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27 avril 2025
Diaspora
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LA LEÇON DE DIPLOMATIE DE WADE À SONKO
"Quand on a le destin d'un pays pauvre entre ses mains, on ne doit pas dire que son pays est pauvre." Cette confiance de l'ancien président interroge la stratégie du gouvernement actuel qui a choisi de dévoiler l'état préoccupant des finances nationales
Dans son nouveau livre "Wade, mille et une vies", Madiambal Diagne révèle une position surprenante d'Abdoulaye Wade sur la communication gouvernementale concernant l'état économique du pays.
S'adressant à Mamadou Massali, jeune militant du PDS, Wade aurait déclaré : « Quand on est à la tête d'un pays, on doit se montrer conciliant, surtout si c'est un pays pauvre. Si je disais la situation véritable dans laquelle j'ai trouvé le pays, personne ne financerait le Sénégal. Abdou Diouf et les socialistes, en 40 ans, n'avaient rien foutu et avaient fait n'importe quoi, mais je ne peux pas le dire. Je présente les choses de la manière la plus belle."
L'ancien président justifiait cette approche par une logique pragmatique : "Si je me mettais à dire que la situation est mauvaise, peu reluisante, qui mettrait son argent dans ce pays ? Or, j'ai besoin d'argent pour lancer mes projets. Quand on a le destin d'un pays pauvre entre ses mains, on ne doit pas dire que son pays est pauvre, sans ressources, etc."
Cette position tranche radicalement avec celle adoptée par l'actuel Premier ministre Ousmane Sonko, qui a fait de la dénonciation de l'état des finances publiques héritées du régime de Macky Sall un élément central de sa communication. Madiambal Diagne indique avoir souri en entendant les déclarations de Sonko, allant jusqu'à appeler Massali pour lui dire que "notre livre aurait dû sortir avant ses propos".
Dans l'ouvrage, l'auteur souligne qu'Abdoulaye Wade "a su avoir de l'élévation, de la hauteur pour pouvoir mettre en avant les intérêts du Sénégal plutôt que de régler des personnels", ce qui lui aurait permis "d'impulser des politiques soutenues par la communauté internationale".
À l'inverse, Diagne estime que la réaction actuelle de la communauté internationale face aux révélations du gouvernement Sonko-Diomaye est "sans équivoque", suggérant que cette stratégie de communication serait préjudiciable aux intérêts du Sénégal.
AU NIGER, LE FRANÇAIS DÉCLASSÉ AU PROFIT DU HAOUSSA
La charte de la refondation signée le 26 mars dernier par le président Abdourahamane Tiani relègue le français au rang de simple "langue de travail" tandis que le haoussa devient langue nationale principale
Le paysage linguistique du Niger connaît un bouleversement majeur. Le français a perdu son statut de langue officielle au profit du haoussa, qui devient désormais langue nationale du pays.
D'après RFI, "le décret de promulgation de la charte de la refondation a été publié, la semaine dernière, au Journal officiel." Ce document, qui remplace désormais la Constitution suspendue après le coup d'État du 26 juillet 2023, redéfinit entièrement le statut des langues dans le pays.
L'article 12 de cette nouvelle charte établit une distinction entre les onze langues parlées au Niger, accordant une place prépondérante au haoussa. Cette langue, majoritaire sur le territoire national, est désormais élevée au rang de "langue nationale", comme l'indique RFI.
Un linguiste consulté par le média français confirme que "le haoussa est la langue la plus parlée sur l'ensemble du territoire" et qu'elle "est comprise par une grande majorité de la population". Le zarma-songhaï arrive en deuxième position, étant parlé par "à peu près, un quart des Nigériens", toujours selon ce spécialiste cité par RFI.
Cette nouvelle classification marque une rupture avec le système précédent. En effet, dans la Constitution antérieure, les langues de toutes les communautés nigériennes bénéficiaient, "en toute égalité", du statut de langues nationales, tandis que le français, bien que parlé par seulement "13% de la population", occupait la position de langue officielle.
