetté et alors qu’on vient de lancer le plan « Sénégal 2050 : agenda national de transformation », qui a pour objectif d’atteindre un taux de croissance de + de 6 %, et qui a besoin de financements très conséquents, que l’autofinancement, à lui seul, ne saurait assurer.
Considérant ses effets graves pour la nation, pourquoi n’a-t-il pas été frappé du sceau de la confidentialité, par la cour des comptes elle-même ? « … est strictement confidentiel et ne saurait être communiqué à des destinataires autres que ceux choisis par la Cour des Comptes » ?
Qu’est-ce qui interdisait au gouvernement de le classer confidentiel, lorsqu’il a reçu communication du pré-rapport, en considérant les graves conséquences que sa publication allait engendrer ?
Le gouvernement et la cour des comptes avaient-ils pris la mesures de l’impact considérable que la publication de ce document allait avoir ?
La cour des compte doit comprendre qu’elle pose, à la publication de chacun de ses rapports, un acte éminemment politique.
Quelle est alors l’autorité la plus irresponsable (au sens péjoratif du mot) en décidant ou en n’empêchant pas sa publication ?
Ni le principe de transparence, ni la loi organique qui le surclasse, édictant et encadrant les rapports de la cour des comptes ne sont au dessus de l’intérêt supérieur de la nation.
Dans ce monde globalisé, ou un seul mot placé dans une phrase apparemment anodine, d’une haute personnalité politique, peut faire chuter la bourse de New York, le Nasdaq ou Shanghai.
Un homme politique ayant sous sa responsabilité la gestion d’une population pauvre, doit remuer sa langue mille fois avant de parler. La vie et l’avenir de millions de personnes sont pendus à ses mots et à ses actes.
Le rapport n’apprend rien aux Sénégalais qui ont décidé, en connaissance ou en soupçon des abus, mauvaise gestion et incompétence, de la part de l’ancien régime, de les bouter dehors. Les Sénégalais ne connaissent pas seulement la vérité, ils la vivent depuis 2012 et même bien avant.
C’est un peuple déçu, meurtri et à genoux, fort de ses espoirs, sa maturité politique et de son incroyable résilience, qui a porté sur ses frêles épaules la lutte qui a mené à l’avènement de l’ère Pastef. Le nouveau gouvernement ayant hérité des actifs, ne doit-Il pas assumer le passif et assurer la continuité de l’État ?
Cette publication de l’audit dit de la cour des comptes a été inconsciemment et sûrement involontairement faite au mépris des conséquences qui pouvaient en découler. Car dès la publication, l’agence Moody's a immédiatement abaissé la note du pays à B3, avec une perspective négative, suivie par Standard & Poor's qui l'a faite passer de B+ à B, avec une perspective négative également.
Le FMI a, quant à lui gelé, dès les premières alertes en octobre 2024, le programme d’aide de 1,8 milliard de dollars, négocié avec les anciennes autorités sénégalaises.Interrogé par Reuters, Edward Gemayel, chef de mission du FMI pour le Sénégal, est on ne peut plus clair : « Nous ne pouvons pas discuter d’un nouveau programme avant d’avoir réglé la question des fausses déclarations. »
Si c’était à refaire, le gouvernement n’aurait certainement pas lavé et étendu ce linge sale sur cette place internationale, sur laquelle donne les fenêtres de toutes les institutions financières et autres agences de notation, qui règnent implacablement sur le financement des États. Sinon, quelle serait la pertinence d’un tel acte digne d’un grand-maître de l’autoflagellation ?
Du mésusage de la transparence en realpolitik
Aucun État moderne et démocratique ne l'applique systématiquement. Car malgré son caractère fondamental, elle ne surclasse pas l’intérêt supérieur de la nation. C’est de la responsabilité des plus hautes autorités de l’Etat de passer chaque situation au filtre de l’intérêt national. Éviter l’application systématique des concepts importés, avant leur « tropicalisation », à des contextes qui ne sont pas à l’origine de leur élaboration. Dans la réalité, la transparence est juste une notion alors que « l’intérêt national » est une réalité, comme le sont la faim et la pauvreté.
Ce concept « occidental », importé comme « la démocratie » et parfaitement assimilé par nos élites intellectuelles et politiques est évidemment nécessaire dans les pays démocratiques du tiers monde, mais son usage doit toujours tenir compte de la conjoncture politico-économique.
Les USA, avec leur grande et ancienne tradition démocratique, ont une expérience issue d’un riche vécu et de débats philosophiques et doctrinaux interessants. Dans ce pays, la transparence a souvent été « snobée » au profit du « secret » ou de la « confidentialité », pour des soucis d’intérêt national. Le cas échéant, c’est cette justification qui immunise et exonère d’accusations de trahison ou d’entorse à la démocratie. Car c’est une décision émanent d’autorités élues qui portent la confiance du peuple, pour les représenter et veiller à leurs intérêts supérieurs.
Sciences politiques sans conscience économique peut entraîner la ruine de l’État
Cette publication d’une information mettant en péril l’intérêt national montre l’un des talons d’Achille de cette nouvelle administration qui est en train de réussir le fou et excitant pari de la transition générationnelle.
En effet, elle puise certains de ses cadres dans le vivier si fécond de la jeune élite sénégalaise, diplômée, dynamique et « patriote » au deux sens du mot, qui pêche justement par son manque d’expériences et de recul. Autrement dit , elle a les défauts de ses qualités.
Le haro des institutions financières et agences de notation sur le Sénégal à la publication de l’audit de la dette publique, est une première leçon faite au gouvernement Pastef sur l’importance d’une vision sur la nécessité d’une anticipation par « l’étude d’impact » qui doit précéder toute prise de décision.