Cette décision s'inscrit dans un climat de tensions diplomatiques avec la France. Les nouvelles autorités, en froid avec Paris, ont quitté l'Organisation internationale de la Francophonie le mois dernier. Les autorités nigériennes ont "rebaptisé récemment plusieurs rues de Niamey qui portaient des noms de Français".
La charte de la refondation, qui déclasse le français au rang de simple "langue de travail", a été entérinée par le président Abdourahamane Tiani lors d'une cérémonie à Niamey le 26 mars dernier.
Cette réorganisation linguistique ne fait pas l'unanimité dans le pays. RFI rapporte que "sur les réseaux sociaux, certains internautes nigériens s'inquiètent d'une hiérarchisation des langues du pays et d'un risque de communautarisme".
Le texte, qui se fonde sur "les recommandations des assises nationales de février" d'après RFI, laisse ainsi planer des questions sur les conséquences concrètes qu'aura cette refonte linguistique sur le fonctionnement des institutions et sur la cohésion nationale du Niger.
DAKAR ENTRE MODERNITÉ ET CHAOS
La presqu'île dakaroise, devenue mégapole par l'histoire coloniale, voit ses artères s'obstruer davantage chaque jour. Malgré les tentatives de trois présidents successifs, la capitale reste prisonnière de sa géographie et d'une planification défaillante
(SenePlus) - Étouffée dans son étroit losange atlantique, Dakar concentre le quart des Sénégalais sur 0,28% du territoire national. Entre modernisation et chaos persistant, la capitale cherche désespérément son second souffle.
Selon une analyse de Mehdi Ba pour Jeune Afrique, Dakar incarne le paradoxe d'une métropole africaine en mutation : "Les transports sont à l'agglomération ce que les artères sont au cœur et au corps humain: des connexions vitales qui permettent de maintenir en vie le reste du pays."
Cette métaphore organique illustre l'importance cruciale d'un système circulatoire efficace dans une région hypertrophiée qui abrite "près du quart des quelque 18 millions de Sénégalais" sur une superficie représentant à peine "0,28% du territoire". Résultat: une densité de population atteignant "7.277 habitants au km²", bien supérieure à celle de l'Île-de-France (1.025 hab/km²).
Plusieurs tentatives de décentralisation ont échoué. Jeune Afrique rappelle qu'"Abdoulaye Wade avait un temps prétendu faire de Lompoul la nouvelle capitale administrative du pays, et de Thiès, sa 'capitale industrielle'". Dans la même logique, "Macky Sall entendait hisser la ville nouvelle de Diamniadio au rang d'annexe de cette capitale asphyxiée par la conjonction de l'exode rural et d'un taux de natalité galopant."
Mais ces ambitions se sont heurtées à la réalité: "Dakar a tenu bon."
Si "la modernité, en particulier en matière de transports urbains, y a supplanté peu à peu l'héritage désuet d'une Afrique de carte postale", les contrastes demeurent saisissants. D'un côté, "depuis 2016, une autoroute spacieuse (mais à péage) permet de rallier l'Aéroport international Blaise-Diagne", de l'autre, on y croise toujours "les fantômes du Sénégal des profondeurs: camions préhistoriques ou taxis 7 places antédiluviens [...] sans oublier les minibus surchargés, qui penchent dangereusement d'un côté et sont autant de bombes routières à retardement..."
Même la régulation du trafic illustre ce dualisme : dans cette "capitale sénégalaise où les feux tricolores font office de vestiges ornementaux", "des policiers restent chargés de cette tâche, à l'ancienne, sifflet à la bouche."
Deux innovations majeures tentent d'apporter "un nouveau souffle à des transports urbains qui n'ont jamais été en mesure de suivre la cadence de l'explosion démographique". D'abord, la ligne de Bus Rapid Transit (BRT), "en service depuis mai 2024" entre "Guédiawaye, ville-champignon de la banlieue, et Petersen, dans le centre-ville historique".
Ensuite, le Train express régional (TER), qualifié de "frère de lait du BRT", qui constitue "une avancée notable vers un réseau de transports urbains digne du pays". Encore limité à Diamniadio, son extension vers l'aéroport est "annoncée pour le second semestre de 2025".
Malgré ces progrès, JA souligne que le TER, "aussi rutilant soit-il, peine à masquer l'absence d'un réseau ferroviaire digne de ce nom". Face à ce constat, le président Bassirou Diomaye Faye a "demandé à son Premier ministre, Ousmane Sonko, de 'présider un comité stratégique du ferroviaire'" en juillet 2024.
Un mois plus tard, "les ministres sénégalais et marocain concernés signaient deux conventions censées sceller leur 'volonté commune de renforcer les liens de coopération bilatérale' en la matière".
La conclusion de Mehdi Ba résume parfaitement l'enjeu générationnel de ce défi : "Si Abdoulaye Wade a lancé la construction de l'AIBD, que Macky Sall a inauguré après lui tout en donnant naissance au TER et au BRT, faut-il espérer que, sous le règne de Bassirou Diomaye Faye, le Sénégal accouchera d'un TGV?"
UN DIALOGUE ET DES QUESTIONS
Alors que le président Faye mise sur le dialogue comme "fondement indispensable" de la cohésion nationale, les tensions avec l'opposition et la controverse autour de la loi d'amnistie compromettent les chances d'un consensus
Le dialogue national, annoncé par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour le 28 mai prochain, soulève des interrogations. L’une d’entre elles est de savoir quelles sont les acteurs politiques qui y répondront et les préoccupations qu’ils souhaitent voir cette rencontre prendre en compte.
Qui pour dialoguer avec le régime actuel ? C’est la question parmi tant d’autres qui intervient après l’annonce de l’organisation du dialogue national le 28 mai prochain par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye dans son discours à la Nation à la vieille de la Fête de l’indépendance. Toujours à couteaux tirés avec le régime sortant qui lui reproche son manque d’élégance à son égard, le pouvoir en place tiendra-t-il cette rencontre en tenant compte des préoccupations de l’Apr ? L’ancien parti au pouvoir continue de ruer dans les brancards contre le rapport de la Cour des comptes faisant état de chiffres falsifiés sous l’ancien régime relatifs à la gestion des finances publiques de 2019 au 31 mars 2024. Les partisans du président Macky Sall ont même saisi d’une correspondance le Fonds monétaire international (Fmi) dans l’attente d’une rencontre avec l’institution financière pour démonter, preuves à l’appui, selon eux, les arguments des tenants du pouvoir.
Quid de la grande alliance de l’opposition, le Fdr. Ce regroupement de partis conteste les nombreuses violations des libertés et les nombreux emprisonnements d’hommes politiques et chroniqueurs. Un de ses initiateurs, Khalifa Sall, garde ses distances vis-à-vis du régime actuel. Un coup de froid dans les rapports avec le parti Pastef consécutif à l’appel au dialogue lancé par le président Macky Sall auquel avait répondu l’ancien maire de Dakar. Ce qui a conduit à la dislocation de Yewwi askan wi où l’ancien maire de Dakar s’était ligué avec les tenants du pouvoir actuel, farouches opposants d’alors du président Macky Sall, pour se dresser contre l’ancien régime. L’une des préoccupations majeures de Khalifa Sall est d’être édifié sur la suite à donner à sa plainte déposée à la Section des recherches suite à l’attaque du siège de Taxawu Senegaal qu’il dirige. Ledit siège avait été vandalisé et incendié lors des élections Législatives anticipées de novembre dernier sur fond de tension entre le parti au pouvoir et l’opposition. Quatre (4) mois après, aucune interpellation. D’ailleurs, le leader de Taxawu avait relancé sa plainte en mars dernier en soutenant que «malgré l’existence de preuves, l’enquête reste au point mort».