La transparence en tant que concept indispensable à la bonne gouvernance semble être passée du fameux « projet » à une application rigoureuse et stricto-sensu, sans passer par le tamis de l’expérience et d’une vision moins philosophique et moins « PowerPoint » de cet outil précieux mais à double tranchant, dont le mauvais usage peut entraîner des conséquences peu enviables.
L’équilibre secret-transparence doit être de mise
Mais attention aux extrêmes. Attention à l’abus de secrets qui déséquilibre les rapports gouvernants et gouvernés. « En opérant des choix sur ce qu’il faut divulguer et sur la manière dont il faut le faire, les procédures de transparence sont porteuses d’un message, d’un sens déterminé par une série de choix humains. La transparence entendue en ce sens est éminemment politique, et peut être instrumentalisée ». Quel est l’intérêt de « donner la bâton pour se faire battre » en mettant les bailleurs et autres institutions internationales dans le secret d’une éventuelle mal gouvernance du régime sortant, susceptible de mettre le pays dans une crise sans précédent et en un moment charnière ? Sinon pour les mettre en état d’alerte ?
Autant de questions qui interpellent sur la vraie raison de la publication d’un tel document qu’aucun Etat aguerri ou averti et responsable n’aurait publié. Tout au plus, c’est un bon document de travail interne qui peut renseigner les gouvernants sur l’état réel des finances publique et lui permettre de réajuster sa politique et ses prévisions.
Ce document devait-il pas rester confidentiel, du moins le temps que les autorités reprennent le contrôle de la situation, trouvent les financements des politiques économiques, avant d’être « déclassifié » plus tard ?
La gouvernance, c’est la prévision. Oú est la pertinence d’un « hara-kiri » économique que ne subiront que les couches défavorisées du pays ?
Tous les États, même les plus grandes démocraties, pratiquent le « secret » ou la « confidence ou le mensonge statistique » pour « charmer » les agences de notation et les bailleurs et investisseurs mais par souci de protéger l’intérêt national.
Cette pratique de la comptabilité publique est bien présente en comptabilité privée, dans la gestion de toute les grandes ou plus petites entreprises également. Quel bon dirigeant ne s’enferme, au moins une fois l’an, avec son comptable ou son conseiller juridique pour bien « ficeler » son bilan comptable, minorer son imposition ?
Mêmes les bailleurs et les autres institutions internationales ficellent leur gestion sur le plan juridique et comptable. Ils ne sont pas des références en matière de justice et d’équité. Ils ne parient que rarement sur l’humain.
L’éthique comme argument n’est pas non plus pertinente, surtout en ce moment ou les puissances, censées être les « gendarmes du monde » s’adonnent à des exactions ahurissantes d’injustices, allant de la colonisation d’États souverains à des attaques en règles contre le droit et les institutions judiciaires internationales. Mais aussi et surtout des agressions violentes et inexplicables contre les économies de pays tiers et souvent partenaires. Les saillies économiques du président Trump, par l'augmentation unilatérale des droits de douanes nous montre que les États ne s’encombrent plus de vertus quand il sagit d’intérêts.
Aussi, la notion de « politique vertueuse », tente-t-elle l’improbable alliage schizophrénique de deux réalités que tout sépare. La morale « sociale » n’est pas la morale politique. La défense des intérêts nationaux semblent donc primer sur toutes les vertus et la morale.
Au-delà de la confirmation de l’existence d’une justice impuissante contre les riches et puissants États, ces actes entérinent la mort de l’éthique politique et l’avènement d’une morale politique permissive, trés proche de la délinquance d’état.
L’urgence, dans la gestion d’un État pauvre et pressé n’est pas dans les tripatouillages et les bidouillages en tous genres, qu’il faut différencier de la reddition des comptes qui est une exigence d’ordre constitutionnel mais qu’il faut manier avec une dextérité politique .
Aujourd’hui, le remède semble pire que le mal ! M. Gemayel du FMI s’est déplacé jusqu’à Dakar pour sermonner le pays et dire qu’il ne débloquera pas le programme commencé en 2023 et qui devait se poursuivre jusqu’en 2026. Cette position du FMI a été réitérée par le responsable pour l’Afrique, M. Sélassié, venu à son tour au chevet de l’économie sénégalaise mais sans apporter une solution. Au contraire, il confirme la suspension de tous les programmes du FMI en faveur du Sénégal, en attendant la communication par le gouvernement d’un plan d’apurement de la situation et un plan de sortie de crise.
On l’appellera comme on veut : « couper la branche sur laquelle on est assis », « se tirer une balle dans les pieds », « se faire hara-Kiri», mais le Sénégal discrédité, est obligé de suspendre ou reporter certains de ses programmes et des projets de développement très urgents pour les populations, en attendant de négocier, manœuvrer, convaincre, pour essayer de débloquer ou trouver des financements.
Bien sûr, si des infractions sont constatées, il faudrait poursuivre.
Tous responsables de l’impasse ?
La cour des compte avertit : « Les faits relatés dans le présent rapport, présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d’infractions à caractère pénal feront l’objet, le cas échéant, de déférés, de référés ou de déclarations provisoires de gestion de fait ». Elle a confirmé avoir transmis des dossier au procureur général. Mais force est de reconnaître, malgré l’apparence de manœuvres « dolosives » dans le comportement présumé de l’ancienne administration, qu’il sera incommode de sanctionner sévèrement des comportements délictueux. D’ailleurs, M. Gemael refuse de parler de « détournements » : «…25 % du PIB. C'est à peu près 6,7 milliards de dollars. Je ne dirai pas détournés. C'est un endettement qui n'a pas été dévoilé. Et donc, le stock de la dette a été sous-estimé d’à peu près ce montant de 7 milliards de dollars ».
Mais il est parfaitement concevable que le fait d’avoir « caché » une dette assez conséquente, qui à conduit à cette situation désastreuse qui cause un réel préjudice au pays et à ses intérêts économiques soit constitutif d’une infraction pénale.