Si le dialogue c’est pour obtenir des consensus forts, il sera très difficile au pouvoir d’arriver à en trouver avec cette opposition. Surtout suite au vote de la loi interprétative de la loi d’amnistie par l’Assemblée nationale, et qui continue de faire l’objet de rejet de la part de l’opposition qui réclame son abrogation comme avait promis le régime en place une fois au pouvoir. Si elle arrive à survivre après la promesse faite par l’opposition parlementaire, à travers le groupe parlementaire «Takku Wallu», de l’attaquer devant le Conseil constitutionnel, il y a déjà une opinion qui se demande si ce dialogue national ne va pas être un moyen de légitimer cette loi interprétative dans l’attente de sa promulgation par décret par le chef de l’Etat ? En tout cas, ce dernier considère le dialogue comme son «unique boussole».
«Convaincu que la solidité d’une Nation se mesure aussi par sa capacité à dialoguer, j’accorde une importance particulière au dialogue social et à la concertation permanente avec toutes les composantes de notre société. C’est pourquoi j’ai récemment instruit le Premier ministre, Monsieur Ousmane Sonko, d’organiser la grande concertation nationale avec les partenaires sociaux. Avec les autorités religieuses et coutumières, la Société civile, le secteur privé et l’ensemble des forces vives de la Nation, nous poursuivrons sans relâche cette démarche participative et inclusive. Ainsi, nous matérialisons notre engagement à garantir une cohésion nationale toujours renforcée, fondement indispensable du Sénégal juste, solidaire et prospère auquel nous aspirons tous», a fait savoir BDF lors de son adresse à la Nation. Reste à savoir comment va-t-il s’y prendre pour convaincre tous les partis politiques à y souscrire.
LE TRÉSOR DE GUERRE DE FARBA NGOM
Plus de 1,66 milliard FCFA ont été collectés par la diaspora et des donateurs anonymes pour tenter d'obtenir la libération provisoire du député poursuivi dans une affaire de transactions suspectes de 125 milliards FCFA
Pour sortir leur leader ou ami de prison, les Diasporas de l’Afrique de l’Ouest et centrale, d’Amérique et d’Europe ont mobilisé plus de 1,66 milliard F Cfa pour participer au paiement de la caution de Farba Ngom, placé sous mandat par le Pool judiciaire financier depuis le 1er février pour escroquerie, détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, entre autres.
En prison depuis le 1er février, le député des Agnam multiplie les incitatives pour recouvrer la liberté. Entre cautions refusées et tentatives d’obtention de liberté provisoire, Farba Ngom, ses avocats et ses proches ne se reposent pour obtenir du juge d’instruction et du Parquet une liberté provisoire. Ses proches et ses militants ont décidé de mettre la main à la poche pour participer à sa caution en faisant une levée de fonds. Ils ont réuni, selon leurs dires, un milliard soixante-six millions de F Cfa sous forme de Diaspora bonds pour compléter la caution numéraire exigée pour sa libération provisoire.
En détail, les Diasporas de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale ont réuni 450 millions et 554 millions F Cfa. Celles d’Amérique et d’Europe ont mobilisé 34 millions et 86 millions F Cfa. Au Sénégal, des hommes d’affaires et des commerçants et des anonymes ont récolté 270 millions et 43 millions F Cfa. Est-ce suffisant ? Selon l’un de ses proches, «l’essentiel est fait parce que la consignation est un droit. Nous espérons qu’il va recouvrer la liberté après des tentatives vaines de dépôt de sa caution. Il offre toutes les garanties de représentativité», ajoute un proche, qui a fait partie de cette opération de levée de fonds gérée «en toute transparence et en toute confidentialité jusqu’à maintenant. Et nos avocats vont s’en charger dans les prochaines heures», ajoute-t-il.