Et en poussant les investigations, l’ensemble de ces manœuvres pourraient être imputé au président sortant, en tant que gardien des finances publiques. Est-ce la solution de l’énigme ?
Mais ceux qui ont rendu public cette information et on incidemment et par ce fait déclenché les nombreuses et graves réactions en chaîne pour l’économie nationale, n’ont-ils pas leur part de responsabilité ?
En attendant que le gouvernement propose au FMI un programme crédible de régularisation de la situation, les citoyens moyens, nos braves « goorgoorlus », auscultent l’horizon économique avec beaucoup de questions et d’incertitudes. Certains rentreront le soir, avec au fond du sac à courses, juste le rapport de la cour des comptes.
Pendant ce temps, l’État s’arrache les cheveux, à la recherche de la formule magique qui l’extirpera de l’ornière. C’est à se demander si le jeu en valait vraiment la chandelle.
texte collectif
MACKY SALL, FOSSOYEUR DE LA DÉMOCRATIE SÉNÉGALAISE ET CAUTION MORALE DE LA FONDATION MO IBRAHIM ?
Il s’agit d’interroger la cohérence éthique et la crédibilité de la Fondation Mo Ibrahim. Peut-elle encore se revendiquer comme un baromètre impartial de la gouvernance africaine en promouvant des figures qui incarnent l’exact opposé de ses valeurs ?
Il arrive que l’histoire trébuche. Mais quand elle s’effondre volontairement dans l’amnésie, alors l’indignation devient un devoir. En intégrant Macky Sall à son conseil d’administration, la Fondation Mo Ibrahim tourne le dos à ses principes fondateurs et accorde un blanc-seing à l’un des dirigeants les plus critiqués de l’histoire politique sénégalaise pour sa dérive autoritaire, son mépris des institutions et sa politique économique fondée sur l’endettement débridé et la falsification comptable.
Pourtant, la fondation s’était donnée pour mission, depuis sa création, de « promouvoir une gouvernance exemplaire et un leadership responsable » sur le continent africain. À travers l’indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG), elle évalue précisément la qualité des institutions, la démocratie, l’État de droit et les droits de la personne. Or, si l’on appliquait strictement ces critères à Macky Sall, son profil relèverait davantage du contre-exemple que du modèle. Faut-il rappeler que la Fondation elle-même a, dans ses rapports, exprimé ses préoccupations quant au recul démocratique et aux restrictions des libertés dans plusieurs pays, dont le Sénégal sous Macky Sall ?
Un passif démocratique accablant
L’héritage de Macky Sall n’est pas celui d’un bâtisseur, mais d’un fossoyeur obstiné de la démocratie sénégalaise. Sous sa présidence, l’État de droit a été méthodiquement vidé de sa substance : instrumentalisation de la justice à des fins politiques, musellement de la presse, emprisonnements massifs d’opposants politiques, coupures arbitraires d’Internet, dissolution de partis et de mouvements citoyens, manipulation des calendriers électoraux, tentatives de coup d’État institutionnel — la liste est longue, consternante, documentée.
Mais plus encore, son règne fut lourdement taché de sang. Entre 2021 et 2024, des dizaines de manifestants pacifiques ont été tués par les forces de sécurité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des étudiants, de jeunes militants, de simples passants ont péri dans les rues de Dakar, de Ziguinchor, de Bignona ou de Saint-Louis, pour avoir exercé un droit fondamental et constitutionnel : celui de résister. Ces morts ne sont pas de simples bavures. Ils sont les témoins silencieux d’un régime qui, au nom de l’ordre, a préféré gouverner par la terreur.
Le rapport Afrobarometer de 2023 confirme cette réalité : plus de la moitié des Sénégalais (53 %) considéraient que leur pays n’était plus une démocratie effective. Ce chiffre témoigne d’un effondrement de la confiance populaire dans les institutions, corollaire direct de la « méthode Macky Sall » faite de duplicité, de concentration autoritaire du pouvoir, et d’un usage cynique de la « raison d’État » pour justifier l’injustifiable.
La tentative avortée de troisième mandat n’était pas une erreur de jugement, mais l’aboutissement d’un projet mûri de longue date, soutenu par une caste de politiciens et de consultants internationaux rémunérés pour interpréter la Constitution. L’épisode du décret du 3 février 2024, par lequel il a suspendu le processus électoral à la veille de la campagne présidentielle, a été unanimement condamné comme un coup d’État institutionnel, y compris par le Conseil constitutionnel sénégalais.
Un gestionnaire sans scrupule et sans transparence
L’autre pan du « legs » de Macky Sall, que la Fondation Mo Ibrahim semble avoir passé sous silence, est le désastre économique et financier qu’il a légué au peuple sénégalais. Comme l’ont révélé les rapports de la Cour des comptes, il a systématiquement sous-estimé la dette publique, dissimulé les déficits budgétaires, contracté des emprunts hors budget et détourné l’éthique de la gouvernance publique.
Dans un contexte de croissance inégalitaire, où plus de 37 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, le faste des grands projets d’infrastructure a masqué une absence criante d’inclusivité et de durabilité. La jeunesse sénégalaise, abandonnée à un secteur informel précaire, a payé le prix fort de cette politique d’endettement au service d’intérêts privés et de clientélismes.
Le discours que Macky Sall tient désormais depuis son exil doré au Maroc, en se posant en « homme de paix », contraste violemment avec la réalité de son pouvoir. La paix dont il se réclame est celle des cimetières de la démocratie. On ne reconstruit pas une légitimité internationale sur les ruines d’un pays que l’on a contribué à diviser et affaiblir.
La Fondation Mo Ibrahim, une caution morale en question
L’enjeu ici dépasse le cas Macky Sall. Il s’agit d’interroger la cohérence éthique et la crédibilité de la Fondation Mo Ibrahim elle-même. Peut-elle encore se revendiquer comme un baromètre impartial de la gouvernance africaine en promouvant des figures qui incarnent l’exact opposé de ses valeurs ?
Certes, l’institution n’est pas exempte du droit à l’erreur. Mais une telle nomination ne peut être interprétée que comme une capitulation morale ou, pire, comme une instrumentalisation politique de son prestige au service de la respectabilité des anciens autocrates.
Dans un continent où la confiance entre les peuples et les élites est souvent rompue, où les nouvelles générations réclament des leaderships transparents, démocratiques et responsables, ce type de décision affaiblit le combat commun pour la souveraineté populaire, la justice et la redevabilité.
Accepter Macky Sall dans le cercle restreint des « sages » de la gouvernance africaine, c’est officialiser le double discours : le langage fleuri de la démocratie dans les rapports internationaux, et les pratiques autoritaires sur le terrain. C’est banaliser la violence institutionnelle, les détournements de procédure, la répression des libertés, au nom d’une prétendue stabilité.
La Fondation Mo Ibrahim, si elle veut rester fidèle à sa mission, doit reconsidérer cette nomination, ou à tout le moins, expliciter les critères éthiques sur lesquels elle fonde une telle décision. L’Afrique mérite mieux que la reconversion dorée de ses anciens autocrates. Elle mérite des leaders de rupture, pas des fossoyeurs recyclés.
Signataires :
Félix Atchadé, médecin, Paris
Seynabou Sougoufara, Biologiste, University of Warwick, Manchester
Youssou Mbargane Guissé, chercheur à la retraite, IFAN, UCAD
Mouhamed Abdallah Ly, Directeur de recherches assimilé, IFAN, UCAD
Abdourahmane Seck, Maître de conférences titulaire, UGB
Mamadou Diallo, Doctorant, Columbia University
Oumar Dia, Maître de conférences titulaire, FLSH, UCAD
Abdou Aziz Diouf, Professeur titulaire, FSJP, UCAD
Ibrahima Xalil Niang, Maître de conférences assimilé, FLSH, UCAD
Alioune Thiongane, FMPO, UCAD
Salif Baldé, Maître de conférences titulaire, ESEA, UCAD
Jean Domingo, Enseignant-vacataire à la FST, UCAD
Marie Olivia Guèye, Informaticienne, Ngaparou
Amadou Fall, Professeur assimilé à la retraite, FASTEF-UCAD
Diéry Ngom, Maître de conférences titulaire, UADB
El Hadji Malick Sy Camara, Maître de conférences assimilé, FLSH-UCAD
Ansoumana Diémé, Elève-Professeur, ENSETP, UCAD
Pierre Sané, Ancien secrétaire général d’Amnesty international
Yaya Diallo, responsable pédagogique, CUK-UASZ
Tidiane Sow, Coach en communication politique, Dakar
François Joseph Cabral, Professeur titulaire, FASEG, UCAD
Cheikh Thiam, Professeur titulaire, Amherst college
Benjamin Diouf, Professeur assimilé, FLSH, UCAD
El Hadji Farba Diop, Chef du service de l’éducation, Musée des Civilisations noires (MCN)
Raoul Manga, fonctionnaire, Ontario, Canada
LA RÉBELLION DES PLUMES
Alors que les figures traditionnelles peinent à exister, Madiambal Diagne, Yoro Dia et Hamidou Anne ont investi l'espace critique avec une efficacité remarquable, à coups d'articles cinglants, d'interventions télévisées et de publications virales
Dans un paysage politique en recomposition, alors que l’opposition classique peine à incarner une alternative crédible, trois figures médiatiques – Madiambal Diagne, Yoro Dia et Hamidou Anne – prennent le relais du combat politique… sans en avoir les attributs officiels. À coups de tribunes mordantes, de posts incendiaires et de chroniques virales, ces ‘’plumes d’opposition’’ captent l’attention, structurent le débat et éclipsent parfois les ténors supposés de la résistance.
Ils ne sont ni députés ni chefs de parti, encore moins membres d’une quelconque coalition d’opposition officielle. Et pourtant, Madiambal Diagne, Yoro Dia et Hamidou Anne occupent aujourd’hui le devant de la scène critique contre le pouvoir. Trois profils différents, trois styles distincts, mais une cible commune : le régime de Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Dans un contexte où l’opposition institutionnelle peine à s’imposer, ce trio s’impose comme une task force médiatique, qui mène la charge à coups de chroniques, de tribunes, de lives et d’interventions tonitruantes.
Madiambal Diagne, le sniper médiatique
Le doyen du groupe, Madiambal Diagne, est loin d’être un nouveau venu sur le champ de bataille politique. Fondateur du groupe Avenir Communication, éditeur du quotidien ‘’Le Quotidien’’, il revendique une proximité assumée avec l’ancien président Macky Sall. En 2012 déjà, il avait clairement déclaré à ses journalistes qu’il soutenait Macky contre Abdoulaye Wade. Ce parti-pris revendiqué lui a valu la défiance d’une partie du public, mais aussi un accès privilégié aux coulisses du pouvoir.
Depuis l’ascension de Sonko, Madiambal Diagne est devenu l’un de ses adversaires les plus virulents. Ses chroniques dominicales, "Les lundis de Madiambal", sont devenues un terrain de combat. Il y décortique, attaque, accuse. De l’affaire du général Kandé à la supposée découverte d’un compte de 1 000 milliards, en passant par l’abrogation de la loi d’amnistie, il ne laisse aucun répit au régime. L’homme n’a pas seulement choisi la plume : candidat aux dernières législatives sur la liste Jammi ak Njariñ d’Amadou Ba, il a montré qu’il était prêt à conjuguer engagement éditorial et action politique directe.