Il faut savoir que le député-maire des Agnam a été placé sous mandat de dépôt par le Pjf dans le cadre de l’affaire portant sur des transactions suspectes estimées à 125 milliards de F Cfa révélée par un rapport de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Puis, il a été inculpé pour escroquerie sur des deniers publics portant sur 31 milliards de F Cfa, blanchiment de capitaux et association de malfaiteurs.
par Félix Nzale
MALAISE AU SOMMET DE L’ÉTAT
Entre un président poussant à faire pression sur la justice, un Premier ministre revendiquant le contrôle du Garde des sceaux, et un ministre affirmant son indépendance, le nouveau régime expose ses contradictions sur la séparation des pouvoirs
Il est malheureux que les confrères qui avaient en face d’eux le président de la République (dans le cadre de son «Face à la presse») n’aient pas émis la moindre objection lorsque Diomaye Faye a déclaré qu’il appartient aux Sénégalais de mettre la pression sur la Justice afin de contraindre cette dernière à faire son travail. Parce que, a ajouté le chef de l’Etat, «on ne peut pas identifier des tiers épinglés par les différents corps de contrôle et que la Justice se mette à traîner les pieds».
Avant Diomaye, son Premier ministre, Ousmane Sonko, lors de la campagne électorale pour les Législatives, avait clairement fait savoir que le ministre de la Justice n’était ni un homme libre ni un homme indépendant. Que lui, Premier ministre, avait le pouvoir d’ordonner au Garde des sceaux de poursuivre telle ou telle personne, et que ce dernier était tenu de s’exécuter. «Le ministre de la Justice n’est pas une autorité judiciaire, c’est une autorité politique», avait-il justifié. Ce à quoi le ministre de la Justice, Ousmane Diagne, avait rétorqué plus tard disant que personne ne pouvait mettre la pression sur sa personne, «surtout dans un sens déterminé», et qu’il ne fallait pas non plus compter sur lui pour mettre la pression sur les magistrats du Siège.
Au président Diomaye : comment mettre la pression sur la Justice ? En assiégeant le bâtiment qui abrite le ministère ? En organisant des marches de protestation ? En kidnappant des magistrats ? En brûlant leurs maisons ? En déversant sur eux et sur leurs familles des insanités sur les réseaux sociaux ? Bref, l’on ne demande qu’à savoir comment nous y prendre.
En attendant, nous estimons que ces propos sont d’une gravité extrême, a fortiori lorsqu’ils sortent de la bouche du chef de l’Etat en personne. Le problème est simple : vous n’êtes pas d’accord avec la posture de votre ministre ? Dégommez-le et placez une marionnette à la place, au lieu d’un appel à l’émeute ou au soulèvement ! Au Premier ministre Ousmane Sonko : combien de Sénégalais ont perdu la vie du fait, aussi, d’une Justice dont il disait qu’elle était instrumentalisée ? Aujourd’hui, Premier ministre, M. Sonko nous rappelle qu’il a les pleins pouvoirs et qu’il pouvait manipuler la Justice à sa guise. Lui est fondé à le faire, mais ses devanciers, non. En tenant ces propos, Sonko avoue qu’il ne fallait pas compter sur ce régime pour opérer la rupture pour laquelle des centaines de Sénégalais ont sacrifié leur vie. En fait, le moins que l’on puisse dire est que la communication de nos dirigeants actuels est d’un catastrophisme inquiétant.
Au ministre de la Justice, Ousmane Diagne : pour votre honneur et pour votre dignité, rendez le tablier !
Par Mohamed GUEYE
LA PROIE POUR L’OMBRE
Le 4 avril, Diomaye n’était pas là pour faire acte de contrition devant son maigre bilan après un an. Il est assez extraordinaire de voir un dirigeant passer plus d’une année à se vanter de l’état de déliquescence du pays dont il a tant voulu la gestion
Le 4 avril dernier, le président Bassirou Diomaye Faye n’était pas devant la presse pour faire acte de contrition devant le maigre bilan de son parcours d’une année ; loin de là. Au lieu de se désoler des emplois détruits quasiment dès son arrivée au pouvoir, conséquence de la politique menée par son gouvernement, de tenter de rassurer face à la quasifaillite du pays, il a quasiment cherché à enfoncer le clou, en déclarant aux journalistes, en wolof : «Vous avez voté pour le changement, et il là devant vous, et il sera encore plus amer.» Sans aucune donnée, il a voulu justifier les licenciements massifs opérés dans certains services, comme étant le fruit de recensements, qui auraient révélé de nombreux emplois fictifs, souvent faits à quelques jours du changement de régime.