Son activisme lui vaut aussi des démêlés judiciaires. Les avocats de Sonko ont porté plainte contre lui, ce qui a conduit à son audition par la Sûreté urbaine en décembre 2024. Loin de se rétracter, Madiambal en a fait une tribune supplémentaire pour dénoncer ce qu’il qualifie de "dérives autoritaires". Sa posture divise, mais elle lui confère un rôle central dans la contre-narration du pouvoir actuel.
Yoro Dia, de la neutralité à l’offensive
Yoro Dia, journaliste de formation et politologue reconnu, a longtemps cultivé une image d’analyste mesuré, adepte de la neutralité axiologique. Mais cette image s’est progressivement estompée. Ministre et porte-parole de la présidence de la République dans les dernières années de Macky Sall, il a changé de ton. Fini l’observateur prudent, place au polémiste déterminé.
Depuis la chute du régime qu’il servait, Yoro Dia est devenu l’un des critiques les plus acerbes du gouvernement de Diomaye et Sonko. Il n’a pas hésité à comparer leur projet politique au nazisme, affirmant sur RFM en juillet 2024 : "Je compare toujours le projet Pastef au projet nazi : populisme, coup d’État raté, prison, élection, pouvoir..." Des propos choquants, qui ont suscité une levée de boucliers, mais qui traduisent la volonté de frapper fort.
Sur les grands dossiers économiques, il multiplie les prises de position, comme lorsqu’il a accusé le Premier ministre de "sabotage économique" en confiant le Port autonome de Dakar à Waly Diouf Bodian, présenté comme un nervi. Sur les relations internationales, il met en garde contre une dérive "autoritaire" et appelle à "préserver l’écosystème démocratique du Sénégal".
Pour ce politologue et essayiste, le pays n’a pas de problème d’institutions, mais de vision économique et de gouvernance.
Il conserve une distance critique même vis-à-vis de certains excès du régime précédent, mais sa ligne est claire : défendre le legs de Macky Sall, dénoncer le populisme souverainiste de l’AES et contester la légitimité politique de Sonko.
Hamidou Anne, la nouvelle voix de l’opposition intellectuelle
Hamidou Anne, dernier membre du trio, est sans doute le plus jeune, mais non le moins incisif. Essayiste, ancien chroniqueur, ex-conseiller de Macky Sall, il assume d’avoir adhéré à l’APR après la perte du pouvoir. "Je ne suis pas venu en politique pour des portefeuilles ou pour une richesse matérielle", dit-il. Il se positionne comme un intellectuel engagé, s’exprimant surtout via ses publications sur Facebook et ses lives réguliers.
Il a ouvert récemment un cabinet de stratégie et de marketing politique, aux côtés de Racine Assane Demba, un autre communicant proche de Macky Sall. Son crédo : disséquer les failles du régime, alerter l’opinion, défendre ses pairs. Il s’illustre par une prise de position constante sur des sujets complexes, comme la dette publique et les relations avec le FMI, dénonçant par exemple une "dette cachée" et relayant les critiques adressées par le FMI aux nouvelles autorités.
Perçu comme arrogant par les militants de Pastef, il avait même jeté le discrédit sur les journalistes qui avaient osé mettre en garde le président contre un troisième mandat. Il est passé du langage diplomatique à la confrontation directe.
Comme ses deux compères, il multiplie les attaques contre le gouvernement. Il parle de "régime d’intérim", accuse Sonko d’être un "activiste déguisé en Premier ministre" et affirme que la posture des dirigeants actuels "ne rassure pas au niveau international". Sa verve est cinglante, ses posts très partagés et son ton volontiers provocateur : "Ce vacarme menaçant sans action concrète, au début risible, est devenu gênant", écrit-il à propos de la gouvernance actuelle.
Trois voix, un même écho : l’opposition extra-parlementaire
Le trio ne laisse personne indifférent. Pour certains, ils sont les derniers remparts d’une opposition qui se cherche, capables de poser les bonnes questions et de contrer l’hégémonie de Pastef. Pour d’autres, ils incarnent le retour déguisé d’un ancien régime défait, usant de leurs réseaux médiatiques pour défendre des intérêts personnels ou claniques.
Leur activisme, aussi bruyant soit-il, révèle une réalité : l’opposition parlementaire et politique formelle peine à se faire entendre. Face à un pouvoir centralisé et offensif, et à une majorité encore en construction, c’est dans les médias, les tribunes et les réseaux sociaux que se joue une partie du débat public. Madiambal, Yoro et Hamidou ont investi cet espace avec une efficacité qui force le constat : le contre-pouvoir est aussi une affaire de récit, de stratégie et d’omniprésence.
Le plus frappant est que ce trio médiatique semble aujourd’hui éclipser des figures politiques qui auraient logiquement dû incarner la première ligne de l’opposition. Amadou Ba, ancien Premier ministre et candidat malheureux à la présidentielle avec un score honorable, peine à faire entendre sa voix depuis sa défaite. Aucune structure visible, aucune ligne claire, aucun discours fort. Barthélemy Dias, autrefois très présent dans les médias, est en perte de vitesse depuis sa destitution à la mairie de Dakar en décembre 2024. Ses relations peu cordiales avec Khalifa Sall, son mentor d’hier, semblent encore brouiller son image.
Aujourd’hui, ce sont parfois des chroniqueurs de télés, de sites web ou des "liveurs" sur TikTok et Facebook qui captent davantage l’attention et la confiance d’une partie du public que ces opposants classiques. Le champ politique est devenu un champ médiatique, où la visibilité vaut plus que les mandats. Madiambal, Yoro et Hamidou l’ont compris avant les autres.
Ils agacent, provoquent, polarisent. Mais leur influence est réelle. Madiambal, Yoro et Hamidou sont devenus les têtes d’affiche d’une opposition qui ne dit pas son nom, mais qui impose sa voix.
Reste à savoir si cette opposition de plume, de post et de micro peut, un jour, se transformer en alternative politique crédible.
Leur défi ? Ne pas sombrer dans l’excès, éviter le discrédit, et surtout convaincre qu’ils portent une alternative crédible, au-delà de la seule nostalgie du passé. Car face à une jeunesse mobilisée, à une opinion publique en mutation et à un pouvoir qui s’impose avec autorité, critiquer ne suffit plus. Il faut proposer.
MAMADOU BADIO CAMARA, UN MAGISTRAT FACE À L'HISTOIRE
Sous sa présidence, l'institution a posé des actes décisifs en déclarant inconstitutionnel le report de l'élection présidentielle, en rejetant un projet de modification de la Constitution, et en validant la candidature contestée de Bassirou Diomaye Faye
Le président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara, décédé jeudi, à Dakar, à l’âge de 73 ans, a sans doute été l’un des acteurs-clés du dénouement apaisé du processus électoral ayant débouché sur l’investiture le 2 avril 2024, de Bassirou Diomaye Faye comme cinquième président du Sénégal.
La juridiction électorale s’est notamment illustrée sous son magistère par une posture équidistante et indépendante dans un contexte politique marqué par des pressions et polémiques provenant de la quasi-totalité des acteurs politiques et de la société civile.
Difficile de ne pas évoquer l’intense activité déployée aussi bien dans la validation des candidatures au scrutin que dans la garantie de la poursuite du processus dans le respect de la Constitution.
Le Conseil constitutionnel sous sa présidence avait tour à tour jugé inconstitutionnel le report de l’élection présidentielle qui avait été initialement prévue le 25 février, rejeté le projet de modification de la Constitution qui devait ouvrir la voie à la tenue du scrutin en décembre et publié d’autres arrêts et décisions ayant, en fin de compte, favorisé une bonne tenue de l’élection finalement organisée le 24 mars 2024.
Auparavant, le Conseil constitutionnel avait validé la candidature de Bassirou Diomaye Faye qui était emprisonné à la prison du Cap Manuel de Dakar, alors que beaucoup d’acteurs prédisaient son rejet en partant du principe que le parti politique auquel appartient M. Faye, Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), avait été officiellement dissous.
Mamadou Badio Camara, membre du Conseil constitutionnel depuis 2021, avait été désigné par décret, le 5 septembre 2022, président de cette institution en remplacement de Papa Oumar Sakho, arrivé au terme de son mandat.
”Les politiques peuvent être féroces avec ceux qui peuvent contrecarrer leur projet”
Lors d’une récente sortie publique effectuée en France, l’ancien président de la Cour suprême du Sénégal affirmait que le Conseil constitutionnel avait signifié au président Macky Sall que la Constitution ne lui permettait pas de briguer un nouveau mandat après être resté 12 ans à la tête du pays.
”Il y a eu beaucoup de tensions, beaucoup de pression. C’est peut-être un peu normal. C’est une élection présidentielle et les enjeux sont importants. Les politiques peuvent être féroces avec tous ceux qui peuvent contredire ou contrecarrer leur projet. On a fait l’effort d’exercer notre métier de la manière la plus conforme à la Constitution Sénégal et à notre métier”, déclarait-il le 3 octobre dernier à Paris à l’édition 2024 de la Nuit du droit, un évènement organisé par le Conseil constitutionnel français. Une déclaration somme toute empreinte de sérénité, de lucidité et traduisant une capacité de résistance aux pressions.
Des vertus l’ayant sans doute motivé lors du discours prononcé le 2 avril 2024 à Diamniadio lors de l’investiture du président Bassirou Diomaye Faye. Le cinquième président de la République ‘’choix incontestable et éclatant du peuple sénégalais’’ lors de l’élection présidentielle du 24 mars, symbolise ‘’la volonté de notre peuple de changer de paradigme dans sa gouvernance et de génération dans son gouvernement’’.
Le président du Conseil constitutionnel avait également invité le chef de l’Etat à se souvenir, ‘’à l’heure où surgiront les inévitables tentations du pouvoir, l’ivresse de la puissance, les démons de la division,’’ de ‘’la main de Dieu, dont la volonté domine et détermine inéluctablement les moments que nous vivons’’.
‘’Prions que cette bénédiction divine ne cesse de tirer notre pays de tous les traquenards tendus par la main de l’homme, en particulier dans la perspective d’une exploitation prochaine, et porteuse d’espoir, du pétrole et du gaz’’, avait lancé Mamadou Badio Camara.
S’adressant au président de la République, il concluait : ‘’Vous êtes désormais le garant de la démocratie sénégalaise, du respect des institutions, des droits et libertés, gage de la stabilité de l’État et de l’unité du Peuple sénégalais, dans sa diversité. Prions que les espoirs de notre peuple, placés en vous, Monsieur le président de la République, fleurissent et portent fruits. Que Dieu Le Tout-Puissant vous assiste !’’.
Issu de la promotion de 1977 de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (actuelle ENA), Mamadou Badio Camara avait intégré le système judiciaire avant la trentaine.
Il avait occupé, de novembre 2008 à juillet 2013, les fonctions de Président de la chambre criminelle de la Cour suprême (cumulativement avec les fonctions de Secrétaire général de la Cour suprême du Sénégal). Il était aussi passé à la Cour de cassation où il avait occupé, de février 2004 à novembre 2008, le poste de Secrétaire général.
En 1993, il était le Procureur adjoint au tribunal régional hors classe de Dakar. Mais déjà en 1977, il avait été nommé Substitut du Procureur à Dakar. Mamadou Badio Camara avait également été Chargé de mission de l’Organisation internationale de la Francophonie (O.I.F) : mission d’audit organisationnel de la Cour de cassation d’Haïti (Port-au-Prince, juin 2007) et mission d’appui à la justice pénale (Port-au-Prince, juin 2008). Il avait aussi été élu membre du comité des Nations-Unies sur les disparitions forcées, le 31 mai 2011.