Les entreprises qui ferment suite à des décisions controversées d’arrêt des chantiers ? C’est pour lui, la fin d’une gestion clientéliste de la part de dirigeants qui comptaient sur leur proximité avec les autorités de l’Apr déchues. Le même reproche a été adressé, à quelques nuances près, aux patrons des médias privés qui, par la voix de la journaliste Maïmouna Ndour Faye, ont fini par transmettre au chef de l’Etat leurs complaintes sur la condamnation à mort en sursis de leur secteur. Bassirou Diomaye, comme à son habitude, estime que les ennuis de la presse viennent de ce que les dirigeants d’entreprise, qu’il accuse de détournement de deniers publics, se sont longtemps arrangés avec les anciens dirigeants, qui leur accordaient des faveurs indues, notamment en remises d’impôts, qui ont atteint des «milliards de francs», selon ses dires. Les conventions signées par ces organes de presse avec certains services de l’Etat, n’étaient à ses yeux, pas justifiées, donc, faciles à annuler malgré les conséquences, aux yeux de l’inspecteur des Impôts de formation.
Il est assez extraordinaire de voir un dirigeant au pouvoir passer plus d’une année à se vanter de l’état de déliquescence du pays dont il a tant voulu la gestion. Un observateur des politiques publiques africaines notait dernièrement que, même dans des pays dont la situation économique est à la limite catastrophique, les dirigeants n’ont jamais passé le temps à se plaindre des turpitudes de leurs prédécesseurs, et cherchaient au contraire, à transmettre un message positif de redressement à plus ou moins brève échéance. Des exemples ne manquent pas, dans notre plus proche voisinage, comme aussi bien dans des pays africains bien éprouvés.
De leur côté, Diomaye et ses amis ont préféré s’atteler à la destruction du tissu économique existant, comme s’ils pensaient remplacer le Peuple sénégalais par un nouveau prototype tiré des bureaux du cabinet de Victor Ndiaye. Le président sait pourtant que l’on ne peut développer un peuple et sa jeunesse en bridant l’initiative privée. Madiambal Diagne vient de commettre un nouvel ouvrage sur le parcours politique de Abdoulaye Wade. La cérémonie de dédicace a été une belle occasion pour des proches et anciens collaborateurs du patriarche de se retrouver et de se rappeler ses œuvres. Beaucoup de Sénégalais pourront se remémorer de ce que le «Gorgui» se vantait d’avoir créé des milliardaires dans ce pays. Est-ce à dire, comme le penseraient sans doute nos dirigeants fiscalistes, que le «Vieux» puisait dans la caisse pour servir une coterie ? Que Nenni ! Wade se contentait juste de créer l’environnement propice à des entrepreneurs de mettre leurs billes là où elles pouvaient leur rapporter gros. Et si ces entrepreneurs se trouvaient être de ses proches, cela ne voulait pas nécessairement dire que ceux qui ne l’étaient pas n’avaient pas des chances de trouver leur place au soleil. Gageons que bien de ceux qui sont stigmatisés actuellement, ont été dans les mêmes conditions auprès de Macky Sall. Et l’on peut aisément parier que dans quelques mois, on parlera de «riches du Projet», qui auront pu se faire leur beurre autour de la table des projets générés par la «Vision 2050». Contrairement à ce que pourraient penser des esprits naïfs, on n’a pas encore pu trouver le moyen de passer des marchés publics à milliards que des miettes tombent de la table pour se glisser dans des poches particulièrement bien positionnées. Ceci n’est pas une justification ni un encouragement à la corruption, c’est juste un constat. D’ailleurs, que l’on ne s’y trompe pas, c’est dans les pays les plus riches que le phénomène est le plus développé. Tout ce qu’il faudrait alors souhaiter, c’est que ces futurs «entrepreneurs du Projet» fassent mieux ruisseler les excès de leur richesse jusqu’au bas de l’échelle.