ADIEU AU SAGE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Les réactions se multiplient dans tout le pays, des plus hautes instances de l'État à la société civile, saluant unanimement Mamadou Badio Camara, un magistrat d'exception qui a marqué l'histoire récente du Sénégal par son courage et son intégrité
Les réactions d’acteurs politiques et de la société civile ont afflué dans les médias et sur les réseaux sociaux à la suite du rappel à Dieu, ce jeudi à Dakar, du président du Conseil constitutionnel, Mamadou Badio Camara à l’âge de 73 ans.
Le président Bassirou Diomaye Faye n’a pas tardé à saluer la mémoire d’un grand serviteur de l’Etat.
Dans un message publié sur le réseau social X, quelques heures après l’annonce du décès, le chef de l’Etat a notamment exprimé sa tristesse tout en présentant ses condoléances à la famille du défunt, à ses proches et à l’ensemble de la magistrature.
Alioune Tine, président du think thank, Africa Jom Center, a, sur le même réseau social, salué le rôle joué par le défunt magistrat lors de la crise politique ayant secoué le Sénégal en 2024.
”Le Conseil constitutionnel sous la présidence du juge Mamadou Badio Camara, par des décisions courageuses, avisées, circonstanciées, documentées et solidement argumentées, a non seulement sauvé l’Etat de droit et la démocratie à un moment critique de l’histoire politique du Sénégal’’, a-t-il souligné.
Il a insisté sur le fait que, par cette posture, le Conseil constitutionnel avait redoré le blason de l’institution judiciaire.
”Nous avons vécu au Sénégal, en Afrique et dans le monde un grand moment de soulagement, de catharsis politique. Un moment de remontée démocratique, de l’Etat de droit, mais surtout une marque inédite d’indépendance de la justice face à un exécutif fort, que nous devons aussi au courage et au leadership du défunt président du Conseil constitutionnel dont le nom est désormais inscrit en lettres d’or dans les annales de l’histoire politique du Sénégal’’, a salué M. Tine.
C’est à peu près le même son de cloche qui a émané du responsable au Sénégal d’Amnesty International, Seydi Gassama. Il a notamment, sur X, estimé que les décisions courageuses rendues par le Conseil constitutionnel sous la présidence de Mamadou Badio Camara avaient ‘’sauvé la démocratie sénégalaise mise en péril par le président Macky Sall et son régime’’.
”Le Sénégal vient de perdre un éminent juriste avec la disparition de Monsieur Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel. Le PUR (Parti de l’unité et du rassemblement) présente ses condoléances à toute la nation sénégalaise, à sa famille et prie pour le repos éternel de son âme’’, a, de son côté, réagi la formation politique dont le religieux, Moustapha Sy, est le président d’honneur.
Sur les ondes de la Radio futurs médias (RFM, privée), Me Malick Sall, ancien ministre de la Justice, a déclaré que M. Camara était ”un magistrat qui savait prendre ses responsabilités comme il le fallait”.
‘’Il était profondément loyal. J’ai rarement vu un magistrat aussi loyal que Mamadou Badio Camara. Il était un serviteur de l’Etat, un républicain au vrai sens du terme’’, a-t-il notamment dit.
Le député Babacar Ndiaye du parti les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef, au pouvoir) a exprimé ‘’sa profonde tristesse’’ tout en louant le parcours professionnel de l’ancien président de la Cour suprême.
Par Ibou FALL
ADJI RABY SARR, SUISSE ET PAS FINIE
Entre De Gaulle qui dégage, Macky Sall qui s'incruste chez Mo Ibrahim, et Ndèye Khady Ndiaye qui s'autoproclame "patronne du pays", l'affaire Sweet Beauté continue de nous offrir un spectacle plus rocambolesque qu'une série Netflix
L’affaire Sweet Beauté, par laquelle tout nous tombe sur la tête depuis quatre interminables années, ne fait pas que des malheureux : entre-temps, le contumax voit sa condamnation annulée, sort de prison - où il glande pour des accusations bien plus graves que la corruption de la jeunesse - et se retrouve Premier ministre. D’ailleurs, le président de la République en personne, Bassirou Diomaye Faye, face aux journalistes, l’évoque en passant, affirmant que tout le monde sait que cette affaire est un complot.
Personne n’osera lui demander de précisions : vous savez bien, l’article quatre-vingts…
Ben, c’est pile-poil le moment où, dans la presse, tombe l’annonce : l’héroïne de l’affaire Sweet Beauté, Adji Raby Sarr, que la voiture de Madiambal Diagne conduit à l’aéroport pour quitter le pays à destination de la Suisse, bannie du peuple de Pastef dont la malédiction lui prédit la pire des fins, vient d’en être une honorable citoyenne.
Voilà donc, en résumé, une dame qui, dorénavant, en bonne Helvète qui apprend les leçons de la vie, n’aura plus besoin de visa pour bien des destinations agréables… Elle risque de skier dans les Alpes, de préférence à Gstaad en hiver, engoncée dans du vison. Elle a toutes les chances d’y croiser, comme le dirait Félix Houphouët-Boigny, des gens assez sérieux pour confier leur argent aux banques suisses. L’été, elle pourra se laisser glisser sur le lac Léman avec juste un bikini pour seul habit sans que l’inénarrable Mame Matar Guèye n’en fasse une affaire nationale.
Rien que le bonheur de ça… Y’a des malédictions qu’on appelle de tous ses vœux !
Avec ses formes voluptueuses, que le fromage et le chocolat suisse ne manqueront pas de rembourrer, qui ont mis en émoi son pays natal, ça promet des émotions fortes pour l’économie mondiale si elle s’invite d’autorité au Sommet de Davos, à une réunion de la Fifa en direction de la Coupe du monde, ou du Cio qui prépare les Jeux Olympiques…
Assez divagué, revenons à nos moutons ?