Et puisqu’au Sénégal, quand l’Agriculture va, tout va, Mabouba Diagne et son collègue Cheikh Tidiane Dièye auront bientôt enfin, l’occasion de présenter aux Sénégalais la mesure de leurs capacités de bien gérer une campagne agricole bien productive, et dont les paysans profiteront plus que les spéculateurs. Pour que les Sénégalais ne regrettent plus trop longtemps d’avoir lâché la proie Macky pour l’ombre Sonko moy Diomaye.
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CES TENTATIVES DE COUP D'ÉTAT AVORTÉES
Des généraux mécontents prêts à prendre les armes, un ex-président approché pour renverser son successeur... Le Sénégal, souvent cité comme modèle démocratique en Afrique, a frôlé par deux fois le putsch militaire selon des révélations de Madiambal Diagne
Dans son récent ouvrage "Wade, mille et une vies" sur l'ancien président Abdoulaye Wade, le journaliste Madiambal Diagne révèle l'existence de deux tentatives de coup d'État avortées au Sénégal.
Selon les témoignages recueillis par l'auteur, une première opération était en préparation en 2000. Des militaires avaient pris contact avec le Parti Socialiste (PS) pour empêcher une éventuelle « confiscation du suffrage populaire » par le régime sortant. Parmi les noms cités dans cette tentative figurent Pape Samba Mboup et Pathé Seck. Ce putsch n'a finalement pas eu lieu, la transition démocratique s'étant déroulée pacifiquement avec la victoire de Wade.
Plus surprenant encore, le livre évoque une seconde tentative sous la présidence de Macky Sall. Après son départ du pouvoir et l'emprisonnement de son fils Karim, Abdoulaye Wade aurait été approché à Versailles par des personnalités venues du Sénégal. Ces émissaires lui auraient proposé un plan détaillé pour renverser le régime de Macky Sall, impliquant notamment des groupes religieux. Certains devaient occuper des chaînes de radio tandis que d'autres formaient des "boucliers humains" à la RTS.
Toujours selon Madiambal Diagne, Wade aurait finalement renoncé à cette aventure après avoir consulté ses proches, qui lui aurait fait comprendre le caractère périlleux d'une telle opération.
Ces révélations inédites apportent un éclairage nouveau sur les coulisses de la vie politique sénégalaise et les menaces qui ont pesé sur sa stabilité démocratique de ce pays qui n'a jamais connu de renversement antidémocratique du pouvoir.
LA FIN DES PERRUQUES CHEZ MISS CÔTE D'IVOIRE
En Côte d'Ivoire, le comité du célèbre concours de beauté bouleverse les normes en interdisant perruques et extensions capillaires. Une décision sans précédent dans un pays où ces pratiques sont culturellement ancrées
(SenePlus) - Dans un virage aussi audacieux qu'inattendu, le comité national de Miss Côte d'Ivoire a pris une décision révolutionnaire pour son édition 2025 : interdire aux candidates le port de perruques et d'extensions capillaires. Cette mesure, que le journal Le Parisien qualifie de "séisme dans le monde des concours de beauté en Côte d'Ivoire", marque un tournant dans un pays où ces artifices sont considérés comme une norme sociale.
Selon la BBC citée par Le Parisien ce lundi 7 avril, cette nouvelle règle rompt avec une tradition bien établie. Sur les 28 reines de beauté couronnées lors des précédentes éditions, seules deux avaient osé se présenter avec leurs cheveux naturels, dont Marlène Kany Kouassi, élue en 2022. Sa victoire avait d'ailleurs suscité de vives réactions à l'époque.