Au moment où les accusations de falsifications de chiffres de la comptabilité publique - à propos desquelles le Fmi exige des éclaircissements circonstanciés - s’accompagnent des déclarations guerrières sur les exactions dont est victime le peuple du Pastef entre 2021 et 2024, Macky Sall force la porte du Conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim ; celle-là même qui distribue les bons points sur le continent en matière de respect de droits de l’Homme, de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.
C’est fait exprès ?
Etonnez-vous, par la suite, que l’image du Sénégal, selon Mo Ibrahim et les sommités mondiales de la bienséance, fasse un plongeon supplémentaire dans les abysses des pays les moins fréquentables. Après les agences de notation qui influencent les bailleurs de fonds, voilà que l’on risque de voir des gloses salées à l’international sur le respect des droits de l’Homme, la bonne gouvernance de ces bons messieurs du tandem «Diomaye môy Sonko»…
Quand le président Bassirou Diomaye Faye, devant un parterre de journalistes, évoque les mystérieuses actions souterraines de son prédécesseur, il sait sans doute de quoi il parle… Y’avait pas moyen de lui tirer les vers du nez sans risquer de tomber sous le coup du tristement célèbre article quatre-vingts ?
Soit dit en passant, le président de la République se sédentarise subitement depuis quelque temps : ça fait une paye que l’on ne nous annonce plus un de ses périples autour de la planète. Rien de grave, au moins ?
Il n’y a pas que les mauvaises nouvelles dans la vie : la France dégage, le Général de Gaulle aussi, pour céder un boulevard au président Mamadou Dia, le premier chef de gouvernement du Sénégal. On appelle ça, à l’époque, un président du Conseil de gouvernement. Rien à voir avec un Premier ministre : Mamadou Dia comme Léopold Sédar Senghor, en 1960, au sortir de la crise qui explose la Confédération du Mali, sont élus par les députés.
Question impie : il n’y a pas moyen d’honorer Mamadou Dia sans dégager De Gaulle ?
Si ce n’était que ça… Ça apprend également dans la presse à quat’ sous que le célébrissime salon Sweet Beauté renaît de ses décombres. Le p’tit local à la devanture couleur de menstrues, niché à Sacré-Cœur, qui dispense jusqu’en 2021 de fracassantes thérapies contre les maux de dos insupportables, rouvre ses portes dans un quartier tout ce qu’il y a de chic. Curieusement, Ndèye Khady Ndiaye, son entreprenante proprio, n’en est pas heureuse malgré tout : il y a de cela quelques semaines, elle se trouve même une tribune pour évoquer la suite de son procès en appel qui semble s’égarer dans le dédale des affaires judiciaires délicatement refermées sans verdict définitif. Elle se fâche aussi de n’avoir pas la reconnaissance de la République, alors qu’elle juge son rôle déterminant dans l’avènement du régime Pastef : les tridents de la présidence et de la Primature n’ont pas eu un soupir de reconnaissance à son endroit, s’énerve-t-elle dans une vidéo… Toutes ces années, pourtant, Madame tient tête au régime de Macky Sall malgré ses pistolets, ses renseignements généraux, ses juges ; elle se vante même d’être capable, quand elle a besoin d’argent frais sans trace ni témoin, d’avoir au téléphone «le président»…
Allez savoir lequel.
Sa sortie pourtant détonante ne suffit pas à son bonheur : la créature divine d’exception remet ça au micro d’un influenceur qui s’indigne en même temps qu’elle de l’article publié par de vulgaires journalistes jaloux de sa réussite. Il y a surtout l’illustration par «l’ancienne photo» qui l’énerve alors qu’elle a actuellement un totem quatre fois plus grand aux Almadies… Ndèye Khady Ndiaye doit avoir des problèmes de difficulté avec le français : «pourquoi ils ne montrent pas l’ancienne nouvelle photo ?», s’agace-t-elle. Avec Sweet Beauté version 2025, prévient celle qui s’autoproclame la patronne du pays, on va voir ce qu’est «un vrai salon de beauté».
J’en ai la cinquième lombaire qui tremble.
LA FRANCE S'APPRÊTE À RECONNAÎTRE L'ÉTAT PALESTINIEN
Le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait reconnaître un État palestinien dès juin 2025, à l'occasion d'une conférence internationale coprésidée avec l'Arabie saoudite à New York
(SenePlus) - Selon l'AFP, le président français Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France pourrait franchir le pas de la reconnaissance d'un État palestinien "en juin", à l'occasion d'une conférence internationale qu'elle coprésidera avec l'Arabie saoudite à New York.
"On doit aller vers une reconnaissance et donc dans les prochains mois on ira", a déclaré le chef de l'État dans une interview à l'émission "C'est à vous" sur France 5, donnée à son retour d'Égypte et diffusée mercredi.
Cette initiative s'inscrit dans un cadre plus large visant une reconnaissance réciproque entre Israël et plusieurs pays. "Notre objectif c'est, quelque part en juin, avec l'Arabie saoudite de présider cette conférence où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs", a précisé Emmanuel Macron.
Le président français a justifié cette démarche en soulignant qu'elle permettrait d'amener certains pays défendant la Palestine à reconnaître à leur tour l'État d'Israël. "Je le ferai [...] parce que je pense qu'à un moment donné ce sera juste et parce que je veux aussi participer à une dynamique collective, qui doit permettre aussi à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d'entre eux ne font pas", a-t-il expliqué.
Dans une région marquée par des tensions croissantes, Emmanuel Macron a également souligné l'importance de cette initiative pour "être clair pour lutter contre ceux qui nient le droit d'Israël à exister, ce qui est le cas de l'Iran, et de nous engager sur une sécurité collective de la région".