Victor Yapobi, président du comité Miss Côte d'Ivoire, défend fermement cette position : "Elles peuvent venir nattées, elles peuvent venir avec les cheveux courts, si elles n'ont pas de cheveux, elles peuvent venir rasées", avait-il déclaré en février à RFI, selon Le Parisien. Il a réitéré sa vision auprès de la BBC en marge d'une sélection locale : "La beauté doit être naturelle."
Cette démarche s'inscrit dans une politique plus large du comité qui lutte également contre la chirurgie esthétique et l'utilisation de crèmes éclaircissantes pour la peau. Elle représente une volonté affirmée de promouvoir l'authenticité et la diversité des standards de beauté.
Le ban sur les artifices capillaires s'applique désormais à l'ensemble des élections régionales qui se déroulent ce printemps dans 13 villes ivoiriennes, avant la grande finale prévue le 28 juin à Abidjan. Mais ce n'est pas la seule nouveauté du concours 2025, rapporte Le Parisien.
Le comité a également élargi la tranche d'âge des participantes, désormais fixée de 18 à 28 ans (contre 25 ans auparavant), tout en maintenant une taille minimale de 1,67 m. Autre changement notable : les frais d'inscription ont été réduits, passant de 75 à 45 euros. "Nous avons constaté que ces jeunes femmes dépensaient beaucoup d'argent pour participer et que cela commençait à peser sur leur budget", explique Victor Yapobi.
Cette initiative, première du genre dans la région selon Le Parisien, n'a pas encore été suivie par les pays voisins. Elle a néanmoins suscité de nombreuses réactions depuis son annonce en février.
Parmi les candidates, certaines accueillent ce changement avec enthousiasme. C'est le cas de Laetitia Mouroufie, qui tente sa chance pour la deuxième fois : "L'an dernier, je portais des extensions, parce que je pensais que c'est ce qu'il fallait avoir pour être belle. Cette année, j'ai davantage confiance en moi", confie cette jeune femme de 25 ans.
Le journal conclut que cette décision représente "un premier pas vers une acceptation de plus en plus grande du cheveu naturel dans la société ivoirienne", suggérant que l'impact de cette mesure pourrait dépasser le cadre du concours pour influencer les normes de beauté dans l'ensemble du pays.
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ÊTRE FRANÇAIS ET NOIR
Dans "Dans le noir je crie", Sikou Nakaté dévoile le "labyrinthe intime" vécu par les hommes noirs en France, coincés entre injonctions à la masculinité exacerbée et quête d'identité. Un témoignage rare sur une réalité souvent invisible
Dans son premier livre "Dans le noir je crie", publié aux éditions Stock, Sikou Nakaté livre un témoignage poignant sur la condition des hommes noirs en France, décrivant cette expérience comme "être au cœur d'un labyrinthe intime".
L'auteur, qui s'était déjà illustré en 2020 avec son documentaire "Dans le noir les hommes pleurent", poursuit sa réflexion sur la masculinité, particulièrement celle vécue dans les quartiers défavorisés où elle est "exacerbée" et centrée sur le physique.
Nakaté évoque les nombreux préjugés auxquels les hommes noirs sont confrontés quotidiennement. "Celui qui m'écrase le plus, c'est celui de la dangerosité", confie-t-il, dénonçant également la bestialisation du corps noir et l'interdiction tacite d'exprimer des émotions.
Son parcours personnel, du quartier populaire aux milieux bourgeois, a été marqué par un double choc : celui d'être "le seul pauvre dans un monde qui ne l'était pas" puis de découvrir un "racisme quotidien subtil" qu'il n'avait pas connu dans son quartier d'origine. Un racisme qui, selon lui, "gagne en intensité de manière très forte", notamment via les réseaux sociaux.
Se décrivant comme "en exil intime" et "apatride", Nakaté exprime le trouble identitaire de celui qui doit "constamment prouver sa citoyenneté" tout en étant renvoyé à un pays d'origine avec lequel il entretient un rapport distant. Une situation douloureuse qu'il tente néanmoins de transformer en force : "Avec le temps, j'ai l'impression que ça peut être une richesse de ne jamais s'asseoir, d'être toujours en mouvement."